avsf cacao pe-rou 2013

LE DEVELOPPEMENT DU CACAO PERUVIENStratgies pour promouvoir et renforcer la filire cacao

Agronomes et Vtrinaires sans frontires

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LE DEVELOPPEMENT DU CACAO PERUVIEN Stratgies pour promouvoir et renforcer la filire cacao

2Le Developpement du Cacao PeruvienStratgies pour promouvoir et renforcer la filire cacao

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Index

Introduction ......................................................................................5

1. Des annes difficiles en zone rurale ..........................................7

2. Le chemin du succs ............................................................... 11

1. Lassociativit, un pour tous et tous pour un ....................12

2. Un cacao de qualit ............................................................15

3. Louverture des marchs ....................................................19

4. LAbc de la gestion administrative .....................................22

3. Les producteurs de cacao au pouvoir .....................................27

1. La fatire nationale du cacao ............................................27

2. Du cacao pruvien pour tous .............................................32

3. Politique et incidence des producteurs organiss .............34

4. La rcolte et les nouveaux semis ............................................37

1. Impact final .........................................................................37

2. PROCACAO en chiffres .......................................................38

3. Difficults et dfis ..............................................................40

4. Le regard tourn vers lavenir .............................................44

Bibliographie ..................................................................................45

Agradecimiento a la Fundacion Rabobank por el constante apoyo al desarrollo del Sector cacaotero peruano.


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INTRODUCTION

En octobre 2009, le Salon du Chocolat de Paris - la plus importante runion annuelle dexperts et de spcialistes du chocolat au monde a mis un communiqu qui a permis pour la premire fois au cacao pruvien de faire les gros titres de la presse internationale.

La Cooprative Tocache, une petite organisation de producteurs de la fort pruvienne, a remport le prix du meilleur cacao aromatique lors dun concours qui runissait les meilleurs chantillons du monde. Mais il ne sagit pas seulement de la Cooprative Tocache ; les cacaos de trois autres organisations dagriculteurs pruviens ont t placs parmi les dix premiers laurats avec des notes fruite, boise et de miel.

La nouvelle a surpris les Pruviens, qui jusqualors ne savaient pas qutait cultiv dans leur pays un cacao de qualit utilis par des matres chocolatiers mondialement connus. Peu peu, ils ont su que le Noir Intense Force Brute, produit par lentreprise Alter Eco, tait labor base de cacao provenant de la fort de San Martn. Lentreprise suisse Barry Callebaut, leader indiscutable en matire de production de chocolat, a affirm que le cacao de la communaut pruvienne dAlto El Sol tait dune qualit remarquable, opinion partage par le clbre goteur de chocolat Willy Geeraerts.

Tout--coup, les mdia et lopinion publique ont commenc relayer la nouvelle dun boom du cacao pruvien. Les autorits nationales, rgionales et locales ont compris le potentiel du cacao en tant que produit dexportation et la possibilit daccder des niches de march. Peu savaient, nanmoins, que ce succs tait le rsultat du travail intensif de divers organismes internationaux de dveloppement et des institutions publiques, qui agissaient de concert depuis des annes pour dynamiser le secteur du cacao pruvien tout en respectant lacteur principal de la filire : le producteur.

Lun des acteurs de ce processus est lONG franaise Agronomes et Vtrinaires sans Frontires (AVSF)1 qui, depuis 2005, met en uvre le projet PROCACAO, Promotion de la Comptitivit du Secteur Cacao au Prou , dont lobjectif principal est le dveloppement intgral de la filire cacao et lautonomisation des petits producteurs grce la cration dorganisations paysannes capables de susciter des politiques publiques favorables au secteur. Ce projet a bnfici du soutien financier de plusieurs institutions, notamment les fondations DOEN et Rabobank de Hollande.

Ce document retrace les principaux rsultats de la stratgie dAVSF, une organisation qui a jou un rle cl au sein du processus de concertation et du travail sur le terrain, deux facteurs qui ont permis le boom du cacao pruvien.

1 www.avsf.org


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1. DES ANNES DIFFICILES EN ZONE RURALE

Si rcemment, le cacao pruvien est en plein essor, son histoire a t profondment marque par les conflits socio-conomiques du pays. Bien quau Prou, 70 % de la population rurale active vive de lagriculture, ni ltat ni les institutions financires nont mis la disposition des petits producteurs des programmes structurs leur permettant de sinsrer sur le march national et encore moins international.

Jaime Rengifo avait peine 14 ans la fin des annes quatre-vingts quand son pre cultivait le cacao dans la fort pruvienne, dans le dpartement de San Martn. Sa famille tait dpendante dintermdiaires chargs de commercialiser le cacao qui pratiquaient des prix qui permettaient peine de couvrir les cots de production. La situation a empir quand le terrorisme et le trafic de stupfiants ont envahi la rgion.

La production de cacao des rgions de San Martn et dAyacucho a alors radicalement diminu et a t remplace par la culture illgale de la feuille de coca. La violence sociale et lessor du narcotrafic ont paralys toutes les activits, empchant les agriculteurs de sorganiser et de se faire confiance les uns aux autres.

Peu de personnes ont eu le courage de rester ; les gens se sont rfugis en ville, parce que leurs enfants taient en danger. Il fallait du courage pour rester ici et semer du cacao , se souvient Jaime.

La carence dinstitutions techniques et gouvernementales en milieu rural sest accrue avec la violence, sans compter la recrudescence des invasions de parasites et des maladies suite labandon de nombreuses plantations.

Au dbut des annes 90, durant le gouvernement dAlberto Fujimori, la crise conomique destine limiter linflation galopante a profondment frapp le secteur agricole. Les politiques conomiques du nouveau gouvernement ont tabli des mesures de drgulation qui ont entran, notamment, la fermeture de la Banque Agricole et labandon de la petite agriculture au libre-change sans soutien technique ni financier.

En lan 2000, la situation de conflit interne et conomique du pays sest stabilise, mais ses consquences se sont avres catastrophiques. Les agriculteurs sont revenus sur leurs terres abandonnes, mais le narcotrafic restait latent dans de nombreuses rgions forestires et les agriculteurs qui cultivaient de manire illicite la feuille de coca ont commenc chercher des produits alternatifs et concurrentiels pour amliorer leur qualit de vie.


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1. la recherche du cercle vertueux

Le projet de Promotion de la Comptitivit du Secteur Cacao au Prou , PROCACAO, avait dj des fondations. Cela faisait dj quelques annes quAVSF travaillait au renforcement de la filire caf dans le pays et contribuait avec succs lautonomisation des producteurs et de leurs organisations notamment en tablissant des contacts commerciaux avec le march international. La croissance des exportations de caf et lincidence publique et politique exerce par la fatire nationale du Caf2, a dmontr quil tait possible de construire un cercle vertueux dont lacteur principal tait le producteur organis.

Cest dans cette optique quAVSF a mis sur pied le projet PROCACAO3. Cependant, la ralit du cacao tait totalement diffrente de celle du caf : contrairement celui-ci, qui reprsente pour les agriculteurs plus de 80 % des revenus de leur proprit, le cacao ntait pour beaucoup de paysans quun apport complmentaire qui reprsentait moins de 50 % de leurs revenus ; et peu taient donc ceux qui lui accordaient de limportance et du temps. Le manque de pratiques culturales et les faibles bnfices issus de la vente se rpercutaient sur les niveaux de production, qui ne dpassaient pas les 400 kg de cacao par hectare.

Les petits producteurs ne semblaient pas non plus vouloir amliorer leurs pratiques de rcolte et daprs-rcolte pour optimiser la qualit du cacao, car les intermdiaires locaux payaient le mme prix quelle que soit la qualit de cacao et le produit tait uniquement destin au march national. cette poque, le produit tait surtout export pour le beurre de cacao ; lexportation des fves pour fabriquer du chocolat restait faible. Dans la fort, certaines institutions encourageaient le semis de cacao CCN-51 comme produit alternatif la culture de la feuille de coca, mais PROCACAO sest lanc dans un autre pari. La cl, pour AVSF, tait de revaloriser le cacao non pas comme une simple denre, mais comme un produit dorigine, certifi et orient vers des marchs de niche susceptibles doctroyer au petit producteur une plus grande marge bnficiaire.

Le pari de PROCACAO na pas t uniquement sur le terrain. Les quelques organisations de producteurs de cacao qui fonctionnaient en 2005 avaient de grandes difficults comptables, fiscales et de gestion qui les empchaient daccder de meilleures sources de financement ou dtablir un portefeuille de clients internationaux diversifi qui leur permettrait un dveloppement long terme.

2 Junta Nacional del Caf3 PROCACAO ou le projet Promotion de la Comptitivit du Secteur Cacao au Prou a t mis en place

au Prou entre 2005 et 2009. AVSF a travaill avec 12 organisations de producteurs (4 associations et 8 coopratives) et avec lAssociation Pruvienne des Producteurs de Cacao (APPCACAO). Il a t financ par Doen, PSO, Rabobank et Solidaridad.

En outre, lun des objectifs-cls a t de renforcer la fatire nationale des producteurs de cacao afin quelle puisse ngocier des appuis en direction dusecteur avec les gouvernements central, rgionaux et locaux. De plus, il tait ncessaire de positionner le Prou comme un pays producteur de cacao fin et aromatique, et de le doter dune stratgie de promotion et de diffusion qui mette en avant le petit producteur.

Quand lquipe du projet PROCACAO est arriv en 2005 dans la proprit de Jaime Rengifo dans la fort de San Martn, ce dernier tait prt retrousser ses manches et parier sur le cacao.

Nous avons sem du cacao toute notre vie. Mme pendant les pires annes du terrorisme, mon pre continuait semer du cacao. Personne dautre ne croyait en ce projet et en ce qu il allait devenir aujourdhui : le produit phare de notre province raconte Jaime en 2012, sept ans plus tard.

Mais le travail de Jaime et des centaines de producteurs membres des 12 organisations cacaoyres du pays a d passer par plusieurs tapes et processus avant de produire des rsultats visibles.

