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LES FOUILLES DE TINOSUL station. On n'y trouve aucun tesson Latène semblable à ceux rencontrés dans les couches supérieures. De toute la fouille F c'est le groupement céramique le plus profond. On trouve à Apahida, en Transylvanie, des vases exactement pareils 1 ), ce qui prouve qu'ils sont de l'époque Latène II (v. plus bas, pag. 194), pendant que la couche géné- rale d'au-dessus est de l'époque Latène III. Fig. 15. Le ta9 de tessons b de la fouille F. En 6 (fig. 3 et 15), à 0,20 m plus haut, la couche de tessons, qui s'étend sur 0,70 m de long., 0,50 de larg., et 10 m d'épaisseur, contient des fragments Latène III et grecs de mêmes types que ceux de la couche générale d'au-dessus. En e (fig. 3) on trouve une petite quantité de grosses pierres de rivière, calcinées en partie, au même niveau que celles du point a'. On y a également déterré quelques petits fragments de moulins à bras pour moudre le grain. 4. FOUILLE I En liaison avec les tranchées J et K (fig. 3), la fouille I s'étend sur 20 m de lon- gueur, 5 m de largeur et 1 m — 1,10 m de profondeur. La stratification est tout aussi simple que dans la fouille F. Au-dessus de la terre vierge qui se trouve à une profondeur de 0,80 m, la couche d'argile de 0,20 m d'épaisseur contient de rares fragments de débris calcinés et de charbon. Plus haut on rencontre sur une étendue restreinte, du côté Ouest, une couche de débris d'habitation (fig. 3, partie hachurée l). Cette couche de débris, de fragments d'argile calcinée, de charbon, de céramique grecque importée et >) Kovâcs Istvân, Apahida, Dolgozatok-Tra- 2; 48, f. 59; 51, f, 63, 2 et surtout p. 28, fig. vaux, II, 1911, pp. 25, fig. 27; 31, f. 32, 2; 29, 2. 36, f. 40, 3; 37, f. 42, 2; 41, f. 48, 2; 43, f. 51, 183 www.cimec.ro

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Colecţia revistei DACIA - seria veche1924-1948.Dacia - Revue d'archéologie et d'histoire ancienne

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Page 1: Revista DACIA nr. 1 - 1924 partea a doua

LES FOUILLES DE TINOSUL

station. On n'y trouve aucun tesson Latène semblable à ceux rencontrés dans les couches supérieures. De toute la fouille F c'est le groupement céramique le plus profond. On trouve à Apahida, en Transylvanie, des vases exactement pareils1), ce qui prouve qu'ils sont de l'époque Latène II (v. plus bas, pag. 194), pendant que la couche géné­rale d'au-dessus est de l'époque Latène III .

Fig. 15. Le ta9 de tessons b de la fouille F.

En 6 (fig. 3 et 15), à 0,20 m plus haut, la couche de tessons, qui s'étend sur 0,70 m de long., 0,50 de larg., et 10 m d'épaisseur, contient des fragments Latène I I I et grecs de mêmes types que ceux de la couche générale d'au-dessus.

En e (fig. 3) on trouve une petite quantité de grosses pierres de rivière, calcinées en partie, au même niveau que celles du point a'. On y a également déterré quelques petits fragments de moulins à bras pour moudre le grain.

4. FOUILLE I

En liaison avec les tranchées J et K (fig. 3), la fouille I s'étend sur 20 m de lon­gueur, 5 m de largeur et 1 m — 1,10 m de profondeur. La stratification est tout aussi simple que dans la fouille F. Au-dessus de la terre vierge qui se trouve à une profondeur de 0,80 m, la couche d'argile de 0,20 m d'épaisseur contient de rares fragments de débris calcinés et de charbon. Plus haut on rencontre sur une étendue restreinte, du côté Ouest, une couche de débris d'habitation (fig. 3, partie hachurée l). Cette couche de débris, de fragments d'argile calcinée, de charbon, de céramique grecque importée et

>) Kovâcs Istvân, Apahida, Dolgozatok-Tra- 2; 48, f. 59; 51, f, 63, 2 et surtout p. 28, fig. vaux, II, 1911, pp. 25, fig. 27; 31, f. 32, 2; 29, 2. 36, f. 40, 3; 37, f. 42, 2; 41, f. 48, 2; 43, f. 51,

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RADU VULPE ET ECATERINA VI LPE

COI PI -

indigène Latène, est mince (0,10 m) et peu dense; ce n'est qu'au-dessus du puits i qu'elle atteint une plus forte épaisseur. On y a trouvé plusieurs fragmenta d'amphores, trois poids enterre cuite (v. pag. 208), un petit fragment de moulin à liras, un hameçon en fer, quelques fusaïoles, des ossements d'animaux, une défense de sanglier, un fragment de gaine en bronze (fig. 47,4), quelques morceaux de poix brûlée, plusieurs fragments, épais de 0,03 m, d'un grand doliuw, des clous en fer, du millet carbonisé, etc. Ce sont les restes d'une habitation incendiée, dont faisait partie le puits i, un dépôt peut-être pour la conservation des grains.

Dans ce puits profond de 0,70 m et de 1,50 m de diamètre, on a trouvé, mêlés aux débris calcinés, des restes d'aliments et des ossements d'animaux, du charbon, des tessons grecs d'importation et Latène, des bouchons d'amphores, un poid en terre cuite, une fusaïole. Dans la partie supérieure du puits on a trouvé deux clous en fer et une grande quantité de grains carbonisés, de blé, d'orge, de millet et surtout de chanvre, tout comme dans le puits d de la fouille JP.

Dans la couche générale contenant les vestiges de vie humaine, qui fait suite, on a trouvé une grande quantité de fragments céramiques grecs d'importation et indi­gènes Latène. Du côté Est on a découvert plusieurs objets en fer, un gros clou, une

fibule en bronze de type «thrace» (fig. 48,2, v. plus bas, pag. 213), quelques fusaïoles, des ossements et des cornes de boeuf, un morceau de verre coloré, etc. Vers l'angle sud on a rencontré une petite couche de débris d'habitation.

En k se trouve un puits circulaire de 0,75 m de diamètre qui descend jusqu'à 2,10 m de profondeur sous le niveau du sol (fig. 16), assez en contre-bas de la couche générale / , avec laquelle il n'a pas de con­tinuité. Au fond du puits, sur la terre vierge,se trouve une première couche, assez mince, de débris .d'argile calcinée. Ces trois couches régulièrement disposées ne paraissent pas avoir été ultérieurement remuées. Le

seul objet qu'on y a découvert c'est le fond d'un vase primitif et poreux contenant de la cendre et des ossements. La couche de terre glaise qui suit, épaisse de 0,50 m, contient quelques fragments seulement de terre calcinée et de charbon. La dernière couche, de terre noire, épaisse de 0,10 m, contient des tessons Latène I I I de toutes les espèces. Ce puits constitue d'une manière évidente l'une des tombes d'incinération, dont il sera question plus bas (pag. 188).

Du côté Est de la fouille J, dans le puits j (fig. 3), de 1,60 m de diamètre et profond de 2 m, on a trouvé, dans une première couche, plusieurs tessons de vases grecs d'impor­tation et Latène. Dans une seconde couche, de terre glaise, des fragments de terre cal­cinée et du charbon, tout comme en k (fig. 16). Au-dessus, dans la couche générale / , on a trouvé les mêmes tessons que dans la couche inférieure, en même temps que quel­ques petits couteaux en fer et une fusaïole.

Sur la pente intérieure du rempart, dans la couche Latène qui fait suite à la couche f de la fouille J, on a trouvé en J et en K (fig. 10, couche/?) une petite rangée de cailloux de rivière, semblables à celles de la fouille d' (fig. 3 et pag. 174).

Fig. 16. Coupes des deux tombes à incinération.

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I.i;S IOI II,I,I.S l)i; TINOSITL

5. LA TRANCHÉE CENTRALE L

La tranchée L, longue de 55 in, large de 3 m et profonde de 1,30 m environ, traverse la station dans toute sa longueur. Elle est située à 8 m environ des fouilles F et / et nous fait voir une stratification tout aussi simple (la fig. 17 représente la paroi Ouest). En général la terre vierge se trouve à une profondeur variant entre 0,60 m et 0,80 m et exceptionellement à I m de profondeur. Une première mince rangée de gravier continue du côté nord-est la même couche que celle trouvée dans les fouilles C, A, N, F. Au-dessus de ce gravier et sous la terre végétale nous rencontrons la couche générale des ves­tiges de vie humaine / . L'épaisseur de cette couche, sensi­blement moins riche qu'en F et en J, varie entre 0,40 et 0,70 m. Elle contient (à part quelques rares fragments de terre cal­cinée) des débris d'habitation, du charbon et des tessons en ma­jeure partie grecs d'importation et Latène. On y a également déterré quelques fusaïoles, quelques petits objets en bronze et en fer, une monnaie hellénistique en bronze (pag. 212), des os­sements d'animaux, des dents de cheval, quelques fragments de moulin à bras en pierre sabloneuse, un clou en fer, du verre fondu, etc.

La même couche présente par endroits, à 0,40 m de profondeur au-dessous du niveau du sol, des amoncellements isolés et hauts de 0,20 — 0,40 m de débris d'une habitation incendiée. Parmi ces débris, en plusieurs points on a trouvé des tessons Latène et grecs et les différents objets dont on a parlé plus haut.

Vers l'extrémité sud de la tranchée, sur la paroi Ouest (fig. 3, plan; fig. 17, coupe, Â) le puits A, d'un diamètre de 1,30 m et profond de 0,65 m au-dessous de la couche / , con­tient des débris d'argile calcinée et de charbon, des ossements et quelques tessons Latène et grecs.

Au milieu de la tranchée, sur la paroi est (fig. 3, /(), dans le puits /*, de 0,60 m de diamètre et profond de 0,30 m sous la couche / , toute la céramique est préhistorique, travaillée à la main, d'un lustrage rougeâtre et semblable à celle trouvée dans le rempart (v. tranchée K, pag. 175). Aucun objet d'é­poque plus récente n'apparente ces fragments à la couche supérieure Latène.

6. TRANCHÉE G

La tranchée G longue de 17 m, large de 2 m, profonde de 1 m, présente la même stratification simple (fig. 14) que la tranchée L, située à 7 —10 m de distance (fig- 3). C'est en a qu'on a trouvé la plus grande quantité des tessons, tous

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Latène et grecs, en même temps qu'un morceau de verre bleu et une broche ronde en bronze (fig. 48,6).

Pour fouiller les puits qui étaient visibles grâce à l'escarpement produit |>ar les eaux de la Praliova, on a exécuté les tranchées a et fi (fig. 3). En a il y a trois puits (fig. 3): al, profond de 1,30 m et large de 1 m de diamètre; a2, profond de 0, 70 m et large de 0,50 m de diamètre; et a3, profond de 1,30 m et large de 1 m de diamètre. On y a trouvé une grande quantité de tessons Latène et grecs et différents objets en même temps que des débris d'argile calcinée, du charbon, des ossements et des restes d'aliments. En al ces fragments sont plus rares. En «2 on a trouvé une perle en verre et un clou en fer et en a3 plusieurs objets en bronze et en fer, un fragment de moulin à bras, une perle en verre, du millet carbonisé, une défense de sanglier et une monnaie à l'effigie d'Agrippine (pag. 213), qui est très importante, parcequ'elle permet de dater avec une plus grande précision l'époque de la couche la plus récente de la station.

Il n'y a qu'un puits dans la tranchée /?, profond de 0,60 m au-dessous de la couche générale/, et large de 0,90 m de diamètre. A part quelques fragments d'argile calcinée, quelques ossements et un peu de charbon, il ne contient qu'une très petite quantité de tessons exclusivement Latène, sans aucune trace de poterie grecque ou travaillée au tour. Au fond du puits on a trouvé une mâchoire de sanglier.

7. TRANCHÉE H A 3 — 7 m de la tranchée L, la tranchée H a une longueur de 20 m, une largeur

de 2 m et une profondeur de 1 m. La couche contenant des vestiges de vie humaine est tout aussi mince et pauvre qu'en G (fig. 14). A 0,60 m de profondeur on a trouvé quelques objets en fer et une espèce de marteau en pierre sabloncusc (v. pag. 210) en même temps que quelques tessons Latène et grecs.

Pour fouiller les différents puits que l'escarpement produit par les eaux de la Pra-hova avait rendu apparents, on a pratiqué les tranchées y, ô, £, £, r), #, x (fig. 3). Les puits trouvés en y et ô, profonds de 1 m, ne paraissent pas avoir été faits à une époque lointaine, car à part quelques rares tessons Latène et grecs, l'objet en fer, en forme de coutre (fig. 47,24, p. 219) est d'une antiquité douteuse. On observe la même chose dans la tranchée Ç.

En e (fig. 3) on a découvert un puits plus grand f i , profond de 0,50 m au-dessus de la couche générale / et large de 1,40 m de diamètre et un puits plus petit e2 rectan­gulaire, de 0,80 m X 0,50 m et profond de 0,40 m. Dans la partie supérieure du puits el une couche de débris d'argile calcinée contient des tessons primitifs rougeâtres et lustrés. Au-dessous de cette couche on a trouvé plusieurs tessons primitifs et, autour d'un vase intéressant à plusieures anses (fig. 18), les débris d'un vase mis en miettes, de la cendre, du charbon et une fusaïole primitive. Toute cette céramique est complè­tement différente de celle contenue dans la couche générale / de la station. Aucun élément Latène ou grec, aucune poterie travaillée au tour. Au fond du puits quelques lattes carbonisées sont assez soigneusement croisées. A côté, dans le petit puits e2, on a rencontré de la terre glaise et quelques très rares tessons primitifs mais d'une époque plus récente que ceux trouvés en el.

La fig. 16 représente en coupe, les différentes couches du puits ?/, large de 1,60 m de diamètre et profond de 1 m au-dessous de la couche générale / . La première,

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a, haute de 0,30 m, contient de la cendre, du charbon, des restes d'aliments, des osse­ments de volailles, deux fibules en bronze, un anneau en bronze, un vase grisâtre d'un galbe fin et les tessons de plusieurs autres vases Latène et grecques, tous d'une tech­nique délicate. Au-dessus, de la terre en poudre calcinée, contenant des cailloux de rivière, des ossements de volailles, un morceau de fer brut, etc., constitue la se­conde couche, 6, de 0,05 m d'épaisseur. La couche suivante, c, de 0,20 — 0,40 m d'épais­seur, contient quelques débris calcinés d'argile mélangée avec de la paille, du char­bon, de la cendre, une urne d'une facture primitive Latène et une grande quantité de tessons grecs et Latène. La dernière couche, d, de 0,30 — 0,45 m d'épaisseur, plus pauvre, ne contient que quelques débris d'argile calcinée et de charbon. Ce puits, le mieux conservé de toute la station, constitue la tombe type de Tinosul.

En ê le puits a un diamètre de 1,20 m et une profondeur de 0,50 m sous la couche générale / . On y trouve en désordre de la terre calcinée, du charbon, des ossements, des cailloux calcinés, une grande quantité de tessons de fine poterie Latène et grecque. Il n 'y a de remarquable qu'une fusaïole, une perle en verre coloré, une fibule en bronze, une pointe de «flèche» en fer et un fragment de fibule en argent (fig. 48,11, pag. 211).

Enfin, le puits «, large de 1 m de diamètre environ et profond de 0,50 m sous la couche générale/, contient de la terre calcinée, du charbon, des ossements d'animaux, des dents de cheval, des tessons Latène et quelques rares fragments de vases grecs. On a trouvé en même temps une fusaïole, une pierre à aiguiser cilindrique et une bre­loque en terre cuite en forme d'anneau (fig. 39,2). Quoique les couches sont assez mé­langées, on observe que la couche la plus compacte de terre calcinée se trouve dans la partie supérieure du puits.

Conclusions au sujet des tombes. Sans aucun doute, les puits isolés, que nosibuilles ont mis en évidence, sont pour la plupart des tombes. On se rappelle que les puits d et i trouvés dans les fouilles F et /(fig. 3 et pag. 182 sqq.), font exception et paraissent con­stituer des dépôts de grains. En ce qui concerne les puits des tranchées G et H, ils sont assez rapprochés les uns des autres pour donner l'impression qu'ils constituent une région funéraire, d'autant plus que dans la couche générale / , très pauvre, les traces d'habitation sont inexistentes. Les tombes isolées sont fréquentes, soit auprès des habitations (k et jf de la fouille JT, pag. 184 ; q de la tranchée C, pag. 179 ; et y de la fou­ille N, pag. 179), soit dans les couches superposées du rempart.

Dans toute la station de Tinosul on n'a trouvé aucune trace d'ossements humains. Toutes les tombes sont à incinération. Cette constatation ne fait d'ailleurs que con­firmer ce que les fouilles exécutées à Apahida a), Piscul-Crăsani2), Piscul-Coconi3), etc. nous avaient appris au sujet des tombes Latène de la Dacie4) et ce qu'on savait de la religion des Gètes5), qui habitaient à cette époque la contrée6), dont la station de Tino­sul était un des centres.

De toutes les tombes découvertes, deux seulement (el de la tranchée II et tu de la tranchée L) font partie de la couche énéoblthique la plus ancienne de la station ; les

' ) Kovâcs, /oc. cit. 2) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 27 sq. ; V.

Pârvan, Getica, p . 185. 3) Radu Vulpe, Piscul-Coconilor, Bui. Com.

Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. 39, p . 48. 4) V. Pârvan, Getica, p . 160 sqq. 6) Ibidem. 6) Ibidem, p . 81 sq., p . 130, etc., passim.

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autres sont de l'époque Latène I I I . C'est une preuve de la continuité du rite de l'in­cinération à travers les différentes époques de Tinosul, conservés par tradition d'une génération à l'autre ') .

Les tombes, en général, ne se trouvent pas dans un «'lai de conservation satis­faisant; principalement la tombe d' paraît avoir été particulièrement bouleversée au cours des temps. Les tombes e, y de la tranchée / / et h de la fouille J, sont les mieux conservées. En les analysant on remarque qu'elles sont en forme de puits qui ne dé­passent jamais 1 m de largeur et 2,50 m de profondeur. Dans leur partie inférieure on trouve du charbon, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, des débris de poterie, de fins objets de parure. Au-dessus on rencontre de la terre calcinée mélangée avec du charbon et de la cendre, recouverte par de gros débris calcinés d'argile pétrie avec de la paille (fig. 16, ?/). Le reste du puits est rempli avec de la terre contenant quelques fragments de charbon et des restes de combustion. De cette stratification on peut déduire qtie la crémation ne se faisait pas dans le puits même, mais dans le voisinage immédiat de la tombe. Ce qui explique la présence au fond du puits des éléments qui sur le bûcher auraient dû se trouver à la surface, comme les vases, les restes d'aliments, les cendres du défunt, les objets de parure, la cendre et le charbon du bois employé, tandis que à l'ouverture de la tombe on y trouve de la terre brûlée et de l'argile calcinée pétrie avec de la paille, qui était pareille à celle dont on se servait à la construction des habitations. Ces restes sont probablement les débris calcinés d'un autel improvisé, sur lequel on établissait le bûcher de crémation.

Le fait que la crémation se faisait à côté du puits, est prouvé par les différentes fouilles d'autres nécropoles de la même époque.

A Apahida on a trouvé tout près du puits, là où avait eu lieu la crémation, des fragments d'objets, qui complètent ceux trouvés dans le puits même2). Pareillement dans les nécropoles des autres régions de l'Europe centrale on a trouvé des indices qui mènent aux mêmes constatations3).

Les cendres du défunt étaient déposées à même la terre au fond du puits ou dans des urnes en terre cuite ou en bronze4). A Tinosul on a trouvé partout de ces urnes en terre cuite, en miettes tellement éparpillées que leurs reconstitution devient difficile. A côté des ces urnes, il y avait dans les tombes d'autres vases destinés à contenir des aliments et des boissons5), ou peut-être purement décora­tifs. Le plus souvent les urnes sont primitives, poreuses, travaillées à la main, de formes simples, ayant des ornements en forme de bandes en relief appliquées sur les parois, des striations irrégulières ou des proéminences. On constate ce fait dans la majeure partie des cas, à Piscul-Crăsani6) et en règle générale à Piscul-

*) Pour l'origine autochtone de la race géto-dace dans les pays carpatho-danubiens, cf. V. Pârvan, o. c , p . 33 sqq., p. 41 .

2) Kovâcs, o. c, p . 62, a. 3) C. Marchesetti, Scavi nella necropoli di S.

Lucia pressa Tolmino, Trieste, 1893, p . 134; F. Fiala, Die Ergebnisse der Untersuehung prdhisto-rischer Grabhiigel auf dern Glasinac im Jahre 1892, Wissensch. Mitteil. a. Bosn. u. d. Hercegov., I , 1893, p . 166; W. Radimsky, Die Nekropole von

Jezerine in Pritoka bei Bihac, ibidem, I I I 1895, p. 183; Giro Truhelka, Der vorgeschiehtlirhe Pfahl-bau im Savabette bei Donja Dolina, ibidem, I X 1904, p . 88.

*) Cf. Marchesetti, Castellieri, p . 153 ; Déche-lette, Manuel, I I 3, p. 1037.

6) Déchelette, l. c. 6) A Piscul-Crăsanilor on a trouvé deux am­

phores remplies de cendre et employées sans doute comme urnes funéraires, ce qui ne serait pas un

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Coconi a) et à Tinosul. Les vases de technique supérieure ouvragés au tour ou ceux grecs d'importation, ne sont pas employés comme urnes funéraires sauf dans deux cas à Piscul-Crăsani »). En général on trouve auprès de ces vases comme nous l'avons dit plus haut, des objets utilitaires ou de parure, des instruments, des fusaïoles, des fibules, des monnaies, des traces d'aliments, enfin tout ce que d'habitude on enterrait avec le défunt à l'usage de l'autre vie3). Sans doute, ceci est la preuve de la tradition d'un rite très ancien4). C'est une loi commune que les traditions religieuses et spéciale­ment funéraires soient fort persistantes chez tous les peuples 5).

Les objets, les vases, tout ce qu'on mettait dans la tombe, passait par le feu du bûcher8). Comme preuve, les fragments des miroirs trouvés dans la fouille d' (p. 174) sont tous saupoudrés de charbon; l'un garde collé à sa surface un fragment carbonisé d'étoffe tissée, vestige d'un vêtement. La monnaie à l'effigie d'Agiippine trouvée dans la tombe a3 (p. 186) était recouverte d'une grosse couch,e de charbon. La plupart des fibules, des fusaïoles et des débris de vases, présentent des traces de feu.

A Tinosul on a trouvé partout ces vases en miettes, phénomène commun à toutes les tombes à incinération, comme l'observe Déchelette7), à cause probablement, de la pression des couches de terre supérieures à travers les temps, des infiltrations, de la mauvaise qualité des vases et des profanations des chercheurs de trésors 8).

Les ossements des animaux ayant servi à la nutrition, tels que boeufs, chèvres, moutons, sangliers, volailles, etc., se trouvent dans toutes les tombes. L'abondance, la qualité des aliments, la qualité des vases, des objets, varient assurément avec la situation matérielle de ceux qui faisaient l'ensevelissement. En dehors de la viande on mettait dans les tombes d'autres aliments qui ont laissé peu de traces, comme par exemple le petit amas de millet carbonisé trouvé en a.3.

Dans la fouille d' (pag. 174) on ne peut pas voir la forme précise d'une tombe, le terrain ayant été dans ce point fort remué à différentes époques. On y a trouvé néan­moins beaucoup d'éléments funéraires, tels que fusaïoles, petits idoles en terre cuite, vases en miniature, ossements d'animaux, débris de vases plus gros, fragments de miroirs en métal blanc, etc. Les vases en miniature sont des éléments connus en re­lation avec le rite funéraire, chose observée également à Piscul-Crăsani 9). Un de ces vases en miniature a été trouvé dans la tombe 7). La présence des fusaïoles est considérée généralement comme un indice de tombes féminines, les fusaïoles étant un attribut féminin. Pourtant, il y a doute, car les «fusaïoles» peuvent être également interpré­tées comme poids servant aux instruments de pêche (v. plus bas, p. 208).

Au-dessus des puits on n'a pas trouvé des traces de monuments indiquant la tombe, quoiqu'on avait l'habitude de planter sur la tombe un poteau en bois, comme

exemple isolé, car on rencontre la même chose à 6) Déchelette, op. cit., p . 1037 ; C. Truhelka, Olbia dans la Russie méridionale. Cf. V. Pârvan, loc. cit. Getica, p . 185 sq. et I . Andrieşescu, Piscul-Cră- 7) Ibidem; cf. C. Marchesetti, S. Lucia presso sani, p. 69. Tolmino, p . 145; Franz Fiala, Das Flachgraberfeld

*) 11. Vulpe, Bui. Com. Mon. 1st., XVI I , 1924, u. die pràhistorische Ansiedlung in Sanskimost, fasc. 39, p . 48. Wissensch. Mitteil. a. Bosn. u. d. Herceg., VI

2) V. Pârvan , l. c. 1899, p . 111. 3) Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1027 sqq. 8) Déchelette, op. cit., p . 1022, n. 1. 4) V. Pârvan, Getica, p . 160. 9) I . Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p . 27 sq. 5) Cf. C. Marchesetti, Custellieri, p . 152.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

le cons ta te Marchcset t i à Capore t to ' ) . On peu t supposer qu ' à Tinosul il y ava i t des po t eaux semblables , dont on ne t rouve plus de t race , bien en tendu .

Au point y de la fouille N (fig. 13) sous la couche de débris d 'hab i t a t ion , or» a t rouvé auprès d ' u n vase grec délicat, une fusaïole et un vase en minia ture ensevelis sous char­bons . C'est sans doute une t o m b e et dans ce cas nous avons un indice de plus que l 'en­sevelissement pouva i t se faire parfois à p roximi té ou à l ' intér ieur même de l ' hab i ta t ion du défunt 2 ) .

8. L E S S O N D A G E S D E S E N V I R O N S D E LA S T A T I O N

On a fouillé a u t o u r de la s ta t ion en 8 points sur 1 m de hau teu r , 1 m de l a rgeur e t 1 m de longueur , dans u n e zone de 16 m à 70 m de r ayon . P a r t o u t les r ésu l t a t s ont été nuls . On a conclu que le ter ra in hab i t é é ta i t dél imité p a r l 'enceinte de la s ta­t ion. Toutes les couches de la s ta t ion , con t enan t des vestiges de vie huma ine , et même les restes d ispara ts de vases et de t races an t iques s ' a r rê ten t b ru squemen t au fossé qui en toure la s ta t ion , comme on peu t le voir dans la coupe M (fig. 5). Au pied de l 'hau­teur sur laquelle est si tuée la s ta t ion , vers la rivière de la P r a h o v a , on t rouve des t races an t iques sur u n rayon ne dépassan t pas 10 m et tou tes p r o v e n a n t de l ' écroulement de la paroi escarpée.

IV. L E S O B J E T S T R O U V É S D A N S L E S F O U I L L E S

1. LA C É R A M I Q U E

La céramique const i tue , na tu re l l ement , le plus riche et le plus var ié é lément des couches de la s ta t ion . Les plus n o m b r e u x fragments de vases furent t rouvés dans les fouilles A e t N et les plus rares dans les t ranchées H et L. Les au t res excavat ions en ont donné aussi une q u a n t i t é suffisante. La céramique est composée généra lement des tessons de tou tes sortes, don t nous avons pu reconst i tuer seu lement u n n o m b r e t rès pe t i t des vases , d 'une manière plus ou moins complè te .

E n faisant la classification de la céramique de Tinosul nous dis t inguons première­m e n t trois catégories su ivan t les époques : A) la céramique de l ' époque énéol i th ique , t rouvée sporad iquement dans les fouilles i / , K, L (v. plus h a u t , pagg . 1 7 5 ; 185 s q . ) ; B) la céramique de l 'époque L a t è n e I I rencont rée en pe t i t e q u a n t i t é dans u n seul poin t de la fouille F; et C) la céramique de la couche La tène I I I , la plus récente et la plus a b o n d a n t e .

A. LA C É R A M I Q U E D E L ' É P O Q U E É N É O L I T H I Q U E

Les vases de cet te catégorie sont fabriqués à la main d 'une p â t e assez épurée et malgré la cuisson souvent imparfa i te , ils p résen ten t toujours sur les parois extér ieures un lus t re noir-gr isâtre , rosé ou b r u n .

Les f ragments t rouvés ne sont ni assez n o m b r e u x ni assez grands pour nous per­m e t t r e de re t rouver la forme des vases. Un profil plus complet est fourni pa r le f ragment d 'un vase funéraire, s implement conique, p révu de plusieures anses au-dessus de la

') C. Marchesetti, op. cit., p. 136; Caatellieri, 2) V. Pârvan, Getica, p. 185. p.153.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

partie la plus renflée delà panse (fig. 18; v. le même à la fig. 20), qui fut trouvé dans la tombe el (pag. 186). Parmi les autres fragments nous distinguons des profils de vases simples (fig. 19,1,5,6) et des vases à rebords restreints (fig. 19,2,3,7, et 8). L'un de ces derniers présente un galbe un peu à cassure (fig. 19,4). Les fragments de panses corres­pondent à des vases simples (fig. 19,6) ou à des écuelles quasi-sphériques (fig. 19,2, 5). Les anses plates, largement courbées (fig. 19,9; 20) sont les plus communes. Ce que différencie cette céramique préhistorique de la céramique Latène c'est l'ornementation plus méticuleuse et plus variée. Les motifs sont constitués par des lignes inci­sées en zig-zag (fig. 19,3 et 7 ; 23,8), par des stries paral­lèles interrompues (fig. 19,1,2,4) ou par une bande de lignes et points gravés parsemée de petits boutons en re­lief (fig. 19,8). Sur une anse de forme simple on voit le dessin d'un rhombc (fig. 19,9). Quelques tessons présentent des cannelures parallèles avec de petites stries entre elles (fig. 19,4, 5). À part les incisions et les stries il y a encore Fi à mentionner comme éléments ornementaux les proémi- r a i re P r i m i t i v e à plusieurs anses, nences organiques à très petit relief et applaties (fig. 19,6; 22,5). La même intention

"ig. 18. Fragment d'une urne funé-

19. Fragments de vases de l'époque énéolithique.

ornementale régit la disposition des anses nombreuses sur le vase funéraire cité plus haut.

Tous les fragments céramiques décrits jusqu'ici ont le même aspect et la même technique, ce qui prouve davantage leur contemporaineté. Il est difficile de dater cette

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u\i)iï \ i i.1*1 : I:T F.CATF.KÏNA VULPE

céramique constituée par des fragments peu nombreux et trop petits: d'autant plus qu'en dehors d'eux on n'a pas trouvé dans les mêmes couches aucun autre élément chro­nologique plus précis. A cet égard le grattoir en silex trouvé dans la tranchée D, c'est-

à-dire dans l'endroit le plus remué dans les temps les plus récents par les diffé­rentes fouilles non archéologiques (v. p;ig. 173), ne peut apporter aucune con­tribution. C'est le seul objet de ce genre rencontré dans toute la station et, d'au­tre part, les objets en silex ne sont pas toujours un indice de l'époque de la pierre ]). Par exemple, à Piscul-Cră-sani2) et Piscul-Coconi3), des stations éminemment Latène I I I , de même que Tinosul. on a trouvé plusieurs objets en silex. Quant aux objets de métal, ils manquent tout à fait dans la couche pré­historique de Tinosul.

Ainsi le seul élément datable, assez élastique pourtant, nous est fourni par le peu d'ornements gravés sur les tes­sons. Les lignes en zig-zag comme motif ornemental primitif, ne peuvent four­nir aucun renseignement chronologique parce qu'elles sont communes à toutes les régions et à toutes les époques, de­puis le néolithique jusqu'aujourd'hui 4). De même, les proéminences ne sont pas une caractéristique néolithique5), comme

orvpourra le voir dans les pages suivantes. Cependant on peut citer un tesson néolithique

Fig. 20. Fragments de vases énénlilhiques et de l'époque Latène III .

*) Spécialement, quand ils se t rouvent dans une peti te quant i té . On trouve des objets en silex aussi dans l'époque du bronze (cf. Mattliaus Much, Die Kupferzeit in Europa und ihr Verluïlt-niss ZUT Kultur der Indogcrmancn, Jena , 1893, II-ème edition, p . 124 sq. ; Déchelctte, Manuel, I I 1, p . 146) et de Hal ls ta t t (à Glasinac, en Bosnie; F . Fiala, Die Ergebnisse der Untersu-chung pràhistorischcr Grabhiigel auf dem Glasinac im Jahre 1894; Wiss. Mitt. a. Bosn. u. d. H e r e , IV, 1896, p . 27, fig. 66).

2) I. Andrieşescu, Piscul-Crâsani, p . 78 sq., explique ces objets en silex, d'époque récente, comme ayant servi à allumer le feu. A cette in­terprétation s'oppose le fait que plusieurs sont travaillés en forme de petits couteaux (o. c, p . 8 3 ; fig. 2 2 9 - 2 3 0 ) . On peut les considérer plutôt

comme des objets rituels correspondant peut-être à la persistance d'une vieille tradition religieuse d'origine néolithique.

') R. Vulpe, Bul. Corn. Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. 39, p . 48.

4) Cf. I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p . 63 sqq. ; V. Pârvan, Getica, p . 199 sq., n. 1.

6) Cf. Déchelettc, Manuel, I I 1, p . 383 sq. ; I I 2, p . 816, fig. 329, 5 — 6, pour les époques de bron­ze et de fer ; et C. Schucbhardt, Alteurapa, p . 328, pi. X X X V , pour le moyen âge. Quant à la grande diffusion de la céramique à proéminences (appel­lee Buckelkeramik par les Allemands) dans les ré­gions carpatho-baleaniques à l'époque néolithique, cf. I. Andriescscu, Contribute la Dacia înainte de Romani, p . 69 sqq.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

d'Osijek (Croatie)1) avec un ornement en zig-zag sur le bord du vase, identique au nôtre (fig. 19,3, 7). La bande à lignes et à petits boutons de la fig. 19,8, et le rhombe sur l'anse de la fig. 19,9, peuvent nous donner une orientation plus précise. Ainsi le premier de ces deux ornements se retrouve sur un vase néolithique de Turdaş 2) et sur un fragment de la même époque de Seewalchen (Carniole) 3), tandisque le deuxième se retrouve identique sur une anse néolithique de Laibacher Moor 4) en Carniole. Le vase à plusieures anses de la fig. 18 peut être comparé avec un autre, néolithique, de Nos-switz dans la Silésie 6) et avec un fragment toujours néolithique d'Osijek6). Une date ante quem nous est offerte par les tessons à cannelures et stries de la fig. 19,4 et 5 (v. aussi la fig. 20) car nous en trouvons un semblable dans l'Istrie à l'époque du bronze7). Néanmoins des cannelures faites à la main et dans la partie la plus concave jusqu'à la base du vase, se rencontrent aussi dans l'époque énéolithique à Cernavoda 8) en Do-brogea et à Jaispitz en Moravie9). Les stries séparant les cannelures sur le tesson men­tionné apparaissent aussi sur des fragments de l'âge du bronze de Sârata-Monteoru, en Roumanie (distr. Buzâu) 10). Par conséquent la date de tous ces tessons est assez in­certaine et peut osciller entre le néolithique et le bronze. Avec les éléments insuffisants que nous a fourni la couche respective préhistorique, sans aucun objet en silex et sans aucune indication sur l'existence des métaux, il nous est difficile d'établir une date plus précise que l'intervalle entre l'époque néolithique et les commencements du bronze, cor­respondant à l'époque appellee énéolithique n ) . Il est acquis, en tout cas, que toute la couche préhistorique, dont il s'agit, n'a aucune relation avec les couches Latène de la station et qu'elle est bien plus ancienne que le premier âge du fer.

B. LA CÉRAMIQUE DE L'ÉPOQUE LATÈNE II

A cette époque se rattache seulement un petit tas de tessons trouvés dans la fouille F (v. fig. 3, c), à 0,20 m au-dessous de la couche générale de Latène I I I . Ces tessons appar­tiennent à des récipients plus ou moins grands, largement ouverts avec bordure renforcée

1) Vjekoslav Celestin, Neolitska naseobina kod pol. Gesellsch. in Wien, X X X V I I I , 1908, pag. Osijeka, Vjettnik hrvatskoga arheoloskoga drust- 151, fig. 81. va, Zagreb, n. s., I I , 1896 — 1897, p. 106, pi. XVI I I , u ) Une date plus précise serait possible par fig. 20. la comparaison avec la céramique néolithique ou

2) M. Hoerncs et O. Menghin, Urgeschichte der énéolithique des stations de la plaine roumaine. bildvnden Kunst in Europa von den Anfàngen bis On en a fouillé plusieures, telles que Sultana, um 500 VOT Christi, Wien 1925, p . 305. Boian, Gumelniţa, Căscioare, mais la publication

•'') Ibidem, p . 343, f. 6. des résultats dans la Dacia est encore en cours et *) Ibidem, p . 347. nous n'avons sous la main aucune autre informa-6) Ibidem, p . 759, fig. 3. tion. Quant à la station de Sărata-Monteoru, ci-") Celestin, /. c , fig. 19. tée plus haut, elle fut fouillée d 'une manière 7) Marcheselti, Castellieri, p. 145, pi. X I I I , 18. passagère en 1907 par Ed. Honzik, architecte 8) Cari Schuchhardt , Cernavoda, eine Stein- du ministère de guerre roumain. Les résultats

zeitsicdlung in Thrakien, Priih. Zeitschr., X V , furent publiés dans la Zeitschrift fur Ethnologie, 1924, p . 21, fig. 2 1 — 2 5 . 1907, p . 999, par Huber t Schmidt. Elle fut plus

•) Hocrnes-Menghin, Urgeschichte, etc., p . 763. systématiquement fouillée par les Allemands du-fig. 3. rant l'occupation militaire de 1917, mais nous

I0) Dr. Wilke, Vorgeschichtliche Bcziehungen zvci- n'en connaissons encore suffisamment les résul-schen Kaukasus und dem unteren Donaugebiete; ein ta ts ; cf. Pràhistorische Zeitschr., X I I I — X I V , Beitrag zum Arierproblem, Mittcilung. der Anthro- 1921 — 1922, p . 171.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

(v. fig. 21), d 'une technique supérieure, p r é sen t an t un br i l lant lus t rage noir. Ils sont t ravai l lés avec soin, régular i té , finesse et solidité, au tour . Ils a p p a r t i e n n e n t cer ta ine­m e n t , d 'après les formes, à l ' époque La t ène ] ) . Cependant ils diffèrent t o t a l e m e n t de la céramique t rouvée dans la couche la plus récente de Tinosul . A Piscul-Crăsani , s t a t ion du La tène I I et I I I et à Piscul-Coconi, s t a t ion de La t ène I I I , on ne les r e t rouve pas . Seulement dans la nécropole d 'Apah ida on t r o u v e des vases pa r fa i t emen t semblables comme forme, comme technique et comme aspect géné ra l 2 ) , dans des tombes a p p a r t e ­n a n t à l ' époque La tène I I 3 ) , ce qui nous p e r m e t d ' a d m e t t r e que les vases de Tinosul font également pa r t i e d 'une couche La t ène I I , t rès p a u v r e , e t qui ne pa ra î t qu ' en cer ta ins poin ts , comme p a r exemple le pe t i t t a s de tessons c de la fouille F. Quoique s ' a p p a r e n t a n t p a r leurs formes à la céramique celto-bavaroise de l 'époque La tène I 4 ) , les vases de Tinosul , de même que ceux d 'Apah ida , ne pa ra i s sen t pas da t e r

Fig. 21. Profils de vases de l'époque Latène II.

d 'une époque antér ieure au La tène I I 5 ) . On ne p e u t pas non plus a d m e t t r e , v u les t ypes différents de la céramique et la s i tua t ion des couches respect ives , que ces vases appa r t i ennen t à l ' époque La tène I I I , comme la couche la plus récente de Tinosul . D'ai l­leurs la ressemblance avec la céramique de la nécropole La tène I I d 'Apah ida est t o u t à fait concluante à ce sujet .

C. LA C É R A M I Q U E D E L ' É P O Q U E LATÈxNE I I I

Su ivan t la t echnique , la céramique t rès a b o n d a n t e de ce t te époque se divise en deux par t ies : a) la céramique t ravai l lée à la main et b) la cé ramique t ravai l lée au tou r .

a) Céramique travaillée à la main. Toujours su ivan t la t echn ique , ce t te cé ramique se divise à son t o u r en deux catégor ies : la première comprend les vases ma l cui ts et d ' une p â t e impure et po reuse ; la seconde comprend les vases d 'une p â t e plus homogène , pas toujours mieux cui ts , d ' un lus t rage noir ou brun-gr i sâ t re , ma in d ' un aspect différent de la céramique énéol i th ique , don t on a par lé plus h a u t (pag. 191). Les vases de ces deux catégories, quoique contempora ins , on t des formes et des o rnements dissemblables. P a r m i les premiers il y en a qui ont les bords simples et droi ts (fig. 22,1, 2, i l , 12,13 ; 23,5), d ' au t re s les bords légèrement repliés (fig. 22 ,3 ,4 ,9 ; 23,4) et d ' au t re s les bords repliés d ' une

*) Déchelette, Manuel, II 3, p. 1475, fig. 670 a. 2) Kovâcs Istvân, Apàhida, Dolgozatok-Travaux,

II, 1911, p. 28, fig. 29, 2 ; cf. plus haut, p. 183, n. 1.

3) Ibidem, p. 68. 4) Déchelette, l. c. 6) Ibidem, p. 915. 923. 1082; Pârvan, Getica

p. 565 sqq.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

manière plus accentuée (fig. 22,7,10; 31,10). Tous ces profils se r e t rouven t également dans la céramique de Piscul-Crăsani *). P a r contre on n ' a t r ouvé qu ' à Tinosul des vases d o n t les bords fassent en profil u n angle droit (fig. 22,14). La base de tous ces va ­ses est s imple et quelquefois présente u n léger e m p a t t e m e n t . Ces vases , p o u r la p l u p a r t sans anses , p résen ten t comme ornements des stries, des bandes en relief appliquées de différentes formes et des proéminences qui éventuel lement peuven t servir de poignées. Le t y p e de proéminence le plus r épandu à Tinosul a la forme d 'une oreille p la t e et t r i ­angula i re , disposée obl iquement sur la paroi extér ieure du vase en guise de poignée (fig.

Fig. 22. Céramique primitive de l'époque Latène III (sauf le fragment no. 5, qui est énéolithique).

22,6; 26). T o u t au t res sont les proéminences des vases de Piscul-Crăsani, où les plus nom­breuses on t la forme d 'un cylindre t r a p p u 2) ou d 'un bou ton ell iptique simple ou divisé en deux ou trois pa r t i e s 3 ) . A Tinosul , où ce dernier t y p e est peu fréquent (fig. 22,1, 2,12, 23,1,2), nous rencont rons d ' au t res variétés de proéminences (fig. 23,11,12), p a r m i les­quelles cer ta ines sont perforées pour pe rme t t r e le passage d 'un fil de suspension (fig. 23,6). Le plus souvent la décorat ion des vases à proéminences est complétée p a r des bandes en relief (fig. 22,1, 2, 6,12; 23,2, 9,12) et p a r des stries (fig. 23,11).

Les bandes en relief, soit appliquées, soit consti tuées pa r les parois mêmes des vases , on t les formes les plus variées. Certaines se r e t rouven t à Piscul-Crăsani , comme p a r

») Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 12 — 24, fig. 96 — 98. 100 — 101. 104 — 111. 115. 19-61. 3) Ibidem, p. 16, fig. 33; p. 20, fig. 48 — 50;

2) Ibidem, p. 12 — 21; fig. 19 — 20. 23 — 24. 26. p. 22 — 23, fig. 57 — 58. 99. 102 — 103. 107. 28. 29 — 32. 34. 37. 40 — 41. 43. 47. 52 — 53. 55. 112 — 114.

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RADU VULPE ET ECATERLNA VULPE

exemple: la bande en relief simple (fig. 24,8,10, 13), la bande à dépressions continues, obtenues en pinçant la pâte entre deux doigts (fig. 22,12) et la bande tordue (fig. 23,9) ' ) . D'autres n'ont été trouvées jusqu'à présent qu'àTinosul: la bande en relief à stries obli­ques rares (fig. 24,4) ou rapprochées (fig. 22,1; 23,5,9; 24,5,12), la bande double à stries en arêtes de poisson (fig. 24,1,6) et la bande à relief ondulé (fig. 23,4). En général les

Fig. 23. Céramique primitive de l'époque Latcne III (sauf le fragment no. 8, qui est cnéolithique).

bandes, simples ou doubles (fig. 24,1,6), sont disposées sur le goulot (fig. 22,9, lo), sur la base ou sur la panse (fig. 24,13; 26). Quelquefois elles sont verticales et tiennent toute la hauteur du vase (fig. 22,l). Sur certains fragments on a trouvé des bandes curvi­lignes et entrelacées (fig. 22,1; 23,2).

Quant'aux stries qui décorent la panse des vases, elles dessinent par un simple trait (fig. 22,7; 23,5; 24,2; 26) ou plusieurs traits parallèles (fig. 24,4,9,10; 25,a), selon qu'elles sont tracées par un ébauchoir ou par un peigne, des zig-zags ou des ondulations. Quel­quefois (fig. 24,l) plusieures stries parallèles accompagnent la décoration des bandes en relief, dont on a parlé plus haut. Le plus souvent la décoration est réduite à des simples

*) Ibidem, p . 13 — 24, fig. 22 — 25. 27 — 28. Russie méridionale; cf. Max Ebcr t , Ausgrabun-30 — 32. 35 — 38. 41. 45. 52. 59 — 61. On trouve gen auf dem Gute Maritzyn, Gouv. Cherson (Siïd-de la céramique identique en ce qui concerne les Russland), Prahis t . Zeitschr., I I I , 1911, Berlin, formes, la technique et les ornements dans les p. 256, fig. 3. stations et les tombes de même époque de la

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LES FOUILLES DE TINOSUL

stries parallèles et horizontales qui font le tour du vase (fig. 22,3; 24,4,11). Les stries paraissent môme sur les anses (fig. 24,7). Sur certains tessons on remarque en guise de décoration des stries irrégulières et dans tous les sens. On ne saurait dire si le léger dé-foncement elliptique du fragment représenté dans la fig. 22,11, est décoratif ou utilitaire, pour permettre de saisir le vase.

La poterie qu'on vient de décrire est d'une facture et d'un aspect tout à fait primitif; elle est dépassée même par les produits de la céramique énéolithique et elle est totalement inférieure à la céramique contemporaine faite au tour. Faite avec une négligence surpre­nante et d'une pâte de qualité tout à fait inférieure, elle est d'une fragilité qui la rend

Fig. 24. Céramique primitive de l'époque Latène III .

presqu'inutilisable dans la vie quotidienne. Si nous considérons que les urnes funéraires trouvées dans les tombes de Tinosul, ainsi que dans celles de Piscul-Crăsanix) ou de Piscul-Coconi2), font partie presque sans exception de cette catégorie de céramique, nous pouvons déduire qu'en général ces vases avaient surtout un caractère religieux en rapport avec les antiques traditions rituelles, qui vue la persévérance des proéminences et des bandes en relief décoratives, remontent jusqu'à l'époque néolithique 3). En tout cas ce n'est pas par pur hasard qu'aucun vase de technique supérieure ou travaillé au tour n'est employé comme urne funéraire à Tinosul ou à Coconi (v. plus-haut, pag. 188).

De la même technique négligée sont les tasses simples à grandes anses qui relient le rebord à la base (fig..25,9; 32) pareilles à celles trouvées à Crăsani4).

En général les anses de toute cette poterie sont applaties, sémicirculaires, en forme de point d'interrogation, avec ou sans stries (fig. 24,7) ou bien avec un bouton en relief pour

*) Cf. plus haut, p. 188, n. 6. 3) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 35 sqq. 2) Plus haut, p. 189, n. 1. 4) Ibidem, p. 44; fig. 62 — 64. 65 — 67.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

poser le pouce (fig. 24,3, 7). Un gros fragment d'anse, qui faisait sans doute partie d'un grand vase, est décoré par trois bandes en relief longitudinales (fig. 24,5). Dans la petite tranchée <5 (fig. 3) on a trouvé un grand fragment d'une pâte impure, gros et plat, qui constituait peut-être la base d'un vase de grandes dimensions.

La seconde catégorie de céramique faite à la main, d'une technique supérieure et d'une pâte plus homogène, à lustrage, présente à part des profils simples (fig. 25,1, 2, 4,12), des profils plus compliqués à rebords plus prononcés et plus détachés, à angle vif (fig. 25,6, 7, lo). Ces formes se retrouvent aussi à Crâsani et M. Andrieşescu à juste raison sup­pose qu'elles sont imitées d'après les formes de la céramique travaillée au tour *). Cette

Fig. 25. Céramique faite à la main de l'époque de Latène III .

chose est encore mieux mise en évidence à Tinosul, où quelques fragments de rebords d'une pâte insuffisamment cuite travaillés à la main et d'un lustrage noirâtre présentent un profil (fig. 25,6) tout à fait identique aux profils les plus caractéristiques de la céra­mique contemporaine travaillée au tour (v. les fig. 28,5; 32). Les bases sont simples ou imitées d'après la céramique travaillée au tour. Les anses les plus répandues sont plates, courbes et disposées verticalement (fig. 25,3), disposées horizontalement sur les rebords des terrines (fig. 25,2; 32), en forme de point d'interrogation, s'élevant plus haut que la bordure du vase (fig. 25,11) et à bouton proéminent pour poser le pouce (fig. 25,5). Sur un fragment de terrine (fig. 25,12) l'anse se réduit à une simple oreillette.

Le manque complet d'ornementation, de même qu'à Crasani2), caractérise cette céramique et la différencie de celle de la première catégorie. Les quelques proéminences qu'on rencontre exceptionellement n'ont qu'un but utilitaire et remplacent les anses

l) Ibidem, p . 51. 2) Ibidem, p. 50.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

(fig. 25,4), comme par exemple l'enflure que présente parfois le rebord évasé de la poterie, particularité rencontrée aussi à Cră-sani l) .

b) Céramique travaillée au tour. Cette céramique se divise également en deux catégories: 1. la céramique travaillée sur place d'après des modèles greco-romains ou celtiques plus anciens et ca­ractérisée par la qualité supérieure de la pâte, grisâtre ou plus rarement rou-geâtre et par le profil des formes; 2. la céramique greco-romaine d'importation.

De même qu'à Piscul-Crăsani2), la céramique fabriquée sur place est très abondante à Tinosul et comprend toute la variété de vases utilisés dans la vie quotidienne pour boire et pour manger, des plus petits et plus fins jusqu'aux plus grands et à grosses parois, tasses, coupes, terrines, casseroles, cruches, carafes, va­ses très évasés, passoirs, etc. Et , chose inconnue à Crăsani, nous trouvons de la même pâte grisâtre, même des ampho­res, solides, imitées avec beaucoup d'a­dresse d'après les modèles grecs, ayant les mêmes ornements ondulés et les mêmes anses bicylindriques que les amphores des cités grecques du Pont-Euxin.

De même qu'à Crăsani 3), le profil le plus caractéristique est celui à rebords évasés et larges, (fig. 27,3,4; 28,5, 7,10; 32) profil très rare dans le reste de l'Europe,4) mais ex­cessivement répandu en Dacie, surtout dans la plaine roumaine, où il constitue une des principales caractéristiques de la céramique Latène 6). Le travail au tour permet une grande variété de dimensions et de profils (fig. 28,5, 7,10 ; 29,1-7) : les coupes simples à profils droits et aux rebords retroussés à angle vif (fig. 29,l), voisinent avec des formes plus compliquées, plus élégantes, à profils composés (fig. 28,6 ; 29,1-7 ; 32) et avec de vases

Fig. 26. Céramique primitive et supérieure de l'époque Latène I I I .

») Ibidem, p . 55 ; fig. 139. 2) Ibidem, p . 57 sqq. 8) Ibidem, p . 58 sqq. ; fig. 122-126, 156-165. *) Il se rencontre seulement aux assiettes en

bronze de l 'époque et de la région de Hal l s ta t t (cf. Ed . Freih. von Sacken, Das Grabfcld von Hallstatt in Oberosterrcich und dessen Alterthiïmer, Wien 1868, pi. X X I V , fig. 2 — 9 ) et à quelques urnes en terre cuite de même époque ayant comme prototypes des vases en bronze (Déche-le t te , Manuel, I I 2, p . 823, fig. 335). Des profils plus ressemblants à ceux de Tinosul apparaissent

à l 'époque de Hal ls ta t t dans la Bosnie, parmi des vases travaillés à la main, par exemple à Cungar (cf. W. Radimsky, Die Gradina Cungar bei Cazin, Wiss. Mitt. a. Bosnien u. d. H e r e , IV 1896, p . 83 sqq., fig. 4 8 ; 49 ; 60 ; 9 1 ; 100) et à Donja Dolina (Ciro Truhelka, Der Vorgeschich-tliche Pfahlbau im Savabetto bei D. Dolina, I X 1904, pi. LXVI , fig. 1, p . I l l ; pi L X X I X , fig. 4 — 5 , p. 137; ibid., X I 1909, p . 19, pi. VI I , fig. 15).

5) Pârvan, Getica, p . 201 sq.

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à rebords excess ivement évasés (fig. 28,5, 7, io). Quelques uns de ses vases on t des galbes plus simples (fig. 28 ,1 ,29,8; 32) et des re­bords peu accentués (fig. 29,9). Certains en forme de terr ines ont le fond presque sphér ique (fig. 2 8 , 1 ; 29,10-15; 32). D ' au t r e s (fig. 29,10-15; 27,1-2; 32) rappel lent par ­fa i tement les profils des terr ines cel t iques de l 'époque La t ène I I I du Mont Beu-v r a y ] ) . On t rouve également des vases à goulots é t roi ts et à rebords retroussés semblables a u x goulots des carafes (fig. 29,16). Les bases de ces vases var ient selon le caprice et la fantaisie des ouvriers qui les ont tourné . Les bases simples et sans e m p a t t e m e n t , en q u a r t de rond, sont t rès r a r e s ; celles à e m p a t t e m e n t (fig. 30,1-lo) ou à profil o rnementa l p lus compliqué (fig. 30,3, 4, 8, 9) se r encon t ren t plus souvent . La figure 32, angle supér ieur à d ro i te , repré­sente le profil d 'une tasse à profil simple et à e m p a t t e m e n t . Certains vases sphéri-ques n ' o n t p resque pas de base (fig. 30,5).

Fig. 27. Céramique indigène de l'époque de Latène D a n s l a t r a n c h é e H , e n £, noU8 a v o n s III, travaillée au tour. t rouvé un pe t i t pied t rès fin d 'une p â t e

noire et semblable à ceux des pe t i t s verres . La majeure pa r t i e de ces vases grisâtres n 'on t pas d 'anses , su r tou t ceux a rebords retroussés et évasés qui para issent ê t re p lu tô t de grandes coupes. Toutefois les vases à anses ne sont pas rares . Le plus souvent les an­ses sont fines, p la tes et minces, en forme de po in t d ' in ter rogat ion et re l iant le rebord du vase à sa panse (fig. 28,2, 3). Les vases à anses sont p l u t ô t p e t i t s ; nous en avons t r o u v é deux qui sont presqu 'en t ie rs (fig. 36,3, 5). Les vases plus grands et en forme de ter r ines on t des anses cyl indriques et rondes disposées hor izonta lement , semblables à celles de la céramique con tempora ine faite à la ma in (v. plus h a u t , pag . 198, fig. 25,2). Les anses bi -cyl indriques et grisâtres des amphores de pet i tes dimensions qui imi ten t les amphores normales , sont d ' un g rand in té rê t , ainsi que les anses des pe t i tes tasses qui i m i t e n t celles de cer ta ins pe t i t s vases grecs (fig. 34,4, 7, 8). Quelquefois les pe t i t s vases sans anses on t le rebord perforé pour p e r m e t t r e le passage d 'un fil de suspension.

Cet te céramique gr isâtre , avec tou tes ses qual i tés de solidité et de t echn ique im­peccable, ne peu t pas présenter un in té rê t es té th ique r emarquab le a u t r e que celui de la var ié té des formes et des profils engendrée p a r le t r ava i l au tou r . L ' o rnemen ta t i on si r iche et si var iée de la céramique néol i th ique t ravai l lée à la main , qu i , quo ique sous une forme rud imenta i re , décore p a r t r ad i t ion m ê m e la céramique poreuse de l ' époque de La tène I I I , fait complè tement défaut sur ces vases grisâtres et de technique supér ieure . Les proéminences disparaissent . Le t rava i l au tou r ne peu t donner q u ' u n seul o rnemen t :

x) Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1484, fig. 678.

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LKS FOUILLES DE TINOSUL

la t race hor izonta le recti l igne ou légèrement ondulée (fig.26) faite avec une pointe pen­d a n t le t rava i l au tour , t race qui t o u t au plus peu t être mult ipl iée à l 'aide d 'un peigne

Fig. 28. Céramique indigène de l'époque de Latène III , travaillée au tour.

(fig. 26 , 28,8, 9, i l ) . E n ce cas l ' o rnement le plus compliqué qu 'on puisse obtenir est com-

Fig. 29. Céramique indigène de l'époque de Latène III, travaillée au tour.

posé de zones al ternées de lignes rectilignes et de lignes ondulées (fig. 28,8, 11). Quelque­fois la décora t ion est complétée p a r une ligne ondulée br i l lante sur le rebord évasé de la

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poterie, obtenue sur la glaise avant la cuisson et après le séchage à l'aide d'un ébauchoir en bois (fig. 28,5, 7,10).

A Piscul-Crăsani la céramique grecque d'importation et la céramique grisâtre sont

les seules travaillées au tour. A Tinosul cependant nous trouvons une troisième catégorie : ce sont les vases fabriqués avec une belle pâte rougeâtre et fine, semblable à celle des

Fig. 31. Céramique grecque d'import et céramique indigène d'imitation»

vases grecs les plus fins. Nous ne pouvons pas les considérer d'origine hellénique; leurs formes sont identiques à celles de la céramique grisâtre décrite plus haut, comme par exemple le profil compliqué aux rebords évasés (fig. 31,4,16). Nous retrouvons les mêmes

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LES FOUILLES DE TINOSUL

profils fins (fig. 28,1, 4; 29,8, lô), les mêmes anses petites et plates, en forme de signe d'interrogation (comparer les fig. 28,2,3 avec la fig. 31,4), les mêmes petites anses hi-cylindriques, les mêmes ornements ondulés (fig. 31,2)]).

Quant aux formes semblables à celles de la céramique grecque, comme la fine po­terie, dont la fig. 28,4 reproduit le profil, comme les vases dont le rebord a le profil typique de la poterie à couvercle (fig. 31,5,9; 33), comme les bols sémisphériques sans bases (fig. 28,4) et les vases presque sphériques et à petites bases, il est plus difficile de déterminer si elles sont importées ou fabriquées sur place. Nous avons le même doute en ce qui concerne la provenance du fragment de rhyton en forme de tête d'aigle (fig. 31,8) et l'anse composée de deux cylindres tordus ] (fig. 31,13).

De même qu'à Crăsani la céra­mique importée est très abondan­te. Pourtant la variété des types n'est pas aussi grande que celle de la céramique travaillée surpla­ce. La majeure partie des tessons de cette cérami­que sont des restes d'amphores, vases très répandus alors par le commerce des vins et des huiles. D'autres tessons sont des restes de vases plus petits, quelques-uns même très fins et qui la plupart du temps ont servi de modèle aux potiers indigènes (fig. 28,1,4; 29,12-15; 30,5).

En examinant les tessons des amphores nous avons trouvé des éléments appartenant à 90 amphores différentes, ce qui paraît considérable pour une station aussi petite que celle de Tinosul. A Piscul-Crăsani, M. Andrieşescu n'en a compté que 30 environ 2).

Fig. 32. Céramique de l'époque de Latène III.

*) A Gorodok Nikolajcwka, station de la mê­me époque que Tinosul, dans la Russie méridi­onale, on a t rouvé des tessons de vases de la même catégorie, de profils identiques, qui é-taient fabriqués à la ma in ; cf. M. Eber t , Ausgra-bungen bei dern «Gorodok Nikolajewka» am Dnjepr, Gouv. Cherson, Priihist. Zeitschr., V 1913, p . 99, fig. I l l , 9 — 21.

2) Piscul-Crăsani, p . 69. En échange on a trouvé à Piscul-Crăsanilor plus de 500 fragments à proéminences de vases primitifs poreux, tandis

qu'à Tinosul on n'en a recueilli que 160 environ. On doit tenir compte de la différence d'époques entre les deux stations. La station de Crăsani est plus ancienne que celle de Tinosul (commence­ment de notre ère) d'environ deux siècles (s. III—II av. J . C. ; cf. Pârvan, Getica, p . 203 sqq.). Sans doute, les relations commerciales des Gètes avec les civilisations méridionales, très suivies dès le Vl-ème siècle av. J . C. (Pârvan, La pénétration hellénique et hellénistique dans la vallée du Danube, Bucarest, 1923, Académ. Roum., Bull, de la sect.

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A Tinosul aucune amphore n'a été retrouvée entière. En général les types sont identiques dans les deux stations et proviennent sans doute des mêmes cités grecques *). Quelques unes sont rouge feu ou rouge bricque, d'autres jaunâtres. La technique est la même et dans la pâte on trouve des fines paillettes de sable noir. Ce détail qui caractérise totites les amphores gréco-romaines trouvées dans cette région, fait complètement défaut aux amphores de pâte grisâtre, dont on a parlé plus haut (pag. 200). Ce qui constitue une preuve de plus que ces dernières étaient fabriquées par les habitants. Les amphores ont leurs bases en pointes ou plates. Les dimensions varient, mais pas beaucoup. Les anses ont des sections transversales différentes: il y en a d'ovales simples ; il y en a d'ovales avec une arête (fig. 31,"), avec deux arêtes (fig. 31,17) et avec trois arêtes (fig. 33,2; 34,2). .Les anses bicylindriques sont très répandues de même qu'à Crâsani et ce sont les seules que les habitants se sont attachés à imiter dans leur poterie grisâtre. Une seule anse d'une

pâte rouge feu présente en section une arête à angle vif (fig. 33,1; 34,:$).

Une autre anse trouvée dans la tranchée A, en b, (fig. 34,9; 39,12), porte l'inscription suivante:

' A o/rj vvéfi fovj 0(u[ri7ij7tov

Les amphores portant le cachet de l'astynome sont très rares dans le monde grec méridional 2), mais très répandues dans les régions du Pont-Euxin 3). Heureusement, dans le cas présent nous pouvons déter­miner avec précision l'origine de notre amphore. Qalvinnoç est le nom d'un agoranome sur un m)x<»[ia de Pani-don dans le sud de la Thrace: en àyoqavôfiov 0aivtnnov 4). Mais sur les anses des amphores ce nom ne paraît que sur les rives de la Scythie,

Fig. 33. Céramique grecque d'importation. e n t r o i s e x e m p l a i r e s : àotVVO/lfov]

hist., t . X , p . 4 sqq.), é taient encore plus fré- 3) Paul Becker, Ueber eine Sammlung unedier-quentes au commencement de l'époque impériale ter Henkelinschriflen aus dem sudlichen Ruszlnnd, romaine, ce qui explique à Tinosul la supériorité Jahrbiïchcr f. classischc Philolog., Supplhd. IV, quant i ta t ive des amphores et des objets impor- Leipzig 1862, p . 464 sqq. ; idem, Ueber eine neue tés sur la céramique de technique primitive. Sammlung unedierter Henkelinschriften aus dem

1) Ordinairement Thasos, Rhodes et Cnide (cf. siidlichen Ruszlnnd, ibid., Spplbd. X , Leipzig 1878; Pârvan, Getica, p . 204 sqq.), auxquelles on doit idem, Ueber eine dritte. Sammlung unedierter Hen-ajouter les cités grecques du Pont-Euxin, comme kelinschriften aus dem sudlichen Ruszlnnd und iiber Olbia (v. plus bas, pag. 205). Dumont's Inscriptions céramiques de Grèce, Paris

2) M. Albert Dumont, Inscriptions céramiques 1871, J ah rb . f. class. Philol., Leipzig, 1878, p . 111 de Grèce, Paris 1872, p . 23 . Ailleurs, p . 141, il sqq. at tr ibue aux Cnidiens le peu d'inscriptions avec *) Dumont , op. cit., p . 42. àoTVvô[iov, trouvées en Grèce.

■^

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LES FOUILLES DE TINOSUL

<I>uivt[7i7iov] KT>JO[O>V] de Panticapée (Kertsch) *), fàozvjvo/wv [Omvnjnizov /77a-O/LX<IQOV(Ç) d'Olbia-) et ânrvvojufovj &<UVITUWV rofvj [IIaoJiX(XQOv(ç) IIOOÎÔEIOÇ de Panticapée3). Ces trois inscriptions font partie de la grande quantité de cachets d'am­phores portant les noms des àorvvô/ioi et qui se trouvent en particulier dans le sud de la Scythic4). Dans une étude minutieuse et bien documentée au sujet de ces cachets, Paul Becker a pu fixer le lieu d'origine de toutes ces amphores à Olbia5). Puisque l'in­scription de Tinosul répond parfaitement à cette catégorie, comme on peut s'en rendre compte en la comparant aux trois autres provenant d'Olbia et de Panticapée, nous pouvons déduire avec certitude qu'elle provient également d'Olbia. Nous voilà en pos­session d'une information très importante concernant le commerce des habitants de la plaine gète avec les cités grecques de la grande Scythie. Sans doute, ce commerce était

■ osl 4-

Fig. 34. Céramique grecque d'importation.

fait indirectement et les cités grecques de la Dobrogea, Histria ou Tomi servaient d'in­termédiaires, mais il est intéressant de constater que Tinosul a été atteint par le commerce olbiopolitain aussi 6).

Un autre élément appartenant aux amphores sont les bouchons. Le plus souvent ils sont faits de la même pâte de bonne qualité (fig. 31,11). Rarement ils sont informes, en argile qui moule la forme de l'ouverture du vase, séchés et puis cuits, comme on a

' ) Becker, Ueber eine drille Sammlung, etc., p. 30, no. 27.

2) Idem, Ueber eine neue Sammlung, etc., p . 221, no. 8.

3) Ludolf Stephani, Erklarung einiger Jahre 1865 im siidlichen Russland gefundenen Gegenstănde, Compte-rendu de la Comission impériale archéolo­gique pour l 'année 1866, St. Pétersbourg, 1867, p . 134, no. 26.

4) Cf. P . Becker, Ueber eine drille Sammlung, etc., p . 108 sqq. On a trouvé également en Bou-manie, à Tyras (Cetatea-Albă) un nombre consi­

dérable d'inscriptions céramiques de la catégorie des àaxvvôiAot; cf. Paul Nicorescu, Scavi e scoperte a Tyras, Ephemeris Dacoromana, I I , 1924, Borna, p . 409 sq.

5) Ueber eine drille Sammlung, etc., p . 111. 8) Pour les relations politiques et économiques

assez suivies entre Olbia et les cités grecques de la Dobrogea, cf. V. Pârvan," Gerusia din Callatis, An. Ac. Bom., s. ist., ser. I I , t . X X X I X , Bucu-reşti, 1920, p . 54 sq. ; idem, La pénétration hellé­nique et hellénistique dans la vallée du Danube, p . 10 sq.

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t rouvé dans la fouille J. E n général les amphores n ' on t pas d 'o rnements . Parfois nous t rouvons pa r zones horizontales des lignes ondulées ou rcctil igncs (v. fig. 28,11) ou une seule ligne ondulée (fig. 31, l ) .

Les au t res vases grecs sont en forme de godets (fig. 29,17, 2i), en forme de vases don t le rebord a le profil nécessaire pour recevoir u n couvercle (fig. 29,22 ; 31 ,5 ,9 ; 3 2 ; 33,4), en forme de bouteil le au goulot é t roi t (fig. 29,19), en forme de cuve t tes au fond a r rond i (fig. 29,28), en forme de terr ines aux parois épaisses (fig. 31,12, 14). Nous t r ouvons éga lement les profils représentés dans les fig. 29,26, 27, 29 et plusieures formes qui ont é té imi tées dans la céramique gr isâtre , don t on a par lé plus h a u t (fig. 29,23-25; 31,6,15; voir fig. 29,13-15). Les bases et les anses ont les mêmes formes que celles de la cé ramique gr isâ t re .

Les pe t i t s vases reprodui t s dans les fig. 29,30-32 sont d ' un t rava i l t rès dél icat , de m ê m e que la cruche t rouvée presqu 'en t iè re dans la fouille N (p. 179 ; fig. 35 et 37,3) et la cruche représentée dans la fig. 36,7. Quelques f ragments de pe t i t s vases, comme les tasses t rouvées dans la t r anchée G (pag. 186, fig. 34,4, 7) et comme le goulot représenté dans la fig. 29,19, ont une engobe rouge. Les o rnements de ces vases se réduisent à de simples lignes hor izontales . Except ione l lement quelques f ragments d ' un vase t rouvé dans la fouille N p o r t e n t une décorat ion de t r iangles et de carrés gravés en creux (fig. 34,1,5,6) . Cet te

décorat ion ressemble à celle d ' un kyathos d 'origine grecque t r o u v é à Populonia , en E t r u r i e x ) e t se r e t rouve dans ses motifs p r inc ipaux sur la cé ramique cel t ique de la Gaule e t de l ' E u r o p e cent ra le , don t la fabr ica t ion est t rès ac t ive à la fin de l ' époque L a t è n e I I I 2 ) .

Comme céramique grecque d ' impor ta t ion à Tinosul nous t rouvons également quelques f ragments de grands vases : des f ragments de hydriae d 'une fabr icat ion solide, d 'une p â t e aussi compac te que celle des amphores , mais avec les pa ­rois plus épaisses et décorées p a r de simples lignes droi tes ou ondulées (fig. 31 ,1 ; 33,3) et des f ragments de dolia aux parois encore plus épaisses ( jusqu 'à 0,03 m) , d ' une p â t e b run- rouge impure mais solide et b ien-cui te . Tous ces g rands

vases , de m ê m e que les amphores don t on a par lé plus h a u t , p r o u v e n t q u ' à Tinosul on faisait un commerce actif de p rodui t s grecs, te l que le vin ou l 'huile.

