an2 fenetres sur la france chapelan

192
MIHAELA CHAPELAN (coordonator) IULIANA PAŞTIN FENÊTRES SUR LA FRANCE ediţia a II-a

Upload: catandry

Post on 21-Jan-2016

56 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

MIHAELA CHAPELAN (coordonator)

IULIANA PAŞTIN

FENÊTRES SUR LA FRANCE ediţia a II-a

Page 2: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

Descrierea CIP a Bibliotecii Naţionale a României CHAPELAN, MIHAELA

Fenêtres sur la France / Mihaela Chapelan, Iuliana Paştin - Ed. a 2-a, Bucureşti: Editura Fundaţiei România de Mâine, 2005

192p. 20,5 cm. Bibliogr. ISBN 973-725-421-X

I. Paştin, Iuliana 811.133.1(075.8)

© Editura Fundaţiei România de Mâine, 2006

Page 3: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

UNIVERSITATEA SPIRU HARET FACULTATEA DE LIMBI ŞI LITERATURI STRĂINE

MIHAELA CHAPELAN (coordonator)

IULIANA PAŞTIN

FENÊTRES SUR LA FRANCE

ediţia a II-a

EDITURA FUNDAŢIEI ROMÂNIA DE MÂINE Bucureşti, 2006

Page 4: An2 Fenetres Sur La France Chapelan
Page 5: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

5

AVANT-PROPOS Cet ouvrage s’adresse à des étudiants en français de niveau avancé et

se propose d’atteindre deux grands types d’objectifs pédagogiques: enrichir leurs connaissances de langue mais aussi favoriser une connaissance et une compréhension plus complètes de la France et des Français.

La matière est découpée en huit unités thématiques, dont les titres illustrent certains aspects de civilisation ou de mentalité françaises.

Chaque unité est composée de plusieurs textes, le premier étant une présentation synthétique de notre point de vue sur l’aspect de civilisation abordé, tandis que les autres donnent la parole aux Français eux-mêmes, étant généralement des extraits de presse ou des fragments littéraires d’auteurs français dont les oeuvres traitent de ces sujets. Les textes sont suivis d’explications lexicales qui visent à rendre plus facile leur compréhension et d’une série de questions qui ont pour rôle de vérifier celle-ci. Ce premier volet des unités se propose également de favoriser l’expression orale et écrite des apprenants, ainsi on y trouvera des suggestions concernant l’organisation de débats ou des sujets de rédaction. Le deuxième volet de chaque unité comprend une série d’exercices lexicaux visant à faire travailler les étudiants sur certaines difficultés lexicales et grammaticales rencontrées dans les textes choisis. Les exercices grammaticaux se proposent de consolider leurs connaissances théoriques de syntaxe française, notamment celles concernant les types essentiels de phrase et la phrase moléculaire.

Pour mieux susciter l’intérêt de nos étudiants, majoritairement jeunes, nous avons préféré choisir des textes qui, tout en élargissant leur horizon culturel, soient en même temps vivants, agréables, avec une pointe d’humour et dans lesquels ils puissent retrouver leurs propres préoccupations.

Les auteurs

Page 6: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

6

Page 7: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

7

TABLE DES MATIÈRES

Unité 1: Qu’est-ce qu’un Français? (Mihaela Chapelan) ……..…. 9 Peut-on définir l’identité d’un peuple? …………………………….. 10 Pierre Daninos, Les Carnets du major Thompson ......................…... 12 Le glaive et la balance du jugement des autres nations ..................... 17 Exercices (la phrase interrogative) .................................................... 23 Unité 2: La famille - du côté des jeunes (Mihaela Chapelan) ..…... 33 La famille française aujourd’hui ........................................................ 34 Le mariage à l’essai ........................................................................... 37 Marcel Aymé, Uranus..............…...................................................... 40 Paule Constant, Confidence pour confidence.............……................ 45 Exercices (la phrase exclamative) ...................................................... 51 Unité 3: Ainsi va la langue française (Mihaela Chapelan) ........….. 55 La francophonie ................................................................................. 56 Les trésors de la francophonie ........................................................... 60 Andrei Makine, Le Testament français .…........................................ 64 Exercices (la phrase injonctive) ......................................................... 69 Unité 4: Le Paris des cafés littéraires (Mihaela Chapelan) ........….. 73 De l’origine du café en Europe .......................................................... 74 Un café à histoire et histoires: Le Procope (d’après Gérard-Georges Lemaire) ....... .................................................................................…

79

Sous le signe de Flore (d’après Gérard-Georges Lemaire) ............... 86 Exercices (l’expression de la conséquence et du but) ........................ 90 Unité 5: L’école et le travail (Iuliana Paştin) ............………....….... 101 Les jeunes et leurs problèmes ............................................................ 102 Daniel Pennac, Témoignages....................…...................................... 111 Exercices (l’expression de la cause) .................................................. 114

Page 8: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

8

Unité 6: Voyages (Iuliana Paştin) ............................……......…...…. 127 Michel Butor, Écrire c’est voyager ......................................…....…. 128 Colette, Le pays que j’ai quitté ......................................................... 132 Exercices (l’expression de la condition) .…..................................…. 134 Unité 7: Le cinéma français (Iuliana Paştin) ........….......……..…... 141 Le Festival de Cannes 2002 ............................................................... 142 Quelques opinions sur le cinéma français ………………………….. 143 Exercices (l’expression de la concession) ......................................… 149 Unité 8: La ville (Iuliana Paştin) ....................…..…......................... 157 Bernard-Henry Lévy, La beauté des villes ....................................... 158 J. M. G. Le Clézio, Les bruits de la ville ...................................... 164 Exercices (la comparaison) ...................................................………. 166 Évaluation – auto-évaluation (Iuliana Paştin) ................................ 176 Texte pentru traduceri (Mihaela Chapelan) ..….............................. 180 Textes à traduire (Mihaela Chapelan) ….........…............................ 183 Bibliographie sélective ...................…........….....................………. 191

Page 9: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

9

UNITÉ 1: Qu’est-ce qu’un Français?

CONTENU TEXTES: 1. Peut-on définir l’identité d’un peuple? 2. Les Carnets du major Thompson, de Pierre Daninos 3. Le glaive et la balance du jugement des autres nations EXERCICES: 1. Exercices lexicaux 2. Exercices grammaticaux: la phrase interrogative

Page 10: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

10

Peut-on définir l’identité d’un peuple? Définir l’identité d’un peuple est une question difficile et controversée. À un journaliste qui lui demandait: « La France, pour vous, qu’est-ce que c’est? », l’historien Fernand Braudel, qui venait de publier un livre ayant justement pour titre « L’identité de la France », répondit: « C’est la seule question à laquelle, finalement, je ne sais pas répondre. » Établir les traits distinctifs d’un Français, d’un Anglais, d’un Allemand etc. reste une entreprise hasardeuse. Premièrement, parce qu’elle doit ignorer les nuances et opérer des généralisations simplifi-catrices, amputant ainsi l’infinie diversité humaine qui caractérise chaque nation. Deuxièmement, parce qu’elle fonde ses conclusions sur des sources empreintes souvent de subjectivité. Il est connu que l’auto-définition peut se constituer en une image idéalisée de sa propre identité et que le regard des étrangers, source potentiellement objec-tive, est lui aussi influencé par la mentalité de l’espace social et cultu-rel où il s’est formé. À ces facteurs de relativisation de tout « portrait-robot » d’un peuple s’ajoute un fait historique incontestable: les pre-mières rencontres entre les nations furent souvent conflictuelles, les premiers contacts avec d’autres civilisations étant occasionnés par des guerres ou des invasions. On comprend aisément que, dans ces condi-tions, le regard porté sur les nations ennemies n’étaient pas des plus tendres, et que les caractérisations visaient non pas à décrire réelle-ment l’adversaire, mais plutôt à le dévaloriser. La prise en compte de la relativité et de la subjectivité des images véhiculées à propos de telle ou telle autre communauté, images transformées parfois en véritables clichés, n’a pas empêché de nom-breux écrivains, philosophes, journalistes et même historiens connus pour leur soucis de l’exactitude et de la rigueur (tels Pierre Chaunu, Fernand Braudel, Jean Tulard, Colette Beaune, pour n’en rester qu’à l’espace français) de se déclarer «hantés » par le problème de la défi-nition de l’identité des peuples en général et du leur en particulier, ce qui prouve que le besoin de se définir par rapport à l’Autre reste soli-dement ancré dans la nature humaine.

Page 11: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

11

AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions suivantes: - Quels sont les risques théoriques qui rendent hasardeuse toute entre-prise de définition de l’identité d’un peuple? - Quels sont les « risques moraux » auxquels pourrait s’exposer une nation trop confiante dans les caractérisations rapides et les clichés concernant autant son identité que celle des autres nations? - Connaissez-vous quelques ouvrages importants qui se proposent de définir l’identité des Français? EXPRESSION ORALE Sujet de débat: Prenant en compte ces risques, est-il bon, est-il mauvais ce besoin que ressent toute nation comme tout être humain de se définir par rapport aux autres? Argumentez votre opinion et essayez de trouver par quels moyens on peut éviter ces «risques moraux» que vous avez définis auparavant.