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Le Developpement du Cacao PeruvienStratgies pour promouvoir et renforcer la filire cacao

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2. LE CHEMIN DU SUCCS

Juan Rivera est un agriculteur qui vit Palo Blanco, un petit hameau de Piura, sur la cte nord du Prou. Jusqu il y a quelques annes, Don Juan ne savait pas quun typede cacao extrmement recherch poussait dans sa proprit et que de clbres chocolatiers tels que le Belge Pierre Marcolini traverseraient locan Atlantique rien que pour le connatre. Don Juan et sa communaut navaient jamais imagin que le cacao changerait leur vie. Avant le projet PROCACAO, personne ne venait Palo Blanco , sexclame en riant don Juan, qui cultive du cacao depuis plus de 30 ans. Maintenant, le monde entier a les yeux rivs sur nous .

Jaime Rengifo, producteur de cacao de la fort de San Martn, ressent la mme chose :

Cela nous fait plaisir de voir que les Equatoriens, les Colombiens et les Anglais viennent voir comment lorganisation ACOPAGRO a fait pour progresser autant sur une surface rduite et avec aussi peu de membres ; quune si petite exprience au Prou puisse avoir une telle rsonance travers le monde .

Don Juan et don Jaime vivent dans des endroits trs diffrents. Le premier, Piura sur la cte nord, une rgion sans grande tradition cacaoyre et avec une forte prsence de cacaos Criollos ou natifs, o les producteurs disposent de surfaces de culture rduites. Jaime, en revanche, est originaire de Juanju, dans la fort, lune des principales rgions de production de cacao du Prou, o les programmes de dveloppement alternatifs la culture de la feuille de coca ont introduit dune manire intensive des cacaos hybrides de la varit CCN-51.

Les deux organisations auxquelles Don Juan et Don Jaime appartiennent (CEPICAFE et ACOPAGRO respectivement) prsentaient des problmatiques diffrentes auxquelles il fallait sadapter. Lquipe du projet PROCACAO a fond sa stratgie sur ladquation de sa mthodologie de travail aux spcificits de chacune des 12 organisations (4 associations et 8 coopratives) avec lesquelles il a travaill au Prou, cherchant apporter dans chaque cas la meilleure proposition technique et travailler, la demande des producteurs, la consolidation de certains points.

Lobjectif central du projet a t damliorer la situation socio-conomique des familles des agriculteurs organiss en suivant quatre axes de travail : 1) le dveloppement dun cacao de qualit, 2) la consolidation des organisations, 3) la formation des organisations en matire de gestion et de commercialisation, et 4) le dveloppement de politiques publiques favorables au secteur cacao.

Ces quatre axes ont t travaills simultanment et le dveloppement efficace de chacun deux a entran la russite des autres, crant un cercle vertueux o la productivit, la qualit, la comptitivit et lincidence publique et politique sagenaient de manire probante.

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1. Lassociativit, un pour tous et tous pour un

Dans un pays comme le Prou, o les petits producteurs disposent de surfaces cultivables rduites et de faibles capacits de financement, lassociation est non seulement un choix de dveloppement, mais cest presque une condition indispensable pour tre concurrentiel et pouvoir sinsrer de manire sre sur le march national et international.

En tant que petits producteurs, Juan Rivera comme moi, si nous voulions exporter, il nous faudrait un an pour remplir un container, mais si 10, 20 ou 50 producteurs sunissaient, je suis sr quen un an on pourrait remplir 4, 5 ou 6 containers et les envoyer ltranger avance dun air convaincu Don Juan.

En 2005, au dbut du projet, le Prou recensait peine 10 associations regroupant deux mille petits producteurs de cacao. Selon ces chiffres, on estimait 20 % le pourcentage dagriculteurs organiss. Promouvoir lassociativit tait primordial lpoque pour assurer que les organisations atteignent des volumes exportables de cacao.

Contrairement dautres projets, AVSF a galement investi dans la consolidation des organisations et a tabli une stratgie pour que les associations soient gres de manire efficace par les producteurs et non par des tiers qui dcideraient pour eux. Pour que les agriculteurs soient vritablement les dirigeants de lorganisation , il tait ncessaire de les doter des outils et des capacits qui leur permettaient dexercer efficacement le contrle de leur gestion.

Deux mcanismes de travail ont donc t tablis : a) la conception et la mise en uvre de programmes de formation et b) la promotion de systmes dinformation et de coordination avec les bases dagriculteurs.

a. La formation des dirigeants

En gnral, les organisations de producteurs tablissent, au moment de leur cration, lorganigramme hirarchique et les fonctions de leurs cadres dirigeants et de leurs comits locaux ou de leurs bases. Les dirigeants devaient tre lus en assemble gnrale. Or, avant larrive de PROCACAO, les principes de transparence et de dmocratie ntaient pas toujours respects. Le manque de formation des producteurs ne leur permettait pas de participer rellement la gestion de leurs organisations.

Lquipe de PROCACAO a ralis des diagnostics organisationnels de dpart afin dtablir des stratgies et des activits conformes aux diffrents besoins des acteurs sociaux :

Avec les producteurs membres la base :

Ces formations taient diriges aux agriculteurs afin de leur expliquer certaines notions, telles que le principe du travail en cooprative, les qualits dun dirigeant et les rles et les fonctions de chacun. De cette faon, les agriculteurs pouvaient se charger de la gestion de leur cooprative ou association et demander leurs dirigeants et leurs techniciens de leur rendre des comptes. Ils ont ainsi compris que ctaient eux le moteur de leur organisation.

Le rle de la femme et le respect quelle mrite au sein de sa famille a galement t abord. Les sessions de formation nont pas seulement servi apprendre rcolter le cacao raconte Jaime Rengifo.

On a aussi appris amliorer notre cadre familial, vivre sur un pied dgalit avec notre conjoint, avec notre famille, avec les enfants. a a t une formation intgrale.

Avec lquipe technique :

PROCACAO a soutenu lintgration des professionnels engags dans le projet en tant que membres de lquipe technique des organisations. Cela a permis aux responsables administratifs et de terrain de travailler pour lorganisation et non en tant que consultants externes avec des objectifs loigns du dveloppement intgral de linstitution. Les formations ont permis aux responsables techniques de se spcialiser dans certains domaines afin de former leur tour les producteurs, notamment en matire de certification biologique, de commerce quitable et de promotion de pratiques agrocologiques.

Avec les cadres dirigeants et les promoteurs :

La formation tait fondamentale car il sagit des cadres dirigeants qui reprsentent les producteurs. Ils ont appris les principes de la commercialisation et de lexportation du cacao, ainsi que la manire approprie de ngocier avec les clients. Les cadres dirigeants ont assist pour la premire fois des foires internationales et ont pu ngocier directement avec des acheteurs potentiels.

b. Connecter les groupements de base

Les organisations dagriculteurs couvrent dimmenses zones dinfluence, au sein desquelles les groupements de base ont tendance tre disperss et peu communiquer entre eux et avec leur sige. Il fallait rgler ce problme fondamental pour russir tablir un lien troit entre les membres associs et faire face la concurrence des intermdiaires locaux.

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Pour russir tablir ce lien avec les groupements de base, PROCACAO a institutionnalis une mthodologie utilise de manire assidue au sein dorganisations syndicales et sociales : la visite de la base . Ainsi, les dirigeants ont visit maintes reprises les groupements de base pour informer les agriculteurs membres des russites de lorganisation, prendre des dcisions concertes et couter leurs besoins et leurs attentes. Au cours de ces runions, ils annonaient galement les nouveaux services offerts par lorganisation, comme laccs des crdits individuels ou les diffrentes possibilits de diversification de la production.

Les organisations ont, elles aussi, amlior leurs systmes de communication ; plusieurs dentre elles ont publi des bulletins internes et des journaux affichs sur les mursde leurs bureaux, tandis que dautres se servaient de la radio locale comme outil de diffusion.

c. Les rsultats

Les formations constantes et la communication directe des organisations avec leurs groupements de base ont fonctionn. Peu peu, les avantages de lorganisation ont convaincu un nombre croissant de producteurs. Le nombre de membres dACOPAGRO, par exemple, lune des plus importantes organisations cacaoyres du pays lheure actuelle, a connu une ascension remarquable. Entre 2005 (date de larrive de PROCACAO) et 2009, elle a vu son nombre de membres tripler : de 400 plus de 1 300.

La tendance a t similaire lchelle nationale. Si en 2005, on estimait 20 % le pourcentage de producteurs organiss, quatre ans aprs, ce pourcentage avait fortement augment. Selon les rapports de PROCACAO, en 2009, 60 % des producteurs de cacao adhraient une organisation.

D autre part, pendant quatre ans, PROCACAO a ralis un accompagnement des assembles gnrales des organisations et des lections des nouveaux cadres dirigeants, et a t tmoin dune amlioration de de leurs processus dmocratiques. Lidentification dans chaque organisation du secteur denouveaux leaders a permis dtablir une liste denviron 120 producteurs dirigeants qui ont ensuite t forms pour prendre les rnes de leurs organisations.

Le rle de la femme a lui aussi t revaloris. PROCACAO a pris soin dinstitutionnaliser des Comits de Dveloppement de la Femme afin de promouvoir une plus grande participation des femmes au sein de la direction des organisations.

Bien que lassociation ait permis de dvelopper de nouvelles capacits chez les agriculteurs et leurs dirigeants et dassurer un volume de cacao garantissant lexportation, il tait ncessaire damliorer la qualit du produit : en effet, ctait la qualit qui pouvait assurer de meilleurs prix pour les agriculteurs.

2. Un cacao de qualit

La recherche dun cacao dexcellente qualit a t lun des axes les plus importants du travail dAVSF. PROCACAO na jamais eu pour objectif daugmenter la surface de cacao cultiv ni la seule productivit des proprits. Son pari allait au-del de ces deux mesures. Lobjectif tait que les agriculteurs changent leur systme de production pour des pratiques agrocologiques durables, qui non seulement augmenteraient leur productivit, mais amlioreraient aussi leur qualit de vie tout en respectant lenvironnement.

Au dbut, cela na pas t facile de nous convertir lagriculture biologique parce que nous tions habitus aux engrais chimiques. On trouvait que cela demandait beaucoup de travail de prparer le compost, les fertilisants naturels, mais maintenant on comprend les avantages quand on voit la production et lenvironnement admet Juan Rivera, depuis Piura.