> L Fig. 35. Petit vase grec

d'importation.

I l nous res te à par ler , pour compléter la descript ion de la cé ramique t rouvée à Ti­nosul , des vases en min ia tu re t rouvés dans les fouilles D , G, H, J e t N. Il y en a c inq. Celui t rouvé dans la fouille J (fig. 32 ; 37,4) fait pa r t i e de la céramique poreuse p r imi t ive ; les au t res semblables en t re eux et à pe t i tes anses (fig. 36,1, 2, 3, 6 ; v . aussi la fig. 37,6), sont d 'une p â t e fine, gr isâtre et font pa r t i e de la catégorie des g rands vases t ravai l lés au t ou r . A Crăsani nous ne t rouvons pas l ' équiva lent de ces min ia tu res , de m ê m e qu ' à Tinosul les min ia tures de Crăsani qui imi ten t les urnes poreuses à q u a t r e proéminences 3 ) font complè te­m e n t défaut . I l est difficile de t rouver l 'emploi de ces min ia tu res . M. Andricşescu en é t u d i a n t

*) A. Minto, Notizie dcgli Scavi, Roma 1921, p. 306, fig. 6.

z) Déchelette, Manuel, II 3, p. 1490, fig. 682, 8;

p. 1493, fig. 683. 3) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 27. 37 sq.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Fig. 36. Petits vases et vases en miniature.

L a première hypo thèse nous pa ra î t plus certaine. E n effet, presque toujours ces minia­tu res se t r o u v e n t ou auprès ou dans les tombes . Peu t -ê t re remplaçaient-el les , en les i m i t a n t , — p o u r les gens pauvres qui t rouva ien t ainsi le moyen de contenter les exigen­ces r i tuelles — , les urnes funéraires ou les au t res vases sacrés.

2. O B J E T S E N T E R R E C U I T E

Les plus communs objets en te r re cui te , après la céramique , sont ici, comme à Piscul-Crăsani , les fusaïoles. On en a t rouvé 43 en t o u t . Le plus souvent elles sont faites d 'une p â t e suffisamment homogène, plus ou moins cui te . Quelques unes de ces fusaïoles possè­den t u n lus t rage rouge. Les au t r e s sont plus pr imit ives et moins bien cuites. Une seule n ' es t pas cui te du t o u t . Les formes les plus habituelles sont celles des fig. 38,1-3,6, 9-11 (v. aussi les fig. 39 e t 43) , t rouvées également à Piscul-Crăsani 2) . D ' au t r e p a r t nous t rouvons celles b iconiques , hau t e s (fig. 38,4), une en forme de croix (fig. 38,12) et une p la te , grande et peu épaisse (fig. 41 , l ) . Quoique les ornements sont peu nombreux , ils appara issent sur les fusaïo­les de Tinosul plus f réquemment qu ' à Crăsani. Trois fusaïoles présentent des stries rayon­nan te s , don t deux sont reprodui tes dans les fig. 38,3,10. On a rencont ré une au t re dans la fouille N, côtelée sur le bord (fig. 38,11). Le rôle de ces objets t rouvés en Eu rope dès plus

x) Ibidem, p. 37 sq. Marchesetti, Castellieri, p. tionnant ceux trouvés à Donja Dolina (Der vor-146, qui cite les vases en miniature trouvés dans gesch. Pfahlbau im Savabette bei Donja Dolina l'Illyric et dans l'Italie septentrionale, les con- W. M. a. Bosn. u. d. Here, IX, 1904, p. 48). sidère comme des jouets d'enfants et la même 2) Andrieşescu, op. cit., p. 80; fig. 240 — 247. interprétation leur donne M. Truhelka, en men-

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RADII VIILPE ET ECATERINA VULPE

anciens temps jusqu'à l'époque romaine l), tant dans les nécropoles, que dans les sta­tions, est difficile à établir. On leur accorde généralement le nom et l'emploi de fusaïoles,

Fig. 37. Vases de terre cuite en miniature et vase de bronze servant comme bobèche de candélabre. Fig. 38. iFnsaloletf en terre cuite.

supposant qu'elles servaient à équilibrer la tige verticale qui servait au filage 2). Là-dessus M. Andrieşescu adopte l'opinion très plausible de M. Truhelka 3) en ce qui con­cerne les fusaïoles de Crăsani; il croit qu'on les employait comme contre-poids destinés à garder au fond de l'eau les filets de pêche, pareils à ceux qu'on emploie de nos jours en Bosnie. Le fait qu'on trouve en grande quantité ces objets dans les stations où la pêche ne pouvait pas être une des principales occupations des habitants 4) et que ce sont parmi les objets les plus courants dans les tombes5), nous empêche d'adopter d'une manière générale cette opinion. Nous retrouvons d'ailleurs dans les stations lacustres néolithiques parmi les nombreuses fusaïoles — et pourtant là ce serait le cas des en­gins de pêche— certaines portant encore leur tige en bois8). Il est fort probable qu'un pareil objet ait eu plusieurs emplois, dont ces deux derniers, de fusaïoles et contre-poids de filets de pêche, seraient les principaux 7). Dans les tombes elles peuvent être des perles de colliers aussi.

Comme objets à plusieurs emplois, nous trouvons également les pyramides perforées au sommet et servant soit comme contre-poids d'instruments de pêche, ou comme contre-

x) Cf. Déchelette, Manuel, I , p . 581 ; II 1, p . 390; II 3, p . 1398; et G. Lafaye, Fusus (C. Dareni-berg, E. Saglio, E . Pott icr , Dictionnaire des an­tiquités grecques et romaines, Paris 1896, I I ) , p. 1426 b .

2) Déchelette, o. c , I, p . 581 et G. Lafaye, o. c. 3) Der vorgeschichtliche Pfahlbau im Savabette

bei Donja Dolina, Wissenschaftliche Mitteilungen aus Bosnien und der Hercegovina, I X , 1904, p . 38 sq.

4) Comme par exemple Piscul-Crasanilor et Ti-nosul.

6) Déchelette, Manuel, I I 3, p. 1398. «) Ibidem, I, p . 581 ; I I 1, p . 390. ') Ibidem, I I 1, p . 390: «Cependant tous les

petits objets globulaires en terre cuite perforés au centre ne sont pas des fusaïoles. Il en est qui, d'après leurs formes ou leurs dimensions, ont dû servir les uns de grains de collier, les autres de poids de métiers à tisser ou de poids de filets».

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LES FOUILLES DE TINOSUL

0 H C <ş O c •

poids de métiers de tissage, etc. On en a trouvé 4 pièces à Tinosul, pareilles à celles de Crăsani x). Une de ces dernières est de forme ovale. Ces objets sont fort nombreux dans le SE de l'Europe dans l'intervale néolithique-ro­main 2), manquant presque complètement dans l'Europe occidentale 3).

Dans la fouille J on a trouvé un objet en terre cuite à manche (fig. 39,14), pareil à celui trouvé à Crăsani et supposé par M. Andrieşescu à juste raison comme servant au polissage des vases 4. Ce serait là connaître la manière dont on polissait la céramique supérieure faite à la main, de l'époque Latène.

Il n'y a pas doute quant à l'emploi déco­ratif des perles rondes ou ovales en terre cuite (fig. 38,5, 8 ; 43 ; 49,16), dont on n'en a trouvé que quatre à Tinosul. Comme objet de parure pri­mitif nous pouvons citer une breloque en forme d'anneau avec une partie proéminente (fig. 39,2), trouvée dans la tombe # de la fouille 1/ (p. 187).

Aux fouilles d et D nous avons découvert trois figurines fort primitives en terre cuite : une représentant rudimentairement une tête d'homme, les yeux étant figurés par une unique perforation traversant la racine du nez et ayant un trou à la base, destiné à re­cevoir le support en bois ; et les deux autres simulant des têtes de cheval (fig. 38,7 ; 41,4, 5 ; 49,18). Il est difficile de déterminer à quelle couche appartenaient ces figurines: Latène ou énéolilhique, car elles ont été trouvées justement à l'endroit où la terre a été le plus souvent remuée avant nos fouilles. Leur primitivité les rapproche beaucoup des figurines néolithiques, par exemple de celles de Cucuteni en Moldavie5) et de Sultana dans la vallée de la Mostiştea 6). Malgré cela, à Tinosul elles voisinent, dans les couches plus récentes, avec la céramique de l'époque Latène I I I .

Parmi les objets en terre cuite il est à mentionner un petit disque prolongé en forme de bec (fig. 41,7), dont l'emploi ne peut pas être déterminé avec certitude. Il pour­rait être considéré parmi les petits tessons arrondis qu'on trouve souvent dans les sta­tions protohistoriques et qu'on prend pour des jouets d'enfants 7). De ces tessons on a trouvé à Crăsani plusieures espèces, certains perforés, ce qui autorise M. Andrieşescu à supposer qu'ils font partie de la même catégorie que les ainsi appellees «fusaïoles» 8).

79; fig.

Fig. 39. Petits objets en terre cuite, anse d'am­phore à inscription et deux monnaies de bronze.

') Andricşescu, Piscul-Crăsani, 236 — 237.

2) Andrieşescu, Contribuée la Dacia înainte de Romani, p . 38, n. 24.

3) Déchelette n 'en parle pas. Du monde grec, où ils furent connus de bonne heure, ces poids sont passés en Italie, où ils deviennent communs à l 'époque romaine; V. Chapot, Textrinum (Da-remb.-Saglio, Y), p . 166.

*) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p . 79 ; fig. 238 ; Pârvan, Getica, p . 209, n. 1.

6) Andrieşescu, Contribuée la Dacia înainte de Romani, pi. VI.

6) Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous presse.

7) C. Marchesetti, I Castellicri preistorici di Tri­este e délia regione Giulia, p. 147.

8) Piscul-Crăsani, p . 8 1 ; fig 254—255.

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HADU VULPE ET KCATKIUNA VUI.PK

3. OBJETS EN P I E R R E

Parmi ces objets en pierres est à mentionner l'unique silex trouvé dans la station (fig. 41,3) et dont on ne peut déterminer l'époque (v. plus haut, p. 178).

A remarquer les moitiés des deux moulins à bras, l'une trouvée dans la fouille G et l'autre dans l'écroulement du promontoire sur lequel se trouve la station (fig. 40), tous les deux de forme connue à l'époque Latène et romaine '). Pareils fragments de

moulins à bras, mais beaucoup plus \ > petits, ont été trouvés en abondance

^ i f i ^ à Tinosul dans les fouilles F , / et L. En général ils sont en pierre sablo­neuse constituant la base du rocher, pareils à ceux qu'on construit de nos jours dans les environs.

Une pierre à aiguiser, de forme prismatique, polie, terminée en pointe^

Fig. 40. Moulin à bras, en pierre. (D'après Pârvan, Getica, f. 345; seulement la pièee du milieu

est de Tinosul).

en forme de tournevis a été découverte dans la fouille A, une autre plus mince a été découverte dans la fouille H.

Fig. 41. Objets en pierre, en terre cuite et en bronze.

On ne peut pas déterminer l'emploi d'un grès de rivière, équarri en forme de marteau cubique, avec une perforation commencée et non finie, trouvé dans la fouille N, ainsi que l'emploi d'une pierre sabloneuse elliptique fort cassable, possédant la même perforation non terminée (fig. 41,2) et trouvée dans la fouille H 2).

4. OBJETS EN VERRE A Tinosul nous avons une richesse d'objets en verre qui contraste avec Piscul-

Crăsani. On a trouvé en total 27 fragments de fine verroterie de toutes espèces et

*) Déchelette, Manuel, I I 3, p.1386 sqq. ; fig. 617 — 6 1 8 ; A. Baudrillart, Mola (Daremb.-Saglio, I I I ) , p . 1960 sqq.

2) Il est possible que cette pierre sabloneuse, très friable, ne soit pas un marteau, mais un moule

pour des anneaux en métal, le cercle creusé n ' é tan t en ce cas que la forme de ces anneaux. Ordinaire­ment, on eboisissait, pour faire de moules, les pierres sabloneuses, de la moindre du re t é ; cf. G. Pinza, Storia délie civiltà antiche </' Italia, p . 76.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Fig. 42. Fragment de vase en verre multicolore.

principalement aux fouilles A et N. La majorité de ces fragments sont bleus foncés, certains avec des barres blanches. A distinguer le bord d'un petit vase (fig. 42 ; le même dans la fig. 49,11) et l'anse d'un autre (fig. 43). Nous avons ensuite la catégorie des fragments multicolores avec des barres, avec des points de couleur verte, jaune, rouge, noires (v. les fig. 43 et 49,11,12,13). Le nombre de ces derniers se réduit à 5. Nous distinguons deux bords de petits vases. On a trouvé en / un fragment de vase en verre de couleur verte joliment orné de fleurs colorées et en N un autre de la même couleur, ayant comme décorations sur le fond transparent des feuilles opaques. Dans cette même dernière fouille on a trouvé des fragments de vases en verre incolore et en bon état, de pâte fort fine, pré­sentant comme décoration une barre horizontale opaque x). En norme gé­nérale il est à observer qu'à la station de Tinosul les fragments de verre sont fort peu altérés ou même pas du tout, contrairement à ceux de Piscul-Crăsani ou à ceux des villes gréco-romaines de la Do-brogea 2). A part les fragments plus haut décrits, tous appartenant à de fins vases de parfum importés du Sud gréco-romain 3), on a trouvé deux perles en verre coloré en vert, blanc et jaune, l'une sphérique et l'autre ovoïde (fig. 43 ; 49,19). De plus nous mentionnons 6 fragments de verre incolore ou bleu, résidus des verres fondus par la chaleur d'un incendie qui a détruit les habitations de Tinosul. Quoique l'origine de l'art du verre soit en Orient4) et Alexandrie le centre du plus grand développe­ment 5), à l'époque de notre station l'art du verre était fort répandu dans d'autres régions du monde antique, .par exemple les îles grecques Lesbos et Rhodes 6), l'Italie 7) et même la Gaule 8). On ne peut pas avec assurance déterminer le centre de prove­nance des objets en verre trouvés dans les stations gètes; on peut supposer qu'ils provenaient des îles grecques en même temps que d'autres objets. On doit tenir compte d'une autre part , que ces vases étaient d'un emploi courant dans le commerce des par­fums et par conséquent en liaison avec l'Egypte, pays producteur de parfums9) de même que les îles grecques 10).

5. OBJETS EN MÉTAL

Pas d'objets en or. Un objet en argent, trente-sept en bronze et trente-deux en fer. Argent. Il s'agit de l'arc d'une fibule, applati, très légèrement recourbé, effilé vers

une extrémité, d'un travail précis et orné de quelques stries longitudinales sur les bords

x) Ce sont des verres transparents et minces, produits dans les fabriques d'Alexandrie, qui flo-rissaient au début de l'empire romain (Morin- Jean, Vitrum, Daremb.-Sagl., V, p. 937).

2) V. Pârvan, Cetatea Ulmetum, I, An. Acad. Rom., s. ist., ser. I I , torn. X X X I V , Bucureşti, 1912, p. 77 sq. (avec un résumé en français).

3) Morin-Jean, o c, p. 938 sqq.

4) Ibidem, p . 936 sqq. 5) Ibidem, p . 937. «) Ibidem, p . 938 a. 1) Ibidem. 8) Ibidem. 9) V. Chapot, Unguentum, Daremb.-Saglio, V,

p . 591, 594, 597. 10) Ibidem, p . 595.

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KADI' VT1LPE ET ECATEIUNA VI LPE

(fig. 43 ; 48,11). Cette fibule est identique à celles trouvées à JMauheim, nécropole située près de Francfort sur le Main, et datée par les monnaies qu'on y a trouvé, comme

T

l Fig. 43. Objets en terre cuite, en verre, en argent et en bronze.

appartenant à la moitié du I-er siècle apr. J.-Chr. J), contemporaine donc de notre station de Tinosid. Ce type de fibule est suffisamment répandu en Europe à la fin de l'époque de Latène I I I , tant en bronze qu'en argent*).

Bronze. De ce métal nous avons principalement deux monnaies (fig. 39,1,3), les seules trouvées dans toute la station. La plus ancienne d'elles est la plus petite: 0,015 m. de diamètre. Les effigies étant très effacées, sont presqu'illisibles. Au recto on distin­gue une tête bien exécutée de jeune Héraclès. Sur le revers on devine un arc «scythe» 3) de combat et on y voit aussi la trace d'une inscription, dont on ne peut rien préciser. Ce type de monnaie est fréquent à l'époque de Philippe II de Macédoine4) mais on le retrouve également aux époques ultérieures et à divers endroits du monde grec 5). Notre monnaie se rapproche plutôt de celles de Thasos de l'année ca. 280 av. J.- Chr. 6). Ce rapprochement concorde avec les informations que nous avons sur les

l) Déchclette, Manuel, I I 3, p . 1256. '-) Ibidem. 3) C'est-à-dire en forme de ~; cf. E. Saglio,

Arcus, Daremb.-Saglio, I, p . 389 a. 4) L. Anson, Numismata Graeca, Greek coin types

classified for immediate identification, London 1911, I I , pag. 19, no. 193; pi. IV.

5) Ibidem, p . 13, no. 131, pi. I I I , Héraclée en Rytbinie ; p . 19, no. 195, pi. IV, Héraclée en II-

lyrie; pi. IV, no. 219 — 220, Salamis en Chypre; p. 12, no. 113 — 5, Thasos ; etc.

*) Ibidem, p . 12, no. 115; cf. Stanley Casson, Macedonia, Thrace and Illyria, Oxford 1926, p .

60, fig. 16 d ; p . 70. La date de 358 av. J.-Chr., proposée par M. Casson, se rapporte plutôt au type avec trépied sur le revers ; cf. Barclay Head, Historia numorum, Oxford 1911, p . 217. Pour le type de notre monnaie et de celle publiée par

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LES FOUILLES DE TINOSUL

relations commerciales à cette époque entre les Gètes de la plaine danubienne et l'île grecque de Thasçs1), relations qui ont été vérifiées pour d'autres endroits de la Dacie 2). La deuxième monnaie, la plus grande, d'un grand intérêt comme terme ante quem de la station, est de 0,036 m. de diamètre et 0,03 m. d'épaisseur. Quoique très ef­facée, on peut facilement distinguer l'effigie d'Agrippine et lire l'inscription suivante: AGRIPPINA M(urci) Ffilia) GERMANICI CAESARIS et sur le revers l'inscription S(enatus) C(onsulto) au milieu et CLAVDIVS CAESAR AVGfustus) GERM (anicus) V(onlifex) M(aximus) TRIB(unicw) VOT(estate) [...], autour. Il s'agit d'Agrippine l'ancienne, épouse de Germanicus et mère de Caligula, à la mémoire de laquelle l'em­pereur Claude a frappé cette monnaie 3).

A défaut de plus de précision nous pouvons avoir la certitude qu'entre 48 et 54 apr. J.-Chr., seule époque à laquelle Claude pouvait faire frapper des monnaies, la station de Tinosul était encore habitée. Cette constatation concorde d'ailleurs avec les objets trouvés dans nos fouilles.

De cette nature sont en premier lieu les fibules en bronze trouvées en nombre total de 12. Trois ont été trouvées en petits fragments: une aiguille longue de 0,025 m, une autre de 0,07 m (fig. 43), un fragment d'arc de 0,02 m. Entre autres un petit fragment de fil de bronze recueilli parmi la terre des fouilles ne peut pas être identifié avec certi­tude comme un ardillon de fibule. Quant aux autres 8 pièces, elles sont conservées sinon complètes, du moins dans la plupart de leurs éléments constitutifs. Six parmi elles ont la forme commune des épingles de nourrice et deux la forme de broches rondes. De la série de six, une a été déformée par le feu (fig. 43).

Il nous restent donc cinq datable», dont une présente un grand intérêt par sa forme ayant les apparences du type delà Certosa (fig. 43 ; 48,2). Cependant, elle en diffère dans les détails, surtout par le bouton terminal relevé, qui est courbé vers l'exté­rieur. On ne rencontre cette particularité à aucune des fibules connues de l'Europe occidentale et centrale 4), mais seulement à quelques exemplaires trouvés en Bul­garie, sur un territoire limité entre le Danube et les monts Balcans5). Avec notre spécimen de Tinosul ce territoire se prolonge plus au nord vers les Carpatlies. Les

M. Casson à la fig. 16 d, avec un arc «scythe», la da te de 280 av. J.-C. de M. Anson est plus convenable.

*) V. Pârvan, Castrul de la Poiana, p . 10. 2) V. Pârvan, Getica, p. 609 sqq. On a trouvé dans

la Dacie supérieure, en plusieurs endroits, des mon­naies provenant de Thasos, ainsi que: Caşolţ, Cătălina, Cetea, Feleacul-Săsesc, Ghclinţa, Ho-morod-Sânmărt in, Nocrich, Pianul-dc-Sus, Răhău, Soatul-Unguresc, Şicul-Marc, Tisa ; cf. pour toutes I. Martian, Répertoria arheologic pentru Ardeal, s. v.

3) II . Cohen, Description historique des monnaies frappées sous Vempire romain, communément ap­pellees Médailles impériales, vol. I ' , Paris 1880, p . 231, nos. 2 — 3.

*) Une fibule de Latène I «à tête d'animal» (cf. Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1249 sq.) trouvée

dans un tumulus de Kerschbach dans la Fran-conie centrale, présente un appendice caudal cour­bé deux fois en forme de S et se terminant par une tête de serpent relevée vers l 'extérieur (R. Beltz, Die Latènefibeln, Zeitschr. f. Ethn. , 1911, p. 674, fig. 10; Lindenschmidt, Alterthiimer unserer heidnischen Vorzeit, IV, pi. 14, 13). Toutefois, il n 'y s'agit que d'une exception isolée, cette fibule différant entièrement, par sa forme, de celle de Tinosul.

5) B. Filov, Dva mogili groba v Balkana, Iz-vjestija na bălgarskoto arheologicestvo druzestvo — Bulletin de la Société archéologique bulgare, I , Sophie, 1910, p. 156, fig. 1 ; R. Popov, Re­cherches préhistoriques dans la plaine de Vratsa (bulgare et français), Bulletin de l ' Inst i tut archéo­logique bulgare, I I , 1923 — 1924, p. 136, fig. 60.

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RADU VULPE KT ECATERINA VULPE

archéologues bulgares ont déjà donné le nom de «type thrace» à cette nouvelle forme de fibule *). Quant à l'époque, ils la considèrent comme contemporaine à celle de la Certosa 2). Nous ne savons pas s'ils s'en appuient sur les conditions stratigraphiques dans lesquelles furent trouvées les fibules mentionnées ou seulement sur leur res­semblance avec le type bolonais, mais il est certain que notre exemplaire de Ti-nosul fut trouvé dans la couche la plus récente de la station, en compagnie des objets Latène I I I . Toutefois, l'exemple est si isolé que jusqu'à des nouvelles re­cherches nous ne pouvons nous en prononcer. D'autre part il est à remarquer que nous n'avons trouvé à Tinosul aucune couche contenant des objets caractéristiques de l'époque de la Certosa (fin de Hallstatt et début de Latène I 3).

2 Les autres quatre fibules de Tinosul sont de types Latène I I I et provinciaux romains: toutes à ressort, avec une plaque d'arrêt pleine et recourbée (fig. 44)4), certaines ayant sur l'arc un petit renflement en forme d'anneau (fig. 44,1,2). Très fine et de petites dimensions (0,03 m), travaillée avec soin, est la fibule trouvée dans la tombe >/ (fig. 44,l). La date de la sta­tion est fixée par la monnaie romaine plus haut mentionnée ; elle est en plus confirmée par ces objets de toilette, qui présen­tent des formes caractéristiques du premier siècle de l'empire romain. Nous sommes amenés à la même constatation par l'exa­men des deux broches rondes, une de la forme d'un disque avec des cercles concentriques ciselés (fig. 43 ; 49,l), l 'autre de la forme d'une petite roue à 4 rayons (fig. 43 ; 48,6). Ce type de broche ne

+. - -oos— -_i s e rencontre plus dans le Latène, mais seulement à l'époque romaine, continuant ensuite jusqu'au moyen âge5). Il est fré­quent en Allemagne jusqu'au Rhin 6), dans le centre de l'Eu­

rope 7) et dans la Russie méridionale8). Une broche simple, comme celle de la fig. 49,1 se retrouve en Hongrie à Zalotan9), d'autres de même nature, mais beaucoup

Fig. 44. Fibules en bronze.

1) R. Popov, loc. cit. 2) Ibidem. 3) La fibule du type de la Certosa se ren­

contre à la fin de l 'époque de Hal ls ta t t (Déche-lette, Manuel, I I 2, p . 848). Les formes dérivées d'elle se t rouvent pendant tou t le Latène I (Dé-chelette, Manuel, I I 3, p , 1248, fig. 533 ;R. For-rer, Reallexikon der pràhistorischen, klassischen und friihchristlichen Altertiïmer, Berlin — Stu t tgar t , 1907, pi. 57, fig. 10; Ebert , Reallexikon der Vor-geschichte, pi. 105, fig. e; pi. 106, fig. b) et même dans le Latène I I (R. Beltz, Die Latènefibeln, Zeitschr. fur Ethnolog., 1911, p . 675 ; Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1251).

4) La fibule que nous reproduisons dans la fig. 44,3, est parfaitement datable. On la rencontre au commencement de l'époque impériale romaine dans toute l 'Europe centrale. Cf. G. Behrens-E. Brenner, Ausgrabungen im Legions Kastell zu

Mainz wăhrend des Jahres 1910, Mainzer Zeitschr., VI , 1911, p . 105, fig. 21. 25. 27 ; idem, VI I , 1912, p. 86, fig. 1; R. Forrer, Reallexikon, pi. 60, fig. 10; M. Eber t , Zur Geschichte der Fibel «mit umge-schlagenem Fuss», PrUh. Zeitschr., I I I , 1911, H eft 3, p . 232.

6) Oscar Almgrcn, Studien ùber nordeuropăische Fibelformen der ersten nachehristlichen Jahrhun-derte mit Beriicksichtigung der provinzialromischen und sùdrussischen Formen, Stockholm 1897, p . 100 sqq.

•) Behrens - Brenner, Ausgrabungen im Legions Kastell zu Mainz, Mainz. Zeitschr., 1911, p . 105, fig. 24. 36 a, b ; Almgren, o. c, p . 99.

7) Almgren, o. c , p . 101. 8) Ibidem, p . 104. ' 9) Csallâny Gâbor, ôkori leletek a Szentesi mu-

zeumban, Archeologiai Értesito, X X V I , Budapest 1906, p . 52, fig. 7.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

plus richement ornées, à Ô-Szôny *), à Tiszafured2), à Balfi (com. Sopron) 3), à Sô-venyhâza *), etc., toutes de l'époque romaine. Broches rondes, parmi lesquelles une à quatre rayons, se retrouvent ensemble avec des fibules provinciales du commence­ment de l'empire, en Bosnie, à Ribic près de Bihac5), à Donja-Dolina 6) et à Meclo dans le Tirol7). D'autres presque pareilles se rencontrent jusqu'en Angleterre à Marston-St. Lawrence8) et même dans la Russie méridionale, à Kuban et à Artyukhow9), toujours des premiers siècles de l'empire romain.

Le plus remarquable objet de bronze de la station de Tinosul est le vase orné trouvé dans la fouille E (fig. 45 et 46; le même dans la fig. 37,2), un joli objet importé du sud gréco-romain. C'est la bobèche d'un candélabre, 10) dont la tige n'a pas été retrouvée, malgré les fouilles né­cessaires. La pièce formant le raccord entre ces deux parties du candélabre a été trouvée isolée près du vase. Les dimensions du vase et du rac­cordement ensemble sont: hauteur 0,133 m; largeur de l'ouverture 0,11 m. Le raccordement n'est pas orné. Le vase, à sa partie inférieure présente des côtes en relief, son milieu est recou­vert de feuillage ciselé, au-dessus duquel il y a une bande décorée d'un xv/iâuov lesbique, en­suite une rangée de perles, une bande de dents triangulaires incisées et enfin autour du bord du vase, une couronne composée de deux ra­meaux de laurier, reliée aux deux bouts. La partie la plus caractéristique de l'ornement de ce vase c'est le feuillage qui recouvre tout son milieu et qui se rencontre également sur un autre récipient de candélabre trouvé à Kertch dans la Russie méridionale,n) ensuite sur un vase en argent provenant de Conceşti en Roumanie (distr. Dorohoiu)12), sur des couvercles d'urnes funéraires

Fig. 45. Vase de candélabre en bronze.

1) Archeologiai Ertesilii, 1897, p. 442. 2) Ibidem, 1899, p . 84. 3) Ibidem, 1910, p. 39. *) Ibidem, 1899, p . 183. b) Vejail Curtfic, Ein Flachgruberfeld der Japoden

in Ribii bei Bihac, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. H e r e , VI I , 1900, p . 16, fig. 17.

*) C. Truhelka, Der vorgeschichtliche Pfahlbau im Savabetle bei Donja Dolina, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. H e r e , I X , 1904, p. 133, pi . L X X V I I , 22, etc.

7) Campi, Die Ausgrabungen in Meclo (Mechel) im Valdi Non, Mitteil. anthropol. Gesellsch., Wien, 1884, 15, p . [100].

8) Sir Henry Dryden, Excavation of an An­cient Burial Ground at Marston St. Lawrence, co. Northampton, Archaeologia, London 1885, X L V I I I ,

p . 328 (pi. X X I I I , 2) ; p . 329 (pi. X X I I I , 13). 9) M. Rostovtzeff, Iranians and Greeks in South

Russia, Oxford 1922, pp. 142. 174. 10) A première vue ce récipient pourrai t être

pris comme le pied d'un vase plus grand, mais si l'on tient compte de l'épaisseur massive des parois et du fait qu'il est fabriqué de plusieures pièces, on arrive facilement à l ' interprétation que nous en donnons ici et qui est confirmée suffi­samment par des analogies.

u ) M. Rostovtzeff, Anticnaja decorativnaja zivo-pis na jugje Rossij, S.-Petersburg 1914, p . 207, pi. LX, 5.

12) A. Odobesco, Le trésor de Pétrossa, Paris 1889 — 1900, I , p . 489, fig. 198; Kondakof, Tols­toï et Salomon Reinach, Antiquités de la Russie

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HADU VULPE ET ECATERINA VULPE

romaines. l) sur des cotivercles de sarcophages 2), sur phisicures colonnes de Pépo-que impériale 3), sur d'innombrables frag­ments de lerra sigil-lata *) etc.

Un récipient de candélabre de la mô­me forme que celui-ci de Tinosul, se trouve dans le Musée natio­nal croate d'Agram, provenant de Kupa pros de Sisek et da­tant du début de l'é­poque impériale 5). La décoration diffère seulement par le man­que de feuillage, qui est substitué ici par

I des lianes à rosettes, I évoluées en spirales,

semblables à celles du décor de Y Ara Pacis de Rome6) . Plus rap­proché du vase de Tinosul, non seule­ment par la forme, mais aussi par la ca­ractéristique décora­tion à feuillage, est le vase de candélabre trouvé à Kertch et cité plus haut, datant du premier siècle de l'empire.7).

Fig. 46. Le même vase de eandélabrc en bronze.

méridionale, Paris 1891, p . 89, fig. 117. *) Par exemple, dans le Musée National des

Thermes à Rome, au milieu du corridor, premi­er étage.

2) Fr . Bulic, Due coperchi di sarcofagi mar-morei trovati a Salona, Bull, di archeol. c storia dalmata , X X X , 1907, p . 99, pi. V — VI.

3) Par exemple, en plusieurs endroits à Rome: dans le Musée du Latran, dans le vestibule du Mu­sée Borghese, tout au long de la voie appienne, etc.

4) W. Unverzagt, Studien zur terra sigillata mit Rddehenverzierungen, Prahist . Zeitschr. X V I , 1925, Heft 3/4, p . 151, fig. 20.

5) J . Brimsmid, Antikni figurai ni hronsani pred-meti u hrvatskom narodnom muzvju u Zagrehu, Vjesnik hrvatskoga arheoloSkoga drustva, X I I I , Zagreb, 1913 — 14, p . 266, nr. 275.

6) R. Gagnât — V. Chapot, Manuel d'archéologie romaine, I, Paris 1917, p . 550, fig. 301.

7) Rostovtzeff, loc. cit.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

D e toutes ces analogies nous pouvons déduire à coup sûr l'époque du vase de Tinosul, qui ne dépasse pas le I-er siècle de l'ère actuelle. Cette datation concorde avec celle de tous les autres objets trouvés dans la couche Latène II I de notre station.

C'est l'époque à laquelle se rattachent en général les beaux candélabres sur­montés de vases, dont les plus caractéristiques exemplaires ont été trouvés à Pom-péi et à Herculanum l ) . Le principal centre de production de ces objets était en Italie. A peu près tous sont fondus en plusieures pièces2), comme celui de Tinosul. Nous sommes informés par Pline l'Ancien que ces pièces étaient fabriquées en des endroits différents: les tiges constituaient la spécialité des fonderies de Tarente, en Italie, tandisque les vases servant de bobèches étaient travaillés dans les ateliers d'Égine, en Grèce 3).

Parmi les objets importés nous distinguons également 5 fragments de miroirs en métal blanc (fig. 47,1, 2; 48,8), parmi lesquels ceux trouvés en E gardent encore une belle patine. Sur un de ces fragments présentant des traces du feu, trouvé en d', on peut voir les infimes traces d'un vêtement de tissage simple carbonisé.

Pendantifs: un petit grelot conique perforé à la pointe (fig. 43), un fragment de tablette en forme de fourchette (fig. 43), une pincette (fig. 47,3; 49,5) et une tablette trapézoïdale à trois trous de type tellement commun déjà à l'époque Hallstat t4) .

Nous avons encore, d'autres objets: la bouterolle d'une gaine d'épée, se terminant en pointe sphérique et étant ornée de barres simples horizontales (fig. 47,4; 48,16), d'époque romaine 5) ; quatre anneaux de bronze de dimensions variant entre 0.015 m et 0,024 m de diamètre, parmi lesquels un formé par un fil, dont les bouts s'enroulent ré­ciproquement, constitue un type caractéristique de l'époque Latène II I 6) (fig. 43) ; un autre d'un fil tordu (filg. 43 ; 49,4), un troisième fondu en entier (fig. 43 ; 49,6) et un qua­trième d'aspect plus primitif (fig. 43 ; 49,3) et une moitié d'un bracelet bien travaillé, de jolie patine (fig. 43; 48,7). Us nous restent non identifiables neuf fragments de différents objets, dont deux en meilleur état, de travail supérieur, peut-être des fragments de statuet­tes ou des anses de vases en bronze (fig. 41,6, 8), l'une longue de 0,052 m et l'autre de 0, 032 m. Parmi ces derniers fragments on remarque encore: une petite anse rivée à un frag­ment de tablette (fig. 4 3 ; 49,2), peut-être le couvercle d'un vase; une autre tablette «;ii ire avec un trou au milieu ; trois fragments de tablettes de petite épaisseur, une pointe de clou à quatre arêtes et un fragment d'aiguille courbée (fig. 48,12).

Fer. Naturellement, tous les objets en fer ont été déformés par la grosse couche de rouille déposée à travers les temps. Premièrement à mentionner une fibule, la seule en ce métal, sans ardillon, en forme d'arbalète à la tête de l'arc ; il s'agit probablement d'un ressort (fig. 47,13). On est incertain à ce sujet à cause de la rouille qui a détruit tout détail.

1) E. Saglio, Candelabrum (Daremb.-Saglio-Pot-tier), I I , p . 874 ; Cagnat-Chapot, op. cit., I I , Paris 1920, p . 467.

z) E . Saglio, op. cit., p . 875. 3) Naturalis historia, X X X I V , 3, 6: Privatim

Ai'gina candclabrorum supvrficiem dumtaxat ela-boravil, sicut Tarcntum scapos.

4) O. Montclius, La civilisation primitive en Ita­

lie, I, Stockholm, 1895, pi. 54, f. 10; S. Reinach, Fibula, Daremb.-Sagl., I I , p . 1107, fig. 3000; Dé-chelette, Manuel, I I 2, p . 596, fig. 230.

5) La pointe sphérique est commune aux bou-terolles de l'époque romaine; cf. A. Reinach, Va­gina, Daremb.-Sagl., V, p. 624, fig. 7243 sq.

6) Déehelette, Manuel, I I 3, p . 1227 sq., fig. 520.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Son t y p e et le méta l la classent chronologiquement à l 'époque romaine J ) , ainsi q u ' u n e pa r t i e des objets eu bronze , don t nous avons par lé plus h a u t . Nous t rouvons ensuite hu i t

Fig. 47. Objets en fer et en bronze.

pet i t s cou teaux , en t re 0,065 — 0,109 m de longueur , avec le t r a n c h a n t d ' un seul côté , droi ts te l que ceux des fig. 47 ,5 ,9 ; 48,1, ou peu recourbés comme a u x fig. 47,6, 7; 48,14,15 (et peu t -ê t re 47,8; 48,îo). U n a u t r e à deux t r a n c h a n t s (fig. 47,22; 48,13) pour ra i t ê t re iden­tifié p lu tô t avec u n fer de lance. Comme armes en fer on p o u r r a i t considérer deux pointes de «flèches», longues d ' env . 0,04 m (fig. 47,18).

P a r m i les objets de ménage : un hameçon (fig. 47,19 ; 48,5), une poignée peu t -ê t r e d 'une por te d 'hab i ta t ion (fig. 47,26; 49,17), un pe t i t loquet (fig. 47,20; 48,4), pareil à un a u t r e que nous t rouvons à Il idze en Bosnie, d ' époque roma ine 2 ) ; qua t r e s pointes sans t ê t e , de 0,073 — 0,115 m de longueur (fig.47,10,11, 25;49,9, îo) e t un f ragment d ' une c inqu ième ; deux pointes à t ê t e , u n plus g rand (fig. 47,12; 49,8) ; t rois pointes recourbées en angle droi t vers le bou t (fig. 47,14, 16; 49,14, 15); deux clous de forme renflée au milieu, avec les pointes recourbées (fig. 47,17; 48,17) ; une ba r re recourbée a u x ex t rémi tés en forme d'oeil­lets (fig. 47,21 ; 48,3), peu t -ê t re une pa r t i e d ' un mors de cheval ; deux morceaux de fer recourbés en angle droi t (fig. 47,15), don t on p e u t difficilement dé te rminer l ' emplo i ; un

') La fin de l'époque Latène et le début de 2) J. Kellner, Rômische Baurcstc in Ilidze bei l'époque impériale romaine; cf. S. Reinach, op. Sarajevo, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. Here, V, cit., p. 1102 b ; p. 1108 b, cp. fig. 3008-3010. 1897, p. 155, fig. 78.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

fil de fer semi-circulaire, t rouvé dans la fouille I. A pa r t tous ces objets nous remar ­quons u n e grande masse de fer informe t rouvée à la fouille Hrj.

Nous ne faisons pas ment ion des objets modernes t rouvés aux endroi ts les plus remués de la s ta t ion , su r tou t dans la couche supérieure. I l y a deux objets au sujet des­quels nous n ' avons aucun indice cer ta in pour pou­voir les ranger p a r m i les objets an t iques ou p lu tô t p a r m i les objets moder­nes. Il s 'agit d 'un «fer de charrue» massif, t rouvé à la fouille A, épais de 0,15 m , long de 0,19 m (fig. 47,24; 48,9) et enfin d 'une ba r re de fer longue de 0,127 m avec deux t rous en son milieu (fig. 47,25; 49,7), découver te à la fou­ille IL

Fig. 48. Objets en argent, en bronze et en fer.

V. CONCLUSIONS

Les considérations au sujet des circon­stances historiques qui regardent la s ta t ion de Tinosul sont développées dans la récente publ icat ion de M. le Prof. V. P â r v a n , Getica, vas te oeuvre de synthèse de tous les problè­mes de la Dacie préromaine . Nous nous con­ten terons de résumer en peu de mots les prin­cipales consta ta t ions exposées plus h a u t et

r O B f e f-L de ne t irer que les conclusions en relat ion im-1 ^ média te avec nos fouilles.

15 I 16

I La s ta t ion de Tinosul, de dimensions ' - réduites et l imitée seulement à l 'enceinte

| f fortifiée, pa ra î t avoir eu dans l ' an t iqu i té comme centre de popula t ion une impor tance moindre que Piscul-Crăsani par exemple, qui const i tue un point principal sur l 'une des routes les plus fréquentées ent re le P o n t - E u -xin et la Dacie centrale. Toutefois sa si tua­

t ion au milieu des vastes forêts, ainsi que le promontoi re , les eaux de la P rahova et les esca rpements , qui const i tua ient une défense naturel le et le r empar t à fossé et à p a r a p e t organisé p a r les h a b i t a n t s , lui donnaient une impor tance assez remarquable au point de

Ç 19

Fig. 49. Objets en terre cuite, en verre, en bronze et en fer.

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vue militaire, dont n'ont tenu compte, comme nous le verrons plus loin, que les pre­miers habitants.

La station a été habitée avec intermittences à trois époques: 1° à l'époque néolithi­que, 2° à l'époque Latène II et 3° à l'époque Latène I I I . Il y a eu un grand intervalle entre la première et la seconde. En effet,le seul document trouvé dans les fouilles, qu'on pourrait attribuer à ce temps, la fibule de forme dérivée de la «Ccrtosa» (fig. 4 3 ; 48,2), est un exemplaire complètement isolé, rencontré dans une couche plus récente et ne permet aucune conclusion au sujet d'une époque Hallstatt ou Latène I à Tinosul.

Pour la première fois l'enceinte de Tinosul a été habitée à l'époque énéolithique, époque qui a laissé de nombreux vestiges dans la plaine roumaine. Cependant, contraire­ment aux autres centres qui ont été longuement peuplées à cette époque, comme par exemple Sultana, la couche la plus ancienne de Tinosul ne présente que des traces spora-diques et peu nombreuses, exceptée la fortification qui constitue un document des plus importants. Celle-ci a été bridée et abandonnée aussitôt après sa construction, à la suite d'une vaine résistance à de puissants envahisseurs qui se sont contentés de détruire et de piller sans rien construire à la place.

L'enceinte longtemps abandonnée, ne recommence à être habitée, peu à peu et d'une manière passagère, qu'à l'époque Latène II (sec. I I I—II av. J . -C). Les influences de la civilisation celtique pénètrent à cette époque jusqu'à Tinosul, où nous trouvons des vases identiques à ceux d'Apahida (distr. Cluj) et à la céramique celte de Bavière (cf. plus haut, pag. 194).

Nous ne connaissons pas quelle a été la fin de cette seconde époque de la station. En tout cas les informations archéologiques font complètement défaut pendant au moins un siècle. Ce n'est que dans la dernière partie de l'époque Latène II I que la station de Tinosul, habitée à nouveau, connaît une floraison plus intense que jamais. A ce temps Boirebistas et ses successeurs dominaient la Dacie et les empereurs romains étendaient leur puissance au sud du Danube. La population de Tinosid est constituée à cette époque, de même que dans le Latène II , par les Gètes, probablement de la même race que les habi­tants de l'époque énéolithique1), dont ils ont hérité jusque dans les plus petits détails le rite funéraire de l'incinération, ainsi que quelques éléments décoratifs de la céra­mique.

Il est à remarquer qu'à ces deux dernières époques la fortification brûlée et aban­donnée à l'époque énéolithique n'a plus été employée. On observe la même insouciance au sujet des fortifications à plusieures autres stations Latène de la plaine gète, comme Coconi, Odaia-Vlădichii, Mănăstirea 2), ces deux dernières n'étant défendues même pas par leur situation topographique ou par des obstacles naturels 3). Nous nous trou­vons à une époque de puissantes organisations politiques qui garantissaient une paix pro­longée et mettaient la population à l'abri des surprises. Evidemment l'absence des forti­fications n'est pas générale. Seulement, les puissantes cités qui défendaient le pays,

' ) Cf. plus haut , p . 188, n. 1. 2) R. Vulpe, Compte-rendu du relevé archéolo­

gique des régions Mostiştea et Călăraşi (roumain et français), Bui. Com. Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. 40, p . 81 sq. et p . 97.

3) La station de Piscul-Coconilor, bien qu'elle

ne fût fortifiée par la main de l 'homme, est ce­pendant entourée par les eaux du lac de Mos-tiştea, de sorte qu'elle forme une presqu'île; R. Vulpe, Piscul-Coconilor, Bui. Com. Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. 39, p . 48 (avec une carte).

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LES FOUILLES DE TINOSUL

résidences des chefs politiques et situées dans les différents centres plus peuplés, étaient suffisamment fortes pour enlever aux petits villages qui se trouvaient dans leur proxi­mité, le souci de la fortification l). Ceci explique pourquoi les habitants de l'époque Latène III négligent l'importance militaire de la station de Tinosul2) et n'en tirent aucun parti. C'est la paix relative dont jouissaient les populations gètes de la plaine roumaine des Carpathes au Danube, dans la dernière phase de l'époque Latène I I I , quand les ar­mées de Boirebistas et de ses successeurs et les légions romaines de la Mésie garantis­saient tour à tour contre les invasions du nord, ce qui a permis la grande floraison spiri­tuelle et économique de la région.

Le commerce entre la Dacie et le sud méditerranéen, très actif dès le sixième siècle avant J.-Chr. 3), atteint son apogée au commencement de notre ère. Les recherches et les cartes archéologiques exécutées jusqu'à présent dans nos régions de plaine 4) mettent en évidence une grande profusion et une forte densité d'éléments spirituels et économiques importés du monde gréco-romain. Cette situation est évidente d'une ma­nière tout à fait particulière à Tinosul, où la couche Latène I I I est incomparablement plus générale et plus riche que les autres couches plus anciennes, malgré le peu d'impor­tance économique de ce centre. La céramique et les objets trouvés, de même qu'à Cră-sani, dénotent que les influences spirituelles venues de l'Occident celto-italique et du Sud-Est hellénique, étaient accompagnées par de fréquentes liaisons commerciales dans les mêmes directions5). Spécialement l'inscription céramique trouvée sur une anse d'amphore importée d'Olbia nous donne un renseignement précis à ce sujet. Sans doute, ce n'était pas une exception; nombreuses devaient être les cités helléniques de la rive du Pont-Euxin, qui devaient envoyer à Tinosul leurs marchandises choisies et tout naturellement nous devons compter parmi celles-ci les cités les plus rapprochées: Histria, Tomi et Callatis de la Dobrogea gète6). Tinosul n'était pas situé loin de la grande route reliant directement le centre de la Dacie avec ces cités 7). La monnaie thasienne avec l'effigie d'une jeune tête d'Héraclès et l'arc «scythe» au revers, nous autorise de pré­ciser des relations commerciales avec le monde grec égéen. La monnaie d'Agrippinç d'autre part, généralement connue dans l'empire romain, pouvait être amenée de n'im­porte quelle contrée d'au-delà du Danube, mais bien plus probablement de l'ouest. Depuis longtemps l'Italie était devenue pour nos pays également un centre d'attraction

' ) Nous voyons, par exemple à l'occasion de la guerre de Crassus contre les Gètes, en 30 — 29 av. J.-C., que après la prise de la cité de Dapyx (roi gète d'une partie de l'actuelle Dobrogea), ses su­jets n'essaient pas de résister dans un autre bourg, mais se réfugient dans une grande caverne. Cras­sus fait murer l 'ouverture de la caverne et les Gètes sont obligés de se rendre à cause de la faim. Sans doute, dans tout le territoire dominé par Dapyx il n 'y avait qu 'un seul bourg fortifié. On remarque la même chose dans le pays voisin, du roi Zyraxes, où le même Crassus conquit tout un pays par la prise seulement d'une cité: Gc-nucla. Pour ces faits, cf. V. Pârvan, Getica, p . 89 sq.

z) De plus, il est à remarquer à Tinosul l 'ab­

sence presque complète des armes de toute es­pèce. Sauf la bouterolle d'épée reproduite dans les fig. 47,4 ; 48 ,u, le problématique fer de lance des fig. 47,22; 48,i3 et les deux flèches de fer assez in­certaines, mentionnées à la pag. 218, on ne sau­ra i t citer un autre objet pareil.

3) V. Pârvan, La pénétration hellénique et hel­lénistique dans la vallée du Danube, p . 4 sqq.

4) Ibidem, p . 12 sqq. ; id., Inceputurile viefii, romane la gurile Dunării, p. 55 sqq. ; id., Getica, p. 416 sqq. ; R. Vulpe, Mostistea et Călăraşi, pp. 84. 87. 97.

6) Cf. V. Pârvan, Getica, p . 643 sqq. 6) V. Pârvan, La pénétration hellénique, etc., p .

3 sq. '') V. Pârvan, Getica, p . 217.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

spirituelle et commerciale l) de même importance que les centres hellénistiques de l'est. Sous ce rapport la ressemblance du vase de bronze de Tinosul avec les bobèches des candélabres pompéens 2) n'est pas un simple hasard. Pareille ressemblance se re­trouve aux fibules de notre station et à celles de type romain de l'ouest de la Dacie. Toutes ces constatations rendent Tinosul une station suffisamment importante en ce qui concerne la connaissance de la civilisation gétique à la veille de la conquête romaine.

La céramique et les objets de parure importés sont très nombreux à Tinosul, et dépassent quantitativement certaines stations plus importantes comme situation, mais un peu plus anciennes, telle que Piscul-Crăsani. Parallèlement à ces objets il y a à men­tionner la céramique d'emploi journalier fabriquée sur place, soit d'une manière rudimen-taire d'après des vieilles traditions néolithiques, soit avec une technique supérieure d'après des modèles d'importation, parfois atteignant une finesse et un soin qui la rapprochent des produits de l'industrie de même espèce des pays de vieille civilisation du sud. Le grand nombre des objets de qualité supérieure, tant importés qu'ouvragés sur place, est tellement important que, quel qu'ait été leur prix, on doit supposer une florissante situation matérielle de la grande majorité des habitants de Tinosul. Leurs ressources provenaient assurément de l'agriculture. Quoique la région était boisée, il y avait suffisamment d'endroits cultivables aux alentours. Les restes de grains de blé, seigle, orge, millet, chanvre, trouvés dans les dépôts enterrés et dans certaines tombes, nous montrent la vraie monnaie que les habitants gètes payaient aux commerçants étrangers pour les objets de parure, pour les amphores de vins et d'huiles ou pour les petits flacons multicolores à parfum.

Le dernier élément parfaitement datable de la station de Tinosul c'est la monnaie d'Agrippine, vers la moitié du I-er siècle apr. J . -C , époque qui concorde avec tous les autres objets trouvés. Après cette date nous ne retrouvons plus rien dans les couches fouillées. Cette fois-ci, comme à l'époque énéolithique, la station eut une fin tragique: conquise par des ennemis, elle fut incendiée. Toutes les habitations portent les traces de la destruction par le feu. Ceci se passait au temps du long conflit entre le peuple gcto-dace et le peuple romain, qui dura un siècle et demi environ, c'est à dire depuis le règne de Boïrébistas jusqu'à celui de Décébale, et il est permis d'envisager les Romains comme les destructeurs de notre station à l'occasion de l'une de leurs expéditions de rcpressailles contre les Gètes. L'événement eut lieu avant les guerres de Trajan en Dacie, car aucun vestige témoignant de son époque n'apparaît à Tinosul. Tout ce qui est daté finit un demi-siècle avant. Juste à l'époque de la monnaie d'Agrippine, règne de Claude, l'année 52, l'histoire enregistre l'expédition victorieuse, au nord du Danube, de Tiberius Plautius Silvanus Aelianus, gouverneur de la Mésie3). Nous sommes enclins à supposer la de­struction de la station gétique de Tinosul durant l'expédion mentionnée, car après Plau­tius Aelianus les Romains ne repasseront plus le Danube que sous Domitien et sous Trajan4), à des époques trop tardives. Peut-être que parmi les 100.000 barbares que Plautius Aelianus emmena avec lui comme colons en Mésie5), se trouvaient aussi les der­niers habitants de la station de Tinosul, qui renoncèrent à jamais à refaire leurs foyers.

x) Ibidem, p . 295 sqq. 2) V. plus haut , p . 217. 3) Pârvan, op. cit., p . 103 sq.

*) Ibidem, p . 108 sqq. 5) Corpus inscriptionum Latinarum, XIV, 3608 ;

cf. Pârvan, op. cit., p . 103.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

La corrélation de l'anéantissement de notre station et l'expédition de Plautius Aelianus reste une hypothèse, bien que fort probable et affermie par des coïncidences chronologiques, car les sources historiques manquent de précision quantaux endroits où Plautius porta son expédition au nord du Danube *). Ce que nous pouvons conclure avec certitude c'est que la station de Tinosul n'a plus été habitée jusqu'à nos jours depuis cette dernière dévastation. L'endroit miné par les eaux de la Prahova, durant les siècles, nous laisse à peine de quoi nous faire aujourd'hui une idée générale de la vie et du sort des anciens habitants.

*

Avant de finir, nous nous faisons un plaisir en même temps qu'un devoir a remercier vivement notre maître Monsieur le Profeseur Vasile Pârvan, qui nous a confié l'explo­ration de la station de Tinosul et qui, comme toujours, nous a prodigué ses précieux con­seils et ne nous a pas refusé les ressources inépuisables de son haut savoir; Monsieur le Prof. loan Andrieşescu, qui à plusieures reprises nous a aimablement fait profiter de son expérience archéologique; Monsieur Dionisie Pecurariu, colaborateur infatigable à qui nous devons les plans et les dessins de cette étude; Messieurs Vladimir Dumitrescu et Dorin Popescu, nos collègues du Musée National, qui pendant notre absence de Bucarest ont eu la gentillesse de faire dessiner et photographier les objets que nous y avions laissé.

Home, le 1 mai 1926.

RADU VULPE et ECATERINA VULPE Assistants du Musée National d'Antiquités de Bucarest.

Membres de VÊcole Roumaine de Rome.

l) V. Pârvan , /. c.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA 1-cr C O M P T E - R E N D U 1 )

La reprise systématique des recherches archéologiques à Sarmizcgetusa (Ulpia Traiana) interrompue par la guerre mondiale, a préoccupé notre monde scientifique dès les premières années après l 'union. C'était, même, une obligation vis-à-vis de notre passé. L ' Inst i tut d'Archéologie et de Numismatique de l 'Université roumaine de Cluj était appelé, en premier lieu, à réaliser ces recherches. Une visite rendue aux ruines de l'ancienne capitale de la Dacie pendant l'été 1921 fut le point de départ de l 'activité déployée en 1924.

Comprenant tout l ' intérêt de la question, M. Aristide Blank — a bien voulu accorder au Musée (du district) de Deva la somme de 100.000 loi pour les recherches archéolo­giques du district — écartant ainsi, par son beau geste, le dernier obstacle qui s'oppo­sait aux t ravaux.

La direction des recherches a été prise — à la demande du directeur du Musée de Deva — par l ' Inst i tut d'Archéologie et de Numismatique de l 'Université de Cluj, ayant aussi l 'appui moral de la Commission des Monuments Historiques, section pour la Transsylvanie.

On m'a fait l 'honneur — en qualité d 'a t taché de l ' Inst i tut — de me charger de l'exécution des fouilles projetées, selon les indications et les conseils de M. le Profes­seur D. M. Teodorescu, directeur de l ' Inst i tut déjà cité, en collaboration avec M. I. Mallasz, directeur du Musée de Deva.

Les recherches entreprises ont été déployées dans trois directions: 1. Explorer de nouveaux endroits dans le but de mettre en lumière des restes de

bâtisses, restés encore ignorés. 2. Vérifier (selon les possibilités) et déterminer sur la carte des recherches faites par d'autres personnes, à diverses époques et 3. Recueillir le matériel inédit, qu'on pourrait encore trouver chez des particuliers ou ailleurs.

Dans ce qui suit, je vais tâcher de présenter le résultat de cette triple activité, déployée dans l'intervalle du 15 août au 10 octobre 1924.

Une pensée bien naturelle m'empêche, cependant, de terminer ces lignes sans re­mercier Mr. le Prof. D. M. Teodorescu pour ses bienveillants conseils, tout à fait indis­pensables à un débutant tel que moi, conseils donnés sur le chantier même et aussi pendant le travail de coordination des résultats.

De même, mes plus vifs remerciements à Mr. Aristide Blank pour l'aide maté­rielle, mise à notre disposition ; sans elle, les t ravaux ne pouvaient pas commencer.

') Le Directeur de cette Revue remercie son de la peine qu'elle s'est donnée de reviser et de ancienne élève, Madame Zoé C. Marinescu, née Bals, traduire en français l'arlicle de M. Daicovici.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

Je tiens à remercier aussi M. A. Mallâsz, directeur du Musée de Deva pour son aimable concours donné pendant les t ravaux d'exploration.

I. H I S T O R I Q U E D E S R E C H E R C H E S ARCHÉOLOGIQUES A SARMI­ZEGETUSA (Ulpia Traiana).

Localisé tout d'abord par l 'humaniste Joh. Mezerzius, vers 1516, sur l'emplace­ment actuel du village roumain Grădişte (dénomination hongroise: Vârhely, et celle officielle, récente: Sarmizegetusa), Sarmizegetusa (Ulpia Traiana)1) a toujours été un objet de curiosité pour les lettrés 2). Ses ruines, cependant, ont été exploitées sans scru­pules. Le roi Mathias Corvin (1458 —1490) a rapporté, par navires, d'ici et d'autres endroits de la Transylvanie des objets d'art parmi lesquels des inscriptions. (Cf.

') Pour le nom de Sarmizegetusa au cours des siècles, voir C. /. L. I I I , Suppl. 5, Indices, pp. 2543 et 2671. Pour le reste: G. Mateescu: / Traci nelle epigrafi di Roma (dans: Ephem. Daco-Romana I, p. 122, note 3) qui le classifie parmi les noms toponymiques terminés par le suffixe -£a,-oa. Il faut y ajouter Sarm(izege-tusae?), trouvé sur une brique du Musée de Sophia (E. Kalinka: Anlikc Dcnkm. in Bul-garien, no 452). En ce qui concerne les écrivains antiques (Dio Cassius, Ptolemaeus, Llpianus, Tab. Peut., An. Kav.) voir Pauly-Wissowa: RE, seconde série, I I I , col. 25 s. Sarmizegethusa et C. / . L. I I I , p. 228, XXVI. Les variantes des différents manuscrits se trouvent dans toutes les éditions critiques des auteurs respectifs.

En ce qui concerne la question, si discutée et reprise maintenant plus sérieusement que

Ceci me fait supposer que le nom de Zeofii-Çeyéftovoa pouvait appartenir à une localité dace de la vallée du Ilaţeg sans être pourtant la capi­tale même (regia) des Daces; celle-ci doit être recherchée ailleurs et était appelée — peut-être — seulement 6 fiaaiXeioç, ro Şaoileiov, ou rà /?a-olketa. Il ne serait pas non plus impossible que la résidence royale ait été appelée «ZeQ/uÇeyéêovoa ô Paolkeioç» ou Z. ro fiaoD.eiov, comme nous la trouvons citée par Ptolémée (III , 8, 9; VIII , 11, 4). Toutefois, une confusion de la part du géographe est aussi possible, car l'historien Dio Cassius, plus préoccupé de la vérité historique, s'est évidemment servi, pour décrire la topo­graphie du pays et la campagne de Trajan — des commentaires de l'Empereur.

2) Voir, en ce qui concerne les épigraphistes de la Dacie, les introductions de Mommsen: C. I. L. I I I ,

jamais, s'il faut rechercher la célèbre résidence pp. 153 —160; 1013 ; 1373 — 1374 (voir aussi: Van-Ac Décébal sur ce même emplacement de la ca- nuaire de la Soc. d'Hist. et d"1 Arch, du district pitale romaine, je ne puis — et il ne serait non de Hunedoara [hongr.], 1891 — 1892, pp. 37 — 40; plus indiqué ici de donner des explications. Je Archaeologiai Értesito (ancienne série) 1875, p. désire, cependant, indiquer une circonstance qui — étudiée avec plus de compétence — pourrait conduire vers une solution ou, du moins, vers une hypothèse plus proche de la vérité. On sait que Dio Cassius mentionne une seule fois le nom de ZeQUtteyèftovna, quand un corps militaire a été laissé en Dacie, après la première guerre:

226; L'Annuaire de la Soc. d,Hist. et d,Arch. du district de Hunedoara (hongr.), 1899, p. 105 et suivantes. A titre de curiosité, on peut con­sulter aussi: I. Bogdan, Istoria Coloniei Sarm., Partie I-e, Appendice, pp. 47 — 50 où l'on donne les passages — concernant Sarmizegetusa — ex­traits de nos anciens historiens (Nicolas Costin,

(LXVIII , 9) cnoarôneôov èv Z. xaxaXuiojv; il Dem. Cantemir, etc.). L'ouvrage de C. Torma: n'ajoute cependant pas, au nom de ZeQfiiÇe- Repertorium ad Literaturam Daciae Archaeologicam yéftovaa, une épithete telle que ŞaoiXeiov et il et Epigraphicam, (Budapest 1880) est de grande n'indique en rien qu'il veut parler de la «capi- utilité en ce qui concerne les épigraphistes et la bi-tale» de Décébal. Ici, sans doute, il s'agit de la bliographie de Sarmizegetusa jusqu'à 1879-1880. Sarmizegetusa de la vallée du Haţeg. Mais, J 'ai essayé (voir la Bibliographie à la fin de ce toutes les fois qu'il mentionne, clairement et di- travail) de continuer cette bibliographie jusqu'à stinclcment la résidence royale, il la nomme, tout nos jours, sans avoir la prétention d'avoir épuisé simplement, ô ftaolXeioç, rà fiaoLXeiov ou bien rà cette question. paalAeia.

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C. DA1C0VICI

Archaeologisch-Epigraphische Mitteilungen, I, p . 126 et A Hunyadm. Tôrténelmi es Hé-gészeti Târsulat Evkonyve [ = l'Annuaire de la Soc. d'Hist, et d'Arch. du district de HunedoaraJ, 1893/96, p . 144) ; le palais du prince transsylvain Bethlen Gâbor, à Alba-Iulia, était orné de pins de trente inscriptions de Sarmizegetusa (voir Kirâly, P. : Ulpia Tr. Aug. Col. Dae. Sarm. Metropolis, Budapest, 1891, p. 102), de même le château de J . Hnnyadi à Hunedoara (Téglâs G.: Klio, X , p . 495); l 'empereur Charles VI a aussi transporté, sur le Mures et le Danube, des objets de Sarmizegetusa (v. Archaeologiai Kôzlemények, V I I I , p . 216; A Hunyadm. Tort, es Rég. Târsulat Evkônyve, 1893/6, p . 144 et C. L L., I I I , p . 157, XVI) .

Cette destruction systématique a at teint son apogée dans la première moitié du X l X - e siècle, à la suite des recherches, presque annuelles, du baron L. Nopcsa, alors préfet du district (Kirâly P. , o. c, p . 102) ' ) . Pour sauver ce qui restait encore, une Société d'histoire et d'archéologie du district de Hunedoara fut fondée en 1880 à Deva (Hunyadmegyei Tôrténelmi es Régészeti Târsulat) et, grâce à sa bienfaisante activité, on put sauver plusieurs objets, on créa l'actuel Musée du district, on organisa des campagnes de recherches sur toute l 'étendue du dis t r ic t 2 ) . Les recherches systé­matiques entreprises dans le village de Grădişte et dans les environs commencèrent

*) Je n'ai pas la prétention d'enumérer ici chaque exploration faite à Sarmizegetusa: il suffit de rappeler qu'on a retrouvé des autels romains, provenant du district de Hunedoara (sûrement aussi de Sarmizegetusa) dans le château Komis à Pănetul de Câmpie (district Murăş-Turda) et deux autres plaques votives se sont égarées dans le district Solnoc-Dobâca, à Ciachi-Gârbău (A. Buday: Dolgozatok-Travaux, VII , 1916, p. 34).

Il faut y ajouter les dégâts causés par les pay­sans qui, depuis des siècles, emploient les statues pour obtenir de la chaux et aussi les dégâts de l'ancienne administration qui permettait l'em­ploi des blocs des murs pour les contructions de ponts, chaussées, et des lignes de chemin de fer; la Société d'Hist. et d'Arch. du district de Hunedoara a été, ainsi, obligée d'intervenir à la Direction des chemins de fer hongrois (voir: l'Annuaire de la Société, An. 1891—1892 p. 115). Les habitations seigneuriales des environs de Sarmizegetusa — comme chacun le sait — pos­sèdent de nombreux fragments provenant de la capitale dace; de nombreuses églises ont été construites à l'aide de matériel extrait de ces ruines (par exemple l'église de Demsuş, consi­dérée, longtemps, comme étant «romaine», Peşteana, etc.). — L'évêché gréco-catholique de Lugoş, qui abrite un grand nombre de monuments originaires de Sarmizegetusa, (collectionnés sur­tout par le K. Père archi-prêtre I. Ianza) mérite notre entière reconnaissance. La collection, si précieuse, du chanoine N. Muntean, de Lugoş, (ancien archi-prêtre gréco-catholique à Gră-

dişte) a été achetée, ces dernières années, par le Musée de Deva et installée à Grădişte dans un local aménagé à cet effet.

2) L'idée d'organiser un musée et de former une société archéologique afin de collectionner systématiquement tous les restes extraits des ruines, est beaucoup plus ancienne. L'empereur François I-er d'Autriche avait exprimé ce désir lors de sa visite dans ces parages, en 1817 (v. Alvâry: Uti levelek dans «Mult es Jelen», 1846 p. 112). A. Fodor, de Lugoş, émet l'idée de créer xine Société d'Archéologie pour toute la Transsyl-vanie (Conférence tenue à Cluj le 3 sept. 1844, à l'occassion du congres des médecins et natu­ralistes hongrois (v. V Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch. du district de Hunedoara [hon­grois], X X I I , p. 25 note 19). En ce qui con­cerne la visite de l'empereur, en 1817, voir l'auto­biographie du comte Bethlen Lajos qui a guidé Sa Majesté: Grôf Bethlen Lajos Ônéletlvirâsa, publié par le dr. Szâdeczky Lajos, Cluj 1908, p. 45.

Cette même idée a été discutée vers 1860 (v. Mikô Adam: Uti naplô Erdély délnyugati részéhol, 1860, manuscrits des Archives du «Musée Trans-sylvain» de Cluj, tab. 23 — 24; quelques années auparavant, Iosef Wass avait fait une proposi­tion analogue: Kolozsvări Magyar Futur, sup­plément à l'«Erdélyi Muzeum», 1856, no. 16 pp. 127 — 130. (Voir: Arch. Êrtesitô, X IX , p. 92 et note).

E. Ballun fait l'historique de la création de la Société d'Hist. et d'Arch. du district de Hu­nedoara, dans VAnnuaire de la Société citée, an.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

seulement au moment où la Société de Deva se forma, à l'exception — cependant — de l 'œuvre de conservation accomplie par Ackner qui a mis à jour une mosaïque (v. plus bas no. 3) dans la cour du «nemes» Nalâtzi, le 10 septembre 1832, ainsi qu'il le raconte lui-même: «Reise nach Vârhely in anliquarischer Hinsicht im Jahr 1832» (Tran-silvania, I , 1832, p . 270).

Dans ce qui suit, je vais énumérer, tout en gardant le plus possible l'ordre chro­nologique, les découvertes plus importantes faites soit à la suite de recherches sys­tématiques, soit à la suite d'un hasard.

1. Mosaïque (opus musivum), composée de morceaux de couleur rouge, bleue, verte et blanche, qu'on aurait trouvée en 1773 sous des ruines (l'endroit est resté inconnu) et qui a été présentée à l 'empereur Joseph II (Benkô J . : Hunyad vărmegye, t radui t d'après le ms. par Koncz J . et publié dans Y Annuaire de la Société d'Histoire et d'Ar­chéologie de Deva [hongr.], An. X I I , p . 83). - - . :—• '

2. Mosaïque (opus musivum), représentant deux scènes, en couleurs: a-)- Priftm réclamant à Achille le corps de Hector et b) le jugement de Paris. E l l ^ > e t é mise à jour en 1823, près de la maison de la baronne Noptsa (n. Nalâtzi), à ï*o.ccasion d'une nouvelle construction, au N. du camp, à droite du chemin qui conduit à la gare (dans le plan du village de Grădişte au no. VII) et occupait le pavage de deux chambres l ) . Détruite en 1830.

3. Mosaïque (opus musivum), découverte en 1832, le 10 septembre, par M. J . Ackner, dans le camp, «dans la cour du «nemes» Nalâtzi, représentant une Vénus ou Victoire, entourée de génies et d'ornements végétaux (le milieu détérioré) : v. Ackner, o. c, I , p . 269 — 278, où l'on trouve une description et la reproduction des personnages2). Nous ne pouvons déterminer aujourd'hui l'endroit où se trouvait cette mosaïque, car

XVIII et X I X (voir aussi an. X du même An- de cette mosaïque et qui y a attiré de nombreux nuaire pp. 105—121). Pour les faits qui ont pré- visitateurs. Cette découverte a, peut-être aussi cédé ce mouvement, voir: VAnnuaire mentionné, attiré Ackner, qui a décrit son voyage à Sarmi-an. XVII I , pp. 97 — 102. zegetusa (o. c, I, pp. 280 — 285). La bibliographie,

') Mentionnée pour la première fois, dans le plus ancienne concernant cette mosaïque (in-journal hongrois «Magyar Kurir» 1823, no. 28 complète, cependant) se trouve chez Téglâs Bêla du 3 octobre: Mozaik Pădimentom omit Ulpia (Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch. [hongr.], Trajana omladékain talâltak. J . Bedâus v. Deva, IX, 1897 — 1898 pp. 12 —18): A két vâr-Scharberg publia, en 1825: Abbildung von zwei helyi mozaik padlô, où sont reproduites les scènes. altcn Mozaiken... Hermannstadt et Kronstadt, Voir aussi Torma C.: Repertorium, p. 190. 1825. Les reproductions des scènes (ainsi que Nous ne pouvons passer sous silence le travail celle du no. 3) se trouvent aussi chez Kirâly P. du roumain St. Moldovan dans: «Foaie p. minte, Ulpia Traiana Aug. Col. Dac. Sarm. Metrop., inimă şi literatură», 1853, p. 270. Une repro-pp. 114 —116 (d'après I. Arneth: Arch. Ana- duction en couleurs se trouve chez Szilâgy S.: lecten. Tafeln zu den Sitzungsberichten d. phil.- A magyar nemzet tort., Budapest, 1895, vol. I, hist. Classe, vol. VI, f. 1 — 2, 1851, tab. XV, p. CCX. Il est intéressant de noter que E. Ballun XVI). Cf. aussi Neigebaur, Dacien, p. 38, no. affirme savoir où se trouve la mosaïque détruite 111; Téglâs G.: Hunyadvm. tort., I, p. 61. mais déclare ne pouvoir le divulguer pour des mo-Téglâs et Kirâly commettent une erreur en sou- tifs politiques (VAnnuaire de la Société d'Hist. et tenant que la mosaïque «Victoria» (no. 3) a été d'Arch. Deva [hongr.], 1908 [XVIII] p. 32 n. 4). découverte en 1823. 2) Voir aussi Arneth, o. c. tab. XVII — XVIII .