PIERRE DANINOS, Les Carnets du major Thompson

Page 12: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

12

Né à Paris, en 1913, journaliste dès 1931, Pierre Daninos est l’auteur de plusieurs oeuvres: Le Jacassin; Les Carnets du Bon Dieu (Prix Interallié, en 1947) ; Sonia, les autres et moi (Prix Courteline, en 1952); Un certain Monsieur Blot; Les Carnets du major Thompson, Snobissimo; Ludovic Morateur; Les Touristocrates; Made in France etc. Lorsqu’en 1954 Pierre Daninos fit apparaître dans les pages du Figaro un mystérieux major anglais qui, abandonnant la chasse au tigre dans les colonies, décidait d’explorer la jungle française et de consigner ses observations sur les autochtones, leur comportement, leurs manies, leurs qualités et leurs défauts - il ne pensait pas que ces articles allaient devenir un livre, et un livre promis à l’un des plus grands succès de librairie de son époque, étant réimprimé depuis d’innombrables fois. Traduits dans vingt-huit pays, aussi bien au Ja-pon qu’en Finlande, en Russie, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis etc., Les Carnets du Major Thompson font l’objet d’éditions scolaires et universitaires dans beaucoup de ces pays. En 1977, avec Made in France, Pierre Daninos délaisse le déguisement du major, mais non pas son thème préféré, et invente un autre personnage, une jeune Norvégienne, par les yeux de laquelle il nous fait découvrir la France et les Français. Cette diversité des pers-pectives ainsi que l’humour et l’ironie omniprésente constituent sa manière d’assumer et de résoudre le problème de la relativité de tout point de vue. C’est aussi ce qui fait que les réflexions de la jeune nor-végienne ou du major anglais sont « non seulement drôles, mais cons-tamment drôles et profondes » (Paul Morand)

Qu’est-ce qu’un Français?

Page 13: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

13

(fragment) Dans le secret de son cabinet de Harley Street, un de mes amis, réputé chirurgien du cerveau, ouvrit un jour un Anglais. Il y aperçut d’abord un cuirassé de Sa Majesté, puis un imperméable, une couronne royale, une tasse de thé, un dominion, un policeman, le règlement du Royal and Ancient Golf Club, une bouteille de whisky, une balle de cricket, du brouillard, un morceau de terre sur lequel le soleil ne se couchait jamais et, tout au fond de son subconscient tapis-sé de séculaire gazon, un chat à neuf queues........ Je me suis souvent demandé ce que mon ami trouverait s’il ouvrait un Français. By Jove! Comment définir un Français? La ri-tuelle définition du Français qui mange du pain, ne connaît pas la géo-graphie et porte la Légion d’honneur n’est pas tout à fait inexacte. Mais elle est insuffisante. Je suis effrayé à la pensée que si mon ami ouvrait un Français il tomberait, saisi de vertige devant un abîme de contradictions. Vrai-ment...Comment définir ces gens qui passent leur dimanche à se pro-clamer républicains et leur semaine à adorer la Reine d’Angleterre, qui se disent modestes, mais parlent toujours de détenir le flambeau de la civilisation, qui font du bon sens un de leurs principaux articles d’exportation, mais en conservent si peu chez eux qu’ils renversent leurs gouvernements à peine debout, qui placent la France dans leur coeur, mais leurs fortunes à l’étranger..... qui adorent entendre leurs chansonniers tourner en dérision les culottes de peau, mais auxquels le moindre coup de clairon donne une jambe martiale, qui détestent que l’on critique leurs travers, mais ne cessent de les dénigrer eux-mêmes, qui se disent amoureux des lignes, mais nourrissent une affectueuse inclination pour la tour Eiffel, qui admirent chez les Anglais l’ignorance du «système D », mais se croiraient ridicules s’ils décla-raient au fisc le montant exact de leurs revenus, qui se gaussent des histoires écossaises, mais essaient volontiers d’obtenir un prix infé-rieur au chiffre marqué, qui s’en réfèrent complaisamment à leur His-toire, mais ne veulent surtout plus d’histoires, qui détestent franchir la frontière sans passer en fraude un petit quelque chose, mais répugnent à n’être pas en règle, qui tiennent avant tout à s’affirmer comme des

Page 14: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

14

gens auxquels on ne la fait pas, mais s’empressent d’élire un député pourvu qu’il leur promette la lune, .........qui ont un respect marqué pour les tribunaux, mais ne s’adressent aux avocats que pour mieux savoir comment tourner la loi,..... enfin, qui sont sous le charme lors-qu’un de leurs grands hommes leur parle de leur grandeur, de leur grande mission civilisatrice, de leur grand pays, de leurs grandes tradi-tions, mais dont le rêve est de se retirer après une bonne petite vie, dans un petit coin tranquille, sur un petit bout de terre à eux, avec une petite femme qui, se contentant de petites robes pas chères, leur mi-tonnera de bons petits plats et saura à l’occasion recevoir gentiment les amis pour faire une petite belote? ......Quel damné observateur oserait les définir d’un trait, si ce n’est par la contradiction? Le Fran-çais? Un être qui est avant tout le contraire de ce que vous croyez » (Chapitre I, Les Carnets du major Thompson) EXPLICATIONS LEXICALES cuirassé, e adj. = revêtu d’une cuirassse, subst. un cuirassé: navire de guerre blindé; fig. armé, endurci, protégé (ex. Il était cuirassé contre toutes les vanités) saisir v. = attraper (ex. Il a saisi la bourse avec rapidité); profiter (ex. saisir l’occasion); comprendre, discerner (ex. Je n’ai pas très bien saisi votre idée); s’emparer brusquement de la conscience, des sens (ex. Une faiblesse le saisit); mettre sous la main de la justice (ex. On lui a saisi les meubles); en informatique: introduire (une donnée, un texte) dans l’ordinateur placer v. = mettre à une certaine place (ex. placer les invités à table); placer quelqu’un: lui proccurer un emploi; vendre (ex. placer des marchandises); investir (ex. placer son argent en viager) tourner en dérision loc.v. = se moquer (de manière méprisante), rail-ler, persifler, plaisanter, blaguer tourner la loi = éluder la loi donner une jambe martiale = insuffler un esprit guerrier se gausser v.pron. = se moquer ouvertement (de qqn. ou de qq.ch.) système D = fam. le système des gens débrouillards

Page 15: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

15

histoire n.f. = connaissance des événements du passé (ex. histoire d’un peuple); étude scientifique d’une évolution (ex. histoire natu-relle); récit, relation (ex. écrire des histoires fantastiques); fable, men-songe (ex. Il en racontait, des histoires); ennuis, événement fâcheux ou compliqué (ex. C’est toute une histoire!); histoire de + v.inf. : marque le but, l’intention (ex. Je t’avais dis ça histoire de rire); faire des histoires : faire des simagrées AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions suivantes: - Quelle est, selon le major Thompson, la principale caractéristique des Français? - En analysant bien le texte, quels autres traits du caractère français pouvez-vous dégager derrière les ironies et les jeux de mots dont nous régale Pierre Daninos? - Sachant que le sous-titre de cet ouvrage est: « Comment peut-on être Français? », comment expliquez-vous le choix de ce sous-titre et à quelle référence culturelle nous renvoie-t-il? - A quel trait de caractère attribué aux Français se réfèrent les passages suivants et en quoi diverge l’opinion des auteurs de ces lignes: a) « Les livres de géographie et les dictionnaires disent: La Grande-Bretagne compte 49 millions d’âmes, ou bien Les États-Unis d’Amérique totalisent 160 millions d’habitants. Mais ils devraient dire: La France est divisée en 43 millions de Fran-çais. La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix ci-toyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divi-sions..... » (P. Daninos, Les Carnets du major Thompson, ch. II, Le royaume de la subdivision) b) « Tenez: Il n’est pas, dit-on, de peuple plus individualiste. Or il s’agit de millions d’individualistes qui ont l’habitude de faire tous la

Page 16: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

16

même chose en même temps. Ils lisent les mêmes livres, ceux que leurs imposent les jurys des prix littéraires; ils se précipitent tous aux mêmes expositions; ils assistent, tous à la même heure, aux grand-messes que sont les journaux télévisés; ils partent à-peu-près tous le même jour en vacances, empruntent les mêmes autoroutes; ils aiment à se retrouver, tous ensemble, dans les bouchons du week-end.... » (Ro-ger de Weck, Quand Siegfried se paie la tête d’Astérix, dans l’Evénement du jeudi, 30 novembre, 1998) - Qu’est-ce que représentent les deux personnages, Siegfried et Asté-rix, mentionnés par le journaliste d’origine allemande dans le titre de son article? - Quels prix littéraires français prestigieux connaissez-vous? - Comment appelle-t-on, en français, cet esprit de regroupement dont font preuve les Français modernes, selon le journaliste allemand? EXPRESSION ÉCRITE Sujet de rédaction En vous inspirant du modèle offert par le premier paragraphe de l’ouvrage de Daninos, rédigez un texte qui présente ce qu’un chirur-gien pourrait trouver en ouvrant le cerveau d’un Roumain-type. Es-sayez de marier la manière humoristique avec la pertinence des obser-vations. EXPRESSION ORALE Sujet de débat: Les Français devant le jugement des autres na-tions Suggestions concernant l’organisation de l’activité:

Page 17: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

17

L’effectif des apprenants sera divisé en trois groupes: le groupe de l’accusation, chargé de formuler les défauts des Français, le groupe de la défense, chargé de répondre aux accusations et d’invoquer, en tant que circonstances atténuantes, les qualités des Français et le jury, chargé de donner le verdict du procès et de le motiver. Après consulta-tion, les groupes pourront éventuellement désigner des porte-parole (l’avocat de l’accusation, l’avocat de la défense, le président du jury). Pour faciliter leur tâche, l’enseignant leur demandera de lire d’abord les textes suivants:

Le glaive et la balance du jugement des autres nations (synthèse de plusieurs articles parus dans L’Événement du Jeudi du 17 octobre 1992) L’Allemagne À mesure que s’efface le citoyen de la RFA et que se dessinent labo-rieusement les contours d’une nouvelle identité allemande, le regard sur le voisin occidental devient sensiblement plus critique. Pour les Allemands, la France reste le pays du savoir-vivre, de la bonne bouffe et l’accent français n’a, grâce à Dieu, pas encore perdu sa connotation sensuelle. La France reste un pays de culture dont on prend les intellectuels très au sérieux. On envie le panache des « grands travaux du président »* et on envie son cinéma, le dernier en Europe à être encore capable de produire de vraies stars. Mais c’est fini, l’Allemand honteux et maso de jadis. Celui qui disait parfois: «Que vous avez de la chance d’être Français! » Il n’est plus interdit d’être sévère envers son voisin, et beaucoup s’en donnent à coeur joie. Quand l’Allemand désigne l’Hexagone, en parlant de « la grande nation » c’est presque toujours de manière ironique. ( Alain Auffray)

* il s’agit des travaux exécutés pendant la présidence de François Mit-

terrand (les pyramides en verre de l’entrée du Louvre, l’Opéra Bastille, la Très Grande Bibliothèque)

Page 18: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

18

L’Espagne Conformistes, arrogants, snobs...Les adjectifs péjoratifs ne manquent pas aux Espagnols pour décrire leurs voisins français. En haut de la liste, le chauvinisme. Leur propension au « nombrilisme national » agace les Espagnols. « En fait, les Français ne sont peut-être pas plus chauvins que les au-tres. Mais ils projettent davantage cette image », constate un journa-liste espagnol. Les Espagnols reprochent aux Français un excès d’orgueil national et de confiance en leurs capacités, qu’elles soient professionnelles ou culturelles, qui les conduit parfois à une attitude quelque peu mépri-sante envers les autres nations. Car si les Espagnols sont prêts à leur reconnaître des compétences en bien des domaines, ils trouvent exagé-rée leur tendance à se croire meilleurs que les autres. Et l’Espagne a encore des comptes à régler avec la France. Elle n’a pas oublié les hordes de touristes qui envahissaient ses plages à bas prix et compa-raient - toujours désavantageusement - l’Espagne à leur pays. « Cela n’a fait que renforcer l’image d’un Français dédaigneux, traitant l’Espagne de voisin pauvre et sous-developpé. Mais ce ressentiment est profondémment ancré dans notre histoire. Il remonte en fait, à l’époque napoléonienne », expliquent les professeurs d’histoire espa-gnols. Mais, à force de travail, l’Espagne a démontré qu’elle ne pou-vait pas être traitée comme quantité négligeable, qu’elle est un parte-naire européen incontournable....Il est temps donc, pour les Français, d’en finir avec leur complexe de supériorité. (Agnès Maillot) Grande-Bretagne «Si vous voulez avoir une vision de l’enfer, il vous suffit simplement de franchir la Manche », déclarait Edmund Burke après l’exécution de Louis XVI. Deux cents ans plus tard, les Anglais citent encore, sou-vent avec humour, cette phrase, mais 15 millions de Britanniques né-gligent chaque année l’avertissement du grand idéologue conserva-

Page 19: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

19

teur, adversaire implacable de la Révolution. Ils se risquent, chaque été, dans la patrie des sans-culottes. Sans même parler des milliers de retraités anglais qui préfèrent couler des jours tranquilles en Dordogne plutôt que dans les brumes de Bradford ou de Newcastle. Est-ce à dire que les «rosbifs» n’ont plus rien à redouter des «froggies»? Tout prouve au contraire que les vieilles hantises ont la peau dure. Vus de Londres, les Français sont d’autant plus redoutables qu’ils sont impré-visibles et contradictoires: tantôt des anarchistes (....), tantôt des enra-gés de la bureaucratie qui veulent régenter l’Europe entière à coups de normes et de réglementations....L’arrogance, la suffisance, le manque d’humour, sont les vices hexagonaux les plus souvent cités. Interrogé au téléphone, Jonathan Fenby, rédacteur en chef du Guardian, confirme ce diagnostic: «Vous avez tendance à vous prendre pour le nombril du monde, mais le problème est que, selon moi, vous êtes bel est bien le nombril du monde» À noter qu’un compliment peut cacher une perfidie: l’écrivain Antony Burgess salue notre aptitude à raisonner, « mais, ajoute-t-il, si la Grande-Bretagne avait été cartésienne en 1940, elle aurait sans doute comme la France baissé les armes devant les nazis ». Francophile dé-claré, Théodor Zeldin nous invite à ignorer ces menues malveillances: « L’important, dit-il, c’est votre art de vivre, la qualité de votre conversation et la place accrue des valeurs féminines dans la société française ». (Eric Dior) L’Italie Le protrait-robot du Français moyen vu de Rome est lapidaire. Une vraie image d’Epinal. Râleur - les Italiens ont assisté avec étonnement aux scènes de révolte des paysans et des camionneurs - individualiste avec un grand sens de la dignité personnelle, correct, mais peu géné-reux dans ses transactions commerciales, comme dans ses relations personnelles. Le Français a tous les vices de ses vertus...L’aspect le plus préoccupant? Cette auto-suffisance orgueilleuse, cette tendance à

Page 20: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

20

la fermeture sur soi-même. Le côté positif? La vision cartésienne des choses, une certaine attitude rationnelle et déterminée, leur esprit de clarté et de pragmatisme celtique qui ne cède pas aux influences sen-timentales, mais qui, en même temps, n’exclue pas de la vie les capri-ces sentimentaux. Pour les Français, les sentiments sont là pour leur rendre la vie plus agréable, mais ils se gardent bien de les laisser pren-dre le dessus et de leur bousiller la vie. (Salvatore Aloise) EXPLICATIONS LEXICALES glaive n.m. = épée de combat à deux tranchants; fig. l’autorité punitive de la loi balance n.f. = instrument qui sert à peser (ex. La balance à deux pla-teaux est devenue le symbole de la Justice); fig. jugement judicieux, qui pèse toute chose (la balance de la raison); état d’équilibre (ex. la balance des forces politiques..) savoir-vivre n.m. = art de bien diriger sa vie; qualité d’une personne qui se conduit selon les règles de politesse (ex. Les jeunes hommes d’aujourd’hui n’ont plus de savoir-vivre.) bouffe n.f. = fam. nourriture, repas, cuisine (ex. Il aime la bonne bouffe. Elle prépare la bouffe.) bouffer v. = se maintenir gonflé (ex. Sa longue jupe, bouffant autour d’elle..); fam. manger gloutonnement (ex. Il ne mange pas, il bouffe); fam. manger (ex. On bouffe toujours mal chez eux) expr. bouffer du lion: se dit de quelqu’un qui manifeste une énergie inhabituelle; bouffer des kilomètres: rouler beaucoup en voiture; bouffer du curé : être très hostile aux curés panache n.m. = faisceau de plumes serrées à la base et flottantes en haut (ex. le panache d’une armure; le panache de la tête d’un oiseau); allure fière, bravoure spectaculaire et plus ou moins gratuite (ex. Ce garçon a du panache) s’en donner à coeur joie loc.v = faire quelque chose avec délectation, jusqu’à satiété

Page 21: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

21

Hexagone n.m = mot servant à désigner la France (à cause de la res-semblance de son territoire à un hexagone) chauvin, ine adj. = qui manifeste un patriotisme fanatique; par ext. qui a une admiration outrée, partiale et exclusive pour son pays; xéno-phobe; provient du nom propre Chauvin, type du soldat enthousiaste et naif de l’Empire nombril n.m. = cavité placée à l’endroit où le cordon ombilical a été sectionné, fig. centre (ex. se prendre pour le nombril de la terre) nombrilisme n.m = fam. attitude égocentrique ancre n.f. = croc qui immobilise les navires; jeter l’ancre: s’arrêter, se fixer; fam. lever l’ancre: s’en aller ancrer vb. = retenir un navire en jetant l’ancre; fig. enraciner, fixer solidement sans-culotte n.m. (pl. sans-culottes) = nom que se donnaient les ré-publicains pendant la Révolution française, parce que les gens du peuple portaient à l’époque le pantalon, tandis que la culotte passait pour aristocratique hanter v. = obséder, poursuivre; fréquenter de manière habituelle un lieu (ex. Il hante les tripots) la hantise n.f. = action de hanter; obsession, idée fixe, manie, (ex. La hantise du péché..) avoir la peau dure = être résistant baisser les armes = capituler, renoncer enrager v. = éprouver un violent dépit (ex. Il enrageait de la voir réussir son coup) enragé adj. = atteint de rage (ex. Il a été mordu par un chien enragé); fig. furieux, fou de colère, fam. passionné, fanatique (ex. un enragé du cinéma); expr. fam. manger de la vache enragée: mener une vie de privations image d’Epinal = gravure, illustration populaire naïve, dans le style des illustrations fabriquées à Epinal, dans les Vosges lapidaire n.m. = traité sur les pierres préciseuses; artisan qui les taille; commerçant en pierres précieuses autres que le diamant lapidaire adj. = concis, laconique râler v. = faire entendre un râle en respirant (ex. un moribond qui râle); pousser des cris (se dit de certains animaux: le tigre, le daim, le

Page 22: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

22

chevreuil râlent); manifester sa mauvaise humeur, son mécontente-ment râleur, euse adj. = personne qui proteste à tout propos bousiller v. = fam. gâcher, abîmer, pop. tuer

EXERCICES

I. Exercices lexicaux 1. Découvrez les différents sens du mot polysémique « cuirasse » et essayez de les réutiliser dans des énoncés adéquats: Les premières cuirasses étaient en cuir. Le devant de sa cuirasse était taché du sang des ennemis abattus. Il s’était construit une triple cuirasse de froideur indulgente, d’ordre poussé jusqu’à la minutie et de politesse.