Enfin, la stratgie intgrale de PROCACAO a pris le parti de protger les cacaos natifs de chaque zone dinfluence en pariant sur lhypothse quil tait possible dobtenir de meilleurs prix si lon valorisait les cacaos natifs ou criollos et quon les vendait sur des marchs de niche reconnaissant la qualit et lorigine.

a. Promotion de la production biologique

Le travail ralis sur le terrain par PROCACAO a vis en premier lieu sensibiliser les agriculteurs limportance des pratiques agrocologiques et aux bnfices quelles apportent en matire de dveloppement de la productivit et damlioration de la qualit de vie.

Lors de prcdents diagnostics, certains paysans ont exprim leur proccupation concernant les gnes et les maux de tte quils sentaient aprs avoir utilis des produits chimiques tels que les dsherbants Machete ou Roundup dans leurs cultures, et ont accept dutiliser des produits alternatifs et biologiques. Les agriculteurs taient galement intresss par lide de recevoir des bnfices conomiques une fois la certification biologique obtenue.

On fait un effort supplmentaire, parce qu il faut faire plus attention, tous les produits qui sont utiliss sur le terrain sont biologiques et on nutilise plus de dsherbants. Mais en change, on reoit des bnfices parce que maintenant le monde commence acheter des produits biologiques et de plus en plus de marchs souvrent nous, comme un ventail explique Jaime Rengifo, producteur de San Martn.

Ds que les agriculteurs ont pris conscience de limportance et de la qualit de la production biologique, les techniciens financs par AVSF ont commenc la formation dans les champs-coles paysans (CEP). Les CEP sont une mthodologie denseignement et dapprentissage utilise par certains projets tels que PROCACAO. Elles sont bases

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sur lchange dexpriences entre producteurs, sous la supervision des techniciens des organisations.

Les CEP abordent les thmes de la prparation damendements biologiques, de lchantillonnage des sols, des bonnes pratiques durant la rcolte, de lutilisation des engrais, du contrle adquat des invasions dinsectes nuisibles et des maladies, du maniement de lombre et de lapplication dengrais foliaires biologiques, entre autres. Les CEP ont marqu une nouvelle forme dapprentissage pour les agriculteurs.

Avant, les sessions de formation enseignaient seulement la thorie : voici le fertilisant naturel, voici lengrais explique Jaime Rengifo, membre dACOPAGRO. Au champ-cole, on se runissait sur une parcelle et on appliquait tout ce quon nous avait enseign pendant une heure. On prparait des fertilisants naturels, on faisait la rcolte. Cest bien mieux, parce quon apprend la thorie et la pratique en mme temps , conclut Don Jaime.

Dautre part, lquipe technique dAVSF a commenc promouvoir linstallation de ppinires forestires pour semer des arbres dont le bois est utilis en construction, et afin quils fassent de lombre aux cacaoyers et amliorent la qualit des terres dgrades. Les agriculteurs ont ainsi la possibilit dobtenir des revenus garantis long terme. Les arbres sems en 2005 pourront se transformer dici 25 ou 30 ans en source de revenus qui supplera la retraite laquelle les petits producteurs nont pas accs en zone rurale.

ACOPAGRO, les projets dagroforesterie ont t coupls des initiatives de capture de carbone. Le premier projet propos par la cooprative a permis de planter 20 mille arbres dans les proprits de 102 producteurs certifis biologiques. Dans les 5 prochaines annes, il est prvu de semer 2 millions darbres supplmentaires, ce qui reprsenterait la capture denviron 2 millions de Tm de dioxyde de carbone sur les 40 ans de dure du projet. Cette initiative a intress certaines entreprises europennes fabriquant du chocolat, qui ont pari sur de nouveaux projets de capture de carbone.

b. Limportance de la certification interne

AVSF a galement mis en uvre un mcanisme innovant de contrle de la production agrobiologique. PROCACAO a soutenu la formation dinspecteurs biologiques au sein des organisations, en formant des Comits de Certification Interne chargs de lvaluation des pratiques agrocologiques de chaque producteur possdant le certificat biologique ou en cours de transition. Ce travail a permis que les organisations connaissent les systmes de contrle spcifiques la production biologique et quelles se les approprient.

Les responsables techniques ont cr des fiches dinspection interne pour chaque agriculteur, et ce dernier a galement reu un cahier du producteur destin tablir le suivi des pratiques et amliorations ralises au sein de sa proprit.

Tous les producteurs biologiques utilisent ce cahier, o sont consignes les donnes du producteur, de son groupement et de son secteur. Il y a aussi un croquis de la proprit, ainsi quun programme de travail annuel ralis par le producteur lui-mme concernant les activits qu il va dvelopper , explique Mayra Aguilar, lune des responsables techniques dAVSF.

Suite cette premire avance, des organisations comme ACOPAGRO veulent aller plus loin et instituer un systme de gestion socio-environnementale qui non seulement superviserait les pratiques de production biologique mais qui intgrerait galement les activits conomiques, cologiques et sociales au sein dun seul et unique systme dagriculture durable qui irait au-del des exigences requises par les organismes de certification.

c. Vers un traitement aprs-rcolte centralis

Avant larrive de PROCACAO, la fermentation du cacao tait ralise de manire individuelle par les agriculteurs. Ils rcoltaient les cabosses de cacao, faisaient fermenter les fves et les schaient au soleil sans mesurer les niveaux de fermentation et dhumidit ni faire danalyse physique des ventuels dfauts. Les agriculteurs livraient lorganisation des fves de cacao sches qui avaient des degrs de fermentation et dhumidit diffrents et qui navaient pas toujours t convenablement stockes ou transportes.

AVSF a encourag la construction de centres de collecte dans chaque groupement de base ou de zone, o les agriculteurs livrent le cacao frais, cest--dire tel quil est extrait de la cabosse. Au centre de collecte, les responsables des organisations forms pour cela se chargent de la fermentation et du schage du produit.

Avant, le producteur rcoltait le cacao et le schait mme le sol. Maintenant, lorganisation se charge du schage, et le producteur se charge uniquement de la rcolte slective et de livrer le cacao frais, qui lui est pay immdiatement par le centre de collecte. partir de l, cest lorganisation qui intervient pour obtenir un produit de qualit explique Eduardo Espinoza, technicien de PROCACAO Piura.

PROCACAO a aid la mise en place de ces centres de traitement aprs-rcolte avec une infrastructure minimum, des caisses de fermentation et des couvertures de polypropylne pour le schage. De cette faon, il a t possible de standardiser la qualit du cacao et dassurer une offre de qualit exportable.

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Linnovation la plus importante du projet a t de centraliser la collecte du cacao frais. La cl de son fonctionnement a t de choisir et de former des collecteurs dans les centres de traitement aprs-rcolte. Ces responsables sont membres des organisations et sont lus dmocratiquement dans chaque groupement de base ou de zone. Ils sont non seulement chargs de contrler la fermentation et le schage du cacao, mais aussi de fidliser leurs associs et dassurer quils collectent leur production pour lorganisation et ne la vendent pas aux intermdiaires locaux. Dans les lieux o la concurrence des prix est forte, les collecteurs des centres de traitement aprs-rcolte ont le rle cl dassurer les volumes ncessaires de cacao pour que lorganisation puisse couvrir ses charges, maintenir sa position sur le march et gnrer des bnfices qui seront redistribus ses membres.

En plus davoir permis de standardiser la fermentation et le schage, PROCACAO a soutenu la formation de goteurs de cacao au sein de chaque organisation. Il sagit de personnes formes pour analyser les proprits physiques et organoleptiques du cacao. Ainsi, les spcialistes ont contribu, dans les laboratoires des organisations, la dtermination des niveaux dhumidit et de fermentation optima du cacao et tablir des recommandations afin damliorer le processus de traitement aprs-rcolte. Ces connaissances techniques ont aussi permis dajuster la fermentation et le schage en fonction des exigences spcifiques des clients et doptimiser ainsi la qualit du cacao produit et transform.

d. Les rsultats

La mise en place des pratiques agrocologiques a t efficace. En 2005, peine 16,5 % des agriculteurs avec lesquels travaillait PROCACAO disposaient dune certification biologique. Quatre ans plus tard, ce chiffre atteignait 42,9 %. Aujourdhui, il atteint 70 % si lon prend en compte les producteurs qui ne sont pas certifis mais dont les pratiques sont agrocologiques.

Dans la fort de San Martn, le cas dACOPAGRO est reprsentatif de cette croissance. En 2005, lorganisation comptait 120 producteurs biologiques adhrents; quatre ans aprs, lorganisation avait atteint les 597 membres. En 2005, trois organisations taient certifies biologiques ; trois ans aprs et grce laccompagnement de PROCACAO, ce chiffre slevait 11.

Dans les zones rurales, PROCACAO a travaill main dans la main avec dautres organisations publiques et prives qui cherchaient amliorer la productivit de lagriculteur. Lune de ces institutions a t le Programme de Dveloppement Alternatif, PDA4, qui a notamment travaill dans les dpartements de San Martn et de lUcayali.

4 Le Programme de Dveloppement Alternatif (PDA) est financ par la coopration internationale amricaine (USAID) et a pour objectif de rduire la production illgale de la feuille de coca et de promouvoir le dvelop-pement licite de ces rgions travers des activits conomiques et sociales. Ce programme a t mis en oeuvre entre 2005 et 2012 dans les mmes zones que celles du projet PROCACAO.

Grce ces efforts conjoints, la productivit de la culture du cacao au Prou a augment de 50 % entre 2005 et 2009, passant de 500 kg 750 kg en moyenne par hectare.

Dautre part, la centralisation du traitement aprs-rcolte du cacao a permis de standardiser avec succs sa qualit et datteindre des indicateurs qui ont permis aux organisations de vendre du cacao de Grade 1, cest--dire avec un pourcentage de fves fermentes suprieur 85%, avec moins de 5% de fves dfectueuses et avec une humidit infrieure 7,5%. En 2005, seulement trois organisations vendaient du cacao de Grade 1; quatre ans aprs lintervention, 11 organisations qui travaillaient avec PROCACAO ont obtenu cette qualit.