Cette découverte a fait beaucoup de bruit, Goos, Chronik («Archiv des Vereines fur Sieben-dans tout le pays et nous en retrouvons un écho bùrgische Landeskunde», 1876, [XIII] , p. 320). dans la riche littérature du temps, qui s'occupe

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C. DAICOV1CI

Ackrier a recouvert les fouilles. Elle se trouvait probablement à proximité «le l'auberge actuelle, au milieu du village.

4. Mithraeum. Les premières fouilles sistématiques ont été. entreprises, au nom de la Société d'Histoire et d'Arcbéologie de Deva ' ) , au cours de L'été 188! par G-. Téglâs et P . Kirâly (Ki'mig).

La découverte de plusieurs sculptures mitbriaques, achetées par la Société et déposées au musée de Deva, a donné l'impulsion nécessaire pour commencer les Touilles. Les t ravaux ont duré trois étés (1881 — 1883) et le résultat obtenu a été le dégage­ment d'un reste infime du plan d'un temple mitbriaque et environ 250 fragments (sculptures et inscriptions). V. VAnnuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch. (liongr.), Deva, 1881 — 1883 (II), p . 107; 1883 — 1884 (III) , p . 85). Le temple était situé (dans le plan au no. II) au Sud du coin S. Ouest du camp, à environ 200 — 250 pas, près de la rive gaucbe de la rivière (Apa mică) '-). Téglâs G. (Hmegye tort., I, p. 75) suppose l'exis­tence de plusieurs Mitbraea. En ce qui concerne l 'ancienneté du culte mitbriaque. à Sarmizegetusa, Kirâly P . croit qu'il y a été introduit au moment de la fondation de la forteresse par la V-e légion (Kirâly P. , A Sarmizegetusai Mithraeum, p. 69).

5. Temple syriaque (Malagbcl I). Découvert la même année que le Milbraeum, par les mêmes explorateurs, situé à l'Ouest du camp, sur le «Dealul Dălineştilor» (dans le plan au no. 1), il a subi un meilleur sort et a été conservé, comme plan, presque entier (Annuaire Soc. a"Hist, et a"Arch. [hongr.], Deva, I I I , 1883/84, p . 85 —86). Ici aussi, le hasard — une inscription (la célèbre D U S P A T R I I S , C. I. L. I I I , 7954) mise à jour par une cbarrue — a déterminé l 'emplacement des recherches. Une vive discussion suivit, concernant les noms des dieux sémites3) . Téglâs G. {Hmegye tort., I , p . 73) rapporte le temple environ à la fin du I I , commencement du I l l - e siècle.

6. Le temple de Dis Pater et Proserpina a été découvert, par Téglâs G. (Klio, X , p . 502) en 1883, en compagnie de Kirâly Pâl , dans le voisinage de l 'amphithéâtre (à l 'Est) ; dans le plan au no. X I I . Cependant, ils n 'ont pas trouvé le plan du temple,

*) L'aide en argent a été fournie, pour ces fouilles-ci, et pour les suivantes plutôt par l 'Etat que par la Société.

2) Pour la bibliographie, je rappelle, parmi les ouvrages plus importants: P. Kirâly: A sar­mizegetusai Mithraeum dans «Archacologiai Koz-lemények», 1886 (XV) ; Fr. Studniczka, Mi-thraeen u. andere Denkmdler aus Dacien, («Arch, -ep. Mitt.», VII , pp. 202 — 225); Tonna K.: Inschr. aus Dacia, Moesia Sup. u. Pannonia inf... («Arch.-ep. Mitt.», VI, pp. 101 sqq. et 144 — 145). Voir aussi: «Arch. Ért.», V, (1885), pp. 262 sqq.; Cumont F . : Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra..., Bruxelles, 1896—1899, I, pp. 250 — 251 ; I I , pp. 135 sqq., 280 sqq. ; idem, Mithrasemlékek Magyarorszăgon, («Arch. Ert.», 1893, pp. 289 — 299); C. I. L., I I I , 7922 - 7950. En ce qui concerne le culte de Mithra à Sarmize­getusa: C. I. L., I I I , 1436, 1437, 7951, 7953, 12581.

Kirâly soutient que les sculptures mithriaques

du Musée de Timişoara ont été trouvées aussi sur remplacement des fouilles (Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch. [hongr. JDeva, 1883 — 1884, p. 85; Az orsz. rég. es vmh. lârsulat évkonyve, Budapest, 1879 — 1885, pp. 152 — 158).

Une sculpture mithriaque, provenant de Sar­mizegetusa, se trouve aussi au Musée Brukcnthal à Sibiu (v. Gooss: Chronik, p. 319).

3) Voir Téglâs G.: llunyadvm. liirt., I, pp. 72 — 73, où se trouve aussi la bibliographie de cette question. Il faut y ajouter: A vârhelyi Syrus Templom, par Téglâs G. («Arch. Ertesitô», 1906, [XXVI], pp. 321 — 330, où l'on trouve aussi un plan du temple et où l'on cherche à le reconstituer, pp. 324 — 325). Cf. Roscher, Myth. Lex. I I , 2 s. Malachbelos. En ce qui concerne les noms, voir aussi l'opinion de Th. Noldckc: (C. / . L., I I I , au no. 7954). L'inscription C. I. L., I l l , 7955 a été trouvée sur le même emplacement.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

puisqu'ils n'en font aucune mention. Tout ce qu'on a trouvé — et sur cela repose la supposition de L'existence du temple — est une série de trois bas reliefs représentant Dis et Proserpina ' ) . (Cf. Ann. de la Soc. tVHist. et a"Arch, [hongr.], Deva, 1883/84 ( I I I ) , p . 86 — 87).

7. Le Temple (?) de Malagbel I I ; Téglâs et Kirâly pensent pouvoir le placer dans le voisinage du temple de Dis Pater (dans le plan au no. XV) en s 'appuyant sur le témoignage d'un autel votif (C. I. L. I I I , 7956) 2).

8. Le temple de Bel Hammon (?) se serait trouvé près du côté Ouest du camp (à l'in­térieur de celui-ci; dans le plan au no. IV) d'après la supposition de Téglâs et Kirâly, fondée sur le témoignage d'une colonne surmontée d'une tête d 'Hammon (voir YAn­nuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch., [hongr]. Deva, 1883/84 (III) , p . 87 et Téglâs G., Hmegye tort., I, p . 62).

9. Le plan d'une grande bâtisse, découverte en 1883 près du mur Nord, à environ 10 pas à l'intérieur dti camp (dans le plan au no. XX) 3).

10. Le plan d'une bâtisse (auberge?) découverte aussi en 1883, à l'extérieur du camp, d'après ce qui ressort de la relation de Kirâly P. , o. c , p . 109 — 110, qui nous en donne aussi le plan, la situant au Sud de la «route de Trajan». Téglâs G. n'en fait pas mention et nous n'avons pas pu en déterminer l 'emplacement dans l 'actuel vil­lage de Grădişte.

11. Le plan d'une maison modeste, comprenant trois chambres a été découvert en 1883 (?) par les mêmes (v. Kirâly P., o. c, p . 113 où se trouve aussi le plan) près des thermes (dans le plan au no. X I X ) .

12. Les thermes, ont été découverts en 1883 par Téglâs et Kirâly, à l'intérieur du camp, près du mur Nord (dans le plan au no. XVIII ) sur le lieu appelé «Grohotea Tornieştilor». La date de la construction — ou, peut-être, seulement celle d'une re­construction — nous est fournie par les briques trouvées à l'occasion des fouilles : a. 158 p . Chr. (Téglâs G. : Hmegye tort., I, p . 63 — 64, où se trouve aussi le plan de la bâtisse)4).

') Téglâs G.: Adalékok... («Erdélyi Muzcum S. Reinach: («Rép. de la Statuaire Gr. et Rom.», Kiadvânyai», 1889, (VI), pp. 357 — 368). «Arch. I I , (1912), p. 137, fig. 1, 2) considère les deux -ep. Mil t., VIII, (1884), pp. 39—40 (Studniczka). reliefs trouvés d'abord, comme représentant Dr. kuzsiiiHzky B . : Alvilûgi istenck Magyarorszâgi Juppilvr Succllus. ramai kôemlékeken («Archaeologiai Krtesitô», 1907, z) L'Annuaire de la Société d'IIist. et d? Arch. (XXVII), pp. 119 — 130, fig. 2 et 3. V. aussi la de Deva, (hongr.), 1883 — 1884 p. 87; Arch.-ep. bibliographie française de la question: «Bull, de Mitt., VIII , p. 52, no. 3. Téglâs G.: Hunyadvm. la Soc. nat. des Antiquaires de Fr.», 1891, p. 83 tort., I, p. 62. et 1892, pp. 140, 142 et Reinach, Antiquités nat. Dans le Corpus, on mentionne à tort qu'on Description raisonnée du Musée du Saint-Germain- aurait trouvé cette inscription «in templo deorum en-Laye, pp. 182—-183). Téglâs G. a publié aussi Syriacorum». (Arch. Ért., 1907, (XXVII), pp. 368 —370) la 3) VAnnuaire delà Société d'Hist. et d'Arch., troisième sculpture, trouvée ultérieurement au (hongr.), Deva, 1883 —1884, (III), p. 87. Téglâs même endroit. G.: llunyadmegye tort., I, p. 62. Kirâly P . : VI-

Pour une sculpture représentant Dis Pater et pia Tr. Aug, pp.. 111 — 113 (le plan, p. 111). Proserpina, avec l'inscription DITO (sic) PATRI 4) L'Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch., ET PROSERPINAE etc., trouvée à Sarmizege- (hongr.), Deva, 1883 — 1884, p . 88 ; Kirâly P . : tusa vers 1905, v o i r — outre l'article de Ku- Ulpia Traiana, pp. 104 —108 (où l'on trouve aussi le zsinszky B., mentionné plus haut (pp. 119 —121)— plan de la bâtisse); Arch.-ep. Mitt. VIII , (1884), aussi Klio, X, pp. 501 — 502 et la note 2. Cf. C. p. 54, no. 4 — 6; etc. I. L. I I I , 12583.

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C. DAICOVICI

Il n'est, peut-être, pas inutile de rappeler que la pièce vue pendant les fouilles exécutées devant l 'empereur François I-er d'Autriche, lors de sa visite à Grădi.şte en 1817, était , peut-être aussi un «bain». On a trouvé, sous le pavé en briques (mo­saïque?) des tuyaux de chauffage, praefurnium, de la cendre, etc. (v. Grôf Bethlen Lajos Onéletleiràsa, publié par le Dr. Szâdeczky Lajos, CIuj, 1908, p . 45). On ne sait plus où se t rouvait ce bain.

13. Le Temple à"Esculape et d'Hygie. L'emplacement a été déterminé par Téglàs G., en 1884, à l'aide de deux fragments (C. I. L. I I I , 7897, 7898), au Nord du camp et au Nord-Est de l 'Amphithéâtre (plan no. XIV) (v. Téglâs G.: Hmegye tort., I , p . 62 et 68). Quelques autres autels et plaques votives, dédiés à Esculape et Hygie, provenant de la même région, ont été publiés par J âno B. dans Arch. Ert., X X X I I (1912), p . 405 — 407. Ces autels se trouvent aujourd'hui au Musée local de Sarmizegetusa. (Voir, plus bas, p . 253—254, un bas-relief représentant Esculape et Télesphore — que M. J an ô B. a bien-voulu nous céder pour être publié — et qui provient aussi de Sarmizegetusa (du même endroit?). En ce qui concerne ici le culte d'Esculape voyez: C. I. L. I I I , 1417, 1417 », (découvert par J . Kemény), 1422 (inscription grecque), 7896, 7899, 12579, 13775, 13776 et *1427.

14. Le temple de Iupiter Dolichenus (Dolichenum). Téglâs G. (Hmegye tort., I, p . 73) suppose qu'il se trouvait dans le coin Sud-Ouest du camp, à l'intérieur de celui-ci. (Dans le plan au no. I I I ) . Cette supposition se base sur un bas-relief, travaillé de manière rudimentaire et représentant une Victoire, ayant un aigle à son côté (Téglâs, o. c, p . 73). Il fut trouvé au même endroit, probablement vers 1884 —1885 . L'ancienneté de ce temple est la même que celle du temple syriaque (idem, ibidem) a ) .

15. Les années suivantes, les mêmes explorateurs poursuivent la route de Trajan, étudient le mur (voir le plan), commencent à nettoyer l 'Amphithéâtre (VAnnuaire de la Soc. d'Hist. et d'Archéologie [hongr.], Deva, 1883—1884 (III) , p . 88 — 89).

16. Le temple (?) de Malagbel I I I , a été mis à jour en 1889 par Téglâs-Kirâly, au Nord-Ouest du camp (v. Téglâs G., dans Erd. Muz. Egylet Kiadv., 1890, VII , p . 3 9 2 - 3 ; Arch.-ep. Mitt., X I I I , p . 192, 1 - C. I. L., I I I , 12580.). Téglâs G., dans Hmegye tort., I, p . 62, détermine un endroit inexact2) . Nous ne sommes pas parvenu à déterminer son emplacement sur le plan de Grădişte, faute de données plus précises. A la suite des mêmes fouilles, on a trouvé les fragments d'inscription C. I. L. I I I , 12578, 12585.

17. L'Amphithéâtre (plan no. XI) a été mis à jour en 1890 —1893 par Téglâs G., Kirâly P . et Szinte Gâbor; la Société d 'Hist . et d'Arch. de Deva avait déjà acheté ce terrain en 1888. La date de la reconstruction de l 'amphithéâtre a été fixée, par Téglâs, en l'an 158 p . Chr. On a t rouvé, parmi les ruines, des briques avec l 'estam­pille de la : L E G I I I I F . F . (Téglâs G.: Hmegye tort., I , p . 64. Erdélyi Muz., 1902 (XIX) , p . 342 et Klio, X , p . 497 no. 26, 27) 3 ) .

*) Voir aussi C. I. L. , I I I 1 4 3 1 ; j e pub l ie p lus b a s , u n bas-relief, r e p r é s e n t a n t I . Do l i chenus , a p p a r t e n a n t à Mr. I . L i t s c h e k de S a r m i z e g e t u s a .

2) Voir auss i : VAnnuaire de la Société d'Hist. et d'Arch. ( hongr . ) , D e v a , V I , p . 130.

3) Le c o m p t e r e n d u des fouilles e t le p l a n se t r o u v e n t d a n s VAnnuaire de la Société d'Hist. et

d'Arch. (hongr . ) , D e v a , 1893 — 1896 ( V I I I ) , p p . 34 — 3 7 ; Sz in te G â b o r : Ulpia Tr. czclôtt Sarmi­zegetusa, ma Vdrhely Amphiteatruma. Voir au s s i : VAnnuaire c i té V I , p . 137.

P o u r la b ib l i og raph ie : Magyarorszăg Miiem-lékei, I I , B u d a p e s t , 1906, à «Vârhely» col. 4 1 1 . Tég lâs G. : Hm. Tort., I , p p . 64 sqq . ; K i r â l y P . :

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Kirâly P . affirme que l 'amphithéâtre a été employé comme fortification à l'é­poque des migrations, la porte Ouest ayant été trouvée barricadée (Dacia Prov. Aug., I I , p . 129).

18. Le temple de Némésis a été mis à jour par Téglâs, Kirâly P . et Szinte G. à proxi­mité du côté Est de l 'amphithéâtre (dans le plan au no. XI I I ) et son existence nous est attestée par plusieurs bas-reliefs (v. Y Annuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch. [hongr.], Deva, 1891/2, p . 119; 1893/6, p . 37 et la planche avec le plan du temple) »).

Après 1893, l 'activité de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Deva décroît à vue d 'œil2) . Les causes sont multiples mais en premier lieu par manque de spé­cialistes: C. Torma, le «spiritus rector» des recherches, meurt en 1897; Kirâly quit te le cercle de la Société en 1892 ; Téglâs G. se retire de la direction des t ravaux et aussi — un peu plus tard , en 1903 — de la direction du musée pour des motifs d'ordre per­sonnel, semble-t-il.

L'activité archéologique déployée, à Sarmizegetusa, pendant ces années se réduit à l'acquisition de quelques objets trouvés chez des particuliers et découverts, par ha­sard, parmi les ruines (parmi ces objets, on a trouvé un aigle en marbre). V. Téglâs G.: Klio, X , p . 495 — 498 et X I , p . 504 — 505.

On s'efforce de reprendre l'ancienne activité à peine vers 1906, plus modestement cependant, et avec des résultats presque nuls.

19. Les traces d'une chambre modeste (circonférence: 10 m) sont découvertes, en automne 1906, sur le terrain de Ion Muntean, par M. Mâjland. Le résultat de ces re­cherches a é té : des instalations pour le chauffage, des morceaux de mosaïque, etc. (v. Y Ann. de la Soc. d'Hist. et d'Arch. [hongr.], Deva, XVI I (1907), p . 48 —49) . Nous ne pouvons en déterminer l 'emplacement sur le plan (peut-être no. X X I ) .

20. Les restes d\me chambre ont été mis à jour en automne 1906 par O. Mâjland, à l 'extrémité Est du village (dans le plan au no. X) . Les résultats obtenus se sont limités à quelques briques avec estampille, des «lucernae», débris etc. (V. Y Annuaire cité, p . 49).

E n 1907, on rassemble plusieurs objets découverts par des paysans ; des fouilles «sui generis» sont reprises mais, toutefois, rien n'est publié (v. le même Annuaire, an. 1908 (XVIII ) , p . 95). Des mesures sont prises pour ramasser le plus d'objets pos­sible au Musée de Deva.

Dacia, I I , 122 — 129. Le vicaire gréco-catholique de Ilaţeg, St. Moldovan, décrit l 'amphithéâtre, vers 1853: «Foaia p. minte, inimă şi literatură», 1853, pp. 268 sq.

En ce qui concerne les briques avec l'estam­pille: Tertulflo et Sacerdote consulibusj ( = 158 p. Chr.), I ]ul[ius] AflexanderJ, trouvées dans l 'amphithéâtre aussi plus tard, voir Téglâs G.: (Klio, X, p. 497, no. 22).

1) J . Jung connaît la découverte de ce temple de Némésis et annonce la publication des ré­sultats par Téglâs G., ce qui — à mon su — n'a pas été fait. Voir: Arch. -ep. Mitt., XVII , p. 10, 8 ; cf. aussi Téglâs G.: Hm. Tort., I, pp. 69 — 70, d'où il ressort qu'il n'avait pas encore publié son article en 1902.

En ce qui concerne les inscriptions C. I. L., I I I , 13780, 13778, 13779 et 13777, on fait la remarque qu'elles ont été trouvées: «in effossio-nibus amphitheatri» et que «Téglâs misit»; la dernière (se trouvant sur une statue) a été pu­bliée, sans commentaire, dans l'«Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch». Deva, IX, p. 183, et aussi dans: «Antichităţile romane din comi-tatul de Hunyad», p. 15. Voir aussi: Klio, X I , p. 505.

2) Vers la même époque, des fouilles ont été faites à Micia et en quelques autres localités. Vers 1900, l'Administration du District prend des mesures pour inscrire les monuments an­tiques qui se trouveraient chez des particuliers.

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21. En 1911, le prof. Bêla Jânô a entrepris un voyage à Sarmizegetusa et a exa­miné, ramassé et — selon les possibilités — acheté des objets trouvés. Il publia \c résultat de ses recherches dans la revue: Archaeologim' Krtesito, 1912 ( X X X I I ) , p . 49—57, 272 — 273, 393 — 411 ' ) . (V. ensuite: Arch. Anzeiger, 1912, col. 530 sqq. ; 1913, col. 334 sqq.) 2).

E n ce qui concerne le tableau votif: Caelesti Virgini / Augustae / sacr(um). Ne-mesianus Caes(aris) N(ostri) servos librarius tern j plum a solo pecunia su/a ex voto fecit (Arch. Anzeiger, 1912, col. 531) il a été trouvé — à ce qu'il paraît — dans le jardin de M. I. Litsek, où Ton peut voir même les restes d'une assez grande bâtisse 3) . Il se pourrait donc que le temple mentionné fût situé là-bas même. (Dans le plan au no. VI).

22. Au cours de l'été 1913, M. Jânô B. a commencé des fouilles systématiques à l'intérieur du camp (dans le plan au no. X X I I I ) , dégageant ainsi, en partie, le plan d'une maison. Le manque d'argent força M. Jânô de cesser les t ravaux après 8 — 10 jours à peine. On obtint comme résultat des morceaux de mosaïque, briques, une monnaie de Sept. Severus et un fragment d'inscription comprenant les lettres IMP. (Communi­cation personnelle de M. Jânô) .

J ' ignore qu'on ait entrepris des recherches pendant la guerre mondiale. Tout ce qu'on a fait s'est résumé à assembler les objets trouvés par les paysans. Il est pour­tan t regrettable que certains objets ne soient pas tombés en de bonnes mains — beau­coup ayant été achetés par des personnes ignorantes de l'archéologie.

A partir de 1921, les ruines ont été placées sous la surveillance de la Commission des Monuments historiques de Transylvanie qui — avec le concours de la Direction du Musée de Dcva — a réussi à sauvegarder certains objets et à arrêter l 'oeuvre destructive des habi tants . On a interdit , en premier lieu, le fonctionnement, sans

' ) Parmi ces objets se trouve un autel élevé à la divinité lunaire - d'origine phrygienne — et qui — jusqu'alors — n'était pas connu en Dacie: Men (Meni)jGn. Vastian(ius)/ G. Petr(o-nius) Iustus j Corn(vlius) Proc(ulus) / ex voto). (Ibidem, p. 50). I/ importancc de l'inscription Deo Aeterno et Iunoni et Angelis (publiée dans Y Arch. Êrt., X X X I I , (1912), p . 401 ; Arch. An­zciger, 1913, col. 334 et Année Epigr., 1914, no. 106) a été relevée par A. Garroni, Studi di anti-chità, Roma, 1918, pp. 9 sqq. ( = «Kendiconti délia R. Accademia dei Lincei, ser. 5, t. XXV, pp. 66 — 80).

'-) Mr. Iânô B. publie aussi (Dolgozatok-Tra­vaux, Cluj, 1913, (4), p. 259) une plaque comme­morative mise à jour par le labourage du prin­temps; on y atteste l'existence de la XV-e dé­curie du «Collegium Fabrum»; jusqu'à ce moment seules les décuries I, I I I , IV et XI I I nous étaient connues (C. 7. L., I I I , 7960, 1494, 1431, 7905). Mr. A. Buday a publié (Dolgozatok-Travaux, 1916 (VII), pp. 28 — 33) quatre bas-reliefs re­

présentant Hécate, provenant de Sarmizegetusa et faisant partie de la collection de Mr. le cha­noine N. Muntean. Le même publie aussi (ibidem, pp. 33—38) deux bas-reliefs votifs (provenant de Sarmizegetusa et se trouvant aujourd'hui an Musée Transylvain de Cluj) avec les inscriptions suivantes: 1. Iunoni lie / gini (sic) Mar / cia Cura/ V. S. L. M. et 2. (grecque): /A. TEIM../ eun-Y. . .

•1) Téglâs G. démontre l'importance de cette inscription: Caelestis Virgo jeleniosége Daciâban. («Archaeologiai Értesito», XXXIV, (1914), pp. 350—354; avec photographie). Voir aussi Do-maszewski: Abhandl. zur rôm. Religion, pp. 148—150: G. Gatti, Di un antica iscrizione chc ricorda la dea «Virgo Caelestis», dans «Diss. délia Pont. Ace. Rom. di Arch. 1896, ser. I I , T. VI, pp. 329 sqq ; H. Frère, Sur le culte de Caelestis (dans «Revue Arch.» 1907, 2 pp. 21 sqq. ; Ugo Antonielli, Tanil—Caelestis nelV arte figurata, dans «Notiziario Archeologico» fasc. I I I , Roma 1922, pp. 4 1 — 6 9 .

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contrôle, des fours à chaux. La Direction du Musée de Deva a eu, à cet égard, d'indiscutables mérites l).

23. Les traces d'une chambre avec installation d'hypocauste ont été trouvées par M. I. Mallâsz pendant l'été 1922, au Nord du camp (dans le plan au no. IX et la fig. no. 1).

Outre ce qui vient d'être énuméré plus haut, on cite les vestiges suivants, connus avec plus ou moins de sûreté ou de probabilité:

24. Un temple de Diane, mentionné par Téglâs G. (Hunyadvm. tort., p . 62), se se­rait trouvé au Sud-Est du camp. L'existence de ce temple lui a, peut-être, été sug­gérée par le fragment d'autel C. I. L., I I I , 7961, car il dit, à cet égard: «provenu de nos fouilles» (o. c , p . 67). On ne précise pas la date (sûrement avant 1888) à laquelle on l'a découvert ni l 'emplacement pré­cis. On connaît aus­si une plaque votive dédié à Diane à Sar-mizegetusa. C. I. L., I I I , 7903. Cf. aussi Klio, X , p . 496, no. 3 : un autel dédié à Diane, et publié par Téglâs G.

25. L'existence d'un aqueduc à Sar­mizegetusa, qui ali­mentai t la ville avec l'eau des monts Re-tezat , est attestée par C. I. L., I I I , 1446 (v. au même endroit, la notice d'Ariosti). Ackner (Reise nach Vdrhely, I I , p . 229: au Sud, «vers Ohaba», et Die Colonien...., p . 13: «des traces indubitables d'un aqueduc») et Zintz F. (Die rômische Colonie Sarmizegetusa, p . 31 — 32) en ont vu des restes. Malgré tous mes efforts, je ne suis pas parvenu à retrouver une trace sûre.

26. Cimetières. Il semble qu'il y en ait eu deux à Sarmizegetusa : un à l 'Est du camp, le long de «la route de Trajan», qui conduit vers F«Ostrovul Mare» et un autre à l'Ouest près du chemin (au Nord de celui-ci) et qui conduit vers les Portes de fer (dans le plan au no. V et XVI) . Cf. Gooss, Chronïk, p . 319; Neigebaur: Dacien, p . 18; Ackner: Reise nach Vdrhely in antiqu. Hinsicht, I I , p . 231 ; Téglâs : Hunyadmegye tort., p . 85 ; St. Muntean, «Foaia p . minte, inimă şi lit.», 1853, p . 270 (bien que ce dernier soutienne qu'à l 'Est du camp, à environ 600 pas, il se trouve le cimetière des héros morts pendant les luttes contre les Turcs, au temps du voévode Achate Bârcsay). Le mode de sépulture était l ' inhumation. (Kirâly P . : Ulpia Tr. Aug..., p . 151).

Fig. 1. Pièce avec hypocauste (dans le plan du village au no. IX).

l) Le Musée de Deva a acheté, cette année, musée local —- déjà commencé — et qui servira une maison à Grădiste, destinée à abriter un aussi d'habitation aux explorateurs.

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27. E n ce qui concerne remplacement — hypothétique —du centre — forum — les opinions divergent. Téglâs G. le place à l'endroit où fut trouvée la mosaïque de 1823 (Hunyadmegye tort., p . 01), tandis que d'autres le placent dans le voisinage des fotiilles faites en 1924 (v. plus has) sur l'ancienne propriété du comte Lônyai G. 1 ) .

Bien que cette hypothèse ne semble pas impossible — à en juger par l 'apparence mo­numentale de la bâtisse explorée par nous — nous ne pouvons encore affirmer rien de sûr.

28. Les restes d'une bâtisse imposante ont été constatés, en 1901 (Miinstcrherg et Oehler, «Jahreshefte d. ôst. Arch. Inst.» 1902 (V), Beiblatt, col. 134) derrière la maison Tornya (dans le plan au no. VII I ) .

29. St. Moldovan a découvert une route antique (v. le plan) qui conduit de la porte (?) du mur Est du camp vers l 'Est-NE («en ligne oblique») sur une distance d'environ 600 pas, se rencontrant là avec la route de Trajan, dont la direction est, en général, connue. (V. la «Foaia p . minte, inimă şi literatura», 1853, p . 270).

30. Enfin, nous pouvons aussi citer une fabrique de briques, mentionnée par St. Moldovan («Foaia p . minte»..., 1853, p . 293) au Nord-Est du village entre le chemin et la rivière «Apa Mare», vis-à-vis du village Breazova 2) .

Ceci est, à peu près, tout ce que nous avons à dire au sujet de l 'ancienne topo­graphie de Sarmizegetusa3) . Nous ne connaissons pas avec certitude l 'emplacement de nombreuses bâtisses à cause de la manière dont les fouilles ont été exécutées.

Les limites du territoire de Grădişte, si riche en ruines, formeront l'objet de pro­chaines recherches.

IL NOUVELLES R E C H E R C H E S À SARMIZEGETUSA 1. Restes d'une «villa suburbana»

Le champ de ruines qui s'étend autour du village de Grădişte, dans toutes les di­rections mais plus spécialement à l 'Est et au Nord du camp, invite aux recherches. (Il semble qu'à l'Ouest les ruines soient moins nombreuses, bien qu'elles ne fassent pas com­plètement défaut: par exemple, là se trouve le temple syriaque). Nous avons cru opportun d'explorer un terrain si propice, à l 'Est du camp, à droite du chemin rural qui conduit à l'«Ostrovul Mare». Le terrain, propriété du paysan Todoni Rusalin se trouve à une distance d'environ 150 m du côté Est du camp et à 38 m, vers le Sud, du chemin indiqué plus haut (dans le plan du village au no. XVII ) . L'entente, que nous avons réussi à conclure avec le paysan, a été un des motifs décisifs pour arrêter notre choix sur sa pro­priété. Ensuite, nous avons été raffermis dans notre opinion, que notre travail et nos dépenses seraient largement récompensés, par le fait suivant : quelques mois auparavant , on avait trouvé sur le même terrain, à l'occasion du labourage de printemps, une s tatue

' ) L'Annuaire de la Société a"Hist, et a"Arch., (hongr.), Deva, 1909 (XIX), p. 168. Sur cet em­placement — dit-on — on aurait trouvé une sur­face étendue pavée de dalles de marbre.

2) En ce qui concerne la colline «Selea», à la­quelle se rattachent tant de légendes (citadelle, route ancienne, bourg dace, e tc . . ) et les ré­sultats obtenus à la suite des recherches, voir l'article de M. A. Ferenczi, publié dans cette

même revue. 3) Je n'ai plus cité ici les opinions de T. Anto-

neseu, exposées dans son ouvrage Cetatea Sarmi­zegetusa, Iaşi 1906, car ce qu'il présente comme résultats nouveaux ne peut-être pris en consi­dération, vu que ces résultats se fondent sur de pures hypothèses. Il avoue lui-même, du reste, qu'un grand nombre de ses assertions sont du domaine de l'imagination (o. c. p. , 52).

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

£3-3-~: Ttrtn nesSpaf.

Fig. 2. Plan de la «villa suburbana»

de femme, sans tête l). Cependant les résultats n'ont pas répondu à notre at tente et notre explication en est dans l 'état général des ruines d'ici: le terrain arable restreint et pauvre de Grădişte oblige les paysans à débarrasser de pierres et restes de murs même le plus petit lam­beau de terre, à la fin de le rendre plus produc­tif. Ici aussi, le terrain avait été très fouillé.

Les t ravaux ont com­mencé le 15 août 1924, par un sondage profond d'un mètre et large de 8 0 - 1 0 0 cm. Dès le pre­mier jour, je trouvais les traces d 'un mur, qui paraissait assez bien bâ­ti et conservé : c'est le mur qui limite au Nord la pièce F. Poursuivant le travail les jours sui­vants avec deux équi­pes, j ' a i réussi, en l'es­pace de 10 jours, à découvrir les restes d'une bâtisse (le plan se trouve sur la fig. no. 2).

Il ne reste plus, des murailles, que les fondations, qui étaient enfouies dans la terre.

J e n'ai retrouvé nul­le part les murs, qui étaient peut-être en briques, au moins en ce qui concerne les murs intérieurs. J 'a i même retrouvé quel­ques briques placées sur le mur qui sépare C d e D ( v . f i g . n o . 3 ) .

Cependant, les fon­dations même sont très mal conservées par endroits. Le ma­tériel employé con­siste en gros cailloux, placés en «opus in-certum»avec un mor­tier mêlé à beaucoup

de sable. La profondeur du socle ne pouvait dépasser 1 —1,20 m, dont nous avons mis *) Détruite par les paysans et employée pour fabriquer de la chaux.

Fig. 3. La «villa suburbana»

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au jour environ 80 cm. L'épaisseur du mur varie nil re 40 et 80 cm. La forme de l'édifice, à sa base, était un quadrilatère irrégulier qui renfermait quatre pièces : A, B, C, D, ayant une légère saillie vers l'intérieur (à B) du mur Sud. L'épaisseur du mur et l'exécution égale de la construction, confirment cette supposition. On y a ajouté peut-être seulement plus tard, les deux pièces E et F ; celles-ci sont fermées par des parois plus minces, que celles de la bâtisse principale et s'élargissent en forme de

trapèze l'une vers l 'Est et l 'autre vers le Sud.

Examinons chaque pièce à part : A. Toute petite chambre, de dimen­

sions très modestes (3,10x1,90) sépa­rée de C par un mur de 45 cm. Au Sud, elle est séparée de B par une couche, presque carrée (2 X 1,90) (pavée de deux rangées de gros cailloux, de formes ir­régulières, réunis par un faible mortier) et dont les limites N. et S. ne parais" sent pas avoir été détruites par le ha­sard, mais qui, dès le commencement, était terminée en ligne droite. J ' insiste sur ce fait, parce qu'on pourrait croire que nous sommes en face d'une sous-construction de pavage, qui se serait étendue sur toute la surface de la bâ­tisse ou, du moins, dans les pièces A, B. Cela, pourtant , ne paraît pas être le cas, pour le motif déjà cité et aussi parce-que nous ne trouvons plus un sem­blable terrassement, dans aucune autre pièce. J e suppose, plutôt, qu'il s'agit ici du pavé d'entrée (qui était placé ici).

B. Pièce de dimensions plus réduites que la pièce A (2,90x1,90) et dont le mur Sud a une légère saillie vers le Nord-Ouest, et lui donne ainsi une forme de quadri­latère irrégulier. Nous avons trouvé une vasque, sous le mur commun avec C; les di­mensions sont 1,70X0,70 m et 65 cm de profondeur, comptées à part ir du bord d'en haut du mur près duquel se trouve la vasque. Les bords et le fond en étaient pla­qués de marbre sur une épaisseur de 3 cm, et tout à fait abîmées sur les parois Sud et Ouest. On n 'y a rien trouvé à l 'intérieur. (V. fig. no. 2 section I et fig. no. 4).

C. Pièce, de forme d'un parallélogramme parfait (2,35X8,20) séparée de D par un mur de 40 cm d'épaisseur, seulement en partie intact .

D. Pièce contiguë à la précédente, en forme de trapèze ; dimensions : à l 'Ouest et à l 'Es t : 8,25 m ; au Nord 4,50 m et au Sud 3,65 m. A côté du mur contigu à C, se trouve une construction analogue à la première (dans la pièce B), longue de 1,65 m, large de 54 cm et profonde de ca. 75 cm ; ici, cependant, les parois sont en briques, sans aucun signe ou empreinte, bien cuites, reliées simplement, par de l'argile ayant

Fig. 4. La «Villa suburbans» avec vasque enterrée (au premier plan).

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FOUILLES ET RECHERCHES^ SARMIZEGETUSA •

30 cm de largeur et 6 cm d'épaisseur. Elle sont posées horizontalement. La paroi Nord est détruite. Le fond est pareillement pavé de briques, de largeur moindre, et qui forment un léger angle produit probablement par des pressions ultérieures (v. fig. no. 2, section II) . Ici non plus, nous n'avons trouvé quoi que ce soit, qui aurait pu nous donner un éclaircissement — pas même des traces de feu.

Le mur qui sépare D de E est le plus mal conservé. Du côté Est de cette pièce on a trouvé un tas de pierre calcaire, plus ou moins calcinée et même de la chaux vive, de la cendre, des charbons, d'indiscutables traces, donc, d'un grand feu. Il n'est pas exclu qu'il ait existé ici un four à chaux moderne, pareil à tan t d'autres du village.

E . Espace, en forme de t rapèze; les parois Nord (1,40 m de longeur) et Sud (2,35 m de longueur) moins épaisses que les murs qu'elles prolongent et alignées avec ceux-ci sur la ligne intérieure. Sûrement, c'est une construction ultérieure et secondaire

à mon avis — de même que F , dont E rappelé, du reste, aussi la forme. F . La prolongation de la paroi commune, avec A et C, renferme un espace

dont les côtés sont: à l'Ouest 1,70 m, au Nord 9,80 m, à l 'Est 2,40 m et au Sud 9,55 m. A cette dernière paroi, le bout de mur commun avec E, rentré sensiblement vers l'in­térieur, (orme de cette manière, une espèce de niche.

Avant de s'efforcer d'établir le caractère de ce reste de bâtisse, il est bon de préciser le fait suivant: la bâtisse n'est pas complète mais s'étendait, assurément, vers le Sud, comme il résulte des traces indubitables des deux murs perpendicu­laires sur le mur Sud. Nous n'avons pas pu les poursuivre, faute d'une entente avec le propriétaire voisin (car la pièce E se trouvait sur son terrain) et aussi parce que les dépenses pour les fouilles pouvaient être employées, de manière plus productive, dans des recherches à l'intérieur du camp.

Les objets découverts à l'occasion des fouilles sont extrêmement peu nombreux et, ceux-là même, n 'ont pas été trouvés à l'intérieur des pièces mais à l'extérieur des murs. Ce sont : a) une pincette de bronze longue de 11 cm trouvée près du mur Nord de la pièce F , à l'extérieur, b) un fragment de fibule en arbalète, en bronze, d'une longueur de 6,50 cm, trouvée au Sud du mur Sud de la bâtisse, à une profon­deur de 70 cm et, en fin, c) une clé en fer de 10,50 cm mise à jour près de la fi­bule. On a encore trouvé, répandus partout , des débris — surtout de couvercles — et quelques briques avec les empreintes habituelles de griffes d 'animaux.

Tout ce qui pourrait nous éclairer par conséquent, sur la signification de la bâtisse est réduit à la partie architectonique.

Il n 'y a pas de doute — à mon avis — que nous nous trouvons devant une maison particulière ou, plutôt, devant une partie de cette maison orientée vers l'Ouest. C'est, probablement, une villa suburbana *) dont nous n'avons mis à jour, peut-être, qu 'un seul côté, un logement des domestiques, etc.2), étant donné l'irrégularité et le manque de soin du travail, et l'absence de la moindre trace d'ornementation de l ' intérieur3).

') Une semblable villa suburbana pourrait bien être celle mentionnée p. 229, no. 10, mise à jour par Kirâly P. (qui suppose avoir trouvé une auber­ge). Je ne trouve, pourtant, aucune ressemblance entre celle-ci et la bâtisse mise au jour par moi.

z) Je me suis efforcé de trouver une analogie

dans différentes publications archéologiques dont on dispose ici à Cluj, mais je n'ai rien trouvé.

3) [L'auteur se trompe: il s'agit tout simplement des substructions des décorations architectoniques de la villa. V. P.]

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E et F , seraient, en tout cas, des couloirs (ouverts?) qui l 'entouraient des côtés Nord et Est .

En ce qui concerne la premiere vasque, plaqué de marbre, je songe à un bassin (lacus) comme il y en a, par exemple, à la villa de Val Catena (Isola Brioni Grande, Istria) découverte par A. Gnirs (v. Jahrbuchfiir Altertumskunde, Vienne, I l (1908), p . 136 — 9, plancbe I I I ) . En ce qui concerne la seconde vasque, l'explication en est encore plus dif­ficile et je me demande si nous nous ne trouvons pas devant une tombe ultérieure, un «Ziegelgrab» comme on en a t an t découvert à Porolissum par A. Buday (Dolgozatok-Travaux, Cluj 6 (1915), p . 51 sqq. fig. 5, 9, 10, 11, 12) et qui offrent une ressemblance étonnante avec ce que nous avons trouvé ici.

2. Recherches concernant le mur du camp (V. le plun du villugc)

Il est curieux que tous ceux qui se sont occupés de l 'étude du camp romain de Sarmizegetusa ]) lui donnent cbacun une forme et des dimensions différentes. Tous sont d'accord qu'il était de la forme d'un quadrilatère, mais ses dimensions varient selon chaque auteur. Hormis Téglâs Gabor et Kirâly P . qui ont fait des recherches plus détaillées concernant les murs, vers l 'année 1886, les autres auteurs n ' indiquent qu 'approximativement l 'étendue du camp. J e ne répéterai pas ce que disent ces deux archéologues du district de Hunedoara, relativement aux dimensions du camp et de la forme des murs, vu que les conclusions qu'ils en tirent se basent beaucoup plus sur des analogies et (en dehors de la longueur et de la direction pas toujours certaines des côtés latéraux) sur de simples hypothèses 2). Il est inutile de mentionner que la forme — avec tours, etc. — qu'imagine Antonescu, ne repose sur aucun fondement réel (o. c , p . 45).

J e me bornerai à signaler ici ce que j ' a i pu constater sur place à la suite d 'un examen très attentif des ruines. Ainsi: on peut suivre facilement et avec précision les côtés Sud et Es t dans leur totali té. On peut poursuivre le mur Nord jusqu 'à la rive droite du ruisseau (Apa mica) qui traverse le village du S au N, coupant le mur en deux endroits et où ce dernier prend une autre direction sans pouvoir déterminer d'une façon précise s'il cont inue; nous pouvons, tout au plus, supposer qu'il se pro­longe dans le sens même, suivi jusqu 'à ce po in t 3 ) . Un seul côté — celui de l'Ouest — est le plus ruiné et à tel point, qu'on peut à peine en découvrir les traces. Toutefois il est certain que ce côté se dirigeait, au moins jusqu 'à un certain point, parallèlement au chemin communal conduisant vers l'église gréco-catholique. Des restes incontestables du mur en sont la preuve. Ainsi, vis-à-vis de l'Église, sur un point un peu plus élevé,

l) J e c i te , p a r m i ceux-c i : A. F . Marsigl i ( = Mar-sil i) : Danubius Pan.-Mysicus, H a g a e Comi-t u m et A m s t e l o d a m i , 1726, torn . I I , t a b . 2 4 ; I Io -h e n h a u s e n , S. I . : Die Alterthiimer Daciens..., W i e n 1775, p p . 22 — 2 3 ; (les d e u x r e p r o d u i s e n t le p l a n du c a m p ) ; N e i g e b a u r , I . F . , d r . : Dacien, p . 1 7 ; Ackner , M. I . : Die rôm. Alterthiimer u. deutschen Burgen in Siebenb., W i e n 1857, p . 4 sq. ; S t . M o l d o v a n : Foaia p. minte, inimă şi literatură, 1853, p . 2 6 3 ; K i r â ly P . : Ulpia Tr. Aug. Col.

Dacica..., B u d a p e s t 1891 , p . 39 s q q . ; Téglâs G . : Hvmegye Tort., I , p . 6 1 ; A n t o n e s c u T . : Ce-tatea Sarmizegetusa, Iaş i 1906, p p . 6 e t 45 .

2) Ainsi , p a r e x e m p l e , les suppos i t ions con­c e r n a n t les p o r t e s ; t o u t e op in ion est d i s cu t ab l e t a n t q u ' o n n ' a u r a p a s fai t des fouilles.

3) Ce q u e Téglâs G. c roya i t d i s t inguer d a n s le j a r d i n de l ' auberge est p l u t ô t u n «vallum» (voir p l u s bas ) .

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FOUILLES KT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

qu'on remarque à première vue, j ' a i pu mettre à jour, sur une distance de quelques mètres, la partie extérieure du côté Ouest (v. fig. no. 5 et plan du village d) puis, un peu plus vers le Nord, entre les deux débouchés des ruelles conduisant vers le centre du village, apparaissent encore des restes de fondation du mur tels que cail­loux, fortement cimentés entre eux par un mortier solide et durable. Dans un sens général donc, la direction de ce côté serait également établie. On est dans l'impos­sibilité de se prononcer avec certitude sur l'angle Nord-Ouest du camp, de même qu'on ne peut pas se prononcer sur la forme exacte qu'avaient ces angles, ce qui est — du reste — bien difficile d'établir sans se livrer à des fouilles.

Fig. 5. Une portion du mur du camp (côté de l'Ouest).

Nous arrivons ainsi, à constater que le camp affectait, selon toute probabilité, la forme d'un quadrilatère. Tant que tous les angles ne seront pas connus, il est im­possible d'en indiquer des dimensions exactes; surtout on ne peut considérer comme véridiques les chiffres donnés par Téglâs G. et Kirâly P. , concernant la longueur des côtés Nord et Ouest, en partie incertains 1) .

Si, toutefois, j ' insiste pour indiquer les dimensions des côtés Sud et Est , visibles dans leur entier, c'est pour en déduire approximativement quelle pouvait être l'éten­due du camp ; les deux autres côtés ne pouvant guère changer de façon essentielle le résultat ainsi obtenu. Ayant mesuré à deux reprises leur longueur, j ' a i constaté que le côté Sud avait 600 m de long et le côté Est 540 m. Considérant donc les deux autres côtés plus ou moins égaux à leurs parallèles, nous arrivons à une sur­face de 324.000 m carrés ce qui classe ce camp parmi les plus grands de la Dacie. Si, en ce qui concerne la forme et les dimensions du camp on a émis des opinions va-

x) Ils indiquent: pour le côté Nord: 668 m ; G.: o. c , p. 6 1 ; Kirâly P . : o. c , p. 40). Ouest 621 m ; Sud 605 m; Est 530 m (Téglâs

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riées, les constatations faites, en ce qtii concerne le mode de construction du mur sont encore plus contradictoires; il n 'y a, à cela, rien d 'é tonnant , car, à la suite des destructions systématiques et repétées qui lui ont été infligées, le mur ne se conserve plus intact depuis plus d'un siècle en aucune de ses parties. Ainsi, ni Ackner ni ceux qui ont fait des recherches enstiite, n 'ont pu rien préciser avec certitude relativement à cette construction. Le hasard a voulu qu'après d'inutiles recherches, et sections pratiquées en deux endroits (plan o et b), je découvrisse une portion du mur

conservée dans sa forme originelle, du moins en ce qui concerne sa partie extérieure.

Dans la cave de la maison no. 224 (v. fig. no. 6), bâtie sur la ligne même du mur Nord (plan c) j ' a i pu découvrir — non sans émo­tion — ce que je croyais perdu pour l 'éternité: le mur original sur une distance de 2,40 m consti tuant la pa­roi postérieure de la cave, ce qui

explique aussi sa conservation. C'est ainsi qu'il m'a été donné de constater qu'il était revêtu extérieurement de blocs de grès, extraits des environs de Grădişte du côté Nord, dans la direction de Selea *). Les deux assises conservées,- hautes de 33 cm et 37 cm sont constituées par des blocs de couleur brun-foncé, assez solides, taillés régu­lièrement, de dimensions variant entre 50 cm —1,33 m de longueur et 48 cm — 58 cm de largeur. Ceux-ci sont unis entre eux avec du mortier2) (v. les fig. no. 7 et 7a). Le pare­ment du mur était établi sur une fondation formée de cailloux avec beaucoup de mor­tier. Cette fondation, visible, telle que nous l'avons dit plus haut , du côté O également, j ' a i pu la retrouver aussi à la coupe b, où j ' a i pu constater qu'elle avait une profondeur de 80 — 100 cm ; sous cette fondation se trouve de la terre glaise. Bien entendu, on

Fig. 6. La maison dont la cave abrite un fragment du nnir du ramp.

') Le savant chanoine de Lugoş, St. Moldovan, affirme, lui aussi (je ne sais s'il se base sur des choses vues ou sur des on-dit) que: «la ligne droite du mur était bâtie — sur une certaine distance — du côté extérieur, à l'aide de grandes pierres taillées» (Foaia p. minte, inimă şi litcratură, 1853, p. 263). Kirâly P . : Ulpia Tr., p. 40 pense

que les blocs de pierre, répandus ci et là, for­maient la base (la fondation) du mur.

2) On peut encore distinguer, sur le côté Ouest du camp, vis-à-vis de l'église gréco-catholique (Plan d), sur une distance de quelques mètres, quelques blocs qui formaient le revêtement ex­térieur et qui sont restés en place.

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ne peut affirmer ni jusqu'où allait ce revêtement du mur, ni quelle avait été la forme qu'il prenait dans la partie du h a u t ; de même, on ne peut savoir quelle était la nature du mur du côté intérieur: la section faite au mur Est (plan a) n'a pu nous donner aucun éclaircissement à ce sujet, tout était détruit. Le noyau de la maçonnerie, dont j ' a i trouvé les traces dans la coupe b, était en cailloux de rivière au bain de mortier (emplecton).

Le côté interne étant inconnu, la question de l'épaisseur de mur reste imprécise; seul l 'examen de la fon­dation peut nous permet­tre certaines approxima­tions relativement à l'é­paisseur. Dans la coupe b l'épaisseur de la fondation est de 4 m. On pourrait donc supposer pour le mur une épaisseur minimum de 3 m J ) .

Ainsi pour le moment, il ne peut être question de fixer l'endroit des por­tes, de courtines, etc.

J e veux toutefois men­tionner un autre fait resté i n o b s e r v é j u s q u ' à p r é s e n t ; Fig. 7- Le mur du camp visible dans la cave de la .maison no. 224.

plusieurs auteurs ont affirmé que le camp était entouré de fossés; Kirâly P . (o. c , p . 40) parle de même de «tranchées

■ t f H ^ doubles». I doubles». Je n'ai pas pu vérifier l'e-r r V ^ , ! '■■&&$ xistenec des deux fossés mais il y en

avait selon tout probabilité un seul, entourant le camp de tous les côtés (mais certainement des côtés Nord, Est et Sud). Cependant, ce qui a passé inaperçu, c'est le «vallum» qui s'étend parallèlement aux murs Nord, Est et Sud, à distance de 18 à 20 mètres du mur, facilement reconnaissable sur une étendue assez longue, Limi­tant le fossé découvert aussi par d'au­tres 2). Ce qui a induit en erreur ceux

qui ont fait des recherches jusqu'ici et les a poussés à ne prêter aucune attention au «vallum» du côté Nord (où il est impossible de ne pas le voir et d'être ainsi amené à rechercher ses traces aussi sur les autres côtés où, quoiqu'existant, il est moins

l) T. Antoncscii: o. c. indique l'épaisseur du 2) St. Moldovan : l.c. soutient à juste titre [? V. mur égale à 2—2,50 m (p. 6) et à la p. 47, 2,50 — 3 P.] que «le mur du côté Nord était doublé», l'in-mètres. tervalle étant environ de 24 pas.

loo w un M » u sa 20 io ocm. Fig. 7 a.

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10 Dacia I 1924. www.cimec.ro

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é v i d e n t ) a é t é , s ans d o u t e , le fai t qu ' i l s o n t vu d a n s le «vallum» d u N o r d (v . le p l a n d u vi l lage) la c o n t i n u a t i o n de la r o u t e d e T r a j a n , p lus v is ib le v e r s l ' E s t .

U n e x a m e n , m ê m e s o m m a i r e , d u p r e m i e r «val lum», p r o u v e a b o n d a m m e n t q u ' i l n e p e u t ê t r e q u e s t i o n d ' u n e r o u t e : 1. la l a r g e u r (de 3 — 3,50 m) J) es t b e a u c o u p p lus ré ­d u i t e q u e celle de la r o u t e (6 — 6,50 m ) ; 2 . la c o n s t r u c t i o n e t le m a t é r i e l d e p i e r r e e m -

'„?.!„! ? * ! ' î ■ ' ",*-V.'.Jî.?,',' I';?.,?y1.

Fig. 8. Plan de la bâtisse «Aedes Augustnlium» (fouilles de 1921).

p l o y é es t d i f férent e t enf in 3 . le fa i t qu ' i l n ' e s t p o i n t isolé m a i s , à la m ê m e d i s t a n c e d u m u r , on le r e t r o u v e sous la m ê m e f o r m e e t les m ê m e s d i m e n s i o n s s u r le cô tés E s t e t S u d .

3 . Aedes augustalium '-)

L e 25 a o û t 1924, n o u s a v o n s c o m m e n c é les fouilles à l ' i n t é r i e u r d u c a m p . L e t e r r a i n , p le in de r u i n e s , d e I o n A r m i o n , m ' a p a r u p r é s e n t e r le p l u s d ' a v a n t a g e s ,

' ) La hauteur de «vallum», composé de terre cet été et peut-être aussi pendant l'été prochain, et de cailloutis, sur le côté Nord, est à peine C'est pourquoi je ne note ici que le strict néces-40 — 50 m au dessus de la surface de la terre. saire pour donner quelques éclaircissements su r

2) Nous espérons poursuivre les fouilles pendant le caractère de la bâtisse découverte.

24.2

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

parce qu'il est situé presque au centre du camp et aussi, parce qu'il se trouvait non cultivé et dénué de plantation (dans le plan du village au no. X X I I ) . On savait — a u sujet de ce terrain — qu'il avait appartenu dans le temps au comte Lônyai, qui en avait retiré un grand nombre de monuments, répandus, ensuite, de tous les côtés; quel­ques-uns se trouveraient au Musée de Deva, mais on ne peut plus vérifier quels objets proviennent, sûrement, de ce terrain.

Dès les premières heures de travail, nous nous sommes rendu compte que nous avions à faire à un terrain déjà très fouillé ; quelques jours plus tard, seulement, nous avons trouvé les traces indiscutables d'une bâtisse, qui paraissait, dès le premier abord, par l'épaisseur et la profondeur de ses murailles ! ) , un édifice important . Pour­suivant les fouilles — à l'aide de plusieurs équipes — le long des murs découverts, nous avons mis à jour, après plus d'un mois de recherches, les restes d'une grande construction 2), qui dépassait de beaucoup notre at tente et qui — sûrement — nous réserve encore bien des surprises. (Voir fig. 8).

Pour le moment, nous avons dégagé les murs trouvés, sans nettoyer l'intérieur des pièces. Les parois sont de pierre calcaire, posée en opus incertum, excepté trois côtés ajoutés plus tard, de la pièce I I I , d'une technique inférieure: cailloux posés toujours en opus incertum. Des traces d'enduit sont visibles par endroit.

Ici aussi, le problème le plus a t t rayant était d'établir — au moins en géné­ral — le caractère et la signification de la bâtisse mise à jour. Nous ne doutons pas un instant qu'elle fût un édifice public. Nous ne pouvons cependant fournir d'au­tres éclaircissements, malgré tous nos efforts, car ni la construction en elle-même (d 'autant plus que nous avons mis au jour seulement une partie du plan, sans déblayer l'intérieur de la bâtisse, ni les objets et les inscriptions trouvés ne nous ont donné des indications certaines.

Le hasard nous a favorisé en un certain sens, car nous avons découvert des in­scriptions (presque toutes fragmentées) qui nous ont fourni de précieuses indications.

Voici les inscriptions découvertes: 1. Plaque de marbre 3 ) (dont la partie inférieure manque), brisée en plusieurs

morceaux qui se raccordent parfaitement. Longueur: 60 cm; hauteur : 27 cm et 25,50 c m ; épaisseur: 9 cm. Le champ de l'inscription, encadré d'un triple profil, est bien lisse. La hauteur des lettres est de 4 cm. Ecriture monumentale. A été trouvée à a, à la surface de la terre (fig. no. 9).

') L'épaisseur varie entre 0.80 et 1,40 m. La profondeur dépasse 2,50 m.

2) Le mur, long, dirigé aproximativement Nord-Sud, a une longueur de 81 m ; il est sou­tenu, sur le côté extrême, vers l'Ouest, par 15 contreforts de différentes épaisseurs. Perpendi­culairement sur celui-ci, se trouve un autre mur plus épais, de 65 m de long, ayant du côté N. 9 socles à apparence de contreforts, placés deux par deux, & l'exception d'un, solitaire; à côté se trouvent deux hases de colonne. Il est à supposer que tous les 9 socles portaient des colonnes.

On doit noter qu'aidé par Mr. V. Winkler et Mr.

243

10*

Al. Ferenczi, préparateur à l 'Institut d'Archéologie de Cluj, j ' a i relevé le plan de la bâtisse à l'aide des moyens rudimentaires — qui se trouvaient à notre disposition. Dès que toute la bâtisse aura été mise au jour, Mr. R. Wagner, l'architecte de la Com­mission des monuments historiques, de Cluj, relè­vera le plan exact; on donnera aussi, à cette occasion une description détaillée de la bâtisse.

8) Sauf mention spéciale, par marbre nous entendrons marbre de Bucova, carrière exploitée par les Romains, à 16 km vers l'Ouest de Sarmi-zegetusa.

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M > PROCILIO IVLIANO > DEC C O L > E Q P V B L

M. Procilio lidiano Dec(urioni) Col(oniae) cq(uo) publ(ico)

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) C ! LI 0_ ■ / y y _ ^ L \ ; ■

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y . V ,. j, X / R l l ^

Fig. 9.

2. Plaque de marbre, brisée en plusieurs morceaux, dont il manque quelques-uns. Les dimensions de la plaque entière étaient, pro­bablement, égales aux di­mensions de la première plaque. Dans l 'état actuel, elles sont les suivantes: lon­gueur 48 cm; bau teur : 38 cm (ce qui a dû être aussi la bailleur de la première plaque) ; épaisseur 3 cm. Le champ de l'inscription, encadré d 'un triple cadre, travaillé de manière plus soignée que celui de l'in­scription précédente, est très bien poli. Hauteur des let­t res : 4 cm. Ecriture monu­mentale. A été trouvée à Fig. 10.

6, à 40 cm profondeur (fig. no. 10). [M] PROCILIO REGVLO > DE[C] C O L > E Q > P V [ B L ]

[M.] Procilio Regulo DefcJ(urioni) Col(oniae) eq(uo) pu[blJ(ico)

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

Cette inscription me semble avoir été posée en même temps que la première — peut-être vers la seconde moitié du Il-e siècle — à en juger d'après le caractère et la forme des lettres. Les deux ont été enca­strées dans le mur.

3. Fragment d'une plaque de marbre avec une inscription entou­rée d'un cadre simple. Seule, la partie droite du milieu nous a été conservée, où l'on di­stingue encore le lieu d 'at tache. Longueur (max ima) 20,50 cm ; hauteur (maxima) 20 cm ; épaisseur 5 cm. La hauteur des lettres varie entre 2,50 — 1 cm. Trouvée à c (fig. no. 11).

PpN ̂ ^^^r _ ^^L

(SE , ţ^H ^d^aa^zM m

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f if l ^V^^m ■ »; .*•,. «S1 J M L

X*' ■' -1 ̂ ^^^^^^M^ f̂l

Fig. 11. Fragmente des inscriptions trouvées dans les ruines de la bâtisse «Aedes Augustalium».

ou [EVTY]CHES

VNI [M]A[R]CVS

[VALE]NTINVS ANTIPATER

[CR]ESCENTIO? LA]CHES

vs [VI]TALIANVS E T ( ? ) SVRIO

4. Fragment d'une plaque de marbre avec inscription, qui a le même caractère que l'inscription no. 3 mais ne paraît pas — cependant — appartenir à celle-ci. Lon­gueur: 9,50 cm; hauteur 14 cm; épaisseur 3,5 cm; hauteur des lettres: 1,2 cm. Trouvé à proximité du fragment no. 3 (fig. no. 11).

T ? EV[TYCHES]

[C]SPED(ius) VIC[torinus] [C]SPED(ius) VA[lerianus]

VLP(ius) A A]VRE[l](ius)

5. Fragment d'une inscription sur marbre, trouvé à côté des deux fragments pre­cedents. Largeur (dans le hau t ) : 10 cm; hauteur: 16 cm; épaisseur: 3,50 cm; hauteur des le t t res: 1,3 cm.

VS INVS NUS

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6. Fragment d'une plaque en marbre avec inscription; seul, le côté droit nous a été conservé, et on y distingue un double cadre. Longueur: 29 cm; hauteur 18 c m ; épaisseur: 4 cm; hauteur des let t res: 3,50 cm. Trouvé à d, sous une motte de terre, (fig. no. 12).

RIV [TECT]ORIO > E T > PIC[TVRA]

[SIG1JLLIS > E T > L I N T E I S . . . E > L A B R A > A E [ N E A ]

L'examen de ce matériel épigraphique nous montre plusieurs personnages connus, de Sarmizegetusa (dans les deux premières inscriptions mais surtout dans la seconde).

Voici, en effet, l 'inscription C. I. L., I I I , 6270 (v. aussi no. 1509) qui se t rouve aujourd'hui à Schwe-chat (près de Vienne) :

M. Proc(ilius) M(arci) Fil(ius) Pa-pfiria tribu) Niceta / Ilvir et fia [m Jen Co­ifoniae) Sarmiz (ege-tusae) I item sac(erdos) Laurentium / Lavina-t(iuin) uedem Augu-staîibus j pecunia sua facicnd(arn) instituit / eandern M. Proci(îius) Reguîus j dec(urio)

Col(oniae) eq(uo) publ(ico) filius et hcre(s) / eius per [fee] it dedicav(itque). Il était naturel — vu l 'identité du nom mentionné dans cette inscription et de

celui cité dans l'inscription que j ' a i découverte — d 'admettre un rapprochement entre la bâtisse mise à jour et l'«aedes Augustalium» mentionnée dans C. I. L., 111,6270') .

Quoique bien a t t rayant , ce rapprochement ne serait tout de même resté qu 'une simple supposition, sans une précieuse notice du vicaire St. Moldovan-). Dans un compte-rendu sur ses recherches dans la valée du Haţeg («Foaia p . minte, inimă si lite-ratură», 1853, p . 263 — 264), il mentionne «les caves» de l'intérieur du camp et, en­suite, d i t : «Ici, à une distance de 30 pas du centre (du camp) vers le Nord, se trou­vait un angle d'une grande bâtisse, élevé d'environ une «orgia» au-dessus des ruines

Fig. 12. Fragments d'inscriptions et de reliefs de Sarmizegetusa.

') En ce qui concerne une bâtisse semblable, voir C. I. L., XI , 3161, de Caere, où on lit: Ver-binus Aug. L. Phctrium Augustalibus... donum ilnlii. — Les «Procili» apparaissent encore dans un certain nombre d'inscriptions de Sarmizegetusa: C. I. L., I I I , 7963, 13783; on doit y ajouter celle publié par Jânô B. (Arch. Êrtesitô, X X X I I ,

(1912), p. 401): M. Procilius Aphrodisius Aug-(ustalis) Col(oniac) Mvtropol(is) et Procilia filio.

2) Cet investigateur — plein de mérites des antiquités romaines était un des intellectuels les plus remarquables parmi les Roumains de Trans-sylvanie. Pour sa biographie et ses ouvrages, voir: Enciclopedia liomână, I I I , p. 314.

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et qui était considéré comme une ancienne église; plus bas, à une distance égale ( = 30 pas) vers le Nord, on trouva, le 11 avril 1851, près de la surface du sol, un bloc en marbre, joliment encadré et qui a été transporté à Vienne, les divers frag­ments ayant été reliés par des cercles en fer et le piocheur ayant reçu 30 florins autrichiens, et [le bloc] por ta i t cette inscription . . . ».

Suit, ensuite, exactement la même inscription que celle publiée dans le Corpus. Il ne peut être question d'un autre endroit que celui où se poursuivent nos

fouilles: la définition «centre» du camp (voir plan no. X X I I ) et, surtout, la mention des «caves» — dénomination donnée, on le sait, seulement aux voûtes de cet endroit — en sont une preuve.

J e n'ai pu voir l'inscription même, qui se trouve dans les environs de Vienne mais l'observation qu'elle était «joliment encadrée» me fait supposer qu'elle possède le même cadre triple que les fragments no. 1 et 2. Il est probable qu'une compa­raison des lettres nous indiquerait un même type et une même époque.

Nous ne pouvons pas nous prononcer encore sur l'époque à laquelle cette «aedes» a été bâtie, avant d'étudier l'édifice dans sa totalité. J e rappelé seulement qu'on a trouvé de nombreuses tuiles et briques avec l'estampille de la LEG I I I I F F telles qu'on en a aussi trouvé dans l 'amphithéâtre, dont la date de reconstruction (?) a déjà été fixée: 158 p . Chr. Nous verrons plus tard s'il est possible d'établir une cor­rélation entre ces deux faits et si on peut même fixer la date de l'arrivée (ou, du moins du séjour) de la légion I I I I F F à Sarmizegetusa ; nous pouvons affirmer cependant, dès maintenant , que cette légion a eu ici une vexillatio pendant un espace de temps assez long. C'est pourquoi, l'opinion exprimée dans Pauly-Wissowa (RE. X X I V , Halb-band [1925], col. 1544 »Legio»), que cette légion s'est trouvée en Dacie (c'est-à-dire Sarmizegetusa) seulement pendant les années 102 —107, quand elle aurait été défini­t ivement retirée en Mésie, ne me paraît pas vraisemblable.

Ainsi dirigé vers une voie sûre — me semble-t-il — j ' a i cherché à identifier dans le même sens les personnes mentionnées dans les fragments no. 3 et 4. L'état fragmen­taire dans lequel ces inscriptions nous sont parvenues, rend le travail difficile. Seuls les cognomina — et même ceux-ci incomplets — ont été conservés dans le frag­ment no. 3 : toute identification serait donc, risquée. Nous avons eu plus de chance avec le fragment no. 4, qui nous a fourni un éclaircissement. Nous avons facilement identifié SPED.VA (de la 4-e ligne) avec C. Sped(ius) Valerianus, déjà connu à Sar­mizegetusa ] ) , en qualité de Aug(ustalis) Col(oniae), d'une dédicace se t rouvant sur une sculpture mithriaque, mise à jour pendant les fouilles, au Mithraeum, par Kirâly-Téglâs 2). Sped(ius) Vic(torinus), ne se retrouve en Dacie dans aucune autre inscription connue.

V R E , de la dernière ligne, pourrait être complété avec [Q. AJureflius Saturninus Aug(ustalis) Col(oniae)] C. I. L., I I I , 7981; ou bien: [AJureflius Vitalis, Aug(ustalis) Col(oniae)] C. I. L., I I I , 1982.

') C. I. L., I I I , 7933. Nous trouvons, à Apulum, un C. Sped. Valerianus, decurio collegi fabrum (C. I. L., I I I , 7767). Est-ce le même?

2) En ce qui concerne la relation entre les «Au-gustales» et le culte de Mithra, voir: C. I. L.,

I I I , 14466 de Napoca (cf. aussi: C. L L., I I I , no. 862, 912): Soli Invicto Mithr(ae) (p)ro salut(e) (or)dinis Aug(ustalium) et R. Forrer: Das Mithra-Hciligtum von Kônigshofen bei Stras-sburg, Stuttg. 1915, p. 50.

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C. DAICOVICI

En ce qui concerne les autres noms, je ne puis les reconstituer — pour le moment — de façon certaine.

Ayant donc établi plus haut que : SPED(ius) VA(lerianus) est sûrement identique à l'«Augustalis Coloniae» du même nom (C. 1. L., I I I , 7933) et que [A Jurc(lius) peut être identifié — très probablement — à l'un des «augustales» du C. I. L., I I I , 7981 et 7982, je crois pouvoir conclure — sans me tromper — que les fragments 3, 4 et 5 con­sti tuent un «Album» des «augustales» de la colonie de Sarmizegetusa ; ceux-ci étaient assez nombreux à Sarmizegetusa l) et dans le reste du pays (Apulum, Napoca, Po-talssa, voir C. I. L., I I I , Indices, p . 2543 et 2552) et l'existence d'une semblable liste est bien explicable.

L'inscription No. 6, indépendamment du fait que nous ayons ou non exactement 2) complété les mots nous prouve largement que la beauté de l 'ornementation égalait les dimensions de la bâtisse. Les res tes— assez rares, il est vrai — d'enduit coloré, trouvés dans les décombres, ainsi que le très grand nombre de sculptures — malheureusement toutes brisées — découvertes pendant le déblayement dos murs, confirment cette assertion.

L'inscription du C. I. L., I I I , 7960 — que je rapporte, ainsi que l'a déjà fait 0 . Hirschfcld (Arch. Ep. M lit. I (1877), p . 122, note), à notre bâtisse — ne manque pas d ' intérêt ; il y est question d'un Tib. Cl. lanuarius Aug. Col. Pair. Dec. I, et de son fils Cl. Verus, qui dotent une certaine bâtisse de la peinture du portique, accubltus, proportlcus, cullna et frontalls («ob honorem dupli». . . est-il dit du fils). On ne con­naît plus l 'endroit où cette inscription a été trouvée (aujourd'hui elle se trouve à l 'É-vêché greco-catholique de Lugoj). J e ne vois pour tant pas la nécessité de supposer qu'il est question d'un édifice public du «collegium fabrum» (qui, dans ce cas, aurait été mentionné) mais je crois, plutôt , qu'il y est question de la «decuria» d 'un «collegium)) ou «ordo» des «augustales»; bien que ce «collegium» ne soit pas encore connu à Sarmizegetusa, il a pour tant pu exister ici, comme à Napoca (voir n. 47).

En ce qui concerne «honor dupli», «extra rem militarem rarissime inventus» (v. l 'observation de Mommsen, Corpus /. c ) , il existe d 'autres cas analogues: C. I. L., X , 1790: ...et Dendroforo et Au(gustaîl) dupllc(larlo) . . . ; ensuite, l'inscription de Baiae (Notizie degll Scavi, 1897, p . 12): . . . Itemque Augustall dupl(iclario) . . . — Voir aussi C. I .L., X , 1871, 1873, 1875, 1882, 1886. — Nous trouvons plus difficilement des analogies en ce qui concerne le «Collegium Fabrum» (cf. C. I. L., I I I , 1494). L'in­scription C. I. L., I I I , 1516 se rapporte peut-être au même sujet.