Page 23: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

23

On le dit infaillible, mais il ne faut pas désespérer; patientez et cher-chez le défaut de sa cuirasse. La cuirasse protégera notre navire contre l’effet des projectiles. Certains poissons sont recouverts d’une cuirasse écailleuse. 2. Etablissez la famille lexicale du mot: « cuirasse » et formez des énoncés pour chacun des exemples trouvés. 3. Remplacez les points de suspension par le mot « cuir » ou « peau »: Mon nouveau sac est en.......de veau. J’aime caresser son/sa ......... doux/douce. Se laver avec un bon shampooing, c’est la meilleure façon de protéger son .........chevelu/e. Fais gaffe, si tu te barres avec l’argent, je vais te faire le/la........ Pourquoi tu t’en fais pour elle, ce n’était qu’un/e vieux/vieille...... Les flics qui l’ont attrapé lui ont tanné un peu durement le/la............. Ne t’inquiète pas, personne ne le saura; tout va se passer entre le/la.....et la chair. Au dix-neuvième siècle déjà, les Français se moquaient des fonction-naires en leur donnant un surnom qui leur a collé à le/la ......: «mes-sieurs les ronds-de-........ ». 4. Comment expliquez-vous les sens sur lesquels joue Pierre Dani-nos dans les phrases suivantes: «.... qui placent la France dans leur coeur, mais leur fortunes à l’étranger... » « ...qui s’en réfèrent complaisamment à leur histoire, mais ne veulent surtout plus d’histoires...... » 5. Etablissez la famille lexicale du verbe « placer » et construisez des énoncés avec chacun des termes trouvés.

Page 24: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

24

6. Le nom « place » a comme synonymes: « lieu », « endroit », « emplacement », « site ». Remplacez les points des énoncés sui-vants par le ou les mots de la série synonymique convenant au contexte: Vous le rencontrerez au même......... Il faut choisir ........pour camper. Quel est votre .............de naissance? Après son retour, il a repris son/sa........., comme si de rien n’était. Nous prions les passagers de regagner leurs ..........et de remettre leurs ceintures de sécurité. Les gens du/de la ...........n’étaient pas très chauds pour la construction de cette usine de recyclage. Cet enfant est très remuant: il ne peut pas tenir en ......une minute. Sa maison est devenue rapidement un/e véritable.........de débauche. A cet (cette) ...........de l’histoire, les enfants s’endormirent. 7. Trouvez des synonymes de l’expression « tourner en dérision » et formez des énoncés avec chacun d’entre eux. 8. En vous aidant d’un dictionnaire, trouvez les différents sens des mots « travers » et « traverse ». 9. Complétez les points de suspension par un des deux mots: tra-vers ou traverse Non, merci, je ne bois pas d’alcool. Bon, si vous insistez, mettez-moi juste un/e...... de doigt. Je te l’accorde, j’ai beaucoup de .........., mais toi non plus tu n’es pas parfait. Pour arriver plus vite, j’ai pris un chemin de......... Arrête de me regarder de ........., ce n’est pas moi qui t’ai balancé aux flics. Il n’a pas eu toujours une vie facile; pour arriver à cette position il a dû essuyer bien des............. Cet homme parle à tort et à...............

Page 25: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

25

Je suis en froid avec Ginette, elle a pris de ........... ce que j’avais dit sur son copain. Chaque fois que je veux faire quelque chose, il se met en ............de mon chemin. D’où tu me sors ça? Non, mais, vraiment, tu as l’esprit de ........... 10. Expliquez les diverses valeurs prises par les adjectifs « petit » et « grand » dans le fragment suivant et essayez de le traduire en roumain: «Comment définir ces gens qui (......) sont sous le charme lorsqu’un de leurs grands hommes leur parle de leur grandeur, de leur grande mis-sion civilisatrice, de leur grand pays, de leurs grandes traditions, mais dont le rêve est de se retirer, après une bonne petite vie, dans un petit coin tranquille, sur un petit bout de terre à eux, avec une petite femme qui, se contentant de petites robes pas chères, leur mitonnera de bons petits plats et saura à l’occasion recevoir gentiment les amis pour faire une petite belote » (Pierre Daninos)

II. Exercices grammaticaux (la phrase interrogative) 1. Etablissez de quel type d’interrogation il s’agit dans les phrases suivantes: Pour vous, la France, qu’est-ce que c’est? Est-ce que tu es content de ta nouvelle voiture? Est-ce que vous quitterez Bucarest ce week-end? A qui désirez-vous parler? Combien de livres avez-vous lu cette semaine?

Page 26: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

26

Que se passe-t-il? Viendras-tu me voir samedi? Que fais-tu samedi? Est-ce qu’ils boivent du café? Lequel d’entre vous ment? Ta soeur a-t-elle mangé? Qu’est-ce qu’elle a mangé? Comment veux-tu t’y prendre? 2. Faites porter la question sur les constituants en caractères gras: Exemple: J’habite dans la banlieue. - Où est-ce que tu habites? Il ressemble comme une goutte d’eau à son père. Nous n’aimons pas du tout les polars (romans policiers). Elle paraissait très émue. J’étais, à l’époque, professeur. Nous avons vu deux hommes sortant de la maison. Marie lit à haute voix sa composition. Nous l’avons rencontrée pour la première fois il y a deux semaines. 3. Posez les questions adéquates aux réponses suivantes, en faisant porter la question sur des constituants différents: La mariée jette des dragées autour d’elle en sortant de l’église. Pierre a mangé les gâteaux. Chloé n’arrête pas de pleurer depuis deux jours. Anne part à la montagne avec ses amis. 4. Lisez les textes suivants: A) Un jour vers midi 30, du côté du parc Monceau, sur la plate-forme arrière d’un autobus à peu près complet de la ligne S, j’aperçus un

Page 27: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

27

personnage au cou fort long qui portait un feutre mou entouré d’un galon tressé au lieu de ruban. Cet individu interpella tout à coup son voisin en prétendant que celui-ci faisait exprès de lui marcher sur les pieds à chaque fois qu’il montait ou descendait des voyageurs. Il abandonna d’ailleurs rapidement la discussion pour se jeter sur une place devenue libre. Deux heures plus tard, je le revis devant la gare Saint-Lazare en grande conversation avec un ami qui lui conseillait de diminuer l’échancrure de son pardessus en faisant remonter le bouton supérieur par quelque tailleur compétent. B) - A quelle heure ce jour-là passa l’autobus de la ligne S de midi 32, direction porte de Champerret? - A midi 38. - Y avait-il beaucoup de monde dans l’autobus de la ligne S sus-désignée? - Des flopées. - Qu’y remarquâtes-vous de particulier? - Un particulier qui avait un très long cou et une tresse autour de son chapeau. - Son comportement était-il aussi singulier que sa mise et son anato-mie? - Tout d’abord non; il était normal, mais il finit par s’avérer être celui d’un cyclothymique paranoïaque légèrement hypotendu dans un état d’irritabilité hypergastrique - Comment cela se traduisit-il? - Le particulier en question interpella son voisin sur un ton pleurni-chard en lui demandant s’il ne faisait pas exprès de lui marcher sur les pieds à chaque fois qu’il montait ou descendait des voyageurs. - Ce reproche était-il fondé? - Je l’ignore. - Comment se termina cet incident? - Par la fuite précipitée du jeune homme qui alla occuper une place libre. - Cet incident eut-il un rebondissement? - Oui, moins de deux heures plus tard.

Page 28: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

28

- En quoi consista ce rebondissement? - En la réapparition de cet individu sur mon chemin. - Où et comment le revîtes-vous? - En passant en autobus devant la cour de Rome. - Qu’y faisait-il? - Il prenait une consultation d’élégance. (Raymond Queneau, Exercices de style) a) Sachant que dans « Exercices de style » Raymond Queneau raconte la même histoire quatre-vingt-dix-neuf fois dans quatre-vingt-dix-neuf manières différentes, sous des titres suggestifs quant à la manière adoptée, précisez en quoi consiste la différence entre ces deux textes et quels pourraient être, selon vous, leurs titres? b) Classifiez les interrogations du texte B en fonction de l’incidence c) Etablissez quels marqueurs apparaissent dans chacune de ces interrogations et à quel niveau de langue ils se situent 5. Quels procédés interrogatifs apparaissent dans les énoncés sui-vants et à quel niveau de langue (soutenu, standard, familier, po-pulaire) appartiennent-ils? a) « Je monte dans le bus. - C’est bien pour la porte Champeret? - Vous savez donc pas lire? ...... Je regarde autour de moi. Il a une sorte de galon autour de son cha-peau. - Vous pourriez pas faire attention? » (Raymond Queneau, Exercices de style) b) Tu fais quoi, dimanche? Qu’est-ce qu’il t’a encore raconté pour te mettre dans des états pa-reils?

