hincmar, de ordine palatii, trad. par m. prou, 1885

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Hincmar, De ordine palatii, trad. par M. Prou, 1885.http://archive.org/details/bibliothquedel58ecol

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  • BIliLIOTIlQUEDK LKCOLK

    DES HAUTES TUDESPI BLIKE SOI S LKs; AUSI'lCliS;

    DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

    SCIENCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES

    CINQUANTE-HUITIEME FASCICULE

    HINCMAR,

    1)1-, OIiniNE PALATll KPiSlOI.A. TKXTI, LATIN TKAUflT ET ANNOTPVU M. l'KOU

    !L^^

    r

    PARISF. VIEWEG, LIBRAIRE-DITEUR

    67, ni E DE RlCHELIEl-, 67

    188o

  • AS\ t

    -h.

  • Sur /Vf vis dr M. G. MohhI , directeur adjoinl

    di's confrences d'/ns/oire, el de MM. T/iveni/f c/

    (iii'H, eoinvi issti ires /'es/)o/ts((/)/es . le prsent

    mmoire a valu M. M. I^rou le litre d'lve

    diplm de lu section d'histoire pt de pliilolouic

    de l'Ecole pratique des liantes Etudes.

    Paris, te r> Jnillel h^f^'i.

    Le Directeur adjoint,

    Sign : G. MONOD.

    Les Commissaires responsables

    ,

    Sign : THVFA'IN et GIRY.

    Le Prsident de la Section.

    Sign : L. RENIER.

  • Digitized by the Internet Archive

    in 2010 with funding fromUniversity of Ottawa

    http://www.archive.org/details/bibliothquedel58ecol

  • HINGMARI

    EPISTOLA

    DE ORDINE PALATII

  • MAGON, IMPRIMERIE PROTAT FRRES

  • H I N C M A R

    DE ORDINE PALATIITEXTE I. ATIX

    TRADIIT KT ANNOTE

    Tvl A xj R. I C E P FL O XJ

    PARISF. VIE\YE, LIBRAIRE-DITEUR

    G7, RUE DE Richelieu, 67

    18 8 4

  • ' /r^U

  • PREFACE

    On dsic^no hal)ituellomeiit sous le titre de DeOrdine Palatii une lettre adresse par Hincmar,archevque de Reims, aux vques et aux grands duroyaume pour T instruction et la direction du roiCarloman. Cet opuscule fut rdig en 882, peu aprs

    la mort de Louis III,survenue le 5 aot de la mme

    anne'.

    Il a t publi pour la premire fois par le JsuiteJean Buys en 160*2 ' dans un volume intitul : Ilinc-mari Rhemensis archiepiscopi.... epistohv, t\v

    1. Il est question plusieurs reprises (ch. XI, XXXVII) dansle De Ordine Palatii du concile de Sainte-Macre

    ,tenu Fismcs le

    2 avril 881. Le jeune roi pour l'instruction duquel a t crit cetopucule , a ad inslitulionem istius juvenis et moderni rgis nostri (ch. I), est bien Carloman. Hincmar fait allusion la mort de sonfrre Louis, rgi Ludovico nuperdefuncto, au chapitre XXXVII.Et Flodoard mentionne en ces termes le De Ordine parmi les lettresd' Hincmar : Item ad regem Karlomannum adolescentem et adepiscopos admonitionem de disponendo regali ministerio per capi-tula.

    2. Jean Buys, en latin Joliannes Biisus, tait n Xim^rue en1547 ; il mourut Mayence, o il enseigna la thologie, en 1611.Voyez : De Backer, Bibliographie des crivains de la Compagnie deJsus, 1853-18GI , 3 vol. in-4o.

  • VI

    ms. memhraneo cod. Bibliotfiecse noh. et cathe-dralis eccleslae Spirensls descript (Mayence,1602, in-4''). Le manuscrit de Spire, le seul qui ait

    t signal, a aujourd'hui disparu. Jean Buys n'in-dique pas le sicle o il avait t crit. Il avertit seu-lement le lecteur qu'il en a respect l'orthographe

    dans sa transcription, se contentant de corriger les

    fautes manifestes ^

    Le De Ordine occupe dans le recueil de Buys lespages 16 42. Il porte pour titre : Epistola III adepiscopos quosdam Francise. La rubrique dumanuscrit tait : Admonitio Hincmari Remorumarc/iiej)iscopi ad episcopos et ad regem KaroLo-niannumper capiiiila''-. ^)Duchesne , cjui a insr cet opuscule dans son

    Recueil des historiens de France (1636, t. II, p. 487-

    497), ne me parat avoir connu que l'dition de Buys.

    Il en est de mme de Sirmond, qui a rang le DeOr^/;?e parmi les opuscules et lettres d'Hincmar sous

    1. a Omnia qu in Spirensi ms. codice erant, ordine parumadmodum mutato , descripsimus , exceptis binis ternisve frag-mentis Epigraphas vel inscriptiones singulis epistolis novaspraifiximus ; veteres , uti parum idoneas , migrare jussimus. Eas siquis aucL cognoscere

    ,

    quales fuerint , inveniet eas in Nolis adfinem epistolarum adjeclis In orthographia ejusdem ms. exem-plaris nihil mutavimus neque loco movimus nisi exploratas men-das et lapsus. [Prfatio ad candidum lectorcm.)

    2. La lettre d'Hincmar a t adresse aux vques comme leprouvent cette rubrique et la mention de Flodoard. On peutcroire

    ,comme on le verra plus loin

    ,

    qu'Hincmar la destinait par-ticulirement Hugues l'abb

    ,

    qui tait alors la tte du gouver-nement, et qui pouvait tre considr comme le chef du clerget de l'aristocratie.

  • VII

    le numro XIV. [Hlncmari archiepiscop i nemensisopra, Paris, 1645, iri-l\ t. Il, \). 201-215.) Il asubstitue dans le titre le moi proceres au mot e/)fs-copos

    ,et il y a introduit les mots De Ordine

    Palatli; d'o la dsignation actuelle de cette lettre

    d'Hincmar.

    Gengler indique dans ses Monuments du droitgermanique une dition due Drmel : Geschi-chtmoL'ss. Abhandlungen von dem GrosH-Senrs-chatl und Erz-Senesc/iall des Fvixinkund Ttsch.Reichs, sammt der Ganzen Epistoia Hincmaride Ordine Patatii, Niiremberg, 1751 , in-4", p. 63-68.Dom Bouquet a donn, d'aprs Sirmond (1757,

    t. IX, p. 263-270), des fragments trs considrables

    de cet opuscule.Walter l'a introduit tout entier dans le Corpus

    JurisGermanici (Berlin, 1824, in-8% t. III, p. 761-772). Son texte me parait emprunt Sirmond.

    L'diteur de la collection Migne [PatrologieLatine, 1852, vol. CXXY, col. 993-1008) a puis lamme source.Le texte qu'il a donn a servi de base la publica-

    tion que Gengler a faite des chapitres les plus impor-

    tants* du De Ordine [Germanische Hechtsdenkmn'-^r, 1875,in-8, p. 692-705).

    Il n'y a donc , en ralit,

    qu'une dition de la lettre

    d'Hincmar, celle qu'a donne Jean Buys. En l'absencede tout manuscrit , nous ne pouvons faire autre chose

    que la reproduire.

    1. Ce sont les chapitres I, Vl-Vlll , XlI-XXllI , XXIX.

  • vin

    Toutefois nous proposerons quelques corrections

    exiges par la syntaxe ou par le sens.

    Guizot' et Le Hurou-' avaient dj tent une tra-duction partielle du De Orcline. La traduction quisuit, ainsi que les notes qui l'accompagnent, a t

    labore la confrence de M. G. Monod,

    pendantles annes 1883-1884.Hincmar ^ fut ml tous les vnements politiques

    et religieux de son temps. Encore jeune, et simplemoine de l'abbaye de Saint-Denis, il avait su gagnerla confiance de Louis le Pieux, ce point qu'il obtint

    le rappel de son matre Hilduin , exil pour avoir

    pris le parti de Wala. Plus grand encore fut son cr-dit auprs de Cbarles le Chauve , dont il apparutcomme le premier ministre. De 845 876, il dirigeal'glise de France. Il tait bien, comme il le dit lui-

    mme, primas inter primates... et unus de primisGalliee primatibus^. Il donna au sige qu'il occupaitune telle prpondrance sur les autres que Reimsdevint le centre du gouvernement carolingien , etque ses successeurs prtendirent son hritage poli-

    tique. Ce n'est pas ici le lieu de retracer la vie

    1. Cxuizot a donn dans ses Essais sur V Histoire de France,7" dit., Paris, 1847, in-12, IVe essai

    ,p. 222-229, la traduction

    des chapitres XXIX XXXVI.2. Le Hurou a traduit dans VHistoire des institutions carolin-

    giennes, p. 301-306 , des fragments des chapitres XXIX, XXX,

    XXXI, XXXII, XVII (p. 303), XX, XXII, XXIII, XXV,XXVIIl, et intgralement les chapitres XXXIII, XVI, XXI,XXVII.

    3. Voyez sur Hincmar : Noorden , Hinhmar Erzbischof vonHheims , Bonn , 18G3 , in-S.

    4. Flodoard , Historia ecclesix Remensis , 1. III, c. 10.

  • IX

    d'Hincmcar, ni de le montrer prsidant ou an moinsdirigeant tous les conciles, soutenant des luttes

    thologiques, rsistant la papaut, couronnant les

    rois, leur adressant des remontrances, protestant

    contre les incursions de Louis le Germanicpie, jouanten nu mot dans toutes les affaires du rgne de

    Charles le Chauve un rle prpondrant. 11 suffira de

    rappeler les circonstances (jui l'ont amen crire salettre sur la hirarchie du palais et le gouvernement

    de.rtat.Ds 867 , un dml avait clat entre Hincmar et

    Charles le Chauve propos de la dposition de Vul-fad ', un des clercs ordonns par l'archevque Ebbon.Le roi le soutenait contre son mtropolitain. Ouhliait-

    il donc, dit l'annaliste de Saint-Bertin, partisan

    d'Hincmar, les longs services de l'archevque, sa

    fidht, tout ce qu'il avait fait pour lui et l'honneur

    du royaume 2? Le dsaccord ne dura pas. Deux ansaprs, Hincmar posait la couronne de Lorraine sur latte de Charles. Mais en 876, celui-ci, las de subir la

    volont souvent tyrannique de l'archevque de

    Reims,

    prtendit lui enlever la direction de l'glise

    de France et lui sidDStituer im prlat moins puissantet surtout moins indpendant^. Aussi bien, le roiavait pour lui la papaut , en face de laquelle Hinc-

    1. Annales de Saint-Bertin , a. 867, d. Dehaisiios, p. 167-168.

    2. Karolus autcm immcmor fidelitatis alque laborum quospro ejus honore et regni obtentu sa^pe fatus Hincmarus per pluresannos subierat... r> [Annales de Saint-Bertin. a. 867, d. T)ehaisnes,p. 167.)

    3. Annales de Saint-Bertin^ a 876, d. Dehaisnes, p. 244-247.

  • mar avait, maintes reprises, soutenu l'indpen-dance de rglise franaise. Charles le Ghauve obtintde Jean VIII des lettres confrant Ansgise , arche-vque de Sens , la primatie des Gaules et de Germa-nie. Ds lors , c'tait Ansgise qu'il appartiendraitde convoquer les conciles et de diriger les affairesecclsiastiques en de des Alpes. Vicaire apostolique,il devait transmettre aux voques les ordres du pape.Il devenait tout ensemble le chef de l'glise deFrance et le reprsentant du sige de Rome. Lesvques , runis par le roi Ponthion , le 21 juin 876,firent entendre d'inutiles protestations. VainementHincmar leva la voix. D'aprs lui, la cration d'unprimat tait un empitement sur la juridiction desmtropolitains. A vrai dire, il voyait sa propre auto-rit compromise. Il adressa aux voques son opus-cule sur le droit des mtropolitains, Dejure metro-poltanorum K En mme temps

    ,il crivait la vie

    de saint Rmi ', o il s'efforait de prouver la supr-matie de l'glise de Reims sur les autres glises.Mais Charles le Chauve, fort de l'appui de la

    papaut , ne tint aucun compte de ces remontrances,et, dans le concile mme de Ponthion, assigna lapremire place au nouveau primat. Toutefois , avantde partir pour l'Italie, il donna Hincmar une der-nire preuve de sa confiance en le choisissant

    1. Migne, Patrologie latine, vol. GXXVI, ep. xxx, col. 189. Enraison de la raret de ldition des uvres d'Hincmar par Sirmond,je renvoie la rimpression qui en a t faite dans les volumesCXXV et GXXVI de la Patrologie latine.