Nous nous arrêtons — pour le moment — aux constatations faites à propos des fouilles et nous at tendrons que le résultat des prochaines fouilles confirme nos antici­pations. Dans tous les cas, la découverte (unique, à ma connaissance) du plan de l'édifice d'une des plus importantes corporations sociales de l'empire romain, nous en­courage à continuer l'oeuvre commencée. Nous espérons que ce travail , une fois fini, augmentera un matériel archéologique (qui sera publié en un tout) et je t tera une

1) On doit ajouter, aux inscriptions du Corpus, les inscriptions (comprenant des «augustales») publiées dans: Arch. Êrtesitô, (1912), X X X I I , pp. 401, 405 et 408 ( = Arch. Anzeiger, 1913, col. 334 — 335, no. 6, 10 et 18) provenant de Sarmizegetusa, et celles provenant de Micia,

publiées dans: Dolgozatok-Travaux, 1913 (IV), p. 260.

*) [Il faut lire à la 4-c 1. [canjdelabra, le D é-tant parfaitement visible dans la photographie. V. P.]

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

nouvelle lumière sur l 'institution et l'organisation des «augustales» de Dacie et tout particulièrement d'Ulpia Traiana T).

I I I M A T É R I E L I N É D I T OU REVISÉ

1. Autel, en marbre, se t rouvant au musée local de Sarmizcgetusa ; hauteur 79 cm ; largeur 38 cm ; brisé en bas, au côté gauche. La partie d'en haut du champ de l'inscription est dé­t ru i t e ; hauteur des lettres 3 cm. Iânô B. a pu­blié l'inscription, mais en commettant des fau­tes (Arch. Értesito, X X X I I , p . 350) et Finâly G. (Arch. Anzeiger, 1913, col. 335) les a reproduites. Voir aussi Revue Arch. 1914, p . 477, no. 114.

Voici la lecture de lâno et Finâly (1) et la mienne (2) (v. fig. no. 13):

1. 2. G

T: > F E L AE > F E L I GENIO > DOM GENIO > DOM DIVINAE DIVINAE D I O G E N E S > E V T Y DIOGENES > EVTY C H E I I S > AVGG > CHETIS>AVGG[G]>f sW NN > D I S P > VII > N N [ N ] > D I S P > V I K > V > S > L > M [V > ] S > L > M.

Le G de la première ligne est bien visible ; l'A et l'I de la seconde ligne ne font pas de doute. Aux lignes 6 et 7 on voit distinctement la place qu'occupaient le troi­sième G et le troisième N, effacés plus tard par une «damnatio memoriae», mais qui sont cependant reconnaissables à un examen plus attentif. Il n'est donc pas question de deux empereurs (comme le suppose lâno, /. c.) mais de trois, dont l'un a dû souffrir la «damnatio memoriae». Ceux-ci sont — sans aucun doute — Sévère, Caracalla et Geta (le nom de ce dernier é tant effacé après sa mort, par ordre de Caracalla). La date de l'inscription est ainsi établie: 209 — 211 p . Chr.

Dans l 'avant-dernière ligne, la lecture de Iânô B., admise aussi par Finâly G.: D I S P VII (septimus) est certainement des plus fausses et manquant de sens. Un

Fig. 13.

') L'importance de l'inscription des «augustales» à Sarmizegetusa ressort aussi du fait que celui qui institue l'«aedes» est «duumvir et flamen Co-loniae item sacerdos Laurentium Lavinatium». (Le culte de ces derniers avait un caractère ita­lique par excellence: V. Pârvan: Contrib. epigr. la ist. Crest. în Dacia, p. 171 — 172, note 769; voir aussi l'article de Philipp dans Pauly-Wis-sowa, R. E. s. Lavinium). C. I. L. I I I , 1425: un aug. col. qui a reçu les ornamenta decurio-nalia.

Ici aussi, ils eurent une place spéciale dans l'amphithéâtre (C. I. L. I I I , 12586).

En ce qui concerne le titre de augustalis Colo-niarum d'Apulum (C. I. L., I I I , 1069) [peut-être faut-il lire: Aug. Colon. Ap(ulensis)], Gooss C. pense que la signification est la suivante: «ein Mensch, welcher in mehreren Stădten zu-gleich Augustalis watt. (Untersuchungen ùber die Innerverhaltnisse des Tr. Daciens, dans: «Archiv d. V. f. siebenb. Landeskunde», XI I (1874), p. 113).

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C DAICOVICI

examen plus rigoureux de ce passage explique de suite l 'énigme: il s'agit de VIK, c'est-à-dire DISP(ensatoris) YlK(arius) qu'on retrouve sur maintes autres inscrip­tions (par ex. : C. I. L., I I I , 12379, 8112, etc.).

L'inscription devra être lue, par conséquent, comme il suit :

G[enio] '! [Daci]AE (?)>FELI[ci \s? et]

GENIO > DOM(as) DIVINAE

DTOGENES > EVTY C H E T I S >AVG(ustorum) (trium) >

N(ostrorum) > DISP (ensatoris) > VlK(arius) V(otum) > S(olvit) > Lfibens > M(erilo)

Observation : Cette inscription, étudiée par hasard parce que je la croyais inédite, prouve abondam­ment la nécessité de reviser tout le matériel épigraphique publié jus­qu 'à présent.

2. Fragment d'une plaque vo­tive, on pierre calcaire, provenant de Sarmizegetusa ; se trouve au­jourd 'hui au musée local de Gră-dişte. En haut , les deux coins sont hrisés; il manque aussi quelques lettres à la partie inférieure, à gau­che et peut-être aussi à droite. Les dimensions du fragment sont les sui­vantes : hauteur 68 cm, largeur 46 cm, épaisseur 10,5 cm ; hauteur des let tres: 4,25 cm. V. fig. no. 14.

Fig. 14.

M P

[PA]LMYR > [ I JABRAENfus j > FL(orus?) > M

BASSl(ius) > MARINVfs ; [MAX]IMVS G O R A > L V (dus) MAXIMVS BARS(emon) S [A CE]RDOT(es) > TEMPLUM

E X SVO > FECER(unt) >

Il s'agit donc, de prêtres d'origine orientale, qui élèvent un temple à une divi­nité inconnue, probablement (supposons-nous) à l 'une des divinités orientales,

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l o i ii.i.Ks I;T R E C H E R C H E S A S A R M I Z E G E T U S A

adorées à Sarmizegetusa. Au dire des gens, ce fragment a été découvert dans le jardin du paysan propriétaire du coin S-Ouest du camp, où se trouvait le Doli-chenum. ê

Les noms des personnages sont inconnus — jusqu'à présent — à Sarmizegetusa. LMYR (de la troisème ligne) pourrait être l'indication du lieu d'origine du premier:

domo Pa]lmyr[a], ou bien [ex Pajlmyrfa] comme dans le fragment d'inscription — publié par M. A. Buday (Dolgozatok- Travaux, Cluj, 1913 (IV), p . 257) et provenant aussi de Sarmizegetusa : . . . A . . . L4]ELIVS. D [ex Pal]MYR[A] ORIfens] ? PRAEF (ectus) COH(ortis) I AVG{ustae) T[(rib)unus] (sic) ») mais on peut lire — aussi bien — [ Pa]\MYR[enus] 2) ou encore — éventuellement — comme cognomen Palmyras ou Palmyrus.

Cscrni B. {Arch. Ert. 1912 (XXXII ) , p . 276) suppose, en se fondant sur l'inscription C. I . L., I I I , 1471, qu 'un n(umerus) P(almyrenorum) a existé aussi ici à Sarmize­getusa, comme il en a existé à Tibiscum, Porolissum, Caransebeş, Potaissa, Apulum et Ilişua. (Cf. aussi Arch. Anz., 1913, col. 333—4).

De cette manière, on pourrait peut-être expliquer aussi: ABRAEN (de la 4-e ligne) et le considérer — par exemple — comme un reste de labraenus (une trace de la barre verticale de l'i est encore visible), de Iabri ('Iafigi, 'Iàfeoi, ville de l'Arabie centrale, au Nord ; Pauly-Wissowa, R. E., IX , col. 544). Néanmoins, la part ie supérieure de l ' inscription pourai t contenir des noms de divinités orientales, de même que dans l'inscr. C. I. L. VI , 710: . . . Malacbelo et diis Palmyrae etc. Dans ce cas [IJabraen(us) serait peut être une forme latinisée du labru (Apra), la divinité élamite ce qui pourai t donner : [Belo I jabraen(o). V. M. Jas t row, Die Relig. Babyloniens u. As­syriens, p . 177 — 1 7 8 .

Bassi peut-être considéré comme le génitif de Bassus ou bien être complété en Bassi(anus) — qui se trouve dans des inscriptions — ou encore plus vraisemblable­m e n t — Bassius, connu à Sarmizegetusa (M. Bassius Aquila, qui adore Jupiter Doli-chenus. C. I. L., I I I , 1431). -NJ

Le cognomen Gora se retrouve dans une inscription latine (C. I. L., X, 6638, C. 16) comme «nomen servile» à Antiuin et — à deux reprises — dans des papyri sous la forme: PCOQU VI(OÇ) xov ôeïva et FwQâç IltoX(efialov). (Voir Preisigke, Namenbuch, s. v.). Cora est aussi le nom d'une localité d'Aethiopie, citée par Pline (Nat. Hist., VI , 29, 179; voir Pauly-Wissowa, R. E., VII , col. 1589). Il se pourait que Gora et Guras de l 'inscr. C. I . L . I I I . 7999 (v. A. F. M. VI , p . 120 sq.) soit le même nom.

Le cognomen Bars(emon) 3) prouve l'origine asiatique des «sacerdotes» et cer­ta inement aussi celle de la divinité.

Le caractère des lettres nous fait placer cette inscription vers la fin du I l-e siècle, peut-être même à l'époque de Caracalla.

') 11 faut lire en réalité comme suit: [AJvlius, d/onu> PalJmyrfaJ orifundus J, pracf(ectus) co-h(ortis) I Aug(ustac) I(turaeorum): cp. aussi C. I. L., I I I , dipl. XXXVII et LXVII avec Wissowa-Kroll, H. E., nouv. sér. IV, 1, col. 305.

2) Dans les Dolgozatok-Travaux, Szeged, 1925 (I), p. 26 Buday lit le nom d'un ancien soldat,

devenu citoyen romain : HAMASAEO ALA-PATHA PALMYR (ensi) dans un nouveau di­plôme militaire de Porolissum. La forme Palmy-renus est plus fréquente (v. C. I. L. VI. 50: . . . C. Licinius N . . . [et Heliodorus] Palmyrenus [aedem Belo] constituferuntj.

3) Cf. C. I. L., I I I , 14445.

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C. DAICOVICI

3. Fragment d'une pierre funéraire (?) se trouvant dans le jardin de M. I. Litsek (fig. no. 15, l ) ; les dimensions sont: longueur 58 cm; hauteur 30 cm; l'inscription est la suivante:

CONVERT PLOTIA CON1VI (nx)? PALMA

L"A de PALMA nous a été conservé seulement dans sa partie supérieure. Le nom PALMA (Palmas?) se trouve ici pour la première fois à Sarmi/egetusa.

Fig. 15. Inscriptions, chapiteaux et bases de colonnes de Sarmizcgetusa.

La seconde inscription de cette figure a été publiée par Jàno B. dans «Archeolo-giai Értesitô», X X X I I (1912), p . 52 et dans «Arch. Anzeigen, 1912, col. 531.

4. C. I. L., 1504. Ne se trouve plus chez Tornya; cependant, une moitié (celle de droite) se trouve sur le seuil de la maison no. 153 à Grădişte.

5. Fragment d'une inscription sur marbre acheté à un paysan. Se trouve au­jourd'hui au musée de Deva. Large de 13 cm, haute de 15,50 cm, épaisse de 2,50 cm. La hauteur des lettres est de 4 cm (fig. no. 12).

On distingue clairement:

vs PIEN]TISS .

6. Fragment d'une inscription sur marbre, acheté à un paysan, et se t rouvant aujourd'hui au musée de Deva. Hauteur 11,50 cm; largeur 12,50 cm; épaisseur 2 cm; hauteur des lettres 2,50 cm (fig. no. 12).

On y ' l i t : REIEMPIA SSECVN

TE

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FOUILLESJÎT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

7. Fragment d'une inscription sur marbre, acheté aux paysans; se trouve au­jourd 'hui au musée de Deva. Largeur 17 cm; hauteur 17 cm; épaisseur 2 cm ; hauteur des lettres 3 cm (planche no. 12).

ILI (incertain) MIS F O N T E \ NIS EST CE E(?)NSMV

Fig. 16. Esculape et Telesphoros. Fig. 17. Statue de femme trouvée

à Sarmizegetusa.

8. Fragment de marbre, avec bas-relief, trouvé à l'occasion des t ravaux agricoles à Sarmizegetusa; mentionné dans Arch. Ert., 1912 (XXXII ) , p . 407, par Mr. Jânô Bêla qui a bien voulu m'en céder une photographie afin d'être publiée ] ) . L'original se trouve au musée du Collège de Orăştie. Les dimensions sont (d'après Jânô B., /. c ) : hauteur 33 cm, largeur 15 cm, épaisseur 5 cm. La largeur du cadre est de 1,5 cm (fig. 16). Mal conservé.

Les personnages sont facilement reconnaissables grâce aussi, à l'inscription qui se trouve au bas : Esculape, revêtu de l'himation jusqu'au dessous des genoux; seul

*) Je n'ai vu le fragment qu'en reproduction.

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C. DAICOVICI

le pied gauche et la partie d'en bas du vêtement, nous ont été conservés. Le travail grossier ne permet pas de voir clairment ce que represent la part ie supérieure. Il se peut que ce soit, d 'une execution très rudimentaire, la main gauche du personnage tenant une capsula ou un volumen, symbole de l 'art médical, represent al ion analo­gue à l 'Esculape de la coll. Pamfili, Roma (Clarac, Mus. d. Se 552 A 1155 B ; Matz-Duhn, Ant. Bildw. in Rom., no. 59) et à celui de la coll. Ludovisi (Reinach, H*'p. dv la St. I L 3 3 ; Arndt-Amelung, Phot, Einzclaufn. no 272; Schreiber, Die Ant. Bildw. der Villa Ludovisi, no. 101) ; les deux d'origine greque. La main droite s 'appuyai t probablement sur le bâton court au serpent. Il est chaussé de sandales. E n bas, à droite, on paraît avoir esquissé Vomphalos. A sa gauche se trouve Telesphoros, vêtu d 'un manteau avec un capuchon en pointe sur la t ê t e ; il t ient ses mains croisées, de­vant ; volumen déroulé ?) ; il est nu-pieds.

En dessous se trouve l'inscription suivante: Aesculapio et] Hygiae [. . . . ex] voto. En jugeant d'après la photographie, le travail paraît très médiocre x). 9. Statue de femme, sans tête, en marbre, se t rouvant dans le jardin de M. Litsch M.

Hauteur 145 cm (fig. no. 17). Placée sur une plinthe, le poids reposant sur la jambe gauche. Le vêtement : un long chiton (slola), descendant jusquaux chevilles; par dessus, se trouve la palla, jetée sur l'épaule gauche, entourant le cou et qui recouvre tout le corps, entourant les bras et formant des plis. Elle t ient le bras droit croisé sur la poi­trine, tandis que le bras gauche pend et semble retenir de la main les plis du vêtement. Travail médiocre.

Mentionnée par Miinsterberg et Oehler, (l. c., plus bas) et par Jânô B. (Arch. Ért., 1912 ( X X X I I ) , p . 52)..

10. Une statue de femme (en marbre) à peine reconnaissable à cause du mauvais état de conservation. Se trouve appuyée au coin de droite de la bâtisse qui abrite la croix (troiţa) élevée au centre du village. Hau teur : 95 cm.

Les objets suivants se t rouvent dans la possession de M. I. Litsek, propriétaire à Grădişte:

I L Plaque de marbre (autre qualité que le marbre de Bucova, plus fin), avec un bas-relief représentant Jupiter DoUchenus. Les dimensions de la plaque sont : longueur 17,50; hauteur 11,50; épaisseur 3 — 4 cm; possède un cadre de 2 cm de large. Très bien polie. A été trouvée à Sarmizegetusa, mais on ne connaît plus l 'emplacement exact. L'exécution du travail est médiocre. L'inscription — s'il en a jamais existé une — se trouvait à la partie inférieure de la plaque, aujourd'hui brisée (Fig. no. 18 au pre­mier rang, no. 2).

Le bas-relief représente Jupiter DoUchenus, sur un taureau qui se dirige vers la droite. Le dieu, por tant une barbe, est vêtu du cbstume militaire romain du I l -e siècle après J . Chr. la tunique descend jusqu 'aux genoux; il est ceint du «cingulum», auquel est attachée devant la languette de cuir qui protège l 'abdomen. Sur la tête, au lieu de casque, le dieu porte un bonnet phrygien. Le manteau (paludamentum)

' ) En ce qui concerne le culte d'Esculape à Sarmizegetusa, voir: p. 230 no. 13. Le culte de ïelesphorop, répandu spécialement dans l'Asie Mi­neur et en Thrace, avec le Danube comme limite vers le Nord (Roscher, M. Lex., V, 321) se re­

trouve aussi en Dacie, comme le prouvent les bas-reliefs de Turda (AEM. 1894, XVII , p. 8, no. 2 et p. 16 « C. I. L. I I I 12545) et de Apulum (C. I. L. I I I , 979). Pour la Pannonia, voir Petz, ôkori Lexikon s. v. Asclrpius.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

entoure le cou et pend sur le bras gauche. A droite se trouve la gaine (vagina) ]) , et à gauche on distingue — semble-t-il — le poignard (pugio). Dans la main gauche, le dieu tient un faisceau d'éclairs et dans la main droite la «bipennis». A sa droite se trouve, sur une branche, un aigle, avec une couronne dans le bec, symbole at tr ibué quel-

Fig. 18. Fragments de bas-reliefs de Sarmizegetusa

quefois à Jupi ter Dolichenus (v. Roscher, Ausf. Lex. d. gr.-rôm. Mith. au mo t : Doli­chenus, col. 1193).

Cette pièce constitue le second exemple — connu à Sarmizegetusa — de bas-relief représentant Jupi ter Dolichenus (Téglâs G. supposait que le temple Dolichenum se trouvait dans l'angle S-0 du camp, où il a trouvé une sculpture qui lui permet de soutenir cette hypothèse).

Un seul autel I. 0. M. D(olicheno) = C. I. L., 1431, provenant de Sarmizegetusa, nous est connu. Téglâs G. indique un autel trouvé à Micia (Klio, X , p . 498, no. 6). Nous trouvons des restes épigraphiques beaucoup plus nombreux concernant le culte de I. D . à Apulum (C. I . L., I I I , 1301a, 1301b, 1302, 7832, 7834, 7835. Voir aussi Kirâly P. , A sarmiz. Mithraeum, p . 68).

') Pour le vêtement du dieu cfr. S. Rcinach: p. 92, no. 2. Jup. Dolichenus de Wiesbaden Rép. de la Statuaire Grecque et Rom., II (1912)' (Allemagne).

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c. DAiœvrci

12. Plaque en marbre (10 cm X 9,50), brisée au milieu; bas-relief, encadré, repré­sentant un homme nu (Hercules?; voir Mendel, Cat. des S e , no. 859). Travail très médiocre. (Fig. no. 18 au premier rang no. i ) .

13. Tête de femme, les cheveux partagés par une raie, au milieu. Sur les cheveux, ondulés et colés aux tempes, des restes de la main droite. Hauteur 12,50, largeur (en haut) 9,50 cm. Marbre blanc. (Fig. no. 18 au dessous du no. 2).

14. Plaque en marbre (fragment) avec cadre ; bas-relief représentant une tète de femme (?). Hauteur du fragment: 9 c m ; largeur 12 cm. (Fig. no. 18 au premier rang no. 3).

15. Deux fragments de plaques de marbre, avec ornements végétaux: a) hauteur 10 cm, largeur 11 cm. b) hauteur 8 cm, largeur 20 cm. Au milieu, un mufle de tau­reau (?). (Fig. no. 18 au premier rang no. 4 — 5).

16. M. I. Litsek possède encore plusieurs «lucernae» en terre, bien conservées: L'une d'elle (longueur 9,50 cm, largeur maxima 6,50 cm), porte le nom du fabri-

Fig. 19 a. Fragment de monument funéraire. Fig. 19 b. Le même comme dans la fig. 19.

cant : STROBILI , trouvé aussi sur d 'autres «lucernae» de Dacie 1 ) ; à Sarmizegetusa, nous rencontrons ce nom maintenant pour la première fois.

Un autre fragment de lampe porte le nom du fabricant LYPATI , déjà connu à Sarmizegetusa (C. I. L., I I I , 8076, 23).

Dans la même collection se t rouvent encore plusieurs fragments de verre (9), de terre cuite (8) et d'os (2).

17. Le fragment reproduit dans la figure no. 19 a et b, se trouve dans la cour d'Adam Zgârcea (maison no. 9). C'est — probablement — un fragment d 'un monument funéraire; nous le supposons à cause de la présence des lions et de la tête de bélier (Ammon) bien visibles sur un des côtés, et aussi parce que ce fragment a été trouvé à l 'Est du village, sur un terrain où des sarcophages, des monuments funéraires et des lions ont déjà été t rouvés. Le travail dénote un goût décadent, un ar t plus récent , surchargé avec une ornementation végétale (palmettes). Marbre de Bucova. Dimensions: 81 X81 X42,50. Pour des analogies, voir A. Buday, Dolgozatok-Travaux, VI I (1916), p . 43 et suivantes.

18. Deux lions (funéraires) se t rouvent des deux côtés de l 'entrée de la cour de l 'ancienne maison de la paroisse (fig. no. 20 a et b). Les deux lions sont couchés, cha­cune des pat tes de devant sur un tronçon de semi-colonne. Il semble que derrière chaque lion se trouvait une colonne, aujourd'hui disparue. La pierre employée était

l) C. I. L., III, 1634, 9; 8076, 29.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

le calcaire. Un des lions (a), long de 116 cm, large de 80 cm, haut de 85 cm, tient sous sa pa t te gauche une tête d'animal (taureau ou bélier), et regarde vers la gauche; l 'autre, (b), long de 115 cm, large de 65 cm, haut de 85 cm, semble avoir aussi tenu sous sa pa t te une tê te , aujour­d'hui méconnaissable. Le lion regarde vers la droite. Miinsterberg et Oehler les mentionnent dans : «Jah-resh. d. Oest. Arch. Inst.», 1902 (V), col. 133.

19. Lion funéraire, de pierre calcaire, trouvé dans la cour de M-me Tornya (fig. no. 21). Longueur 143 cm, hauteur 87 cm. Sous la pa t te gauche se trouve une tête de bélier ; (âne ?) ; le regard du lion est dirigé vers la gauche. (V. Miin­sterberg et Oehler, l. c ) . *** 20 a- L i o n fun«a i re-

20. Lion funéraire en marbre, couché sur une plaque de marbre, tient sous sa pa t te gauche de devant une tête de bélier. Le regard est dirigé vers la gauche (fig. no. 22). Lon­

gueur 71 cm, hauteur 52, largeur 36 cm. Reproduit chez Mûnsterberg et Oeh­ler, /. c. Mentionné aussi par J ânô B. (Arch. Ért., 1912 ( X X X I I ) , p . 52). Se trouve dans la cour de M. Litsek1) .

21 . Banc en grès, provenant sûrement de l ' amphi théât re ; se trou­ve dans la cour de M. Litsek. Longueur 145 cm, hauteur 42 X 30 cm. Sur le dossier un peut dé-

Fig. 20 b. Lion funéraire. chiffrer Un S.

' ) Voir — en ce qui concerne les lions funéraires de la Dacie— excepté Miinsterberg et Oehlcr (revue citée), Gr. Tocilescu: Mon. Epigr.şi Sculpt.,le cha­pitre concernant les monuments funéraires. A. Bu-day: Dolgozatok-Travaux, VII , (1916), pg. 52 sqq. Comparer aussi AEM, XVII . 24 sq.; G. Murnu :Mo-numente de piatră din Col. de Antich. a Muz. din Adam-clissi, («Buletinul Com. Mon. 1st.», Bucuresti,

1913, VI, fasc. 23, pp. 97 - 1 2 2 , passim) ; pour No­ricum et Pannonia Schober, Die rôm. Grabsteine von Noricum und Pannonien, Wien 1923, passim et spécialment p. 213. Cp. aussi AEM, 1,160, IV, 116, VII , 178, X, 213. X I I I , 24, 29, XV, 59, XVI, 201.

Je rappelle ici que deux autres monuments funéraires (provenant, probablement, de Sarmi-zegetusa) se trouvent dans la cour de la caserne

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Fig. 21. Lion funéraire.

22. Fragment d'un banc de pierre calcaire, qui se trouve devant la porte de M-me Tornya. Longuer 37 cm. On n 'y voit aucune trace de l'inscription — dont parlent Miin-sterberg et Oehler, o. c, col. 134 («=• C. I. L., I I I , 1526). Il est, peut-être, question

d'un autre banc. 23. Autel, de marbre, se trou­

vant dans la cour de Ignatz lïeron et employé comme pilier du bal­con. J e n'ai pu distinguer aucune inscription sur les côtés qui sont restés visibles. Longueur (à la base) 42 cm. Hauteur 80 cm. Largeur 48 cm.

24. Sous le premier, on distin­gue, enfoui dans la terre, la partie supérieure d 'un autre autel, tou­jours en marbre, de plus grandes dimensions : longueur 65 cm (je n'ai pas pu mesurer les autres côtés).

25. Autel en marbre, se t rouvant dans le jardin de M-me Tornya, à demi enfoui en te r re ; aucune trace d'inscription. Longueur 29 cm, largeur 22 cm, hauteur de la partie qui dépasse le sol: 38 cm.

26. Chapiteau, de calcaire gris ; se trouve au musée local (fig. 23, no. 2) ; le diamètre du fût mesurant 29 cm est séparé de l'«cchinus» (hauteur de 6 cm) — orné d'oves entre lesquels se t rouvent des pe­tites pointes de flèches — par une série d'astragales sur lesquels, en­fin, est posé l'«abacus» (tailloir) ; hauteur 7 cm.

27. Chapiteau de marbre ; se trouve au musée local. Le diamè-

, r^ nr. T , , Fig. 22. Lion funéraire. t re du l u t : 20 cm. La hauteur de l'«abacus» est de 6 c m ; l'«echinus» avec les oves, séparés par des lignes verticales, est de 5 cm. Ent re le fût et l'«echinus» se trouve une bande de 6 cm de haut . des gendarmes à Haţeg: un lion, pareil à celui décrit au no. 20 (de dimensions: longueur 71 cm, hauteur 50 cm) et un fragment de monument funéraire formé par deux lions placés en direc­tions opposées, une tête d'Ammon se trouvant entre eux. (Longueur 110 cm, hauteur 44 cm). Ce groupe formait certainement la partie inférieure du monument. Les deux pièces sont de marbre. Les cornes du bélier sont parfaitment visibles. Pour l'identifier avec Aminon, nous n'avons pas

le même doute que Conzc (Horn. Bildwvrke I I , p . 9, n. 2). Conze (l. c.) et Schober (Die Horn. Grabsteine von Noricum und Pannonien, Sonder-schrift d. Ost. Arch. Inst. Wicn, B. X , 1923, p . 213) sont d'accord pour mettre les lions funéraires en rapport avec le culte de Cybèle, ce qui auto­rise ce dernier (o. c. p . 214) à supposer qu'il ne s'agit pas d'Ammon, mais de ce génie des eaux (Wasserdamon) qui bien souvent, dans les bas-reliefs d'Asie Mineure, est représenté auprès de Cybèle.

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FOUILLES FT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

28. B ase de colonne en grès, se t rouvant au musée local (planche 23, 1). Le dia­mètre du fût est de 23 cm. La hauteur du «plinthus» est de 4 cm. Du «plinthus» au fût 7,50 cm.

29. Chapiteau «corinthien», en marbre, trouvé dans la cour de M. I. Litsek (fig. 15

Fig. 23. Base tic colonne et chapiteau.

no. 2). Le diamètre du fût : 40 cm. L'«echinus» a 25 cm de haut . L'«abacus» a 4,5 cm de haut . 30. Chapiteau, dorique, de pierre calcaire; trouvé au même endroit (fig. 15

no. 3). Le diamètre du fût: 47 cm. Ent re le fût: l'«abacus» et 9 + 5 + 4 cm. L'«abacus» a 11 cm de hauteur .

31. Base d'une colonne de marbre, trouvée au môme endroit (fig. 15 no. 4). Les dimensions sont: largeur, à la base: 45X47 cm. Hauteur , de bas en h a u t : 8 + 6 + 8 + 4 + 6,50 cm.

32. Meule à main, de marbre ; au même en­droi t ; d iamètre: 34 cm (fig. no. 24).

33. Chapiteau «Hathor», en marbre (fig. no. 24), reproduit par Munsterberg et Oehler («Jah-reshefte d. est. Arch. Inst.», V, 1902 col. 133) est conservé au même endroit. Dimensions: diamètre 43 cm, «echinus» 36,5 cm, «abacus» 7,5 cm de haut . Sur le chapiteau, est représentée une tête d'Am-mon. (V. aussi Studniczka, Arch. -ep. Mitt., V I I I , p . 39).

34. Base de colonne, de marbre (fig. no. 24). Au même endroit. Les dimen­sions sont : «plinthus» 75X75 c m ; en hauteur 8 + 5,50 + 4,5 + 6 cm.

35. Pet i t chapiteau «corinthien», en grès; se t rouve au même endroit (fig. 22). Le diamètre du fût: 23 cm. «echinus» 23,5; «abacus» 4 cm.

36. Couvercle de sarcophage, de pierre calcaire (190X0.84 m), se t rouve dans la cour de la poste.

Fig. 24. Moulin, chapiteau et base de colonne.

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C. DAICOVICI

37. Peti t sarcophage (?) de pierre calcaire sans couvercle; trouvé au même endroit. Longueur 100 cm, hauteur 46 cm, largeur 47 cm. La profondeur du creux (l'intérieur

____________ du sarcophage) est de 21 cm [Jânô B. (Arch. Ért., 1912 ( X X X I I ) , p . 272 — 3) mentionne encore un autre sar­cophage de plus grandes dimensions].

38. Fû t de colonne brisée en deux. Se trouve dans le jardin de Bălan Oproni, la maison no. 117. Longueur 1,35 m ; diamètre 20 cm.

39. Base de colonne de marbre, se t rouvant dans la cour de Zgârcea Dum. Mihăesc, la maison no. 153. Longueur du «plinthus»: 65 cm largeur 65 m.

40. Chapiteau de marbre ; se trouve dans la cour de Moisoni Atanase (Groza Ion). Le diamètre du fût: 36 cm. L'«echinus» (avec oves et astragales) : 27 cm hauteur . Les oves sont séparés par des pointes de flè­ches. «Abacus»: 8 cm de haut .

Fig. 25. Chapiteau.

41 . Chapiteau «corinthi­en» de marbre. Se trouve dans la cour de l 'archi-prêtre gréco-catholique R. Raca (fig. no. 25). Le diamètre du fût 38 cm, «echinus» 23,5 cm «abacus» 6,5 cm.

42. Chapiteau «corinthi­en» composite, en marbre. Se trouve dans le jardin de l'archi-prêtre R. Raca (fig. no. 26). Le diamètre du fût: 37,5 cm, «echinus» 32,5, «abacus» (détérioré) 3 cm.

Fig. 26. Chapiteau.

BIBLIOGRAPHIE Pour la bibliographie plus ancienne, concernant Sarmizegetusa, j ' indique:

NEIGEBAUR, I. F . : Dacien. Braşov 1851, pp. 301 —310: «Literatur iiber die kl. Altcrthùmer Daciens». PAULY'S: Real-Encyclopădie (ancienne série). Stuttgart 1852, vol. VI, 1, pp. 780 — 781. C. I. L. I I I et tout spécialement: TORMA C. : Repertorium ad Literaturam Daciae Archaeologicam et Epigraphicam (Budapest 1880), qui

comprend toute la bibliographie concernant cette question, jusqu'en 1880 *).

*) En dehors de divers dictionnaires spéciaux (Pauly-Wissowa, R. E. (nouvelle série), Lùbker's Reallexikon, Petz V.: Okori Lexikon, etc.) il est très utile de consulter le Repertoriul Arheologic pcntru Ardeal de M. I. Marţian, ( Bistriţa 1920) et la bibliographie qui se trouve dans Magyarorszâg Miiemlékei, rédigé par le Bar.

Forstcr Gyula, vol. I I : «A mùcmlékek jegyzéke es irodalma» (Budapest, 1906), établie par le Dr. P. Gerecze, col. 4 1 0 — 4 1 1 . On indique aussi ici les rapports de Téglâs, Kirâly, etc. qui se trouvent en manuscrit, aux Archives de la Commission des Monum. historiques de Budapest.

Les notices de Neigebaur sur la Grădiştea

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

Les ouvrages cités plus bas sont, par conséquent, ceux parus — à ma connaissance — après 1880. Je tiens cependant a ajouter au Répertoire bibliographique de Torma, quelques publications an­térieures à l'année 1880 et qui ne sont pas citées par lui. ALVÀRY: Uti levelek dans «Mult es Jelen» (journal). Cluj 1846, pg. 112 sqq. GHICA, L : Dacia Vechiâ dans la «Rev. Română», Bucureşti I (1861), pp. 417 — 418.

' «MAGYAR KURIR» (journal), Vienne 1823, I I , 28: «Mozaik Pâdimentom omit Ulpia Trajâna omla-dékain talâltak».

MIKO ÀDÀM: Uti naplâ Erdély délnyugati részébbl, 1860. (Le manuscrit se trouve aux Archives du «Musée transsylvain», à Cluj). Tab. 23 — 24.

MOLDOVAN, ST.: Annotafiuni despre ţeara Haţegului, dans «Foaia pentru minte, inimă şi literatură». Rraşov 1853, no. 34 — 42.

RIRLIOGRAPIIIE CONCERNANT SARMIZEGETUSA. APRÈS 1880. Antichităfilc Romane din comitatul de Hunyadîn regatul Ungariei. Dcva 1902.

ANDRONESCU, V. P.: Organizaţia comunclor si provincici Dacia Traiană. Constanta 1905. I ANTONESCU, TEOHARI: Cetatea Sarmizegetusa reconstituită. Iaşi 1906. ' BARIŢIU, G.: Raport... («Analele Acad. Rom.», 1882-1883, S. I I , v. V. Il-e Section, pp. 221-230) . / BOGDAN, I. L : Istoria Coloniei Sarmizegetusa, (I-er partie; avec un appendice). Iaşi 1885. / BURADA, T. T.: Impresiuni din Valea Hafegului, («Convorbiri Literare» XV, 1881-1882, pp. 7 0 - 7 3 ) .

CICHORIUS, C : Die Reliefs dcr Traianssàule. Berlin. Textband II , (1896) et I I I (1900); Tafelband I (1896) et II (1900).

CUMONT, F.: Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, I — II. Bruxelles 1896- 1899-DOMASZEWSKI, A.: Zur Geschichte dcr rôm. Provinzialverwaltung: IV Dacia («Rhein. Museum fur

Phil.» S. N., 48 (1893), pp. 241 — 242). DREXLER, W. Dcr Cultus der ăgypt. Gottheiten in den Donaulandcrn, Leipzig 1890.

— Das Attentat der Konsulare auf Hadrian im Jahre 118 n. Chr. Leipzig 1908. [«Klio», Beiheft 8]. FILOW, B. : Die Legionen der Provinz Moesia von Augustus bis auf Diokletian. Leipzig 1906 [Klio,

Beiheft 6]. FISCHER, L. H.: Historischc Landschaften aus Oesterrcich-Ungarn. Wien 1880 — 1884. Lieferung 6

(mit Text von Domaszewski: Sarmizegetusa, die Stàtten der dakischen Kriegé). GARRONI, A: Studi di Antichità. Roma 1918.

/ GERMAN, Z. dr.: Sarmizegetusa (Ulpia Traiana) Capitala Daciei. Trecutul si Prezentul ei. Extrait de r«Anuariul Şcolii Superioare de Comerţ din Haţeg», 1924 — 1925. Haţeg 1925.

GRECIANU, ŞT. D. : Delà Bucureţci la Sarmizegetusa. O excursiune istorică în Ardeal. Bucurcşci 1903. JUNG, I.: Die Romanischcn Landschaften des Rômischen Reiches. Innsbruck 1881.

— Fasten der Provinz Dacien. Innsbruck 1894. — Roemer und Romancn in den Donaulandcrn. Innsbruck 1887. — Zur Geschichte dcr Passe Siebenburgens. Innsbruck 1892. [Une traduction roumaine se trouve

dans «Conv. lit.», XXVII I , 1895]. KIRÂLY (KONIG), P . : A sarmizegetusai Mithraeum. [«Arch. Kôzlemények» XV]. Budapest 1886.

— A sarmizegetusai Mithraeum, («Az orszâgos régészeti es embertani târsulat évkonyve», Buda­pest 1879 — 1885, pp. 152 — 158).

— Dacia Provincia Augusti. Nagybecskerek 1893, vol. I — IL — Gyulafehérvâr torténete: I: Apulum. Alba-Iulia 1892. — Ulpia Traiana Augusta Colonia Dacica Sarmizegetusa Metropolis. Budapest 1891.

MAIONICA, M.: Il Mitreo transsilvano, («Giornale délia Soc. Asiatica Italiana», t. I (1887), pp. 3 3 - 4 0 ) . PÀRVAN, V.: Şti ri noua din Dacia Malvensis («Analele Acad. Rom.», Il-e Série, torn. XXXVI . Mé­

moires de la Section Historique). Bucureşti 1913.

Muncelului et la Grădiştea delà vallée du Haţeg du «Musée transsylvain» de Cluj, mais dans le [ = Sarmizegetusa] ne se trouvent pas dans les Cartofilacium, tom. XVIII , du même, ibidem. «Miscellanea» tom. IX, A. du comte I. Kemény

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C. DAICOVICI

PATSCH, C.: Arch. Epigr. Uniersuchungen SUT Geschichtc der rom. Provins Dalmatien III, («Wisscn-schnftliche Mitlcilungen aus Bosnien nnd Hcrzcgowina», VI, p. 262 sqq.: Dalmatien und Dacien).

PETERSEN, E.: Trajan» Dakische. Kriege. Leipzig 1899, II, Exkurs: Sarmizegetusa. PREMERSTEIN, A.: Die Dreiteilung der Provins Dacia, («Wiener Eranos». Wicn 1909, pp. 256-269) . SZÂDECZKY LAJOS dr.: Grof Bethlen Lajos Ônéletleirâsa. Kolozsvâr (Cluj), p. 45. (Extrait du journal

«Ujsâg», Janvier 1908). TÉGLÀS G.: Hunyadmegyei Kalauz. Kolozsvâr (Cluj) 1902.

■— Hunyadmegye tôrtênete I. Budapest 1902. TOCILESCU, GR. G.: Monumentele Epigrafice si Sculpturali ale Muzeului National de Antichităfi

din Bucureşci. Bucureşti 1902. ZINTZ, F.: Die rômischc Colonie Sarmisegetusa dargestellt von oo («Programrn des ev. Gymnasiums

A. B. zu Mediasch»... 1879 — 1880. Mediasch. 1880.

P É R I O D I Q U E S :

A Hunyadmegyei Tôrténelmi es Régésseti Târsulat Êvkônyve. (Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie du district Ilunedoara). Budapest-Deva; Années I ( 1 8 8 0 - 1 8 8 1 ) — X X I I (1912 — 1913), passim: études et articles signés par G. Téglâs, P. Kirâly (Konig), G. Szinte, G. Kuun, E. Ballun, e t c . . ainsi que des extraits des procès-verbaux de la So­ciété).

Archaeologischer Anseiger (Beiblatt zum Jahrbuch des Arch. Inst.), Berlin. Années 1912, 1913 et 1925. Arch.-epigr. Mitteilungen aus Oesterreich. Wien. Années: 4 (1880), 6 (1882), 7 (1883), 8 (1884), 9

(1885), 11 (1887), 13 (1890), 14 (1891), 16 (1893), 17 (1894). Archaeologiai Êrtesitô. Budapest. Années: (Ancienne série): 14 (1880). (Nouvelle série): 3 (1883), 4

(1884), 5 (1885), 6 (1886), 7 (1887), 8 (1888), 9 (1889), 11 (1891), 12 (1892), 13 (1893), 14 (1894), 15 (1895), 16 (1896), 17 (1897), 18 (1898), 19 (1899), 23 (1903), 25 (1905), 26 (1906), 27 (1907), 28 (1908), 31 (1911), 32 (1912), 34 (1914).

Archiv des Vereines fiir Siebenb. Landeskunde. Hermannstadt (Sibiu). Nouvelle série Années: 16 (1880), 18 (1883).

Dolgosatok-Travaux. Kolozsvâr. (Cluj). Années 4 (1913), 7 (1916). Erdélyi Muzeum. Kolozsvâr (Cluj). (Finâly H.). Année 8 (1881). Erdélyi Museum [jusqu'à 1892: Az Erdélyi muzeum Egylet Kiadvânyai]. Kolozsvâr (Cluj), (Hege-

dûs — Szinnyei — Szâdeczki). Années 5 (1888), 6 (1889), 7 (1890), 19 (1902). Hermannstădter Zeitung. (Hermannstadt-Sibiu). Année 1881, juin 4. Jahreshefte d. Oest. Arch. Inst. in Wien. Wicn. Années 3 (1900), Beiblatt, 5 (1902), Beiblatt. Klio. Années 10 (1901), 11 (1911). Korrespondenzblatt des Vereines fiir Siebenb. Landeskunde. Hermannstadt (Sibiu). Années 5 (1882),

6 (1883). Museumi es Kônyvtâri Êrtesitô. Budapest. Année 4 (1910). Revista pentru Istorie, Archéologie şi Filologie. IV-e année (1902), vol. VIII, p. 279. Revue de Vhist. des relig., XVII (1888), p. 219 sqq. Revue Archéologique. Paris. Années 1903, 1908, 1911, 1912, 1913, 1914. Revue Internationale, 1887, t. XIV, pp. 563 — 583, 757 — 783. («Le Mithraeum de Sarmizegetusa»). Ssâsadok. Budapest. Années 22 (1888), 32 (1898): Compte-rendus. Tôrténelmi es Régésseti Êrtesitô. [Miletz I.]. Temesvâr (Timişoara), 1880. Vasărnapi Ujsâg: Budapest 1913, no. 44, p. 874).

CONSTANTIN DAICOVICI

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L É G E N D E D U P L A N .

I Temple syriaque (Malagbel I). I I Mithraeum.

I I I Dolichenum. IV Temple de Bel-Hammon. V Cimetière.

VI Temple de «Caelestis Virgo» (?). VII Mosaïque, (1823).

VIII Bâtisse particulière. IX Pièce avec «hypocauste».

X Chambre. XI Amphithéâtre.

X I I Temple de Dis Pater. X I I I Temple de «Némésis». XIV Temple d'Esculape et d'Hygie.

XV Temple de Malagbel IL XVI Cimetière.

XVII Villa suburbana.

le mur du camp (supposé). la prétendue «route de Trajan». la route romaine secondaire, encore incertaine.

XVIII Les thermes. X I X Petite bâtisse. X X Bâtisse.

X X I Chambre. X X I I Aedes Augustalium.

X X I I I Bâtisse. XXIV Traces d'«hypocauste». XXV Mosaïque (1924).

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LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE l»OIANA SELEI, PRÈS DE SARMIZEGETUSA

Les ruines de Poiana Selei (la clairière de Sclea), situées au N-V de Sarmizegetusa sont con­nues depuis longtemps par les archéologues roumains et hongrois qui leur accordent même une certaine importance. Malgré cela, on n 'avai t pas encore entrepris des fouilles archéologiques à cet endroit. Nous nous sommes proposé de le faire pour voir si l ' importance accordée à ces ruines était justifiée et pour compléter les fouilles entreprises dernièrement à l 'intérieur de Sarmizegetusa et des citadelles de Grădiştea-Muncel.

La clairière de Selea se trouve à 3 5 — 4 0 minutes de marche du village de Grădişte (Sar­mizegetusa) ; le chemin qui y conduit passe entre deux collines à l'aspect de forteresses. Dans la partie S-0 de la clairière se trouve une grange (v. t ab . 1). En allant de cette grange vers le N-E on observe un tas de pierre (a-b) en forme de muraille, longue de 20 m et épaisse de 1,30 — 1,50 m. Ce tas de pierre a été signalé à M. le professeur D. M. Teodorescu par M. Iosif Mallâsz, di­recteur de musée de Deva; ce dernier croit qu'il s'agit des restes d 'un «mur cyclopéen dacique».

Pour pouvoir connaître la construction de ce mur, ou a creusé d'abord sur ses deux côtés E (tab. 1, le côté a) deux fossés parallèles, longs de 2.20 m et profonds de 1,50 m. E n les unis­sant ensuite par une tranchée, on a constaté que «le mur» était formé par la juxtaposit ion de simples pierres de rivière, un peu moins grandes qu 'un pain et rangées sur le sol. Audessous d'elles, à la profondeur de 0,50 — 1 m, il y avait des tuiles romaines, enfouies dans la terre.

La partie orientale du tas de pierre se perd dans un buisson touffu; l 'extrémité occiden­tale, située à 12 mètres de la tranchée, touche à un petit monticule semicirculaire de 15 m. de diamètre dont l 'extrémité orientale est un peu accentuée. E t a n t donné que des débris de tuiles romaines et des morceaux de briques jonchaient la surface de ce monticule, il a fallu le fouiller également. A ce but j ' a i fait creuser une première tranchée (b-c) près de l 'extré­mité du tas de pierre, en marge de la colline, et ensuite une seconde, à travers le monti­cule (e-d).

E n creusant cette seconde tranchée, située à 1,70 m de la première, on a mis au jour un autre tas de pierre, en forme de muraille, épaisse de 1,10 m, profonde de 70 cm. Bâtie égale­ment en pierres de rivière, de la même grandeur que celles du mur précédent et reliées avec de la terre eu guise de mortier, cette muraille se dirige vers le S-E jusqu 'au tas de pierre a-b, formant une couche épaisse de 30 — 40 cm. Vers la N-O, elle va s'amincissant peu-à-peu et finit par une seule rangée de pierres qui se confond avec la couche du sous-sol. La même couche, épaisse de 30 — 40 cm, est constatée aussi vers l 'E et, très sporadiquement, vers l 'O. Des frag­ments de tuiles romaines, des débris de briques ont été trouvés non seulement des deux côtés du mur jusqu 'à la profondeur de 25 — 30 cm, mais aussi à son intérieur, spécialement à l 'extrémité

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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI

sud de la tranchée occidentale. A l'est du mur, jusqu 'à une profondeur de 30 — 40 cm, on a découvert en plusieurs endroits des debris de tuiles et des restes de charbons ; dans deux endroits (marqués d'une croix forte sur la fig. 1), à la profondeur de 63—60 cm, le tas de pierre passait audcssus d 'un vase celtique fragmentaire et de 3 — 4 fragments de vases gréco-romains.

Fig. 1. Plan de situation de» fouilles de Poiana Selei.

Les surfaces des fragments, excepté les brisures récentes, sont émoussées comme si elles avaient été longtemps lavées par une eau courante.

Le vase celtique este tellement bien conservé qu'on pourrait le compléter très facilement. Pétr i d'une argile très fine, il a les dimensions suivantes: hau teur : 11,5 cm, diamètre original à la base 16 cm, aux bords 44 cm. La partie conservée ne posède aucun ornement.

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ALEXANDRA FEHKNCZI

Les fragments de vases gréco-romains ont permis de reconstituer deux anses, provenant de deux vases différents; ils prouvent également l 'existance d"uu troisième vase, en argile, qu 'on a pu reconstituer en partie, et même d'un quatrième.

Le vase gréco-romain, reconstitué en partie (fig. 2, No. 3) est de forme large et basse. L'épaisseur de la paroi: 1 c m ; la hauteur du vase: 8 c m ; le diamètre de l 'ouverture initiale: 29 c m ; celui de la base: 7,5 cm. Sans décor. La couleur est d 'un rouge vif. La cuisson, impar­faite, est partiellement détruite.

Fig. 2. Vases La Tène et daoo-romains trouvés à Selea

Aux deux extrémités du mur, il nous semble distinguer quelques remplissages en terre, s 'appuyant au mur et consti tuant la muraille de la tour de garde, en forme de carré, qui au­rait renfermé presque la moitié de la clairière. On ne peut pas pour tant affirmer avec certi­tude l'existence de cette tour : c'est que les traces de sa continuité ne se distinguent pas d'une manière précise et claire. Devant le remplissage du nord et parallèlement à celui-ci, on a trouvé un autre remplissage, également sans continuité. Sa section transversale est pareille à celle du premier. Eu coupant ce remplissage transversalement, à un point donné du côté N, on a trouvé une hauteur approximative de 0,50 m et une largeur de 1 m.

Les deux collines à l 'aspect de petites forteresses ont été fouillées en présence de M. h; di­recteur V. P â r v a n ; on n 'y a trouvé aucun vestige de site humain. Les recherches faites aux extrémités de la clairière n 'ont pas donné, non plus, des résultats précis et des restes carac­téristiques concernant les habi tants de l 'antiquité.

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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI

Sur le côté S de la clairière, au S-E de la grange, on a fouillé le second groupe de monu­ments . A cet endroit, gisaient toutes sortes de blocs de pierre, les uns à la surface du sol, les autres dans les décombres, formant une vrai carrière. D'après les dires d 'un ouvrier (Vasile Ar-mion) qui avait travaillé ici comme adolescent, la grange serait bâtie avec des pierres ôtées de cette carrière. Par ses conseils, on a découvert une paroi que nous désignerons sous le nom d'«opus incertum». On y a déterré également les murs d'une bâtisse composée d'une seule pièce. Il n 'y a aucune trace qui nous fasse supposer que le mur aurait continué dans une di­rection quelconque; il mesure 75 cm d'épaisseur. Le crépi, entre les pierres, est à la chaux.

Fig. 3. Divers objets trouvés dans les fouilles de Selea

La paroi N, la mieux conservée, s'élève jusqu 'à une hauteur de 75 — 80 cm. Le reste de la mu­raille est plus bas, conformément au niveau du te r ra in ; la paroi S par exemple, n 'a qu 'une hau teur de 50 — 60 cm.

Les parois E et 0 sont presque détruites car ce sont elles qui ont fourni la pierre néces­saire à la construction de la grange. Nous n'avons pas pu excaver jusqu 'au fondement la paroi S, mais il est plus que certain qu'elle s'est écroulée sur son côté escarpé. Elle a été couverte d 'un enduit blanc sur sa face intérieure; l 'extérieur a subi la même opération. Les angles de l'édifice ont été très soigneusement bâtis. Aucune trace de porte.

A l'angle N-E du bât iment et dans la tranchée extérieure, on a trouvé quelques menus monuments sans importance, ne méri tant pas de mention spéciale.

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ALEXANDRU FERENCZI

Dans la tranchée intérieure, on a trouvé un fragment de miroir eu argent ( tab. 3, fig. 2), un morceau de «terra sigillata» et un clou en fer. La tranchée extérieure a mis au jour d'abord les fragments de 4—5 vases romains de couleur grise ou rougeâtre. Quelques fragments sont finement travaillés, par opposition au reste. On a trouvé ensuite deux clous en fer, des os, des dents, quelques morceaux de briques et un grand nombre de tuiles, dont une estampillée ( tab. 3, fig. 2).

L'estampille, qui se compose de trois let tres: PR.C. n'est pas complète. Connue d'assez longtemps (C. I . L. I I I 8075.15) elle n 'a pas encore été déchiffrée d'une manière satisfaisante, malgré les deux essais de St. Moldovan et Bâlint Kuzsinszky. Le premier copia ces trois lettres en 1853, d'après le pavement de l'église de Denşuş ; il les a complétées de la manière suivante: P(opulus) R(omanus) C(oloniae Sarmizegethusac) x). Le second mentionne plusieurs estampilles du musée de Deva et propose la lecture: pr(aedium) c(onsulare) 2) . La supposition de Kuzsinsky pourrait être valable, si elle n 'étai t pas contredite par des estampilles plus complexes: PRO.COS (C. I. L. I I I . 8075.15).

Entre la tranchée extérieure et la paroi N on a trouvé encore deux briques entières, dont une suscite l 'attention par sa forme distinguée. Elle a du servir, très probablement, à l'or­nementation d'une des parties de la construction 3) . Dans la tranchée intérieure de la paroi orientale, on a t rouvé: 1) une monnaie effacée, en bronze, da tan t de Marc Aurèle (l 'an 140; cf. Cohen 2, I I I , 25/238) ; le revers représente Honor, Pax ou bien Félicitas. 2) un morceau de brique, dont l 'intérieur conserve l 'empreinte de la Ynain de l 'ouvrier.

Sur les ruines de la paroi S on a trouve un dénarius en argent, de l 'an 98, du règne de Trajan (Cohen 2 I I , 48/295); le revers représente Victoria. Dans la partie S de la tranchée extérieure, qui longe la muraille S, on a trouvé encore un clou en fer, quelques morceaux de briques, des tuiles, des os et des fragments de vases de couleur grisc-rougeâtre.

En ce qui concerne le premier groupe de monuments , on ne peut pas admet t re l'opinion de M. Mallasz d'après laquelle le tas de pierre a-b serait les restes d 'une citadelle cyclopéenne dacique. En effet:

a) A cet endroit, c'est-à-dire au centre et non pas à l 'extrémité de la terrasse, le mur d 'une cité n 'avai t aucune raison d'exister.

b) Nous avons trouvé sous le tas de pierre des tuiles romaines qui sont ultérieures à la ci­vilisation dacique.

c) On ne peut pas a t t r ibuer à ce lieu une si grande importance, rien que sur le témoig­nage de ce tas de pierre.

Nous sommes plutôt d'avis que la clairière était partagée en deux et que les deux co­propriétaires ont je té les pierres qui empêchaient le fauchage sur le limite mitoyenne.

Quant au remplissage de terre qui s'appuie sur le tas de pierre a-b on ne peut pas, non plus, lui at tr ibuer une importance stratégique quelconque, pareequ'il ne représente que la limite d'une clairière de l 'ancienne forêt de chênes. Ces deux explications se fondent sur des faits assez fréquents et qu 'on observe souvent de nos jours même.

1) Foaia pentru minte, inimă ţi literatură, an. XVI (1853), p. 273.

2) Archeologiai ÊrtesUo, an. VIII (1888), p. 242. 3) Notre croquis n'est pas tout à fait exact; en effet,

il ne montre pas la partie supérieure où se trouve X qui unit les deux angles du carré, mais la partie infé­rieure qui n'a pas d'ornement.

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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI

Le tas de pierre f-g, mis au jour par nos fouilles et qui, par conséquent, n 'a pas été men­tionné jusqu'ici dans les ouvrages scientifiques, pourrait être un m u r ; les pierres trouvées au-dessous peuvent s'expliquer par un écroulement. En ce qui concerne l 'époque du bât iment , on ne peut rien affirmer. Il paraît toutefois que nous ne sommes pas en présence des ruines de quelque monument antique intéressant, mais de celles d'une grange quelconque, hâtie beaucoup plus tard.

Les fragments des vases gréco-romains présentent par contre, un grand intérêt . Malheu­reusement, ils ne constituent qu 'un témoignage isolé, ne pouvant pas être rat tachés à un site quelconque. Il est possible qu 'on les ait jetés ici au cours d 'un voyage, comme objets inut i les; il n'est pas exclus non plus qu 'une pluie torentielle les ait apportés d 'un site placé plus hau t et inconnu jusqu 'à présent. E n faveur de cette dernière hypothèse, on peut invoquer le fait que les surfaces des fragments sont très usées, ce qui s'expliquerait par l 'action de l 'eau. Quelque soit l 'explication, l ' importance de ces fragments de vases reste considérable: ils constituent des témoignages positifs et incontestables des différents courants de civili­sation venues de toutes les directions et fondant ensemble en Transylvanie J) ; ils nous dé­montrent également la prépondérance des vallées de J iu et Streiu, moyennant la péné­trat ion de la culture du S vers le N. Enfin, ils nous font voir l ' importance de la vallée du Timiş et par conséquent celle du défilé de Porţile de Fier en ce qui concerne la dispersion de la civilisation occidentale vers le S-E. La l i t térature de spécialité supposait à peine un é ta t de choses pareil.

Nous avons déjà parlé de l'édifice situé au S-E de la grange et nommé par nous «opus incertum». Il faut ajouter qu'on en fait mention dans les ouvrages de spécialité.

St. Moldovan, le vicaire gréco-catholique de Haţeg, a été le premier à mentionner 2) que : «sur le coteau de O-N, à la marge supérieure de la forêt «Selea», sur une paene-plaine élevée se t rouvent les ruines de la citadelle de Cornavelea, existent encore les ruines d'une forteresse de dimensions semblables à celles de Hubiţa». La longueur de cette citadelle, d'après le même, serait de 170 pas (127 m), la largeur de 40 pas (30 m).

Après Moldovan, c'est Teohari Antonescu qui en fait également mention. Demandant au canonique de Lugoj, Nicolae Munteanu, des informations sur les ruines de Lugoj, il en a reçu les informations suivantes, qu'il pubb!e dans son livre 3) : «Vers le N - 0 de Sarmizegetusa, sur la cime de la colline aujourd'hui nommée Selea, fouillée par moi minutieusement, il y a les traces de quelques quatre caves anciennes. Les murs de celles-ci sont de la même grosseur que ceux de l 'intérieur de la cité (de Sarmizegetusa), tous é tant contemporains. La superficie de l 'une de ces caves est de 12 —. 15 m2 . A 20 m des caves — distance indiquée par le proprié­taire du terrain — on voit les ruines d'une maison. Cette maison avait approximativement 10 m en longueur et 8 m en largeur. L'épaisseur des parois est, approximativement, 80 cm: la construction paraît avoir été solide.

A l 'endroit où se t rouvent ces bât iments entourés de toutes par ts par de petites collines, il y a une charmante clairière, traversée par le chemin qui conduit à Poieni. Près des caves et de la maison, on m'a montré l 'emplacement d'une fontaine, où, d'après la tradit ion popu­laire, ont été cachés les trésors de Décébal, transportés pendant soixante-dix jours , au moyen

' ) Dr. Martin Roska: Keltasirok es egyéb emlêkek Bal- pentru minte, inimă şi literatură, An. XVI (1853), p. 271. sdrol, — Dolgozatok-Travaux, an. VI (1915), p. 1 8 - 4 8 . 3) Cetatea Sarmizegetusa, reconstiluită, Iaşi 1906, p.

■') ( not it n n ni despre tara Hafegului dans Foaia 27-28.

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ALEXANDRU FERENCZI

de neuf chameaux. On dit que dans cet endroit môme, les Allemands ont fait des fouilles dont le résultat est inconnu.

Vu la position stratégique de ce point qui domine la vallée entière, jusqu'à Porţile de Fier, cette maison serait, d'après mon modeste avis, une vigilia. On m'a dit qu 'à Zâicani, au S-E de Selea, sur le faite de la colline lordănel, il y a eu une autre tour-vigilia. Considérant la hau­teur de cette colline, on observe qu'elle domine la région, par dessus Porţile de Fier, jusqu 'à Bouţare. Pour défendre Ulpia Trajana contre des a t taques imprévues, on annonçait de loin l 'ennemi, en allumant des feux aux sommets des collines; la garnison, prévenue de cette manière, pouvait préparer la défense».

En revenant à la description de Moldovan, il n'est pas sur qu'elle ait visé les ruines dont nous nous occupons ; elle concernait plutôt tout le terrain couvert de pierres. Même dans ce cas, les dimensions qu'elle fournit, ne sont pas exactes.

E n effet, en considérant tout le terrain couvert de pierres, il n 'y a que la largeur (30 m) qui correspond à la réalité. La longueur (50—60 m) n'est que la moitié de celle indiquée par Moldovan. Les dates de Moldovan sont pour tant importantes car elles nous font savoir que ces ruines étaient connues depuis longtemps par les habi tants qui les ont presque détruites en les utilisant comme matériel de construction.

La lettre de Muntean est de beaucoup plus intéressante. Les dates concernant notre édi­fice sont assez exactes: elles diffèrent peu de celles prises par nous-mêmes.

Malheureusement, on n'a pas pu trouver les quatres caves quoiqu'elles dussent être assez évidentes, vu qu 'une d'elles mesurait 12 x 15 m. Les travailleurs eux aussi les ont ignorées ou bien ont-ils hésité à les dévoiler à cause des trésors qui y seraient enfouis, ainsi que l'af­firme la légende. Quant à la fontaine qui se t rouvait au N de notre bât iment , entre l'édifice et la chaussée qui mène vers le village de Poieni, elle m'a été signalée par les travailleurs. Ils m'ont raconté même diverses histoires qui font mention de trésors. La légende s'est amplifiée depuis la lettre de Muntean: les Allemands cités plus haut auraient trouvé une couronne en or. Ils m'ont parlé encore de briques ayant 1 m 2, trouvées près de la fontaine ainsi que de crépissure rouge, près de l'édifice fouillé par nous ; nous n 'avons trouvé la moindre trace de toutes ces choses.

Dans la description de Muntean il y a pour tant une faute car il met les ruines sur «le faîte de la colline» ; en réalité, elles sont dans la clairière qui est située vers le S-E de la colline ; c'est ce que Antonescu remarque aussi dès la première ligne de la let tre de Muntean: «sous la cime de Selea, sur le versant de la colline qui se penche vers la plaine de Grădiştea».

Moldovan, Muntean et Antonescu considèrent notre bâtisse comme une «citadelle» ou «forteresse» c'est-à-dire une «vigiha». D'ailleurs il est assez vraisemblable que notre édifice corresponde à une tour de garde. On connait en Transylvanie bon nombre de ces tours en ruines. A Ilîşua, Carol Tonna *) en a fouillé plusieurs. Parmi ces bât iments , B et éventuellement I pourraient être des «castres» c'est-à-dire des camps fortifiés, tandis que les ruines de la bâtisse Z sont celles d'une tour de garde de la forme d 'un carré dont le côté mesure 11,37 m. Bâtie sur une position élevée, à 180 m de la chaussée, ses fondements ne contiennent pas de mor­tier à la chaux. Parmi les ruines on a recueilli beaucoup de tuiles. Gabriel Finaly a fait la

1 Erdélyi Mûzeum Egylet Êvkônyvei, an. III (1864), p. 203; Erdélyi Mûzcum Egyesiilct V (1912) deêsivàn-p. 12; Szolnokdoboka vdrmegye monografiàja, vol. I, dorgyiilésênek emlêkkônyve, p. 14—15 .

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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SI I I I

description d'une tour de garde semblable d'Apahida *). Plus petite que la nôtre , les dimensions sont, à l 'extérieur: 6 ,66x5 ,93 m, a l ' intérieur: 5 ,30x4 ,57 m ; l'épaisseur de la paroi presque la même: 68 cm. Le même faciès archéologique: quelques morceaux de vase en argile plus ou moins fine, des lampes, des clous en fer, une monnaie en bronze de l 'époque de Hadrien (cf. Cohen 2 , I I , 369). Quoique des vestiges analogues nous fassent supposer que la bâtisse de la clairière était une tour, nous ne sommes pas pourtant de cet avis. En effet, les tours sont des bâtiments militaires; or, l 'inscription de la brique trouvée ici est d 'un caractère privé et non pas militaire. Quant aux restes des autres objets — le fragment de miroir y compris — ils pourraient très bien appartenir aussi à une habitat ion civile quelconque. Même si l 'on admet­tait que la présence de la brique estampilée est due au hasard, il y a un argument d'ordre stra­tégique qui nous empêche de considérer la bâtisse comme une tour de garde. Au point de vue stratégique, Poiana Selei n'est guère une position dominante, ainsi que l'affirment Muntean et Antoncscu. De la cime de Poiana Selei on ne voit jamais Porţile de Fier ; la vue s 'arrête aux collines de Streiu. De Poiana Selei le regard embrasse le même espace qu 'on verrait du haut d 'un édifice un peu élevé, situé à l 'intérieur du castrum. Donc, on ne peut pas conclure qu 'on avait érigé une tour pour observer une étendue plus restreinte que celle qu 'on aurait eu du castrum. Il faut ajouter encore qu'il est difficile d 'admettre l'existence d'une tour militaire sur un point qui pourrait être at teint très facilement par les projectiles des ennemis, arrivant par delà le faîte de la colline. Tout autre serait la situation, si nôtre bât iment avait été érigé sur la cime de Selea. Dans ce cas la tour aurait dominé, pour employer les mots d'Antonescu 2) , «le passage le plus important de la plaine de Haţeg vers le Banat , celui qui mène par Poieni». Sur la cirne de la colline de Selea, la tour — vigilia — aurait très bien eu sa raison d'être. En effet, ce point domine non seulement la plaine de Sarmizegetusa, depuis Porţile de Fier jus­qu 'aux collines au delà de Streiu, mais aussi les hauteurs situés au nord de la vallée de Sarmi­zegetusa jusqu 'à la rive gauche de la vallée de Floriniş. Cela n'est guère possible à Poiana Selei où le faite de Selea empêche la vue vers le nord et le sud.

On ne peut pas at t r ibuer à notre bâtisse un rôle militaire, qu 'en supposant qu'elle ait été construite non pas pour la défense de la cité de Sarmizegetusa, mais jus tement dans un bu t contraire. Dans ce cas seulement, sa position aurait été très avantageuse et très bien choisie.

Considérant toutes ces possibilités et en tenant compte des fouilles exécutées jusqu 'à présent, nous sommes d'avis que nous avons devant nous quelque villa de luxe, bâtie pendant

') Archaeologiai Êrtesitô, XVI (1901), p. 239 — 240; ques de Moldovan se référant au chemin qui conduit sur l'édifice noté No. 1, nous avons aussi quelques re- au «défilé de Selea» (o. c. p. 302): «De la voie princi-marques de M. Const. Moisil, Cronica numismatică şi pale romaine qui conduit a Sarmisegetusa, s'écartait arhaologică. III (1922), p . 17 — 18. obliquement vers la nord, à la citadelle de Selea, un

*) Celatca Sarmisegetusa, p. 29. Je suis d'avis, et autre chemin dont les traces sont encore visibles et quiconque a vu la carte de cette région, partagera qui monte eu serpentine jusqu'au faîte de la colline», mon opinion, que le chemin de Selea ou celui qui mène La serpentine et le chemin ou, pour mieux dire, les à Poieni, en passant par la vallée du ruisseau Densus, chemins, car les véhicules ont tracé encore 4 — 5 autres, n'ont pas l'importance qu'on leur attribue pour la com- parallèles, existent encore aujourd'hui. En montant munication entre les Banat et la plaine de Haţeg. vers Poiana Selei, on peut constater que la serpentine (Nous avons ajouté: «ou celui qui mène à Poieni...» a été travaillée, par endroits, avec soin et d'après un à cause de l'affirmation peu précise d'Antonescu qui plan; nous n'avons pourtant aucune indication concer-peut viser également ce chemin). En effet, pourquoi nant sa construction. Après tout, ce n'est qu'une chaussée emprunter un chemin difficile qui monte et descend limitrophe, c'est-à-dire un chemin de la colline qui pour­tant de fois, quand on a celui de Porţile de Fier, infini- rait être aussi bien romain que dacique ou même da­ment meilleur? A cela, il faut ajouter aussi les remar- tant des temps plus récents encore.

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ALKXANDRU FKRENCZI

le 11 siècle après J . Chr., ou bien un édifice qui servait de logement à ceux qui visitaient cette charmante région. Sauf la brique estampillée, les autres vestiges (le crépi rouge) men­tionnés par les travailleurs ainsi que les décombres qui se trouvent au sud de nôtre bât iment , nous permettent de supposer l'existence d'une bâtisse plus ample ; une affirmation catégorique serait toutefois prématurée, faute de recherches systématiques.

Les fragments de vases La Tène et gréco-romains nous démontrent que cette belle clai­rière a été connue avant la domination romaine. Les objets trouvés jusqu 'à présent ne nous permettent pourtant pas de croire, avec Antonescu et Mallâsz, à l'existence d'une cité ou d'un village dacique situé à cet endroit.

ALEXANDRU FERENCZI Préparateur de VInstitut archêol. et num. de V Université de Cluj

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UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI Malgré la grande crise du temps de Marc-Aurèle, les provinces danubiennes de l 'Empire

continuent à prospérer à tous les points de vue sous les Sévères aussi. Vers la seconde moitié du ΙΙ-e s. les Tomitains avaient initié de grands t ravaux d'embelissement dans le port de la ville *). C'est connu que chaque ville grecque possédant un port avait ainsi au moins deux places publiques employées pour l'exposition de ses décrets ou la commémoration par des monuments de ses personnages illustres: άναγράψαΐ δε τό [ψήφισμα εστήληι λι]ϋίνηι καΐ ατήοαι εν άκροπ[όλει καϊ εν τήι άγοράι] καϊ εν τώι λιμένι 2) . Ce n 'est donc que très natu­rel de voir surgir dans le port de Tomi — tout comme dans l 'agora de la ville — à côté des grands édifices de caractère religieux ou commercial, tout simplement des monuments votifs ou honorifiques de nature plutôt personnelle et décorative.

L'inscription que nous allons publier maintenant a été découverte il y a déjà assez long­temps dans l'ancien port de Tomi, mais elle est restée inédite jusqu 'à présent, échappant à l 'a t tention de M. D. M. Teodorescu, auquel j ' ava i s confié en 1914 la charge de publier tous les monuments inédits de Tomi 3) .

Plaque en pierre calcaire haute de 0.33 m., large de 2.325, épaisse de 0.58, ayant fait part ie plutôt d 'un entablement que de la base d 'un édifice votif, consacré aux Θεοί επήκοοι (fig. 1). Lettres hautes de 0.05 et de 0.015 dans le champ central, et de 0.03 sur le listel supérieur de l à moulure qui en forme le cadre. Le profil supérieur est un peu endommagé ; cependant la lecture de la première ligne est parfaitement assurée par ce qui en reste (fig. 2). Beaucoup de ligatures. Vers la fin du I l -e s.