Page 29: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

29

Quand est-ce que nous allons enfin partir? D’où venez-vous? Qui c’est-ti qui t’a embobiné comme ça? D’où vous tenez ce renseignement? Alors, moi, je compte pour du beurre, non? Tes parents ne seront jamais d’accord, n’est-ce pas? Croyez-vous avoir le droit de me parler avec cette grossièreté? T’as rien pigé, mon pote, hein? Quoi, c’est toi qui m’as fait le coup? Mais, t’es fou ou quoi? 6. Transformez ces interrogations directes en interrogations indi-rectes en essayant de varier les verbes introducteurs: Exemple: Quel cadeau allez-vous lui offrir? - Elle veut savoir quel cadeau on va lui offrir. a) Quand est-ce que vous irez au cinéma avec Pierre? Comment iras-tu à la gare? Qu’est-ce qui la rend de mauvaise humeur? Où est-ce qu’il est parti? Etes-vous prêts à assumer les conséquences de vos actes? Avec qui partez-vous à la mer? Est-ce que tu as compris? Qu’est-ce qu’on fait ce soir? Est-ce que vous allez à sa soirée? Laquelle des deux préfères-tu? b) «- Je veux savoir: qu’est-ce que vous fichez là? Vous croyez peut-être que la compagnie vous a embauchée pour traîner dans les cou-loirs? - Concrètement, qu’est-ce que ça peut vous faire? Vous savez que je n’ai rien à travailler, non? Dîtes: qu’elle importance ça peut bien avoir que je sois là ou dans mon bureau? » (Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements)

Page 30: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

30

7. Transformez ces énoncés en discours indirect en faisant les changements qui conviennent: a) - Où est-ce que j’ai pu oublier mon sac? Elle se demande........................ Elle se demandait...................... b) Est-ce que vous pourrez m’accompagner à cette réunion? Il veut savoir..................... Il voulait savoir.................. c) Pourrais-tu me prêter ta voiture? Elle ne sait pas..................... Elle ne savait pas.................. d) Avez-vous réussi à décrocher le premier prix? Nous ignorons............... Nous ignorions............... Dîtes................................ e) Où as-tu rangé mes affaires? Il ne sait pas.................... Il ne savait pas................ Répondez-lui...................... 8. Les questions qu’on nous adresse nous prennent parfois au dé-pourvu et on ne sait pas trop ce qu’il faut répondre, ou la réponse nous gêne à cause de l’effet supposé sur notre interlocuteur. Dans ces cas, on peut gagner du temps pour réfléchir en précédant no-tre réponse par les syntagmes: Eh, bien....; c’est à dire que....; je veux dire que...; si vous voulez......; enfin...; il faudrait...; plus préci-sément....; euh, vous voyez.... Imaginez un petit dialogue basé sur des questions et des réponses de ce type. 9. Mettez en roumain le texte suivant:

Page 31: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

31

« - Mais nous t’avons déjà immatriculé hier! Qu’est-ce que tu veux encore? Pourquoi n’es-tu pas dans ta compagnie? - Rien...Je ne sais pas.....Ah, j’y suis; la Surintendance des Duels, Vengeances et Atteintes à l’Honneur, où donc se trouve-t-elle? - A peine débarqué, voyez-vous ça, ce gamin, ce qu’il vient de nous sortir! Et que peux-tu bien connaître à la Surintendance? - Un chavalier m’en a parlé...Ah, comment s’appelait-il?..Un avec une armure blanche... - Zut! Il ne manquait plus que lui! Naturellement, avec sa manie de fourrer partout le nez qu’il n’a pas! - Que dites-vous? Il n’a pas de nez? - .....Monsieur est un chevalier qui n’y est pas. - Comment, qui n’y est pas? Je l’ai vu, moi. Il y était! - Tu as vu quoi, au juste? De la ferraille....C’est quelqu’un qui est sans y être, tu as compris, blanc-bec? » (Italo Calvino, Le chevalier inexistant) 10. Mettez en français: « Atunci Sfântul Petre întrebă dinlăuntru: - Cine-i acolo? - Eu. - Cine eu? - Eu, Ivan. - Şi ce vrei? - Tabacioc este? - Nu-i. - Votchi este? - Nu-i. - Femei sunt? - Ba. - Lăutari sunt? - Nu-s, Ivane, ce mă tot baţi la cap? - Dar unde găsesc de aceste? - La iad, Ivane, nu aici. - Măi! dar ce sărăcie lucie pe aici, pe la rai, zise Ivan. » (Ion Creangă, Poveşti, Ivan Turbincă)

Page 32: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

32

Page 33: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

33

UNITÉ 2: La famille - du côté des jeunes

CONTENU TEXTES: 1. La famille française aujourd’hui 2. Le mariage à l’essai 3. Uranus, de Marcel Aymé 4. Confidence pour confidence, de Paule Constant EXERCICES: 1. Exercices lexicaux 2. Exercices grammaticaux (la phrase exclamative)

Le Baiser, statue de Constantin Brâncuşi

(école de Paris)

Page 34: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

34

La famille française aujourd’hui Quand on les questionne sur leurs valeurs, les Français se décla-

rent généralement très attachés à la famille. Pourtant, en France, comme ailleurs, depuis le début des années 70, le modèle familial du couple marié est en déclin constant. La révolte des étudiants en 1968 fut aussi une révolte ouverte contre la famille traditionnelle, basée sur deux principes essentiels: autorité des parents sur leurs enfants, devoir de respect et d’obéissance des enfants envers les adultes. Les jeunes révoltés ont réclamé plus de liberté pour eux-mêmes et moins de res-pect pour l’autorité, mettant ainsi en cause d’une manière tranchante le modèle familial, qui, malgré une courte reprise de 1987 à 1990, ne s’en relèvera pas. En trente ans, la baisse du mariage est de 45% pour les deux sexes. En même temps, le divorce a progressé très régulière-ment, en 1996 seuls 254.000 mariages ont été célébrés et plus de 110.000 divorces prononcés: le rapport est donc pratiquement devenu de un à deux (conformément au rapport Sardon 1996). De plus, les Français se marient de plus en plus tard. En 1975, l’âge du premier mariage était de 24-25 ans pour les hommes et 22-23 pour les femmes. En 2000, il est de respectivement 30-32 et 28-30 ans. Les raisons de ce retardement du mariage sont diverses: l’allongement de la durée des études, le chômage qui affecte les jeunes, mais aussi cette liberté re-vendiquée en 1968 de pouvoir vivre en « union libre ». La cohabita-tion hors mariage, nommée aussi, avec une pointe d’ironie, « mariage à l’essai », est devenue la norme de l’entrée dans la vie de couple. En 1965, seulement 10% des nouveaux couples cohabitaient, en 2000 ils le font à 90%. De moins en moins de cohabitations se transforment en mariages et le phénomène est de moins en moins une caractéristique des jeunes et des couples sans enfants.

Le déclin du mariage se mesure également au fait qu’il n’est plus le préalable nécessaire à la procréation: les naissances hors ma-riage croissent régulièrement depuis le milieu des années 60. En 1996

Page 35: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

35

ce sont 36% des enfants qui naissent de «filles-mères», contre moins de 6% au début des années 60.

Le célibat (ayant un taux très fort chez les cadres de moins de 35 ans), les divorces, les familles monoparentales, caractérisent surtout les agglomérations de plus de 20.000 habitants et font de Paris « la capitale de la solitude », puisque la moitié des ménages y sont consti-tués d’une personne seule.

Si les unions libres ont contribué au début à une prise de dis-tance de la part des jeunes par rapport à leurs familles d’origine, qui souvent désapprouvaient leur mode de vie, à présent les familles mo-noparentales resserrent les liens familiaux, revalorisant surtout la rela-tion mère - fille adulte. Pour surmonter les contraintes contradictoires de leur métier et de leurs tâches éducatives, nombre de mères céliba-taires font fréquemment appel à leur mère pour les aider. L’enfant est alors élevé à cheval sur deux foyers et parfois les valeurs des grands-parents sont directement transmises aux enfants et se confrontent avec celles des parents qui ne sont pas nécessairement identiques. Tous ces changements du modèle familial influencent la psychologie et le com-portement des enfants, et les parents doivent le prendre en compte. Ils doivent comprendre que le respect de leurs enfants ne leur est plus assuré par le simple fait de pourvoir à leurs besoins et que la négocia-tion doit s’instituer là où l’on ne connaissait bien souvent que l’autorité et le cloisonnement.

L’Etat français, en ce qui le concerne, a compris qu’il ne sert à rien de fermer les yeux devant la crise du mariage traditionnel et ses conséquences sur la société et a essayé de s’adapter à cet état de fait, prenant à sa charge certaines fonctions autrefois dévolues à la famille (assurances vieillesse, chômage ou maladie) et offrant des solutions juridiques à la diversification des modèles matrimoniaux (le PACS).

(Les données statistiques de cette présentation sont fournies par les Cahiers français, no 291, 2001)

Page 36: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

36

EXPLICATIONS LEXICALES reprise n.f. = action de reprendre (ex. la reprise des hostilités); loc.adv. à plusieurs/maintes reprises: plusieurs fois, souvent; rac-commodage d’un tissu (ex. la reprise du pantalon était assez visible); accélération de vitesse après un ralentissement (ex. cette voiture a de bonnes reprises); le fait de reprendre essor après une crise (ex. Jus-qu’à la reprise des affaires, il faut se contenter de peu) relever v. = v.tr. remettre debout; remettre en bon état (ex. relever un pays détruit); ramasser; faire remarquer, mettre en relief (ex. relever les défauts de qqn.); répondre vivement (ex. relever une allusion per-fide, une offense); noter, copier (ex. relever une adresse); élever (ex. relever le niveau des salaires); v.pron se relayer (ex. ils se relevaient au chevet du malade); se diriger vers le haut (ex. les coins de sa bou-che se relèvent) fille-mère n.f.; pl. filles-mères = mère célibataire taux n.m. = pourcentage appliqué à la base imposable (ex. Le taux augmente en même temps que le salaire); le cours, le prix d’une mon-naie étrangère (ex. le taux de change du dollars); le pourcentage (ex. un taux de 4% pour tous les prêts) pourvoir v. = v.tr.indir. pourvoir à: assurer, fournir le nécessaire; v.tr.dir. munir, donner (ex. pourvoir qqn. d’une recommandation); v.pron. faire en sorte de posséder, s’approvisionner (se pourvoir en aliments); jur. recourir à une juridiction supérieure; être pourvu (de): avoir, posséder (ex. animal pourvu d’écailles); être riche (ex. Sa vie est facile, il est pourvu) pourvoyeur, euse n.m.f. = personne qui fournit (qqch.) pourvu que loc.conj. = à condition que, si à cheval loc.adv. = sur un cheval (ex. Ils y allaient à cheval); à cali-fourchon (une jambe d’un côté et l’autre de l’autre): fig. tenir rigou-reusement à qqch. (ex. être à cheval sur ces principes/sur la hiérar-chie etc.); une partie/période d’un côté, une partie de l’autre (ex. Il vit à cheval entre la France et l’Espagne. Le sujet de son livre est à cheval sur deux périodes historiques.)