La promotion de la production biologique, lefficacit des contrles internes et le dveloppement dunits de collecte, fermentatio et schage centralises ont permis damliorer la qualit du cacao. Les organisations taient alors prtes entrer dans lunivers concurrentiel du march international.

3. Louverture des marchs

Lun des points faibles de la filire cacao tait la faible importance qui avait t donne au chanon commercial. Les organisations de producteurs ne disposaient pas dinformations concernant la dynamique des cours sur le march international, les exigences et les spcificits des clients ou la variation des prix en bourse.

Avant larrive de PROCACAO, les organisations de producteurs staient limites tablir des relations commerciales avec les collecteurs ou les importateurs locaux, ce qui les maintenait loignes de tout processus de ngociation directe avec des acheteurs potentiels sur le march international. Cela signifiait aussi que trs peu dorganisationsconnaissaient les processus et dmarches logistiques dexportation.

PROCACAO a mis profit lexprience dAVSF en matire douverture de nouveaux marchs, dveloppe avec succs pour le caf et la mangue.

Le cacao nous a permis de capitaliser notre savoir-faire, de mettre profit les comptences que nous avons acquises en matire de consolidation dorganisations, de gestion de qualit et darticulation directe entre les organisations et le march international explique Csar Paz, reprsentant dAVSF au Prou. Cette exprience sest rvle cruciale pour relier le petit producteur aux marchs internationaux et pour dclencher le boom du cacao pruvien.

Dans cette ligne, PROCACAO a financ une srie de formations et dchanges dexpriences pour former les responsables des organisations aux procds dexportation, de transport et de fixation des prix. En outre, des tournes commerciales

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internationales ont t organises pour que les dirigeants et les grants des organisations soient pour la premire fois en contact direct avec des clients potentiels et des sources de financement externe.

Nous sommes partis en Europe avec AVSF. Ensuite, APPCACAO ma envoy une foire la Belgique, o jai offert du cacao de nombreux chocolatiers qui ne savaient mme pas o se trouvait le Prou ; en fait, ils ne savaient mme pas quon produisait du cacao au Prou. a a t trs positif de leur laisser des brochures, car une semaine aprs on avait dj des commandes. On a contact plus de 30 ou 40 entreprises, et on a essay de travailler avec 10 explique Gonzalo Ros, directeur gnral dACOPAGRO.

Les organisations de producteurs ne cherchaient pas seulement tablir des relations directes avec des clients mais aussi tirer profit des avantages comparatifs de la qualit de leur produit et de leur statut dorganisations de petits producteurs, qui leur ouvrait les portes des entreprises intresses par le commerce quitable. De cette faon, il tait possible daccder des marchs de niche susceptibles de proposer de meilleurs prix dachat.

a. Les marchs de niche

PROCACAO a non seulement aid les producteurs obtenir une certification biologique, mais il a aussi encourag les certifications commerce quitable (FLO) et UTZ, selon les stratgies commerciales. Avec ces certifications, les organisations de producteurs de cacao pouvaient dlaisser la vente de cacao conventionnel et accder aux marchs de niche.

La stratgie de nombreuses organisations a t de dvelopper des relations commerciales avec les grands importateurs du commerce quitable de cacao Trinitario, originaire surtout de la zone forestire, et de chercher des clients spcifiques pour les cacaos natifs, comme le cacao blanc de Piura ou le cacao natif de fort. Dans ces deux derniers cas, loffre tant limite, lenjeu tait de dvelopper des alliances commerciales long terme.

Les tournes commerciales et les changes dexpriences ont eu des rsultats positifs, et les organisations ont russi avoir un portefeuille de clients diversifi comprenant des importateurs franais, allemands, italiens, suisses, belges et amricains. Certaines organisations ont non seulement augment leur nombre de clients et leur volume dexportations de cacao, mais elles ont aussi russi placer 100% de leur offre dexportation sur des marchs de niche (biologique et de commerce quitable).

b. De meilleurs prix

La vente de cacao sur les marchs de niche et la valorisation des cacaos fins et aromatiques ont permis aux petits producteurs daugmenter leurs revenus. Cette hausse sest rpercute non seulement sur les membres, mais en gnral sur les zones dinfluence

de chaque organisation. En effet, les organisations ont exerc une influence positive sur la rgulation des prix locaux en augmentant leurs prix de collecte aux associs et en provoquant ainsi laugmentation des prix dachat de cacao par les intermdiaires locaux, entre qui la concurrence est devenue rude pour acheter le cacao sur le terrain. Ainsi, les organisations de producteurs ont russi augmenter non seulement le prix reu par leurs membres, mais aussi faire augmenter le prix propos aux agriculteurs de la rgion, dmultipliant de ce fait leur impact positif au-del de leurs seuls membres.

A titre dexemple, en 2006, avant lintervention de CEPICAF au sein de la filire, les collecteurs locaux offraient Piura 3,16 soles / kg de cacao aux producteurs. Un an aprs, CEPICAF payait 5,64 soles / kg davance ses membres. Les collecteurs ont alors eu augmenter le prix 5,21 soles / kg, soit une augmentation de 60 % par rapport lanne antrieure.

De plus, alors quen 2007 la CEPICAFE collectait le cacao 8,28 soles/kg en 2008 augmentant ce prix de 0,83 soles/kg par rapport 2007, les intermdiaires achetaient 5,06 soles/kg, ce qui signifiait une baisse de 0,15 soles/kg par rapport 2007.5

Nous, Piura, on na pas beaucoup de volume mais on a de la qualit. Notre produit est biologique et nous disposons de la certification octroye par Biolatina. Nous travaillons pour le commerce quitable et cest ce qui fait la diffrence. Alors, pour une tonne de cacao, nous avons, grce au commerce quitable, une prime de 150 dollars, et 200 dollars de plus parce que nous faisons du bio5. On gagne donc 350 dollars de plus par tonne , explique don Juan Rivera avec enthousiasme.

En effet, les producteurs reoivent un premier paiement la livraison du cacao frais aux centres de collecte de la zone. Le prix final pour le producteur dpend du contrat sign avec le client. Une fois la vente termine, les agriculteurs reoivent une somme complmentaire, appele bonus, selon leurs certifications : biologiques, Commerce quitable6 ou UTZ.

c. Les rsultats

Aprs rvision des indicateurs proposs par PROCACAO, les rsultats sont trs positifs. En 2005, seules trois organisations avaient tabli un contact direct avec des clients sur des marchs de niche, qui elles destinaient 40 % de leur volume de cacao. Quatre ans aprs, en 2009, dix organisations avaient russi vendre du cacao sur des marchs de niche de manire directe, et destinaient 80 % de leur offre ces marchs de niche.

5 Ces primes ont rcemment t revues la hausee : 200$/TM pour la prime commerce quitable et 300$/TM pour la prime biologique.

6 Il faut prciser que les primes octroyes pour la certification Commerce Equitable ne sont pas verses de manire individuelle, elles sont destines l'usage collectif de chaque organisation.

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Dautre part, le volume des ventes de cacao a augment de manire exponentielle, non seulement pour les organisations ayant reu lassistance technique de PROCACAO, mais dans tout le pays, comme rsultat de la dynamique de croissance du secteur et linitiative de divers acteurs. En 2005, les exportations de cacao atteignaient 1144 TM, en 2009 elles ont atteint 5360 TM et en 2012, 20887 TM.

En 2005, 3 organisations disposaient dune certification biologique et Commerce quitable. Quatre ans aprs, 10 organisations sur les 11 ayant travaill avec PROCACAO remplissaient les conditions requises pour obtenir la certification biologique, 7 pour celle du Commerce quitable et 11 pour celle dUTZ.

Laugmentation du volume de cacao, du nombre de membres et de la quantit de contrats commerciaux exigeait que les organisations soient prpares grer et contrler cette croissance. AVSF allait nouveau leur prter main forte.

4. Labc de la gestion administrative et comptable

Toutes les organisations ntaient pas prpares effectuer une gestion administrative et comptable efficace. Pour AVSF, il tait important que les organisations dveloppent des capacits entrepreneuriales permettant de renforcer loffre de services additionnels destine leurs adhrents. En outre, une bonne gestion signifie un maniement transparent des fonds afin de garantir la redistribution des bnfices aux producteurs associs.

Pour atteindre cet objectif, un plan de formation et daccompagnement a t tabli pour le personnel administratif des organisations pour dvelopper trois points : 1) la gestion comptable, 2) la recherche de nouvelles sources de financement et 3) la mise en place de services additionnels pour les producteurs.

a. La danse des impts

David Domnguez est lun des techniciens comptables engags par PROCACAO. David est arriv la cooprative Tocache en 2007 et il na trouv aucun livre comptable pour les annes prcdentes, ni systme de contrle des oprations dentre et de sortie de fonds.

Je crois que beaucoup dorganisations soccupaient plus de produire, vendre et acheter que de renforcer leur administration, qu il s agisse de comptabilit ou de crdit , affirme David.

David et ses collgues dautres organisations ont tabli un programme pour rcuprer lhistorique financier et comptable des organisations et mettre en application un

logiciel administratif qui permette de grer les entres et sorties dargent de manire systmatise.

Un autre problme important a t le manque de connaissance concernant les rgles fiscales. Ces dernires annes, la SUNAT, linstitution charge de prlever les impts au Prou, a remarqu la croissance des organisations productrices de cacao et a dcid de soumettre plusieurs dentre elles un contrle fiscal. Elle a dcouvert que certaines navaient jamais pay dimpts et leur a inflig des amendes considrables qui, dans certains cas, dpassaient le demi-million de soles7. Les dirigeants ont alors compris que la comptabilit tait un lment vital pour lorganisation et que la transparence de la gestion devait tre renforce sils voulaient que leurs membres aient confiance en eux et sidentifient leur organisation, mais surtout, sils voulaient remplir les exigences de ltat et sacquitter de ses contrles.