    2. Patrol. lai., vol. CXXV, col. H 29.

  • XI

    comme Tim de ses excuteurs testamentaires '. Aprsla mort de Charles le Chauve (6 octo])re 877) ', uncertain nom])re de grands, et parmi eux TabhHugues, Ciuzlin, Conrad, Bernard de Gothie, Ber-

    nard d'Auvergne, mcontents des faveurs dontd'autres avaient t l'objet de la part de Louis le

    Bgue, raccusrent d'avoir distribu des honores

    ^

    abbayes, comts, villas, sans leur consentement etse soulevrent contre lui. Le jeune roi eut recours la sagesse d'Hincmar et lui demanda conseiP; onpeut croire que l'archevque de Reims ne fut passans avoir facilit l'accord qui intervint bientt entre

    Louis le Bgue et les grands rvolts. Le 8 dcembre877, Hincmar couronna Louis Compigne *. Cepen-dant il ne semble avoir jou sous son rgnequ'un rle trs effac.

    Un autre l'avait supplant dans la direction desaffaires, c'tait Hugues l'abb. Hugues tait fils deConrad, comte d'Auxerre , l'oncle de Charles le

    Chauve. En 866, il reut du roi les dignits deRobert le Fort , les comts de Tours et d'Angers

    ,

    l'abbaye de Saint-Martin et d'autres monastres % ettout la fois le commandement des troupes canton-

    l. Capitulaire de Quiersy, c. 12, Pertz , ic^M, t. I. p. 539.

    l. Annales de Saint-Dertin, a. 877, d. Dehaisnes, p. 258-2r.9.

    3. La rponse d'Hincmar, sur laquelle nous insisterons plusloin, est connue sous le litre de : Instructio ad Ludovicum Balhum.Elle est publie dans la Palrologie latine, vol. CXXV, col. 983 etsuiv.

    4 Annales de Saint-Bertin , a. 87 7, d. Dehaisnes, p. "2G1.

    5. Ibid., a 866, d. Dehaisnes, p. 160-161.

  • XII

    nes en Neiistrie. Il avait pour mission spciale derepousser les Normands. C'tait, dit Rginon, unhomme courageux, humble, juste, pacifique etremarquable par la dignit de ses murs K En 877,uni Boson et aux deux Bernard , il avait conspircontreCharles le Chauve, et, aprs sa mort, s'tait toutd'abord montr hostile son fils ^. Mais , une foisralli Louis le Bgue , il devint le plus ferme appuidu trne et prit en main la direction du gouverne-ment.

    Louis le Bgue mourut le 10 avril 879^. Ses fils,Louis et Carloman, avaient contre eux l'abb Gozlinet Conrad , comte de Paris

    ,

    qui appelaient Louis deGermanie en France ^. Mais cette fois, Hugues l'abbcombattait pour les hritiers lgitimes du trne ; iloffrit Louis de Germanie la portion du royaume deLothaire que Charles le Chauve avait retenue, etobtint par l qu'il renont ses prtentions sur lacouronne de France ^. Les deux frres Louis et Car-loman furent sacrs Ferrires par l'archevqueAnsgise ^. L'anne suivante (880), ils se partagrentle royaume '^. Louis obtint ce qui restait de la Frau-

    da et la Neustrie avec leurs marches ; Carloman, la

    1. Reyinonis Clu-om'con, a. 867, Perlz, Scriptores, t. 1, p. 578.

    2. Annales de Saint-Bertin, a. 877, d. Dehaisnes, p. 258.

    3. Annales Fuklenses, a. 879, Pertz , Scriptor., t. I, p. 392.

    4. Annales de Saint-Bertin, a. 879, d. Dehaisnes, p. 279;Regionis Chronicon , a. 879, Pertz, Scriptor., t. II, p. 590.

    5. Annales de Saint-Bertin, a, 879, d. Dehaisnes, p. 281.

    6. Ibid., p. 282.

    7. Ibid., a. 880, p. 284.

  • XIII

    Bourgogne et rAcfiiituiiie avec leurs marches. Hinc-

    niar pouvait esi)rer reprendre (juelfiue inlluence

    auprs des jeunes rois. Il avait favoris*!; leur avne-ment au trne ' . El , comme cette poque tous lesprinces carolingiens tendaient s'unir contre Boson

    qui s'tait fait couronner roi , Hincmar, profitant de

    cette circonstance, s'employa procurer aux jeunesrois l'alliance et la protection de leur cousin Charles

    le Gros -.

    Mais Hincuiar ii'olitinl gure de Louis III que devaines promesses d'obissance ses conseils ^ et des

    marques d'ingratitude. Une lutte des plus vives s'en-

    gagea entre le roi et l'archevque au sujet des lec-tions piscopales de Noyon et de Beauvais. Aprs la

    l II crivit aux rois Louis el Garloman une lettre oii il leurmontrait qualiter in lections ipsorum consenserit, quando electisunt ad regni principatum, et qu ab eis pro hac electione man-data perceperit. (Flodoard , Hist. eccles. Reinensis,l. III, c. l'J.)Il rappela encore, en 881, Louis III l'aide qu'il lui avait prtelors de son couronnement : Vos autem sanctte ecclesite et ojusrectoribus atqu mihi servate quod illi ( antecessores vestri) con-servaverunt ; et pro devotionis Pidelitate quam vobis cum ca^terisfidelibus vestris in electione vestra , non sine magno labore adprovectionem regiminis

    ,

    quo poiiti estis,nolite retribuere mihi

    mala pro bonis. Lettre XIX d'Hincmar, Patrol. lat., vol. GXXVI,col. 1 15.

    2. De Institutione regia, Patrol. lat., vol. GKXV, col. 989.3. Hincmar crivait Louis III : De eo quod in litteris vs-

    trisquas pridie Nonas transacti mensis Mail , dfrente clerico

    nomine Teutberto, relegi , voluntarie vos subjicere velle exigui-tatis mefe consiliis, et secundum quod hortatus fuero agere et dis-ponere in ecclesiasticis et siecularibus negotiis , et me fiducire

    vosmetipsos subjicere velle , et secundum datum a me consiliumregni vestri jura componere. Lettre XIX d'Hincmar, Patrol. lat.;vol. GXXVI, col. 114.

  • XIV

    mort de Raginolmus , voque de Noyon , en 880 , leclerg et le peuple procdrent l'lection de sonsuccesseur'. Hdilon, candidat d'Hincmar, fut lu.Le roi, mcontent de n'avoir pu donner ce sige quelqu'un des clercs du palais , voulut s'opposer son ordination. Hincmar lui reprsenta combienc'tait un pch grave de retarder une conscration ;il lui rappela , ainsi qu' son frre , la distance qui

    spare la dignit royale de la dignit pontificale.

    Nous n'avons plus la lettre qu'crivit Hincmar cesujet ; mais Flodoard en dit assez pour que nous nedoutions pas que l'archevque, reprenant une ide

    qui lui est familire , n'ait insist sur le devoir des

    rois de ne pas s'ingrer dans les affaires de l'glise

    et particulirement dans les lections piscopales.

    Hincmar informa aussi l'abb Hugues de sa conduite ;il n'avait fait que se conformer aux saints canons,

    comme on le lui avait vu faire pendant trente-cinq

    ans. L'lu fut donc consacr. Par malheur, c'tait un

    prtre de fort mauvais renom , et qui , disait-on

    ,

    menait une vie qu'on et blme cliez un bon laque.Peu aprs, Eudes , vque de Beauvais , vint mou-rir (28 janvier 881). Le roi concda au clerg et aupeuple l'lection canonique ~. Deux lections succes-

    sives dsignrent des personnages , d'abord Fro-

    mold,

    puis Honort,

    que le clerg de la province

    1. Voyez Flodoard, Hislor. ecclcs. Remens., 1. III, c. 19, 24, 25 ;Gallia Chrisliana, t. IX , col. 989.

    2. Voyez Flodoard, Histor. ecclcs. Remens., 1. III, c. 18; Hinc-

    mar, lettres ^Va, XX, XXXIII, XXXIX, Patrol. lat. , vol.CXXVI; Gallia Christiana. t. IX

    . p. 698.

  • XV

    rejeta ruii et rnutre comme indifnes. Le roi fit alorslire son candidat Olacre. M.iis Iliucmar soutenait

    un certain Raoul ; el d ailleurs il [)rlendait que le

    peujtle el le clerg de Beauvais, ayaid deux reprises

    lu une personne indigne, avaicuil |terdu leur drnild'lection et que le choix de levque appartenait dslors au mtropolitain. Le synode provincial de Sainte-

    Macre refusa de ratilier le dcret d'lectiiui d'Udacre.

    Le roi voiut imposer sa volont ; il s'attira une

    rponse d'Hincmar, o celui-ci dclarait hautementsa ferme rsolution de ne cder ni devant les flatteries,

    ni devant les menaces, et de ne pas manquer au res-pect des canons la dfense desquels il avait consacr

    sa vie. Louis III insista encore pour vaincre la rsis-

    tance d'Hincmar. Ce dernier dans une seconde lettre

    promit de se soumettre au jugement d'iui conciledevant lequel il exposerait sa conduite. Il terminait

    en menaant le roi d'une mort prochaine s'il ne

    renonait pas ses entreprises contre les liberts

    ecclsiastiques' . L'empereur Louis n'a pas vcuautant que son pre Charles; votre aeul Charles n'a

    pas vcu autant que son pre; votre pre a vcumoins encore

    ;quand vous tes Compigne , dans

    1 . a Non vixil tt annos Ludovicus imperator quot pater suusCarolus ; non vixit tt annos Garolus avus vester quot annos pater

    suus vixit ; non vixit pater vester tt annos quot pater suus ; et

    quando statis in illo statu ubi avus vester et pater vester steteruntapud Gompendiura , inclinate oculos ubi jacet pater vester, et, sinescitis, interrogate ubi mortuus fuit et ubi jacet avus vester, et nonexaltetur cor vestrum ante eum qui mortuus fuit pro vobis et pro

    nobis omnibus, et resurrexit a mortuis et jam non moritur : etcertiestote quia moriemini, nescitis qua die vel qua hora ; et ideo

    necesse est et vobis et nobis omnibus secundum advocationem

  • XVI

    ce palais o ont rsid votre aeul et votre pre,tournez vos regards sur le tombeau de votre pre, et,si vous ne le savez pas , demandez o est mort et orepose votre aeul ; et qu'alors votre cur ne s'enor-

    gueillisse pas devant celui qui est mort pour vous et

    pour nous tous,

    qui est ressuscit d'entre les morts

    ,

    et qui est ternel ; soyez certain que vous mourrez,

    mais vous ne savez ni le jour ni l'heure ; aussi vousfaut-il toujours tre prt , comme nous tous

    ,

    rpondre l'appel de Dieu... Vous disparatrez bien-tt ; tandis que la sainte glise , avec ses ministres

    ,

    comme le lui a promis le Christ, son matre , demeu-rera dans l'ternit. Hincmar lana contre Odacrel'excommunication. Quant au concile dont il avaitdemand la runion, il n'eut pas lieu. L'affaire ne pritfin qu'aprs la mort d'Hincmar, quand Foulques, sonsuccesseur, eut chass Odacre du sige de Beauvais.Louis III mourut le 5 aot 882. Hincmar vit dans

    sa mort un juste chtiment du ciel. On appela Garlo-man , alors occup au sige de Vienne

    ,

    pour qu'il

    vnt recueihir la succession de son frre et repousser

    les incursions des Normands '. L'archevque deReims rentra en scne. Hugues l'abb tait toujours

    Domini paratos esse, quia nescimus qua hora vniel nobis finis : et

    ideo non exaltetur cor vestrum contra eum,

    in cujus manu vitadiesque nostri consistunt. Vos cito deficieiis

    ,et sancta Ecclesia

    cum suis rectoribus sub Gliristo rectore secundum promissionemejus permanebit sicut luna perfecta in ternum. Hincmar,leUreXX, Palrol. lat., vol. CXXVl , col. 117.

    1. Annales de Saint-Berlin, a. 882, e\, Annales de Saint- Vaast,

    a. 882,d. Dehaisnes, pp. 290, 313.