['AyauJrJÎ τνχηι. "O προοτάτης καΐ δίθψνλαρχος καΐ φιλότειμος καΐ επιμεληϋεϊς τοϋ οϊκον, *Απατονριος

Ενελπίοτον τοϋ Ποοειδυηίον τοϋ προατάτον καί άγαϋών ενεργέιη (sic), άνέστησεν φιλοτειμίαν [Θεούς έπηκόονς.

Φνλή Όπλείτων νπερ δισφνλαρχίας.

Nous n'insistons pas sur les irrégularités d 'orthographe et de grammaire qu'on peut constater aussi dans cette inscription: nous relevons seulement Γενεργέτη de la 3-e ligne, où nous avons la même forme barbare du génitif que chez Cagnat I G R R P . I 931,9; 1236,2 ,— etc. (p. 664). Le sens de l 'inscription est parfaitement clair: le président de la t r ibu des "Οπλητες de Tomi fait une dédicace aux dieux έπήκοοι, et la tr ibu elle-même s'associe à l'offrande faite par son prési­dent , à l'occasion de l'élection de ce personnage pour la seconde fois comme chef de la t r ibu.

J) V. PArvnn, Le Mur d'enceinte de Tomi, Anal. av. J.-Chr.). Cp. aussi p. e. Jahreshefte, XV 1912, p. Acad. Rom., XXXVII 1915, pi. VI et plan II , le com- 59 et Pârvan, Histria IV, p. 626 suiv. et 723 euiv. plexe des bâtiments notés en rouge, en haut à gauche. 3) D. M. Teodorescu, Monumente inédite din Tomi,

2) Dittenberger, Sylloge*, I 191 (Athènes, a. 357/6 Bucarest, 1915.

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18 Dacia I 1924.

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VASILE PÂRVAN

^*>:&·

L'inscription parle d 'un οΐκος, ] dont Άπατονριος a été Υεττι/ιι-λΐ]Χϊ')ζ. C'est un détail très impor tant qui nous aide à préciser à quel

édifice notre bloc a appar tenu. II doit s'agir en effet de Ι'υΐκος de la φνλι), dans lequel, ou près duquel, le monument consacré par Απατονριος aux dieux ετζήκοοι a t rouvé sa place. L'inscrip­tion des Clytides de Chios ' ) , p . e., nous enseigne quel était le rôle et l 'usage de ces «maisons» des phratries ou des t r ibus : οϊκον τεμένιον Ιερόν οΐκοδομήααοϋαι καϊ τά Ιερά τά κοινά εκ τών ίδιωτικών οΐκιών εις τον κοινον οΐκον ενεγκεϊν.

Les colonies ioniennes de la mer Noire ont conservé jusqu 'à la fin leur ancienne organisa­tion par tribus génétiques ; comme à Athènes, où, même après Clisthène, les quatre anciennes tribus ioniennes survécurent, au moins comme insti tutions religieuses 2) , ainsi dans les colonies de la côte thrace du Pont , la réparti t ion des ci­toyens par tr ibus génétiques ne disparut pas malgré la romanisation très profonde 3) de leur vie sociale et économique et l 'organisation de leur territoire par vici et pagi, administrés par la civitas grecque de la même manière, dont les municipia de droit romain administraient leur territoire rural .

L'on connaissait jusqu 'à présent à Tomi les tr ibus des Οϊνωπες, des Αΐγικορεϊς et des Άρ· γαδεϊς 4) . Notre inscription fournit le témoignage de l'existence des "Οπλειτες (orthographié à Milet "Οπλη'&ες: Di t t . S j / / . 3 , 57). Des six tr ibus milé-siennes restent encore non-documentées celles

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Fig. 1.

' ) Dittenbcrger, Syll.3, III 987: IV-e s. av. J.-Chr. 2) Cf. Vincenzo Costanzi, Le tribu genetiche nel mondo

classico, extrait des Annali délie Università Toscane, 1920, nouv. série, V (XXXIX), Pisa, 1920, p. 216, avec les textes ci-attenants.

3) Rostovtzeff, Social and économie Jlistory of the Ro­man Empire, Oxford 1926, p . 557, 81, n'est pas de mon avis en ce qui concerne l'intensité de cette romanisa­tion; cependant, comme je vais le montrer encore ci-dessous, la situation des Grecs de la Scythie Mineure n'est pas la même qu'en Thrace ou en Scythie. Ici le romanisme est tout-à-fait prépondérant. Je continue donc à accen­tuer cette différence, même après les réserves qu'a ex­primées Rostovtzeff, l. c.

4) Bilabel, Die ionische Kolonisation, Leipzig 1920 (Phi­lologue, Suppl.-band XIV 1), p . 123 suiv.

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Fig. 2.

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UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI

des Γελέοντες et des Βίορεϊς1). Il faudrait donc admet t re à Tomi aussi six arrondisse­ments de la cité, à organisation religieuse et peut-être même administrat ive, autonome. En effet une inscription de Tomi nous fait connaître un certain φνλαρχος, qui a occupé, entre autres fonctions, celle de γνμνασίαρ[χος τοϋ δή]μον τής τε φν[λής] 2) . Faut-il ad­met t re en Mésie, d 'après l 'exemple de la Thrace (v. ci-dessous) la répart i t ion du territoire rural de la ηόΐΐζ entre ses différentes t r ibus? Telle inscription du territoire d 'Istria milite­rait pour cette hypothèse: Άγαΰήι τύχηι. φνλή Λιγικορεον τόν β[ο)μ]6ν τάϊς Νύ[μφ]αις άνέοτησ[εν] εκ τών Ιδίον /ε]πί άρχής Σκαπονλα Ν[ι]κολάον 3 ) : le phylarque des Αίγικορεϊς d'Istr ia élève un autel quelque par t , près d 'une source (chose si rare en Scythie Mineure) pen­dant son άρχι); et l 'inscription analogue des Άιγικορεϊς de T o m i 4 ) , trouvée de même dans le territoire rural , près de Tomi, appuyerai t encore l'opinion ci-dessus formulée. Cependant rien ne nous autorise d'insister dans cette direction. Toutes les inscriptions, grecques ou latines, de la Mésie montrent que les villes grecques du κοινον gétique της Πεντα- resp. Έξαπόλεο)ς, de la côte occidentale du Pont Euxin, avaient conservé leurs privilèges de villes libres, mais avaient dû accepter aussi, très logiquement, la conception libérale romaine de l 'organisation de leur territoire rural , où les vici jouissaient d 'une autonomie presque complète. E n effet, si nous examinons les inscriptions de la Thrace, nous y retrouvons le centralisme et le bureaucra-tisme hellénistiques, florissant ici dans des formes complètement analogues à celle de l 'Egypte . Les phylarques de Thrace ayant en sous-ordre les comarques, sont de vrais fonctionnaires, envoyés par les protarchontes δ ) , les synarchontes e) ou les politarques 7) des villes, pour admi­nistrer directement les hab i t an t s ; cf. p . e. l 'inscription du territoire rural de Philippopolis, concernant la φνϋ} Έβρηΐζ8), du temps de Sévère Alexandre: deux comarchies (chacune régissant plusieurs villages) manifestent par les délégués de deux villages leur reconnaissance Λνρ?]/ίω Καρδένΰΐ) Βειϋνηκοϋ γενομένα) φνλάρχο) φνλης Έβρηΐδος άρξαντι εν ήμεϊν άγνώς κάί επιεικώς κατά τονς νόμονς...; ou encore, dans le même territoire, trois villages d'une autre comarchie honorant un autre phylarque: ενχαριοτοϋσιν ΑΙμιλίο) Βείΰυι φν?Μρχήοαντι κατά τούς νόμονς άγνώς και δικαίως...9). Une telle centralisation imposait tou t naturelle­ment la délimitation sur le terrain des territoires des tr ibus elles-mêmes (cp. p . e. les οροΐ φνλής Ήρακλεΐδος*0), — toujours à Philippopolis). Rien de semblable en Scythie Mineure; ici les «magistrati» des villages (magistri et quaestores) exercent une autori té analogue à celle des magistrats municipaux ; ils sont élus chaque année par leurs concitoyens, pour la p lupar t des cives Romani et des veterani, ou des Thraces, consistentes dans le village, et en grande partie romanisés aussi. Sauf de rares exceptions n ) , le latin est parlé par tou t . Les cités grecques

*) Cf. Bilabel, o. c, p. 118 suiv. 8) Arch.-epigr. Mitt. VI 24, 48 (Tocilescu). 3) Ibid., XVII 88, 12 (Tocilescu). 4) Ibid., VIII 13, 32; fragment très mal conservé. 6) P. e. Cagnat, IGRRP. I 750; cp. les indices, p .

626, sous πρώτος άρχων. β) Ibid., ind. 1. c. 7) Cf. E. Bormann, Arch.-epigr. Mitt., XI I , p. 190

suiv. avec Liebenam, Stadteverwaltung, Leipzig, 1900, p. 293. Le polilarque est un fonctionnaire caractéris­tique pour les anciens royaumes hellénistiques: Thrace, Macédoine, Bospore Cimmérien (Philippopolis, Thes-saloniquc, Lete, Edessa, Panticapce, etc.) et n'existe

pas en Mésie: c'est pourquoi l'inscription mutilée d'O-dessus, complétée par Skorpil (Arch.-epigr. Mitt. XVII 203, 82) avec le mot τιολ]ιτάοχον (restauration acceptée par Kalinka aussi, Ant. Denkm. in Bulg., Vienne 1906, p. 98), doit être lue d'une autre manière (v. Kalinka, 1. c ) .

8) Kalinka, o. c , no. 55 et Cagnat, o. c , I 721. 9> Kalinka, no. 100 et Cagnat, no. 728.

J0) Arch.-epigr. Mitt. XVII 52; Kalinka, o. c, no. 120. u ) Très caractéristique, l'inscription d'un village du

territoire rural d'Istria, mentionnant la construction έκ τών ΐδίων, νπερ μαγιστράΐης, d'un ζργον τοΰ άβηωρίοθ par les deux magistri du village: Arch.-epigr. Mitt., XI 69, 142.

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VASILE PARVAN

de la Scythie Mineure ne peuvent pas exercer comme leurs soeurs de Thrace une oeuvre de civilisation parmi des indigènes encore barbares, eux-mêmes organisés par tribus et par gents, mais doivent se contenter du rôle économique, social et religieux de métropoles urbaines des villages très actifs, riches et policés, qui constituent leurs territoires ruraux.

Le φνλαρχος est donc à Tomi, à Istria, et en général dans le κοΐνυν pontique un magistrat élu et très honoré, non un simple employé des chefs de la cité. La preuve nous est fournie par notre inscription même, qui nous montre Άττατονριος le fils d'' Ενέλταοτος occupant en même temps les deux dignités: celle de φύλαρχος et celle plus honorable encore de προατάτης de la t r ibu. En effet la «présidence» d'une tribu était ici une distinction tellement prisée, que la tr ibu des ' Αργαδέϊζ de Tomi pouvait se vanter d'avoir pour président le pontarque en per­sonne: τόν ποντάρχην καΐ άρξαντα τής 'Εξαπόλεως τόν νίόν τοϋ Πυντον κ<ά πρώτον άγω-νο&έτην Θεον 'Αντ ινόον Τ. Φλάουιον Ποσειδώνιον νίον Φαίδρον τοϋ ποντάρχον καί νίοϋ τής πόλεως, φυλή Άργαδεων τόν έαυτης προοτάτην ι).

'Απατούριος lui-même est le fils d 'un προοτάτης et ενεργέτης de sa tr ibu et le monument dont nous nous occupons a été érigé à l'occasion de son élection pour la seconde fois comme φνλαρχος. C'est qu'il ne s'est pas contenté d'être un φιλόχειμος de la tribu des "Οπλητες de Tomi, mais il a agi d 'une manière très positive et prat ique, en qualité ά'επι/ιεληΦεϊς τοϋ οϊκον, c'est-à-dire du «club» de la t r ibu. Or cette fonction qui paraî t avoir concentré les at­tr ibutions d 'un ταμίας et aussi d 'un οΐκονόμος 2) , a dû être assez fatigante et dispendieuse: les fêtes et les assemblées étaient nombreuses, le culte des empereurs y était compris, et le local lui-même exigeait de continuelles réparations et aussi des agrandissements, des ameub­lements et des embellissements 3 ) .

Cependant la préoccupation capitale des anciens est le culte des dieux. Au I l -e s. dans les villes du Pont , comme par tout dans l 'Empire romain, chaque corporation a son patron divin, qu'elle cultive d'une manière presque obsédante. Le «club» de toute association devait posséder au moins une «chapelle» sinon tout un «temple» avec son enceinte sacrée. Or parmi les dieux préférés dans le Pont thrace, c'est-à-dire dans le pays des Gètes άϋανατίζοντες (Hérod. IV 93), ce sont les «dieux cavaliers» qui occupent la première place ; leurs noms varient : Dioscures, Cabires, ΰεοΐ ήρωες (à divers appellatifs toponomastiques thraces), επήκοοι ϋεοΐ Σωτήρες, ΰεοι έπήκοοι, &εοΙ μεγάλοι, &εοι (μεγάΐοι) ol εν Σαμοΰρψκΐ], ϋεοί σννναοι (avec Zeus), mais le contenu religieux reste le même. Solitaire, ou double, le dieu à cheval c'est le ■&εός Σωτήρ par excellence. Il garant i t l ' immortalité à ses fidèles. Son culte est myst ique. Des thiases innombrables cultivent par tout en pays gréco-thrace son image héroïque. Ses icônes représentent et les inscriptions qui les accompagnent confirment, par des noms et des appellatifs, le syncrétisme parfait qui s'est accompli entre le dieu cavalier, d'origine céleste, et la «Grande Déesse» de nature chthonienne 4) . Les Grecs des villes du Pont thrace adorent le dieu double sous le nom des Dioscures. Cependant le lieu sacré où se concentre le culte des

1) Cagnat, IGRRP. I 634. 2) Cp. pour les détails de l'organisation corporative

des tribus dans les villes grecques de l'empire romain, Liebenam, Stàdtevertialtung, p. 220 suiv.

3) V. p. e. toujours de Pbilippopolis, la métropole de la Thrace, les inscriptions chez Kalinka, o. c , p . 187 et suiv.: un citoyen fait cadeau au club de la tribu Αρχε-μισιός des ...lits de repos à sommiers: τονς κλνντήρας

κατεσκεύααεν αύν τοΐς ύποΰέμασιν (mal interprété par Kalinka).

*) Cp. p. e. l'inscription de Tomi (Arch.-epigr. Milt. XIV 18. 40): ΜητρΙ &εών καΐ Αιοσκόροις (ôvovatv νπερ τής τοΰ δήμον σιοτηρΐας !) ; d'ailleurs Cybèle et les Dioscures se retrouvent assez souvent aussi sur les monnaies de la ville de Tomi.

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UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI

dieux sauveurs c'est, dans toutes ces villes maritimes, le temple des «grands dieux de Samo-thrace». Λ Odessus le Σαμο&ρφαον était si spacieux, qu'il servait aussi d'archives d ' é ta t : τον δε ίεροποιόν άναγράψαι τό ψήφισμα τόδε είς τελαμ(~)να καϊ ϋεϊναι εΐς Ιερον Σα/ιοΰράκιον 1 ) . A Dionysopolis, parmi les cultes à processions publiques est cité celui des dieux de Samothrace: (du temps du grand roi gète Burebista) ϋεών τε τών εν Σαμοϋράκγ] τον οτέφανον άνειληφώς όιά βίον (Acornion le fils de Dionysios) τάς τε πομπάς [καϊ τάς ΰυσίας/ έπιτελεϊ νπέρ τε τών μυοτών καΐ της πόλεως 2) . Callatis ne manque pas non plus d 'un Σαμο&ράκιον 3 ) . Une inscription de Tomi 4) nous renseigne d'une manière presque indiscrète sur l 'organisation et les cérémonies τών μνοτών '&εών τών èv Σοίμοϋράκγ]: l'office de prêtre à vie de ces dieux étai t acheté par les candidats (en espèce le prix en a été de sept pièces d'or et soixante d'airain, payées sur-le-champ). Istria, dont le culte des Dioscures Sauveurs nous est déjà connu, pos­sédait comme Odessus un grand Σαμοϋράκΐον qui lui servait aussi d'archives d 'é tat 6) .

11 y avait naturellement beaucoup d'autres dieux, à commencer par le couple suprême (Zeus — Hera), auxquels les Gréco-Thraces appliquaient l 'épithète divine ά'ετιήκοος β) , dont l'origine n'est pas d'ailleurs en Grèce, mais en Asie et en Egypte . Πλούτων même est parfois invoqué comme έπήκοοζ7), toujours — il va sans dire — au sens religieux thrace : comme maître de la vie éternelle. Mais c'est le '&εός "Ηρο)ς<\\\\ est le dieu ετΐήκοοζ— κατ έξοχήν. Dans le pays gète au sud du Danube c'est dans les gorges rocheuses des Crobyzes, à ΓΟ de Marci-anopolis, que le dieu Cavalier est adoré avec le plus de ferveur. Son image est gravée sur la roche vive à Madara ou à Karl ikeuy 8) ; des alignements à six rangées de blocs et à autel en forme de trône près d'Aboba 9) ; des sanctuaires mystérieux sculptés dans la roche, non loin du relief représentant le dieu Cavalier à Madara 1 0 ) ; enfin le commentaire parlé de tous ces symboles, l 'inscription du relief trouvé à Ketchidéré, au SE de Madara, — et dont le texte suit, — nous renseignent définitivement sur le caractère des ϋ'εοί έπήκοοΐ, qui nous préoc­cupent. L'inscription de Ketchidéré di t : ... μον ô και Παπίας οικοδ[ομήοας καΐ κα$ιερώσ?]ας τον τόπον Διι νψ[ίστο). τοντου δε το τέταρ?]τον μέρος εατϊν Δωοκ[6ρων]ιΧ), — c'est-à-dire le lieu a été consacré à Zalmoxis > Gebeleizis 1 2), mais une part ie du territoire sacré appar­tient aux Dioscures, voire aux dieux Cavaliers, ses fils célestes, qui sont ses σύνναοι. En effet ce grand -υεός νψιοτος, adoré sur les hauteurs solitaires, c'est le dieu des Gètes Zalmoxis, dont les lieux de culte se trouvaient en Dacie aussi sur les sommets des montagnes et dont les fidèles élevaient là-bas aussi, à Costesti p . e., dans le SO de la Transylvanie, des alignements analogues à ceux d'Aboba 1 3) . Les Thraco-Gètes des montagnes à l'O de Serdica l 'adoraient sous le nom de νψιοτος u ) , et un peu plus bas, dans la même vallée de la Nichava, à Naissus,

') Kalinka, o. c , no. 93 ; cp. encore nog. 193 et 194 sur les cultes «les Dioscures.

2) Ibid., no. 95, ligne 19 suiv. 3) Arch.-epiçr. Milt., XIV 35, 88 et XIX 31, 67;

110, 67 (Tocilescu). l) Attribuée par erreur à Callatis (Tocilescu-Comperz

dans les Arch.-cpigr. Milt., VI 8, 14). 8) Pârvan, Histria IV, p. 544 suiv. e) Cp. l'étude très documentée d'O. Weinreich sur

es ΘευΙ επήκοοι dans les Atheniache Milt., XXXVII 1Ή12 et Pârvan, Durostorum dans la Kivista di Filo-logia, Torino, LU 1924, p . 310 suiv.

7) Kalinka, o. c , no. 142.

8) Jiredek, Arch.-epigr. Mitt., X 196 suiv. e) Kalinka, o. c , no. 16. 10; Ibid., no. 17 suiv. 11) Ibid., no. 133. 12) La théorie de Cumont et de Schiirer sur le ΰεόζ

νψΐστος a produit parfois des confusions: pour kalinka le dieu des gorges sauvages du pays des Crobyzes ou, aussi des Serdi, c'est le Jahveh juif ( !), parce que c'est lui qui s'appelle par excellence ϋψιστος (v. o. c , p . 126 et 134). Cf. Weinreich, /. c, p. 43 suiv., avec les textes épigraphiques, p . 17 suiv. et 21 suiv.

13) Pârvan, Getica, p . 637. 14) Kalinka, o. c , no. 145; il est connu avec ce nom

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VASILE PÂRVAN

ils l 'appelaient — en 223 apr. J.-Chr. — le dieu paternel des collines: Jupiter optimus maximus paternus aepilofius ( = εηιλόφιος) l). Quant aux dieux Cavaliers, ses fils, ils ont dû être com­me les Dioscures grecs et leurs prototypes les Açvins védiques — les fils de Sourya (le Soleil) — ses aides dans le combat contre les démons des orages 2 ) : il semble que le nom même de ces dieux a pu être quelque chose comme Esbeni 3) , l 'analogue des Açvini (voulant dire en thra-eo-gète juste «dieux à cheval»), — car esp- est la racine thrace pour le grec hip- (cp. encore les appellatifs du &εός "Ηρως: Βετ-έοπιος et Οντ-άσπιος, avec leur t raduction en grec: επίπιος, pour εφίππιος) 4 ) .

En tout cas ces dieux Cavaliers portaient un é tendard très curieux: c'était le draco dace adopté ensuite par les Romains aussi, comme enseigne des cohortes du Bas-Empire 5 ) . Ces dra­gons sont la personnification des démons des orages, que les dieux solaires, à cheval, poursui­vent et dispersent. C'est d'ailleurs connu que le dieu cavalier porte très souvent chez les Thraces le nom aussi d'Apollon6). Les frères Skorpil publiant plusieurs reliefs du «héros thrace»7) , dont l 'épigraphe affirmait parfois qu'ils sont des Apollons, expliquaient de leurs temps, d 'une ma­nière assez simpliste, que tous ces 77 reliefs du dieu cavalier eussent représenté Apollon. En réalité tous les noms grecs de ces dieux solaires sont indifférents; ils sont de simples équiva­lents assez naïfs pour des idées religieuses bien différentes des conceptions méditerranéennes 8 ) . E n effet nous connaissons très bien le nom authent ique du dieu cavalier thrace, comme re­présentant de l'idée solaire: c'est le # Î O Ç Σονρεγέ^ς επήκοος de Bessapara9), le Héros Sure· getes idemque Praehibens ,0) de Durostorum. Or déjà Tomaschek, en 1894, relevait la parenté très étroite entre le nom scythique d'Apollon, ( Γ)οιτό-σνρος (d'après Hérodote IV 59), et le Σονρε-γέϋης thrace. Cependant, au lieu de pousser jusqu 'aux origines religieuses des deux noms, le Sourya védique (Sol, Helios, Halios, Selene, etc.), il se perdait dans des étymologies abstraites ll).

Retenons donc l'existence chez les Thraco-Gètes du culte originaire indoeuropéen du Soleil et des deux étoiles crépusculaires encore à l 'époque romaine, sous les mêmes noms qu 'à l 'époque védique: Sourya et les Açvins, correspondant à Sure(getes) et les '&εοί (Οντ)άοηιθί, (Βετ)εθτιιοι, * Esbeni (c'est-à-dire, εφίππιοι et equini). Là où la pénétration grecque a été suffisamment intense, l'ancien dieu solaire a pris un nom grec: Apollon, Esculape, Dionysos, etc., — toutefois avec la détermination locale et cultuelle thrace, presque toujours at tachée au nom grec: Σικερηνός, 'Ρανισκεληνός, Καδρηνός, Ανλαρκψός, Σαλδοοιηοοψός, ' Αϋνπαρηνός,

à Anchiah aussi (Jireèek, Arch.-epigr. Mitt., X 173, 3) et en plus, il est peut-être appelé επόπτης: lecture et note de Benndorf.

1) CIL. I I I 14565; en lit encore après AEPILOFIO: SANC . ORIENS . COR . MIDE, pas encore interprétés; le vétéran qui a fait la dédicace s'appelle Cocaius, ce qui est tout-à-fait gétique: cauen-.

2) Cf. la dédicace pour les "Ανεμοι Σωτήρες chez Kalinka no. 200 et P.-W. I, s. v. anemoi.

3) Très bien connu comme cognomen thraco-dace: CIL. III 8040; cf. Tomaschek, Die alten Thraker, II 2, p. 9.

4) Voir la liste des épithètes donnée par Katzaroff, dans le Suppl. III (1918) de P.-W.-Kroll, s. v. Héros (trakischer), p. 1142.

5) Pârvan, Getica, p. 453, 519 suiv., 544 suiv., 621 et 640.

e) Lequel d'ailleurs est presque toujours défini par quelque appcllatif toponymique, tout comme les autres dieux cavaliers thraces: cf. p. e. Arch.-epigr. Mitt. XVII 219, 122 et 123.

7) Dans le Sbornik de Sofia, pour l'année 1892. 8) L'excellent recueil de textes concernant les Thraces,

donné par Tomaschek dans sa monographie DU alten Thraker, attend encore l'interprète qui le mettra en valeur au point de vue de l'histoire des religions anciennes.

9) Weinreich, h c, p . 19, avec toute la bibliographie. l0) Pârvan, Durostorum, l. c., p. 311. J1) Tomaschek, Die alten Thraker, I I 1, p . 49.

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UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI

Κεβρηνός, etc.*). Car indépendamment du nom grec qu'il porte, le Sourya thraco-gète reste le δεσπότηζ ϋεών, tel cet Apollon de Cabyle sur le Tonzus supérieur, représenté comme «hé­ros thrace» à cheval 2) , ou, encore, tel le #eoç επήκοος μέγιοτος Λνλαρχηνός de Thrace 3) , représenté aussi en dieu cavalier et correspondant en gréco-thrace à un Apollon Aulariochos ·&εός επήκοος, patron des mines de fer de Tirnova 4 ) . En réalité le grand dieu solaire ne possédait en propre aucune image anthropomorphe. Comme à l'âge du bronze, ainsi encore à l 'époque histori­que, il était représenté par un disque fixé au sommet d'une perche 5) et ce n 'é tai t qu 'à ses acolytes et à ses fidèles, héroïsés après la mort , que l'on prêtai t à juste t i tre l 'image du dieu à cheval.

De même qu'il n 'avai t pas d'image, ainsi le Sourya, φιλίπποις ΘραξΙ πρέσβιστον οεβας β ) , manquai t de tout nom propre. Car il étai t le seul Dieu, et il semble que ses «noms», tels Zbel-thiurdos, Gebeleizis et Zalmoxis, n 'é taient , comme leurs correspondants grecs, que des épithètes7) . Weinreich a noté 8) que l 'épithète ά'επήκοος, qui nous préoccupe pour le moment , est ap­pliquée en Thrace, en Mésie, en Dacie et en général autour du Pont thraco-cimméro-phrygien, surtout aux dieux Ιατροί. Or Platon lui-même nous renseigne 9) sur les fonctions par excellence médicales de Zalmoxis, le dieu suprême gétique.

Nous voilà donc arrivés à notre point de départ . La floraison du culte des dieux εΤΐήκοοι et οωτήρες dans le Pont thrace s'explique d'une manière très naturelle (sur base mystique orientale) par les deux éléments promoteurs que nous avons essayé de préciser ci-dessus: 1° le culte des μεγάΐοι ΰεοϊ ol εν Σαμοΰράκτ) (dont les Dioscures ne sont que la forme tout-à-fait exotérique) comme contribution hellénique; 2° le culte des μεγάοι ΰεοί solaires (de repré­sentation iconique identique avec celle des dieux Cavaliers grecs), comme contribution thraco-iranienne. Les Θεοί έπήκοοι, sans autre détermination plus précise, honorés par 'Αηαχονριος , le président et deux fois phylarque de la t r ibu des "Οπλητες de Tomi, en même temps très dis­tingué curateur du «club» de la tr ibu, sont donc, à «notre avis, les dieux Cavaliers grêco-irano-thraces, tels que nous les connaissons au Jl-e et au I l l - e s. apr. J.-Chr. par d ' innombrables icônes dans les provinces géto-thraco-illyriennes de l 'Empire romain 1 0) , adorés à la manière mystique orientale, prédominante à cette époque-là dans le Pont thrace.

VASILE PÂRVAN.

*) Cf. Kalinka, o. c , p. 409 suiv. et Weinreich, l. c. 2) Kalinka, no. 155. 3) Weinreich, l. c , p . 11 et 40. *) Weinreich, p. 6 et 40. 6) Témoignage concernant les Péoniens, mais appli-

cahle à tous les Thraco-Gètes: chez Tomaschek, o. c, II 1, p. 48.

e) Orphée chez Sophocle dans le Tereus, invoquant Hélios (chez Tomaschek, /. c.)

7) Cf. Scurc, Les images thraces de Zeus Kêraunos, Rev. et. Gr., XXVI 1913 p. 258 suiv. et Pârvan, Getica, p. 155 et suiv.

8) L. r., p. 40. 9) Charmides, chap. V et suiv. et Pârvan, Getica,

p. 145. 10) Cp. l'étude très approfondie de Rostovtzeff, Une

tablette votive thraco-mithriaque du Louvre (Mêm. prés, par dit. sav. à VAcad. des Inscr., XI I I 2. Paris 1923), p. 405. Je dois noter ici que mes opinions sur le «héros thrace» diffèrent de celles de Rostovtzeff, comme d'ail­leurs aussi de celles de Capovilla, Jï Dio Héron in Tracia e in Egitto, dans la Rivista di Filologia, To-rino, LI 1923, p . 424 et suiv.

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

Ce sont les antiquités romaines qui jusqu'à présent ont surtout attiré l'attention et l'acti­vité archéologique dans la région danubienne de Turnu-Severin. Ces antiquités s'imposaient autant par la littérature historique, que par le fait qu'en bonne partie elles émergeaient du sol: ainsi les pilliers du pont de Trajan, les castellas, les chemins romains, surtout celui qui a été fait par Trajan en entaillant le roc de la rive droite du défilé danubien, en amont des Portes de fer. L'attention était moins attirée par les antiquités préromaines, ensevelies dans l'oubli de l'homme et sous de plus épaisses couches de terre. Toutefois elles aussi ne tar­dèrent pas à s'imposer et à permettre de préciser l'existence dans cette région d'une suite de civilisations commençant par le néolitique et s'enchaînant jusqu'à la conquête romaine.

Les premières pièces préhistoriques trouvées par hasard à Turnu-Severin à l'occasion de l'aménagement du «Parc des Roses», sout deux haches triangulaires, polies, à la base aiguisée et coupée en biais sur les deux faces (fig. 1 et 2) *) ; la première est plus allongée, conique au sommet, et présente sur toute la surface de petites érrosions produites par des agents phy­siques.

Depuis lors Turnu-Severin nous a donné encore: un fragment de hache en pierre polie, perforé, utilisé plutôt comme sommet de casse-tête, trouvé dans le castellum tête du pont de Trajan, au niveau des fondations des murs romains (fig. 3).

Sur le terrain depuis longtemps employé pour la fabrication des briques, à l'extrémité ouest de la ville, entre la voie ferrée et le Danube, on a trouvé dans les trous creusés pour l'ex­traction de la terre: le coup-de-poing (fig. 4) en pierre polie, de forme triangulaire, coupé en biais sur les deux cotés et avec des facettes à la base ; un lourd maillet (fig. 5) à rainure pour fixer le manche; des marteaux-percuteurs en pierre roullée (fig. 6); des meules mobiles, dont une (fig. 7) avec l'une des faces sensiblement convexe ; un mortier (fig. 8) creusé au milieu de la face polie d'une grande pierre roulée 2).

A la même place on a trouvé quelques fragments de vases primitifs, des proéminences jouant le rôle d'anses (fig. 9 —12); les fragments ont des décorations incisées; des impressions digitales, des cannelures, une spirale, et des incisions remplies de matière blanche.

* * * En sortant du majestueux défilé des «Cazane» 3) ou rencontre en avald'Orçova plusieurs

îles assez grandes pour être cultivées et même habitées. La première, Ada Kaleh, l'avant-garde 1) Ces pièces, comme, toutes les autres que nous dé- 3) Ainsi nommé d'après la forme de fond de chau-

crivons ici, font partie de la collection du musée ré- dron, en roumain «cazan», que prend le défile a plu-gional instalé au lycée Trajan. sieurs reprises.

2) Cf. Mortillet, Musée Préhistorique pi. XXI I .

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PHOTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

occidentale des Por t s de fer, couverte presque entièrement par les ruines de la forterese au­trichienne du X V I I I - m e siècle, est habi tée aujourd 'hui par une populat ion tu rque . Ici la con­struct ion de ces imposantes fortifications a sans doute anéanti les restes de la vie ancienne romaine et préhistorique, qu 'on rencontre dans toutes les autres îles de la région.

Comme avantgarde orientale des Portes de fer, émerge sur une base de roc dur l'île Banni ] ) utilisée aux temps anciens com­me citadelle à l 'en­trée du défilé. Les restes d 'une fortifi­cation romaine, en pierre et grandes briques, y subsiste encore. Sur la pla­ge, aux basses eaux, ou a t rouvé aussi 1 ' outillage néoliti­que ici reproduit :1e fragment d'une meu­le à bras (fig. 13), un pet i t percuteur (fig. 14) ayan t la for­me d 'un cilindre un peu applat i , usé par le t ravai l aux bases et sur les deux cô­tés ; des percuteurs de forme allongée (fig. 15 et 16) en fragments de pierre roulée, usés seule­ment au bout et un nucléus en silex, cas­sé à l 'un des bouts (fig. 17).

En descendant des Por tes de Fer le lit du Danube s'é­largit , de hautes collines surgissent remplaçant les montagnes , la terre devient plus fertile, les restes d 'une vie préhistorique avec outillage néolitique se mult ipl ient . Nous avons vu les peu nombreuses mais caractérist iques restes de cet te vie à l'île Banul et à Turnu-Sever in .

Un peu en aval des ruines du pont de Trajan, à l 'embouchure de la rivière Topolni tza, émerge l'île de Çimian qui garde d ' impor tan ts restes de très anciens hab i t an t s insulaires. E n

Fig. 1 — 43.

*) C'est le titre roumain de l'ancien gouverneur de la Petite-Valachie.

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dehors des monnaies et d 'autres ant iqui tés romaines qu 'on y t rouve, en dehors de l'épée La Tène qui nous est venue d'ici *), on y peut voir aux basses eaux, des restes de la vie préhisto­rique parsemés sur la plage et les bords de l'île presque sur tout son pour tour . Le Danube aujourd 'hui élevant ses eaux au-dessus du niveau des stat ions préhistoriques, les mine et les entraîne dans sa re t ra i te , abandonnan t sur place ou sur la plage les parties lourdes et consis-

tentes . Ce phénomène, général dans

fi· 31 cet te région, met en évidence un

considérable relèvement des eaux du Danube , depuis les temps pré­historiques jusqu ' à nos jours , con­séquence des dépôts je tés par les rivières et les to r ren ts , et que le courant lent du fleuve ne peut char­rier plus loin. C'est pour cet te rai­son aussi qu 'à l ' embouchure de la Topolnitza, le bras du Danube ent re l'île de Çimian et la rive gauche est réduit à un très étroit canal , encore navigable. De même plus bas vis-à-vis du village Hinova, à l 'embou­chure du tor rent Rîul Morilor 2) , le bras entre l'île Corbul 3) et la rive gauche est aujourd 'hui complète­men t bouché et t raversé par une

• 1V ^ ^ ^ Γ ^ ^ ^ β Ι Ι ^ ^ ^ ^ piste employée pa r l e s paysans. *9 fl " ^ La situation n ' é t a i l |>;i- la

^*iÊk ^ ^ ^ jflj <ri même pour les habi tants «1rs temps préhistoriques, dont les villages, a tc-

W « 'M m liers, cimetières, se t rouvaien t à un

^ H Wg niveau aujourd 'hui recouvert par les eaux pendan t la plus grande par t ie de l 'année.

Des documents de la vie pré-^L· ^R ^ F historique se rencont ren t presque

sur t ou t le pour tour de l'île Çimian, mais les vestiges les plus impor­t a n t s sont situés à son extrémité orientale où actuelcment il existe

presque in tac te une pet i te s ta t ion couverte d 'arbustes et de buissons. E n a t t e n d a n t des documents plus concluants que révéleront les fouilles systémat iques projetées par monsieur le professeur Pâ rvan , nous reproduisons ici les quelques objets recueillis au bord sud de cet te s ta t ion et sur la plage. Ce sont des fragments de bois de cerf, dont le second (fig.

Fig. 12 — 51.

l) Nous donnerons plus bas la reproduction de cette épée.

2) En français «le ruisseau des moulins». 3) En français «le corbeau».

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

18) est coupé en biais à l 'un des b o u t s ; une pet i te hache de forme tr iangulaire bien affilée à la base (fig. 19) des esquilles, et des lames de silex.

Les fragments de vases y abondent . Nous avons classé les fragments d 'anses, en com­mençant par des mamelons de différentes formes, non perforés (fig. 20 — 25) ; suivis des mamelons perforés, les uns dans la direction verticale, pour le fil de suspension ; d 'autres dans la direction horizontale prennent déjà la forme d ' anse ; suit une série d 'anses élargies aux extrémités et qui se rétrécissent à leur par t ie médiane a ) ; des anses à base élargie, mais dont la par t ie médiane faisant saillie prend la forme d'un bec d'oiseau ; un fragment de bec allongé, servant à boire 2) .

Les figures suivantes donnent des fragments à ornementat ion variée, simple bordure d 'empreintes de do ig t ; des cordons d 'appl ique, avec les même impressions digitales (fig.

Fig. 52.

26 — 30) ; des incisions à l 'ongle, des points et des lignes pointillées, des lignes droites paral­lèles ou disposées en chevron ou en zigzag (fig. 3 1 — 4 8 ) .

On y t rouve aussi des fragments de grands vases, toujours travaillés à la main, bien lus­trés et à proéminences au lieu d'anses (fig. 4 9 — 51).

Mais c'est sur tou t l'île Corbul qui s'impose à l ' a t tent ion comme s ta t ion préhistorique, pa r la richesse des maté r iaux qu 'on peut y recueillir. Elle est située à une distance de 16 klm. de Turnu-Sever in , et a la forme d 'un segment de cercle dont la corde est t endue vers la rive droite . A sa pointe d 'aval il existe un pet i t village Corbul. Aux temps préhistoriques elle abr i ta i t à chacune de ses extrémités un village, dont les traces sont visibles aujourd 'hui . Nous avons expliqué plus hau t la cause qui a submergé les s tat ions préhis tor iques: le rehau-sement du niveau du Danube par la grande quant i té d'alluvions déposée par les rivières et les

*) V. Décbclettc, Manuel I fig. 208, II pag. 377. par Déchelette, Manuel, II pag. 77 ont le bec formé 2) De pareils fragments à l'île Corbul; les vases cités par rallongement du bord même du vase.

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tor rents , et que le fleuve ne peut emmener plus loin à cause de la lenteur et des enfractuosités de son cours. La photographie (p. 283) représente la s tat ion de l 'extrémité amont à 4 m sous le niveau actuel du terrain, les eaux é tan t en baisse. LTne grande quan t i t é de sable je té par

les torrents des collines environantes obstrue complètement le bras gauche du Danube . Les eaux lorsqu'elles décroissent minent le ta lus de la rive et ainsi la s ta t ion est en part ie mise à nu, la plage couverte d 'objets travail lés en pierre, en bois de cerf, en os, e t de nombreux fragments de céramique.

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1/étendue de la s ta t ion peut être aproximat ivement dé terminée ; elle recouvre un angle de 100 m de côté, ou peut lui supposer aproximat ivement une surface de 10.000 m2 .

La s tat ion a été et continue à être démolie en part ie lors des crues et des décrues.

I

Nous donnerons ici la description sonmaire des objets qu 'on y t rouve dans l 'ordre de la matière dont ils sont fabriqués: os et corne, pierre, terre cuite. Le métal , bronze et fer, n 'é ta i t pas employé par les hab i t an t s de cet te s tat ion, ocupée depuis les t emps néo-litiques j u squ ' à l 'aube des temps historiques. Nous laissons aux savants historiens et spécia­listes, en premier lieu à notre perspicace et infatigable invest igateur de notre passé lointain, M. V. P â r v a n , le soin de préciser les conclusions historiques qu 'on peut t irer de ce matériel .

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Parmi les objets qu 'on rencontre le plus fréquemment dans cette s ta t ion, il faut d 'abord citer les restes d'origine animale : grandes cornes de bofl primigeniuB (fig. 53), de bos taurus primigenius (fig. 54) de ccrvus claphus, cervus mogaceros (fig. 55) ; dents et maxilaires de sanglier, de sus scrofa ; vertèbres de poissons, grands et pet i ts , etc. Les espèces prédomi­nantes sont : le boeuf, le cerf, le sanglier et le porc. Beaucoup de ces restes sont presque fos­silisés; certains por ten t les traces du t ravai l de l 'homme qui en a fait des out i ls : perçoirs, poinçons, coins, etc . (fig. 56).

Les ins t ruments en os et sur tou t en corne y sont f réquents : des coins et ciseaux en corne (fig. 57 — 58), deux gouges en os (fig. 59 et 60), des poinçons et perçoirs en corne (fig. 61 — 63), en os (fig. 64), des manches de divers ins t ruments , applat is et soigneusement polis (fig. 65 et 66), une peti te plaque en corne avec des stries incisées pour être fixée à l 'aide d 'un fil; une flèche et des brassards en os (fig. 67 —69)1). E n bois de cerf cette s tat ion nous a donné encore: une corne creusée d 'une rigole (fig.70), un mar teau pilon (fig.71), beaucoup de haches et d 'autres outils perforés (fig. 72 — 80) 2) .

On y a t rouvé des objets de parure fabriqués en matière animale du re : des pendeloques en forme sémi-lunaire, faites de corne, perforées à leurs deux extrémités ou seulement à l 'une d'elles (fig. 81—85), un fragment d 'une pièce semblable est en marbre (fig. 86) ; des rondelles perforées en os pour servir de graines d'enfilage (fig. 87 — 91), enfin des coquilles perforées (fig. 92 — 94).

Les objets de pierre sont plus nombreux et variés. Ce son t : I. Des meules fixes et mobiles de formes irrégulieres non perforées ; de simples pierres roulées de différentes dimensions et formes, utilisées comme percuteur sur tou t le pour tour , ou seulement aux bouts ; quelques-unes gardent des traces qui mont ren t qu'elles ont servi aussi de compresseur pour tailler le silex par pression3) ou présentent des encoches, entre lesquelles roulait le fil d ' a t t ache , ou des rainures creusées dans le même bû t sur le pour tour (fig. 95 — 97 et 98).

I I . Des pilons de différentes grandeurs , les uns en simples pierres roulées de forme allongée, d 'autres travaillées et polies pour être plus commodément maniées ; un d 'eux por te des traces de compression pour la taille du silex (fig. 99 ■— 102).

Les percuteurs et les pilons ici cités son t : E n roches erruptives granit iques et granuli t iques, en diverses roches cristalines très

dures, en quar tz , en silex, en roches éruptives porphyriques, en grès silicieux et calcaire, en marbre noir.

I I I . Des haches sans perforation et des herminet tes (fig. 1 0 3 — 1 1 4 ) ; des ciseaux (fig. 115 et 116); un mar teau (fig. 117) cassé à sa plus grosse ext rémité , un perçoir à large poignée fait d 'un simple caillou roulé (fig. 118); beaucoup de fragments perforés de haches, mar t eaux et casse-têtes (fig. 119 — 121); le fragment (fig. 122) est la moitié d 'un sphé­roïde 4) très soigneusement poli, ayan t un pet i t col au tour de chaque issue du canal de perforation.

Les pièces (fig. 123 et 124) sont de simples pierres roulées, avec commencement de perfo­ra t ion , pour en faire probablement des casse-têtes ; de même on a abandonné la perforation

J) Cf. Déchelette, Manuel I I , p. 105 et pi. I 20. 2) Les pièces fig. 72 et 73 ont pu servir de som­

met de casse-tête. 3) Mortillet, Musée Préhistorique, pi. X X I I I 1 M . *) Exactement la forme de l'exemplaire en bronze

reproduit par Déchelette, Manuel, II p. 107, pi. V s e , cf. I, p. 523. Ce fragment a été donc une massue glo­bulaire, ou peut-être il faisait partie d'un appareil à procurer le feu.

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

de la hache-marteau façonnée (fig. 125). D'autres pierres roulées plus on moins informes, avec des trous pratiqués pour y passer des cordes étaient employées probablement comme armes de jet, poids de tension, d'autres comme pendeloques ] ) .

Les haches et les autres outils ici cités sont: En granit, en gneiss, en roc cristalin microlithique, en silex, en serpentine, en quartz,

en micaschiste, en grès fin, en ardoise dure, en calcaire, en schiste cristalin de dureté très réduite.

Le silex travaillé se rencontre fréquemment dans cette station, en général en pièces de petites dimensions et même pigmées. Les éclats de forme irrégulière, mais toujours utilisables, avec le conchoïde de péreution en relief, ou en creux, les rognons, les lames et les pointes irrégidières éclatées et taillées de même que la grande quantité de percu­teurs trouvés ici prouvent que le silex se travaillait sur place. Nous reproduisons quel­ques uns des silex les mieux travaillés (fig. 126—133).

* * *

Mais les trouvailles les plus abondantes faites à l'île de Corbul sont des objets en terre cuite: des restes de foyers et de cabanes (fig. 134—136)2) des vases et des fragments de divers outils, des ornements, des idoles. Avant de commencer la description de ce butin, recueilli depuis quelques années avec mes élèves et collègues, je répète que je laisse aux savante spécialistes les précisions et les conclusions archéologiques qu'il comporte. Nous avançons toute fois que le matériel étant trouvé pour la plus grande partie sur la plage, tombé de défférentes couches qui s'étagent jusqu'à quatre mètres sous le niveau actuel de l'île, nous pouvons dès maintenant conclure que la même station a servi succe-sivement, et peut-être sans interruption, depuis le néolitique jusqu'au premier âge du fer et que ses habitants étaient de modestes et laborieux paysans, conservateurs en ce qui concerne les moyens d'existence et par conséquent l'industrie et des arts qui s'y appli­quent. Le métal y est presque absent. Cette station nous a donnée seulement un anneau en bronze et une pointe de lance en fer, trouvés sur la plage.

Les vases bien conservés sont en petit nombre et de petites dimensions, mais les fragments sont si nombreux que nous n'en avons recueilli que les plus caractéristiques et ceux qui por­taient des ornements. Beaucoup de ces fragments proviennent de vases de grandes dimen­sions. 11 y eu a des plus primitives jusqu'au plus soignés, en ce qui concerne la composition de la pâte, le galbe et la cuisson. L'ornementation incisée ou imprimée à l'aide d'une matrice est presque la seule que nous rencontrons ; comme reliefs nous trouvons surtout des cordons d'applique et des proéminences.

Les vases (fig. 137 —139) en pâte rougeâtre bien cuite, intérieurement des cylindres très peu enfoncés, prennent extérieurement vers la base la forme d'un cône tronqué, dont le bord supérieur présente deux petites perforations verticales de suspension. Semblable à celles-ci en

a) V. Déchclctte, Manuel, I, pag. 575. 2) Le No. 1 est un fragment à deux plans en angle

droit; sur le fragment No. 2 on reconnaît la trace du bois qui soutenait les parois; le No. 3 représente la partie

finale, peut-être un ornement arhitectural ayant la forme d'un trapèze, soigneusement poli sur toutes les faces et ornementé sur la face antérieure d'un relief demi-cylindrique, élargi à la base.

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ce qui concerne le galbe et la pâ te , la tasse (fig. 140) diffère des premières par l 'anse qui lie

la par t ie saillante de la base avec le bord ; de même, la tasse (fig. 141) en pâ te noirâtre et

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(fig. 142) en pâ te grisâtre et avec deux petites proéminences des deux cotés de la base de l 'anse.

Du même galbe, en pâte rouge bien cuite, le vase (fig. 143) a le cordon sail lant, plus déve­loppé et arrondi , ornementé de stries ver t icales ; elle por te en outre deux anses. A tous ces exemplaires la forme de l ' intérieur presque cylindrique ne correspond pas à celle de l 'exté­r i eur ; au contraire , le fragment de la cruche (fig. 144), en même pâ te rouge et ayan t comme les vases précédants une base très réduite , prend à l ' intérieur exac tement la forme de l 'exté­rieur, donc l 'épaisseur des parois est pa r tou t égale. La panse est ornementée de six lignes parallèles obtenues par l ' impression d 'un fil tordu ; cet ornement est in ter rompu et remplacé sous l 'anse par deux groupes de stries obliques, incisés avec la pointe d 'un ins t rument .

Le vase (fig. 145) à deux anses, en pâte noirâtre , ayan t la même base réduite , à panse proéminente et p renant dans sa part ie la plus large la forme hexagonale aux six bosses régu­lièrement disposées, finit par un col circulaire qui se rétrécit au sommet . La panse est ornée d 'une bande de lignes en chevron légèrement incisées.

Le plus joli des vases que nous reproduisons ici, (fig. 146) est une pet i te cruche en pâ te noire bien cuite, à une seule anse et qui présente en général le même galbe que le précédent , avec la différence que la panse prend, grâce aux qua t re bosses s imétr ique-ment disposées, une forme quadrangulai re aux côtés très peu arrondis . Sur le fond pat iné en brun luisant se développe une riche ornementat ion incisée, remplie de matière blanche. Les motifs ne sont pas tout-à-fait également et s imétr iquement disposés. Le bord du col est encadré par deux rangées, l 'une intérieure, de lignes incisées; le même motif encadre la panse sous le col et à la b a s e ; une bande de volutes entourées de cercles, de pet i ts rayons, se déroule au tour de la panse ; des rayons et des lignes disposées par groupes de deux, de trois et de six, remplissent les espaces libres du col et de la panse. Les incisions sont profondes et remplies d 'une matière blanche, qui contraste avec le b run du fond 1 ) .

La même forme, à qua t re bosses, mais à deux anses, ayan t la base rehaussée par un pet i t col cylindrique, le vase (fig. 147) de pâ te grise, fine, bien cuite, est seulement pat iné en brun luisant .

Très soigneusement ornementée est la pet i te cruche (fig. 148), en pâte noirât re . Elle a trois bosses au milieu de la panse, qui prend ainsi une forme tr iangulaire. L 'ornementa t ion , disposée en bandes horizontales sur la pat ine brune , couvre tou te la surface du vase. La bande de la panse, encadrée en h a u t et en bas par des chaînet tes , répète trois fois le même motif: une chaîne verticale de losanges encadrée par des groupes de lignes droites, sinueuses ou courbes, celles-ci terminées en croc ou en spirale. Les losanges aussi sont remplis de pet i tes lignes ponctuées ; le col est ornementé de deux bandes différentes de lignes incisées et de bâ­tons rompus , et par une chaînet te qui court sur son bord, en descendant du col par la face extérieure de l 'anse jusqu ' à la panse. Dans les incisions on voit encore les traces de la ma­tière blanche.

Une très pet i te cruche (fig. 149), à panse gonflée, ronde, à hau t col, à une anse rétrécie au milieu et s 'élargissant aux extrémitées, est plus sobrement , mais toujours gent iment dé­corée par une rangée de bâ tons rompus , des coins desquels descendent des lignes ver t ica les ; une ligne ponctuée court sur la l imite inférieure du cou, une au t re sur le bord de l 'anse et sur le cou. On reconnaît aussi ici, dans les incisions, les traces de la matière blanche.

' ) Nous nous demandons si ce joli vase n'était pas volutes rayonnantes nous parlent de l'intention dïmiter destiné au culte du dieu solaire. Les quatre grandes l'astre adoré. V. Déchelette, Manuel, II , p. 409 — 464.

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AL. BÀRCÀCII.A

Nous reproduisons un groupe de différents vases: (fig. 150), une cruche (fig. 151); une aut re (fig. 152) à anse coudre. Le pot (fig. 153), <ΊΙ pâte rouge bien cuite, à deux petites anses de suspension; la terrine (fig. 151), à bord raba t tu à l ' i n t é r i eu r 1 ) ; trois j a t t e s , en pâte rouge, en forme de cône t ronqué , une (lig. 155), plus rudiment aire, a le bord muni d 'un cordon d'applique à impressions digi tales; le vase (lig. 150) est d 'une exécution très soignée; la tasse (lig. 157) est, au contraire, très grossière. Les pieds de vases sont de forme conique, creusés, d 'une exécution soignée, pat ines, unis ou à ornementat ion incisée. On doit citer aussi une écuelle à bord très peu élevé, ovale et avec une proéminence de préhension cornu (fig. 158).

Il y a enfin une série de vases minuscules, t rop petits pour les reproduire: une peti te tasse sans anse, de forme demi conique t r o n q u é e ; un aut re avec ornements incisés et qua t re anses caseées qui proéminaient du bo rd ; le troisième c'est une peti te assiette traversée de qua t re pet i ts t r o u s ; le dernier c'est une peti te assiette.

* * *

Mais pour l 'é tude de la céramique de l'île Corbul on dispose d'un matériel plus riche de fragments que de vases entiers. Nous en donnerons ici les exemplaires les plus caractérist iques par leur forme et ornements , en commençant par les anses, des plus rudimentaires j u squ ' aux plus soigneusement travaillées. Les proéminences remplaçant les anses sont très fréquents. Il y en a qui imi tent des rameaux coupés à leur base d ' a t t ache ίι l 'arbre , isolés ou à deux, des b â t o n s ; d 'autres sont des proéminences informes, emprun t an t une forme quelconque, par exemple une langue, une crête de coq, une paire de cornes, des boutons hémisphériques. Ces proéminences ont parfois des perforations verticales simples, doubles, ou triples ; allongés, amincis et perforés, ils prennent la forme de t u y a u x 2 ) . Une des plus jolie forme des proémi­nences est le bec d'oiseau qui se développe lorsqu'on passe de la perforation verticale à la perforation horizontale de plus en plus élargie, la proéminence se t ransformant ainsi en véri table anses. Nous donnons quelques formes rares d'anses (fig. 159 — 163), dont la fig. 159 finit en hau t par deux cornes latérales.

Quelques vases présentent près du bord un bec à large perforation servant à boire. Les proéminences de préhension et les anses intérieures sont des plus rares et des plus

curieuses (fig. 164). Nous ne pouvons pas nous expliquer le b u t des trois mamelons inté­rieurs qui s?élèvent au fond d 'un vase (fig. 165).

L 'ornementa t ion est généralement incisée; les reliefs y sont très rares et des plus pri­mitifs: des cordons d 'appliques simples ou mult iples, hor izontaux, ver t icaux ou obliques, à impressions digitales ou incisées, quelques-uns en forme de fils tordus (fig. 166 —180) . Des mamelons ou des peti ts grains sont disposés par groupes ou remplissent tou te la surface du vase.

Un des ornements curieux rencontré à l'île Corbul est obtenu par l 'estempage d 'une na t t e de jonc (fig. 181).

Les ornements incisés sont fréquents et variés : de courtes incisions à l'ongle ou à l 'ébau-choir, éparses, en rangées ou recouvrant la surface du vase (fig. 182 —187) ; des lignes tracées au pointillé, isolées ou par groupes et des champs pointi l lés; des impressions en formes d'olive et d'oeillet ; des lignes incisées continues, droites et courbes, combinées en

M V. Déchelette, Manuel, I I , p. 1482/83. -) V. Dcchelette, Manuel, II p. 371.

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diverses figures géométr iques: des parallèles, des dents de loups, des chevrons, des méandres , la grecque, des cannelures, etc . (fig. 188 — 201); des impressions ayan t l 'aspect de fils tordus disposés en chevrons (fig. 202 — 205); des rangées et des groupes de spirales imprimés avec une matr ice (fig. 206 — 207 ; des spirales conjuguées, des volutes , des cercles simples ou concentriques, des demi-cercles isolés ou en séries, et d 'aut res applications de la ligne courbe combinée avec des chaînet tes et des lignes droites (fig. 208 — 210). Quelquefois les incisions sont remplies avec de la matière blanche.

Nous possédons un seul exemplaire peint avec une matière blanche (fig. 211).

Fig. 181 — 233.

Avant de passer à la description des idoles, nous mentionnons seulement quelques outils et ornements en terre cuite t rouvés à l'île Corbul: des plaques oblongues ornementées sur tou te la surface, dont le bout , peut-être perforé, est perdu et qui ont pu avoir été employés comme objets d ' o rnemen t 1 ) (fig. 212 — 215); des perles-olives en terre cuite (fig. 216) ; des fusaïoles de différentes grandeurs (fig. 217 — 220), une seule avec deux groupes de lignes incisées (fig. 216) ; l 'une (fig. 221) a la forme d 'un cône perforé, creux à la b a s e ; les plus

') V. Mortillct, Musée Préh. pi. LXVIII 754 la pen- deloque, plaque en schiste ornée, trouvé en Portuga.

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AL. BÀRGÂCILA

j»«-t i t es de ces fusaïoles doivent avoir servi comme grains de col l iers 1 ) ; le même usage ont dû avoir les plaques, les rondelles et les fragments des vases ici reproduits (fig. 221 — 2 2 8 ) ; d 'autres plus lourds (fig. 229 — 233) ont pu être employés comme poids de métier ou de filet, de même que les autres poids coniques, pyramidaux , ou en forme de galets.

*

La vie matérielle avec ses produits industriels et art is t iques est la première que nous avons rencontrée à l'île Corbul, et nous regret t ions de ne pas pouvoir connaî t re , par des oeuvres plast iques, axissi sa vie spirituelle. Toutefois cette révélation n 'a pas beaucoup ta rdé . Un très pet i t idole animal en te t re cuite, un boeuf, disparu de notre collection pendant la grande guerre, fût le premier but in de cet te catégorie, qui encouragea nos espérances. Depuis lors nous avons t rouvé plusieurs exemplaires d'idoles animaux et humains , que nous reproduisons ici.

La figurine (fig. 234) paraî t reproduire l ' image d 'un boeuf. La tê te de boeuf (fig. 235) a dû faire part ie du bord des deux vases de la même forme, mais différents en ce qui con­cerne la pâ te et les détails d 'exécution ; derrière le cou commence le bord et le creux du v a s e ; la dépression entre les cornes continue comme une rigole qui débouche dans le v a s e ; ce sont donc des anses 2) .

Nous avons reproduit ici la pièce en te r racot te à dos plat , cjui vue de face a l 'aspect grossier d 'une tê te de hibou, dont les yeux résul tent d 'une perforation t ransversale (fig. 235).

La tê te à figure et aux yeux allongés, a dû faire part ie d 'un au t re objet, ce qu 'on déduit de la cassure visible au sommet de la tê te 3) (fig. 237).

Moins précise en ce qui concerne la forme est la figurine (fig. 238), à col allongé, avec une tê te à peine ébauchée, comme celle de la figurine (fig. 239) qui représente une femme aux bras é tendus.

Les six figurines qui suivent (fig. 240 — 240 b) sont des idoles féminines représentées seulement par le buste ; les têtes manquen t à l 'exception de la figurine (fig. 244 a et b) , dont le visage est t ra i té de la même manière sommaire que dans l'idole 239 ; les bras chez quelques-uns sont perforés pour la suspension. Une bande d 'ornements en x incisés embellit la bordure inférieure de l'idole 243 ; chez les idoles 244 a et b , 245 a et b , l 'ornementa t ion incisée couvre le buste jusqu ' au niveau des bras , et se prolonge en dessous des bras et dans le dos par une rangée courte de signes ressemblant à des caractères a lphabét iques .

Nous ajoutons ici quelques fragments qui peuvent avoir r appor t au culte. Les pieds et la main (fig. 249 — 251) peuvent être des objets votifs4) . La pièce (fig. 252) est creuse et imite la forme d 'un pied. La pièce (fig. 253) est peut-ê t re un fragment de pied d ' idole ; elle est ronde et à ornementa t ion incisée. La pièce (fig. 254) ornementée de méandres peut être aussi un fragment de pied.

* *

Nous rencontrons les vestiges des mêmes civilisations non seulement dans les îles du Danube , mais aussi sur ses rives, comme nous le prouvent les objets de Turnu-Sever in 6) et

l) V. Déchelette, Manuel, I pag. 570 — 576. ·) V. Déchelette, Manuel, II p. 478. 3) V. les yeux prolongés reproduits d'après Schlie-

inann par Déchelette, Manuel, I p. 602.

4) V. René Dussaud, Les civilisations préhelléniques, pag. 397.

5) Voir plus haut.

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

des fragments de terre cuite recueillis dans les villages voisins des îles dont nous avons par lé : Çimian, Hinova, Batoj i , et plus loin encore, en plusieurs localités, éparses sur tou te l 'é tendue du district de Mehedinji jusqu ' au pied des montagnes.

Mais jusqu ' à présent nous n 'avons de ces localités que des exemplaires isolés. Ainsi: deux grands maillets à ra inure en roc éruptif, à gorge profunde creusée sur le pour tour pour fixer le manche, l 'une t rouvée à Rocçoreni (fig. 255), l 'autre à Cernaïa (fig. 256) ; un sommet de casse-tête (fig. 257), en roc éruptif, à perforation centrale et qui nous est venu de Budâ-nesti (près de Bàsesti) ; un sommet de casse-tête a) en forme de hache-pic perforé au milieu, en

J) V. Mortillet, Musée préhistorique pi. LVIII.

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AL. HARCÀCILÀ

roc éruptif microgranitique, trouvé à Broscari (fig. 258); une hache; à perforation perpendi­culaire au fil du tranchant, toujours en roc éruptif microgranitiquc, trouvée à Isvoarele, village sur la rive du Danube, un peu en aval de l'île Ostrovul-Mare (fig. 259).

Un autre village, Balta-Verde, situé à l'Est de la même île nous à fourni1) le grand pot en terre cuite de galbe irrégulier, en pâte noirâtre, avec deux anses de préhension petites mais solides appliqués au milieu de la panse; au niveau supérieur des anses, le vase est renforcé sur son pourtour par une sorte de bord évasé, dans lequel paraît s'enfoncer la partie supé­rieure de la panse ; un col cylindrique rehausse le vase (fig. 260).

Le village de Vânjuletz, situé au sud-est de l'île Corbul, nous à fourni le très joli pot (fig. 261) travaillé à la main, d'une technique avancée en ce qui concerne la régularité du galbe,

Fig. 260. Fig. 261.

la finesse de l'ornementation2),mais d'une pâte non homogène, mélangée de tourbe et de terre sabloneuse. Il était muni d'une seule anse. La panse presque sphèrique est surmontée d'un haut col cylindrique élargi à sa partie supérieure. La transition entre la panse et le col est embellie par une paire d'impressions digitales continues tracées sur le pourtour et une rangée d'al­véoles peu profondes à la base même du col. La panse est complètement couverte d'une bande d'ornements incisés, composée de volutes et de demi-cercles concentriques ; les volutes sont réunies deux à deux à leur partie supérieure par un demi-cercle ouvert en haut, au dessus du quel tombe alternativement une pointe de flèche et un sommet d'angle aigu. D'autres lignes courbes sont tracées dans l'espace libre. Le col présente vers son milieu et au bord deux zones parallèles d'ornements qui sont de simples rubans à incisions quadrillées, dont le premier ménage une large ligne en zigzag; les mêmes incisions quadrillées remplissent les ornements de la panse, hormis les deux groupes des demi-cercles. Toutes les incisions sont peu pro­fondes. C'est un remarquable produit artistique de l'âge du bronze.

A la même place que ce vase on a trouvé une bobine grossière en poterie 3).

Le métal aussi n'est pas tout à fait absent des cultures préromaines du district de Mehc-dintzi, qui possède dans la région montagneuse de la petite ville de Baia de Aramâ (c. à. d.

*) Don de M-me Marie Mihutzcscu. Cf. les urnes tion allemande en 1917; il nous a été donné après la biconiques dans Déehelete, Manuel, II , p. 373 — 376. guerre par M-mc Marie T. Costescu.

2) Le vase a été fort endommagé pendant l'occupa- 3) Cf. Mortillet, Musée Préhistorique, PI. CIV 13ββ.

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ANTIQUITES PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

«Mine de cuivre») de riches mines de cuivre exploitées depuis les temps les plus anciens 1 ) . Mais, nous avons jusqu 'à présent seulement les objets isolés et le groupe qui suivent :

1. Deux hache en bronze à douille cylindrique, à un seul anneau très mince (fig. 262 et 263) trou­vées à Halânga, à 5 klm au nord de Turnu-Sever in a ) .

2. Une espèce de pioche en bronze à deux t ran­chants , l 'un vertical , l 'autre horizontal (fig. 264), t rouvée à Hinova 3 ) .

3. Une hache en bronze à douille transversale cylindrique très allongée (fig. 265 4 ) .

4. Le riche dépôt de Bâlvânesli (fig. 266 — 269), t rouvé accidcntcllcmcnl par des paysans en 1915, dans un grand vase de terre cuite qu'ils ont cassé el duquel il ne nous reste qu 'un pet i t fragment. Ce groupe que nous décrivons ici brièvement se com­pose d 'ornements en bronze et de deux haches bipen­nes en fer. Il y a premièrement deux ornements iden­t iques, en doubles spirales, unies par un nœud en 8, le tou t formé par une seule tige repliée et dont les extrémités frappés en petites mamelles

Fig. 266.

Fig. 267. Fig. 268.

forment le centre des spirales. Ces ornements sont de grands dimensions, chaque paire de volute ayan t 21 cm de longcur et 10 cm de largeur. Ce ne sont pas des fibules 5) , et ils ne pouvaient s 'a t tacher que par le nœud en 8 ; la section de la tige est un losange.

Suivent des colliers de différentes dimensions formés de tiges, cylindriques au milieu sur les deux tiers de la longueur et gravés, dans cette part ie , d 'une incision continue, en

*) Une mine de fer, autrefoi exploitée, existe dan» le district voisin de Gorjiu à Baia de fer (c. a. d. „IJain de Fer").

2) V. Déchelette, Manuel I I , pag. 252 — 254. 3) Semblable aus exemplaires réproduits par Mor-

tillet, Musée Préhistorique, pi. XCIX 1333, et par

Déchelette, Manuel II , fig. 297. 4) La localité d'origine nous est inconnue ; elle a figuré

à l'exposition de 1906 à Bucarest, dans la section de Mehedintzi. Cp. Déchelette, Manuel, I I , p. 87 et Mor-tillet, Musée Préhist., pi. XCVIII 1313.

5) Cf. Déchelette, Manuel, II pag. 524.

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AL. BÀRCÀCILi

Fig. 269.

spirale ; les extrémités de la tige, à section en losange, finissent par des replies en volute, honni l'exemplaire le plus grand, qui finit, de chaque coté, par un double bouton proéminent·

Du même groupe font partie des bracelets massifs de bronze, ouvertes sur le coté, à section demi-cylindrique, sans aucune ornementation· Ce sont de simples tiges courbées. Les paysans qui les ont trouvés en ont cassé plusieurs pour voir la calité du métal.

En bronze il y a encore une tige cylindrique, courbée aux deux extrémités.

Le dépôt de Bàlivanesti contient deux haches bipennes en fer, à douille médiane parallèle aux deux fils des trancha ni s, légèrement convexes. Elles sont plus courtes qu'en général les

lingots de bronze imitant les haches bipennes l) et gardent à la partie médiane presque la même hauteur qu'aux fils des tranchants.

5. Enfin, le district de Mehedintzi nons à donné en fer: a) les trois épées longues à deux tranchants (fig. 270, ,"3) forme La Tène 2) ; la premier longue de 0. m 995, large de 0.05 à pointe arrondie, a-vec l'extrémité de la soie frappée en bou­ton, a été trouvé prés du Castellum romain de Turnu-Severin ; la deuxième, longue de 0.^975 large de O.m 055, avec la lame terminé en pointe aiguë, gardant la croisière campaniforme, provient de l'île de Çimian ; enfin la plus petite longue de 0.m 85 large de 0.rn 042 qui porte sur la soie dont l'extrémité est en bouton, deux anneaux et la croisière d'attache du pom­meaux à la lame, a été trouvé à Gârla Mica, village près du Danube en aval du port de Gruia.

h) La petite lance en fer (fig. 271), trouvé à l'île Corbul 3).

Fig. 2 7 0 — 2 7 1 .

Ai.. BÀRCÀCILÂ Professeur au lycée tTrajant de Turnu-Severin.

>) V. Mortillet, Musé Préh. pi. XCVII 128β. 2) Déchelette, Manuel I I , pag. 922 — 1055. 3) Je dois remmereier ici mes collègues, M. Po-

pesco-Sura qui a fotographié tout les objets ci-dessus,

M. C. Larritziann, qui a déterminé la nature des objets en pierre et M. M. Fontaine à qui je dois la cor­rection du texte français.

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R E C11E II C11 E S P R EIIIS T ( ) Il IQ U E S PENDANT L'ANNÉE 1924

Sur les recherches préhistoriques exécutées au cours de l 'année 1924 en Transylvanie, ainsi que dans les districts du NO j ' a i l 'honneur de rapporter ce qui su i t 1 ) .

Λ l'occasion de la visite de M. le professeur H. Breuil, l 'Université de Cluj mit à notre disposition un fond de 30.000 Ici, pour pouvoir suivre les traces de la culture paléolithique en Transylvanie. Ces recherches ont été entreprises, en partie dans la société de notre très distingué hôte, en partie par nous-mêmes 2 ) .