Les formations fiscales ont apport une bonne nouvelle : les organisations se sont rendu compte quelles pouvaient solliciter le Draw Back8 ltat, qui reprsente 8 % de la valeur FOB des exportations. Pour des organisations comme ACOPAGRO, rcuprer le Draw Back quivalait recevoir 240 000dollars, une somme qui, cette anne-l, quivalait quasiment son bnfice annuel.

Cependant, laccompagnement administratif et comptable de PROCACAO a t reu avec mfiance, puisque auparavant les comptes des organisations navaient jamais t rviss avec autant de soin.

Je crois quau dpart, il y a eu une certaine rticence. Les dirigeants sentaient que nous nous mlions de sujets de gestion interne. Cependant, les organisations qui taient gres par les chargs de production avaient des problmes comptables et craignaient que leurs problmes administratifs soient dcouverts. Notre travail a consist discuter ouvertement du sujet et leur faire comprendre que notre accompagnement navait pas pour objectif de montrer les coupables du doigt. Notre rle tait de dcouvrir les faiblesses de leur gestion pour, partir de l, mettre en uvre un programme daccompagnement qui permettrait de rsoudre ces problmes explique Csar Paz, reprsentant dAVSF au Prou.

b. la recherche de financements

Si la gestion comptable garantissait la transparence des comptes, la recherche de financements tait un lment crucial pour assurer de nouveaux fonds de roulement. Sans argent, il tait impossible de planifier les campagnes de cacao et le paiement comptant des producteurs lors de la collecte.

7 Soient environ 150, 000 euros.8 Bnfice fiscal octroy par letat pruvien aux entreprises exportatrices leur permettant la rcupration

dune partie des dpenses ncessaires pour leurs exportations.

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Au dbut du projet, les banques pruviennes noctroyaient quasiment pas de prts aux organisations de producteurs, et lorsquelles le faisaient, ctait avec des intrts si levs quils taient inaccessibles et peu comptitifs. AVSF avait dj introduit dans dautres projets de nouvelles formes de financement via la valorisation des contrats dexportation. Les organisations ont donc dvelopp trois stratgies selon ce principe :

Avance des acheteurs internationaux : Des clients comme GEPA, PRONATEC et CONAPI ont pay jusqu 60 % davance sur les ventes, 7 % dintrts. Cette modalit a par exemple permis CEPICAFE de Piura daccder un financement de 325 000dollars pour sa campagne de 2008.

Services de prfinancement de campagne : Les crdits de collecte sont ngocis avec des organismes financiers alternatifs internationaux proposant des taux plus comptitifs que les organismes nationaux. Par exemple, certaines organisations ont obtenu un financement de la Fondation Rabobank de Hollande et de Root Capital des tats-Unis.

Coopration Internationale et financement local : PROCACAO a permis plusieurs organisations de producteurs de cacao daccder au financement de nouveaux projets de coopration internationale ou nationale, en valorisant des cofinancements pour les organisations (le Projet OXFAM Novib et les fonds AGROEMPRENDE).

En augmentant leurs fonds de roulement, les organisations ont russi se consolider au sein de leurs zones dinfluence grce une plus grande capacit de collecte, et de rgulation des prix favorables aux agriculteurs.

c. Des services pour les agriculteurs

Les organisations ont russi amliorer leur capacit proposer des services leurs membres. Ces derniers, en tant inscrits, disposent non seulement dune assistance technique sur le terrain, mais ils sont galement approvisionns en intrants et mis en relation avec le march international. Grce lamlioration de la gestion commerciale et administrative, en plus des services sociaux (fonds mortuaire, prts personnels), les organisations ont pu investir dans des services additionnels pour les agriculteurs :

Diversification de la production des organisations : PROCACAO et plusieurs organisations ont soutenu la diversification des cultures auprs des membres qui disposaient dune production intensive de cacao et de terrains additionnels pour linstallation de nouvelles cultures. ACOPAGRO par exemple a choisi la canne sucre pour produire de la panela (le sucre de canne complet) et le cocotier pour produire de la noix de coco rpe. Piura, la

production de confiture biologique est galement devenue une source de revenus complmentaire importante pour les producteurs de cacao. De la mme manire, dautres organisations ont mis en place des formations pour promouvoir dautres productions comme llevage de cochons dInde ou la commercialisation de poules.

Crdits personnaliss : Certaines organisations ont non seulement octroy des avances pour la collecte, mais aussi des crdits individuels dont les taux dintrt taient plus bas que ceux des banques commerciales. Le capital provient des fonds propres de lorganisation et est garanti par la livraison des fves de cacao. Il suffit danalyser les volumes antrieurs de collecte et destimer les recettes du producteur. Le crdit lui est ensuite octroy sur la base de ce calcul.

Nouveaux investissements : Les bnfices des organisations ont t investis afin damliorer les services des organisations. De nombreuses organisations ont investi dans lachat de vhicules, dans la mise en uvre de centres de traitement aprs-rcolte du cacao ou dusines de production de panela, de confiture ou de chocolat artisanal.

d. Les rsultats

Avant larrive de PROCACAO, seulement trois organisations avaient un systme administratif et comptable adquat. Au bout de quatre ans de formations continues, huit organisations ont russi disposer dun personnel qualifi et ont mis en application des logiciels de comptabilit, des instruments de gestion et des procds comptables. Parmi ces organisations, sept ont dvelopp de manire structure un programme de formation de gestion commerciale et organisationnelle. Actuellement, plusieurs organisations reoivent des aides fiscales qui atteignent des montants souvent suprieurs nimporte quel projet de coopration.

Jusqu maintenant, la stratgie de PROCACAO a t mise en place dans les organisations de producteurs pour amliorer leurs systmes de production, de commercialisation, dorganisation et dadministration. Une fois que ces quatre maillons de la filire ont commenc fonctionner de manire articule, ils ont entran une croissance rapide des organisations. Mais le rle des producteurs de cacao devait aller plus loin. AVSF savait, de par son exprience, que pour que le secteur connaisse un vritable essor, il tait ncessaire dtablir une plateforme de concertation entre les organisations de producteurs de cacao afin de former une fatire nationale capable davoir une incidence publique et politique. Et cest ainsi quest ne lAssociation Pruvienne des Producteurs de Cacao - APPCACAO.

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3. LES PRODUCTEURS DE CACAO AU POUVOIR

Pendant plusieurs annes, PROCACAO et dautres projets privs et publics ont travaill en troite collaboration avec les agriculteurs pour renforcer la filire de production et commercialisation. Le cacao tait dj un produit dexportation mais le secteur ne disposait pas de stratgie de promotion et de marketing qui lui permette de se positionner sur les marchs international et local. Le monde du chocolat ne connaissait pas encore la qualit du cacao pruvien et les seuls rfrents du continent en matire de cacao demeuraient lquateur et le Venezuela.

Pour AVSF, il tait vital de construire non seulement la marque cacao pruvien mais aussi de disposer de politiques de dveloppement du secteur et de promotion externe appropries. Pour que les producteurs disposent dun moyen de faire valoir leurs intrts et dtablir ces politiques, il tait indispensable davoir une fatire nationale regroupant des organisations de producteurs prometteuses qui puissent tre les porte-paroles du cacao et de ses producteurs. Fort de ces objectifs, AVSF a soutenu la consolidation de lAssociation de Producteurs de Cacao du Prou, APPCACAO.

1. La fatire nationale du cacao

LAssociation de Producteurs de Cacao, APPCACAO, est ne en 2004 durant la deuxime Rencontre Nationale du Cacao. Avant lintervention de PROCACAO, la fatire nationale tait encore peu reprsentative et runissait seulement 10 organisations de producteurs de cacao. Au bout de cinq ans de travail, APPCACAO a russi regrouper 19 organisations de producteurs de cacao, parmi lesquelles se trouvent les organisations les plus importantes du pays. Sa zone dinfluence a atteint ces dernires annes 19 000 hectares de production, correspondant peu prs 5 000 agriculteurs organiss.

Grce APPCACAO, une stratgie cl a t mise en place : larticulation et la concertation entre les institutions et les principaux acteurs de la filire cacao. De la mme faon que le renforcement des organisations avait eu un impact positif sur les agriculteurs sur le terrain, la consolidation de la fatire nationale des producteurs organiss devait se reflter sur lopinion publique et sur le renforcement de leurs capacits dincidence politique afin dobtenir des politiques publiques sectorielles et dinfluer sur leurs orientations.

Dans la pratique, la fatire nationale a des fonctions spcifiques : a) devenir linterlocuteur central et le reprsentant du secteur, b) positionner limage et la marque du cacao pruvien et c) promouvoir des politiques publiques favorisant le dveloppement des petits producteurs organiss.

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Je crois quAPPCACAO est le principal apport dAVSF, je crois quAVSF a t le premier raliser une analyse que dautres institutions ne faisaient pas, du besoin de runir tous les acteurs du cacao du Prou affirme Israel Pisetsky, dlgu de Pronatec, le principal importateur de cacao du pays.

a. Signature dalliances

Dans le cadre de son rle de concertation et avec lassistance technique permanente dAVSF, APPCACAO a russi tablir des alliances stratgiques grant des rsultats court et moyen terme.

le Ministre de lAgriculture : le fait de pouvoir compter sur cet alli public important a permis que les organisations de producteurs de cacao soient intgres avec plus de facilit dans les programmes dapppui aux filires de production de la Direction Gnrale de la Promotion Agricole (DGPA), en permettant un accs simplifi aux services proposs par le gouvernement national, tels que laccs aux fonds du programme INCAGRO9 et lassistance technique et sanitaire agricole dinstitutions comme lINIA10 et SENASA11.

le Ministre du Commerce Extrieur et du Tourisme : ce ministre est devenu un partenaire cl pour favoriser laccs des organisations de producteurs au march international et pour intgrer la marque cacao pruvien au Plan Stratgique dExportations du Prou.

le Conseil National de la Concurrence : cette institution, qui fait partie de la Prsidence du Conseil de Ministres, fait dsormais du dveloppement de la filire cacao et du chocolat une priorit.

dautres fatires nationales : APPCACAO a t en contact permanent avec des fatires et syndicats importants de reprsentation nationale, comme la Convention Nationale Agricole (CONVEAGRO), lAssociation Corporative des Exportateurs Agricoles (AGAP) et lAssociation des Exportateurs (ADEX). Avec laide de ce dernier, elle a russi faire du cacao le produit phare du Prou.