  • XVII

    la [Me, (lu gouvernement ' : comme arcliicliapcluin

    ,

    il avait la direction du clerg '; coininc duc deFrance, il t'tait le vritable lieutenant du roi, et dis-

    posait de toutes les forces militaires. Son plus grand

    titre de gloire tait d'avoir organis la rsistance aux

    Normands. Mais l'aristocratie, loin de le seconder,s'loignait de plus en plus du roi. Ds 881 , Louis IIIayant fait construire une forteresse Etrein, prs de

    Cambrai, ne trouva personne qui voulut la garder ^.

    11 importait donc de rtablir entre la royaut et l'aris-tocratie l'accord qui avait exist entre elles au com-

    mencement du sicle. Hincmar fut charg de tracerla voie suivre pour la restauration de l'tat. Per-

    sonne plus que lui n'tait mme d'accomplir cettetche. D'autant plus qu'on se proposait simplementde relever les institutions du royaume telles qu'ellestaient sous Charlemagne et Louis le Pieux. Or,Hincmar avait connu dans sa jeunesse des contem-porains de Charlemagne. 11 avait frquent le palais

    au temps de la plus grande prosprit de l'empire

    ,

    avant que les luttes entre les princes de la famille

    royale n'y eussent sem la division. Il avait pris partau gouvernement sous le rgne de Charles le Chauve.On savait sa fidlit la famille carolingienne , et son

    1. Hugo nobilissimus abbas strenue rempublicam gubernanscum armis tum consiliis suis... Miracula Sancti Denedicii , auc-tore Adeierio , 1. I, c. XLI, d. Decertain

    ,p. 87.

    2. Hugo... qui monarchiam clericatus in palatio optinens

    ,

    ducatum etiam regni post regem nobilitcr amministrabat. Annales SancLr Columb Senonensis , Pertz

    ,Scriptor., t. I

    ,p. 104.

    3. Annales de Saint-Berlin , a. 881 , d. Dehaisnes,p. 286.

    HI>'CMAR.

  • XVIII

    zle constant pour la dfense des intrts du royaume.Sa lutte contre Louis III n'avait rien diminu de sonautorit morale.

    Telles sont les circonstances au milieu desquellesil adressa aux voques , et indirectement au roi et ses conseillers, son opuscule sur l'organisation dupalais et de l'Etat.

    Pour donner plus d'autorit sa parole , il s'appuyasur les traditions qu'il tenait des conseillers de Louisle Pieux'. Et, comme il ne voulait rien innover,

    mais seulement ramener ses contemporains l'observation des rgles de gouvernement suivies parCharlemagne et son fils , il prit comme base de sontravail un opuscule de l'abb Adalhard intitul : DeOnline Palatil '. Il est assez difficile de faire ledpart entre les ides propres Hincmar et cellesqu'il a empruntes Adalhard. Toutefois, il n'estpas douteux qu'il n'ait apport des modifications autrait d'Adalhard. D'abord les onze premiers chapitres

    et le dernier sont tout entiers sortis de sa plume. Et

    ce ne sont pas les moins importants du livre. 11 yinsiste sur le caractre de la royaut , et sur l'obliga-

    tion o elle est de se soumettre l'glise. 11 rappellele roi au respect des liberts ecclsiastiques et sur-

    tout des lections canoniques : observations qui

    avaient alors un intrt immdiat et tout contempo-rain. A partir du chapitre XII , il retrace l'anciennehirarchie et le rle des officiers du palais, puis le

    I. De Ordine , cl.l. Ihid.,c. Xn. Sur l'abb Adalhard, voyez le chapitre XII.

  • XIX

    fonctioniiomeiiL des assombles. Il insisto sur la

    fidlit et le dvouement des grands au roi. Danscette partie mme de son opuscule, il ne reproduitpas toujours le texte d'Adalhard. Il reprsentecomme anciennes des institutions contemporainesd'Adalhard. Il emploie constamment l'imparfait. Ildonne l'archicliapelain des attributions consid-rables ', et qu cet oificier ne possdait peut-trepas, aussi tendues, au dbut du ix* sicle. Mais ilimportait de justifier et mme de consolider le pou-voir de Hugues l'abb , le seul homme qui par sonintelligence , sa valeur, son autorit personnelle fut

    capable de restaurer et de sauver l'tat. Adalhardn'avait pas d songer, comme le fait Hincmar, retracer l'histoire de l'apocrisiaire , et faire remon-ter l'origine de cette charge jusqu' Constantin. Nousne voyons pas que pour les autres offices du palaisHincmar ait cherch d'une faon analogue prouverleur antiquit. Le rcit du baptme de Clovis n'est-ilpas encore une addition de l'historien et successeurde saint Rmi-'? Dans la liste des archichapelainsque donne Hincmar au chapitre XV figure l'vqueDrogon qui n'avait i)as encore obtenu cette digniten l'anne o mourut Adalhard, en 8,26. L'insistanceavec laquelle Hincmar recommande aux conseillersde garder le plus profond secret sur les dlibrationsauxquelles ils ont pris part ^ , de peur d'veiller desmcontentements et des haines , et de susciter des

    1. De Ordine, c. XIII, XIV, XV. XVI.2. Ibid., c. XIV.

    3. Ibid., c. XXXI.

  • XX

    rvoltes se rapporte i)lutt l'poque trouble

    d'Hiiicmar qu' celle d'Adalhard. Enfin, on doit se

    demander si au temps de Charlemagne une hi-rarchie s'tait dj tablie parmi les grands majores,et si l'on pouvait distinguer, comme le fait Hincmar,entre les seniores et les minores ',

    Le De Ordine Palatii a donc un double intrt :il nous permet , en le rapprochant des annales et des

    capitulaires, de tracer un tableau des institutions

    carolingiennes vers 814, et en mme temps il nousclaire sur les vues politiques d'Hincmar et lesrformes qu'il jugeait ncessaires en 88'2.A ce dernier point de vue, il doit tre rapproch

    de quelques autres opuscides , o Hincmar a exposses thories politiques.

    Il avait adress Charles le Chauve, une poquequ'on ne saurait dterminer, un trait sur les devoirs

    du roi De Rgis persona et regio 7ninisterio ~.

    C'est un vritable manuel du roi chrtien. Hincmar

    y a trac le portrait idal du roi selon l'esprit del'glise. Il n'a fait que runir avec habilet des

    morceaux extraits des saintes critures et surtout

    des Pres de l'glise, saint Cyprien, saint Gr-

    goire,saint Augustin , saint Innocent. Cependant

    ,

    on peut en tirer quelques renseignements sur le

    caractre de Charles le Chauve. A la faon dont

    Hincmar prche au roi la svrit , on voit que ce

    qu'il dplorait le plus chez lui, c'tait son extrme

    1. De Ordine , c. XXIX.

    2. Palrologie latine, vol. CXXV, col. 833.

  • XXI

    faiblesse de cjii'actrrc '. Il ((tiiviciil s;iiis ddiitc aux

    rois d'tre misricordieux; mais il leur faut user propos de leur droit de juger et de punir.On attribue avec vraisemblance Ilincmar la

    rdaction de la lettre adresse Louis le Germanicjuepar les vques des provinces de Reims et de Rouen,runis Quiersy (fm de 858), au moment o celui-ci, appel par les grands, envahissait la France, et

    quand Charles venait d'tre abandonn par sonarme Brienne -. Les vques engageaient Louis se mfier de ses partisans et le conjuraient de serconcilier avec son frre. Ils lui donnaient en outre

    des conseils sur la conduite qui convenait un roi.

    En 875, Louis le Germanique, profitant deTabsence de Charles qui tait all chercher la cou-

    ronne impriale Rome, fit une seconde tentativesm^ la France. Il se prsentait comme un redresseur

    de torts. 11 venait , disait-il , mettre fin aux maux

    dont souffrait le royaume par suite de la ngligenceet de rincapacit de son frre. Les esprits taient

    hsitants. Hincmar crivit aux vques et aux grandsde la province de Reims une lettre o il les enga-geait rester fidles au roi absent '\ Mais on voit

    combien Hincmar lui-mme avait peu de confiancedans la cause de Charles. Il lance contre lui un vri-

    1. De rgis persona, c. XIX, XX, XXIII, XXIV, XXV,XXVI , XXVIl, XXVIII, XXIX, XXX, XXXI, XXXII.

    2. Patrol. lat., vol. GXXVI , col. 9.3. Cette lettre est connue sous le titre de : Epistola ad episcopos

    et proceres provincisf Rhemensis de fide Carolo rgi servanda.

    Patrol. lat., vol. CXXV, col. 961.

  • XXII

    table acte d'accusation. Ce cfiii Tempche de se tour-ner vers Louis, c'est qu'il a prt serment Charles,

    et que lui , vque , ne veut point se parjurer. Commeil prvoit cependant le cas o Louis pourrait trevainqueur, il mnage ses blmes et ses attaquescontre lui. On sent que , tout en priant les vquesde garder leur foi Charles , il n'est pas loign desouhaiter la victoire de son ennemi. La faiblesse deCharles le Chauve justifie les hsitations de l'arche-vque. Ne pouvait-on pas esprer qu'un prince plusnergique relverait le royaume abattu et remettraitl'ordre l ou il n'y avait dj plus que dsordre.Les factions divisaient de plus en plus le royaume.

    Les grands s'loignaient chaque jour davantage dela royaut. Le roi avait non plus des sujets, maisseulement des partisans. La fidlit des seigneurs

    son gard tait en raison directe des dignits qu'ilsavaient reues. Aprs la mort de Charles le Chauve,Louis le Bgue par ses libralits envers les grandsqui l'entouraient s'alina ceux qui n'avaient point eu

    part ses faveurs. Ceux-ci se rvoltrent et voulurent

    s'opposer son couronnement. Le jeune roi enappela l'exprience d'Hincmar, qui lui marqua

    dans une lettre la ligne de conduite suivre. Il fal-

    lait avant tout arriver un accord avec les rebelles.

    Le royaume avait t florissant tant que l'union

    avait subsist entre le roi et les grands. La rdaction

    de cette lettre intitule : Instructio ad Ludovi-cum Balbum ^ se place entre la mort de Charles

    1. Palrol. M., vol. CXXV, col. 983.

  • le Chauve (6 octobre 877) et le couroniicniciil de Louisle Bgue (8 dcembre 877).Nous avons dit plus haut qu'Hinciuar huplora i)Our

    Louis 111 et Carloinan la protection de leur cousin

    Charles le Gros. Il en jinifila pour crire un i)etil

    trait de l'ducation des princes : De Institutione

    rgis '.

    Au synode de Sainte-Macre , tenu Fismes, le 2avril 881 -, Hincmar rappela au roi Louis III lesdevoirs que lui imposait sa dignit, et qu'il semblait

    avoir oublis. Il y exposa en outre ses ides sur les

    rapports des deux pouvoirs qui gouvernaient lemonde : le pouvoir royal et le pouvoir pontifical. Ilinsista sur la protection que le roi est tenu d'accor-

    der l'glise. Le De Ordine Palatii ne fut auxyeux d'Hincmar qu'un complment des canons deSainte-Macre ^.

    Les incursions des Normands jusqu'aux portes deReims forcrent l'archevque se rfugier per-nay, emportant avec lui les rehc[ues de saint Rmi *.De l , il adressa aux vques un second avertisse-ment ^ destin au roi , et presque entirement extraitdu De Persoiia rgis, des Canons de Sainte-Macre, et du De Ordine.

    1. Patrol. lat., vol. CXXV, col. 989.2. /6irf., vol. CXXV, col. 1069. Labbe, 6^n7ia, t. IX, col.

    937.

    3. De Ordine, c. XI, XXXVII.4. Annales de Saint-Berlin, a. 882, d. Dehaisnes, p. 290.

    5. Palrol. lat., vol. CXXV, col. 1007.

  • XXIV

    Hincmar mourut peu aprs, la fin de l'anne882 '.

    Ses ouvrages politiques ne sont pas isols au ix^

    sicle. Hincmar n'a fait que reprendre la traditionecclsiastique touchant les devoirs de la royaut. Ila renouvel la doctrine dont d'autres illustres per-sonnages de l'glise s'taient faits avant lui les inter-prtes.

    Smaragde % abb de Saint-Mihiel au diocse deVerdun , est le premier qui , aux temps carolingiens,ait compos sous le titre de Via Regia ^ un traitdes devoirs du roi. L'auteur montre aux princes lavoie suivre pour gagner le royaume ternel. Celivre est ddi un roi que l'auteur ne nomme pas

    ,

    mais qu'il dsigne clairement,

    quand il lui dit qu'ila t proclam roi ds sa plus tendre enfance *. Ils'agit, n'en pas douter de Louis le Pieux, n en778 , qui son pre avait donn le royaume d'Aqui-taine ds sa naissance , et que le pape avait sacr en

    781. Smaragde a crit son livre avant 813, poque laquelle Louis le Pieux fut associ l'empire ; car ilne donne jamais que le titre de roi au personnage qui il s'adresse.