Page 37: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

37

dévolu, e adj. = acquis, échu par droit (ex. héritage dévolu à l’Etat); par ext. réservé (ex. Les récompenses sont souvent dévolues aux nulli-tés.) jeter son dévolu sur une personne (chose) = fixer son choix sur elle AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions suivantes: - Quelles sont les tendances de la vie familiale dans la société fran-çaise contemporaine? - Quel événement historique a marqué une remise en cause collective des valeurs de la famille traditionnelle? - Quels sont les nouveaux modèles de vie en couple? - Connaissez-vous une décision législative récente qui témoigne du fait que l’Etat français prend en compte ces nouveaux modèles? EXPRESSION ORALE Sujet de débat: Que pensez-vous du «mariage à l’essai»? Argumentez votre opinion! Pour vous aider, voilà quelques unes des réponses données par des jeunes français de 18 à 30 ans aux questions: «Accepteriez-vous le mariage? Pour quelles raisons?»:

Le mariage à l’essai? OUI, tout de suite: * Je n’ai pas envie qu’on dise: «Elle vit avec un homme». Je l’aime, je me marie. Je n’ai pas peur. On verra bien...

Page 38: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

38

* Vivre sans être mariés: ma grand-mère ferait les gros yeux et dirait: « Qu’est-ce que c’est que ça? » * C’est plus commode pour avancer dans la vie quand on a des en-fants, pour avoir un logement, tout, quoi!.. * Je ne veux pas rester célibataire; je n’ai pas le courage de vivre seule. * Le mariage, ce n’est pas seulement la robe blanche, c’est la vie à deux. Je trouve ça merveilleux. * Je ne peux plus me passer de lui, donc c’est normal de vouloir me marier. S’il le souhaite aussi, pour moi c’est une preuve d’amour. NON, pas du tout * Être marié, ça donne des obligations. Il faut être là le soir, tous les soirs. C’est terrible. * Pourquoi se marier? Qu’est-ce que ça nous donne de plus? On est heureux ensemble. Alors c’est bien comme ça. * On vit comme si on était mariés. Et, en plus, on peut avoir une vie intéressante chacun de son côté. C’est formidable, non? Pourquoi gâ-cher ça? * Se marier, ça veut dire se lier à quelqu’un pour toute la vie. C’est long, c’est trop long. * Je ne veux pas avoir une vie comme mon frère et sa femme. Ils s’aiment. Ils ne se quittent jamais. C’est un couple où rien ne peut entrer, d’où rien ne sort. Je trouve ça appauvrissant.

Page 39: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

39

* J’aime mieux rester seule. J’ai trop peur de faire un mauvais mariage et de faire souffrir les enfants. OUI, mais plus tard et avec un passage obligé: le mariage à l’essai * C’est important de mieux se connaître. Donc, on vit ensemble. Si ça marche, on se marie...si ça marche pas, c’est plus facile de se quitter. * Pour le moment on est bien comme ça. Mais si on décide d’avoir des enfants, on se mariera. * Ça ne plaît pas à mes parents, mais ils me laissent faire parce qu’ils comprennent que ce n’est qu’en vivant avec quelqu’un qu’on arrive vraiment à bien le connaître. * J’ai des petites amies, parfois on habite ensemble. Mais si je vois qu’elles commencent à penser au mariage, je prends le large....Je suis trop jeune pour ça et puis il faut d’abord que je finisse mes études de médecine. J’ai du pain sur la planche.. * A partir du moment où on se marie, on doit être fidèle à sa femme. Je ne vois pas la raison qui pourrait m’obliger à me marier maintenant. Cela n’empêche d’avoir des sentiments et la vie à deux peut être une expérience utile. Je ferai peut-être moins d’erreurs lorsque je ren-contrerai la femme de ma vie. (sondage effectué par l’Institut national d’Études sociales)

Page 40: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

40

MARCEL AYMÉ, Uranus

Ecrivain d’une étonnante diversité, Marcel Aymé (1902-1967)

s’est illustré autant par des romans et nouvelles (La Table-aux-Crevés, qui lui a valu le Prix Renaudot, Brûlebois, La Jument verte, La Voui-vre, Les Contes du chat perché, Le Passe-muraille) que par des pièces de théâtre (notamment La Tête des autres, Lucienne et le boucher, Clérambard etc.)

Qu’il s’agisse d’oeuvres à caractère fantastique (telles: Le Passe-muraille, La Vouivre, La Jument verte) ou d’oeuvres à caractère ré-aliste (La Table-aux-Crevés, Brulebois, Uranus), Marcel Aymé s’avère un extraordinaire observateur des faiblesses humaines, qu’il exploite avec une verve hors pair qui va de l’ironie légère jusqu’à la satire la plus corrosive. D’ailleurs, l’originalité de Marcel Aymé en tant qu’écrivain fantastique réside justement dans le fait que son fan-tastique s’introduit dans un univers très familier et est accepté par les personnages avec beaucoup de naturel. Ce fantastique cocasse ne di-sloque pas de manière flagrante l’odre de l’univers réel, il sert plutôt de révélateur de la nature humaine. Dans son roman Uranus, Marcel Aymé suit l’évolution d’une famille sur la toile de fonds de la société française d’après la Libération, en ironisant avec amertume les excès de cette période où trop souvent l’ombre d’un soupçon sur la collabo-ration avec les Allemands conduit vers le poteau d’éxecution.

Page 41: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

41

Uranus (fragment)

Marie-Anne jouait au piano une chanson d’Edith Piaf. Ar-chambaud écoutait avec une attention émue, croyant y reconnaître un morceau de Chopin. Les musiciens qui ont un grand génie, se dit-il, nous ferait croire facilement à l’existence de l’âme et à celle de Dieu..... - Comment appelles-tu cette chose-là? - L’Hôtel meublé. C’est une chanson d’Edith Piaf. Archambaud ne se piquait nullement de musique. Néanmoins, il eut une désillusion et douta de la qualité du plaisir qu’il venait de prendre en écoutant Marie-Anne. L’ineffable ne pouvait-il pas se passer d’un état civil? Non, pas plus l’ineffable que le reste.....Passant à des consi-dérations confuses sur l’époque, l’état des esprits et du sien en particu-lier, il se sentit devenir triste et de mauvais poil. Essoufflée par la montée des deux étages, Mme Archambaud entra dans la salle à manger. Elle posa son sac sur la table, jeta ses gants sur le lit, passa son mouchoir entre ses gros seins pour y éponger la sueur et vint au piano. - Marie-Anne, où es-tu allée hier après-midi? Marie-Anne vira d’un quart de tour sur son tabouret, regarda sa mère bien en face et lui expliqua qu’elle était allée chez Nadia Vincent re-prendre un livre prêté la semaine passée. - C’est faux. Je viens de rencontrer Nadia et sa mère. Marie-Anne rougit. Mme Archambaud ne se contenant plus, la gifla deux fois, du plat et du revers. - Tiens, pour t’apprendre à mentir. Elle s’apprêtait à poursuivre l’interrogatoire, mais Archambaud inter-vint. Comme toujours, il était très calme. Sa haute taille, son air de bon géant placide et réfléchi conféraient à ses paroles leur autorité habituelle. - Voyons, Germaine, dit-il à sa femme, pourquoi empêches-tu cette petite de mentir? Déjà ce matin, tu as fait une scène à Pierrot en l’accusant de t’avoir pris un billet de cinquante francs. Tu veux donc

Page 42: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

42

lancer dans la vie des enfants désarmés, sans autres atouts qu’une bonne orthographe et des souvenirs de catéchisme? - Voyons, Edmond! protesta sa femme avec effarement. - Bien sûr tu aimerais te laisser aller à tes souvenirs d’enfant de Marie. Si nous étions seuls dans la vie, tu pourrais le faire sans inconvénient. Mais nous avons fille et garçon. Les malheureux! On frémit de penser qu’ils ont grandi dans la religion de l’honnêteté, de la vérité et de la pureté. Il était grand temps... Cette fois, Mme Archambaud éclata, expliquant à son mari que Marie-Anne avait passé, la veille, une partie de son après-midi en compagnie du fils Monglat. Mme Bertin les avait vus entrer ensemble dans le Bois des Larmes. - Voilà où elle en est! Une gamine qui n’a même pas ses dix-huit ans! Non, c’est révoltant! - Pourquoi? dit le père. Marie-Anne n’a pas mal choisi. Ce jeune Monglat est riche. Son père c’est rudement bien débrouillé sous l’occupation et le fils, résistant de la onzième heure, s’entend lui-même aux affaires. C’est bien ce qui t’a décidée, n’est-ce pas? Marie-Anne releva la tête, regarda son père avec reproche et, n’osant prendre la parole, secoua la tête en signe de dénégation. - Ce n’est pas ça? Je le regrette pour toi. Ma petite fille, souviens-toi que, dans la vie, la seule chose qui compte, c’est l’argent. D’ailleurs, sur ce point, ta mère pense exactement comme moi et si elle était sûre que ce riche jeune homme t’épouse un jour, elle t’aurait déjà pardon-née. Troublée par cette dernière affirmation, Mme Archambaud n’y contredit pas, mais après un temps de silence, s’écria avec un mépris fougueux: - L’épouser! Il n’y pense même pas! - Je crois, en effet qu’il n’y pense pas. Mais pour une jeune fille adroite, il peut y avoir autant de profit à devenir la maîtresse d’un homme riche qu’à être sa femme légitime. - Edmond! Est-ce que tu es fou? Voilà que tu encourages ta fille....Ah! le jour où cette petite imbécile sera enceinte... - Evidemment, dit Archambaud, en s’adressant à sa fille, c’est la chose à ne pas faire. Il faut absolument éviter d’avoir des enfants. Ça coûte cher, c’est un embarras, une cause de soucis, de tracas, et pour une