9 Le Programme pour lInnovation et la Comptitivit de lAgriculture Pruvienne (INCAGRO) a pour objectif de promouvoir la modernisation et linnovation du secteur agricole. Cest un programme financ par le gouvernement pruvien et la Banque Mondiale.

10 Institut national dinnovation agricole 11 Service national de

les projets de coopration internationale :dans ce domaine, lalliance tablie entre AVSF et le Programme de Dveloppement Alternatif (PDA) sest avre cruciale. Le PDA est financ par la coopration amricaine et a pour objectif de combiner efforts et ressources de manire efficace.

Avec la gastronomie :lalliance dAPPCACAO avec lAssociation Pruvienne de Gastronomie (APEGA) a galement t fondamentale pour donner de la visibilit aux producteurs de cacao. Gastn Acurio, chef-cuisinier et prsident dAPEGA, travaille depuis plusieurs annes revaloriser la gastronomie pour en faire un produit-phare de la culture pruvienne et que soit reconnu le travail des producteurs. Cette institution sest rsolument engage aux cts de la fatire nationale des producteurs de cacao, et ainsi est ne une alliance entre le monde du chocolat pruvien et les producteurs de cacao. Astrid Gutsche, clbre cheffe-cuisinire spcialiste en chocolat, est devenue lune des principaux porte-paroles du boom du cacao. Acurio et Gutsche ont permis de susciter lintrt et dattirer lattention des mdias.

Vers la fin de lanne 2009, la dynamique de concertation et des alliances stratgiques a connu lun de ses plus grands succs: la cration du Comit Technique du Cacao et du Chocolat12, une instance nationale dont lobjectif est de devenir une plateforme intgrale pour le dveloppement du secteur. Depuis lors, APPCACAO sige la prsidence de cette entit.

b. Les championnes du cacao

APPCACAO a tabli comme lun de ses principaux objectifs la sensibilisation des producteurs limportance du rle de la femme. Le dveloppement dune approche Genre dans les organisations est devenu un axe de travail transversal de la fatire nationale. Pour la premire fois, des recherches pousses ont t ralises afin dvaluer le rle des femmes productrices au sein de leurs organisations et de leurs familles. Une fois le diagnostic ralis, trois rencontres rgionales sur le Genre ont t organises, puis une quatrime au niveau national.

Ces runions sont devenues des plateformes dchanges dides sur des expriences concrtes concernant le genre. Les femmes qui y ont particip taient des productrices de cacao organises ou les pouses de producteurs membres dAPPCACAO. Elles ont cr le premier Rseau National de Femmes Productrices de Cacao.

APPCACAO a aussi organis une srie dateliers afin de promouvoir la production de chocolat artisanal, pour que les femmes puissent obtenir un revenu supplmentaire grce au cacao. Dautre part, les visites des dirigeants dAPPCACAO aux organisations visaient

12 Mesa Tcnica del cacao y chocolate

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la ncessit de relancer et de formaliser lexistence des Comits de Dveloppement de la Femme (CODEMUS) qui, bien quils fassent partie des statuts des organisations, ntaient souvent que des structures dcoratives sans grande valeur pratique pour les productrices.

c. Lumire, camra, action!

Une fois tablies les alliances stratgiques, il fallait agir. Il tait ncessaire de mettre en relief le travail et les russites des producteurs travers des activits qui attireraient lattention des mdias et des autorits.

La Nuit du Cacao a t le premier vnement public organis avec le soutien dAPPCACAO et des allis du secteur. AVSF a russi contacter des chocolatiers franais reconnus qui se sont runis avec des chefs-cuisiniers pruviens pour parler pour la premire fois de la qualit du cacao pruvien. Quelques mois aprs, la nouvelle du succs remport par quatre organisations de producteurs de cacao pruviens au Salon du Chocolat de Paris a attir lattention de la presse et le cacao pruvien faisait pour la premire fois les gros titres des mdias nationaux.

En 2009, grce lalliance avec APEGA, le cacao et le chocolat ont eu un espace privilgi Mistura, la plus grande foire gastronomique du pays, qui runit chaque anne plus de 300 000 visiteurs. Le Coin du Chocolat de Mistura a mis en avant le travail des producteurs de cacao et avait considr un stand spcial pour les femmes productrices du rseau dAPPCACAO.

Fin 2009, il y a galement eu la publication du livre Chocolate del Per al mundo13, qui mle la gastronomie un parcours intressant parmi les principales zones de production de cacao du pays.

Cependant, lvnement qui a obtenu le plus de visibilit a t sans nul doute le lancement du premier Salon du Cacao et du Chocolat du Prou en 2010. Inspirs par le succs du Salon du Chocolat de Paris, AVSF et tous les acteurs de la filire cacao se sont mis daccord pour organiser un vnement qui projetterait le cacao pruvien sur la scne internationale. Ctait la premire fois quun pays latino-amricain osait organiser une version des fameux Salons du Chocolat qui avaient toujours lieu dans les principaux pays consommateurs de chocolat du monde.

AVSF a jou un rle fondamental en se chargeant dinviter de clbres chocolatiers franais susceptibles dinvestir dans le cacao pruvien et de travailler avec des organisations de producteurs. Valentine Tibre, ambassadrice de Salon International du

13 Le chocolat du Prou pour le Monde

Chocolat de Paris, avait elle aussi fait le voyage, raffirmant par ce geste limportance du rle du cacao pruvien sur le plan international.

Cet vnement a montr limportance de la concertation et du travail en quipe de tous les acteurs de la filire cacao au Prou.

Je crois que ce Salon laissera une trace dans lhistoire, mais surtout ce qui ma le plus rjouit, cest que nous avons emmen les matres chocolatiers trangers dans les champs et qu ils ont t impressionns par nos techniques et lorganisation. Il ny avait pas meilleur pays que le Prou pour accueillir le premier salon du cacao et du chocolat. a dclar Astrid Gutsche, cheffe-cuisinire et membre du comit de direction dAPEGA.

d. Le cacao digital

Un axe fondamental du travail dAPPCACAO a t le lancement dune nouvelle stratgie de communication, qui avait pour objectif de diffuser des informations concernant les russites, les progrs et les activits du secteur cacao en temps rel. AVSF a financ le recrutement de consultants externes spcialiss qui se sont chargs de crer un programme de communication qui mette en lumire les russites des producteurs et de leurs organisations. Le Cacao digital tait n.

Avec le temps, le bulletin institutionnel traditionnel est devenu un blog dynamique et vivant, avec des nouvelles et des vidos qui montraient de manire graphique le dveloppement des petits producteurs dans leurs exploitations. En parallle, AVSF a soutenu la stratgie de communication dAPPCACAO au sein des rseaux sociaux, en ouvrant des comptes Youtube, Twitter et Facebook. APPCACAO est ainsi devenu lune des premires fatires nationales agricoles du pays utiliser les nouvelles technologies de linformation.

Les journalistes responsables de lactualisation du blog ont visit certaines des principales organisations de producteurs et ont ralis des vidos et des entretiens avec les agriculteurs, les prsentant comme les acteurs principaux de lessor du cacao.

De plus, chaque section du blog renforait un axe de travail diffrent. La rubrique Les championnes du cacao par exemple, prsentait des femmes lesprit dentreprise qui avaient russi ou qui taient devenues les leaders de leur cooprative. Le Conseil de la Semaine montrait, dans des vidos de quatre ou cinq minutes, des conseils pratiques destins aux responsables des organisations, tels que des cours de dgustation, de gestion comptable ou de boutures. Il y avait aussi des rubriques comme La voix du cacao , dans laquelle des dirigeants dorganisations rpondaient des questions sur leurs activits principales dans le cadre dun entretien tlphonique. Ces visites et communications tlphoniques ont rellement aid renforcer les liens entre la fatire nationale et ses membres.

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En lespace de cinq mois peine, plus de 50 mille personnes ont regard les vidos et visit le blog et les rseaux sociaux dAPPCACAO ; l des commentaires et des messages de flicitations ont t reus du Venezuela, dquateur, dEspagne et de Bolivie, demandant des informations complmentaires sur le cacao pruvien. Aujourdhui, le plus important est quAPPCACAO dispose darchives vido en ligne retraant le dveloppement de leur fatire nationale, lhistoire des agriculteurs et les vnements les plus importants de lorganisation, et que ces archives continuent tre visionnes. Il sagit dun fichier permettant de documenter les progrs du secteur cacao au Prou.

Le site Web dAPPCACAO nest pas seulement visit au niveau rgional et national. Nous avons eu le plaisir de recevoir de nombreux commentaires de gens de ltranger qui visitent notre page Web et qui nous disent que cest lune des meilleures en matire de communication au niveau international et que grce elle, ils sont trs bien informs de lactivit des organisations de producteurs de cacao au Prou raconte avec fiert Hiderico Bocangel, actuel prsident dAPPCACAO.

2. Du cacao pruvien pour tous

Demble, la construction de lidentit du cacao pruvien supposait de reconnatre la richesse des cacaos natifs et Criollos. Ctait lun des objectifs primordiaux de la stratgie dAVSF et APPCACAO a t un acteur cl du processus. En effet, en collaboration avec le Ministre du Commerce Extrieur et le Ministre de lAgriculture, APPCACAO a propos de mener bien la premire caractrisation chromosomique du cacao pruvien. Cette tude a rvl lexistence de cacaos fins aromatiques dans le pays, certains pourvus de caractristiques exceptionnelles, comme le cacao blanc de Piura ou le Chuncho de Cusco. Ltude recommandait la protection de ces varits pour leur multiplication et leur conservation.

Fort de ce document, APPCACAO a privilgi deux stratgies : a) lidentification par les organisations des arbres dlite pour la mise en place de jardins clonaux de cacao et b) lorganisation de concours au niveau national et rgional pour trouver le meilleur matriel gntique de cacao.

a. Lor blanc de Piura et le cacao natif de la fort

Le travail ralis par CEPICAFE et ses groupements de base a t montr en exemple au pays en termes de rcupration et de valorisation des cacaos Criollos ou natifs.