    1. Annales de Saint-Vaast, a. 882, d. Dehaisnes,p. 314.

    2. Voyez l'Histoire littraire, t. IV, p. 439.

    3. Publ. d'Achery, Spicilge, d. in-4o, t. V, p. 1 ; d. in-fo, 1. 1,p. 238 ; Patrol. lat., vol. Cil, col. 933.

    4. llicc te prospicua claraque indicia ab infantia regem cla-mitant regemque confirmant. (Patrol. lat., vol. Cil, col. 933. Et dum adhucparvulus esses, regali te sede sublimiter evexit. {Ibid., cl.]

  • xxv

    Jonas ' , vqiio d'Orlans , envoya Ppin , roi

    d'Aquitaine, et fils de Louis le Pieux, un opuscule

    dsign sous le titre de De histilutione rcfjia'. Ilavait connu Ppin en Aquitaine, province dont iltait originaire ^. Cet ouvrage tant reproduit , moinsla prface et les deux derniers chapitres , dans lescanons du concile de Paris de 829 * , les auteurs del'Histoire Littraire en ont conclu qu'il avait t ter-

    min avant cette poque et insr dans les actes duconcile. Ils n'ont pas pris garde que Jonas , dans sa

    prface, parle de la dehonoratio de Louis lePieux ^, et flicite Ppin de n'y avoir pas eu part.Or, la premire dposition de Louis n'eut lieu qu'en830. Il est vrai que Ppin y avait assist et avait con-tribu dpouiller son pre de la puissance royale.Jonas ne l'ignorait pas ; mais Ppin contribua bienttaprs la restauration de son pre, et d'ailleursJonas voulait mnager l'orgueil de Ppin ; il lui suffi-sait de le dcider abandonner le parti de ses frres.Aussi lui rappelle-t-il le respect que les fils doivent

    1. Voyez {'Histoire littraire, t. V, p. 20.

    2. Publ. d'Achery, Spicilge , d. in-4o, t. V, p. 57 ; d.in-fo, t. I, p. 324; Patrol lat., vol. CVI , col. 279.

    3. Jonas dit dans sa prface : Cum vestrae potestati , in cujusregno ortus et altus, litterisque admodum imbutus

    ,comaque capi-

    tis deposita Gliristi militiae sum mancipatus, jure fideliterquedebui obsecundare. {Patrol. lat., vol. CVI, col. 279.)

    4. Labbe, Concilia, t. VII, col. 1636.

    5. Quia igitur quantum orthodoxum virum piumque Ca?sa-rem, dominum nostrum, genitorem vestrum dilexeritis

    , eique inomnibus fideliter et humiliter subjectifueritis, dehonorationem a?gretulerilis omnibus nobiliter, imo memorabiliter, manifestastis. (Patrol. lat.

    ,vol. CVI, col. 283.

    )

  • XXVI

    leur pre. Il le supplie humblemeut de rester fidle l'empereur, et de ne pas favoriser la guerre civile.Cet opuscule n'a donc t adress Ppin qu'aprsla dposition de 830, et avant celle de 833; aprslaquelle il et t impossible Jonas, si indulgentft-il , de parler Ppin de ses sentiments de fid-lit et de respect envers son pre. Jonas avait doncsimplement extrait des canons du concile de Parisles chapitres qui se rapportaient aux devoirs du roi

    ,

    et dont il tait probablement le rdacteur. Il lesavait fait prcder d'un prambule et y avait ajoutdeux chapitres. C'est du reste ce que semble indiquerla dernire phrase de l'adresse Ppin KVers la mme poque , un autre prlat non moins

    clbre, et qui joua un rle considrable dans lestroubles du rgne de Louis le Pieux, Agobard-,envoya l'empereur une lettre connue sous le nom

    de De Compapatione regiminis ecclesiaslici etpolitici ^

    ,et o il dterminait l'tendue du pouvoir

    des deux souverains qui gouvernaient le mondechrtien : l'empereur et le pape. Cette lettre fut

    crite en 833 , au moment o Grgoire IV s'apprtait venir en France , amen par Lothaire. Il faut enrapprocher un autre crit du mme auteur connu

    1. Restant praeterea plura quic vestr celsitudini charitate

    dictante scribenda forent, ni veritus fuissem et modum epistolaremexcedere

    ,et vestr dignationi quoquo modo oneri esse; quse,

    quia hic pnetermittuntur, in sequentibus ex oraculis divinis etsanctorum Palrum dictis congesta capitulatim ponuntur, [Patrol.lut., vol. CVI, col. 284.)

    2. Histoire littraire, t. IV, p. ,5G7.

    3. Patrol. lat. vol. CIV, col. 291.

  • XXVII

    sous le nom do Flebilisepistola dedivisione impe-

    ni Francorum inter fit ios Ludovici impera'toriH K

    Un crivain irlandais , Sedulius Scotus ^,

    qui s'tait

    tabli Lige entre 840 et 851 , nous a, lui aussi,

    laiss un trait de la royaut chrtienne, le Liber de

    Rectonbns christianis ^. Comme les ouvragesd'Hincmar, de Smaragdo et de Jouas, c'est une ru-nion de textes emprunts ta l'criture sainte et auxPres de l'glise. Cependant l'auteur y prend assez

    souvent la parole. Chacun des vingt chapitres qui

    composent le livre se termine par une pice de vers

    qui en est la paraphrase. On ne saurait dterminerni l'poque laquelle fut compos ce trait, ni lenom du roi auquel il tait ddi ^.

    Une mme doctrine se retrouve dans tous cescrits. Nous nous efforcerons de l'en dgager. Mais

    comme il s'agit de replacer le De Ordine dans sonmilieu, on s'appuiera surtout, dans l'expos qui va

    suivre, sur les crits d'Hincmar; et on s'efforcera defaire ressortir les ides qui sont particulires l'ar-

    chevque de Reims sur la royaut et le gouverne-ment.

    1. Patrol. lat., vol. CIV, col. 297.

    2. Sur Sedulius Scotus ou Sedulius de Lige , voyez : Pirenne,Sedulius de Lige, Bruxelles, 1882, in-8o, extrait des Mmoires del'Acadmie royale de Belgique, collect. in-8o, t. XXXUI.

    3. Patrol. lat., vol. CIII , col. 291.

    4. Cependant M. Pirenne, qui a tudi d'une faon spciale lavie de Sedulius, pense que cet opuscule a t ddi au roi Lothaireet qu'il tait destin l'ducation de ses fils. (Pirenne, op. cit..,p. 34.)

  • XXVIII

    Tous les crivains ecclsiastiques sont d'accord

    pour voir dans la royaut une institution d'ordrereligieux. Le pouvoir du roi mane de Dieu'. C'estDieu qui dispose des trnes : Domini est regnum

    ,

    et cui voluerit dabit illud^, Le roi est dsignd'avance par Dieu ^. Il est comme le vicaire du Tout-Puissant sur la terre ^. Nul n'a pos avec plus denettet qu'Hincmar le principe du droit divin.Les rois carolingiens n'ont pas envisag diffrem-

    ment la nature de leur pouvoir. Dans leurs diplmeset leurs capitulaires, ils se proclament rois par la

    grce de Dieu, gracia Dei, per misericoy^diamDei , a Deo coronati.

    1. Hincmar, De rgis persona , c. I : Quod bonos reges Deusfacit, malos permitdt. Jonas, c. YII : Nemo regum a pro-genitoribus regnum sibi administrari sed a Deo veraciter atquehumiliter credere dbet dari Hi vero qui a progenitoribus sibisuccedere regnum terrenum

    ,et non potius a Domino dari putant,

    illis aptanlur quae Dominas per prophetam improbat, dicens :Ipsi regnaverunt et non ex me

    ;principes exstiterunt et non

    cognovi. Sedulius,c. I etc. II.

    2. Hincmar, De rgis persona, c. I.

    3. On lit dans le discours de lvque Adventius au sacre deCharles le Chauve comme roi de Lorraine : (Rex) quem ipse(Deus) ad salutem et profectum nostrum prscitum et electumatque predestinatum habebat secundum misericordiam suam. {Patrol. lat., vol. GXXV, col. 803.) Et encore dans lesformules de bndiction prononces par les vques au sacre deLouis le Bgue : (Deus) qui te voluit super populum suumconstituere regem. [Ibid., col. 812.)

    4. Sedulius , c. XIX : Oportet enim Deo amabilem regnato-rem quem divina ordinatio tanquam vicarium suum in regimineecclesia? sure esse voluit, et potestatem ei super utrumque ordi-

    nem prlatorum et subditorum tribuit, ut singulis personis et

    quae justa sunt dcernt , et sub sua dispensatione prior ordo dvoteobediendo fldeliter subditus fit.

  • XXIX

    Mais si les rois sont des reprsentants de Dieu , et

    s'ils n'agissent que par rinsi)iration divine , on peut

    s'tonner de voir les njyaumes livrs des hommesimpies et pervers. Dieu , rpond Hincmar, ne donnepas le trne aux mauvais rois. 11 ne fait que les tol-

    rer, quand la perversit des peuples rclame un ch-timent. 11 tourne son profit la malice des tyrans '.

    L'onction sainte confre au roi ses pouvoirs. 11

    n'exerce son autorit qu'en vertu de la dlgation

    qu'il a reue au jour de son sacre ^. C'est alors queles voques lui remettent le sceptre, symhole de sapuissance ^.

    Ce n'est pas dire que le peuple ne joue aucunrle dans le choix du souverain. Mais l'lection n'estaux yeux du clerg qu'un moyen choisi par Dieupour manifester sa volont. Aucun prince carolingien

    n'est mont sur le trne qu'il n'ait t au pralablereconnu roi par les grands. Quand Charlemagnerunissait les vques , les abbs , les comtes pourleur demander conseil sur le choix de son successeur,il tait certain que nul n'oserait s'opposer au couron-

    1. De rgis persona, c. 1.

    2. Smaragde , Prface : Deus... caput luum oleo sacri chris-matis linivit et dignantcr in filium adoptavit , constituit te regempopuli terrte.

    3. Gouronnemont de Louis le Bgue : Sceptri iradilio. Accipesceptrum, regitc potestatis insigne, virgam scilicet regni, virgamvirtutis

    ;qua teipsum bene regas , sanctam ecclesiam, populum

    christianum tibi a Deo commissutn, regia virtute ab improbisdefendas, pravos coriigas , rectos, ut viam rectam tenere possint,tuo juvamine dirigas. (Patrol. M., vol. CXXV, col. 810.)

  • XXX

    nement de son fils '. Mais plus tard les factions sedivisent le royaume ; les grands ne considrent plusle roi que comme lenv se)iior^; et Louis le Bgue,pour recueillir l'hritage de son pre , doit faire desconcessions Faristocratie. Hincmar savait combienil tait important , avant de couronner le roi , d'obte-nir l'adhsion des grands. Aussi, quand, dpouillantson caractre ecclsiastique, il parle en hommepolitique et adresse des conseils Louis le Bgue, ill'engage ne pas blesser Forgueil des seigneurs et

    se les concilier comme avaient fait ses anctres ^.

    Quant au principe de l'iirdit du pouvoir royal

    ,

    encore qu'on le trouve exprim dans certains textes

    ,

    par exemple dans une lettre de Paul I ^ aucuncrivain ecclsiastique n'y a insist. Que la couronnefasse partie du patrimoine des fds de rois , ce n'estpas encore une ide courante au ix^ sicle. En 835,les voques dclarent bien que le roi a t dpouill tort du royaume qu'il tenait de son pre ^ C'taientcependant ces mmes vques qui avaient contribu dposer l'empereur. De plus, Gharlemagne et Louis

    1. Eginhard, Vita Karoli, c. 30 ; Vila Hlndowici, c. 20, Perlz,Script., t. II, p. 617.

    2. Couronnement d'Herminlrude : Volumus vos scire, fra-tres, quia domnus et senior noster, Carolus rex. gloriosus. . [Patrol. lat., vol. GXXV, col. 813.)

    3. Instructio ad Ludovicum Balbuin.

    4. Ep. XXII, Patrol. lat., vol. LXXXIX, col. 1174.b. Iramerito depositus paterno hereditarioque rgne et honore

    et regio nomine. Annales de Saint-Berlin, a. 835, d. Dehaisnes,

    p. 17.