Comme résul tats : 1. On a constaté de nouveaux vestiges paléolithiques: sur la terrasse gauche de la vallée du Càpus, près de la commune Câpu§ul-Mic (Kiskapus, district de Cojocna), dans cinq grottes, situées entre les confins de la commune Federi (Fegyer, district de Hunie­doara), dans trois grottes situées entre les confins de la commune Cràciunesti (Karâcsony-falva, district Huniedoara) et dans Pestera-Boului (la grotte du boeuf) près de Lorâu (Korôs-loro, district de Bihor) ; 2. On a pu vérifier le matériel de Sângherita (Szentgericze, district Murcs-Turda) 3 ) , de Andrâshâzapuszta près de Nâdâsel (district de Cojocna), de Lona Sâ-seascà (Szaszlona, distr. de Cojocna), de Turea (Tiïre, distr. Cojocna), de Tâietura Tur-cului (Torokvagas) près de la citadelle (CetâÇuia) de Cluj (Fellegvâr), de Buitur (Bujtur, distr. de Huniedoara), de Turniçor (Kistorony, distr. de Sibiu), de la grotte près de la commune de Someçul-Rece (Hidegszamos, distr. de Cojocna4) , et de la grotte près de Mereçti (Homorod-almas, distr. Odorhciu) ; par les fouilles de Buzeul-Ardelean (Magyarbodza, distr. Trei-Scaune), de la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza) et du hameau Cràciunesti près de la vallée

*) Conf. Dr. Martin l ioska: Recherches sur le palêo· de la soc. des sciences, etc. lilhique rn Transylvanie. Bulletin de la Société des 3) Aux confins du territoire de la commune de Gye-sciences de Cluj, tome II , 2-ème partie, p. 183—192, puszegdrka au mois d'août 1914, les paysans ont dé­avril 1925 où j'ai déjà donné un court aperçu sur l'âge couvert des restes de mammouth. Avisé par eux, j'ai paléolithique en Transylvanie, avec les quelques fi- entrepris une petite fouille, dont j'ai récolté des dé-gurcs des objets trouvés dans les grottes de Federi fenses de mammouth, un crâne de bison et un de cervus et dans les vallées de Cremenea et de Chichereu, ainsi euryceros. On a pu constater des traces de feu et l'on qu'à Cràciunesti. a trouvé un grattoir atypique, publié par Breuil:

2) L'ensemble des trouvailles a été mis, jusqu'à «éclat de quartz laiteux discoïdal» fig. 2 N o . 6. Ar-son départ, à la disposition de M. Breuil. L'oeuvre est rêté par la pénurie des travailleurs, j'ai recouvert parue sous le nom: Stations paléolithiques en Transyl- de terre les deux défenses de mammouth, ainsi que vanie, dans le Bulletin indiqué plus haut (No. 17). l'entière section fouillée, espérant continuer les tra-Les résultats des fouilles exécutées après son départ, vaux après la guerre. ont été publiés en partie dans le même Bulletin. La 4) Dr. Koch Antal: A hidegszamosi csontbarlang plus grande partie fait l'objet du présent article. ismertelése. Orvos-Természettudomânyi Êrtesitô, Kolozsvâr Le No. 17 après la fig. 16 et le No . 2 après la fig. 17, 1891. Barlangkutatàs, II , 1914 pp. 1 3 6 — 1 3 7 . figure aussi dans mon rapport, publié dans le Bulletin

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RECHERCHES PREH ISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1()24

Sur les recherches préhistoriques exécutées au cours de l 'année 1924 en Transylvanie, ainsi que dans les districts du NO j ' a i l 'honneur de rapporter ce qui su i t 1 ) .

Λ l'occasion de la visite de M. le professeur H. Breuil, l 'Université de Cluj mit à notre disposition un fond de 30.000 Ici, pour pouvoir suivre les traces de la culture paléolithique en Transylvanie. Ces recherches ont été entreprises, en partie dans la société de notre très distingué hôte, en partie par nous-mêmes 2) .

Comme résul ta ts : 1. On a constaté de nouveaux vestiges paléolithiques: sur la terrasse gauche de la vallée du Càpus, près de la commune Câpusul-Mic (Kiskapus, district de Cojocna), dans cinq grottes, situées entre les confins de la commune Federi (Fegyer, district de Hunie-doara), dans trois grottes situées entre les confins de la commune Crâciunesti (Karâcsony-falva, district Huniedoara) et dans Pestera-Boului (la grotte du boeuf) près de Lorâu (Kôriis-loro, district de Bihor) ; 2. On a pu vérifier le matériel de Sângherita (Szentgericze, district Mures-Turda) 3 ) , de Andrâshâzapuszta près de Nâdàsel (district de Cojocna), de Lona Sâ-seasca (Szâszlona, distr. de Cojocna), de Turea (Tiire, distr. Cojocna), de Tâietura Tur-cului (Torokvagas) près de la citadelle (Cetâ^uia) de Cluj (Fellegvâr), de Buitur (Bujtur, distr. de Huniedoara) , de Turniçor (Kistorony, distr. de Sibiu), de la grotte près de la commune de Somesul-Rece (Hidegszamos, distr. de Cojocna 4 ) , et de la grotte près de Meresti (Homorod-almâs, distr. Odorhciu) ; par les fouilles de Buzeul-Ardelean (Magyarbodza, distr. Trei-Scaune), de la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza) et du hameau Crâciuneçti près de la vallée

') Conf. Dr. Martin Hoska: Recherches sur le paléo· de la soc. des sciences, etc. lilhiquc en Transylvanie. Bulletin de la Société des 3) Aux confins du territoire de la commune de Gye-sciences de Cluj, tome II, 2-èmc partie, p. 183 —192, piiszegarka au mois d'août 1914, les paysans ont dé­avril 1925 où j'ai déjà donné un court aperçu sur l'âge couvert des restes de mammouth. Avisé par eux, j'ai paléolithique en Transylvanie, avec les quelques fi- entrepris une petite fouille, dont j'ai récolté des dé­pures des objets trouvés dans les grottes de Federi fenses de mammouth, un crâne de bison et un de cervus et dans les vallées de Cremenea et de Chichereu, ainsi euryceros. On a pu constater des traces de feu et l'on qu'à Cràciuncsti. a trouvé un grattoir atypique, publié par Breuil:

2) L'ensemble des trouvailles a été mis, jusqu'à «éclat de quartz laiteux discoïdal» fig. 2 N o . 6. Ar-son départ, à la disposition de M. Breuil. L'oeuvre est rêté par la pénurie des travailleurs, j'ai recouvert parue sous le nom: Stations paléolithiques en Transyl- de terre les deux défenses de mammouth , ainsi que vanie, dans le Bulletin indiqué plus haut (No. 17). l'entière section fouillée, espérant continuer les tra-Les résultats des fouilles exécutées après son départ, vaux après la guerre. ont été publiés en partie dans le même Bulletin. La 4) Dr. Koch Antal: A hidegszamosi csontbarlang plus grande partie fait l'objet du présent article. ismertetése. Orvos-Természettudomânyi Êrtesitô, Kolozsvâr Le No. 17 après la fig. 16 et le No . 2 après la fig. 17, 1891. Barlangkutatds, II , 1914 pp. 1 3 6 — 1 3 7 . figure aussi dans mon rapport, publié dans le Bulletin

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Dr. MARTIN ROSKA

de Cremene, ainsi que dans la vallée de Chichereu, près du hameau Crâciuncçti, on a eu la

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v///////'. J arrea satoa pata.

0 OÇ> Pierres ^ Pieb-e.

Foyer. Vaïra de foi

Fig. 1. Les grottes de Coasta Vacii, Fcderi (Fcgycr).

possibilité de confronter les belles collections du Musée de Brasov *), et d'enrichir l ' Ins t i tu t

l) Teutsch Gyula: A magyarbodzai aurignacien. Bar- langkutalas, II , 1914, 136 — 137, pp. 51 — 61. La deno-

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924

d'Archéologie de l 'Université de Cluj ; 3. On a continué les fouilles de la grotte Igrit, près de la commune Pestere (distr. de Bihor) et de Cioclovina (Csoklovina, distr. de Huniedoara) *) ; 4. Nous avons conduit et contrôlé les fouilles du Musée de Deva exécutées dans la grotte de Bordul-Mare près de la commune Ohaba-Ponor (distr. de Huniedoara).

Il faut mentionner près de Câpusul-Mic (Kiskapus) un râcloir (limande !) de type acheuléen

Fig. 2. Nuclcï (1), grattoirs (2 — 5), et os égratigné (6) de la grotte I, de Coasta Vacii, Federi (Fegyer).

apporté par les eaux et trouvé dans cet endroit par M. Breuil. Deux pierres en forme de coup de poing qu 'on ne peut considérer comme travaillées par l 'homme, jusqu 'à ce qu 'on ait fait sur cette terrasse des recherches systématiques.

A Federi (Fegyer) nous avons fouillé d'abord les trois grottes de Coasta-Vacii (fig. 1). La grotte no. 1, située un peu plus bas est la plus grande. Sa situation s t ra t igraphique:

de 0 — 0.3 m. une couche d'argile brune, mêlée à de l 'humus. Dans cette couche, sauf les concrétions calcaires, tombés d'en haut , on a trouvé aussi des

tessons énéolithiques et des tessons provenant de vases «slaves» du I X — X siècle, après J . C. A la profondeur de 0.3 m. on a pu identifier les restes d 'un âtre, près duquel se trou­

vaient, pêle-mêle, les débris des vases mentionnés plus haut .

initiation de Magyarbodza -■- Bu/.cul Ardelcan — a passé un peu faussement dans l'usage, parce que la rivière dont on s'occupe, Valea Cemenei, se trouve située près de Sita (Szitahod/.a).

' ) La première fouille a été exécutée en 1911. Dr. M. Hoska: A diluvidlis ember nyomai a csoklovinai

Cholnoky-Barlangban. Dolgozatok-Travaux, I I I , 1912, pp. 201—249. La seconde en 1921. Idem: Sâpâturile din pestera delà Cioclovina. Publicafiile Comisiunii Monumentelor Islorice. Sectiunea pentru Transilvania, I I , Cljj 1922.

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Dr. MARTIN K o s k \

De 0.3 — 0.9 couche d'argile brun-rougeâtre, remplie de pierres de différentes gran­deurs. On y a t rouvé: des tessons ('néolithiques, quelques lames en pierre calcaire cristallisée, ainsi qu 'un grattoir en silex, assez bien travaillé et un os égraligné (fig. 3).

Fig. 3. Coups de poing (Faustkeile) en pierre calcaire cristallisée, grotte I I , Coasta Vacii. Federi (Fegyer).

L'absence des types moustériens *), ainsi que les dimensions et la technique des lames, concourrent à nous donner l'impression que cette grotte a été habitée vers le commencement

J) Dans mon rapport du Bulletin de la Société des sciences, p. 184, le terme moustérien n'est pas à sa place.

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉK 1924

du diluvien supérieur. Λ la profondeur nommée plus haut — au centre de la grotte — on a décou­vert un foyer (âtre) assez grand, autour duquel des fragments de vases énéolithiques étaient épars.

Fig. 4. Coups de poing moustcriene en pierre calcaire cristallisée, grotte II . Coasla Vacii. Federi (Fegyer).

Un peu plus bas, jusqu 'à une profondeur de 1.80 m, on a ôté de grandes pierres, pro­venant de l 'âtre même; des tessons énéolithiques y ont été trouvés en quant i té . On a t rouvé encore deux lames en silex et quatre grattoirs atypiques en quartz , et des restes d''Ursus spelaeus.

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Dr. MARTIN ROSKA

Les fouilles seront continuées en 1925 d 'au tan t plus, qu 'en dehors du but d'éclaircir ce problème, ce devoir nous est imposé p;ir la question de l'os égratigné.

Au-dessus de cette grotte il y a une autre , no. I I , fig. 1. L'aspect de son entrée, nous est donné par la fig. 4. La grotte est tout à fait petite et pos­sède une fenêtre. Dans l ' in té r ieur nous avons trouvé une couche de 20 cm. en argile rou-geâtre, dans la­quelle gisaient des ustensiles et quel­ques morceaux de charbons.

Dans cette pe­t i te grotte, on a découvert un vrai atelier moustérien, représenté par tous les objets caracté­ristiques de cette époque : nucleïs, percuteurs et sur­tout , des restes de pièces fabriquées se t rouvan t en nombre considéra­ble auprès des ob­je ts tou t à fait achevés. Le tou t en pierre calcaire cristallisée (fig. 3, 4, 5, 6). Ce sont des produits du moustérien typi­que.

A gauche il y a une troisième grot­t e (no. I I I , fig. 1). Elle se compose de deux corridors,

dont le corridor latéral est situé plus haut . En ce qui concerne les restes dont nous nous occu­pons, le résultat est négatif. On constate ici de nouveau la même couche en argile rouge,

Fig. 5. Racloirs moustériens en pierre calcaire cristalisée, Grotte I I . Coasta Vacii, Federi (Fegyer).

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contcn i r t quelques racloirs de caractère moustérien (fig. 7), plusieurs restes d'objets fabriqués et des traces éparscs de charbons. A la surface du sol on a trouvé des tessons provenant de deux vases romains.

E n face de Coas-t a Vacii vers ΓΟ de Federi, est situé Pia-tra Muntenilor, où se t rouve une petite grot­te Gaura Cocosului (fig. 8).

Pour pouvoir nous rendre compte de sa stratigraphie, nous a-vons creusé un fossé long de 2 m et large d 'un m. Pour le mo­ment on a approfondi le fossé jusqu 'à 60 cm, la couche apparente é-ta i t en argile b run -jaunâ t re et l'on a trou­vé dedans, en dehors de petites pierres cal­caires, les restes d 'un dolium romain; plus bas encore, il y avait deux éclats en silex, li­ses, deux grattoirs aty­piques brisés, en pierre calcaire cristallisée et quelques os, cassés aus­si, appar tenant très pro­bablement à 1 ' Ursus spelaeus.

Ce sont des mar­ques indubitables, qui nous poussent à admet­t re , que l 'homme pa­léolithique a vécu dans ces contrées, hypothèse renforcée d'ailleurs par les restes de charbons.

Le caractère des instruments est le même que celui des ustensiles moustériens de la grotte de Cioclovina.

Non loin de cette grotte il y a un corridor (fig. 9) d 'une longueur de 8.5 m. A son en­trée on a prat iqué un peti t sondage dont le résultat a été assez satisfaisant.

Fig. 6. Percuteurs (1 — 2) et grattoir moustérien (3) en pierre calcaire cristallisée, grotte I I . Coasta Vacii. Federi (Fegyer).

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A la surface une couche en argile brun-noirâtre et sableuse, épaisse de 20 cm, conte­nait des tessons de vases énéolithiques, romains ] ) , voire même «lu Moyen-âge.

Au-dessous, il y a une autre couche de 20 cm, en argile brun-rougeâtre. remplie de pe­ti tes pierres calcaires, restes de charbons, quelques dents et os iVUrsus spelaeus, brisés inten­tionnellement et aussi quelques grattoirs cassés, en quartz , de caractère moustérien.

Nous espérons que les fouilles prochaines nous donneront un beau résultat . Vers ΓΕ de Federi, au pied de la colline Fruntea-Mare, il y a encore une grotte dans laquelle on ne peut pénétrer que par un couloir étroit . Elle était tellement remplie de pierres, qu'il fut impos­sible d'y travailler.

A Crâciuneçti, vers le N. de Deva, on a fait des fouilles plus restreintes dans les grottes §ura de jos, Balogu et Groapa-Lupului. Dans chacune on a trouvé des vestiges de la culture paléolithique, la faune y é tant toujours représentée par VUrsus spelaeus.

La situation stratigraphique du sondage creusé à §ura de jos est la suivante : en haut une couche de 20 cm: guano, pierres calcaires de différentes dimensions, quelques restes de

charbons et des tessons énéoli­thiques. De 0.2 m — 0.5 m, on a travaillé dans une couche d'argile fine, gris-jaunâtre, contenant des pierres calcaires. Quelques lames en pierres calcaires, dont on ne s'est jamais servi et un grat toir en jaspe rouge, trouvés à l 'extré­mité supérieure de la couche, ont constitué toute la récompense de notre peine.

Au-dessous vers le milieu de la couche, on a t rouvé quelques

Fig. 7. Racloirs moustériens en pierre calcaire cristallisée, . . grotte I I I . Coasta Vacii. Federi (Fegyer). O S d UrsUS Φ"**™* a i n s l qu u n

grattoir en jaspe rouge très peu façonné, rappelant cependant la technique aurignacienne.

De 0.5 m — 0.8 m la couche, quoique de la même argile, a une nuance un peu plus brune. On y t rouve également des traces de charbon à une profondeur de 0.08 m.

Dans la grotte nommée Balogu, le sondage nous a fait voir la situation strat igraphique suivante: en haut , une couche de 0 — 0.15 m, en humus noir-brun renfermant des pierres calcaires, des charbons et des tessons énéolithiques; de 0.15 m-—0.55 m (on s'est arrêté à cette profondeur avec le sondage) on a constaté une couche d'argile sableuse, brun-rougeâtre, remplie de charbons et d'os d ' t / rsus spelaeus, brisés intentionnellement.

A Groapa-Lupului, on a constaté d 'abord une couche épaisse de 5 — 1 0 cm, en humus argileux, remplie de concrétions calcaires et de tessons modernes, dus aux bergers de la montagne, qui en temps de pluie, t rouvent ici un abri pour leurs t roupeaux ; au-dessous,

x) Il faut relever le fait que les fragments céramiques qui surveillaient les mouvements des Romains, ou les romains sont assez fréquents dans ces grottes. Le même sentinelles romaines qui devaient observer les pré-cas a été observé à Ohaba-Ponor. A notre avis dans paratifs des Daces. ces grottes ont dû séjourner les sentinelles daces

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une couche d'argile vierge, brun-jaunâtre, avec des pierres calcaires, des charbons et des os d ' t / rsus spelaeus en grande part ie brisés intentionnellement1) .

Ce sondage a été poursuivi jusqu 'à une profondeur de 60 cm. A la grotte de Pestera-Boului, vis-à-vis de Bratca, M. Breuil a découvert des traces pa­

léolithiques, représentées par quelques éclats 2) atypiques et des restes d'Ursus spelaeus. A la surface du sol on a trouvé des tessons énéolithiques.

On a fouillé en même temps la grotte nommée Piatra-Corbului, située sur le territoire

Fig. 8. Le plan (A), la section longitudinale (B), de la grotte uGaura Coco§ulub> de Pialra Muntenilor. Federi (Fegyer).

de la commune Banlaca (distr. de Bihor), ainsi que deux abris sous roche, avoisinant cet te caverne. Mais malheureusement, nos fouilles à cet endroit n 'ont pas abouti à un résultat positif.

A Buzeul Ardelean, c'est-à-dire dans la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza), nous avons vérifié d 'abord la strat igraphie dans laquelle se t rouvait le matériel de M. Teutsch

*) Le musée de Deva, possède une assez belle col- 2) Dans l'oeuvre de M. Breuil, fig. 11 no. 5, on a lection céramique, éneolithique, provenant de la grotte publié une lame ovoïdale. de Balogu.

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de Braçov, puis sur une terrasse inférieure du ruisseau Valea Cremenei, nous avons creusé un fossé dans le jardin de Dinu Iiuzea.

La situation strat igraphique se présente de la manière suivante: en haut, une couche d'argile plast ique, un peu sableuse, dans laquelle on a trouvé des restes épars de charbons et aussi des ustensiles, nucleïs en silex, de même qu'en grès opalisé. On constate le nu un-aspect plus bas également de 0.3 — 0.6 m l'argile é tant tout de même un peu plus sableuse. Plus bas encore, l'argile, de nouveau sableuse, contient des pierres en grès, la couche étant d'ailleurs tout à fait stérile.

Le même profil s trat igraphique a été reconnu 5 m plus haut , au niveau des fouilles de Teutsch. Des nucleïs, des restes de produits fabriqués et des instruments travaillés à demi et plus rarement complètement achevés, s'y t rouvent en abondance. La technique tient de l 'aurignacien moyen (fig. 10, 11, 12). En par tan t de Dealul-Negru, en amont de la

Vallée de Crcmenea, au pied de la colline de Gûlma, nous nous t rouvons sur une terrasse diluviale, qui est devenue le noyau de l 'actuel petit hameau: Crâeiunefti.

On y t rouve par tout des morceaux de silex, voire même des éclats qu 'on a détachés, ainsi que des ustensiles, sur­tout des grattoirs de caractère aurignacien moyen (fig. 13).

L'aspect serait analogue si, après avoir suivi notre tra­je t , on descendait par la pente de la terrasse, en aboutissant à la vallée de Chichereu (fig. 14),

où l'on peut recueillir des objets assez abondants , en glanant seulement à la surface du sol. E n gra t tan t quelque peu la pente de la terrasse, on pourrai t constater, qu'elle contient une quant i té impor tante de matériel b ru t (silex, jaspe, quartz) nucleïs et éclats, etc.

C'est ici que Teutsch a trouvé sa pointe de lance, appar tenant à la période solu­tréenne *). Nous aussi, nous y avons t rouvé deux morceaux de silex, témoignant, quant à l 'exécution, de la technique solutréenne.

D'après la richesse en jaspe, grès opalisé, quar tz , etc. se t rouvant in situ ici à Dealld Negru et aux alentours, nous sommes enclins à croire, que les chasseurs aurignaciens et so­lutréens s'y sont établis et ont fait un commerce prospère de leurs produits avec les régions avoisinantes, t an t en deçà qu 'au delà des Carpathes.

Vers le S-0 se t rouve la colline de Cremenea et un autre ruisseau por tant le nom de la vallée de Cremenea ( tout près de la rivière Buzeul-Mic, Kisbodza).

Après ce que nous avons dit plus haut , il n 'est plus nécessaire d'insister d 'avantage, sur l ' importance des terrains, concernant le paléolithique en Transylvanie. Nous sommes convaincus

Fig. 9. Le plan (A) la section longitudinale (B) et la section verticale (C) des fouilles à l'entrée du corridor de

Piatra Muntenilor. Federi (Fegycr).

') Publiée par M. Breuil, /. r., fig. 3.

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que les prochaines fouilles exécutées ici, renforceront nos conclusions sur la culture paléoli­thique supérieure, sur l 'extension et la direction de celle-ci.

Eig. 10. Nucleïs ( 1 — 2 ) et grattoirs en silex de l'aurignacien moyen (3 — 8). Valea Cremenei près de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.

Il faut remarquer que M. Teutsch, en 1911, n 'a pas trouvé d'ossements humains. Nous n 'avons pas découvert non plus de restes faunistiques ou des ustensiles en os.

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L'abondante collection recueillie par M. Tcutsch J ) , ainsi que par nous, composée de nu* cleïs, de beaucoup d'éclats et de rebuts de fabrication, nous prouve assez clairement que nous

nous trouvons en présence de vrais a-teliers. C'est ce qui explique sans doute aussi le fait, que beaucoup d ' usten­siles ne sont exé­cutés qu 'à demi. Il faut rappeler égale­ment la grande éten­due sur laquelle les objets se t rouvaient éparpillés.

A la grotte Igriç près de la commune Peçterc (distr. Bihor) nous avons commen­cé nos fouilles en 1913.

Notre bu t était de pouvoir y constater les restes de la vie humaine et de re­connaître par quels an imaux étai t re­présentée sa faune.

On a découvert à cette occasion une quant i té assez im­por tan te d ' ob j ets da tan t de l 'époque moustéricnne, repré­sentée par des é-clats en amande de quartz lai teux2) , pu­is par des restes au-

Fig. 11, Burins (1 —13), racloir (14) et lames micro-lithes en silex, de l'aurignacien r i g n a c i c n s in fé r i eu r s moyen (15 —17) . Valea Cremenei près de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.

entre autres une pointe de lance (en os) — fragment de sagaie.

Dans les mêmes circonstances, on a eu également la possibilité de constater, que l 'homme aurignacien et moustérien de cette grotte, faute de pierre (la matière propice) s'est servi

l) Publiée en partie par Breuil, l. c , fig. 4—10. -) Ibidem, fig. 11, no. 1, 2, 3, 4.

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pour ses besoins des ustensiles atypiques en os, dont la technique rappelle celle du silex1).

Fig. 12. Lame», grattoirs en gréa opalisé de l'aurignacien moyen. Valea Cremenei près de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.

La faune était représentée par des restes à'Ursus spelaeus, Hyaena spelaea, Felis leo spe­laea, Canis lupus spelaeus, ainsi que par quelques dents d'Equus caballus.

l) Ibidem, fig. 12 no. 1 — 5.

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Les fouilles exécutées en présence de M. Breuil ont confirmé les déterminations conçues dès l 'année 1913.

A la caverne de Cioclovina les deux mémos périodes paléolithiques sont représen­tées t an t par les ré­sultats des fouilles e-xécutées en 1911 que par ceux de 1921.

Il y a toutefois une différence entre ces deux cavernes: à la caverne de Cioclovina les restes de la culture aurignacienne, ont é-té trouvés in situ, tan­dis que les moustéri-ens, caractéristiques pour l 'autre (Igrij), ont été t ransportés ici par le courant (de la rivière). La faune y est représentée seulement par VUrsus spelaeus.

Les égratignures mu­rales, considérées com­me le résultat de l 'ac­t ivité humaine sont, d'après M. Breuil, ducs à des reptiles.

Pendan t cet été-ci, pour la deuxième fois nous avons pris par t à la direction et au contrôle des fouilles exécutées à la grotte de Bordul-Mare, près delà commune Ohaba-Ponor (distr. Hunie-doara).

Ici, derechef nous nous sommes trouvés

en présence de restes de l 'époque moustérienne typique et de l 'aurignacienne inférieure. La richesse du matériel moustérien nous fait supposer également ici l 'existence d 'un atelier pour la fabrication des ustensiles.

Pour le moment on n 'a fouillé que la part ie extérieure de la g ro t te ; le matériel récolté revient de droit au musée de Deva.

Fig. 13. Nucleï (1), nucleï ayant servi comme percviteur (2), grattoirs (3, 4, 7, 8,) et burins (5, 6) en silex de l'aurignacien moyen. Cràciuneçti près de V. Cremenci.

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Les résultats feront bientôt l 'objet d 'une monographie spéciale. D'après les fouil­

les exécutées jusqu 'à présent nous sommes autorisés à conclure, qu'en Transylvanie la culture moustéri-enne se trouve repré­sentée dans les grot­tes de Cioclovina, Fe-deri, Ohaba - Ponor, Igrit, puis par le râcloir de Turnisor, à Tâietura Turcului près de la citadelle de Cluj ; les lames d'An-drâshàzapuszta près de Nàd&çel ont en partie un caractère moustérien. La cul­ture aurignacienne inférieure est. repré­sentée par les grot­tes de Cioclovina, 0 -haba-l 'onor, Cràciu-nesti, Igriç et la la­me de Lona Sàseas-câ. La culture auri­gnacienne moyenne ( Valca Cremcnci, Crâ-çiuneçti, Valea Chi-chereului), est repré­sentée aussi par quel­ques grattoirs de la grotte de Cioclovina, qui avec leurs retou­ches obliques, res­semblent assez sen­siblement aux pro­duits de l 'époque au­rignacienne moyen­n e ; la culture solu­tréenne se t rouve représentée dans la vallée du Chichereu. Enfin la culture magdalénienne est révélée bablement — par les résultats des fouilles de la grotte de Somesul-Rece.

Fig. 14. Nucleï (1), grattoirs (2 — 6, 10, voir surtout le no. 4 de technique solutréenne) et burins (7, 8, 9) en silex. Valea Chichereului près

de Crâciuneçti.

pro-

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Les prochaines fouilles qui seront exécutées dans la première grotte1) de Coasta Vacii à Fe-deri. les recherches de vérification qui seront entreprises ensuite dans la grotte de Mereçti sur la terrasse entre Cerna et Streiu à Buitur , à Turea, élucideront le problème de l'ori­gine des produits t rouvés ici, ainsi que les circonstances naturelles dans lesquelles s'est passé la vie de ceux qui les ont fabriqués.

Le grattoir trouvé par M. Breuil près de Câpusul-Mic, est considéré comme une «li­mande acheulécnne».

Ces fouilles ont nécessité une dépense de 32.322 Ici, dont 30.000 ont été fournis par l 'Uni­versité de Cluj, le reste, 2.322 Ici é tant supporté par la Commission des Monuments histo­riques, la section de Transylvanie.

La richesse et la valeur des objets trouvés de l 'époque paléolithique nous impose deux devoirs: l 'un, de caractère local, l 'autre de caractère général.

En ce qui concerne le premier, il faut observer qu'il ne suffit pas de se contenter de con­tinuer les t r avaux déjà commencés et de vérifier par la comparaison les produits épars, mais il faut préconiser l'élargissement des cadres de nos recherches, par la découverte et l'ex­ploration des autres grottes, qui ont pu très bien être habitées, ainsi que par la fouille des terrasses de nos rivières: Buitur , Lona-Sâseascâ, Andrâshâzapusta près de Nâdàçel ; les racloirs t rouvés par nous près de Turnisor, dans le gravier de la rivière Cibin, etc. , nous décelant assez clairement la richesse qui doit être cachée à l ' intérieur de ces terrasses.

Une autre condition essentielle à l 'appui de notre thèse serait que les fouilles puissent prendre dans les autres coins du pays, le même essor que dans «l'ancien royaume».

A Vitânesti de même qu 'à Colacu, M. Breuil a découvert des traces de culture pa­léolithique. Ceci nous fait espérer que par l 'extension des fouilles mentionnées plus haut , nous serons bientôt en mesure d'établir les relations avec la région de la Bulgarie 2) au S, ainsi qu 'avec les régions du N-E et E , avec la Russie méridionale; les fouilles magdalé­niennes de la rue Kyril de Kiew et de la presqu'île de Krim 3 ) , nous invitent à fixer le con­tac t de civilisation de notre contrée avec cet immense territoire, pendant l 'époque du paléo­lithique supérieur.

Cela pourrait très bien constituer, ce que nous avons considéré plus hau t être un bu t de caractère général. La position géographique de notre territoire, situé jus te au milieu du con­tinent et sa grande richesse en produits naturels, explique le grand appât , que de tout temps notre contrée a dû constituer pour les peuples environnants et surtout l 'a t t ract ion qu'elle a dû exercer sur les nombreuses bandes nomades de l 'époque préhistorique; ces faits sont des garanties assez solides en faveur de nos hypothèses. La richesse de la culture aurigna-cienne, les restes abondants de la culture solutréenne de la vallée de Chichcreu, en disent assez sur la raison d'être de nos deux devoirs.

On ne saurait douter à présent que l 'hiatus cultural imaginé entre l 'époque pléistocène et celle holocène n 'a été qu 'une pure fiction.

Le mésolithique d 'I tal ie, du S-O, de ΓΟ et du N - 0 de l 'Europe, ne forme qu 'une époque de transit ion. La Russie méridionale n ' ayan t pas été couverte par les glaciers, la vie s'y est

') Ibidem, Breuil, op. cit., fig. 13, no. 6. 2) Les fouilles de la petite grotte près de Tirnovo, Bul­

letin de la Société Arch. Bulgare, II , 1911, pp. 255— 256, puis de la grotte de Moravitsa près de Glojéné, ibidem

III , 1912, p. 290. 3) M. Hocrnes: Der diluviale Mensch in Europa,

Braunschweig 1903, p . 182 — 183. G. et A. dcMortillet: La préhistoire, Paris 1910, p. 657.

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continuée et par conséquent la culture du paléolithique également. Ce qui fait encore dé­faut ce sont les fouilles, celles de Kiew, de la presqu'île de Krîm, ainsi que celles de la Pologne actuelle ]) nous ouvrant des perspectives assez favorables.

Si l'on se souvient que la Sibérie a eu aussi son époque paléolithique 2 ) , qu 'on en a trouvé des traces en Syrie et en Palestine et que M. I . Bayer a constaté qu 'en Palestine la culture campignienne (c'est-à-dire mésolithique) continue la culture paléolithique 3) , on peut très aisément se rendre compte de la belle perspective qui se déroule devant nous, qui fait que la moindre fouille exécutée sur nos territoires, rehausse sa valeur locale d'une importance générale.

II. Déjà depuis le mois de mai, nous avions commencé, sur le compte du Musée d'O-radea-Mare (Nagyvârad) les t ravaux pour la découverte de la station énéolithique de la com­mune lîili.ii ia (Bihar distr. de Bihor), qui pendant les IV e , X I e , X I I e , X I I I e siècles ap. J.-Chr. avait servi de cimetière. On a mis au jour 372 tombeaux, ne concernant pas nos préoccu­pations présentes. La station énéolithique qui nous intéresse paraî t en partie détruite par les inhumations postérieures.

Nous avons réussi à fixer la forme de quatre habitations, dont deux oblongues et en­foncées un peu dans l'argile, et deux rondes, enfoncées de même dans l'argile de la terrasse où se sont établis les habi tants de cette station. L'une ronde, de la forme des corbeilles, servant à a t t raper les essaims d'abeilles, devient un peu plus large vers son milieu, une autre aussi ronde de forme, mais sans s'élargir vers son milieu, possède en bas un bord de 35 cm, qui rétrécit sa base. Sur le «plancher» de deux habitat ions, on a trouvé des restes de feu.

Les objets trouvés se composaient de tessons énéolithiques, pierres à broyer les grains, poids de filets de pêche, perles en argile, grattoirs en obsidienne, morceaux en tôle de cuivre rouge, autres restes de la même matière et une pointe de poignard triangulaire, en cuivre rouge aussi. Tous ces objets ont été trouvés soit entre les tombes, ce qui signifie qu 'on ne les a pas trouvés «in situ», soit dans les habitations près et sur les âtres à feu, dont l 'un est muni d'une grille en argile.

Une monographie spéciale suivra, la campagne des fouilles une fois close. 2. C'est aussi pour le musée d'Oradea-Mare, qu 'on a exécuté la petite fouille de Valea

lui Mihai (Ermihàlyfalva, distr. de Bihor) non loin de la gare, sur la terrasse droite de la rivière d 'Er , dans le jardin de Iosif Rathonyi, découvrant ici les vestiges d 'une stat ion néo-lithique-énéolithique.

Les constructions de cette station consistent en trois habitat ions, dont deux oblon­gues et la troisième de la même forme. Se collant à celle-ci, il y a encore une aut re pièce plus étroite, qui dépasse à droite et à gauche les parois de l 'habitation de 50 cm, formant ainsi une nouvelle variante entre les types d 'habitat ion déjà connus pour cette époque. Tous les âtres à feu, sans exception, ont été trouvés à l 'intérieur des habitat ions. L 'une des habitat ions communiquait avec une pièce souterraine, qui possédait un rebord comme celle de Biharia.

Les objets trouvés se composent de deux cruches cassées, de tessons de vase de la fin du néolithique, plus exactement du commencement de l 'époque déjà énéolithique,

l) Conf. Hoernes, op. cit., p . 172. L. Kozlowsky: 2) G. et A. de Mortillet, op. cit., pp. 593 — 594. Starsza epoka Kamiena w Polsce (Poznanskie Towar- 3) J . Bayer: Alter und Wesen der Askalonkultur. zystwo Przyjaciol Nauk, prace komiciji archeologiezney) Mannus, XV, 1923, pp. 187 — 206; H. Schmidt: Vor-Posen 1922. geschichte Europas, I, Leipzig 1924, p . 39.

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des grattoirs cl éclats en silex, obsidienne, d'une boule en obsidienne el de deux perle- en argile.

On a découvert aussi des ossements humains carbonisés, provenant sans doute des tom­beaux mentionnés plus haut .

Il y a assez longtemps, il devait se trouver ici des tombeaux contemporains de celte sta­tion. On y inhumait assez fréquemment les morts sans les briller, le corps dans la position accroupie.

On a découvert encore des tombeaux à squelettes carbonisés et des restes de cuivre ronge. Il est assez sûr qu'on pourrait t rouver également des restes d 'autres stations, ainsi

que des tombeaux, en fouillant les jardins avoisinants. Une description spéciale de nos fouilles ne tardera pas à paraî tre. 3. Sur une des îles de la rivière d 'Er , on a pu fixer aussi à cette occasion, une très

impor tante station nommée la «citadelle de terre» (Foldvar) située près de la commune Otomani (Ottomâny, distr. de Bihor).

Un peti t burin poli, de la forme d'un embauchoir et quelques tessons trouvés dans les sillons de la terre labourée, nous autorisent à supposer qu 'une vie vraiment civilisée a dû y commencer vers la fin de l'époque néolithique, durant toute l 'époque énéolithique et jusqu 'à la première phase de l 'époque du bronze.

Vers le S de cette station sur le dernier degré du massif des monts transylvains, au-dessus de la commune Otomani, il y a un magnifique promontoire, nommé par les paysans d'alen­tour : la colline de la citadelle — Dealul Cetâjii (Vârhegy).

E n visitant ses pentes abruptes, vers la rivière d 'Er on peut immédiatement se rendre compte qu'elles lui assurait une belle défense naturelle, tandis que vers le S et l 'E on a dû excaver un fossé, pour pouvoir se préserver de ce côté contre les surprises désagréables. Un petit sondage creusé sur le pourtour de cette forteresse nous a convaincus, que nous sommes en présence d'une station de l'époque énéolithique, qui a été, «in floribus» aussi pendant la première phase de J"époque du bronze.

Les intellectuels de Valea lui Mihai qui ont subventionné le musée d'Oradea-Mare à l'occa­sion des fouilles de Biharia et Valea lui Mihai, ont amassé aussi un fond nécessaire à une nou­velle fouille, un peu plus restreinte, indispensable pour éclaircir aussi la question de ces deux s ta t ions ; mais, é tant retenus ailleurs, nous avons du ajourner cette tâche à un an.

En ce qui concerne le rapport entre la station du promontoire et celle de l'île de l 'Er , nous sommes d'avis qu'il faudrait supposer ici deux stations jumelles, dont celle du promon­toire de l 'Er pourrait être considérée comme le lieu de refuge.

5. Chargés par l ' inspectorat général des musées, déjà depuis 1910 et invités aussi par la Société Kolcsey d'Arad, nous avons commencé le déblaiement de la stat ion de $antul-Mare (Nagysancz) entre les communes de Pecica (Pécska) et Semlac (Szemlak, distr. d'Arad) ' ) .

Pour le Palais cultural d 'Arad, on a continué cette année aussi les fouilles de cette ex­cellente station, grâce aux fonds de la commune (ville) et du district et à la somme de 5.000 lei de la société Kolcsey, qui se fait encore aujourd'hui un devoir d'aider les fouilles entreprises par l 'organisation du district.

Cette année nous avons travaillé sur le côté N-E de la station, recommençant néan­moins le travail aussi sur le côté S-E, où les t r avaux étaient délaissés depuis 1911.

*) M. Roska: Àsntds a pécska-szrmlaki hatdrban levô sultuts des fouilles de 1910). Nagysdnczon. Uolgozatok-Travaux, III , 1912. (Les ré-

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924

Les résultats concernant les constructions: les emplacements des habitat ions, les âtres à feu, sont tous notés sur la carte, qui s'amplifie chaque année ; quant aux objets, on constate une richesse inaccoutumée en grattoirs, éclats en silex et en obsidienne, vrilles, scies, etc.

E n dehors des ustensiles et des ornements en cuivre rouge, la céramique découverte dans la couche inférieure, considérée au double point de vue technico-typologique, et esthétique, nous indique clairement que nous nous trouvons ici à la fin de l 'époque néoli thique; il y aurait même peut-être lieu d'étendre notre date, jusqu 'à l 'époque du bronze, dont on a re­connu les vestiges caractéristiques. La vie s'y est continuée sans relâche, les Celtes mêmes ont séjourné quelque temps sur ce promontoire et les restes des objets trouvés à la sur­face du sol, nous enseignent, que les Goths aussi ont passé par là.

La collection préhistorique, possédée par le «Palatul Cultural» est assez riche en restes concernant cette civilisation locale; en partie cette collection sera vérifiée par les fouilles, qui s 'exécuteront chaque année, et c'est ainsi que nos recherches sont à double fin.

ÇanÇul-Mare, situé sur la rive droite du Mures, séparé du rivage par un fossé large et profond, se t rouve être, sans contredit, un vrai promontoire. Les bords de la rivière en amont comme en aval, sont pleins des vestiges de t an t de stations contemporaines, qu 'on ne peut se t romper, en y affirmant l'existence d'un double établissement: la rive droite du Mures, qui est plus hante à ce point que celle de gauche, a été vraiment le territoire, où ont passé leur vie les chasseurs, les pêcheurs, les agriculteurs et les viticulteurs de ces contrées, tandis que Çan^ul-Mare constituait leur refuge en cas de danger.

Presque toute la collection préhistorique du «Palatul cultural» provient des fouilles de Sanjul-Mare. Les fonds de cet inst i tut , é tant limités, on ne peut malheureusement continuer les t r avaux exigés par l ' importance de la station.

Près de Çanjul-Mare, on parle des traces de fossés romains. C'est une raison de plus pour qu 'un travail intense commence aussi dans ces régions.

Depuis 1909 nous fouillons à Periamos (Perjâmos, distr. Torontal) pour le compte du musée Uânâtean de Timiçoara, en y découvrant une station close du côté O de la commune au lieu nommé Schanzhiigel ]) et une autre station, ouverte vers ΓΕ de la commune, sur la Zenescheuer.

Les deux stations commencent leur existence à l 'époque énéolithique, leur vie durant au-delà de l 'époque du bronze.

On a découvert aussi dans les deux stations des vestiges gothiques, et vers l 'E de la com­mune on a constaté même un cimetière gothique, détérioré partiellement par les nouvelles stations du : X , X I , X V I I et X V I I I siècle.

Sur le Schanzhugel on a découvert aussi des bât iments du XIV et XV siècle. Cette année nous avons travaillé à la Zenescheuer. Une monographie spéciale paraî tra , concernant t an t la station ouverte, que celle donnant

sur le Schanzhiigel, qui vers l 'E et le N se trouve flanquée d 'un fossé et, vers le S étai t défendue par le Mures, qui n 'avai t pas encore élargi son lit.

') M. Ro«ka: Àsatas a perjdmosi Sdnczhalmon. Foldrujzi kiizlemények, XXXIX, 1911, également en français el séparément. (Les résultats de 1909). Idem Àsatds a perjdmosi Sdnczhalmon, Mûzeumi es Kônyv-tdri Êrtesito 1913 et 1914 où l'on a publié les résul­tats des fouilles exéeutées de 1910—1912. Idem:

Les fouilles archéologiques de Periamos (Banatj. Gemina Timisoara, I, 1923, où ont été publiés, en partie, les résultats des fouilles de 1913 et de 1921. Le tout con­cernant le Scbanzbugel. Idem: Sur Γ importance des fouilles préhistoriques en Banat. Archivele Olteniei, I I , 1923, pp. 466 — 469.

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Dr. MARTIN ROSKA

Aujourd'hui au pied de la station coule le canal d 'Aranca. Il faut observer que cette station aussi, a été doublée, la partie fermée par le fossé men­

tionné plus haut et protégée par le Mures, a été le vrai refuge, tandis que la majorité de la population a dû vivre sa vie économique, en dehors d'elle.

Une comparaison entre «Çanjul cel Mare» et la station de Periamos, nous donnerait des dates assez fixes.

Le rivage droit du Mures, se t rouvant plus hau t à ces endroits que le gauche, ce n'est donc que sur le premier, que l 'homme s'est établi volontiers. Les premiers colons se seraient placés sur la terrasse inférieure du Mures. Les eaux du Mures croissant, il a fallu qu'ils se re­tirassent plus haut , laissant ici les marques de leur passage, témoignant de leur civilisation. La plupar t des ustensiles sont en silex, en obsidienne, plus nombreux que ceux en os. La technique de ces instruments est à certains égards celle du néolithique pur.

On a t rouvé ensemble des aiguilles, des alênes, des hameçons etc., le tout en cuivre rouge, ensuite un bracelet de la même matière. On a t rouvé aussi deux tessons «peints» (badigeon­nés). La technique de la pâte est assez fine, mais celle de la «peinture» laisse à désirer. 11 semble que le vase n 'a pas été cuit de nouveau, après l 'application de la peinture. Sur cette couche dont nous nous occupons, s'est ajouté avec le temps, celle de la vase stérile, laquelle par endroit a t te int 1 m. Sur cette nouvelle couche se sont de nouveau établis à l 'époque cnéolithique des colons. Leur existence dura jusqu 'à l 'époque du bronze. La vie continue dans le même temps dans différentes s ta t ions: à la seconde couche de Çanjul-Mare, sur la colline à ΓΟ de Periamos, sur la rive gauche du Mures, vers ΓΕ de Periamos jusqu 'au com­mencement de l 'époque du bronze. A Periamos, la vie cessa plus tôt , qu 'à Çanful-Mare.

Certains aspects de civilisation nous conduisent vers le S-E jusqu 'à Troie, et vers le N-O, jusqu ' aux environs de Breslau.

Voilà l ' importance géographique de ces stations, qu 'augmentent les rapports avec l 'E et l ' I talie.

Une comparaison entre l 'énéolithique des grottes de Trausylvanie dont nous nous sommes occupés dans la première partie de notre rapport et les produits énéolithiques des bords des rivières, dépasserait par ses proportions les cadres imposés à ce court compte-rendu.

On peut tout de même ajouter, qu'il y a très peu d'objets ressemblants et que par con­séquent on peut affirmer l'existence de deux aspects de civilisation différents.

Cluj. Dr. MARTIN R o s k \

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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «TIIIASITES» DE CALLATIS1)

Dans le premier rappor t préliminaire concernant les fouilles archéologiques faites dans l 'ancienne ville de Callatis pendant l 'été de 1924, rappor t paru dans la revue <s.Dacia}

recherches et découvertes archéologiques en Roumanie» I , 1924, p . 108 suiv. nous avons publié dans la part ie épigraphique deux décrets inédits des thiasites de Callatis en insistant sur leur importance. Ces inscriptions, copiées presque en même temps par M. Tafrali à Mangalia, et achetées ensuite par le Musée d 'Iassy qui se t rouve sous sa direction, ont fait l 'objet de deux communications parues à court intervalle dans la Revue Archéo­logique: O. Tafrali, tome X X I , 1924; p . 258 — 271, et B. Haussoullier, tome X X I I , 1925, p . 62 — 65.

M. Tafrali ayan t eu l'occasion d'étudier les deux inscriptions à Mangalia aussi bien qu 'au Musée d ' Iassy, a pu faire dans des conditions assez bonnes une communication quelque peu hât ive . M. Haussoullier n 'a eu entre les mains que deux photographies envoyées par M. Tafrali, mais sa communication est un modèle de précision scientifique. Nous venant d 'un épigraphiste de sa valeur et de son renom elle nous est d ' au tan t plus précieuse au rétablis­sement du texte . Mais, même après cette communication, certains points restent encore à élucider, car ces inscriptions peuvent nous fournir des renseignements inédits sur une époque et une région assez dénuées d'informations complètes ou précises. Nos observations se rappor­tent presque exclusivement au rétablissement du texte .

En ce qui concerne le tex te de l ' inscription por tan t comme date la mention du βαοιλέος 2) Σίμον ' Λοκλαηίάδα, la communication de M. Haussoullier, bien que n ' appor t an t pas de nouvelle suggestion quan t à la proposition faite ou à la liste des membres, nous est d 'une grande utili té. Elle confirme sur plusieurs points la lecture que nous avons faite sur le bloc de marbre. Ainsi M. Haussoullier remarque qu 'à la ligne 11 on s 'a t tendrai t à t rouver la préposition êv devant les mots τάι τριετηρίδι, mais il croit voir un sigma dans la let t re qui précède l'article τΰί, et il croit y t rouver la terminaison du génitif exigé par la préposition άττό. Nous avons signalé, dans le tex te même et dans nos observations de la revue «Dada», les traces du sigma et de qua t re autres lettres précédentes qu 'on pouvait distinguer sur l ' inscription devant l 'article τάι. Mais on ne peut affirmer avec cert i tude que le génitif de la ligne 11 soit exigé par la préposition άπ[ό qui est à la fin de la ligne 10, car nous n 'avons pu lire l'omicron sur la pierre et nous n 'en avons pu signaler aucune trace après le pi que nous avons marqué d 'un point . La question reste encore ouverte . Les principaux éléments se t rouvent dans la commu­nication de la Dacia, I , 1924 p . 129.

1) Traduction de l'original roumain faite par Made- 2) Voyez Glotz, Ac. des ïnscr., Journal des sav., moiselle M. Holban. Xï — XII, 280, 6/XI, 1925.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SW I W 1

Dans la première colonne, à la ligne 25, M. Haussoullier lit άλονος. La let t re qui précède lui semble un chi. Cette lecture plaide en faveur de notre hypothèse. La let t re λ est due sans doute à une faute de lecture de M. Tafrali qui lit X au lieu de δ. Dans cette terminaison χαδόνος, dont nous avons pu lire toutes les let tres, excepté le groupe or, nous proposons de voir la terminaison du nom [Καλ]'χαδόνος.

Cette conjecture nous semble fort probable car on rencontre fréquemment des noms d 'hommes ou de femmes formés d'un ethnicon et conservant une forme invariable ' ) . En l i san t Καλχαδών au lieu de Καλχηδών le génitif aura la forme Καλχαδόνοζ au lieu de Καλχαδώνος2).

L'explication donnée par M. Ilaussoullier et M. Th . Reinach quan t au rappor t de va­leur exis tant entre un άργνρονς et un χρνοονς n'est, pas la seule possible. Il est vrai , — et nous même en avons touché quelques mots dans la Dacia —, qu'en adme t t an t pour un χρνουϋς la valeur d 'un s ta tère , les souscripteurs à t rente άργνρονς de la seconde catégorie payaient plus que ceux de la première à un χρνοονς. Mais à coté de la suggestion de MM. Haussoullier et Reinach nous pouvons admet t re pour un άργνρονς un au t re équivalent qu 'une demi-drachme. Malgré leur grand nombre, les demi-drachmes de Callatis devaient avoir un nom spécial ind iquant la moitié d 'une monnaie depuis longtemps connue des Grecs. I l n 'é ta i t donc pas nécessaire, à notre avis, de comprendre les demi-drachmes dans une notion aussi générale que άργνρονς. A une époque où s 'accentuait la dépréciation de la monnaie, les Grecs ne pouvaient entendre par άργνρονς xinc demi-drachme, car la drachme é ta i t la monnaie courante de tou t le bassin oriental de la Méditerranée. Un άργνρονς ne pouvai t donc signifier qu 'une drachme, monnaie connue dans toutes les régions grecques comme la mon­naie d 'argent κατ' εξοχήν.

En acceptant la solution proposée par nous dans la Dacia 1,1924, p . 141 on évite la contra­diction d 'un rappor t invraisemblable entre le m o n t a n t des cotisations des membres de la première et de la seconde classe. Un χρυοονς n 'é ta i t pas un s ta tère simple mais un s ta tère double ou un té t radrachme, monnaie connue depuis Alexandre-le-Grand en ces lieux et à l 'époque à laquelle appar t ien t l ' inscription de Callatis ayan t comme date la mention du βαοιλενς Σϊμος Άσκλαπιάδα.

La communicat ion de M. Haussoullier confirme notre lecture du mot καβηλλεΤον que nous proposions avec une certaine t imidi té , mais qui était exigé par son rappor t avec ερ-γάτας. Sur καβάλλης confer Maas, Rhein. Mus. 1925, 74, 4, p. 469.

A la ligne 22 de la seconde colonne M. Haussoullier lit sur la reproduct ion photo­graphique p lutôt Μήνις'Ικεαίον que Mfjviç "Εψεοίον. Sur le marbre on t rouve les traces de la le t t re M (la le t t re initiale de Μηνις), et à Mangalia nous avons pu lire sans aucune dif­ficulté le nom Έφεσίον. M. Tafrali fait suivre d 'un signe d ' interrogat ion le nom ainsi complété.

Bechtel-Fick, dans son ouvrage : Die griechischen Personennamen nach ihrer Bildung erklàrt und systematisch geordnet, I I éd. 1894, p . 346, nous donne de précieuses relations sur l 'emploi de l 'ethnicon ou des noms de ville dans les noms d 'hommes ou de femmes, nous mont ran t que l 'ethnicon demeure invariable ou est sujet à des al térat ions et des dévelop­pements ultérieurs par différentes désinences.

*) Bechtel-Fick. Die griechischen Personennamen 2) Pape-Jicnscler, M iirterhuch des griech. Eigennamen nach ihrer Bildung erklàrt und systematisch geordnet, s. v. ΚαλχηΟών, ώνυς. II-e éd., 1894, p. 346 et suiv.

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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITESe DE CALLATIS

La communicat ion de M. Haussoullier corrige quelques erreurs qui se t rouvent dans l e texte publié par M. Tafrali. Nous rappellerons les plus impor tantes de ces rectifications en essayant d'élucider quelques points restés sujets à discussion à cause de la mutilation de l ' inscription.

M. Haussoullier corrige des erreurs de ponctuat ion, d 'accent et quelques erreurs de texte (Tafrali, 1. c , p . 258 — 259), 1. 16, χειρίξονντι, et 1. 17 (v. aussi p . 260), άποδώσονντι au lieu de χεΐριξουνη et άποΟ(»ουϋντι, lesquelles comme formes du futur dorique sont pro-perispomènes. Enfin d 'autres erreurs sont de simples fautes d'impression, comme ϋεαοιτάν au lieu de -friaoïTÙv (1. 5 et 15), εγγραψάν είς ατάλα τοϊς δε ε au lieu de εγγραφάν εις στάλαν Τθϊς àè S- (1. 9), εργατας au lieu de εργάτας (1. 34, I I col.).

Λ la ligne 3, se t rouve le nom Άγήμον qu 'on rencontre dans plusieurs inscriptions ap­par tenan t aux régions de dialecte dorien. On le t rouve quelque fois avec le «spiritus lenis» x ) , mais la forme préférable est celle avec le «spiritus asper».

Aux lignes 4 et 13, la troisième personne de l 'aoriste du subjonctif de la forme passive xataaxevaaûjj se t rouve sans «iota adscriptum» comme le fait jus tement remarquer M. Tafrali. M. Haussoullier y ajoute un iota.

A la ligne 12, M. Haussoullier lit τάν εγγραφάν au lieu de εΙμ[ε]ν εγγραφάν, aussi que M. Tafrali. Nous avons des traces certaines de toutes les lettres excepté du second ε de l'infinitif. L'article τάν ne suffirait pas à combler la lacune.

L'affirmation de M. Tafrali (/. c. p . 260) quan t au texte de la ligne 19 «άς κά οννώντΐ = άς κεν σννονοι, (forme archaïque de — οντΐ pour — ονοι)» est insoutenable. Elle est en contra­diction avec les règles de la grammaire grecque. La particule κα entraîne toujours le sub-jonct iv dans les cas analogues au tex te des lignes 6 et 9 de l ' inscription. L'indicatif avec άν, κεΐ' ou κά est ent ièrement différent du conditionnel avec les différentes formes de cette part icule. Voyez Kiihner-Gerth, Ausfiihrliche Grarnmatik der griechischen Sprache, III éd. 2, p. 421, 424, 426.

M. Haussoullier lit à la page 21 είς τ[ά]ν οίκυδυμάν, aussi que Mr. Tafrali. Le mot οικοδομή qui remplacera plus ta rd οΐκοδόμημα et οίκοδυμησις, n 'est pas a t t ique . Le mot usuel n 'est pas οΐκυδο/ιή, c'est à dire οίκοδομά, mais οίκοδυμία que nous avons pu lire sur l 'inscription et sur l 'estampage. Chez des auteurs comme Thucydide, Xcnophon, P la ton , Polybe, οΐκοδόμησις est remplacé par le substant if οΐκοδομία. Dans les inscriptions d 'Athènes on t rouve le mot οΐκο-δομία, en liaison avec νεώζ (περΐ οίκοδομίας τον νεώ) chez Dit tenberger, Sylloge, I I I éd., 159, 1. 5, avec ίερυν (ις τήν οίκοδομίαν τοϋ ίεροϋ) chez Dit tenberger, l. c. 144., 1. 30, avec προ-οτώον (εΐζ οίκοδο/ιίαν τοϋ προστψον) chez Dit tenberger , /. c. 204. 1. 25. Dans le décret du Pirée contemporain de Lycurgue, E . A. 1900, p . 96, 1. 60 (είς την οΙκοδο/ι[ψ τ]ών νεω-ρίων) on lisait υΐκοδομή. Herwerden (Lexicon graecum suppletorium et dialectum, I I éd., 1910, s. v. οικοδο/ιή) plaide pour οίκοδομήν, seulement au cas «nisi forte spat ium sufficit supple-mento οίκυδομ/ίαν τ]ών. Dans cet te inscription aussi on doit lire sans doute οίκοδομίαν comme dans celle des thiasites de Callatis.

Dans la première colonne de la ligne 22, M. Tafrali lit le sigle XP, et aussi aux lignes 28, 29, 30, 31 , 32, 33 et 35. Il le complète aux lignes 23 (M. Haussoullier lit là aussi XP)

') V. Pupe-Benscler., Wôrterbuch der griechischen montre les noms de cette catégorie avec un «spiritus Kigennamen. e. v. Άγή/κον. L'Index de Hiller v. Gaer· asper». tringen chez Dittenberger, Sylloge, I II éd., IV, 1, nous

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THÉOPHILE SAUCIUC SÀVEAINU

24 et 25. M. Tafrali lit le sigle P ( ?) aux lignes 34, 36, 37. 11 ne signale aucun signe aux ligues 25, 26, 38 et suivantes après les noms des membres ou après des autres mots . Quant aux sigles, nous n 'avons rien à changer au tex te publié par nous dans la Dacia I, 1924, p. 128. sq. Nous avons signalé après le nom Άπολλθ)νίυν (1. 23), un espace de 2 cm où nous pourrions a t tendre un XP, et de même aux lignes 24 et 25. Nous avons déjà fait nos observations sur la lettre À' (1. 27) que nous avons pu lire.

Aux autres lignes (excepté 38 et suivantes) nous avons pu lire le sigle pour χρυαονς. Evidemment ce sigle ne se t rouve pas auprès de tous les noms.

A la ligne 22, seconde colonne, le nom Mfjviç «rencontré une seule fois», selon M. Tafrali (/. c. p . 261), est au contraire assez fréquent dans le monde grec. Voyez Pape-Benseler, Worterbuch (1er griechischen Eigennamen s. v. Μήνις, VIndex du C. I . G., tome IV et les volumes des I. G.

Dans la seconde col., M. Tafrali lit àofyvQiaJ au lieu de άργυρονς1), avec le numéro A seu­lement à la ligne 22. Aux lignes 23 — 29, ilcomplète le signe pour t ren te . Aux lignes 26 — 29 il complète atissi αρ [γνρια]. De la ligne 22 à 27 inclusivement on peut lire sur la pierre le sigle AP et A. Aux lignes 28 et 29 aucune trace n ' indique la somme, le bloc é tan t entière­ment mutilé. Pour les noms de la ligne 30 la somme est indiquée par le numéral τριάκοντα de la ligne 31 et non par le signe A. La contribution des personnes nommées aux lignes 32 et 34 est indiquée par le numéral δεκαπέντε des lignes 33 et 35.

A la ligne 32 se t rouve seulement le nom Γίρο/ιαβίον ΙΙρο/ια&ίωνος, au lieu de ίίρο/η]-§ίων Προ/ιηΰίωνος. Les mots εργάτας δέκα, que M. Tafrali place dans cet te ligne ne s'y t rouvent pas. A la ligne 39 on lit seulement Αιυνύοιος οτεφαναπλόκος, et non εργάτας qui se t rouve à la ligne suivante .

A la ligne 4 1 , seconde colonne, le chiffre n 'est pas celui indiqué par M. Tafrali, mais simplement un iota (c'est-à-dire 10) comme à la ligne précédente.

Après la ligne 41 nous t rouvons dans la seconde colonne (la colonne gauche ne présen­t a n t pas d 'écri ture dans cette ligne) une lacune de 10 cm, assez grande pour qu 'on y puisse enregistrer les noms de plusieurs membres .

A la ligne 24, seconde colonne, nous avons lu Χα]ιρέας. M. Tafrali lit aussi Χαι]ρέας, M. Haussoullier croit voir sur la photographie Ήρέας. Après ce mot M. Tafrali lit le nom ΑΑΗ////ΩΝΤΟΣ, M. Haussoullier ΑΑΝ...ΩΝΤΟΣ.

Ces restes appar t iennent sans aucun doute au nom Ααμοφώντος dont nous avons pu lire toutes les lettres excepté les lettres 099.

M. Tafrali a t t r ibue à beaucoup de noms une origine étrangère, probablement thrace ou scy the 2 ) . Ainsi il considère comme thrace même un nom aussi répandu dans tou te la Grèce comme le nom Σϊιιος de la ligne 1 (qui se re t rouve sous cet te forme aussi dans la seconde

') άργνροϊς dans l'inscription de Tomis (Dittenbergcr, Sylloge 3 731,1. 20).On trouve assez rarement άργύριον au lieu de άργνροϋς. Voire Hultsch, Griechische. und romisrhe Métrologie, II éd., 1882, p. 604, note 5. La forme génitivale άργνρίον se rencontre fréquemment auprès d'un nomen, et sert à indiquer le métal. On doit signaler l'erreur de Pape-Sengebusch, Gr. D. Worterbuch s. v. άργνρεος, que άργνροϋζ serait «eine byzantinische Silbermunze = 1 Mine».

2) Nous ne saurions qualifier d'étrangers des noms dont l'origine peut rester discutable, mais qui dépas­sent les limites du patrimoine grec. Même une déesse au nom franchement grec comme Athéna est présentée maintenant comme une divinité préhellénique, et cette interprétation est la seule qui permette de comprendre la déesse et son nom ainsi que le prouve Wilamowitz-Moellendorff, Sitz. lierl. Ak. 1921, p. 950 et Kretsch-mer, Glotta, 1921, XI , p. 276 (282).

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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITES» DE CALLATIS

colonne, aux lignes 29 et 41 , et sous la forme Σιμίας dans la première colonne à la ligne 29), cl plus loin il voit une désinence thrace dans la terminaison du «patronymicon» de la seconde colonne de la ligne 25, dans les restes du nom du père d 'un certain Ενφραϊος. Car autre­ment que signifierait la mention «inconnu en Thrace» dont M. Tafrali fait suivre ce nom (/. c. p. 261)? Mais nous ne t rouvons pas ici les lettres νρονλα,— M. Haussoullier a lu très correctement sur la photographie les lettres finales νρου— mais hien le pa t ronymique Σατνρου que nous avons pu lire aisément après le nom Ενφραϊος. Après Σατνρον nous avons pu lire le sigle AP et A, c'est-à-dire αρ. λ'.

Pour l 'onomastique et la toponymie thrace nous devons signaler ici les ouvrages de M. Mateescu qui sont d 'une grande richesse d ' information: I Traci nelle epigrafi di Roma (Ephemeris Dacoromana I , 1923, p. 337), Nomi traci nel territorio scito-sarmatico (Ephemeris Dacoromana I I , 1924, p . 223) et La frontière occidentale des Thraces (Annuaire de VInstitut d'histoire nationale, 1924, Cluj, 1925).

Ce qui ressort jusqu 'à l 'évidence de cette inscription, et sur tout de la liste des mem­bres, c'est qu ' au temps de cette inscription (que nous pouvons dater par les mots βασιλενς Σϊμος ' Αοκλαπιάδα) on t rouvai t à ce club une atmosphère presque exclusivement hellénique, ce ι^ι'αηυς semblant avoir été presque fermé aux éléments étrangers à juger d'après les noms des membres. Excepté le pa t ronymique Σκντ)α (ligne 38, I I col.), aucun nom ne rappelle un élé­ment barbare , non hellénique, scythe ou thrace. E t pour tan t le peuple thrace était d 'une vitali té extraordinaire 1 ) . Il réussissait à conserver au cours des siècles ses noms et même quelques cultes nat ionaux, malgré le puissant courant hellénisateur né du contact de tous les colonistcs, marchands et intermédiaires grecs et des producteurs thraces, propriétaires d ' immenses domaines riches en céréales.

A la ligne 26, I col., M. Haussoullier accepte la lecture de M. Tafrali: οΐκοδομϊ)· α[ε]ιν [τον να]όν. L'emploi du futur de l'infinitif οΙκυδομήα[ε]ιν (et non οΐκοδομησεΐν) ne s'explique que par la présence du verbe επαγγείλαντο qui se t rouve à la ligne 2 1 . Mais quat re noms séparent ce verbe régent ( επαγγείλαντο ) du futur de l'infinitif qui devrai t en dépendre. On t rouverai t difficilement un exemple analogue dans l 'épigraphie grecque.

Il nous semble que la ligne 26 introdui t une nouvelle idée concernant les contributions et la construction du temple. Nous nous at tendrions à la t rouver é t roi tement liée à οϊδε επαγγείλαντο επι τάν οικοδομίαν τοϋ ναον. Les mots du commencement de la ligne 26 ont été intercalés pour réparer une omission. Ainsi, même après la ligne 26, nous voyons continuer la liste des souscripteurs à un χρνοοϋς in terrompue devant la première colonne de la ligne 26, la seconde colonne contenant même après cette ligne des noms suivis de l ' indication de la somme (άρ.λ'.) En adme t t an t cette in terpréta t ion on n 'a plus qu 'un rappor t para tac t ique entre l 'action exprimée par le verbe οικοδομέω et celle du verbe επαγγείλαντο qui se t rouve à la ligne 21 . On veut accentuer sur tout l'idée de contr ibution de t ravai l et de contribu­t ion en na tu re , et à cette fin on se sert du parfait de l ' indicatif que nous avons complété dans la Dacia I , 1924, Οικοδόμησαν comprend les contributions d 'argent , de t ravai l (εργάται), de bêtes de t ra i t (καβαλλεϊον 1. 34-35), ainsi que les contributions de certains éléments dépendant du temple (v. άλέα κοίλα et ψαλίδες 1. 39, 40).

J) G. Mateescu, / Traci nelle epigrafi di Roma (Ephem. (Annuaire de l'Institut d'Histoire nationale) 1924, Cluj, Dacoromana 1,1923). La frontière occidentale des Thraces 1925 (en roum.).

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

b a n s le mot οΐκοδό[(ηο[α]ν l 'espace qui sépare les loi 1res a et r ne peut contenir qu 'une le t t re et nous n 'avons pu trouver de iota devant la lettre v très imparfai tement con­servée.

Le nom ΜενΙθκος (et non Μένισκος) de la ligne 27 est très fréquent. Nous Je t rouvons à Tomis ( l) i t tenberger, Syllogc, 111 éd., 731,1 . 46). Le pat ronymique de ce Meniscos (1. 27, I col.), serait selon M. Tafrali, Ήρακλει'δον. M. Haussoullier lit Ήρακλη f. .

La lecture 'Ηρακλείδον ne peut être admise à cause de la let tre finale dont les restes indi­quent très cer tainement un sigma. Dans la Dacia I , 1924 p . 128 nous avons complété L'ethnique Heracleiotes. Nous pourrions admet t re aussi le pa t ronymique ' ΙΙρακλέος, si l 'espace entre les let tres e et ç n 'é ta i t t rop grand pour contenir une seule lettre (omicron). En ce qui concerne la le t t re χ, qui suit le pa t ronymique , nous avons déjà exposé notre point de vue dans la Dacia I , 1924, pp . 130 et 138.

A la ligne 29, I col., M. Tafrali lit le nom Μα]σι[άδα]ς, et à la ligne 31 le pat rony­mique Maoïaàa. Sous cette forme le nom est absolument inconnu, et doit être remplacé par la forme correcte ÏIctOlaÔQÇ et Ι/απιάδα qui est un nom connu de tou te la Grèce. Nous le t rouvons jus tement dans l ' inscription callatienne Arch.-epigr. Mitt . X V I I , 99, n. 41 1. 2 en l 'honneur de Παοιάδας 'Ηροδότον Χερσονασίτας, à Mégare, l 'aïeule de Callatis (ΙΙααιάδας de τιαο, naat, datif plur. de ττάς, Bechtel-Fick, /. cit. p . 251, ou peut-être de πάαις = κτήσις, Hesych, Pape-Benseler, Wiirterbuch der Griech. Eigennamen s. v. Ιίάπας), / . G. VI I , 1, no. 8, 1. 15, no. 9, 1. 15/16, no. 10, 1. 1, no. 11, 1. 1, no. 14, 1. 5, no. 3473, 1. 14.

Ces raisons nous sembleraient suffisantes pour adopter la lecture Πασΐάδας *) au cas où une lacune incidentale nous empêcherait de voir assez clairement la le t t re initiale. A la ligne 29, la première colonne, nous ne pouvons pas lire le nom Hajnt[άδαζ. Les let t res Σ1 se t rouvent au commencement même de la ligne de sorte que les let tres lia qui de­vraient les précéder ne t rouvent plus de place. Après les let tres Σ1 suit la le t t re M, puis une lacune de deux let tres , et f inalement la let tre Σ. Nous pouvons compléter en tou te cer t i tude le nom Σΐμίας. Cette lecture est confirmée par les fragments presque impercepti­bles de deux let tres qui précèdent le sigma.

A la ligne 30 (I col.) le nom ne nous est conservé que dans sa part ie finale. M. Haus­soullier a pu lire les lettres τΐνος indiquées par M. Tafrali. Nous avons pu lire encore un ny. La terminaison devient ντΧνος. Deux lettres du commencement manquen t pour compléter le nom.

A la ligne 30 ( I I col.), le nom 'Λπολλόδορος (selon la lecture de M. Tafrali), a été corrigé par M. Haussoullier qui lit 'Απολλύδοτος. Telle est aussi la forme qu 'on t rouve en examinant le bloc de marbre .

Ce nom est suivi en bas d 'une barre horizontale de la le t t re initiale du pa t ronymique . Sept lettres pourraient tenir dans la lacune qui suit ce reste de le t t re initiale.

A la ligne 31 , I col., M. Haussoullier ainsi que Mr. Tafrali, croit lire le nom Π]άρτι-μος qu 'on ne re t rouve ni dans d 'autres inscriptions ni chez aucun auteur ant ique . Mais nous avons signalé un iota à la place du ρ (rho), et la le t t re initiale nous semblait un A ou A. Avec assez de vraisemblance nous avons complété le nom ΔαΪτΐμος (cf. Δαίμαγοζ). Ce nom, également inconnu, pourrai t s 'expliquer comme é tan t formé de δα, δαϊ (de δαϊ venant de

') A Olbin on trouve le nom Παοίαδας (I. G. II, 2068 M trouvent dan· quatre Inscription· de Mégare: I. 1. 9/10). Le nom Πααίιον ainsi que le nom Πααιάδαζ G. VII, 1. no. 8,1. 19, no. 0,1. 19, no. 10,1. 5, no. 11.1. 4.

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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITES· DE CALLATIS

ôaFl qui signifie «en lutte») et de ημος. Voyez Bechtel-Fick, /. c , p . 88/89. Cf. aussi Λαΐτιμος dont on pourait expliquer la formation. Voyez Bechtel-Fick, /. c , p . 183. {ΑαΪτμοζ, non Αάτΐμθζ connu par Bechtel-Fick, /. c. p. 185, 267).