Page 43: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

43

jeune fille, c’est un handicap très lourd. Ta mère s’inquiète à juste titre de ta promenade au Bois des Larmes. Ce n’est pas un endroit où céder à un jeune homme. Mme Archambaud saisit le bras de la jeune fille qui était devenue écarlate et l’entraîna hors de portée des paroles du père. EXPLICATIONS LEXICALES piquer v. = v.tr. entamer légèrement ou percer avec une pointe (ex. Une guêpe l’a piqué.); fig. blesser, vexer (ex. Il fut piqué de son indif-férence.); pop. voler (ex. Elle piquait des fringues dans les supermar-chés.); prendre, attraper (La police l’a piquée à la sortie du bar); faire, avoir brusquement (ex. piquer une colère); v.intr. tomber, des-cendre brusquement (ex. un avion qui pique); (vb. pron.) se blesser légèrement; se couvrir de tâches (ex. A cause de l’humidité, les livres se piquent); se piquer + de: avoir la prétention d’aimer, de connaître (ex. Il se pique de littérature.) néanmoins conj. = cependant, pourtant être de bon/mauvais poil = être de bonne/mauvaise humeur se contenir v. = se maîtriser effarement n.m. = effroi mêlé de stupeur, trouble tracas n.m. = difficulté, souci causé par des préoccupations d’ordre matériel écarlate n.f. = couleur d’un rouge éclatant portée n.f. = ensemble de petits qu’une femelle met bas en une fois (ex. Ces chatons sont de la même portée.); charge d’un navire; dis-tance à laquelle porte une chose (ex. la portée d’un fusil; la portée d’une voix); fig. effet, force (ex. la portée d’un argument, d’un évé-nement, etc.); loc. à (la) portée de....: accessible; hors de (la) portée de...: inaccessible Enfants de Marie = mouvement religieux de jeunes enfants AUTOUR DU TEXTE

Page 44: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

44

- Selon vous, cette « scène de la vie de famille » se passe à l’intérieur d’une famille traditionnelle ou d’une famille moderne? - Quelles relations existent entre les membres de la famille Archam-baud? - Est-ce que les réactions des deux parents devant l’écart de conduite de la jeune fille sont ressemblantes? - Comment interprétez-vous l’intervention du père? Suggestions: a) comme une preuve de cynisme et de cupidité b) comme une tentative de dévier la colère de Mme Archambaud c) comme une manière plus originale de prévenir sa fille contre les possibles conséquences de sa conduite, ses paroles inconvenantes et son approbation trop soutenue n’étant qu’une tactique pour la faire prendre le contre-pied Cherchez dans le texte les passages qui pourraient constituer des ar-guments pour votre interprétation - Est-ce que la réplique d’Archambaud: « Tu veux donc lancer dans la vie des enfants désarmés, sans autres atouts qu’une bonne orthographe et des souvenirs de catéchisme?....Les malheureux! On frémit de pen-ser qu’ils ont grandi dans la religion de l’honnêteté, de la vérité et de la pureté» est une simple boutade ou elle exprime un sentiment de malaise plus profond et, implicitement, une accusation à l’adresse d’une société en transition (l’après-guerre), où les valeurs de la morale traditionnelle n’ont plus cours? - Pourriez-vous caractériser en quelques phrases la société française de l’après-guerre? - Connaissez-vous quelques écrivains célèbres qui sont tombés sous le coup des épurations?

Page 45: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

45

Quand les enfants accusent leurs parents...

PAULE CONSTANT, Confidence pour confidence Professeur universitaire, Paule Constant est aussi l’auteur de plusieurs romans remarqués par la critique et appréciés par les lec-teurs, notamment White spirit (1990), La Fille du gobernator (1994) et Confidence pour confidence, qui lui a valu le prix Goncourt de l’année 1997.

Confidence pour confidence (fragment)

« Dans une vidéo tournée par lui pour la fête des mères, sa fille Chrystal, 15 ans, à la question: À qui voudrais-tu ressembler? avait répondu: A Marilyn Monroe; et à la question: A qui ne voudrais-tu pas ressembler? - A MA MÈRE! Son joli visage tourné vers la ca-méra, les yeux tournés droit dans l’objectif, elle expliquait qu’elle ne voulait pas être une femme qui sacrifie sa vie privée à sa vie publique; qui travaille jusqu’à deux heures du matin et qui s’enferme dans son bureau le week-end pour rattraper les quelques moments qu’il lui arri-vait de perdre avec la famille; qui ne part en vacances qu’à condition de suivre à travers l’Europe un groupe d’étudiants qu’elle réunit cha-que matin pour les faire travailler et qu’elle suit chaque après-midi dans leurs excursions culturelles pendant que Crystal et son père, qui étaient du voyage, s’occupaient comme ils pouvaient: Prends un livre et lis! Chrystal déclarait à la caméra qu’elle voulait de nombreux enfants, un mari gentil et une maison bien rangée. Ils avaient bien ri tous les trois en visionnant la casette truffée de gags, de Bunnies qui se couraient les uns derrière les autres sans arriver à se rattraper. Il avait accéléré le mouvement pour montrer à quel point Gloria était SPEEDÉE. Cela se

Page 46: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

46

terminait par une giclée de coeurs roses..Les coeurs se regroupant formaient la phrase: J’aime maman. Splatch!!! Gloria avait moins ri lorsqu’un soir elle s’était rendu compte que la robe de bal de Chrystal, avait déjà été achetée alors qu’elle s’était fait une joie de consacrer son après-midi à sa fille. Elle se serait amusée à tâter toutes ces soies suaves ou éclatantes, à chercher les escarpins assortis....Tout était là, étalé sur le canapé, acheté avec papa une semaine à l’avance. Mais pourquoi? avait demandé Gloria. Un flot d’aigreurs sortit de la jolie bouche qui, entre deux aspirations de coca-cola, lui expliquait que toutes les autres filles avaient déjà leur robe et qu’elle avait eu peur qu’il n’en restât plus dans le modèle qu’elle dési-rait et que papa était sorti du bureau exprès et que papa l’avait amenée au grand magasin et que papa l’avait aidée à choisir. - Mais je t’avais dis que je tenais à l’acheter moi-même, que cela me faisait plaisir! - Ah! Ton plaisir! Toujours ton plaisir, bien sûr! Elle attaquait: Et moi, tu penses un peu à moi! Et l’enfant éclata en sanglots. Pour la consoler son père lui promit de la conduire chez sa grand-mère qui l’habillerait pour la grande occasion...... Gloria n’avait pas vu sa fille en robe de bal et s’en consola en se di-sant que c’étaient des coutumes d’une mièvrerie éculée et qu’elle n’aurait jamais dû tremper là-dedans. Maintenant Chrystal vivait plus souvent chez ses grands-parents qu’à la maison. Cet arrangement épargnait à l’enfant le souci de se préparer toute seule le repas du midi et souvent celui du soir. Elle attendait interminablement ses parents devant la télé, avec le téléphone à l’oreille, car avec sa meilleure amie, elles ne se parlaient pas mais mettaient la même émission et la com-mentaient au téléphone comme si elles avaient été côte à côte. Il fallait que Gloria le comprît, c’était une trop grande solitude qu’ils imposaient à leur fille. Et puis, lui aussi, s’était mis à aller dîner chez ses parents pour rejoin-dre Chrystal devant une vraie table, sans papiers, sans post-it. » EXPLICATIONS LEXICALES

Page 47: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

47

rattraper v. = v.tr. attraper de nouveau (ex. rattraper un prisonnier qui s’est évadé); regagner, récupérer (ex. On ne peut rattraper la jeu-nesse); rejoindre qqn qui a de l’avance; v.pron. se rattraper: se rac-crocher (ex. se rattraper à une branche); regagner l’argent perdu (ex. Après ses pertes aux jeux, il s’est rattrapé.) être + préposition = I. être à... = exprime l’appartenance (ex. Ceci est à moi), l’occupation (Elle est à son travail); le but ou la nécessité (ex. C’est à prendre ou à laisser; Tout est à refaire)

II. être de .....= exprime la provenance (ex. Il est de Normandie. Cet enfant est de lui); la participation (ex. être de la fête; être des nôtres)