  • XXXI

    le Pieux assignent des royaumes leurs (ils; ils asso-

    cient mmerain l'empire pour lui en assmer aprseux la possession. Les carolingiens prennent toutes

    sortes de prcautions pour que la dignit royale n e-

    cliappe pas hnn-s tils. En 878, Louis le Bgue pntmet Louis, fils de Louis le Germanique , au cas o il luisurvivrait, d'aider son fils recueillir TlK^ritage

    paternel, c'est--dire son royaume . Le roi lgitime,

    c'c^st bien plutt, aux yeux de l'Eglise, celui qui a

    t sacr. Si Hincmar, en 858 et en 875, hsite se

    rallier Louis le Germanique , c'est non seulementqu'il a prt serment de fidlit Charles le Chauve,

    mais c'est encore que Charles le Chauve est celui qui Dieu a donn la couronne. Il est donc le sou-verain lgitime ~. L'idal de la royaut , c'est la

    royaut juive , institution essentiellement thocra-tique. Or, bien que les Juifs tinssent compte , dans

    une certaine mesure, du principe d'hrdit et del'adhsion du peuple, c'tait le sacre qui confrait leurs rois leur autorit.

    En face du pouvoir royal , ou plutt au dessus delui, s'lve le pouvoir ecclsiastique. Le pape Glaseavait dit : Le monde est rgi par deux puissances,la puissance sacre des pontifes et la puissanceroyale. Mais la charge dvolue aux prtres est d'au-tant plus lourde qu'au jour du jugement dernier ils

    1.

  • XXXII

    auront rendre compte de la conduite des rois '.

    Tel est le texte qui sert de base aux crivains duix" sicle pour dterminer les rapports des deuxpouvoirs, laque et ecclsiastique. Jonas, qui cite la

    lettre de Glase ^, y ajoiite ^ les paroles prtes parRufin d'Aquile Constantin, au concile de Nice : Dieu , dit-il aux voques

    ,vous a tablis prtres et

    vous a donn le pouvoir de nous juger; aussi, c'est bon droit que vous usez de cette prrogative

    ;quant

    vous , il n'appartient pas aux hommes de vousjuger ^. Hincmar, tout en reconnaissant dans sontrait de la royaut le droit des prtres gouverner

    le roi , ne s'tait exprim sur ce point qu'avec rserveet timidit ^. Mais , au concile de Sainte-Macre

    ,

    rappelant le texte de Glase , il proclama bien haut

    le principe de la subordination de la royaut

    l'glise. La mission assigne aux vques diffre, ilest vrai , de celle confie aux rois : les premiers ont

    le gouvernement du monde spirituel , les seconds, legouvernement du monde temporel. Mais l'autorit

    1. Duo sunt quibus principaliter mundus hic regitur, auctori-tas sacra pontificum et regalis potestas. Sed tanto gravius est pon-

    dus sacerdotum quam regum,

    quanto etiam pro ipsis regibus

    hominum in divino reddituri sunt examine rationem. Glase,ep. Vin ad Anasiasium imperatorem, Patrol. lat.. vol. LIX, col. 42.

    2. Jonas, c. I.

    3. Ibid.,c. II.

    4. Deus vos conslituit sacordotes et potestatem ddit de nobis

    quoque judicandi, et ideo nos a vobis recte judicamur : vos autemnon potestis ab bominibus judicari. (Rufin, Hislor. ecclesiaslica

    ,

    I. I, c. 2.) Ce texte est encore rapport dans le capitulaire de

    Worms, d'aot 829 (Pertz, Legea, t. I, p. 338.)5. De rgis pcrsona, Prxfalio.

  • XXXIII

    des voques dpasse celle des rois d'autant que leschoses du ciel dpassent celles de la terre. D'ailleursc'est aux vques qu'il appartient de sacrer les rois,de les juger et de les dposer ; tandis que les rois nepeuvent ni sacrer, ni juger, ni dposer les v(|ues.Hincmar reprit la mme ide, quoique avec moins deforce et d'exagration dans le DeOrdine ' et dans lalettre qn'il adressa aux vques peu de temps avantsa mort. Agobard n'a point profess une doctrinesensiblement diffrente. Cependant , tandis qu'Hinc-mar, quand il parle de l'glise et du roi, a toujoursen vue l'Eglise de France et le roi de France,

    Agobard lve ses regards plus haut , et met enprsence les deux puissances suprmes qui dominentle monde chrtien , le pape et l'empereur.Le roi ne doit jamais oublier les devoirs que sa

    charge lui impose. Il aura toujours prsente l'espritla nature de son office , dont le nom mme lui rap-pelle la grandem'. Isidore de SviUe avait dit : Reges a recte agendo vocati sunt, ideoque rectefaciendo rgis nomen tenetur, peccando amittitur '".

    C'est l une tymologie que les crivains du ix*' si-cle se plaisent rpter ^.

    Le roi a des devoirs envers Dieu et l'glise, enverslui-mme, envers ses sujets.Smaragde et Sedulius recommandent au roi d'avoir

    1

    .

    De Ordine, c. V et VI.2. Sententiarum, 1. III

    ,c. XLVIII, g T.

    3. Jonas, c. III. Sedulius, c. II. Hincmar, De Ordine, c.VI. Alcuin,ep. xi , Patrol. M., vol. C col. 159. Capitul.de Worms, aot 829, Pertz

    ,Leges , t. I

    ,p. 34G.

    U V 1 - Il t D ^

  • X.WIV

    continuellement les regards tourns vers Dieu, sourcede toute puissance '. Il faut observer ses prceptes,le craindre et l'honorer. Car c'est lui (pii donne auxrois la victoire ou les renverse ; de lui seul dpend lagrandeur des empires. Le roi doit avoir plus curde mriter le titre de serviteur du Trs-Haut quecelui de roi des hommes '".

    La meilleure manire d'honorer le Seigneur, c'estde protger ceux cjui travaillent pour lui sur laterre . Le roi est avant tout le protectem* del'ghse ''. 11 doit la dfendre contre ses ennemis

    ,

    respecter et faire respecter ses liberts et ses privi-

    lges ^ Le roi chrtien ne s'ingrera dans les affairesde l'Eglise qu' titre de dfenseur. Il respectera les

    droits des vques , assurera la libert des lectionspiscopales

    ,

    permettra et mme provoquera la tenuedes conciles '*. Bien loin de disposer des terres eccl-

    l. Sinaragde,c. II et III. Sedulius, c. 1

    ,XI\\ XV.

    i. Sedulius, cl: Piissimi et gloriosi principes plus se minis-tros ac sers'os E.x;celsi qaam dominos aut reges hominum nuncupariet esse exsullant.

    3. Sedulius, c. XI : ^ Tune vero honorare Aitissimum bonusprinceps cognoscilur, cum illorum qui laborant in agro doniinico

    ,

    tanquam magni rgis dispensator, adjutor et protector effcilur.

    4. Jonas, c. IV : ^c Ipse (re.x) enim dbet primo defensor esseecclesiarum et servorum Dei.

    5. Sedulius, c. XIX : Quisquis est prudens et sanclus chris-liani populi duminaior de privilegiis et causis saacttf matrisecclesi, qute est sponsa Dei vivi, conservandis et augendis, nec-iion de honore ac revereniia sacerdotali laudabilem sollicitudinem

    habet.

    6. Sedulius , c. XI : Isque (re.v) diligenti curasolerteprovideat

    quatenus synodales conventus per singulos annos bis vel ter ficri

    jubeat, ut quod ad verum Dei cuUum pertinet, quod ad ecclesia-

  • xxxv

    siasti(jiirs on favoiir de ses fidles, il restituera aux

    laljlissemeuls religieux les biens (j[ui leur ont tenlevs ', et puisera dans son trsor pour les enri-chir -. Non conlenl d'augmenter le domaine tempo-rel du ('hrist , il reculera au loin les limites de sonempire spirituel '. Dans les lois qu'il promulguera,sa constante proccupation sera de ne jamais s'car-ter des prceptes des saintes p]critures et des prin-

    cipes de la religion clu'i'Mienue ^ En un mol, ilse montrera en t(tutes occasions l'auxiliaire del'glise.

    C'est l un rle glorieux , et dont le roi doit serendre digne par sa conduite. Car, comment gouver-nerait-il les autres celui qui ne peut se diriger lui-

    mme^? Comment rprimerait -il les fautes de sessujets, celui (jni ne saurait matriser ses propres

    rum ipsius revereatiam , et ad honorem perlinere cognosciUirsacerJotum, vel quid contra mandata Domini gestum sit, in ipsoreverendo atque unanimo discutialur conventu, ut quidquid beneactum sit, corroboretur ; si qua vero sunt maie gesta, in meliuscorrigantur.

    1. Lettre Louis le Germanique, c. VII De Visione Bernoldi,Patrol. lat., vol. CXXV, col. lllG..2. Smaragde

    ,c. XII, XIII.

    3. Alcuin dit en parlant de Gharlemagne : Boatus populustali rectore exaltatus et tali pr;cdicature munitus ; et utrumque

    ,

    et gladius triumphalispotentiae vibrt in dextra,et catholicae prae-

    dicationis tubaresonatin liugua. (Alcuin, p. XVII, Patrol, lat.,vol. C, col. 170.) Voyez encore la lettre crite par Alcuin Ghar-lemagne pour le fliciter de sa victoire sur les Huns. (Ep. XXXIII,Ibid., col. 187.)

    i.

    Hincmar, De rgis persona, c. XVI.

    5. De Ordine, c. VI Lettre Louis le Germanique, c. XI.

  • XXXVI

    passions ' ? Les crivains ecclsiastiques s'tendent

    longuement sur les devoirs du roi envers lui-mme.Mais les conseils (qu'ils lui donnent s'appliqueraientaussi bien atout autre laque. Ils lui recommandent lapratique de toutes les vertus. Il convient qu'on puisse

    le donner en exemple ses sujets. Son palais doit

    tre une cole de bonnes murs 2.Les devoirs auxquels le roi est tenu envers ses

    sujets, envers le peuple dont Dieu lui a confi lagarde et la direction , ne sont pas les moins impor-tants. Ils se rsument en deux mots : maintenir lapaix et la justice^. C'est pour cela que Dieu lui a

    donn le sceptre. Tel tait dj le rle assign laroyaut chez les Germains et l'poque mrovin-gienne. L'glise au ix^ sicle reconnat au roi lamme mission , mais elle en fait un devoir religieux.Elle veut faire dcouler l'autorit royale tout entire

    de la conscration religieuse. Le roi a aussi dans sa

    garde particulire les veuves, les orphelins, les

    pauvres^ : mais il n'est plus question, du moins dansles crivains ecclsiastiques, de l'ancien mimdiumgermanique. Protger les dshrits et les faibles est

    devenu pour le roi un devoir religieux. Il les dfend

    1. Sedulius , c. II : Qui apicem regiae dignitatis , Dominoprstanle, ascenderit, oportet ut seipsum primum regat

    ,

    quemdivina disposiiio alios regere odinavit.

    2. Hincmar, Lettre Louis le Germanique, c. XII.

    3. Jonas, c. IV, VI. Smaragde, c. "VIII , c. IX. Hincmar,De rgis persona

    ,c. XVII et suiv.

    4. Smaragde, c. IX. Jonas, c. IV. Alcuin , ep. XI,Patrol. lat., vol. C, col. 157.

  • XXXVII

    au nirinc litre (lu'il (](''fon(l l'glise'. Le roi dans le

    gouvernement du royaume doit user la fois debienveillance et de fermet. Sans doute, dit Hinc-

    mar, il lui convient de pardonner ^ , mais non pashors de propos, non pas pour des raisons person-

    nelles, non pas quand il y va du salut de l'Etat.Avant toutes choses, il doit rprimer les excs dequelque part qu'ils viennent, faire respecter les

    lois profanes et religieuses. Le bon roi sait , suivantles circonstances, user de sa baguette de comman-

    dement,ou rpandre comme une manne la douceur

    siu" son peuple ^.

    Tous les devoirs du roi dcoulent du premier : lerespect de Dieu. C'est parce qu'il aime et craintDieu, qu'il protge l'glise, pouse du Christ; c'estpour la mme raison qu'il pratique la vertu et assurele bonheur de son peuple.Par l'accomplissement de tous ses devoirs , le roi

    mritera le royaume ternel, qui est le but o cha-cun doit tendre'*.

    Mais il ne saurait remplir sa mission s'il se confie

    ses propres forces et sa seule intelligence. Il doit

    grouper autour de lui des conseillers toujoiu's prts l'clairer sur les vrais intrts du royaiune ^ Rienn'est plus important et tout la fois plus dificile que

    1. Capitul. de Worms, aot 829, Pertz, Leges , t. I, p. 346.

    2. De rgis persona, c. XIX et suiv.3. Ibid., c. XXXII : Quod boni rgis sit et virga districtionis

    et manna dulcedinis.