A la ligne 38, après les mots Δαμοπ^έ\ΐ]ζ Διονυοίον de la I col., nous voyons suivre à droite, dans la seconde colonne, à 2 | / , cm de distance, le nom d' Άριστίων Σκύϋα suivi des mots έργάτας IE que M. Tafrali omet du texte . M. Haussoullier lit rΑφαιατίιην et non Άριοτίων comme nous avons pu déchiffer sur le marbre même.

A la ligne 39, I col., se t rouvent seulement les mots άλέαν εΐς τό ϋύρωμα. L'adjectif Χθίλαν qui joue le rôle d ' a t t r ibu t du substantif àMa, ainsi que la conjonction καί se r a t t a ­chent au substant if ψαΜΟα de la ligne 40, I col.

La première colonne de la ligne 41 ne présente pas d'écriture. Dans la seconde colonne nous pouvons lire le nom d' *Απολλώνΐος Σίμον qui a fourni le travail de 10 ouvriers et non de 15 comme affirme M. Tafrali à la page 259.

En ce qui concerne l ' inscription des thiasites contemporaine du roi Cotys ' ) , le fils de Bhoimétalcas, M. Haussoullier, se servant ici aussi d 'une photographie envoyée par M. Ta­frali, réussit à corriger quelques-unes de ses erreurs. Ces erreurs sont pour la p lupar t des inadvertances qui ne sauraient présenter t rop d ' in térê t : ainsi φιλοτείμον à la ligne 6 au lieu de φιλοτείμον, — ΐδιαν à la ligne 9 au lieu de ΙΟίαν, — παρά à la ligne 18 au lieu de na- à la ligne 18 et ρ<\ à la ligne 19 — νπό à la ligne 28 au lieu de άπό, etc.

A la ligne 8, après 6/ιοίαν on a omis la conjonction τε qui devrait coordonner διατελεϊ et επιδείκννται.

A la ligne 10, M. Haussoullier ajoute un iota adscriptum aux datifs καιρώ et κινδννυ) ce qui n 'est pas jus te .

A la ligne 11, M. Haussoullier lit πολίτας au lieu de τιολείτας comme a lu jus tement M. Tafrali.

A la ligne 12, M. Tafrali ayant à compléter ά[εί] croit t rouver la préposition περϊ qui ne s'accorde nullement avec le sens de la phrase.

M. Haussoullier remarque avec raison que ce décret, malgré son caractère verbeux, ne présente de difficultés que dans deux lignes, ou plutôt dans trois lignes, dirions-nous, du hor-tatif qui doit introduire un exemple efficace. Les lignes 24, 25, 26 présentent des lacunes à leur extrémité gauche rendant assez malaisée la reconsti tut ion du tex te . Nous sommes ainsi privés jus tement des mots qui devaient préciser la si tuation spéciale des deux Ariston père et fils. La manière dont s 'exprime le décret est lourde et confuse. Cela s'explique par les chicanes auxquelles s 'exposaient ceux (en notre cas les thiasites et le peuple) qui avaient omis quelque formalité.

En cela aussi nous sommes d'accord avec M. Haussoullier, faisant seulement quelques réserves sur certains points de détail.

Au lieu de xal τάχιον /άναγορενιοοιν] ou plus correctement άναγορενοοσιν, qui ne pourrai t tenir dans la lacune, nous proposions plutôt le participe άποδόντες qui, au point de

l) Nom tliracc aussi célèbre que relui de Seuthes et remarquable pur son fréquent emploi dans la famille royale des Odryses. Le nom de Cotys appartient à six rois des Odryses et trois du Mospliore Ciminérien.

On le reneontre souvent ehez de simples particuliers thraces (Mateescu, La frontière occidentale des Thraccs, p. 7, n. 6 et p. 19).

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÂVEANU

vue de la syntaxe, serait au même plan que οιατηροϋντεζ de la ligne 21/22 et άαιομναμο-νεύθντες de la ligne 22. Le mot αττοδόντες ayant neuf lettres comblerait bien la lacune, dont l'espace pourrait contenir même dix lettres.

Nous maintenons à la ligne 25 la lecture proposée χα&ηχούοας La lecture proposée par M. Haussoullier όοίϊιίπας ne suffirait pas à combler la lacune qui est aussi grande que celle de la ligne précédente.

A la ligne 26, M. Haussoulier propose πάντας καί qui comblerait très bien la lacune. Mais la conjonction καί n'a ici aucune justification grammaticale. Nous nous demandons ce qu'elle pourrait relier? Nous devons ajouter qu'à la ligne 26/27 nous ne lisons pas αντονς ποΐηοαμέ/νόνς, mais bien αντοϋ ποΐησαμέ/νον comme nous avons pu contrôler sur la pierre même.

Mais même en admettant le texte αύτυνς ηοΐ)\ααμέ\νονζ nous ne pourrions expliquer le passage d'une manière satisfaisante au point de vue grammatical. Que signifierait ce texte? Les tbiasites remplissaient également un devoir envers Ariston le père lorsqu'ils procla­maient et soulignaient les mérites d'Ariston le jeune.

Car celui-ci était honoré du peuple (ici les tbiasites s'identifient au peuple) par les mêmes distinctions que son père (1. 27, 28, 29). A Γ άναγυρενσις τυϋ οτεφάνον du fils (1. 27) avait lieu aussi la proclamation de la couronne d'Ariston père. A la ligne 26 nous avons complété ενεργέτας.

En proclamant d'une manière marquée avant tous les autres bienfaiteurs les mérites des deux Ariston (père et fils) nommés simultanément, les thiasites voulaient réparer une omission dont ils s'étaient rendus coupables.

M. Tafrali a mal lu la ligne 29. Ici commence, comme l'a fait remarquer aussi M. Haus­soullier, la formule qui prévoit les sanctions δεδ]όχ&αί τοϊς {}ιασεί/ταις.

La ligne 30 devrait être complétée selon notre lecture: οτεφανοϋν κατά πάααν ούν-οδον καί.

La lecture de M. Tafrali, acceptée par M. Haussoullier, κατά πάοαν άμέραν εναίοι[μον 7ΐά]ντας, c'est-à-dire εναίαι[μον, est forcée et ne correspond pas aux fragments conserves. Après les mots κατά nàoav άμέραν suivent les lettres ΕΝΛΙΣΛ, et après une lacune de cinq lettres on peut lire NT Al et non ΝΤΛΣ. Nous avons ici certainement la préposition èv avec le pronom relatif αΐς, tandisque les lettres vrai forment la terminaison du verbe qui commence avec la lettre a. La reconstitution α&ροίζονται est presque certaine.

Nous avons cru de notre devoir de faire ces quelques observations pour lesquelles nous nous sommes servis de plusieurs estampages et de la copie faite d'après l'inscription.

THÉOPHILE SAUCIUC-SÂVEANU.

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DECOUVERTES DE GUMELNITA Le massif de Gumelnita qui domine de plus de 20 m la plaine du Danube, et d 'une

dizaine de mètres celle de la Valachie, était déjà signalé comme une station préhistorique par les recherches de l 'année 1922 J ) : Les tessons en très grand nombre, quelques-uns patines en noir ou marron, les quelques lames fragmentaires en silex, les débris de crépi brûlé, et les poids de filet-de-pêche, indiquaient ici une station énéolithique. L'existence des fragments de céramique à proéminences allongées ou à bourrelet, ainsi que celle des fragments à stries et à trai ts parallèles incisés conduisait aussi à cette conclusion.

Avant que la Direction du Musée eut fixé dans son programme la date du commen­cement des fouilles à Gumelnita, je fus informé par M. I. David, professeur à Oltenita, que M. Barbu Ionescu de cette même localité possédait une belle collection de vases préhisto­riques, provenant de Gumelnita. J e m'adressai à M. Ionescu, qui se t rouva disposé à faire don de sa collection au Musée National d 'Ant iqui tés ; geste pour lequel je m'empresse de lui présenter de nouveau mes remerciements.

La collection très riche, contient presque cent exemplaires différents ; entre autres, de grands vases (hauteur 20 c m ; diamètre aprox. 25 cm) des instruments en silex, etc. Pour la plupart ils confirment les notes journalières prises sur le terrain même, pendant nos re­cherches de l 'été de 1924.

Le matériel sera divisé en trois catégories: I. Les outils en silex et en pierre; I L La céramique; I I I . Les objets en os et le métal , ce dernier ne figurant que par un anneau en or.

I

Les ustensiles en silex et en pierre sont assez nombreux. 1. Deux pointes de flèches en silex, dont l 'une entière, l 'autre un peu ébréchée (fig. 1,

no. 7 — 8 ) . La première aux dimensions: 5 | ^ c m X 2 y 2 c m ; la seconde: 5 X 3 cm. Les deux sont aproximativement triangulaires, les faces peu bombées. Comme matériel et t ravai l elles sont tout à fait identiques à celles de Sultana 2) et au contraire tout à fait différents de celles de Butmir publiées par Radimsky 3) et Fr. Fiala 4) , ces dernières ayant à la base une dent plus ou moins grande servant à les fixer.

' ) v. V. P â r v a n , La pénétration hellénique et hellé­nistique dans la vallée du Danube, p . 16, no te 5 (Bu­cares t 1923).

2) v . I . Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I (nous presse).

3) R a d i m s k y , Die Neolitische Station von Butmin Wien 1895, planches X I I I — X I V .

4) Fr . F ia la , Die Neolitische Station von Butmir, II , Wien 1898, pi. X I X .

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ΥΊ,ΛΙΜΜΙΜ DUMITRESCU

2. Une grande hache (long. 13,20 cm; larg. 6 cm; épais. 2.7 cm) la largeur maxima au t ranchant , très hion conservée (fig. I, no. I et fig. 9. no. 6). Aucune trace de polissage ou de croûte. Identique quant à la l'orme avec celle de Danemark de la eollection Mansfcld-Biillner')

(Musée Nat. d 'Antiquités, Bucarest). On ne peut constater qu 'une ressemblance 1res géné­rale avec les outils de la même catégorie de Jîut mir -') ; par contre elle ressemble Tort bien à une des haches trouvées par M. Popov à Kodjadernien (N-Ouest de la Bulgarie) :i). L'émousscment des deux extrémités de notre hache plaide pour un long usage. Somme toute , c'est une hache du type Breitnackiges-Beil.

3. Une autre hache, la partie du t ranchant manque (fig. 1, no. 2 et fig. 9, no. 7 ) ; (dimen­sions: 11 cmX 4 ^ X 2 ^ cm). Ultérieurement elle a dû servir comme nucleï, car sur la partie inférieure et sur l 'une de ses deux faces on a détaché plusieurs lames ou couteaux, de sorte que les deux profils sont tout à fait différents: le supérieur bombé et l'inférieur plat. La forme: primi­tive devait être celle de quelques exemplaires de Butmir 4) ; actuellement, elle présente une ressemblance frappante avec l ' instrument publié par M. de Morgan dans son ouvrage L'hu­manité préhistorique, défini comme «Instrument énéolithique de Tépeh-Goulam (Chaldée)» r>).

') I. Andriesescu, Proiert de catalog al obieclelor 2) Rariimsky, op. cil., pi. XV I. de silex aie Muzcului N. de Antichitofi (en manuscrit): :|) Izveslia, VI, Sofiu 1919, p. 81, fig. <>i> a). Epoca paleo si neoliticâ; I — Forme tipice stràine', ') Kudimsky, op. cit., loc. cil. 1, no. 52. ·'·) Paris, I l e «'-H.; fig. 19, no. 1, (p. 117).

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

4. Deux grands couteaux en silex, très recourbés (fig. 1, no. 9 et 10; fig. 9, no. 5), parfaitement conservée (long. 17 c m ; les deux approximativement de la même largeur: 4 cm et 3,7 cm). A la base, de chaque côté, une petite échancrure. Des exemplaires analogues, en ce qui concerne la forme et la grandeur, dans notre Musée d'Antiquités, provenant du district Vlasca1) , et en Bulgarie, dans la localité mentionnée ci-dessus2). Ceux de Bulgarie et ceux de Butmir 3 ) sont un peu plus petits que les nôtres.

5. Fragment de couteau en silex, le profil très incourbé. 11 aurait eu les dimensions des deux précédents (fig. 1, no 14).

6. Autre couteau en silex, presqu'entier (fig. 1, no. 3), d 'un profil tout à fait rectiligne, peu affilé, le bout conservé (longueur actuelle 11,8 c m ; la longueur primitive d'au moins 18 — 20 cm). La forme est une des plus communes dans le Sud-Est de l 'Europe.

7. Un petit couteau (en silex) très finement taillé (6,5 cm. longueur), d'une pierre presque transparente, aiguisé à Γιιη des bouts, aplati à l 'autre (fig. 1, no. 5). Quelques exem­plaires analogues, un peu plus grands, ont été trouvés à Butmir et publiés par Fiala 4) .

8. Petit couteau de forme peu commune, avec la pointe très affilée; la partie inférieure plus large et avec une rainure à gauche, du côté de la base 5 ) . Soigneusement travaillé et bien conservé.

9. Deux petits couteaux en silex, rectilignes, aiguisés seulement sur les deux côtés, sans pointe: a) 8 cm long.; b) 5,6 cm long.). Les deux conservés intacts (fig. 1, no. 4 et 6 ) ; forme commune·

10. Deux perçoin fragmentaires, en silex, de formes différentes: L'un (longueur 7 cm, et largeur 1,4 cm) taillé régulièrement, avec une face plate et l 'autre à nervures, ressem­blant un peu à un mince couteau; le second a approximativement la forme d'une lame de couteau moderne (fig. 1, no. 13), taillé irrégulièrement, la pointe aiguisée (long. 9 c m ; larg, à la base 3 erri).

11. Cinq grattoirs, dont trois entiers (fig. 1, no. 12, 13 et 17) et deux fragmentaires (fig. 1, 15—16) de formes et grandeurs différentes, bien travaillés. (Les dimensions varient entre 8 cm longueur X 2 % c m largeur, et 7 cm longueur X 3 % largeur). Formes com­munes qu'on rencontre à Bu tmi r 6 ) et en Bulgarie7), mais surtout à Su l tana 8 ) .

12. Neuf autres grattoirs de forme très rare et variée: a) Fragment (° e m X 7 cm) un peu cassé à la partie supérieure, ayant la forme d'une

hache de basse époque, avec le côté à grat ter très bien conservé (fig. 2, no. 1). b) Admirable exemplaire, entier, grattoir-perçoir, de forme rare, taillé soigneuse­

ment et avec adresse (haut. 5 c m ; largeur 7 cm à la base). Le coin du côté gauche de la base (qui servait à gratter) est très saillant et servait probablement à percer (fig. 2, no. 2).

c) Fragment de grattoir (long. 8 c r n X O ^ cm haut.) qui représente p robab lemen t la moitié seulement de l ' instrument entier, qui devait être presque plat (fig. 2, no. 3), d 'une forme qu 'on n'a pas encore rencontrée parmi celles de cette catégorie, ni même à Sul tana ; c'est

' ) I. Andriesescu, Proiect de catalog, vie. Kpoca pitleo-neoliticd. II — Dacia, 1) România veche, no . 28 et 29.

2) V. Izvestia, VI, p . 82, fig. 63 o e t b. :1) R a d i m s k y , op. cit., p lanche X V I I , no. 1 et 2 ;

Fia la , op. cit., pi . X I , no. 2. 4) F ia la , idem, ibidem. A Su l tana aussi quelques

exempla i res analogues , Dacia I. 1921. 5) A Bu tmi r , quelques exempla i res ana logues . *; Cf. R a d i m s k y , op. cit., p i . X I I ; F ia la , op. cit.,

pi. X V I I I . 7) Izvestia, VI, p . 83 , fig. 61 et 65 . 8) Cf. I. Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I .

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VLADIMIR DUMITRESCU

un témoignage de plus en faveur de la variété des instruments et de l 'art des travailleurs préhistoriques en silex, de la rive gauche du Danube en général, et spécialement de ceux de Gumelniça.

d) Grattoir à trois angles (3^2 c m haut . X4 cm larg.), très bien taillé et bien con­servé; forme peu commune (fig. 2, no. 5).

e) Fragment de grattoir (haut . 3 % X 4 cm largeur). La forme devait être plus allongée

(fig. 2, no. 4). Taillé du centre d 'un nucleï en silex, il fait partie des instruments polis de ce genre, et non seulement dégrossis. La forme est peu familière.

f) Deux grattoirs presque entiers, ayant chacun une bulbe de percussion à la partie su­périeure (fig. 2, no. 6 et 8). La partie de base servait à grat ter (haut . 5 cm X 6 cm larg. ; hau t . 4 % c m X 5 % cm larg.). Les formes quoique rencontrées assez souvent ne sont pas tout à fait communes ' ) .

g) Deux autres fragments, lesquels dans l 'état actuel représentent seulement la moitié de la grandeur primordiale des instruments ( 9 % c m long. X 5 cm h a u t . ; 7 cm. long. X 6 cm haut . ) , (fig. 2, no. 7 et 9). Le premier devait être plus grand et d 'un travail supérieur.

Les exemplaires de la fig. 2, no. 10, 11, 12, 13, 15, 16 et 17 représentent quelques lames fragmentaires qui complètent le matériel décrit ci-dessus.

Mais ce qui établit sans contredit le caractère d'atelier de la stat ion préhistorique de Gumelnita sont les percuteurs et les nucleus.

*) I. Andrieçescu, Fouilles de Sultana, Dacia I (s. p .).

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

Les percuteurs sont en nombre de huit, de diverses grandeurs, (le plus grand a les dia­mètres 6 X 7 cm ; le plus petit 4 % X 5 % c m ) dont quatre se t rouvent en parfait é tat , les autres quatres é tant presque à demi cassés (fig. 11, no. 10 —11) . Parmi les premiers, un seul a une forme peu commune: au lieu d'être sphérique, comme tous les autres, il est plat (diam. 6 X Y2 cm) ; le travail est très soigné. Parmi ceux qui sont brisés, un seul paraît être cassé avec intention, pour servir peut-être comme nucleï. Les autres se sont brisés pendant l 'usage, car la cassure n'est pas régulière.

13. Trois nucleus, dont un, qui a une forme trop régulière pour être due seulement au ha­sard (dimensions: 7 c m X 5 ^ c m X 2 % cm), est p robab lement une ébauche sans succès d 'une petite hache.

En dehors de ces exemplaires caractéristiques, il y a aussi de nombreux fragments plus ou moins grands, sans trop de valeur, — des éclats d'outils identiques ou analogues avec ceux décrits ci-dessus.

En ce qui concerne le matériel, le silex jaune, avec ses nuances, prédomine1) . Il y a aussi des outils d 'une pierre noire vitreuse (cf. les deux grands couteaux recourbés, fig. 1, no. 9 et 10) et d 'autres outils d 'une matière brune foncée, avec des reflets rougeâtres, et enfin quelques exemplaires d 'un gris plus ou moins foncé.

L'exécution est quelque fois admirable. L'élégance et la variété des formes, unies à la précision des lignes prouvent que les habi tants de Gumelnija étaient de vrais maîtres dans le travail du silex, et que la station de Gumelni^a est un des principaux centres de la région du bas Danube, qui ne le cède en rien à Butmir et aux autres sites préhistoriques du Sud-Est.

Quant à l'origine du matériel, ne connaissant pas la situation géologique des régions environantes, je ne peux pas me prononcer.

Les outils en pierre polie sont en nombre de t ro is ; deux sont des haches: a) La première est un peu ébréchée à la pointe et à la base (fig. 2, no. 17), avec la

largeur maxima au t r a n c h a n t ; elle est taillée en herminette ( 6 ^ X 2 ^ 4 c m ) · La forme est très commune 2 ) .

b) La seconde, conservée intacte (fig. 2, no. 14) est presque cylindrique, ayant la largeur maxima au milieu (3 1 / 2Xl 1 / 4

c m ? diamètre maximum 1 cm). Les dimensions très re­streintes et le t ranchant très bien conservé prouvent peut-être que nous sommes en pré­sence d 'une hache votive. Cette forme a été rencontrée, aussi à Butmir 3 ) et à Sul tana 4 ) .

c) Le troisième inst rument en pierre polie est une pierre-à-broyer les grains, ayant la forme d'un percuteur un peu aplati (diamètres: 7 ; 6 ,3 ; 3,5 cm). A force d'usage, il ne con­serve que quelques vestiges de polissage. Un exemplaire identique à Butmir : Radimsky le nomme Rundel, doppeltkonischer Quetschstein 5) .

Un fragment d'objet en pierre calcinée à rouge (fig. 10, no. 12) probablement d'une forme conique. On ne peut l'identifier à aucun instrument , à cause de son état .

*) Comme à Sultana et les autres sites préhisto­riques, sur les deux rives de la vallée du Danube.

2) V. de Morgan, op. cit., p. 90, fig. 30; p. 95, fig. 34; p. 101, fig. 39. — Dr. Capitan, La préhistoire, pi. XVII, fig. D; pi. XVIII, fig. G. — Fr. Fiala, op. cit., pi.

XVI, 19. 3) W. Radimsky, op. cit., pi. XVII, no. 30; Fr.

Fiaîa, idem, pi. XVI, no. 7 et 13. 4) I. Andriesescu, Sultana, (s. p.). 5) Op. cit., p. 50.

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VLADIMIR DUMITRESI I

II

LA C É R A M I Q U E

Ce deuxième chapitre renferme une quarantaine d'exemplaires, la plupart intacts et quelques uns fragmentaires.

Nous distinguerons deux groupes: A. Les vases d'utilité ménagère; H: Les objets servant au culte} et ceux d'usage imprécis.

Fig. 3.

Abstraction faite de la variété assez grande des formes, dans le cadre des mêmes types généraux, une constatat ion d'ordre général s'impose pour les deux groupes: La qualité supérieure de la pâte, très pure, cuite uniformément et presque toujours à rouge.

Un t ra i t caractéristique de la céramique de Gumelnita, est la croûte calcaire, laquelle bien des fois a un rôle protecteur mais laquelle endommage souvent la pâte et les orne­ments .

A. La céramique d'utilité ménagère

Il faut distinguer dans cette catégorie deux formes principales avec leurs dérivéce, les­quelles tou t en évoluant, conservent leurs parenté avec la forme primitive.

I. Vases en forme d'écuelle ou d^assiette. I . Vases en forme de poire. Un seul vase paraî t être en dehors de ces deux catégories, tout en conservant quelque

ressemblance avec ceux du deuxième groupe. Par conséquent il sera décrit après ceux-ci,

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

Fift. 4.

[. Vases en forme (Vénielle 1. Vase presque entier (haut. 8 c m ; diamètre au col 14 cm, à la base 9 cm). Les parois

«paisses; le profil légèrement incurvé (fig. 3, no. 1 et fig. 4, no. 1). La pâte très bien cuite a rouge semble avoir été aussi très bien préparée. Sur la paroi extérieure, sous la croûte cal­caire, apparaî t un ornement composé de traits en relief espacés de 2 —3 cm, tracés de hau t en bas sans beaucoup de soin. Le décor paraît être une imitation de l'écorce des arbres, rémi-niscense de la technique primitive des vases en bois. Sur le côté brisé du vase, à 1 cm sous la lèvre, une petite proé­minence, percée au mi­lieu en guise de manche,

2. Vas entier (9 cm ; 20 et 9 % cm). Parois épaisses; le profil incur­vé 6H par lant du col \ ers la base (fig. 3, no. 2 et fig. 4, no.2). Contour par­faitement circulaire. Pâte de même cuisson et qua­lité que celle du vase précédent. La paroi extérieure décorée avec un goût appréciable. Un trait très proéminent contourne horizontalement le vase en le partageant en deux zones presque

égales. Sur ce trait , à intervalles inégaux, quatre petites pro­éminences allongées, un peu pointues. Ln par tan t de la marge du vase, obliquement de droite à gauche, quatre traits sembla­bles au trait horizon­tal unissent la lèvre du vase aux quatres proéminences. Sous la ligne médiane, il y a encore cinq traits per­pendiculaires sur la base du vase. L'en­semble est d 'un effet

très décoratif. Les proéminences, si petites, doivent être considérées seulement comme un élément ornemental .

3. D'un profil apparenté aux précédents, un troisième vase, beaucoup plus grand que les deux autres (15 c m ; 25 XlO cm). Le profil diffère quant à la lèvre du vase, qui est un

Fig. 5.

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VLADIMIlt DUMITRESCU

peu recourbée à l ' intérieur; la partie inférieure marque l ' intention d'un pied (fig. 3, no. 5 et fig. 5, no. 2). La pâte bien préparée est inoins soigneusement cui te ; sous la croûte, sur la face extérieure, deux rangées de petites proéminences contourcnt le vase à distances presque égales. La première rangée à 1 % c m sous la marge du vase ; la deuxième un peu pins bas du milieu du vase. En t re ces deux rangées, des lignes en relief vont obl iquement de droite à gauche.

D'autres vases ont un goulot de profil concave. 4. Vase entier (11 c m ; 15 X 4 cm). La base bombée prouve que le vase avait besoin de

support (fig. 3, no. 9 et fig. 4, no. 3). Une seule protubérance située sous la lèvre du vase, possède un trou horizontal. La patine brune — sur les deux faces des parois, sous une croûte très épaisse cette fois — plaide pour l'opinion que nous sommes en présence d 'un exemplaire de l 'époque énéolithique et point d 'une époque plus haute . Les parois épaisses et inégales et la crête qui sépare les deux profils opposés ne sont pas des plus soignés.

5. Vase entier (22 c m ; 2 7 X 1 4 cm). La lèvre du vase est hante et un peu recourbée de l 'extérieur à l ' intérieur. Forme commune, ressemblant à la précédente (fig. 3, no. 3 et fig. 5, no. 1). La paroi épaisse, pâte fine, uniformément cuite. La patine rouge-foncée sur la paroi extérieure est très endommagée par la croûte calcaire. Aux bas de la lèvre, dix trai ts d 'un relief très léger perpendiculaires sur la base divisent le vase en dix registres presque égales. Sur une de ces registres, près de la lèvre, une petite proéminence ornementale.

6. Grand vase (19 c m ; 2 5 % X 12 cm) presque complètement reconstitué. Profil à deux tournures différentes: celle de la lèvre et celle du corps du vase (fig. 3, no. 6). La lèvre très haute ; sous la ligne qui sépare les deux parties du vase, face-à-face, deux anses-pro-tubérences percées, évidemment en bu t utilitaire. La paroi est épaisse, la pâte fine, cuite presque à rouge, la patine rouge-clair.

7. Vase entier (fig. 3, no. 10 et fig. 4, no. 6) rappelant comme profil le no. 4 ; mieux exé­cuté (7 c m ; l l % X 3 } / 2 cm). Pâ te fine, très bien cuite, d 'une puissante résonnance. A l ' intérieur et l 'extérieur patine brune j a u n â t r e ; forme élégante.

8. Vase presque entier (6 c m ; 13,5 X4 cm) très b a s ; la lèvre à peu-près verticale un peu inclinée vers l ' intérieur (fig. 3, no. 12 et fig. 4, no. 4). Le profil est formé par deux lignes se cou­pant en angle obtus ] ) . Le vase paraît avoir de la patine sur les deux surfaces ; aucun ornement.

9. Assiette entière (5 c m ; 1 5 X 3 c m ) ; très largement ouverte. La lèvre un peu inclinée vers l ' intérieur, haute d 'un cm 2 ) , (fig. 3, no. 13 et fig. 4, no. 5). La patine brime rongeâtre soigneusement exécutée. Sur le fond, des vestiges de suie. L'assiette a été utilisée au moyen d 'un support pour cuire des al iments au feu.

10. Autre assiette entière, mais plus petite ( 3 % c m ; 1 3 X 3 % cm). La lèvre peu haute inclinée vers l 'extérieur; la même pat ine brune-lustrée, très bien exécutée, quelque peu endommagée (fig. 3, no. 17).

I L Vases en forme de poire.

Les formes de cette deuxième catégorie, très fréquentes dans notre céramique du sud-est, sont facilement déterminables ; tous les vases en forme de poire trouvés à Gumelniça ont leurs pointe en haut .

' ) Exemplaire presque identique à Sultana: v. I. 2) Exemplaire semblable à Kodjudcrmen, Bul-Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I (9. p.). garie: Cf. Izvestia VI, p. 119 fig. 116 a.

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

1. Vase cassé (fig. 6, no. 4), mais conservant un profil assez intact , pour pouvoir être classé parmi les vases en forme de poire. Le col est vertical et bas, le profil du vase cur­viligne et convexe (haut . 8 cm ; 10 cm diam. en bas et probablement de même en hau t ) . Les parois épaisses; pâte soignée, cuite à rouge; aucune patine. Très simplement dé­

coré: de minces trai ts en relief contournent irrégulièrement le vase, de droite à gauche sur toute la surface.

2. Autre vase de même forme (fig. 6, no. 2 et fig. 7, no. 6). Sur la partie bombée du vase, deux petites anses-protubérences percées verticalement. La forme générale est celle d 'une ellipse (8*4 c m ; 6 % en h a u t ; 6% en b a s ; le diamètre maxim., — celui qui unit les deux proéminences — 13^2 cm). Les parois grossies par la croûte calcaire, la pâte bien cuite et patinée sur les deux faces (extérieure et intérieure).

3. Petit vase entier (6 c m ; diamètre en hau t 5*4> à la base 3 % cm). La forme est sans contredit , celle d 'une poire. Lèvre basse (% cm) ; le reste du profil très recourbé en dehors (fig. 5, no. 3 et fig. 6, no. 1). Les parois d'épaisseur égale, patinées en rouge à l ' intérieur et à l 'extérieur. Le décor incisé : un t ra i t circulaire tracé au-dessous de la lèvre ; puis six petites zones allongées sur tou t le pourtour du vase, enfermées aussi dans un Irait incisé. Le reste rempli par quelques lignes circulaires incisées, espacées entre elles de Y2 cm. A l 'intérieur du vase, sur le fond, une proéminence à côtes, allongée et perforée horizontalement1) , constitue un élément fantaisiste, car on ne peut admet t re qu 'on sus-

1) Un exemplaire analogue retrouvé à Sultana; v. I Andrieçescu, Fouilles de Sultana, Daeia I (s. p.).

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ΥΙ.ΛΟΙΜΙΙΪ DUMITRESCU

pendait le vase au moyen d'une ficelle passée par le trou de la proéminence : l'équilibre n 'aurait été point stable.

4. Vase presque entier (10 c m ; 6 c m X 6 cm). Le roi plus haut que chez les précé­dents lui donne un aspect plus élégant (fig. 6, no. 5). Les parois minces: pâte fine, cuite à rouge. La patine est couverte par la croûte calcaire.

5. Petit vase presque entier (0j/> cm ; Γ>1/> X 3 cm), déformé par la calcination (fig. 6, no. 8). Le col un peu plus haut n'altère pas la forme de poire du vase. Λ cause de la calcination et de la croûte on ne peut observer le caractère primordial de la pâte .

6. Vase, entier (13 c m ; 9 X 4 cm), avec le diamètre maximum au milieu (fig. 6, no. 6). La lèvre est un prolongement en hau t de la piriforme commune, ce qui donne au vase un aspect plus distingué. Du reste, la forme qui en résulte était très usité· ' pendant l'épo­que énéolithique. La paroi est assez mince et le profil finement t r a cé ; la croûte calcaire fait impossible un examen plus minutieux de la pâte et de la surface des parois.

7. Fa.se entièrement reconstitué (12 c m ; 8 X 5 cm). Le col commence plus bas que chez le précédent ; la moitié inférieure très bombée. Les parois minces, pâte pure et patine brune claire, admirablement exécutée (fig. o, no. 10).

8. Les rases dérivés de la forme de poire, quoique peu variés, sont représentés par un vase entier (11/4 r , n » diamètre en haut 8 cm), la partie bombée abaissée vers la b a s e ; le col s'amincit vers la lèvre verticale qui est encadrée par deux anses cylindriques verticales, pas t rop grandes. La base bombée ne peut maintenir le vase en équilibre parfait qu 'à l'aide d'un support (fig. 6, no. 7 et fig. 7, no. 5). La facture du vase est plus primitive que celle des autres décrits jusqu 'à présent. La paroi épaisse, la pâte bien cuite. On a gravé avec un objet pointu, probablement en forme de peigne, des rangées de t ra i ts parallèles incurvés, qui contournent le vase, s 'entre-croisant quelquefois. La croûte calcaire, la grande ennemie de l 'ornement, couvre ci et là l ' intéressant ornement.

9. Vase incomplet, mais suffisamment reconstitué pour donner une idée de la forme, dérivée de celle en poire (fig. 6, no. 11 et fig. 7, no. 3), formée de deux parties presque égales, l'inférieure bombée et la supérieure const i tuant le col haut et élégant du vase ; cette forme rappelle le type Lausitz. La paroi très mince en haut , devient visiblement épaisse vers la partie bombée ; cuite à rouge, elle paraî t avoir eu une patine rougeâtre.

10. Fa.se entier (6 c m ; 7 X 2 % c m ) ; le col, long de 2 % c m * s'incline un peu vers l ' intérieur (fig. 6, no. 16). La paroi mince, d 'une pâte extrêmement fine, est patinée brun-rougeâtre sur les deux surfaces. La technique parfaite indique l 'approche de l'âge du bronze. Un vase analogue comme forme à Chumen, au N-Ouest de la Bulgarie ] ) .

11. Vase presque entier (8 c m ; 7 X 2 % cm), divisé en deux moitiés égales par une bande intermédiaire, large d 'approx. 1 cm., laquelle s'enroule horizontalment autour du vase. La lèvre est un peu évasée en dehors (fig. 6, no. 17). La pâte extrêmement fine et bien cuite ; les parois sont couvertes d 'une patine brune-rougêatre.

12. Fa.se entier (haut . 8 cm; diam.: 8 et 6 cm en h a u t . ; à la base 3 c m ) ; le diamètre maximum à mi-hauteur, ce qui rend égales les deux moitiés du vase. L 'ouverture d'en haut n'est pas ronde comme aux vases décrits jusqu 'à présent, mais ovale (fig. 6, no. ]4 et fig. 7, no. 4). Sur les deux côtés, placées jus te au milieu du vase deux proéminences triangulaires, plates, avec la pointe tournée en haut , rappelent très bien les anses-en-guise-de-main des

' ) Cf. Izvestia, VI, p. 12H, fig. 126 b.

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DECOUVERTES DE C U M E L N I J À

«Cesichtsvasen» de Troie I I 1 ) . Los lignes du vase sont très harmonieuses et tracées avec sûreté. La forme, dérivée sans doute de là poire, comme celle des vases 10 et 11, témoigne d 'un temps plus voisin de l'époque du bronze, sinon de l'époque du bronze elle même. Malgré cela le traditionalisme local se maintient , avec des éléments assez anciens (v. les proéminences). La paroi soigneusement t ra­vaillée est couverte d'une patine brune-foncée.

13. Le dernier exem­plaire de la série des va­ses en forme de poire est un vase presque entier (12 c m ; 10cm X4cra) ;le col et une partie de la paroi manquent (fig. 5, no. 4 et fig. 6, no. 12); le vase est divisé en deux « moitiés égales par une crête affilée, stir laquelle il y a une ébauche de pro-tubérence. Il est préparé d 'une pâte fine et bien cuite, conservant des traces de patine brune à l 'extérieur comme à l 'intérieur du vase.

Fig. 7

* * · *

Avant d'aborder la description des objets servant au culte, il faut mentionner aussi quelques exemplaires d'utilité ménagère (couvercles, etc.), soit intacts , soit représentés par

d'intéressants fragments. 1. Couvercle complet (diam. 13 cm) très bombé, à

l'anse ronde, pas trop grande (fig. 6, no. 3). Pâte bien cuite. La croûte calcaire empêche un examen minutieux des parois. D'un côté près de la marge, une petite pro­éminence ornementale. Trois ou quatre lignes d 'un relief léger, par tan t des deux racines de l'anse, forment un ornement assez simple mais qui pourrait être très bien considéré comme dérivé de l 'ornement en spirale.

2. Couvercle très bombé (diam. 18 cm). L'anse, qui devait être ronde ou demi-circulaire, manque (fig. 8). La paroi épaisse, bien lissée, d 'une pâte fine cuite à rouge. Autour de l'anse deux bourrelets en relief, obtenus en pressant la pâte avec un objet très raide et pointu. C'est peut-être aussi un dessin dérivé de la spirale.

3. Couvercle plus petit (diam. 10,5 cm). L'anse manque, mais elle devait avoir la même forme que celle de deux exemplaires précédents. Plus soigné quant à la forme et au décor

Fig. H

' ) Cf. Schliemann: Antiquités troyennes. Atlas photo- parenté explicable, car nôtre pays aurait constitué graphique, planche 103, fig. 2297 et les autres le chemin de passage, si non une station plus durable Gesirhtsvnsen. Je ne crois pas à une ressemblance de ces peuplades. Le vase-crapaud de Sultana (cf. due au hasard. En admettant que les habitants de I. Andriesescu, o. c. Daci 1) paraît confirmer cette Troie II sont arrivés du nord, on constate une hypothèse.

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νΐ,ΛΡΙΜΙΚ DUMITKKSCU

(fig. 6, no. 13), il est fait d 'une pâle fine, couverte sur les deux surfaces par une patine brune. L 'ornement , disposé de la même manière qu 'au no. 2, est continué aussi sur la marge du couvercle. 11 est peu saillant et obtenu par la pression du doigt dans la pâte encore molle.

4. Petit couvercle (diam. 8 cm) très peu bombé ; l'anse — probablement identique aux précédentes, manque. La même patine brune.

5. Couvercle presque plat (diam. 14 cm). L'anse, qui avait 8 cm de largeur à la base et 1 cm d'épaisseur était t rop grande par rappor t au couvercle. Quant à la forme elle était probablement en demi-cercle, identique à celles des exemplaires similaires de 'Sul tana *) et Câseioarele 2) . La pâte est grossière et pas suffisamment cuite. La ligne du profil pas t rop harmonieuse; la surface paraît avoir de la pat ine.

6. Quelques fragments de couvercles, dont l 'un a des cannelures qui se suivent parallè­lement, sur la part ie supérieure autour de l 'anse.

Un exemplaire qui réunit les deux préoccupations utilitaire et art ist ique des bab i tan ts préhistoriques de Gumelnita, est un rylhon en terre cuite, malheureusement détérioré (long. en ligne droite 24 cm). Le corps cylindrique va en s 'amincissant, se to rdan t en demi-cercle jusqu 'à la pointe affilée. De l 'autre côté la paroi monte vert icalement (fig. 6, no. 4 et

fig. 9, no. 2). Le ry thon é tan t brisé on ne peut savoir en quelle forme fi­nissait l 'extrémité supérieure. La par­tie inférieure est plate pour équilibrer l 'objet. Sur l 'un des côtés, on peut voir l 'emplacement d 'une anse, assez épaisse, qui n'existe plus: par consé­quent la réconsti tution devient plus compliquée. Sur la part ie supérieure,

fun peu de côté, une tenta t ive de re­présenter un animal stilisé : 2 yeux

vî 'I· \ e n r c u e ^ ' u n n e z a s 8 e z g r o s* aussi en 11 H Wk relief, qui commence droit et puis suit

jg f**· une ligne incurvée. Près du nez une ,'■■¥ Ά l f;3j rainure prolongée j u s q u ' à la pointe

^■JË;.^*P ->40 tordue et recourbée, c'est probable-F i 9 ment la ligne de la bouche. L 'animal

ressemble plutôt à un être aquat ique qu 'à un quat rupède. L'exécution est assez intéressante. La paroi très épaisse (aprox. 1 cm), s 'amincit vers la partie supérieure qui est brisée. Pâ te fine, cuite à rouge, donnant une grande résistance aux parois. La croûte calcaire très épaisse. La capacité du vase était

<Γ au moins un litre. J e crois pouvoir met t re ce ry thon en relation avec ceux du sud égéen, quoiqu'il soit

d 'un autre matériel et d 'une forme différente.

' ) I. Andrieçescu, Sultana, Dacia I (s. p.). 2) Gh. Çtefan, Fouilles de Câseioarele, Dacia II , 1925, (sous presse).

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

D'autres objets d'utilité prat ique en terre cuite, sont : deux poids-de-filet-de-pêche, et quatre fusaïoles (fig. 9, no. 10 et fig. 10, no. 1). Les fusaïoles, dont une d 'une grandeur inaccoutumée (haut . 6 cm ; largeur 5 % cm), n 'ont rien d'extraordinaire. Les deux poids-de-filet-de-pêchc, assez soigneusement travaillés, ont une forme commune ! ) . L 'un d'eux présente sur la surface, sous le trou d 'a t tache, un grand triangle, dont les lignes sont plutôt gravées qu'incisées (fig. 10, no. 9 ) ; sur la base une ébauche de perforation. Toutes les deux conser­vent encore les traces de la corde qui les liait au filet respectif.

Un anneau (fig. 3. no. 16) assez épais et travaillé d 'une manière primit ive; la pâte insuffi­samment cuite. Il a servi probablement comme support pour un petit vase à base bombée.

Deux exemplaires en terre cuite à rouge (fig. 9, no. 4), en forme de perle très allongée, non perforés, mais si légers qu 'on peut les supposer creux à l ' intérieur. Nous ne pouvons pas dire à quoi ils servaient, car pour les at tacher comme des perles il leur aurait fallu un trou.

Objet en forme de petit obus, la base un peu plus large que le reste (haut . 4^> c m ) ; perforé d 'un bout à l 'autre (fig. 3, no. 15). Deux objets semblables, ont été trouvés à Kodjadcrmen (Bulgarie) 2) , par M. Popov.

On ne peut en préciser l 'usage.

Il faut mentionner aussi les fragments suivants : a) Quleques fragments avec protubérences simples ou doubles (n 'ayant rien de ca­

ractéristique, ils ne seront pas décrits). b) D'autres à ornement incisé. c) Deux autres qui conservent les traces de couleur.

b) Fragments à dessins incisés

1. Fragment de vase, d 'une pâte primitive, à dessins irrégulièrement incisés, s'entrecroi-sant quelquefois; c'est un décor de tradit ion néolithique.

2. Fragment appar tenant à la lèvre évasée en dehors d 'un vase. Pâte bien cuite. A 1 cm sous la lèvre, malheureusement très peu conservée, des dessins géométriques incisés: des trai ts parallèles, horizontaux, coupés par des angles formant des quinquonces. Si les angles n 'étaient pas pointus, on dirait que c'est un ornement en ligne ondulée. E n tout cas c'est en arrondissant les angles qu 'on a obtenu ce dernier spécimen d 'ornementa t ion 3 ) . Le fragment é tant trop petit , on ne peut se faire une idée de l 'ensemble.

3. Deux fragments de vase l 'un près de la lèvre, l 'autre de la base. Le premier fait partie d'un grand vase, le second d'un très petit . Les deux d'une pâte pas t rop pure. L 'ornement incisé consiste en des traits précis, largement et régulièrement ondulés (ornement en paren­thèse ; fig. 10, no. 4). Le même ornement se t rouve sur beaucoup de fragments de Sul tana 4 ) .

4. Grand fragment (fig. 6, no. 9) de la partie supérieure d 'un vase. Pâ te bien préparée. Décor incisé, pas commun: deux palmettes inégales, ayant à droite et à gauche d'autres lignes incisées.

l) I. Andricsescu: Piscul Crâsani, Bue , 1924, 3) v. I. Andriesescu: Piscul Crâsani, p. 63 et suiv. fig. 236 — 237. — Parmi ceux de Butmir, publics par *) v. le même, Fouilles de Sultana, Dacia I (s. p.). Fiala (op. cit.), celui de la fig. 44 est le plus proche Peut-être le dessin de Butmir (v. Fr. Fiala, op. cit., de notre forme. p. 32, fig. 29). et l'origine de celui-ci.

2) Izvestia vol. cit., p. 145, fig. 154 b.

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ΥΊ.ΛΙΜΜΙΚ DUMITRESCU

c) Fragments à dessins coloriés

1. Tesson de rase en forme d'écuelle, d 'une pâte l>i«"n cuite. I>a patine brune très bien exécutée sur les deux faces du fragments. Sur le col liant de 2 cm, trois raies grises à scintilla­tion métallique sont probablement produites par du graphite. Kilos vont parallèlement de droite à gaucho. Λ droite, le même décor se répète (fig. 3, no. 14). Le fragment très réduit nous empêche do voir quelle forme avait la décoration. A l ' intérieur, traces des dessins de la même couleur. En ce qui concerne la technique (la patine et l 'ornement), le fragment ressemble à ceux de Sultana trouvés à la plus grande profondeur de la couche x) .

2. Fragment de vase à paroi épaisse, pas t rop bien cuit. Pat ine brune à reflets gris et noirâtres (fig. 3, no. 7). Le décor réalisé d'une manière intéressante: Premièrement on a patiné entièrement la surface du vase, puis on a grat té les parties qui devaient rester sans [)atine. L'intérieur a une patine presque noire.

* * *

Figurines en terre cuite

1. La partie inférieure d 'une grande figurine (dans l 'é tat actuel haute de 12 cm). Le triangle du sexe formé par des t rai ts incisés, et le caractère s téatopyge indiquent une figu­rine féminine (fig. 9, no. 4 et fig. 10, no. 2). L'art isan a été préoccupé de rendre le caractère sculptural dos formes du corps humain. La grandeur — inaccoutumée pondant l 'époque néo­lithique de nos régions '-') — peut constituer un argument pour la dater plus récemment que le néolithique.

2. Figurine d 'animal (fig. 9, no. 3 et fig. 10, no. 9) — grandeur commune — (9 cm de long) représentant un quadrupède avec la partie postérieure très prolongée. La tête aurait été terminée par un museau pointu. Une perforation qui par t de la gueule de l 'animal sort dans le dos: c'est peut-être un caprice de l 'art isan.

Différents vases et objets d'usage imprécis

1. Deux petits vases do la forme et grandeur d 'une fusaïolc moyenne, mais un peu applatis , ayan t une cavité à l ' intérieur et percés seulement sur un seul côté. L'un a le trou de communication avec l ' intérieur très pe t i t ; l 'autre un peu plus grand (fig. 10, no. 5 et 11).

2. Lin autre vase, d 'une forme presque semblable (fig. 10, no. 15), patiné on brun, plus haut (6 cm) et avec 4 pieds cylindriques. Le t rou de communicat ion avec l ' intérieur se t rouve aussi à la partie supérieure. On ne peut préciser l 'utilité de ce vase : peut-être était-ce un objet servant au culte 3 ) .

3. Un autre exemplaire, dérivé probablement de la même forme primordiale—le plus pré­cieux du point de vue de la valeur art ist ique. Plus grand que le précédent (haut 9 cm), ayan t aussi quat re pieds — dont l 'un est brisé, il devait avoir un col étroit (fig. 9, no. 1 et fig. 10 no. 6). La pâte très soignée, cuite à rouge4) . Le vase est formé par deux moitiés accolées: le

*) I. Andriesescu, Sultana. 2) A Sultana (cf. I . Andriesescu dans «Dacia» I.)

e t à Câscioarele (cf. Gh. Stefan, Fouilles de Câscioa-rele, «Dacia» II , 1925, on a trouvé seulement des pieds des figurines en terre-cuite de même grandeur.

3) M. K a r l Skorpi l , dans son : Materiali za arheolo-giceska Karta na Bûlgaria, Sofia, 1914, p . 62, publ ie

deux exemplaires semblables trouvés à Lom, qu'il nomme — avec point d'interrogation touteafois — lam­pes (càdilnifa) ; nos exemplaires n'ayant que des très vagues traces de suie et de fumigation, on ne peut rien affirmer avant une beurcuse trouvaille in situ.

*) Le décor en cercles concentriques incisés n'est pas rare. En Thessalie il y a beaucoup d'ornements

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

col trop étroit a empêché l 'artisan de modeler l 'intérieur de la même manière que l 'extérieur. Tout autour du col six cercles concentriques incisés. Aux quatre coins du vase, se prolongeant sur les pieds, quatre t rai ts parallèles incisés. Entre les cercles concentriques et les trai ts des coins, quatre lignes pareillement incisées composent un losange avec les angles sur la ligne médiane du vase. Nous ne pouvons définir l 'utilité de ce vase ; je le crois plutôt un objet votif; il n'est en aucun cas une lampe.

4. Vase en forme de baquet. Paroi épaisse, fond plat, la lèvre un peu recourbée vers

l 'intérieur (fig. 3, no. 8). Sur le fond une petite fissure. La croûte calcaire déposée, empêche comme toujours l 'examen de la pâte . A Kodjadermen, M. Popov a trouvé deux vases sem­blables (l'un elliptique, l 'autre rond) qu'il a classés comme supports *). Le second peut très bien se prêter à ce rôle, mais le premier — et par conséquent le nôtre — ne peut être un support à cause de sa forme ovale.

5. Petit objet cylindrique (7 cm long. ; 2 cm larg.), avec un bout terminé en pointe. Perforé d 'un bout à l 'autre (fig. 10, no. 3). Pâ te pas t rop bien cui te ; patine b r u n e 2 ) .

6. Petit cylindre, irrégulièrement modelé (3 cm long.), sans rôle défini.

III. Objets en os 1. Une pointe de harpon en corne de cerf (long. 73/4 cm), presque cylindrique. Sur un côté,

deux barbelures, dont la plus proche de la pointe est cassée (fig. 10, no. 13). En face de cette

analogues. On le retrouve encore plus près de nos 1) Izvestia, VI, p. 143, fig. 150. régions, sur un vase de Lengyel, Hongrie (cf. Das Prii- 2) M. Popov, dans l'article cité. Izvestia, VI, p . historische Schanzuierk von Lengyel II, Budapest, 1890, 144 (fig. 151 —152) nomme deux exemplaires analo-von Mauritius Wosinsky ; planche XLIII , 333; etc. gués «phallus».

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% << - *

dernière, le harpon est un peu saillant ce qui indiquerait ici l 'existence d'une harhelure, la­quelle s 'étant brise, le posseseur a probablement réparé lui-même le harpon, en lissant la partie affectée. Yis-à-vis de la seconde barbelure, plus bas, il paraî t y en avoir eu une autre , mais le harpon, cassé, nous empêche de vérifier cette hypothèse.

Contrairement à ce qu'affirme M. Capitan dans La Préhistoire ^ , le harpon n'est pas un ins t rument qui disparaît à la fin du mésolithique. On le rencontre assez fré­quemment , pendant le néolithique et l 'énéolithique 2) et même jusqu 'en pleine époque de fer. En Jugo-Slavie, à Belo Brdo on a trouvés deux harpons p la t s 3 ) , datés vers la fin de l 'époque néolithique et le commencement du bronze. La présence du harpon dans le

milieu éneolithique de Cumelnita n 'a donc rien de surprenant .

2. Le fragment de la base d'un objet à percer, en os, qu 'on t rouve souvent dans les stations néolithiques (Troie I I 4 ) , dans notre sud-est, à Sultana 6) et ailleurs.

3. Trois instruments (6, 7 % et 9 cm long.) en os poli, dont deux très pointus au bout (fig. 10, no. 7 — 8) ; ce sont certaine­ment des ustensiles ménagers.

4. Fragment d 'un objet en os troué, plat (21/2 cm large), bien poli. Autour du t rou, des traces de lignes légèrement incisés, mais t rop précises pour être dues seulement au hasard. A Sultana aussi plusieurs exemplai­res 6 ) . C'est probablement un objet de pa­rure (pendeloque).

5. Fragment (4 Χ 2 ] / 2 c m ) d 'une figurine en

os, (fig. 9, no. 7) avec une part ie du triangle féminin et quelques pointes incisées ') .

6. Deux grandes figurines en os, malheu­reusement cassées, mais pouvant tout de même être reconstituées (fig. 9, no. 1). Les deux d 'un profil latéral très saillant. (L'une

longue de 22 cm, large de 7 % c m ; l 'autre longue de 18 cm, large 7 cm). Les têtes , ex­t rêmement allongées en bas, liées au corps au moyen d 'un cou très long, ont de larges oreilles pointues. Très soigneusement polies, elles ont été endommagées par la croûte et la cal-cination. Les yeux sont indiqués par des t rous. Sur les flancs de deux figurines et au cou de l 'une d'elles, les mêmes t rous . On peut prendre ces figurines pour des dérivations du fameux style en violon (Troie I I et Thessalie) de l 'époque néolithique, dérivations qui im­pliquent un assez respectable laps de temps.

Fig 10.

*) Collection Payot, p. 40. 2) Cf. Forrer, Reallexikon, pp. 336 — 337. 3) Cf. Starinar, 1906, Belgrad, p. 95, fig. 6, a et b. *) Cf. Schliemann, op. cit., planche CLXXXVIII,

no. 3438. 8) Cf. I. Andriejescu, Sultana, Dacia I. ■) Ibidem. 7) Ibidem.

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

Comme éléments de parure, on a trouvé dans l 'un des vases quelques trois cents coquilles de petits escargots bleus, dont beaucoup sont perforées, ce qui prouve que le possesseur était en train de les enfiler pour obtenir des coliers. Le coquillage était d'ailleurs à cette époque et même plus tard un ornement recherché (fig. 10, no. 2 — 3).

*

L'anneau en or appart ient aussi à un objet de parure (fig. 9, no. 8). C'est le seul re­présentant du métal dans cette collection (diam. 1,8 cm). Il est taillé à quatre faces dont deux larges de 3 mm et les autres deux de 2 mm. L'anneau se présente un peu in­terrompu ; les deux bouts é tant très rapprochés et limés, on ne peut en déduire une détérioration ultérieure, mais plutôt c'est un caractère pr imordial de l 'objet. Il est très bien conservé et d 'un poids peu commun pour ses dimensions réduites.

CONSIDÉRATIONS G É N É R A L E S

Situé à l 'embouchure de la rivière de l'Argeç, le massif de Gumelnita, entouré de toutes parts par les eaux, dominait jusqu 'au loin la plaine et les rivages du Danube. Il offrait une position trop favorable pour que les gens des temps néolithique et énéolithi-que, grands chercheurs des sites avantageux, ne fussent tentés d'y camper.

Parmi les stations parsemées dans la vallée de l'Argeç, ainsi que sur les rives du Danube (en amont et en aval du fleuve, sur la rive gauche) Gumelnita était un point central, é tant donné que la voie par l'eau était un chemin plus sûr et plus rapide. D'ailleurs l 'identité de la culture ethnographique préhistorique des stations contemporaines, ne permet pas d ' imaginer un isolement entre elles; au contraire il semble qu'elles étaient en étroite relation. Par conséquent, tous ces éléments qui concouraient à un développement heureux et rapide de cette stat ion en ont fait un centre très r iche; Panneau en or, qui ne devait être qu 'un fragment d 'un très bel objet de parure, la ligne délicate des profils de vases et surtout leur pâte si bien cuite, témoignent pour la richesse et l 'habileté technique; quant au goût artistique le ry thon et le vase à quatre pieds et à dessin incisé en sont des preuves convaincantes.

Ces arguments, ainsi que le fait que tous ces objets ont été trouvés en creusant au hasard quelques trous sans aucun système, nous permettent d'affirmer que Gumelnita était une des stations les plus florissantes de la contrée.

*

Préciser l 'époque de l 'emplacement de Gumelnita n'est pas chose trop difficile. Les élé­ments communs et quelquefois identiques avec ceux de Sultana et d'autres stations situées à l 'Est — celle de l'île du lac Boïan1) et celle de la bu t te de Fundeanca2) et de Cunesti3), comme aussi celle de Câscioarele 4) à l 'Ouest, nous font voir en Gumelnita une station de l 'époque énéolithique.

La plupart des formes de la céramique, tout en entrant dans le cadre énéolithique du sud-est sont des dérivations ou des continuations des formes néolithiques.

x) dette station a été fouillée cette été même par 3) Cf. Radu Vulpe, Rapport, etc. Bul. Com. Mon. Mr. Christescu. Istorice, an. XVII, 1924, p. 85 Bue.

2) Station fouillée par M-ellc H. Dumitrescu. 4) Gh. Stefan, Fouilles de Câscioarele. Dacia II , 1925.

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VI.ADIMIK DUMITHKSC.ll

En ce qui concerne le décor, on constate l 'absence de la matière crayeuse, qui rempli! d 'habi tude les incisions. Le manque de cet élément caractéristique pour l 'époque néoli­thique el énéolithique du sud-est, et au contraire la présence de la pat ine si soigneuse­ment exécutée; la pauvreté en figurines de terre cui te 1 ) et en os, qu i—-on le sait — deviennent rares vers le milieu de l 'époque de bronze, ainsi que l 'anneau en or. métal connu pendant le néolithique aussi, mais très abondant seulement pendant l 'époque du bronze, tous ces éléments nous autorisent à prolonger la date de notre stat ion même après l 'époque ('néolithique (en bronze I et peut-être bronze I I ) , quoique l 'absence du bronze et du cuivre dans notre collection, plaiderait pour le contraire: Mais à Sultana en fouillant une grande étendue on a t rouvé à peine quatre ustensiles en cuivre; à Ko-djadermen 2) trois seulement, les deux stations é tan t classées comme énéoli thiques; cette rareté du métal vient en aide à notre thèse.

La station de Oumclnita n'a pas été seulement une habitat ion de pêcheurs et d'agri­culteurs. Le grand nombre et la grande variété des outils en silex, ainsi que les per­cuteurs et nucleus, nous font supposer un atelier pour le travail du silex. Mais, considé­rant qu 'à 20 km à l 'ouest — à Câscioarde— et à 35 km à l'est — a Sultana — on constate les mêmes éléments et par conséquent la sphère d'action commerciale n'existairait pas, on est réduit de n'accorder à l'atelier de Gumelnita que la production pour les besoins locaux, comme pour le travail de la céramique par exemple. La profusion des ins t ruments en silex s'explique par la t radit ion néolithique et par la cherté du métal.

La destruction de la stat ion de Gumelnita est probablement due à un foudroyant in­cendie, comme à Sultana et à Câscioarele. Le bousillage calciné en est l 'indice. Cette coïncidence ainsi que celle de l ' identité de culture plaident en faveur de la contempo-ranéité des stations — énéolitiques — de la vallée de l'Argeç et du bas Danube. Nous sommes même conduits à croire qu'elles ont eu la même fin: au commencement de l 'époque du bronze, des peuplades venues du Nord ou de l 'Est ont détruit sur leur passage les pros­pères stations de toute la région du sud de la Valachie et de l'Olténie (Pet i te Valachie); ou peut-être les habi tants ont émigré d'eux-mêmes quelque par t vers le Sud ou l 'Ouest. La calcination du bousillage et, quelquefois des vases, nous font opiner avec plus de proba­bilité pour la première hypothèse.

VLADIMIR DUMITIŒSCU Assistant au Musée d'Antiquités d<· Bucarest

1) En ce qui concerne la grandeur et la plastique de la figurine féminine, les deux éléments peuvent être interprétés dans le même sens. v. plus haut, p. 338. — A Sultana les figurines en terre cuite et

en os sont beaucoup pin· nombreuses par rapport à la céramique.

2) hvestia, 1916 — 18, fig, 90 — 91.

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LE DEPOT EN BRONZE DE SUSENI La commune de Suseni, du district Mures-Turda, se trouve située sur la rive droite du

Mures à 6 km. de distance de Reghinul sasesc. En par tant de ce dernier point, sur la rive droite du Mures, s'élève un plateau, qui s'achevant à Deda, s'étend sur une longueur de 27 km. Par endroits le plateau est sillonné par les lits de différents ruisseaux, qui après l'avoir traversé, vont se jeter dans le Mureç. Au pied du plateau se trouve une voie romaine qu'on peut très aisément suivre jusqu'à Deda.

Tout près de cette voie il y avait aussi deux citadelles, l'une à Brâncovenesti l) et l 'autre à Deda '-). De tout temps, favorisé par ses admirables conditions géographiques, ayant à ses pieds la rivière de Mures et protégé par derrière, par d'immenses forêts, ce plateau se trouvait merveilleusement propice à l 'établissement de l 'homme préhistorique.

En effet on a déjà découvert, en plusieurs endroits, des restes d'une poterie préhistorique. 11 y a environ dix années, on avait trouvé à Deda, quantité d'objets en bronze, qui au dire du prêtre de la paroisse locale, auraient été acquis par le musée de la société «Astra» de Sibiu. A Brâncovenesti, dans la forêt qui se trouve derrière les ruines de la citadelle ro­maine, et d'où la voie romaine bifurque vers Bistrita (les traces de la voie romaine se conser­vant très visibles, surtout près de Râpa) on a découvert aussi un cimetière à urnes, contenant des cendres 3 ) . Vers la commune de Suseni, près de l 'entrée du village, du côté droit, située au pied du plateau, il y a la fabrique de briques et de tuiles, propriété des successeurs Schwartz. L'argile nécessaire à cette entreprise est exploitée de la carrière, au bord du plateau.

Au-dessus de la couche argileuse, il y a une couche de 1,20 — 1,50 m en gravier et sable et au-dessus de celle-ci, sur une hauteur de 0,80 —1,20 m, une autre couche en terre glaise «■t en terreau.

Pour pouvoir extraire l'argile pure, on enlève chaque année, les couches superposées. Au printemps de l'année 1924, pendant qu'on transportait ailleurs le contenu de ces couches, on a découvert, selon les affirmations des ouvriers, un grand vase qui renfermait les objets en bronze, décrits ici, de même qu'un peloton en fil d'or 4) , dont nous ne possédons qu 'un fragment d'environ 15 cm, le villageois qui l 'avait trouvé l 'ayant vendu à un personnage inconnu. Le morceau que nous possédons est un don du prêtre de la paroisse locale. En apprenant ces faits, nous nous sommes immédiatement rendus au lieu indiqué, en prenant les mesures nécessaires, pour que tous les objets fussent ramassés et transportés au musée Archéologique et Ethnographique de Tg.-Mures — Palatul Cultural — où ils se t rouvent à

' ) Vass Jôzscf: Erdély a romniak niait, p . 119; Ar-rheologiai Kozlcmények, 1861, vol. I I . Ipolyi Arnold: Magyar régeszeti repertorium, p. 243.

") Archeologiui Kôzlemények, vol. I I , p . 243. 3) Vass Jozsef: Erdély a romaiak alalt, p . 119; Ar-

cheologiui Kôzlemények, vol. I I , p . 243. 4) Ailleurs aussi on a découvert du fil en or, analo­

gue à celui-ci Archeologiai Kôzlemények, vol. V, p , 30, ment ionne les localités: Tarcza , Tperjes, Tepl icz . Poprad.

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Al REL IILIMON

présent. Le vase qui contenait les objets a été brisé et on n'a pu rien trouver se ra t tachant à lui. Le trésor se composait de 91 exemplaires entiers et de fragments. Tous étaient recou­verts d'une patine verte, assez bien conservée.

En passant à une description plus détaillée, nous avons: 8 pointes de lance, qu'on peut diviser en trois catégories:

Type T !) caractérisé par les ailerons et qu'on peut considérer comme partagé en deux ; la partie inférieure formant presqu'un cercle, tandis que la partie supérieure de forme ellipsoïdale s'amincit en pointe. La douille, de la naissance des ailes jusqu'à la pointe, présente la forme

d'un triangle. A gau­che et à droite de ce triangle il y a un or­nement consistant en un filet un peu plus en relief, que la lame. Cette partie ornemen­tée s'élève dans la direction de la hau­teur du triangle. Plus large en bas et s'amin-cissant vers le haut , elle est parallèle aux bord, partageant les deux ailerons pres-qu'en deux parties

égales, la partie marginale se rétrécit en formant le tranchant. Il y a des exemplaires dont on peut observer même l'aiguisement.

Type I I 2) se caractérisant par deux raies, qui par tant des ailerons, remontent en demi-cercle jusqu 'à la hauteur de la douille, d'où elles s'allongent en triangle jusqu 'au bout de la lance. Le milieu du triangle est indiqué par la raie, qui marque aussi le milieu de la douille. Les ailerons de forme elliptique, vont s'affilant vers la pointe. La douille en est plus long qu 'au type I.

Type I I I 3) de dimensions plus petites, avec le même décor que le type I, différant en cela, que la partie supérieure des ailes, n'est pas de forme elliptique, mais triangulaire.

Les exemplaires sont les suivants: Type I, fig. 1. Longueur 200 mm, dont 78 mm pour le talon et 122 mm, pour les

ailes. Le diamètre de la douille à la partie inférieure mesure 28 mm, dont 1 mm forme l'épaisseur de sa paroi. A une hauteur de 48 mm, disposés horizontalement, il y a deux trous, chacun avec un diamètre de 4 mm, qui ont servi à assujettir la hampe. La douille mesure 104 mm.

A la naissance des ailerons, la douille a un diamètre de 18 mm. La partie inférieure des ailes forme un cercle, dont les diamètres sont : 42 X 41 mm ; la partie elliptique a une longueur

') Hampel Jozsef : A bronzkor emlékei Magyarhonban, 2) Hampel, L c , pi. CXLII, fig. 6, tab. CLIX, fig. vol. II , pi. CLI, fig. 21; Archeologiai Êrtesito 1890, uj 7ct 8. folyam, vol. X. Wosinsky Môr: A bonyhâdvidéki bronz- :l) Hampel, l. c , pi. CXXXI, fig. 3. lelet, p. 29—49, pi. I, fig. 21.

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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

de 80 mm. Le plus grand diamètre est de 28 mm. L'ornementation, large de 7 mm, haute de 3 mm, est parallèle aux bords, s'inclinant vers la raie médiane, qui, au commencement des ailes, est large de 8 mm, et s'amincit vers la pointe. Sur le bord un trait de 2 mm, paraît être dû à l'affilage.

Fig. 2. Longueur 215 mm, dont 78 mm pour le talon et 137 mm pour les ailes. Le dia­mètre du talon, à la partie inférieure: 25 mm, dont 1 mm, pour l'épaisseur de la paroi du talon. Λ la naissance des ailerons le diamètre atteint 17 m m ; les trous horizontaux servant à fixer la hampe, se trouvent à la hauteur de 37 mm, ayant un diam. de 4 mm. La douille est pro­fonde de 82 mm. La partie inférieure des ailerons mesure: 38 X 37 mm, formant pres-qu 'un cercle.

La partie en ellipse a une longueur de 99 mm et son plus grand diamètre est de 32 mm. L'ornementation, sur le bord des ailerons, occupe 6 mm, avec une hauteur initiale de 2 mm. A ses extrémités, sur une portion de 3 mm, on voit les traces de l'affilage.

Fig. 3. Longueur 177 mm, dont 51 mm pour le talon et 126 mm, pour les ailerons. Le diamètre inférieur du talon: 21 m m ; aux ailerons 16 m m ; l'épaisseur de la paroi de la douille: 1 mm. A une hauteur de 16 mm, se trouvent les deux trous horizontaux servant à fixer la hampe.Leur diamètre mesure 4 mm. Les diamètres à la partie inférieure des ailerons: 36X34 . La partie supérieure est longue de 9 mm, et le plus large diamètre mesure 28 mm. A 6 mm des extrémités commence le décor, dont la hauteur initiale est de 2 mm. La raie médiane at teint 4 mm d'hauteur. Sur une largeur de 2 mm, en par tant des bords, l'aiguisement est parfaitement visible.

Fig. 4. Longueur 189 mm, dont 61 mm pour le talon et 128 mm pour les ailerons. Le diamètre inférieur du talon: 24 mm et à la naissance des ailerons: 19 mm. L'épaisseur de la paroi: 1 mm. Les deux trous horizontaux qui ont chacun un diamètre de 4 mm, sont percés à une hauteur de 43 mm. La douille, servant à y introduire la hampe, a une pro­fondeur de 78 mm. La partie inférieure des ailerons a les diamètres suivants: 40 X 38 m m ; la partie de forme elliptique, longue de 90 mm, a le diamètre le plus large: 32 mm. L'ornementation marginale y est de 6 mm, avec une hauteur initiale de 2 mm ; la raie médiane étant haute de 5 mm. Aux bords, sur une largeur de 2 mm, on observe l'affilage.

Fig. 6. Une petite partie de la pointe manque. La longueur 160 mm, dont 60 mm pour le talon et 100 mm pour les ailerons. Le diamètre, à la partie inférieure a 24 mm dont 1 mm forme l'épaisseur de la paroi. La douille est profonde de 72 mm. A la hauteur de 27 mm il y a des trous horizontaux, dont le diamètre est de 18 mm. La partie inférieure des ailerons a les diamètres 30 X 32 mm. La longueur de la partie supérieure de forme elliptique est de 70 mm. Le diamètre maximum atteint 27 mm. L'ornementation marginale est longue de 7 mm et haute de 3 mm. La raie médiane est de 5 mm. Aux bords, l'affilage est assez visible sur une largeur de 2 mm.

Type I I , fig. 5. Longueur 164 mm, dont 68 mm pour le talon et 96 mm pour les ailerons. Le diamètre inférieur du talon a 22 mm, dont 1 mm pour la paroi. Le diamètre à la naissance des ailerons est de 18 mm. Les trous horizontaux servant à assujettir cette pointe de lance à sa hampe se trouvent à une hauteur de 31 mm et ont un diamètre de 4 mm. La douille mesure en profondeur 113 mm. A la naissance des ailerons commence l 'ornementation que nous avons décrite en nous occupant de la classification des types. Le diamètre maximum des ailerons atteint 36 mm.

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M Kl I, ΙΊΙ.ΙΜΟΝ

Fig. 7. Longueur 173 mm dont 6(> m rii pour le talon et 107 mm pour les ailerons. Le diamètre inférieur du talon est de 24 mm, dont il faut soustraire I mm pour ['épaisseur de la paroi. Le diamètre supérieur, à la naissance des ailerons, est de 18 mm. Λ 30 mm de hauteur se trouvent deux trous horizontaux, chacun avec un diamètre de 1 mm. La profondeur de la douille du talon atteint 132 mm. L'épaisseur de l 'ornementation, mentionnée auparavant , est de 7 mm. Le diamètre maximum est de 38 m m ; aux ailerons, sur une largeur de 2 mm. on peut très distinctement observer les traces de l'affûtage.

Type I I I , fig. 8. Longueur 141 mm dont 53 mm pour le talon et 88 mm pour les ailerons. Le diamètre inférieur du talon: 24 mm, dont I mm pour l'épaisseur de la paroi. Λ la naissance des ailes le diamètre est de 17 mm. A 36 mm de hauteur, se t rouvent les trous horizontaux servant à fixer la hampe. La profondeur de la douille at teint 78 mm. Le dia­mètre maximum des ailes at­teint 28 mm. Parallèlement aux bords, à 6 mm de distance vers l'intérieur, il y a l 'ornementa­tion comme pour le type I, d'une épaisseur de 2 mm ; la raie médiane est de 4 mm. Un petit fragment du talon manque·

Une seconde catégorie serait celle des haches à douille. En tout 10 morceaux, dont 5 entiers et les autres fragmentaires.