En 2005, quand lquipe dAVSF est arrive dans la zone de production de cacao de Piura, personne nimaginait que les cabosses jaunes et vertes des communauts de Palo Blanco ou de La Quemazn cachaient lintrieur de leurs fves lun des cacaos les plus fins du pays.

Quand les techniciens et les ingnieurs ont vu la qualit de ce cacao, ils nous ont dit: Vous avez un trsor dans votre parcelle sexclame Juan Rivera, agriculteur de Piura.

CEPICAF, Progreso (ex-Pidecafe) et AVSF ont immdiatement mis en uvre un programme de rcupration et de concentration de la production du cacao Criollo lamande blanche. En suivant cette directive, les zones de concentration du cacao blanc ont t dlimites et les arbres dlite ont t identifis, cest--dire ceux qui disposaient du plus fort pourcentage damandes blanches et dont le rendement tait le plus important. Le matriel gntique de ces arbres dlite a t prlev puis mulitipli dans un emplacement spcifique dfini par lorganisation, qui est ensuite devenu un jardin de clonage, une sorte de banque de germoplasme de cacao. partir de ce matriel, des ppinires ont t mises en place pour produire des plants qui seraient rpartis entre les diffrents producteurs membres.

Le travail ne sest pas limit aux champs : au laboratoire, les goteurs de lorganisation ont effectu une caractrisation organoleptique des types de cacao blanc et ils ont mis au point des recommandations concernant les meilleures mthodes pour obtenir des rsultats aprsrcolte optima.

Les responsables dAVSF et de CEPICAFE se sont organiss pour sensibiliser les acteurs nationaux et internationaux la qualit de la production des organisations membres de CEPICAFE. Ce travail de plaidoyer a port ses fruits puisquen 2008, le Gouvernement Rgional de Piura a publi une loi dclarant dintrt rgional la rcupration et la protection du cacao Criollo Piura.

En outre, des organisations comme ACOPAGRO ont galement entam des processus de revalorisation des cacaos Criollos. La situation a t plus complique qu Piura puisque dans la fort, la culture de cacaos hybrides de type CCN-51 sest propage rapidement. Les dirigeants de cette organisation ont dj projet la diminution des tauxdinstallationsde ces varits pour les remplacer par des cacaos natifs, car certains clients se plaignent de lacidit des cacaos CCN-51. Avec le soutien dautres projets, trois jardins de clonage ont dj t crs pour assurer la conservation du matriel gntique. Pour le moment, les producteurs des communauts dAlto El Sol et de Pucacaca vendent leurs cacaos natifs sans les mlanger ceux qui proviennent dautres zones, car ils les vendent des clients tels que Barry Callebaut, qui recherche tout particulirement ces cacaos natifs.

b. Des concours pour runir les meilleurs cacaos

Tandis que les organisations tablissaient des stratgies spcifiques pour prserver leurs cacaos natifs, APPCACAO et AVSF ont renforc ces programmes grce des concours nationaux au sein desquels on demandait aux organisations de prsenter leurs meilleurs cacaos. Ces initiatives ont permis de sensibiliser les producteurs la qualit de leurs cacaos Criollos et lopinion publique la richesse du matriel gntique pruvien. Ces

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concours ont eu le soutien du Rseau National des Goteurs et dAPPCACAO, qui sest charge de la formation des techniciens de chaque organisation en matire danalyse physique et sensorielle du cacao.

Ce travail de revalorisation du cacao pruvien a t couronn de succs en 2008 grce aux efforts de la fatire nationale de producteurs de cacao. APPCACAO a obtenu que le Prou soit reconnu par lInternational Cocoa Organization (ICCO) en tant que producteur de cacao fin et aromatique, un alli de poids pour renforcer limage du cacao pruvien ltranger.

Beaucoup dacheteurs considrent que le cacao pruvien est dune excellente qualit et a un got exquis. Nous savons qu il reste encore beaucoup faire dans le secteur cacao au Prou, et nous pensons que ladhsion du Prou lAccord International et par consquent lICCO sera vraiment positive pour l image du cacao pruvien et pour les petits et moyens producteurs en gnral , a crit Mose Gomez, correspondant de lInternational Cocoa Organization.

3. Politique et incidence des producteurs organiss

Tandis quAPPCACAO travaillait la consolidation de la fatire nationale et de lidentit du cacao pruvien, elle se proccupait galement de susciter des mesures du secteur public entranant des retombes nationales ou rgionales grce des actions dincidence publique et politique.

Ainsi, APPCACAO sest faite une place dans les rseaux de producteurs dAmrique latine et a soutenu un projet ambitieux dassociation publique- prive.

a. Au nom du cacao

En quatre ans de travail, APPCACAO a russi participer aux initiatives suivantes:

Le Rgime du Producteur Agricole (REPA) : Initiative prsente avec CONVEAGRO pour obtenir des aides fiscales de ltat afin de promouvoir lassociation et la formalisation des agriculteurs. Parmi les aides susceptibles dtre obtenues figurent des exonrations et des compensations fiscales.

Le Guide de la Rglementation Technique du Cacao : APPCACAO a particip llaboration des normes qui fixent les critres techniques de la rcolte et de laprs-rcolte du cacao.

La demande dinscription lICCO : Grce cette initiative, le cacao pruvien est internationalement reconnu comme fin et aromatique.

lAccord national de comptitivit de la filire agro-productive du cacao et du chocolat : Ces accords sont des outils de politique nationale qui permettent de formaliser des alliances stratgiques afin que le secteur obtienne de meilleurs rsultats. La coopration internationale, divers ministres rattachs la promotion du cacao et aux producteurs et chocolatiers organiss se sont runis pour crer cet accord.

b. Les PPP du cacao

En 2008, des reprsentants de la coopration internationale (PDA et AVSF), de ltat (DEVIDA), du secteur priv (PRONATEC) et de six organisations de producteurs de cacao ont sign le Projet Public-Priv, un systme dengagement mutuel impliquant les producteurs, les acheteurs, la coopration technique et ltat. Chaque entit sengageait ainsi investir des fonds dans les organisations et partager son savoir-faire technique spcifique.

Lapprobation du Projet Public-Priv (PPP) a reflt le degr de concertation et darticulation obtenu entre les acteurs cls de la filire cacao dans le pays grce au soutien de PROCACAO.

Nous nous sommes rapprochs afin de ne pas faire deux fois la mme chose, pour voir quelle tait lorientation des actions dAVSF et ensuite nous mettre daccord pour unir nos forces et aider les producteurs se dvelopper. Nous avons mis nos volonts en commun, peu importait do venaient les fonds, ce que nous voulions rellement ctait nous concentrer sur le cacao et ses producteurs rsume Carlos Daz, directeur gnral du PDA.

c. Incidence rgionale

Avec le renforcement des capacits des producteurs et de leurs organisations, celles-ci ont pu entrer en relation avec les gouvernements locaux et rgionaux en tant quinterlocuteurs valides. Beaucoup dorganisations ont particip aux budgets participatifs de leurs mairies et la majorit a encourag et a fait partie des Comits Techniques Rgionaux du cacao.

APPCACAO est devenu sans nul doute un prcieux outil de promotion du cacao en mettant laccent sur le petit producteur organis. Si auparavant la rfrence pour parler de production de cacao fin et aromatique tait lquateur, aujourdhui les regards se tournent vers le Prou comme un exemple russi dorganisation sur le plan national et bas sur les producteurs. Les acteurs socio-conomiques et les autorits nationales et locales reconnaissent aujourdhui les capacits organisationnelles des producteurs de cacao et la dynamique forte et rapide du dveloppement atteint grce leurs efforts.

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4. LA RCOLTE ET LES NOUVEAUX SEMIS

Il est impossible de terminer cette capitalisation sans revenir sur les acteurs principaux de toute la stratgie dintervention mise en oeuvre : le producteur et sa famille. Aprs tout, la mesure des indicateurs et ltablissement dobjectifs concrets ont eu pour seul objectif damliorer les conditions de vie des familles des producteurs, originaires de zones rurales, en majorit trs pauvres et avec un accs limit aux services de base. Pour eux, mme avant larrive de PROCACAO et dAVSF, lagriculture tait une activit de subsistance.

1. Impact final

Lobjectif final de PROCACAO tait que la vente du cacao permette daugmenter le revenu des familles de producteurs de 25 %. En moyenne, limpact de PROCACAO a dpass cet objectif. Les raisons sont simples : dun ct, la productivit par hectare a augment de 50 % grce de meilleures pratiques agro-cologiques; de lautre, les organisations ont obtenu de meilleurs prix pour leurs lots de cacao placs sur des marchs spcialiss ou de niche.

ACOPAGRO, par exemple, le revenu annuel dun agriculteur en 2005 tait de 4 329 soles. En 2008, le montant a atteint les 10 672 soles, soit une hausse de 145%. Pendant ce temps, CEPICAFE, Piura, le revenu annuel dun producteur en 2005 atteignait peine 2 068 soles. En 2008, son revenu a tripl et a atteint 6 960 soles.

Dans le cas dACOPAGRO, laugmentation des revenus a dcoul de laugmentation des surfaces cultives et du dveloppement de la productivit par hectare. CEPICAFE, laugmentation a t engendre par les meilleurs prix obtenus par lorganisation grce la commercialisation sur des marchs de niche.

Si lon compare, cest CEPICAFE qui a obtenu la plus grande croissance des revenus annuels de ses producteurs, ce qui permet de valider lune des thses les plus importantes de PROCACAO : la revalorisation des cacaos natifs peut compenser une zone de production rduite et une productivit moindre de ces varits si les producteurs parviennent vendre un cacao de qualit sur des marchs spcialiss. Cette thorie rejoint la stratgie de valorisation de lagriculture paysanne. Les paysans ont des produits de qualit excellente, tels que le cacao blanc, et sils le rcoltent de manire adquate, et le transforment bien; ils peuvent ensuite le vendre sur des marchs trs exigeants mais des prix plus rmunrateurs.