    4. iima.ra.gae,

    passim.

    5. Smaragde, c. XX. Sedulius, c. VI.

  • XXXVIII

    le choLx de bons conseillers. De mauvais conseillersentraneraient la perte du royaume. Les qualitsqu'on doit avant toutes autres exiger d'un conseillersont les qualits morales : la pit , la vertu. Hincmarqui avait pratiqu la politique sait bien que cela nesufft pas. Il demande au conseiller d'avoir en outreune vigueur d'esprit telle qu'il puisse conjurer lesprils de l'heure prsente, prvoir et dvoiler ceuxde l'avenir K D'aillem^s, quand Hincmar engage leroi s'entourer de conseils, il ne pense pas seule-ment ceux que peuvent lui donner ses familiers.Ce qu'il veut, c'est la participation de tous les grands la direction des affaires. Le roi ne sera fort, et son

    pouvoir n'aura d'efficacit que s'il s'appuie sur lesseigneurs. C'est l ce qu'il s'efforce de dmontrer Louis le Bgue dans la lettre qu'il lui adresse aprsla mort de son pre. Hincmar s'y montre si favo-rable au gouvernement aristocratique , si proccupde le rtablir, que les mots primoTes regnireviennent sans cesse sous sa plume. Il va jusqu'refuser de donner d'autres conseils au roi avant laconvocation d'un plaid gnral. La mme pense,comme nous l'avons dit, domine le De OrdinePalatii. Hincmar souhaite le retour aux institutionsdes premiers carolingiens, le retour ces temps

    glorieux o le roi et ses ffdles travaillaient d'uncommun accord la paix et la grandeur duroyaume.

    L'aristocratie rehgieuse doit toutefois avou le pas

    1. De rgis persona, c. IV.

  • XXXIX

    sur Faristocratie laque. Les voques et les aljl)s,voil ceux dont le roi suivra tout d'abord les conseils.

    Peut-il en tre autrement quand le roi n'est quel'auxiliaire de l'glise , l'instrument de la puissancedivine. Jonas considre les prtres comme les con-

    seillers ns des rois '. Et Sedulius ne saurait Iroj)admirer la conduite de Thodose qui s'tait humilidevant l'glise '. Si Hincmar crit son De Tiegis per-sona, c'est qu'il appartient aux prtres d'instruire

    les rois de leurs devoirs. En 858, il reproche Louis

    le Germanique de n'avoir pas jusqu'alors tenu uncompte sufisant des conseils que les vques lui ontdonns ^. Plus tard , il profite de la seconde invasionde Louis pour faire la leon aux rois. 11 use encorelargement de son droit de remontrance au concilede Sainte-Macre. Quand il entreprend en 882 la ror-ganisation du royaume , il cherche un appui dans leclerg. C'est aux vques plus qu'aux seignem^s laquesqu'il ddie son De 0)'di)ie, aux vques encore qu'iladresse son second et dernier avertissement.

    Par malheur, les circonstances ne permettaient pasla ralisation du plan d'Hincmar. C'est en vain qu'ilchercha raffermir l'autorit royale et bannirl'esprit de discorde. 11 tait trop trop tard pour ral-lier l'aristocratie la royaut. Les Normands arri-vaient au cur de la France. Les factions se multi-pliaient. Les grands ne songeaient plus qu' assurerleur indpendance et augmenter leurs domaines.

    1. Jonas, c. 1.

    2. Sedulius, c. XII.

    3. Lettre Louis le Germanique, c. 11.

  • XL

    C'tait qui possderait le plus de dignits. Les vil-

    las du fisc passaient les unes aprs les autres des

    mains du roi celles du clerg et des grands.Carloman s'effora cependant de suivre la voie que

    lui avait trace Hincmar. En 883 , il prit des mesures

    pour faire cesser les rapines et les brigandages con-

    tre lesquels le concile de Sainte-Macre, prsid par

    Hincmar, s'tait lev avec tant de force ^ Il convo-

    qua les grands Vernon, en mars 884, et promulgua

    un autre capitulaire,

    prononant les peines les plus

    svres contre tous ceux qui se livreraient aux

    dprdations 2. En mme temps , il cherchait rta-blir l'ordre dans son palais ^. Si donc la tentative

    d'Hincmar a chou, ce fut moins la faute de Carlo-

    man que celle des circonstances.

    Nous avons vu comment l'glise avait cherch

    tendre sa tutelle sur la royaut. Ses efforts ne

    furent pas perdus. Sous l'influence du clerg, la

    royaut carolingienne prit un caractre ecclsias-

    tique,thocratique mme

    ,

    qui en est le trait essen-

    tiel et distinct if. Une pareille situation ne contribua

    1. Capitulaire du 22 fv 883,

    promulgu Compigne; Pertz,Leges , t. I

    ,p. 550.

    2. Capital, de Vernon, mars 884; Pertz, Leges, t. I, p. 551.

    3. Capitul. de Vernon, cl: Volumus itaque ut palatiumnostrum , more pra?decessorum nostrorum et Dei cultu et regali

    honore, sed et religionis habitu , et unanimitatis concordia, atque

    pacis ordine stabiliatur, et in eodem palatio nostro pax pr^deces-sorum nostrorum sanctionibus servata per omne regnum nostrum

    exequcnda proferatur. C. 2 : Decernimus igitur ut omnes in

    palatio nostro commanentes et illud undique adeuntes pacifie

    vivant. (Pertz, Lrgcs, t. I, p. 551.)

  • ZLI

    pas peu aiaiblir la puissance royale en amenant

    le souverain sacrifier trop souvent ses intrts

    politiques ses devoirs religieux. Mais il faut recon-

    natre d'autre part que,

    grce ce caractre de

    magistrature sacre qu'elle prit au cours du ix' sicle,la royaut conserva son prestige, et put, deux siclesplus tard, quand elle vint aux mains d'hommessages et vaillants , reconqurir la plnitude de sonautorit. De telle sorte que l'glise avait du mmecoup provoqu l'affaiblissement et prpar le relve-ment de la royaut franaise.

  • HINGMARI

    REMEXSIS ARCHIEPISGOPI

    EPISTOLA

    DE ORDINE PALATII

  • ADMONITIO HINCMARIReniorum archiepiscopi

    AD EPISCOPOS ET AD REGEM KAROLOMANNUM PER CAPITULA

    1.

    Hincniarus,episcopus ' ;ic plebis dei famulus -

    Pro tatis '^ et sacri ordinis antiquitate ^,

    posteriores

    tempore , boni et sapientes viri , rogatis exiguitatem meam

    ut qui -^ negotiis ecclesiasticis etpalatinis, quando in ampli-

    tudine et unitate regni prospre agebantur, interfui , et con-

    siliadoctrinamque illorum, qui sanctam Ecclesiam in sancti-

    tateet justitiarexerunt, sed et eorum, qui soliditatem regni

    tempore superiore prosperius disposuerunt , audivi,

    quorum

    magisterio traditionem majorum suorum didici,

    post obi-

    tum etiam domni Hludowici imperatoris '^, in eorum obse-

    ([uio qui pro filiorum ejus, tune temporis regum nostro-

    rum, concordia sategerunt^ pro modulo meo frequentibus

    1. lliiicinar se qualifie ordinairement : Rhemoium episcopus ouencore : 11. uoniine non nierito Rhenioruni episcopus , et exceplion-iiellenient : archiepiscopus. ( F.p. XXII, il. Mi^mie. Patrolorjielalinc

    ,vol. 126, col. 132.)

    2. L'piliite plebis Dei faniuUis liyure dans la phiparl des sus-criplions des lettres d'IIincmar: toutefois, dans des lettres adressesau Pajte

    ,elle est remplace par : et veslra' sanctissima- paternitatis

    devolissimus famulus. (Ep. XI. Patrol. lai., vol. 126, col. 76 . p.Xa, Ibid., col. 90.)

    .'. Ilincinar tait n en 806.4. Ilincmar devint arcliev(pie de Reims en 843.o. Ilincmar rap|elle ses titres tre consult par les grands sur le

    j^ouvernement du royaume. Voyez Prface,p. \in , et sur la vie

    dllincmar : Noorden , Uiiikmar Erzbischof von liheims , Bonn, 186."^,in-8"; la chronologie de la vie d'IIincmar, place en tte de l'ditionde ses uvres

    ,

    par Sirmond , llincmari archiepiscopi Remensis opra ,

  • LF/rTP.l': DTIIXCMAUArchevque de Reims

    AUX EVQUES & AU ROI GAHLOMAN

    Hincmar, vL>(|uc et serviteur du peuple de Dieu,

    Considrant mon ge avanc et l'anciennet tle monordination, vous qui tes plus jeunes que moi, bons etsages lionunos , vous vous adressez mon humilit , et mepriez, moi qui ai pris pari la direction des affaires del'glise et du palais, alors qu'elles prospraient au milieude la grandeur et de l'unit du royaume, et qui ai entendules conseils et les doctrines des hommes qui ont gouvernla sainte Eglise en toute saintet et justice, et de ceux quiaux temps passs ont assur la prosprit du royaume etson unit

    ,et l'cole desquels j'ai appris les traditions de

    leurs prdcesseurs, moi qui, aprs la mort de mon sei-gneur Louis

    ,empereur, ai vcu dans la compagnie de

    ceux qui se sont efforcs de maintenir la concorde entreses fils , nos rois , et qui les ai aids dans la mesure de

    Paris, i64o, 2 vol. iii-f'^; la notice de Yllisloire littraire, t. V. p. ."iii,rejirodiiite par Mii-'iie, Pntrologie Inliiw , vol. CXXV ; II. Sciiroers,Uinkmar Er:-bifichof voii Reims, sein J.eben and seine S-hripen, Fri-bourg, 1884, i^-:S^

    6. Louis le Pieux, mort le 20 juin 840.7. L'ide de l'unit de l'empire survcut au trait de Verdun (843).

    Les fds de Louis le Pieux regardaient leurs royaumes respectifs commedes portions d'un morne tout. De 843 860. les princes carolingienstiennent de temps autre des plaits o ils resserrent leur alliance,promulguent des capitulaires communs tous les royaumes . se pro-mettent assistance mutuelle contre les ennemis de Tempire et sp-cialement les Normands, essayent en un mot de gouverner d'un com-mun accord l'hritage de Charlemagne. Mais ces traits d'alliance nerecevaient jamais leur entier accomplissement: l'union, fraternitas,entre les hritiers de Louis le Pieux fut plutt dsire que ralise.Vovez Faugeron

    , De fratcrnitate seu colloquiis inter filios et nepotesHldowiei pii (842-884). Paris . 1868. in-S'^ /thse de doctorat es lettres}.