On peut distinguer deux types : Type I *). Ce sont des formes plutôt de grandes dimensions, presque toutes possédant

un anneau. Si à l'aide d'un plan perpendiculaire on coupait transversalement l'un de ces exemplaires,

on obtiendrait deux parties égales, dont les deux côtés opposés, seraient obliques, de sorte qu'il en résulterait deux triangles avec la pointe vers le t ranchant et la base vers le rebord. La partie antérieure, approximativement jusqu 'au milieu, se rapproche de la forme d'un parai· lélipipède, en s'élargissant et s'inclinant du côté du t ranchant . lia section horizontale de l 'autre moitié présente la forme d'un trapèze.

Type II 2) . La section perpendiculaire partagerait l 'exemplaire en deux moitiés égales. Ce type ne possède qu'une seule marge ronde, qui à part ir du milieu commence à s'élargir en s'inclinant vers le t ranchant . La section horizontale est de forme elliptique, presque ronde.

En commençant la description des figures nous avons: Type I. Fig. 10. De l'exemplaire original, il manque une portion d'environ 10 mm. Lon­

gueur: 96 mm. Largeur en bas : 35 mm., en hau t : 20 mm. L'ornementation au bord est formée par deux traits , mesurant 4 mm de largeur et 3 mrn d'épaisseur. La douille de la hache a une

x) Hampel, l. c, pi. 8, 10; pi. XCVIII, fig. 7 — 10; 2) Humpel: l. c, pi. XI, fig. 1 — 2; Arch. Êrt.tvol pi. CXLV, fig. 24, 28, 35; pi. CLXXII,fig. 25 — 26. X, p. 35, fig. 8, 9.

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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

profondeur de 60 mm. I,<· diamètre: 26 X22 mm. L'anneau, à une distance du corps de 9 mm, formé par la continuation du filet saillant supérieure, a une longueur de 20 mm et une épaisseur de 9 mm.

Fig. 11. Longueur: 104 m m ; largeur au tranchant 50 mm, au-dessous du bord: 37 m m ; la marge d'en face ayant une largeur de 24 mm, qui jusqu'à l'inclinaison atteint 50 mm. Les marges latérales ont une largeur de 13 mm. En haut notre hache se termine par un rebord saillant, dont la largeur, y compris l'épaisseur du burin, mesure 7 mm. La douille de forme dyptique a les diamètres: 3 3 X 2 9 mm. Le rebord saillant de la douille a une épaisseur de 4 tu tu ; s ' incurvant d 'un côté, il forme l 'anneau, long de 23 mm. La douille a une longueur de 62 mm.

Fig. 13. Longueur: 125 mm, dont 50 mm pour le t ranchant , 38 mm pour la partie mé­diane, et 48 mm, y compris le rebord saillant, pour la partie d'en haut . La marge antérieure jusqu'au point de l'élargissement, mesure 60 mm en longueur. La largeur en est de 26 m m ; les marges latérales, sont larges de 6 mm ; le rebord saillant a une largeur de 5 mm ; et une épaisseur de 6 mm. La douille, de forme elliptique, a les dimensions: 3 6 X 2 8 mm, et une profondeur de 72 mm. L'anneau manque. Un petit fragment du tranchant manque aussi.

Fig. 17. Exemplaire brisé en deux. Longueur: 136 mm. La largeur au t ranchant : 61 m m ; au bord: 48 mm. Le bord opposé, jusqu'au point de l'élargissement, a une longueur de 27 mm. En haut , la hache est ornée d'un rebord saillant large de 14 mm et épais de 7 mm. Au-dessous de ce rebord, il y a un filet saillant parallèle, large de 6 mm et épais de 3 mm. Ce filet forme la base d'une ornementation triangulaire, composée de deux triangles, dont l'épaisseur est de 1 mm. La base du triangle de l'intérieur mesure 6 mm ; la hauteur en est de 22 mm. Le triangle extérieur, dont la base est de 20 mm, possède une hauteur de 32 mm. L'anneau est formé par la continuation du rebord supérieur qui a une épaisseur de 5 mm. La douille, de forme dyptique, a les dimensions: 37X28 mm et une profondeur de 74 mm.

Type I I , fig. 15. Longueur: 97 m m ; largeur au tranchant 36 m m ; au milieu: 27 m m ; en haut , y compris le rebord saillant, 36 mm. Les dimensions du rebord sont: largeur 4 mm, épaisseur 3 mm. Le corps est de forme presque ronde. Parallèlement du rebord supérieur, à une distance de 5 mm, il y a trois filets saillants dont l'épaisseur atteint 2 mm. Le diamètre de la douille: 2 7 X 2 7 mm. Sa profondeur: 73 mm.

En dehors des exemplaires décrits, il y a aussi des fragments. Fig. 16 1) . La partie supérieure d'une hache a douille, appartenant à un type différent.

Longueur: 75 mm., largeur: 43 mm, épaisseur: 25 mm. Le fragment présente un gros rebord saillant, large de 6 mm, un peu incliné et épais de 2 mm. Vers les extrémités, le rebord s'élargit et remonte un peu, il s'incurve d'un côté et forme l'anneau qui a une longueur de 25 mm et une épaisseur de 5 mm ; à l 'autre bout il forme une proéminence. Les diamètres de la douille: 37 X32. La marge antérieure, se repliant presque perpendiculairement, forme aussi la marge latérale.

Fig. 18. Fragment. La partie supérieure d'une hache. Longueur: 65 mm, largeur en bas : 33 mm, en hau t : 42 mm. Le rebord supérieur forme en se prolongeant l 'anneau, dont les dimen­sions sont: 23 mm de longueur; 10 mm de largeur; 5 mm d'épaisseur. La douille mesure:

J) Hampel: A bronzkor cmlékn, pi. XII, fig. 2, 3 ; pi. CLXXII, fig. 16,21, 2 2 - 2 4 ; pi. CLXXIV, fig. 2; pi. CVII, fig. 1 - 9 ; pi. CLVIII, fig. 4; pi. CLIX, fig. 6; pi. CLXXVIII, fig. 2, 3.

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AMHKL Ι Ί Ι . Ι Μ Ο λ

37X32 mm. Le corps est le même que celui de la fig. 16. Sur un côté, il y a une ornemen­tation composée de deux traits parallèles, dont les extrémités se dirigent vers le bord, en décrivant une parabole.

Fig. 19. Fragment représentant aussi la partie supérieure d'une bâche à douille. Longueur: 52 mm. Largeur en bas: 35 mm. Le rebord supérieur, large de 12 mm, a 7 mm d'épaisseur. Les diamètres de la douille: 35 X 3 1 . Le corps est le même que celui de la fig. 16. Sur un coté, il y a une ornementation triangulaire, dont la base est formée par le rebord supérieur. Il y a trois triangles espacés de 4 m m ; leur épaisseur est : 1 mm. Au centre du triangle du milieu se trouvent deux cercles avec un diamètre de 3 mm et une épaisseur de 1 mm.

Fig. 14. Fragment de lame. Longueur: 45 m m ; largeur à l'en­droit cassé: 2 5 m m ; l'épaisseur au même endroit: 7 mm.

Fig. 12. Fragment de lame. Longueur : 77 m m ; largeur au t ranchant : 51 mm, à la partie endommagée 35 mm.

Un autre groupe est relui de faucilles. En somme 14 morceaux, dont 3 entiers, 2 presque entiers et le reste en fragments.

Ceux qui sont entiers pour­raient être classés en deux caté­gories.

Type 1 ' ) . Exemplaire n 'ayant plus pour manche qu 'un bouton disposé perpendiculairement sur l 'extrémité de la crête. La crête

(sous cette dénomination nous comprenons la partie supérieure, un peu plus épaisse) présente deux filets en relief; leur forme est un peu arrondie.

Type II 2). Exemplaire muni de son manche. La forme est un demi-cercle. Il se compose de deux parties: le manche et la lame avec la crête. Au bout du manche vers la crête, il y a une partie accessoire de forme rectangulaire, disposée horizontalement. La lame est plat te . La crête épaisse présente un filet saillant. Le manche est décoré de trai ts .

Type I, fig. 22. Longueur: 165. Largeur en bas : 25 mm, dont 17 mm reviennent au t ranchant , qui va en s'affilant vers sa pointe. La crête épiasse de 8 mm, s'amincit elle aussi vers la pointe. Au devant, la crête présente une raie épaisse de 15 mm., parallèle à une autre raie. La distance qui les sépare mesure 5 mm. A l 'extrémité inférieure de la crête, disposé perpendiculairement, il y a un bouton, long de 12 mm et épais de 5 mm, qui servait a assu­je t t i r la hampe.

J) Hampel, /. <·., pi. CVII, fig. 13, 27; Arch. Ért, Uj fo- pi. CLII, fig. 7—24. Arch. Êrtesitô 1890, Uj folynm X lyam, V, p. 308 —310. PL CXLIII, fig. 1 —14,17, 20. p. 29 — 42, pL CLIX, fig. 14, 17, 19, 20, 22 ,24 .

2) Hampel: pi. LXXXIX, fig. 12; pi. XCIX, fig. Arch. Êrtesitô, 1887, vol. VII, p. 55 — 58, pi. CLV, 1 - 1 6 . Arch. Êrt. 1882, vol. II, p. 299-305 , pi. CXLVII fig. 9 — 16. fig. 33 — 38. Arch. Êrt. 1888, vol. VIII, p. 18 — 20,

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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SI S I M

Type I I , fig. 24. Longueur du manche: 57 mm. Le reste mesure 205 mm. L'épaisseur de la crête, qui s'amincit vers ses deux extrémités est de 6 mm. Sur sa partie supérieure la crête est munie d'un filet saillant, large de 3 mm et épaisse de 2 mm. Le manche présente une largeur de 24 mm, la lame mesure: 133 mm. Au bords, le manche possède deux filets, dont la largeur mesure 3 mm et l'épaisseur 2 mm. Celle du bord interne remonte en ligne droite, jusqu'à la crête. Jus te au milieu de la distance entre les deux filets, il y en a un troisième. Leurs superficies se présentent, comme si elles avaient été percées à l'aide d'un instrument servant à ornementer, de piqûres espacées de 1 — 2 mm.

Le bord interne, à 8 mm vers l'intérieur, pré­sente une portion creusée en forme de demi-cercle, haute de 5 mm, qui aurait servi à l 'emmanchement de la hampe. Au bord externe, la partie saillante, mesure 12 mm en longueur, 14 mm en largeur, et 2 mm en épaisseur.

Fig. 25. Le bord ex­terne du manche mesure 52 mm. Le reste a une lon­gueur de 214 mm. L'épais­seur de la crête atteint 6 mm. La raie a 3 mm de largeur. Le bord interne du manche est long de 52 mm, celui du t ranchant (la lame) de 146 mm. A ses extrémités le manche présente deux filets, dont celle de l'intérieur vers le t ranchant , s'arrondit en demi-cercle, formant un triangle avec le filet marginale. Au centre du manche, entre les deux autres raies, il y en a une troi­sième qui se prolonge en dépassant les autres, jusqu'à la pointe du triangle. La partie saillante du manche a les dimensions suivantes: largeur 16 m m ; longueur 13 m m ; épais­seur 2 mm.

Les fig. 29 et 32 appartiennent au type I L Fig. 29. La pointe manque. Le bord externe du manche jusqu'à l'appendice mesure 47

m m . ; de ce point jusqu'à la brisure: 95 mm. A l'endroit brisé, la largeur atteint 23 mm. La crête est épaisse de 6 mm, dont 2 mm, constituent l'épaisseur du filet. Large de 2 mm, ce filet a été décorée, en y appuyant à intervalles, un objet pointu. La partie interne du manche mesure 52 mm, la lame est longue de 67 mm. Vers les deux extrémités du manche il y a un filet ; celle du bord interne qui va droit vers la crête, forme un triangle. Au milieu il y en a encore un autre filet, qui se trouve être la parallèle du filet interne. Tous ces filets sont ornementées au moyen d'un instrument pointu, tout comme celui employé pour l'exemplaire de la fig. 24. A l'endroit où le filet interne rencontre celui de l'extérieur, il y a un autre filet, qui s'allonge parallèlement à la crête. Ce trait mesure 1 mm de largeur. L'appendice saillant du manche présente les dimensions suivantes: longueur 7 m m ; largeur 15 mm et épaisseur 2 mm. A la partie inférieure, le manche présente une petite partie un peu creuse, en forme de demi-cercle.

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M Kl I, I II.IMON

Fig. 32. La longueur du manche extérieur considérée jusqu'à L'appendice saillant mesure 47 m m ; de ce point jusqu'à la brisure: 95 mm. L'épaisseur de la e n t e est de 7 mm, dont il faut retenir 3 mm, pour le filet. Sur les deux marges du manche, il v a un filet, dont l'épais­seur est de 2 mm. Ce de ['intérieur se continue obliquement jusqu'à la crête. En partant de ce raie, parallèlement à la crête, il y a un autre filet épaisse de 1 mm. Au milieu du manche il y a aussi un filet, qui aboutit à la crête. Les filets ne présentent aucun décor. La longueur de l'appendice saillant est de 7 m m ; la largeur en est de 12 mm.

Fig. 20. Fragment de manche, conservant encore une partie de la lame. La partie exté­rieure est longue de I 1 I mm, y compris un filet large de 5 mm et épaisse de 2 mm. La crête avec son filet mesure 6 mm en épaisseur. Du côté interne le manche est ornementé d'un filet, qui au tranchant se continue parallèlement à la crête. Entre ces deux filets, au milieu, il y en a un autre, lequelle se perd à l 'endroit même où commence le t ranchant . Les filets ne pré­sentent aucun ornement. L'appendice au bout du manche manque. Les dimensions des raies: largeur 3 mm et épaisseur 2 mm.

Fig. 21. Fragment de manche, avec une partie de la lame, appartenant probablement à un type étranger. Longueur externe: 152 mm, y compris un filet large de 3 mm et épaisse de 2 mm. Au centre il y un autre filet parallèle, le filet de la marge interne du manche abou­tissant au premier (le filet médian). Ces traits sont décorés par le même procédé «pie l'exem­plaire de la fig. 24. L'appendice saillant servant à fixer manque.

Fig. 23. Fragment, une petite portion de la lame. Le côté externe du tranchant mesure en longueur 51 mm. La crête a une longueur de 67 mm et une épaisseur de 7 mm, dont 2 mm pour la raie, dont la largeur at teint 3 mm. Le manche, au bord interne, possède un filet qui se dirige vers la crête. La largeur du manche mesure: 26 mm. Le bord inférieur du manche forme la base d'un triangle, formé de traits .

De la pointe du triangle, un autre filet s'allonge vers la crête. Ces filets ne sont pas or­nementées. L'appendice servant à l 'emmanchement mesure 12 mm en longueur et 7 mm en largeur.

Fig. 28. Fragment, conservant une partie du manche. Du côté extérieur le manche a une longueur de 56 mm. La largeur en est de 21 mm. La

partie conservée de la crête ne dépasse pas 12 mm. L'appendice mesure 16 mm en longueur et 9 mm en largeur. Le manche possède trois filets parallèles, dont deux forment les bords mêmes du manche.

Fig. 30. Fragment de lame et de manche, dont la partie extérieure mesure 12 mm. L'é­paisseur en est de 7 mm, dont 2 mm pour le filet. La largeur 3 mm. L'appendice a les dimen­sions suivantes: 12 mm en longueur et 8 en largeur. Le manche présente trois filets endom­magées comme celle de la fig. 24. A 8 mm de distance, en par tan t du fdet intérieure vers le t ranchant , il y a un trait simple, qui va parallèlement à la crête.

Fig. 31. Fragment. Le manche, du côté du bord externe mesure 65 mm de longueur et 27 mm en largeur. La crête mesure 12 mm. Les trois filets du manche sont ornementés comme dans la fig. 24. A la partie inférieure du manche, il y a un trou triangulaire, dont la base mesure 7 mm et la hauteur 6 mm. L'appendice possède 11 mm en longueur et 7 mm en largeur. L'original devait être recourbé.

Fig. 33. Fragment de manche et de lame, très recourbée. La longueur conservée pour le manche mesure 30 mm, la largueur: 25 mm. La crête considérée en par tan t de l 'appendice mesure 60 mm ; à la brisure la largeur at teint 33 mm. L'épaisseur de la crête, y compris son

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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

filcL, mesure 7 mm, dont 3 mm pour l'épaisseur du filet. Le filet, de la marge interne, va tout droit devant elle, puis s'incline, et à une distance de 8 mm de la crête, va parallèlement à celle-ci. Au milieu il y a un autre filet, parallèle à celle du bord externe. L'appendice a les dimensions suivantes: 12 mm en longueur; et 8 mm en largeur.

Fig. 26. Fragment de lame. Longueur: 175; largeur à l'endroit cassé: 28 mm. La crête est épaisse de 7 mm dont 3 mm forment l'épaisseur du filet, qui présente une largeur de 5 mm.

Fig. 27. Fragment de lame. Longueur: 135 mm, largeur à l'endroit cassé: 28 mm. Λ la crête l'épaisseur at teint 7 mm, dont 3 mm occupés par la raie. La largeur est de 5 mm.

Les bracelets. Il y en a 33 pièces, dont 10 entières et les autres fragmentaires. On peut les diviser en deux groupes. Λ la première catégorie se rattacheront tous les exemplaires dont les deux bouts sont libres. La seconde catégorie est formée par les exemplaires dont les bouts ne sont pas libres et

dont l'aspect général est celui d'un anneau. La première catégorie comprend 6 types. Type I ] ) . Forme ronde, épaisse au milieu, s'amincissant vers les deux bouts. La section

est un cercle. Type I I 2) . Forme carrée, épaisse au milieu, s'amincissant vers les deux bouts. La section

est de forme carrée. Type I I I 3). La surface interne est plate, tandis que celle de l'extérieur est convexe.

L'épaisseur par tout égale. La section en demi-cercle. Type IV. Formes plates et minces. Les deux bouts finissent en demi-cercle. La section est

celle d'un parallélipipède.

!) Hampel, /. r., pi. L, fig. 3; pi. CVII, fig. 13, 14. CXLIII, fig. 19 —21; pi. CLVIII, fig. 1—3; pi. CLXV, 16— 18. Arch. Értes., vol. V, p. 308 — 310, pi. CIX, fig. 2 — 4. Arch. Ért. VI, p. 148 — 151. fig. 22 — 25. Arch. Êrtes., V, p. 182 — 188, p. CXIV. *) Hampel: l. c, pi. XLVIII, fig. 2; pi. LI, fig. 1-2; fig. 22 — 36. Arch. Értes., 1886, vol. VI, p. 14 — 16; pi. LXXXVI, fig. 4 a. pi. CXXII. fig. 55 — 70; pi. CXXV, fig. 25 — 28; pi. 3) Hampel, /. c, pi. L, fig. 7; pi. C, fig. 27 t.

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Aiiiu;r, Π Ι . Ι Μ Ο Ν

Type V 1) . Formes plaies et minces. La partie extérieure rayée de 3 — 5 traits , divisant la surface en parties égales.

Type VI 2). Forme d'aspect épais. La partie interne plate, celle de l'extérieur convexe et rayée.

Catég. I, type I, fig. 34. La circonférence extérieure mesure 213 mm, l'épaisseur au milieu 5 m m ; aux bouts : 2 mm. Les diamètres 6 5 X 5 0 mm. Aux extrémités une ornementation formée par 18 traits perpendiculaires et parallèles, séparés entre eux par une distance d'un mm. Cette ornementation est gravée.

Fig. 36. La circonférence extérieure mesure 212 mm. L'épaisseur au milieu mesure 5 m m ; aux deux bouts : 2 mm. Les diamètres: 6 0 X 5 7 mm. L'exemplaire est ornementé par des

traits parallèles et perpendiculaires, formant des groupes. Il y a deux groupes, l 'un formé de 16 — 20 trai ts , l 'autre composé seulement de 5 trai ts . La distance qui les sépare mesure 7 — 9 mm.

Fig. 38. La circonférence mesure 155 mm. L'épaisseur au milieu, 3 mm, aux bouts : 1 mm. L'exemplaire est un peu tordu.

Type I I , fig. 54. Longueur de la circonférence: 168 mm. Au centre, la bautcur est de 6 mm, aux bouts : 2 mm. Les diamètres 3 7 X 3 6 mm.

Type I I I , fig. 53. La circonférence mesure 116 mm. La partie interne est large de 8 mm et épaisse de 6 mm. Les diamètres: 5 5 X 4 5 mm. Son bord extérieur est convexe et ornementé de traits perpendiculaires de 3 mm. Ces traits se trouvent aux extrémités du bracelet, formant, t an t en haut qu'en bas, deux bandes.

Type IV, fig. 46. La circonférence mesure 202 m m ; la largeur en est de 22 m m ; l'épais­seur de Y2 mm. Les marges en sont coupées droit, les bouts demi-circulaires. Les diamètres: 6 9 X 5 4 mm.

Fig. 48. La circonférence mesure 160 m m ; la largeur: 20 mm, l'épaisseur: 1 mm. Les dia­mètres: 5 5 X 5 2 mm. Les deux bouts en demi-cercle.

Type V. fig. 47. La circonférence mesure 170 mm, la largeur en est de 19 mm. Les bouts un peu arrondis ; l'épaisseur de 1 mm. Sur la surface extérieure il y a 3 filets qui la divisent

x) Hampel, l. c.,pl. LXXXVII, fig. 6. XI, Kôt. p. 83. *) Hampel, l. c , pi. CLVI, fig. 20. Arch. Êrt., 1891,

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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

en deux parties égales. Deux des raies sont IUX deux extrémités et la troisième au milieu. Leur épaisseur est de 2 mm et leur aspect de forme convexe.

Type VI, fig. 44. Exemplaire épais et massif. Très gros au milieu, s'amincissant vers les deux bouts. La circonférence extérieure, y compris les rayures, mesure 223 mm. La marge interne est plat te , large de 17 mm. Les deux bouts se tordent vers l'extérieur.

La partie externe est sillonnée par 36 rayures convexes, celles du milieu épaisses de 3 mm, celles des extrémités seulement de 2 mm. Les deux bouts sont rehaussés par deux gros anneaux. En somme un exemplaire assez bien conservé.

Groupe I I *), fig. 35. Anneau. La circonférence mesure 192 mm. Le corps rond, ayant une épaisseur de 6 mm. Sa partie extérieure est ornementée par des groupes formés de 4 trai ts . Un des groupes est disposé perpendiculairement, tandis que les autres sont inclinés, formant un triangle. \\Ϊ\^^\\\Γ^^Μ\^Φ^~

Les fragments: Fig. 37. Longueur: 72 mm. L'exemplaire appar­tient à la I-ère catégorie, type I. A son extrémité il présente une ornementation perpendiculaire, formée par 18 traits parallèles; vers le centre l 'ornementation consiste en un groupe de 5 traits perpen­diculaires et de deux groupes inclinés, formant un triangle.

Fig. 39, I-ère catég., type I-er. Longueur: 121 mm. Ce qui reste, ; représente la moitié d'un bracelet.

Fig. 40. I-ère catég., type I. Fragment représentant approx. 3/4

d'un bracelet. Longueur: 162 m m . ; la plus grande épaisseur: 5 mm. L'ornementation consiste en deux triangles, formés par 4 traits, les­quels sont encadrés par deux groupes, composée à leur tour de 18 trai ts perpendiculaires. - ^ ///// %. g 3 d

Fig. 41 . I-ère catég., type I. Longueur: 105 m m ; l'épaisseur à l 'endroit brisé 5 mm.

Fig. 42. Longueur: 212 mm. Forme ronde. Épaisseur partout *■■■■■■■■■., ■ égale; diamètre: 4 mm. Appartenant au groupe IL

Fig. 43. Bracelet de forme carrée, conservé presque entièrement. Longueur: 208 m m ; longueur d'un de ses côtés: 4 mm. Catég. I, type I L

Fig. 45. Longueur: 105 mm. Forme ronde, diamètre: 4 mm. Notre fragment représente y a d 'un bracelet de la catég. I L L'ornementation consiste en 5 traits , disposés en forme de

■ triangle. Fig. 49. Fragment. Longueur: 68 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: 1 m m ; il présente

3 rayures horizontales, dont une aux deux extrémités et la troisième au milieu. Se ra t tachant à la I-ère catég. type IL Fig. 50. Catég. I, type V. Fragment. Longueur: 75 m m : largeur 18 m m ; il présente

3 rayures, épaisses de 1 mm. Fig. 51. Catég. I , type V. Longueur 78 m m ; largeur: 21 m m ; épaisseur 1 m m : Quatre

rayures divisent la surface en parties égales. Fig. 52. Fragment . Longueur: 68 m m ; largeur: 21 m m ; épaisseur: 1 mm. Les rayures

comme dans l'exemplaire de la fig. 51 .

!) Humpel, /. c, pi. CVII, fig. 15, 19. Arch. Êrt.t V, pi. CLI, fig. 28, 29. Arch. Êrtes., IX, p. 62 — 66. p. 308-310, pi. CIX, fig. 21. Arch. Êrt., V, p. 182-188,

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AUREL FILIMOIS

Fig. 57. Cat. I, type IV. Longueur: 58 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: 1 mm. Fig. 55. Fragment recourbé d'un bracelet de la eatég. [, type IV. Largeur: 15 m m ; épais­

seur: I min. Fig. 58. Catég. I, type IV. Fragment. Longueur: 7 8 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: I mm. Fig. 66. Fragment d'un bracelet de la catég. I, type IV. Longueur: 77 m m ; largeur: 19

mm.; épaisseur: 1,5 mm. Fig. 67. Fragment d 'un bracelet. Longueur: 65 m m ; largeur: 27 m m ; cinq rayures divi­

sent la surface en parties égales. Λ 15 mm de distance des bouts, les rayures se perdent, de sorte que seulement les deux rayures marginales vont jusqu 'aux extrémités.

Fig. 69. Fragment de bracelet. Cat. I, type IV. Longueur: 86 m m ; largeur: 21 mm et épaisseur : 15 mm.

Fig. 70. Fragment de bracelet. Cat. I, type IV. Longueur : 68 mm ; lar­geur : 18 m m ; épaisseur: 1 mm.

Fig. 71. Fragment de bracelet. Cat. I, type V: 68 X 18 X 1 mm. Quatre rayures y sont tracées, à égale distance ; vers les deux bouts, celles du milieu se perdent à la surface de l 'exemplaire.

Fig. 72. Fragment d'un bracelet. Cat. I, type V. Longueur: 66 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: 1 mm.

Différents objets. Fig. 73. Fragment de poignard — le manche — Longueur: 72 mm. Ses bords elliptiques sont recourbés vers la pointe. Epaisseur: 1 m m ; largeur: 9 mm. En bas les bords ont une largeur de 49 mm et en haut au t ranchant 32 mm. Au centre des marges, horizontalement disposée, il y a une plaque, qui présente au milieu un trou de 6 mm, servant à l 'assujcttisement des deux parties du manche. L'épaisseur de la plaque mesure 1 mm.

Fig. 74. Anse, provenant d 'un vase en bronze. Longueur: 115 mm. Forme carrée. Les deux bouts vont s'élargissant en forme de tablet te carrée, épaisse de 1 mm, ayant au milieu un trou de 4 mm, servant à y passer un clou en bronze, à tête très plate. La marge du carré mesure 17 mm. Le bouton du clou épais de 1,5 mm a un diamètre de 14 mm. Le corps du clou est suffisamment long, pour pouvoir percer la tablet te .

Fig. 75. Une anse, conservée à demi. Longueur de 17 m m ; largeur à l 'endroit cassé: 27 mm., l'épaisseur au milieu 5 mm, s'amincissant vers les deux extrémités. La section de forme elliptique. L'anse s'élargit vers le bout, ayant une largeur de 47 mm. De ces deux points, elle forme un demi-cercle avec un filet épaisse de 2 mm. Près de cette rayure à 5 mm de distance sur les deux côtés, il y a 2—3 trous espacés de 8 mm, ayant chacun un diamètre de 5 mm. Dans

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LE DÉTOT KN ItltONZE DE SUSENI

chacun de ces trous il y avait un clou (voir la fig. 75 a) long de 15 mm et épais de 4 mm, la tête mesurant 7 mm. Ces clous ont servi à la fixer. En partant du premier trou, à 11 mm de distance, parallèlement aux marges, il y a un trait gravé. Entre ces deux traits il y en a en­core deux, mais ceux-ci n 'ornementent pas le corps entier, mais seulement l 'extrémité. Le fragment possède 2 clous.

Des couteaux. En tout, il y en a 4 pièces. Eig. 63. Longueur: 105 mm, dont 87 mm pour la lame et 18 pour le manche. La largeur:

24 mm, s'amincissent vers la pointe. La crête de forme elliptique, a une épaisseur de 3 mm.

Parallèlement à la crête, à 2 mm de distance, il y a encore un trait gravé, et puis encore un autre à 4 mm de distance et parallèlement à la lame.

Eig. 64. Exemplaire presque entier, excepté une portion de la pointe. Longueur: 97 mm dont 78 mm pour la lame, et 19 mm pour le manche. Au manche, il y a un trou de 2 mm, qui servait probablement à y fixer de la poignée. Largeur: 18 mm, s'amincissant vers la pointe. La crête mesure 3 mm. La pointe semble avoir été un peu élargie, supposition qui est con­firmée par la forme de la lame, un peu trop large à cet endroit.

Fig. 65. Couteau brisé en deux et fragmenté. Longueur: 127 mm, dont 80 mm pour la lame et 47 mm pour le manche, qui est plus long que celui des exemplaires des figures 63 et 64. La largeur de la lame mesure 18 m m ; à l'endroit cassé, seulement 12 mm. L'épaisseur de la crête est de 3 mm. Il semble que le couteau n'était pas terminé en pointe aiguisée.

Fig. 68 o et 68 b. C'est un couteau recourbé et brisé en deux. La longueur pourrait être de 137 mm. La lame semble avoir été longue et étroite. La crête mesure 3 mm. Le manche pré­sente un trou de fixation, avec un diamètre de 4 mm.

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AURKL FILIMON

u d ^~ <·{*

Trois fragments d'épée. Fig. 60. Fragment dont la longueur est de 53 mm, la largeur en bas : 38 mm et en haut

37 mm. La surface est convexe; la section a la forme d'une ellipse. Au milieu il y a une arête large de 22 mm et épaisse de 1 mm. L'épaisseur totale: 5 mm.

Fig. 61. Longueur: 90 nim; largeur en bas 38 mm, en haut 28 mm. L'épaisseur: 5 mm. La surface convexe. Au milieu il y a une bande large de 14 mm et haute de 1 min.

Fig. 62 ' ) . Fxemplaire brisé en deux. Largeur: 275 mm. Vers sa pointe, il est un peu recourbé. Largeur à la partie inférieure: 36 mm ; l'épaisseur atteint 5 mm. La lame devient un peu plus étroite vers sa pointe. Au milieu la même bande large

de 14 mm et épaisse de 1 mm. Sur une distance de 2 mm, en par tant des bords, on observe les traces de l'aiguisement.

Les fibules. Fig. 76. Le plus beau de tous les exemplaires, un vrai représentant de l 'art

9 91 ^Λ le plus parfait de l 'époque du bronze. Longueur:

"flr ΛΒ ί λ ν " ~ " " " dont ' " " " " " I""11 l '- ressorts; -'!«'! mm * " ■ * fl M L pour la plaque de forme elliptique du milieu et

^ JL· 32 mm pour la tête. Il y a en total, trois spirales ^ H dont une plus grande et les autres de dimensions

8 3 I ^ ^ ^ ^ un peu réduites. La première d'un diamètre de 65 mm, est formée par 11 spires. Les deux autres composées de 8 spires, ont un diamètre de 45 mm. Ces spirales forment un triangle, dont la base est la ligne imaginaire qui unirait les centres de nos deux spirales ; quant à la pointe du triangle elle serait le centre même de la grande spirale. La plaque elliptique est longue de 88 mm, large de 40 mm et épaisse de 1 mm. Sur le bord il y a une raie, bordée par un trait et ornementée par plu­sieurs traits obliques. En par tant des marges vers le centre, aux deux extrémités de notre fibule, sur une distance de 20 mm il y a 5 traits perpendicidaires, formant quatre raies larges de 2 mm, décorées par des traits obliques, de sorte qu'il en résulte des tri­angles. Les extrémités des ces traits perpendiculaires, s'unissent à

5 autres traits concaves, formant une parabole. Ces bandes sont limitées par deux lignes, composées de points. Des raies perpendiculaires, vers les extrémités, parallèlement au dia­mètre de la petite plaque, il y a cinq bandes, décorées elles aussi par des traits obliques, formant des triangles. La tablet te elliptique est fixée par ses deux extrémités à une plaquette perpendiculaire, longue de 20 mm, large de 17 mm et épaisse de 2 mm. Notre fibule se compose de 4 morceaux. La fig. 76 a représente la grande spirale avec l'épingle (l'ardillon.) long de 170 mm. Il est formé par un fil rond, épais de 4 mm. Ce fil après

i) Hampel; /. r., pi. CXLIX, fig. 1, 2, 7, 11, 12, 71. 19.

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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

avoir été tordu, pour former deux détours, se continue horizontalement en passant par les deux petites plaques perpendiculaires, qui le maintiennent, et en décrivant un cercle qui sert de porte-agrafe, se continue enfin, en formant la grande spirale, dont nous avons déjà donné la description. La fig. 76 6 représente la spirale supérieure, un peu plus petite, avec la tablette elliptique décorée. Cette partie est en fil épais de 2 mm, et celui de la spirale est épais de 3 mm. Le fil est fixé à la tablette perpendiculaire.

En sortant de celle-ci pour aboutir à la seconde, il forme 8 cercles, d'un diamètre de 7 mm, enfin après avoir passé par la seconde plaquette, il décrit la deuxième spirale. La fig. 76 c représente la même figure mais à l'envers. Chaque cercle pos­sède un anneau en fil, épais de 3 mm, avec un diamètre de 7 mm. A chacun des anneaux pendent des pendeloques en for­me de pointe de lance, ayant à leur tour, chacune un anneau. Ces pendeloques ont une longu­eur de 63 mm et une largeur médiane de 14 mm 12 mm de la longueur, reviennent à l 'anneau. En tout , il y en a neuf de ces pendeloques. Fig. 76 a, c'est la plaque elliptique auprès de laquelle se rangent les figures 76 b et 76 c.

Fig. 76 bis. C'est une fibule simple à deux spirales. Longueur: 126 mm. Le diamètre d'une de ces spirales: 50 mm. La fibule est formée par un fil continu, à section carrée, épais de 2 mm. Il commence par l'ardillon en fil rond, long de 86 mm, qui en se tordant, forme le centre de la fibule, autour duquel s'enroulent les six spires, dont la sixième par une ligne sinueuse forme la seconde spirale, dont on ne conserve que quatre spires. Le centre manque.

Fig. 77. Fragment consistant en une spirale à 8 spires d'un fil à section carrée, avec un diamètre de 42 mm, l'épaisseur du fil mesurant 2 mm.

Fig. 78. Fragment ayant une spirale, avec un diamètre de 43 mm, se composant de 8 spires, en fil rond d'un diamètre de 2 mm.

Fig. 79. Fragment. Spirale et ardillon. Le diamètre de la spirale: 55 mm. La spirale formée de 8 spires, est en fil à section carrée, qui s'amincit vers la spire centrale, puis s'épaissit jusqu'à 3 mm. L'ardillon tordu forme un demi-cercle et a une longueur de 112 mm.

Fig. 80. Une spirale dont les spires se sont déroulées. Elle est en fil à section carrée, tout comme l'exemplaire de la fig. 79, ayant aussi la même épaisseur.

Fig. 81. Spirale déroulée, formée d'un fil, dont la moitié est ronde et l 'autre moitié à section carrée. La partie en fil carré présente 4 spires. L'épaisseur du fil carré mesure 3 mm et celui du fil rond 4 mm.

Fig. 82. Fragment d'un instrument de destination inconnue. Forme ronde. A la partie inférieure les diamètres: 15 X 17 mm. Au milieu il y a un trou d'un diamètre de 4 mm. Vers sa pointe l ' instrument est recourbé, formant un demi-cercle. L'épaisseur mesure 5 mm.

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Fig, 83. instrument de destination inconnue, dont l 'extrémité plus mince se replie en forme de rectangle. La partie un peu plus courte mesure 18 mm, son épaisseur é tant de 5 mm. La part ie la plus longue, mesure MO mm, avec un épaisseur de 0 — 8 mm. Λ l'un des bouts épais, il y a un bouton, comme celui d'un clou, avec une épaisseur de 1 mm. Sa surface est convexe et le diamètre mesure 12 mm.

Fig. 84. C'est un tube en tôle mince; épaisseur: % mm, diamètre 7 mm, longueur 58 mm. Destination inconnue.

Fig. 85. Probablement manche de couteau. Longueur: 73 mm. L'épaisseur à l 'une des extrémités: 14 mm et à l 'autre : 12 mm. Au milieu un trou pour le fixer.

C'est un exemplaire fondu. Fig. 92. Un anneau à surface convexe; avec un diamètre de 15 mm, dont 5 mm pour

le trou du milieu, l 'épaisseur: 2 mm. Dans le sens du diamètre horizontal, aux deux côtés opposés, il y a deux appendices, longs de 13 mm, larges de 4 mm et épais de 1 mm, dont les extrémités sont recourbées, ayant servi probablement à retenir quelque chose.

Fig. 91 . C'est un fragment eu bronze fondu. Il y a aussi des fragments de ceintures. Fig. 90 a et 90 b. C'est un seul morceau, brisé sur la ligne a — b. Le fragment a une lon­

gueur de 67 mm et une largeur de 87 mm. C'est un exemplaire décoré. Fig. 86, 87, 88 et 89. Tous sont des petits fragments de ceintures à décor, qu'on peut voir

dans les dessins. L'ornementation est due à l 'action répétée d'un instrument mince et pointu. Les fouilles projetées pour l'année prochaine apporteront à coup sûr plus de lumière sur

l 'ensemble de nos trouvailles. 11 n'est pas impossible non plus, qu 'une fondent! ail existé dans ces parages, servant à la confection de tant d'objets semblables.

Tg.-Muref, 1925. X. ΛΙ EŒL 1 II . IMON

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L'AGE 1)1 DEPOT DE BRONZKK DK SLSEN Nous n'ajouterons qne peu de mots à la description très détaillée du dépôt de Suseni,

donnée par M. Filimon. Il s'agit de situer ce dépôt dans son milieu typologique et chrono­logique et lui assigner une date, plus ou moins précise, avant laquelle les divers objets qui le composent ont été produits.

En effet, ainsi que la plupart des dépôts de l'âge du bronze ayant appartenu à des négo­ciants bronziers, le nôtre aussi contient des objets de provenance et d'époque diverses. L'on peut avoir dans la fig. 1 un coup d'oeil d'ensemble de toute la variété des formes représentées à Suseni. Cependant ni les lances (ci-dessus, p . 344), ni les faucilles (ci-dessus, p . 348 sq.) ne sauraient offrir des points de repère suffisamment précis. Constatées aussi pendant la Ι Ι Ι -e période de l'âge du bronze carpatho-danubien l), rien n'empêche que ces formes aient été en usage encore très tard au cours de la IV-e période. Par contre, Reinecke est d'avis que le type de faucille à très faible courbure (Filimon, p . 348), est «récent» (/. c , p . 324 et 329). Toutefois il n'est point, ni à Suseni, ni ailleurs2) la seule forme carac­téristique de l'âge du bronze tardif 3 ) . La même remarque est à faire à propos des haches à douille (ci-dessus, p . 346) à tran­chant arrondi et élargi en forme de crois­sant. C'est toujours Reinecke 4) qui a at­tribué ce type δ) à l'évolution récente de l'âge du bronze en Europe Centrale. Or ce «nouveau» type se retrouve couramment à côté de l'ancien ( I l l -e période) pendant Fig. 1. Vue d'ensemble tin dépAl de bronzes de Suseni.

toute la IV-e période de l'âge du bronze carpathique. Quant aux épées de Suseni (ci-dessus, p . 354 sq.), nous n'en possédons que des fragments

*) Cf. notre fig. 1 et Filimon, p. 344 et 348 sq. avec Reinecke, duns Archaeologiai Êrtesitô, XIX, 1899, p. 243.

-) P. e. à Çpâlnaca: Hampel, Bronzkor, II , pi. CXLVII.

3) Cf. Pârvan, Getica, p. 409 et suiv. *) Arch. Êrt., I. c , p. 326 et 329. ) Cf. Pârvan, o. c , p. 404.

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VASILE PARVAN

qui par leur forme rentrent très bien dans l 'ensemble des formes de la IV-e période de lïige du bronze carpatlio-danubien.

(Test donc, comme d 'habi tude, aux parures, que nous devons appeler pour des renseigne­ments plus caractéristiques et plus précis au sujet de la date de notre dépôt.

Commençons par la grande fibule «à bouclier» et à pendantifs (fig. 3 ; cf. ci-dessus, p. 355). de t te fibule unit la manière très ancienne carpat bi­que (parures et orfèvrerie de la 11-e période) de la décoration à spirales en fil de métal, de profil rond ou angulaire, à la nouvelle technique, «hallstat-ticnne», des plaques en métal ornées par des lignes incisées ou pointillées. M. Louis de Mârton, dans son étude sur les fibules trouvées en Hongrie 1 ) , essaye de donner une classification complète de3 grandes espèces à nombreuses spirales, avec ou sans «bouclier» et «pendantifs». 11 ressort, sans difficulté, que nous nous trouvons, avec le type «à bouclier», (fig. 2 et 3) documenté chez Mârton seulement par un exemplaire incomplet du Musée de Budapest, en face d 'une synthèse, dont notre exemplaire ré­cent de Suseni éclaircit, d 'une manière presque inat tendue, l 'évolution complète. En effet notre fibule «à bouclier» est un très bel exemple de tran­sition entre le type Mârton «F. 13» (appar tenant

peut-être à la 2-e sous-période Reinecke, de la IV-e période du bronze carpatbo-danubien) 2) : v. chez nous, fig. 2, et le type Mârton «H. 20», encore plus caractéristique pour le Hallstat t i ta l ic isé 3 ) : v. chez nous, fig. 4. Or, le type Suseni — Mcdvedze n 'é tai t rare du tout . D'après les pendantifs et autres fragments 4) identiques que nous retrouvons parmi les menus objets des dépôts de bronzes de Spâlnaca5) et de Lâzârpatake), l'on peut penser que le «Hallstatt pré-scythique» de la Dacie, c'est-à-dire la dernière période du bronze carpatbo-danubien, a large­ment répandu par ses négociants bronziers ce type de fibules dans toute la région «gétique» des Carpathes.

Ces éléments comparatifs nous ramènent , même d'après la chronologie plutôt arehaï-sante de Reinecke (dont la deuxième sous-période du bronze IV descend à peine jusqu 'au début du premier millénaire av. J.-Chr.) 7) , au premier siècle du premier millénaire, c'est-à-dire, pour ne pas exagérer, avec Reinecke, l 'ancienneté du villanovien dacique, vers 900 av. J.-Chr.

Or, cette data t ion doit être considérée comme le terminus le plus avancé, unie, quem le dépôt de Suseni devrai t être da té . En effet aucune des formes italiques plus récentes de Fizesul Ghcrlii n 'y apparaî t 8 ) . E t , par contre, des points de contact très int ime, entre Suseni et Cuslc-

WP^i&\ Fig. 2. Fibule en bronze, de type earpathique, d'après

Lchoczky, dans VArch. l'.rte.sito, V 1885,p. 187.

!) AÉ., XXXI, 1911, p. 341 et suiv. 2) Nous reviendrons ci-dessous sur la date plus pré­

cise des sous-périodes de Reinecke. 3) Cf. Pârvan, Getica, p. 378, 435 sqq., fig. 307 sq.,

et pi. XII. *) Dont la forme, se retrouve dans le N aussi: Dc-

chelette, Manuel, II I, p. 421. o) Pârvan, Getica, p. 315, fig. 204. e) Ibid., p. 376, fig. 259. 7) Cf. Reinecke, dans Arch. Êrt., XIX, 1899, p. 316

et suiv. 8) Reinecke, /. c, et Pârvan, Getica, p. 319.

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L'AGE DU nfiroT D E BRONZES D E S U S E N I

rita ') d 'un côté, entre Suseni et Çpâlnaca 2) , de l 'autre, peuvent être établis à charrue pas, ce qui concerne surtout les mot ils décoratifs des feuil­les «MI bronze ayant servi comme appliques sur des objets de cuir (<·η premier lieu, ceintures), décorées de lignes gravées ou pointillées.

Examinons p . e. les des­sins reproduits ci-dessus p . 357: le motif de la double hache (no. 89), d 'habitude utilisé pour les pendentifs, comme à Potsag, dans le Turda-Arieç 3 ) , ou à Tisza-Szentimre l ) , ou ailleurs 5) , devient à Gusterita (Erzsé-betfalva - Hammersdorf) : v. fig. 5. — ainsi qu 'à Suseni, un simple ornement linéaire, décorant les plaques en bronze des larges ceintures en cuir. Également caractéristique est le

Fig. 3. Fibule en bronze, de type carpathique, de la IV-e pér. de l'âge du bronze, trouvée a Suseni (Musée de Târgul Muresului).

Fig. 4. Fibule en bronze de Medvedze dans le comté d'Arva (Tchécoslovaquie), d'après Hampel, Bronzkor I, pi. XL.

motif des festons pour les ceintures de Suseni et de Gusterita, tandis que les zigzags sont communs à §pâhiaca e) aussi.

Un autre élément précieux de comparaùon chronologique nous est offert par les appli-

' ) D'aprèt IJcincckc, appartenant à la I-ère sous- 4) Ibid., CLXXII. période du br. IV. s) Localité inconnue de la Hongrie: ibid., I, LIV

2) Pârvan, Getica, p. 313 et suiv., complétant l'ex- (Musée de Budapest), posé de Reinecke. e) Hampel, Bronzkor, II, CL.

a) Hampel, Bronzkor, II , CLXV.

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VASILE PÀKVAN

Fig. 5. Ceinture en bronze de Gusterita (Erzsébetfalva près de Sibiiu). d'après Rômer FI. dans AÊ. IV. 1870, p. 81.

quee rayées, dont quelques exemplaires, ci-dessus, p . 352, no. 51 suiv., sont identiques avec les fragmente similaires trouvés à Kemec.se dans le Szabolrs ' ) . Or le dépôt de Kemeese, comme la fibule de la fig. 2, appart ient — sur ce point nous sommes complètement d'accord avec Reinecke 2) — à une époque plus récente de la IV-e période du bronze carpathique. De nou­veau l 'an 900 s'impose, à cette occasion aussi, comme date approximative de ce dépôt.

Un mot encore sur les bracelets de Suseni (ci-dessus, p . 351 et suiv.). Aucune des formes de notre dépôt n'est antérieure à la IV-e période du bronze carpatho-danubien. Cepen· dant le bracelet no. 44, massif, à crénelures très fortes, indique une phase assez tardive du bel-âge du bronze carpathique. La décoration de l 'arc massif des bracelets et des fibules, à grandes côtes, très connue à la dernière période de l'âge du bronze, chez nous ainsi que dans les régions alpines., s'est conservée jusqu 'à Vâge du fer, en Suisse et en I t a l i e 3 ) , comme en Dacie *). La forme de Suseni se range parmi les plus anciennes. C'est toujours à Çpalnaca 5 ) , ou à licz-ded 6) qu'il faut chercher des analogies pour ce genre de parures. Mais son évolution, depuis les premières formes, encore du bronze authent ique, passant par les variétés de Hajdii-Szoboszlo, qui annoncent le premier âge du fer de la Dacie, et aboutissant aux formes tardives de l'âge «scythique» des Carpathes, p . e. à Aiud 7) , ou même de l'âge «celtique» de ces régions, en plein La Tène, p . e. à Muncaci 8 ) , est, comme on le voit, bien longue et tenace.

La forme du bracelet de Suseni n 'a toutefois rien de commun avec les variétés récentes de ce type . Elle appart ient encore au bronze pur , à la période des fibules semblables de Mo· rigen '■') et ne justifie d 'aucune manière une datat ion plus tardive de notre dépôt.

Pour conclure, nous croyons devoir dater le dépôt de Suseni à la même époque que celui de §pâlnaca et de Gusterita, c'est-à-dire vers le début du I-er millénaire. Certaines formes, comme les fibules «à bouclier», nous suggèrent une date plus rapprochée de l 'an 900 que de l'an 1000 av. J.-Chr.

V. P .

!) Ibid., III, pi. c c x x x . 2) Arch. Êrt., XIX, 1899, p. 324. <) Cf. Déchelette, Manuel, II 1, p. 330. 4) Pârvan, Getica, p. 447 sq. 5) Hampel, Bronikor, II , CXLIX, 2.

') Ibid., CLVI, 20. ') Pârvan, Getica, p. 447; cf. fig. 316, 317 et 246. β) Ibid., fig. 346. e) V. ri-dessus, note 3.

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A PROPOS 1)1 «BASILEUS» COTYS DE CALLATIS Qu'il me soit permis d'ajouter, moi aussi, après le regretté M. Haussoullier l) et après

M. Glotz 2) une très brève remarque aux commentaires concernant les deux décrets des Dio-nysiastes de Callatis, récemment découverts par M. Sâveanu chez le propriétaire Théocharidi de Mangalia 3) et publiés dans notre revue 4 ) .

L'on est d'accord pour reconnaître que le «basileus» Cotys du deuxième décret de Callatis est identique avec le roi «sapéen» Cotys, fils du roi Rhoemétalcès 5) , le fidèle collaborateur d'Au­guste pendant les grandes guerres illyriennes (6 — 9 apr. J.-Chr.). Mais l'on n'a essayé ni de dater d 'une manière plus précise l'inscription de Callatis portant son nom, ni de fixer les cir­constances auxquelles nous devons at tr ibuer cette curieuse éponymie thrace à Callatis. Sàveanu, /. c , fait seulement les deux constatations suivantes: 1° l 'éponyme Cotys de Callatis est le roi thrace qui a été tué en 19 apr. J.-Chr., donc l'inscription doit être antérieure à cette d a t e ; 2° «du temps d'Auguste l'influence des rois sapéens dans la Thrace et dans les régions de la Mer Noire était grande», sans autre explication plus ample à propos de cette brève affirmation.

Tout d'abord il ne s'agit pas d'une simple «influence», mais de la domination effective — reconnue et protégée par les Romains — du père de Cotys d'abord, de Cotys lui-même ensuite, jusqu 'au Danube scythique, où les vieilles forteresses gétiques Troesmis et Aegyssus sont défendues avec acharnement par lesThraces contre les at taques des Gètes transdanubiens 6) . C'est vrai que les seules troupes de Rhoemétalcès ou de Cotys ne réussissent pas à maintenir la frontière du Danube contre les Gètes, les Sarmates et les Bastarnes de Valachie et de Mol­davie, et que c'est toujours le gouverneur romain de la Mésie qui sauve la s i tuat ion: p . e. L. Pomponius Flaccus en 15 apr. J.-Chr., dont Ovide7) d i t : praefuit his, Graecine, locis modo Flaccus ; et illo ripa ferox Histri sub duce tuta fuit ; hic tenuit Mysas gentes in pace fideli (ce sont les peuples qui habitaient au sud du Danube, en Mésie et en Scythie Mineure), hic arcu

') Revue archéologique, XXII , 1925, p. 62 et suiv. -) Comptes rendus de VAcad. d. Inscr., 1925, p. 287

et Journal des Savants, 1925, p. 281. a) Nous avons confié en 1924 à M. Sâveanu la charge

de fouillée les ruines de Callatis. A l'occasion de l'enquête qu'il a faite chez les hahitants de la petite ville, à la recherche des découvertes fortuites, M. Sâveanu a trouvé chez M. Teocharidi les deux décrets; ces documents ont été ensuite copiés par M. Tafrali aussi et achetés pour le Musée d'antiquités de Iassy, dont il est le di­recteur.

*) Uacia I 1924, p. 108 et suiv.; cf. aussi ses remar­

ques complémentaires ibid., p. 324 et suiv. ; quant aux commentaires de M. O. Tafrali, publiés dans la Revue archéologique, XXI 1925, p. 238 suiv., je regrette de devoir constater, une fois de plus, que notre col­lègue fait irruption dans un champ d'études qui est trop éloigné de l'art byzantin, pour pouvoir être dominé avec les seules connaissances de cette spé­cialité.

·) Sàveanu, dans Dacia, I 1924, p. 142. 6) Pâ rvan , Getica, p . 96 et suiv. ; source principale,

Ovide, ex Ponto. 7) Ex Ponto, IV 9, 75 sqq.

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VASILE PARVAN

fisos terruit ruse Getas (ce sont les habitante de la Dacie moldo-valaque, auxquels le passage du Danube était in terdi t : prohibere Danubioi Florue) *).

Ainsi que son père Rhoemétalcès, Cotys dût , après l'an 12 apr. J.-Chr., lorsqu'il lui succéda, s'occuper beaucoup de la côte thrace du Pont jusqu 'au Danube. Dès son avènement au trône Ovide s'empresse de lui adresser un poème que nous étudierons tout de suite par le détail. C'est vrai que les villes grecques dépendaient directement de Rome, au même ti tre d'alliées et de clientes que les rois de Thrace ; mais leur complète impuissance au devant des barbares de l ' intérieur et d'au-delà du Danube les poussait à chercher à tout prix l 'amitié des rois thracee, qui étaient les maîtres immédiats du Ilinterland.

Ovide n 'étai t qu 'un malheureux exilé ; mais il avait des relations sociales excellentes avec les hauts cercles de Rome et avec les commandants envoyés dans les provinces balkaniques. Non seulement Tomis, mais aussi les villes voisines, lui confèrent toutes sortes d 'honneurs : nec mihi credideris: extant décréta, quibus nos J laudut et immunes publica cerafacit: j conveniens miseris et quamquam gloria non est, j proxima dont nobis oppida munus idem 2 ) . Λ Tomi il avait été élu agonothète des jeux en honneur du divus Augustus 3) . E t les honneurs dont les Tonii-tains le comblent, l 'émeuvent profondément: quem vix incolumi cuiquam salvoque daretis, / is datus a vobis est mihi nuper honor. / Solus adhuc ego sum vestris immunis in oris; / exceptis, si qui munera legis habent. / Tempora sacrata mea surit relata corona, / publicus invita quant favor imposuit. / Quam grata est igitur Latonae Délia tellus, f erranti tutum quac dédit una locum : / tam mihi cara Tomis, patria quac sede fugatis / tempus ad hoc nobis hospita fida m a net 4 ) .

Il n'est donc que très naturel de voit les Callatiens honorer Cotys, le fils de Rhoemétalcès, par des dignités encore plus brillantes que celles accordées à Ovide, en l'élisant βααΐλενς de leur ville, c'est-à-dire magistrat éponyme de Callatis. Cependant cet honneur n 'a pu, en aucun cas, être conféré au roi Cotys, après l 'an 12, lorsque ni sa situation, de roi de toute la Thrace, ni ses occupations, ne lui auraient plus permis de l 'accepter, mais au prince héritier Cotys, encore du temps de son père Rhoemétalcès. A cette époque-là Cotys a dû se trouver réellement en Scythie Mineure, pour remplacer ici son père, qui était occupé en Illyrie comme allié des Romains. E t nous pouvons très bien admet t re que le prince Cotys a résidé pendant quelque temps à Callatis, entouré, comme Ovide à Tomis, de la chaleureuse sympathie de ces Grecs, qui étaient non seulement ses amis, mais aussi ses maîtres en matière d 'ar t et de l i t térature .

Car notre Cotys est le poète grec très connu, dont Ovide d'un côté, Antipatcr de Thessa-loniquc de l 'autre , nous parlent avec de grands éloges. Il est un philhellène enthousias te ; il a dû se sentir très honoré par l 'éponymie de Callatis ; il a comme poète toutes les délica­tesses de sentiment envers ces descendants authent iques des Grecs de l'âge classique, mais il a aussi toutes les faiblesses, que la vani té littéraire et le romantisme épigonique de son époque devaient fatalement susciter dans son âme de barbare naïf.

E n effet, bien que ce ne fût plus au prince, mais déjà au roi, qu 'Ovide adressât son poème, le ton de cette composition est malgré son apparente humilité, d 'une prétention mal cachée, que seulement un roi-poète, reconnaissant la maîtrise d'Ovide dans le champ des lettres, aurai t

J) Cf. Pârvan, Getica. p. 96. 2) Ex Porto, IV 9, 101 eqq. ») En 15/16 apr. J.-Chr.: ex Ponto, IV 9, 115 sq.

et cf. Premeretein, duns Jahri'shcftc, I 1898, Rciltl., p. 196.

*) Ex Ponto, IV 14, 51 sqq.

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Λ PROPOS Ι)ΐϊ «BASILEUS» COTYS DE CALLATIS

pu tolérer, et que seulement un roi «barbare», heureux d'être reconnu comme égal dans le monde envié des «civilisés», aurait pu trouver convenable. La double arrogance, littéraire, c'est-à-dire d'origine hellénique, et politique, c'est-à-dire du civis Romanus vis-à-vis du barbare, inspire le poème si hautainement humble, qu'Ovide croit utile de dédier au nouveau roi.

L'exilé ne doute pas de ce que la fama loquax n 'a i t déjà fait savoir au jeune roi lettré l'existence du grand poète romain à Tomis; il demande donc sa protection: regia, crede mihi, res est, succurrere lapsis: j convenu et tanlo, quantus es ipse, viro; suit toute une série de conseils pareils, d'où ne manquent pas les allusions à la férocité thrace: . . . sed quam Marte ferox, et vinci nescius armis, J tam nunquam, fada pace, cruoris amans. / Adde (maladresse sur mala­dresse), quod ingenuas didicisse fideliter artes, / emollit mores, nec sinit esse feros. j Nec regum quisquam magis est instructus ab illis, j milibus aut studiis tempora plura dédit. / Carmina testantur ; quae, si tua nomina demas, j Threïcium iuvenem compostasse negem (mala­dresse presque contemporaine : les bonnes notes données par les «Occidentaux» aux «Orientaux»).

Considérant donc les occupations poétiques de Cotys, Ovide se résume de cette manière: Haec quoque res aliquid tecum mihi foederis affert: j eiusdem sacri cultor uterque sumus. / Ad vatem rates orantia brachia tendo, / terra sit exsiliis ut tua fida meis. Il explique les motifs de son bannissement: ils sont de nature exclusivement l i t téraire: stultam scripsimus Artem. C'est pourquoi l 'ira de son Seigneur nisi natalem nil mihi demsit humum: J hac quoniam careo, tua nunc vieinia praestet, / inviso possim tutus ut esse loco (dernier vers du poème contenant la dernière maladresse possible) x).

Il semble que le jeune roi thrace n 'ai t pas été trop enchanté de la lettre d'Ovide. Cotys est assassiné par trahison en 19. Le poème avait été envoyé, au plus tard vers l 'an 13. Nul écho d'une réponse royale dans aucune des lettres d'Ovide, tellement nombreuses jusqu 'à l 'an 16, époque à laquelle il étai t presque heureux des honneurs et des preuves de respect et de sympathie que lui élargissaient les Grecs du Pont thrace.

Le silence de Cotys n'est cependant que trop naturel. Il s'explique facilement aussi bien au point de vue personnel que par les considérations politiques du moment. Personnellement Cotys devait t rouver assez maigres les compliments d 'Ovide: neve sub hoc tractu rates foret unicus Orpheus, j Bistonis 2) ingénia terra superba tuo est 3) , lorsqu'il les comparait aux louanges de tel poète grec contemporain, comme Antipatcr de Thessalonique, qui appelait tout l 'Olympe à son aide, pour décrire les perfections du jeune roi thrace:

Ζηνι, ï.al Άτιόλλωνι, καϊ "Αρεϊ τεκνον άνάκτιον εϊκελον, ενκταί?] μψέρος εντοκίτ},

πάντα τοι εκ Μοιρέο)ν βασάήϊα, πάντα τέλεια ΐΐλΰεν' εποιτβης δ'εργον άοιδοπόλων.

Ζεύ; ακηπτρον βαοίλεων, "Αρης δόρν, καλλοσννην δε Φο7β( ς ε'χεΐ' παρά σοΐ δ'ά&οόα πάντα, Κότν*).

') Kx Ponto, II 9. 2) ΑΙΙιΐΗΐυη à l'origine sapéenne de Cotys. Ovide

appelé ailleurs bistunien tout le royaume de Cotys, jusqu'au Danube scythique: haec mihi liistonio bis tertia ducitur aestas littore, / pellitos inter agenda Getas

(ex Ponto, IV 10, 1 sq.) ») Ex Ponto II 9, 53 sq. ") Anthol. Planud. IV 75 (Anth. Gr., II 97, — Antip.

Thess., IX) .

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VASIMi PÂRVAN

Mais aussi dos raisons politiques — le roi de Thrace était le client de l 'empereur de Home — devaient imposer à Cotys la plus stricte réserve au sujet du poète romain banni à Tomis: t an t que Tibère ne revenait pas à des sentiments meilleurs, pardonnant la faute du poète envers son prédécesseur, Cotys aussi devait ignorer, au moins officiellement, tout essai de rapprochement et d 'amitié q u O v i d e lui suggérait.

Mais revenons à Cotys lui-même. Nous avons relevé le fait que la domination des rois odryses en Scytbie Mineure, comme clients des Romains, était une réalité très effective. Les vieilles forteresses gétiques, tout le long du Danube mésique, jusqu 'au Pont Euxin, étaient gardées par les troupes de Rhoemétalcès et ensuite de Cotys. La grande a t t aque des Gètes transdanubiens en 12 apr. J.-Cbr. contre Aegyssus (stat vêtus urbs, ripac vicina binoniinis Histri, moenibus et positu vix adeunda loci) l) surprend et massacre ici une garnison odryse (Odrysiis inopino Marte peremptis) 2 ) : Rhoemétalcès accourt innumero milite'1), pour venger ses hommes. Mais ce n'est qu 'aux efforts réunis du roi odryse et du légat romain Vitellius, qu'on doit la victoire contre les envahisseurs 4) .

Cependant l 'activité odryse en Scythie Mineure n'est pas connue seulement par les textes littéraires. Une épigraphe d 'Histr ia , découverte déjà en 1915, mentionne peut-être à l 'époque d'Auguste ou de Tibère un roi Rhoemétalcès, dont les Romains, qui sont les vrais seigneurs de tout le pays, et les Histriens, leurs protégés, doivent tenir compte. Le document est affreuse­ment mutilé, nous n'en possédons plus que quelque bouts de lignes ; mais nous en déduisons avec beaucoup de probabilité que le portorium ripae Thraciae (τό τής κατά την "Ιστρον οχιϊης τέλος), insti tué déjà maintenant par les Romains, et auquel le commerce histrien n 'est redevable qu'avec de très petites taxes, ou pas du tout , devait être organisé et contrôlé en Scythie Mineure avec le concours efficace du roi Rhoemétalcès 5 ) . Est-ce le père de Cotys? C'est-à-dire encore du temps d'Auguste. Est-ce plutôt le fils mineur de notre Cotys, auquel les Romains — après 19 — confient la moitié orientale de la Thrace, arva et urbes et vicina Graecis e ) , ou peut-être son collègue de royauté , Rhoemétalcès, le fils de Rhascuporis, auquel les Romains avaient confié la moitié occidentale du pays avec la ripa Thraciae? Ou enfin le dernier roi de Thrace, Roemétalcès, qui règne de nouveau sur tout le pays jusqu 'au Danube, entre 38 et 46 par la grâce de Caligula et de Claude ? — C'est égal. — Ce qui nous intéresse pour le moment , c'est que les villes grecques du Pont thrace sont forcées d 'entretenir les meilleures relations avec les rois odryses, parce que les Romains font dépendre les privilèges et les immunités qu'ils accordent aux Grecs, de ces relations des villes helléniques avec les rois thraces, leurs clients.

C'est ainsi donc que l 'éponymie du prince Cotys à Callatis, du temps d 'Auguste, n 'est plus du tout un événement curieux ou exceptionnel, mais une appari t ion très logique et presque imposée par les circonstances générales de la vie politique de ce coin éloigné de l 'Empire .

Une fois fixés ces t ra i ts principaux du tableau, nous pourrions compléter par le détail les motifs de la présence du fils de Rhoemétalcès à Callatis: la grande prospérité de cette ville à l 'époque d'Auguste, documentée par l 'inscription d'Apollonios le gérousiarque 7) , mont ran t

') Ovide, ex Ponto, I 8, 11 sq. 2) Ibid., v. 15. 3) V. 18. 4) Cf. pour tous ces événements, Pârvan, Getira, p. 96

et suiv.

·') Pârvan, Histria, IV, p. 23 sq. 6) Tacite, Ann., II 64 et suiv. 7) Pârvan, La gérusie de Callatis, An. Ac. Rom.,

XXXIX, p. 51 et suiv.

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A PROPOS DU «BASILEUS» COTYS DE CALLATIS

jus tement une exceptionnelle floraison de l'éducation de la jeunesse dans cette ville; l 'activité scientifique et littéraire de ses citoyens, dont le grand géographe Démétrios avait été deux siècles auparavant un exemple digne des brillantes écoles supérieures de Rhodes, de Mégare, de Cyzique ou d'Héraclée du Pont ; la richesse et la relative tranquillité de cette ville pontique, sise un peu plus à l 'abri des invasions géto-sarmatiques. Nous ne pouvons rien avancer comme certi tude historique, mais il nous semble très naturel de supposer que le prince Cotys ait résidé à Callatis à l 'époque de sa formation intellectuelle. Toujours en guise d'hypothèse, nous osons formuler aussi l'opinion que l'éponymie de Cotys a dû être antérieure à l'arrivée d'Ovide à Tomie (en 9 apr. J . -Chr.) ; autrement le poète romain n 'aurai t peut-être pas omis de citer aussi ce détail.

V. P .

Note finale. Par suite d'une longue maladie du Directeur de Dacia, les comptes-rendus, les notes cri­tiques et la bibliographie des deux premiers volumes de notre périodique ont dû être remis au Il l-e volume, qui paraîtra vers la fin de l'année 1927.

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\ ECII OLOG E C'est avec le plus vif regret que nous rendons ici Ariusd, l'atelier céramique le plus riche et le plus

le dernier hommage à réminent archéologue Iran- caractéristique de toute la région, sylvain et très précieux collaborateur de Dacia. Doué d'un esprit d'ohservation et d'une patience le Prof. Dr. Francise Lâszlô, de Sf. Gheorghe. INalu- admirables, I âszlô devint un fouilleur exemplaire· raliste par métier, Lâszlô avait passé son doctorat dont la méthode exacte, consciencieuse et précise en sciences à Cluj (1896) et occupé là-bas même ressort à chaque pas, non seulement dans les lents une place d'assistant universitaire, comme bota- et pénibles t r avaux de prépara t ion 'du matériel dé-niste et géographe. Ren­tré toutefois dans sa ville natale comme professeur au lycée Székely Mikô, il élargit son cercle d'é­tudes, accordant une at­tent ion de plus en plus passionnée aux recher­ches d 'ethnographie lo­cale (au Pays des Szek-lers) et surtout cYarchéo-logie préhistorique. Nom­mé en 1901 conservateur du Musée Nal. Szclcl· r de Sf. Gheorghe, Lâszlô devient l 'âme même de cette insti tution dont il organise et enrichit d 'a­bord surtout les intéres­santes collections ethno­graphiques et de sciences naturelles. A côte des au­tres conservateurs et des collaborateurs scientifi­ques du Musée il s'ac­quiert de très grands mé­rites dans l 'œuvre de re­nouvellement de l'édi­fice même du Musée et il commence en même temps le travail capital de sa vie, l'enquête archéologique dans le Pays des Szeklers et sur tout dans le district de Trei-Scaune.

Grâce aux recherches et surtout aux fouilles «le Lâszlô, d 'abord à Sf. Gheorghe (Sepsiszentgyôrgy) même, ensuite à Olteni (Oltszem), finalement à Ariusd (Erosd), le Musée National Szekler devint l 'un des centres les plus impor tan ts de l 'activité archéologique de Transylvanie et un dépôt de pre­mier ordre de matériel concernant les civilisations préhistoriques de la Dacie. La céramique peinte, énéo-li thique, de type moldave, fut illustrée main tenant d 'une manière exceptionnelle et presque inat tendue par les découvertes nombreuses de Lâszlô, par tout dans le Trei-Scaune, mais en première place à

FRANCISC LÂSZLÔ 28 juin 1873, f 16 septembre 1925

couvert, mais aussi dans ses rappor ts , publiés soit dans les Dolgozatok (Tra­vaux du Musée National Transylvain de Cluj), a. 1911 et 1914, soit dans Y Archaeologiai Êrtcsito de Budapest , a. 1912. soit dans Dacia.

Nous n'oublierons ja­mais la dernière entre­vue que nous avons eue avec ce chercheur infa­tigable sur le lieu même de ses plus heureuses découvertes, à Ariiijd, en août 1925, quelques semaines a peine avant sa mort si inat tendue. Très content d'avoir re­commencé ses fouilles, après la longue relâche provoquée par les années si tristes de la Grande Guerre, Lâszlô était tout simplement transfiguré par l 'amour de sa disci­pline, en nous expli­quan t sur place non seulement ses dernières trouvailles, mais aussi

toute l'histoire de ses fouilles d'Ariusd, avec les dé­tails topograpbiques et i t ra t igraphiques si précieux, dont l'on ne peut jamais se rendre exactement compte (pie sur le chantier même des touilles a décrire. —Apprécié non seulement dans les milieux scientifiques hongrois et roumains, mais aussi à l'é­tranger, en Allemagne et en Angleterre, comme en Autriche, en Pologne et en Russie, Lâszlô fut un chercheur de premier ordre dont la méthode fut toujours à la hauteur de son zèle admirable. Sa mort est une grande perte pour l'archéologie préhi-Btorique de la Dacie. 11 nous a tenu à coeur d'ouvrir et de clore ce premier volume de noire revue avec son oeuvre et sa commémoration. V. P .

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