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Cependant, au-del du calcul des revenus et de la productivit, lagriculteur mesure le succs du projet selon dautres variables. Une fois organis, le producteur a pu accder des sances de formation et de conseil auxquelles il navait jamais assist; il a t sensibilis aux avantages de lagriculture biologique et a pris conscience du soin et du respect de lenvironnement. En outre, de nombreuses organisations ont mis en uvre des services additionnels pour leurs membres, tels que des crdits faible taux dintrt, de nouvelles possibilits commerciales grce la diversification des cultures, laccs des programmes dagroforesterie garantissant des revenus futurs ou la participation des tournes commerciales internationales, entre autres.

En marge des revenus et des services, les producteurs ont vu crotre leur estime de soi, ils ont vu leur russite dans les mdias et ont reu sur leurs terres la visite dexperts de diffrents pays soucieux de connatre les acteurs principaux du boom du cacao pruvien.

Tout cela nous relve le moral et notre estime, parce que nous savons que nous sommes utiles nos pouses et nos enfants et parce que nous pensons que cest une opportunit pour nous. Cela nous pousse continuer nous organiser et ne pas rester de simples agriculteurs, avoir une vision dentreprise, continuer nous dvelopper et ainsi amliorer notre qualit de vie , conclut Juan Rivera avec un grand sourire. Ce tmoignage date de 2010.

Deux ans aprs, en juillet 2012, les cacaos blancs de Don Juan ont t reconnus comme lun des Cacaos en Or du Prou lors dun concours national o son chocolat a t choisi parmi les huit mille prsents. Et ce nest pas fini. la fin de cette anne, alors que la rdaction de ce document touchait sa fin, Don Juan a occup la troisime place du Prix Intgration 2012 de Radio Programas del Per (la radio la plus importante du pays), rcompensant les personalits de lanne.

2. PROCACAO en chiffres

Limpact de PROCACAO ne se reflte pas seulement dans le bien-tre conomique des familles de producteurs organiss qui ont particip au projet. AVSF a tabli une srie de variables et indicateurs en 2005 afin de mesurer les rsultats de PROCACAO en matire de production, dorganisation commerciale et dincidence publique et politique.

Ce tableau rsume ce qui a pu tre tabli durant ces 4 annes de travail :

Rsultats Avant larrive de PROCACAO (2005) Aprs lintervention de PROCACAO (2009)

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3 organisations disposent de certificats biologiques

16,5% des producteurs organiss membres du projet sont biologiques

3 organisations vendent du cacao conforme aux standards de qualit de GRADE 1

3 organisations sont certifies FLO (Commerce quitable)

11 organisations disposent de certificatsbiologiques (100% des organisations destinataires)

42,9% des producteurs organiss membres sont biologiques

10 organisations vendent du cacao conforme aux standards de qualit de GRADE 1

7 organisations sont certifies FLO

3 organisations sont certifies UTZ

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Il nexistait pas de programmes structurs de formation en gestion entrepreneuriale et organisationnelle

3 organisations ont un systme administratif et comptable adquat

3 organisations vendaient 40% du volume de cacao produit par leurs membres

3 organisations avaient des relations commerciales sur des marchs de niche

Peu dorganisations de producteurs taient intresses par la culture de cacaos natifs ou Criollos de qualit

7 organisations ont mis au point des programmes structurs de formation en gestion entrepreneuriale et organisationnelle

8 organisations ont mis en place un logiciel de comptabilit et des outils de gestion comptable et de contrle interne

10 organisations vendent 80% du volume de cacao produit par leurs membres

7 organisations ont des relations commerciales sur des marchs de niche

laboration de caractrisation chromosomique du cacao pruvien. Identification despces de cacao fin et aromatique dans le pays. 3 organisations basent leur stratgie commerciale sur la valorisation de cacaos fins et aromatiques.

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La fatire nationale des producteurs de cacao APPCACAO tait peu reprsentative (10 membres)

Il ny avait pas de propositions politiques ou publiques de dveloppement du secteur cacao au niveau national

Il nexistait pas de travail en commun avec les gouvernements locaux et/ou rgionaux

3 organisations recevaient le soutien de la coopration internationale

Le cacao pruvien ntait pas connu comme un produit de qualit au niveau mondial

La fatire nationale des producteurs de cacao APPCACAO sest consolide (19 membres, 5 mille producteurs de cacao)

4 initiatives institutionnelles visent amliorer la comptitivit du cacao et sa norme technique.

Toutes les organisations membres disposent de contrats de coopration ou de relations de collaboration et de travail en coordination avec les gouvernements rgionaux et/ou locaux

9 organisations reoivent le soutien de la coopration internationale

Le cacao pruvien est reconnu comme un cacao fin et aromatique au niveau mondial

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Lessor du secteur cacao au Prou a bien commenc mais il y a encore beaucoup de chemin parcourir pour le consolider et continuer le dvelopper de manire durable. Pour assurer cette durabilit, il est ncessaire danalyser les difficults qui ont jalonn son parcours et surtout, les dfis relever.

3. Difficults et dfis

Il est vident quun facteur cl de lessor du secteur a t la capacit de concertation et de dialogue entre tous les acteurs de la filire. Les agriculteurs, les organisations, les importateurs et les institutions publiques et prives se sont mis daccord pour unir leurs efforts et instaurer ensemble une stratgie nationale.

Cependant, le succs de cette stratgie a provoqu lapparition peu planifie de nouvelles organisations de producteurs de cacao dsireuses de participer au boom du cacao pruvien. De nouveaux oprateurs commerciaux se sont galement rendus dans les zones de production et ont offert des prix plus intressants que ceux des organisations, mettant en pril ce modle organisationnel bein quil ait t un lment fondamental du dveloppement de la filire.

Grce lexprience de PROCACAO, il est possible danalyser les principales difficults rencontres aux diffrents niveaux de la filire et dtablir les dfis venir.

a. Au niveau de la production

Difficults :

Un problme rcurrent durant les visites de terrain a t de constater que tous les agriculteurs navaient pas une comprhension claire de la fixation du prix du cacao dans leur organisation. Si lon compare les prix, le prix que les organisations paient pour le cacao frais de leurs associs est infrieur celui que le collecteur paie pour le cacao sch14.

Cependant, il sagit dun prix de base, puisquil ne tient pas compte des bonus que les agriculteurs recevront par la suite grce leur certification biologique ou Commerce quitable. De plus, les organisations doivent expliquer en dtail les avantages que les agriculteurs ont devenir membres au-del du seul prix de collecte, car dans le cas contraire, avec la concurrence croissante, elles pourraient perdre des adhrents, ce qui entranerait une baisse radicale de leur volume de production exportable.

Dun autre ct, les centres de traitement aprs-rcolte ont dmontr tre un outil essentiel pour assurer un volume de cacao de qualit; il est donc ncessaire de

14 Environ 3kg de cacao frais donnent 1kg de cacao sec.

continuer investir dans des projets damlioration des infrastructures et quipements de fermentation et schage, et dans la construction de dpts plus appropris.

Enfin, laugmentation du nombre de membres qui pratiquent lagriculture biologique oblige les organisations veiller au respect des conditions requises (contrle interne ou social) et du srieux de la certification interne afin de maintenir le niveau atteint jusqu prsent.

Dfis :

Bien que la recherche de marchs de niches et ltablissement de relations commerciales moyen terme aient vit que certaines organisations subissent des variations abruptes de prix sur le march international, le dfi est que lagriculteur puisse diversifier sa production afin daccder une offre plus varie qui lui assure un revenu rgulier et constant. Ainsi, il serait moins vulnrable aux fluctuations des cours internationaux ou des vnements climatiques adverses.

Dautre part, lapparition de nouvelles zones de production de cacao, en particulier dans la fort, requiert une analyse approfondie et une meilleure programmation de la production, surtout si les nouvelles organisations de producteurs de cacao nont pas determin leur point dquilibre financier, laccs aux marchs ou la concurrence prexistante dans ces zones.

Un autre dfi serait damliorer le travail des techniciens de terrain de chaque organisation. Leur rle est crucial pour consolider la relation entre les agriculteurs membres et leurs organisations, puisque ce sont principalement eux qui visitent les producteurs sur le terrain. Il est ncessaire de standardiser les messages cls quils transmettent et damliorer les mthodologies de formationdes techniciens.

b. Dans le domaine organisationnel, commercial et administratif

Difficults :

Malgr les normes progrs obtenus en matire de visibilit du rle de la femme au sein de la filire cacao, sa prsence aux postes importants et de direction des organisations est encore insuffisante. Il est vital que les femmes dveloppent non seulement des capacits de production, comme la prparation de chocolats ou llevage de petits animaux, mais il est galement ncessaire quelles reoivent davantage de formation pour diriger leurs organisations.

Dautre part, la croissance commerciale de nombreuses organisations requiert quelles continuent renforcer leurs capacits dadministration s. Dans ce domaine, lune des difficults les plus importantes prendre en compte reste le niveau ducatif des

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producteurs et de leurs dirigeants au moment de mettre en place les formations sur des thmes tels que la connaissance des statuts ou le contrle de la gestion. Les mthodologies de formation doivent sadapter au niveau ducatif des agriculteurs afin quelles soient efficaces.

De la mme manire, bien quil y ait eu des progrs remarquables en matire de renouvellement des cadres dirigeants des organisations, il ny a pas toujours de nouveaux leaders garantissant des modes de gestion efficaces et transparents.

Il faut aussi souligner que les quipes techniques et administratives de certaines organisations dpendent encore du financement public ou de la coopration internationale. Il est ncessaire de ne pas dpendre continuellement de ces institutions et que les organisations aspirent tre durables et autonomes. Les projets de coopration et les programmes daide de ltat doivent rester des points de dpart et daccompagnement qui aident les organisations construire leur propre chemin, en leur transfrant les responsabilits et comptences de faon progressive.

Dfis :

Lapparition rapide de nouvelles organisations de producteurs de cacao implique galement des dfis aux niveaux organisationnel et commercial.

De clairs indicateurs doivent tre dfinis au niveau de la base sociale et la structure commerciale afin de permettre aux organisations (nouvelles et anciennes) de fidliser leurs membres, de faire des conomies dchelle et dtablir un rythme de commercialisation

avsf cacao pe-rou 2013

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