  • ilincribus vcrbis el scriptis laboravi , ad institutionem

    istius juvenis el moderni rgis nostri ', et ad reerectionemhonoris et pacis EcclesiiE ac regni , ordiiiem ecclesiasticum

    et dispositioncm domus regi in sacre palatio , sicut audivi

    et vidi , demonstrem,

    quatenus in novitate sua ea doctrina

    imbuatur ut in regimine regni Deo placere, et in hoc

    saeculo fliciter regnare et de presenti regno ad aeternum

    valeat pervenire. Experimcnto quippe cognoscimus quia

    vas novum quo prius sapore et odore imbutum fuerit illud

    in posterum diu retinel)it , sicut et quidam sapiens dicit :

    Quant ces personnages, auxquels fait allusion Hincmar, et quis'efforcrent de maintenir la concorde entre les tils de Louis, les plusnotables sont Wala . Adalliard, llilduin, et Louis, ablj de Sainl-Denis. Wala, (ils du comte Bernard et petit-lils de Charles-Martel, fut undes conseillers intimes de Cliarlemagiu^. Il organisa la Saxe conquise etl'Italie. Aprs la mort de Cliarlemagne, il fat une des premires vic-times de la raction qui eut lieu la cour contre l'entourage deCliarlemagne. Il se retira Corbie. Mais Louis le Pieux ayant reconnudans l'assemble d'Attigny (822) ses torts contre lui, il revint la cour011 il prit en main la direction du gouvernement : hritier des doctrinesde son premier matre, il se montra toujours le dfenseur de l'unitimpriale. Ses attaques contre la conduite de la cour et les dfauts desconseillers dont s'entourait l'empereur (plait d'Aix en dcembre 828)lui attirrent la haine de l'impratrice Judith. A la suite des remon-trances adresses par les vipies Louis le Pieux au plait de Worms(aot 829), il tomba du pouvoir pour la seconde fois, et fut supplantpar Bernard

    ,duc de Septimanie, que soutenait l'impratrice. Wala se

    retira l'abbaye de Corbie , dont il avait t lu ablie en 826, aprs lamort de son frre Adalliard. De l, il dirigea la conspiration formepar les grands contre Bernard et l'empereur et o entra Lothaire. Lesconjurs ayant t traduits en 831 devant l'assemble d'Aix, Wala futexil sur les bords du lac de Genve , de l , transport Noirnioutiers

    ,

    puisa Fulda; enlin on lui permit de retourner Corbie. En 834, ilsuivit Lothaire en Italie et se retira au monastre de Bobbio. Dputpar Lothaire au plait de Tliionville en mai 836, il mourut peu aprs aumois de septembre. (Voyez : Vila venerabilis ]Yal'e abbutis Corbeiensis

    ,

    auctore Paschasio Radberto , Mabillon , ActaSanctorum ordinis S. Bene-dlcli, sa3c. IV, t. I, p. 4o3 et suiv.; Himly, Wala et Louis le Dbon-naire, Paris, 1849, in-8). Sur Adalliard, frre de Wala, voyezchap. XII. llilduin, abb de Saint-Denis (814 ou 815), deSaint-Germain-des-Prs (819), et de Saint-Mdard , devint en 822archichapelain du palais. 11 embrassa en 830 le parti de Wala et de

  • mes forces par mes fr(iiienls voyages, mes paroles et mes

    crits, vous me priez de retracer, d'aprs ce que j'ai appris

    et ce que j'ai vu moi-mme, pour l'instruction de notrejeune et nouveau roi , comme aussi pour la restaurationde l'honneur et de la paix de l'glise et du royaume,l'organisation ecclsiastique et celle de la maison royaledans le palais sacr ; afin que

    ,

    pntr de ces maximesds le dbut de son rgne, notre roi puisse, dans le gou-vernement du royaume

    ,

    plaire Dieu , rgner heureuse-ment en ce sicle et gagner ainsi le royaume ternel. Noussavons par exprience (ju'un vase neuf garde longtemps lasaveur el l'odeur dont il ;i

  • G

    Quo semol est imbuta recens servabit odoremTesta diu ' .

    Et legimus '^ quomodo Alcxander in pueritia sua habuitbajulum nomine Leonidem, citatis moribus et incompo-sito inccssu nolabilem, qua puer, quasi lac adulterinum

    sugens , ab eo sumpsit. Unde in adulta setate sapiens et rexfortis seipsum repreliendebat et vitare volebat, sed , ut

    legitur, cum onmia rgna vicerit in hoc seipsum vincere

    non potuit.

    II.

    Intellegat igitur dominus rex ad quod ofiicium est pro-vectus, et obaudiat commonitionem atque comminationemRgis regum dicentis ei cum aliis regibus : Et nunc

    reges, inquit, intellegite, erudimini qui judicatis terram.Servite Domino in timor et exultate ei cum tremore.Apprehendite disciplinam ne quando irascatur Dominuset pereatis de via justa ^. Sicut multos hanc commonitio-nem et comminationem neglegentes * prisse legimus

    ,

    audivimus , et etiam nostro tempore scimus ^. Obaudiat

    etiam sanctam Scripturam sibi prsecipientem : Diligite

    justitiam qui judicatis terram. Sentite de Domino in boni-

    1. Horace, Epist., 1. I, cp. 2, v. 00

    2. Qiiintilieii, De Insdlul.. I. 1, c 1.3. Psaumes, II, 10-12.

    4. Bus'us imprime neglegentos.ly. Les contemporains regardrent la mort de Lotliaire II, enlev

    par unt! pidmie (869, 6 aot), comme un chtiment du ciel; Lotliaireavait rpudi Tcutberge jjour pouser Walrade. Mais Hincmar, en

  • Qao semcl est inibuta rccons servabil oiloremTesta (liu.

    Et nous lisons qu'Alcxaiidro eut dans son enfance unprcepteur nomm Lonide , liomme de murs relcheset d'une conduite drgle ; l'enfant prit ses dfauts commeil et suc un lait malsain. Plus tard, l'ge de la matu-rit, devenu un roi puissant, il se reprenait lui-mme etcherchait se corriger ; mais , ce qu'on rapporte , lui quiavait vaincu tous les royaumes , il ne put se vaincre lui-mme.

    IL

    Que le roi comprenne donc quelle charge il a tpromu et qu'il coute l'averlissement et la menace du Roides rois lui disant lui et aux autres rois : El mainte-nant, rois, comprenez, soyez instruits vous qui jugez laterre. Servez Dieu avec crainte et rjouissez-vous en lui entremblant. Suivez ses prceptes de peur que le Seigneur nes'irrite et que vous ne sortiez de la voie juste. Beaucoupont pri pour n'avoir pas tenu compte de ces paroles

    ;

    nous le lisons dans les histoires, nous l'avons entendudire, et mme nous le savons par des exemples de notretemps. Qu'il coule aussi ce prcepte de la Sainte Ecri-ture : Aimez la justice, vous qui jugez la terre. Que

    crivant ces mots et eiiain nostro lempore scimiis, devait surtoutsonger Louis III, dont les mnnirs n'avaient pas ete irrprochables etqui , si Ton en croit les AnualcH de Saint-Beiiin (a. 882, d. Dehaisnes,p. 313), tait mort des suites d'un coup i-e,".! la tte, au seuil d'uneporte, alors qu'il poursuivait une jeune tille. Peut-tre mme pensiut-il Charles le Chauve qui mourut misrablement dans un village desAlpes, son retour d Italie , et que Hincmar devait considrer commesorti de la bonne voie depuis qu'il s'tait soustrait son influence.

  • H

    taie, et in simplicitate cordis quserite illum ';quia in

    malivolam animam non inlroiltil sapientia nec habitabitin corpore subdito peccatis '-.

    III.

    Ego autem, et pro imposilo ministerio^ et pro bona et

    rationabili vestra jussione , aggrediar exequi quod rogatis

    non meo sensu neque verbis meis, sed, ut prsemisi ',

    majorum traditione, attendens dicentem Dominum adprophetam : Tu autem audiens nuntiabis eis ex me ^.

    Ex me, inquit, et non ex te,

    quia , sicut ipse dicit : a Qui

    a semetipso loquitur, gloriam propriam qurit ^. Sancta

    Sciiptura in omni ordine et professione unicuique admi-

    nistratori prsecipit, ut intellegat cuncta quse ait. Quo-niam , si inlellegit administratio quam gerit unde cxor-

    dium cpit , sollicitius salagit , ut de administrationis

    talento sibi credito rationem redditurus "'. Omnes enim

    astabimus ante tribunal Ghristi ^ ut rfrt unusquisque

    quce per corpus gessit, sive bonum, sive malum ^. Nonaudiat a justo judice quod Dominus in Evangelio servo

    1. Sap., I, t.

    L Ihkl., 1, 4.:}. Les viViucs, d'aprs les crivains ecclsiastiques du ik^ sicle,

    taicul les couseillers naturels des rois. Mais llincmar, en raison dusige qu'il occupait, se considrait comme ayant plus que tout autrele droit de prendre part au gouvernement du royaume. Comme arche-v(pie d(^ Reims, il prtendait la fois au privilge de sacrer les rois(Couronnement de Charles le Chauve Metz en 869, Anmuitiaiiolllncmari, Patrologie latine, vol. CXXV, col. 806), et au droit deprimatie sur les autres vques du royaume. H avait compos la Vie desaint Ilemi pour soutenir ses prtentions exercer une suprmatie surles autres prlats: les Fausses Drrlales tendaient en partie au mme

  • !)

    votre honWt s'inspire de Dieu,et cherchez-le avec un cur

    simple...; car la sagesse n'entrera pas dans une nie per-verse, elle n'habitera pas dans un corps assujetti au pch, w

    III.

    Quant mui . pour satisfaire aux devoirs de mon minis-tre et votre juste et raisonnable requte

    ,

    j'entreprendrail'uvre que vous me demandez ; les ides ni les mois neseront miens ; mais je m'appuierai sur la tradition desanctres

    ,me rappelant ces paroles du Seigneur au pro-

    phte : a coute,

    et tu leurs annonceras ce que tu aurasappris de moi. Tu leur parleras d'aprs moi , dit-il , etnon d'aprs toi; parce que, comme il l'a encore dit : Celuiqui tire tout de son propre fonds cherche sa propre gloire. La Sainte Ecriture recommande k tout administrateur, quelque ordre qu'il appartienne , de connatre tout cequ'elle-mme enseigne ; car, s'il comprend le principede l'administration qui lui est commise, il s'y appliqueavec plus de soin , sachant qu'il devra en rendre comptecomme d'un talent lui confi. Nous comparatronstous devant le tribunal du Christ afin que chacun yrapporte ce qu'il a fait de son vivant , bonnes ou mau-vaises actions. Qu'il n'entende point le juste juge lui direce que le Seigneur dans l'Evangile dclare devoir rpondre

    but. Ecrivant au pape Lon IV pour le prier de eoniirmer les privi-lges (le l'glise de Reims, il lui rappelait que Reinoruin episoopusprimas iiiter primates semper, et uims de priinis Galli;e primalibusexstitit , uec. alium se potiorem prter apostolicum priesulemlial)uil. (Flodnard. Hislor. eccles. Remens., 1. III. c. 10.)

    4. Busanis doiiue prin'ml.5. Ezcrh.. III, 17.

    6. Jonn, VII, IS.

    7. Voyez Mallh., WIM. 2.i sqq.; \\V. Il sq.|.8. Rom., XIV, 10.

    9. Cor'mlh., l^ epist , V, 10,

  • 10

    iiialo et pigro responsunun se fatetur, sed audire merea-

    tur : Eiige ! serve bone et fidelis;quia super pauca fuisti

    tidelis , supra multa to couslituam ; iutra in gaudiumDoiiiini tui '.

    IV.

    Legimus in sancta Scriptura Veteris Testamcnti quiaDavid rex simul et propheta, prsefigurans dominum nos-truni Jesum Ghristum

    ,

    qui solus rex simul et sacerdos

    fieri potuit, duos in sacerdotibus ordines constituit, in

    summis videlicet pontificibus et in minoris ordinis sacer-dotibus

    ,

    qui nunc presbyteratus funguntur oflicio ; ea

    videlicet provisione ut , dum quilibet pontificum vita dece-deret, quicunque sacerdotum optimus putaretur ei inpontificatum succederet -. Et in Novo Testamento domi-nus noster Jsus Ghristus de multitudine discipulorum

    suorum . sicut in Evangelio legimus , duodecim elegit

    quos et Apostolos nominavit ^. Horum in Ecclesia locumtenent episcopi *, sicut sacra Scriptura et catholici doc-

    tores ostendunt. Designavit etiam alios septuaginta duos ^

    qui, sub duodecim apostolis , figuram presbyterorum , id

    1. Math., XXV, 21.2. Le premier devoir du roi est de maintenir la hirarchie ecclsias-

    tii|iie et d'assurer l'ohservation des rgles canoniques touchant l'lec-tion des vques ; les cvques doivent tre pris parmi les prtres , etparmi les prtres du diocse : tel est le sens du chapitre IV et dessuivants.

    .3. Et cum dies factus esset , vocavit discipulos suos et elegit duo-decim ex ipsis, quos et apostolos nomiuavit. (Luc, VI, 13.)

    4. Saint Cyprieii a assimile les vques aux aptres : Meminisseautem diaconi dehent quoniam apostolos, id est episcopos et pnepo-sitos Dominus elegit... (S. Cypriani Epistol , LXV , 3;Palrol. lai., vol. IV, col. 40S.) Et saint Augustin dit: Nemo igno-rt episcopos Salvatorem ecdcsiis institiiisse. Ipse enim priusquam inclos ascenderet supponens nianum apostolis ordinavit eos epis-copos. (S. Augustin, Qiistiones ex Novo Testamento ; Vatrol.

  • Il

    au serviteur nii^hant et paresseux, mais (juil nicrite {)luttcet loge : Bien! bon et fidle serviteur, parce que lu ast fidle quand il s'aj,'Lssait de peu de choses

    ,

    je t'tabliraisur des biens nombreux ; entre dans la joie de ton Seigneur.

    IV.

    Nous lisons dans l'Ancien Testament que David , lafois roi et prophte, prfigurant Notre Seigneur Jsus-Christ

    ,

    qui seul a pu tre tout ensemble roi et prophte,

    tablit la division des prtres en deux ordres : d'abord lessouverains sacrificateurs ou pontifes

    ,

    puis des sacrifica-

    teurs d'un rang infrieur, qui sont aujourd'hui les prtres;ordonnant qu' la mort de chaque pontife, le prtre quiserait jug le meilleur lui succdt dans le pontificat. Et,dans le Nouveau Testament, nous lisons dans l'vangileque Notre Seigneur Jsus-Christ parmi ses nombreux dis-ciples en choisit douze qu'il appela aptres. Ce sont les

    vques qui maintenant dans l'glise tiennent leiu* place

    .

    comme l'criture Sainte et les docteurs catholiques ledmontrent. Notre Seigneur dsigna encore soixante-douze

    autres disciples qui,

    placs au dessous des douze aptres

    ,

    lat.,

    vol. XXXV, col. 2296.) Un canon du synode de Paris,eu 829, rappelle que les vques sont les successeurs des aptres :tt Episcopos locuni apostolorum , chorepiscopos autem exempluni etforniani tenere septuaginta discipulorum et liber Actuum Apostolorumet canonica auctoritas aperte habeant... (Can. 27, Labbe , Concilia,t. VII, col. t617.). Les evques , runis Pistes en juin 861, se pro-clament les biitiers des aptres : Proinde apostolica^ di^initatisquanquam indiiini h.^redes

    ,

    pastoralem curam omnibus passim impen-dinuis. ( Felibien , Hist. de l'abbaye de Saint-Denis , Preuves

    ,

    n xcii.) Toutefois partir du \ sicle on vit plus gnralement dansles vques les successeurs des soixante-douze disciples. La plupartdes glises prtendaient mettre au nombre de ceux-ci leur premiervque.

    5. Post haec autem designavit Dorainus et alios septuaginta duos. {Luc.,X,\.)

  • 1-2

    est secundi ordinis sacerdotiim,

    prmonstraverunt ; ut,

    decedentibus episcopis, de lus secundi et inferioris ordi-

    nis sacerdotibus , secundum sacros canones , spiritu Deiconditos et lotius mundi reverentia consecratos, ad summisacerdotii apicem loco decessorum episcoporum pro-

    vehantur S sicut sacra Scriptura Acluum Apostolorumpatenter oslendit , dicente Petro ad confratres suos

    ,

    quando Judas, qui connumeratus fuerat in ordine Apos-

    tolorum,

    et sortitus sortem ministerii apostolatus , abiit

    in locum suum : Oportet, inquiens , ex bis viris qui

    nobiscum congregati sunt in omni tempore quo intra-vit et exivit inter nos Dominus Jsus, testera resurrec-tionis ejus nobiscum fieri unura ex istis -. Et venit

    electio divina super Mathiam, qui annumeratus est cum

    undecim apostolis.

    V.

    Et in sacra Regum historia legimus quia principesSacerdotum

    ,

    quando sacra unctione reges in regnum

    sacrabant , coronam significantem victoriam ponentes

    super capita eorum, legem in manum ejus dabant ^, ut

    scirent qualiter seipsos regere et pravos corrigere et bonos

    in viam rectam deberent dirigere. Unde, sicut beatus papaGelasius ad Anastasium imperatorem ex sacris Scripturis

    demonstrat *, et in his qu nuper apud martyrium sanctcB

    1 . Si qiiis episcopus esse meretur, sit primo ostiarius, deinde lector,posfe;i exorcisla, iiide sacretur acolytiius , demum vero subdiaconus,deinde diaoonus et postca jtrosltyter, et exiiido, si meretur, epis('0|)usordinetiir. ( Epistoln taii pap ad Felcem episcoptim, c. vi ;Patrol. lat., vol. V, col. 190.) Ne laci ad episcopatiiin provehan-tiir. De ordiiiatioiiiiiiis maxime observandiim est ut semper eleriei liantepiscopi ... ( Sancti Siricii epslola X seu canones synodi Romunorum ndGallos episcopos, c. 15; Patrol. lat., vol. Xill, col. 1192.)

  • 13

    prfif^Mir.iioiil los |tr(Hres,(-'csl--din' les sacrificateurs du

    second ordre ; afin qu' la mort des vfiiies , des prcMres de

    cette classe fussent, aux termes des canons inspirr'-s par

    Dieu et consacrs par le respect universel , levs leursplaces au souverain sacerdoce. On en trouve une preuveclatante dans les Actes des Aptres, (juand Pierre, aprsla mort de Judas , (|ui avait compt parmi les aptres etavait obtenu la charge apostolique

    ,s'adresse en ces termes

    ses frres : Il faut que parmi ces hommes qui ont vcudans notre compagnie tout le temps que Notre SeigneurJsus a pass au milieu de nous, nous en choisissions unqui tmoigne avec nous de sa rsurrection. L'lectiondivine dsigna Mathias qui ds lors s'ajouta aux onzeaptres.

    V.

    Nous lisons dans l'histoire sacre des Rois que les princesdes prtres

    ,

    quand ils consacraient les rois par l'onctionsainte, posaient sur leur tte une coujonne symbolisant lavictoire et leur mettaient dans la main le livre de la Loi,afin qu'ils sussent qu'il tait de leur devoir de se gouverner

    eux-mmes , de corriger les mauvais et de maintenir lesbons dans la voie droite. Comme le bienheureux papeGlase le dmontre dans sa lettre l'empereur Anastase

    ,

    en s'appuyant sur les Saintes critures,et comme il est dit

    De laicis non teniere faciendis. (Denvs le Petit, Codes caitonum,

    Patrol. Int., vol. LXVII, col. 180.)2. Ada, I, 21.3. Voyez Deutron., XVII, 18.4. Duo quippe sunt, iniperator Auguste, quil>us principaliler

    numdns hic regitur : auetoritas saira pontiticum et regalis potestas. (Gelasii E|)istola Vill ad Anastasiuni imperatorem (493). Patiolog.lai., vol. LIX, col. 41.) Voyez la Prface

    , p. XXXI.

  • 14

    Macivne in synodo gesta simt continetur ', duo sunt quibusprincipalitcr, unaciim specialiter cujusque cuise subjeclis

    ,

    mundus hic regitur : aucloritas sacra pontificum et regalispotestas; in quiinis personis, sicul ordinum sunt divisavocabula , ita sunt et divisa in unoquoque ordine ac pro-

    fessione ordinationum officia ~. Diligenter igitur quisque

    dbet in ordine et professione sua quo nomine censeturattendere , et magnopere providere ne a nomine discordetoficio. Primum namque , ut beatus Gyprianus dicit ^, abepiscopo quid sui nominis dignitas teneat inquiratur

    ;quo-

    niam episcopus, cum grtecum nomen sit, speculator inter-

    i. Concile de Saiiite-Macre,cap. 1 ( Laliho , Concilia, t. IX, p. 337,

    et Mifiiie, Patrologie lat., vol. CXXV, col. 1069.) Le concile de Sainte-Macro fut tenu Fisnics

    ,dans le diocse de Reims, et sous la prsi-

    dence d'Hincniar, le 2 avril 884. Les vques y rappelrent au roi,Louis III, les devoirs auxquels il tait tenu envers l'glise. On peut enconsidrer les canons comme l'uvre d'Hinrmar. Tout d'abord,reprenant la thorie du pape Glase, il tablit la distinction entre lepouvoir royal et le pouvoir pontilical, insistant sur la ncessit etla lgitimit de la subordination du premier au second : la dignit desvques est plus haut place que celle des rois, car les vques sacrentles rois. Ensuite il rappelle aux prtres leurs principaux devoirs etl'obligation pour eux de veiller au salut du peuple qui leur est confi.Le roi et ses ol'liciers doivent, il est vrai, seconder le clerg dans satache et maintenir l'honneur et les privilges de l'Eglise. Les missi

    ,

    d'accord avec les vques , surveilleront les monastres. Mais ce quidoit avant tout proccuper les reprsentants du roi , c'est de mettre finaux pillages des bandes armes qui dsolent les campagnes et auxusurpations des puissants qui tendent diminuer le patrimoine del'Eglise. Ici Hincmar insre une suite de dispositions empruntes auxcapitulaires et qui pour la plupart sont diriges contre les dprdateursdes domaines ecclsiastiques. Ceux qui ont se reprocher quelquespoliation et qui ne peuvent rparer leur faute n'obtiendront de Dieuleur pardon qu'en faisant pnitence. Le dernier chapitre adress direc-tement au roi est une exhortation ciioisir de bons conseillers et unrappel aux bonnes murs. Car l'Ecriture a dit : JMalheur la terre dontle roi est jeune ! Et qu'on y prenne bien garde , ce n'est point le princejeune par l'ge qu'elle maudit, mais le roi jeune par sa vie, par sesmurs, par sa lgret.

    2. En d'autres termes, le roi ne doit pas s'ingrer dans lesaffaires de l'Eglise, plus, du moins, cpie ne le comporte la naturede son pouvoir; ide 'dj exprime au chapitre I du concile deSainte-Macre : Post incarnationem vero et resurrectionem et ascen-sionem ejus (Jhesus) in clum , nec rex pontificis dignitatem , necpontifcx regiam potestatem sibi usurpare praesumpsit. ... (Palrol.

  • 15

    dans les actes du concile rcemment tenu au tombeau desainte Macre , deux puissances concourent au j,'ouverne-ment gnral du monde , en mme temps que certaineschoses sont plus spcialement dvolues chacune d'elles :l'autorit sacre des pontifes et le pouvoir royal. Les devoirsque chacune de ces dignits impose ceux qui en sont rev-tus ne sont pas moins diffrents (jue les noms qui lesdsignent. Que chacun prenne donc garde au nom del'office qu'il remplit et qu'il s'efforce de tout son pouvoirde mettre d'accord nom et office. Que d'abord , commele dit saint Cyprien

    , l'vque recherche le sens du nom

    donn sa dignit, puisque le mot grec vque veut dire

    lat. , vol. CXXV , col. 1071.) Hinomar nadmct l'interventionde la royaut clans l'administralion de l'Eglise que quand celle-ci abesoin d'tre secourue, (piaud il est ncessaire de soutenir son autoritmorale par la force niatriidle. D'ailleurs, en realit, l'administrationcarolingienne ne comportait pas une distinction^aussi tranche entrel'ordre ecclsiastique et l'ordre latpie. Les comtes apparaissent dans lescapitnlaires comme les auxiliaires des voques, et rciproquement.Citons quelques textes. Capitulaire de Carloman, duc des Fiancs,en 742, 2i avril, c. 5: Decrevimus ut , secundum canones, unus-quisque episcopus in sua parrochia sollicitudinem adliibeat, adjuvantegrafione, qui dofensor ecclcsia' est, ut populus Dei paganias nonfaciat,.. (Boretius. Capitularia , t. I, p. 25; texte reproduit auchap. 6 d'un capitulaire de Charlemague

    ,Borelius , n 19, p. 45.)

    Questions poser aux comtes, aux vques et aux abbs, en 811 : Interrogandi sunt in ([ud)us rbus vel locis ecclesiastici laicis autlaici ecclesiasticis ministerium suum impediunt. In hoc loco discu-tiendum est atque interveniendum, in quantum se episcopus autabbas rbus secularibiis debeat inserere vel in quantum comes velaller laicus in ecclesiastica negotia. Hic interrogandum est acutis-sinie quid sit (juod apostolus ait : uemo militans Deo implicet se nego-tiis secularibus; vel ad quos sernio iste pertineat. (Borelius, Capitu-laria, n 71, t. I, p. 161 ) Capilulaire de 818-819, c. 5 : ...De oprevero vel restauralione ecclesiarum comes et 'episcopus sive [abbasunacuni misso nostro, quem ipsi sibi ad hoc elegerint, conside-ralionem faciant ut unusquisque eorum tantum inde accipiat adoperandum et restaurandum (|uantum ipse de rbus ecclesiarum baberecognoscilur. (Boretius, Capitularia, n'^ 140, t. I, p. 287.) Mmecapitulaire, c. 8 : Volumus ut niissi nostri per singulas civitatesunacum episcopo et comit niissos vel nostros homines ibidem com-nianentes eligant, quorum cura^ sit pontes per diversa loca emen-dare (Boretius, Ibid.,\). 288.)

    3. De duodecim Abusionibus sculi tractatus', c. x J Patrol.lat., vol. IV, col. 957-958. On ne connat pas l'auteur du Trait surles abus du sicle

    ,qui a t attribu , mais a tort , tantt saint Cyprien,

    tantt saint Augustin.