III. en être = faire partie de..( Nous organisons une soirée, en serez-vous?); se trouver à un certain endroit (ex. J’en étais là de mes déductions); expr. Ne plus savoir où l’on en est: per-dre la tête, s’affoler; En être pour....(sa peine, son argent): avoir per-du..(sa peine, son argent) truffe n.f. = tubercule souterrain formé par certains champignons; extrémité du museau d’un chien; arg. nez gros et rond (ex. Il a une truffe, le gars!); fam. Quelle truffe! = Quel idiot! truffer v. = garnir de truffes (ex. truffer une dinde); remplir en abon-dance (ex. Les combattants ont truffé le terrain de mines.) tâter v. = toucher attentivement, palper; fig. sonder (ex. tâter l’adversaire); goûter, faire l’expérience (ex. Il a tâté de la prison) escarpin n.m. = chaussure très fine qui laisse le cou-de-pied découvert et dont la semelle est très mince aigreur n.f. = saveur acide; fig. mauvaise humeur; pl. remarques dé-sobligeantes ou fielleuses mièvre adj. = vx. espiègle (ex. enfant mièvre et éveillé); doucereux (ex. poésie d’un charme mièvre) mièvrerie n.f. = vx. espièglerie; gentillesse, grâce fade et recherchée éculé,e adj. = usé (ex. talons éculés), fig. passé de mode AUTOUR DU TEXTE

Page 48: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

48

Répondez aux questions: - Est-ce que les rapports entre les membres de cette famille sont en-core basés sur les principes traditionnels? - Quelle type de femme représente Gloria? - Comment expliquez-vous ce retour de la jeune adolescente vers des valeurs traditionnelles (un mari, des enfants, une maison bien rangée)? - Quelles sont les raisons de la crise que traverse cette famille? - Est-ce que la mère a l’air de se rendre compte que sa famille est en train de se déchirer? - Est-ce qu’on peut avoir une vie professionnelle accomplie et en même temps ne pas négliger sa famille? EXPRESSION ÉCRITE Sujet de rédaction Commentez la phrase suivante: « La famille, on y croit ou non, mais on ne fait pas joujou avec » (Henry de Montherlant, Fils de Personne)

EXERCICES I. Exercices lexicaux

Page 49: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

49

1. Précisez le sens du verbe « relever » dans chacun des énoncés suivants et remplacez-le par des équivalents: Anne-Marie releva la tête et regarda son père avec reproche. Je lui tendis la main pour l’aider à se relever. Le tribunal ne put relever aucune charge contre lui. L’employé du gaz est venu relever le compteur. Le président l’a relevé de ses fonctions. L’Union Européenne se propose d’aider les pays de l’Est à se relever. Les coins de sa bouche se relevaient dans un sourire forcé. 2. Cherchez les synonymes du verbe « croître » et créez des énon-cés avec chacun d’entre eux 3. Remplacez dans les énoncés suivants les verbes en italiques par leur antonyme appartenant à la même famille lexicale: Exemple: Son père approuvait sa conduite. Son père désapprouvait sa conduite. Au bout d’une heure d’essais, il avait réussi à régler le moteur. Depuis qu’ils vivent ensemble, il a appris les bonnes manières. Ce qui s’était passé ce dimanche nous avait uni un peu plus. A son grand étonnement, les enfants lui obéirent. 4. Établissez la famille lexicale du mot «piquer» et formez des énoncés avec chacun des exemples trouvés. 5. Précisez le sens des expressions en italiques et remplacez-les par des synonymes: Marie venait parfois le cueillir au bistrot où il se piquait le nez chaque soir. Alors, tu ne tiens plus, tu piques du nez? Non, mais dis donc, quelle mouche t’a piqué?

Page 50: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

50

En voyant arriver sa cousine, il piqua des deux. Ses paroles m’avaient piqué au vif. Ton argent tombe à pic, je n’avais plus le sou. Les rochers s’élevaient à pic au-dessus de la mer. II. Exercices grammaticaux (la phrase exclamative)

Page 51: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

51

1. Lisez les exemples suivants et précisez de quel type d’exclamation il s’agit: a) Quelles boissons ont été consommées dans cette soirée! Ce paysage n’est-il pas magnifique! Mon Dieu! Qu’est-ce que tu as fait! Que de films ai-je pu voir! Vous avez une de ces chances! Il est d’un calme! Non, tu aimes ce garçon! Quelle intelligence! Moi, partir en vacances sans les enfants! Quelle ne fut pas ma surprise! Ah, le salaud! Espèce d’andouille! Ah, ça par exemple! Quel manque de goût! Zut, une priorité! Combien d’ouvriers ont été licenciés! Ma foi! C’est d’un pénible! b) «- Allô! Allo! ..Monsieur l’inspecteur est-il ici? Pas avant vingt minutes! Dommage!...Enfin!...Quand il sera là dîtes-lui de venir chez moi. Dans ma chambre il y un homme solidement ligoté. C’est le vo-leur, l’assassin de Dugrival.... Ah! J’oubliais de vous dire le nom de l’individu. Arsène Lupin! Vous ne me croyez pas?! Tant pis!...Avertissez M. Ganimard! » (Maurice Leblanc, Les Confidences d’Arsène Lupin) 2. Lisez cette autre version du texte déjà étudié de Raymond Que-neau et précisez par quels moyens sont exprimées les exclama-tions:

Page 52: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

52

« Ce que nous étions serrés sur cette plate-forme d’autobus! Et ce que ce garçon pouvait avoir l’air bête et ridicule! Et que fait-il? Ne le voi-là-t-il pas qui se met à vouloir se quereller avec un bonhomme qui - prétendait-il! ce damoiseau! - le bousculait! Et ensuite il ne trouve rien de mieux à faire que d’aller vite occuper une place laissée libre! Au lieu de la laisser à une dame! Deux heures après, devinez qui je rencontre devant la gare Saint-Lazare?! Le godelureau! En train de se faire donner des conseils ves-timentaires! Par un camarade! A ne pas croire! » (R. Queneau, Exercices de style, Surprises) 3. Précisez à quel niveau de langue appartiennent les énoncés sui-vants: Pour ce que tu t’y intéresses! Plût au ciel qu’il ne le découvre jamais! Merde, comment qu’ils nous ont eus! Quel ami merveilleux vous avez en lui! Tu parles d’un ami! Il étale sa richesse, et comment! Puisse-t-il rester honnête! 4. Imaginez que deux stars de cinéma se marient. Malgré leur désir de discrétion, à la sortie de l’église une foule de badauds ou d’admirateurs s’est attroupée. Composez un petit texte formé essentiellement des exclamations qu’on pourrait entendre à cette occasion. 5. Explicitez par une contextualisation appropriée les sentiments qui pourraient être exprimés par les exclamations suivantes: Exemple: Il vient! joie = Chouette! Il vient! On va pouvoir jouer aux cartes! étonnement, surprise = C’est incroyable, il a accepté mon invitation! Il vient!

Page 53: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

53

réprobation = Zut alors! Il a appris que je fêtais mon anniversaire! Il vient! déception = Dommage! Il vient! Il pleut! Tu travailles! Vous partez! Comme il a changé! 6. Quelles sont les valeurs de «si» dans les énoncés suivants: Je me demande s’il est rentré avant le début de l’orage. Je serais venu si tu n’avais pas invité Jean. Il m’a offert mon parfum préféré. Si c’est gentil! Je ne le croyais pas si généreux que ça. Une femme qui abandonne son enfant! Si c’est pas malheureux de voir ça! Vous ne m’avez pas répondu si vous acceptez mon offre. Mince alors! S’il y a du vent! 7. Vous apprenez que votre ex-compagnon, avec lequel vous avez très récemment rompu, vient de se marier. a) Exprimez de diverses manières votre surprise. Exemple: Ma parole! Il l’a fait! b) Exprimez votre indifférence à l’égard de l’événement.

Page 54: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

54

Page 55: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

55

UNITÉ 3: Ainsi va la langue française

CONTENU TEXTES: 1. La Francophonie 2. Les trésors de la francophonie 3. André Makine, Le Testament français EXERCICES: 1. Exercices grammaticaux: la phrase injonctive

1. France 7. îles Marquises 14. Djibouti 2. Belgique 8. Tahiti (î. de la Societé) 15. Afrique Occidentale 3. Suisse 9. Maroc 16. Afrique équatoriale 4. Québec 10. Algérie et Zaire 5. Antilles françaises 11. Tunisie 17. Madagascar (Martinique, Guadeloupe) 12. Égypte 18. Vietnam et Cambodge 6. Guyane 13. Liban 19. Nouvelle Calédonie

Page 56: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

56

La francophonie

Dans son sens le plus général, la « francophonie » représente l’ensemble des pays ayant en commun l’usage du français. « Est fran-cophone », d’après le Petit Robert, « celui qui parle habituellement le français, au moins dans certaines circonstances de la communication, soit comme langue maternelle, soit comme langue seconde...». Etre francophone, c’est donc être à même de parler le français couramment, qu’il ait été appris naturellement ou à l’école, dans un système le pri-vilégiant. Cela veut dire environ 200 millions de francophones, chiffre qui n’est impressionnant qu’à première vue, car en fait, dans le clas-sement international, le français se place au dixième rang, derrière l’anglais et même derrière l’espagnol, le portugais, le chinois, l’arabe etc. Mais même si la diffusion et le renforcement du français reste un objectif prioritaire du mouvement francophone, ce n’est pas le nombre de locuteurs qui constitue son plus bel atout. Véronique Le Marchand, qui vient de publier aux éditions Milan (Toulouse) un ouvrage présen-tant au grand public les informations essentielles sur la francophonie, esquisse ce portrait de la francophonie, de sa naissance jusqu’à sa maturité actuelle: « Tel un arbre, la Francophonie a planté ses racines en Europe avant d’étirer ses branches, d’abord en Afrique et en Amérique du Nord, puis sur les cinq continents. Le terme francophonie, imaginé par un géographe français au XIX-ème siècle, s’est enrichi au fil du temps de significations nouvelles. Sa naissance institutionnelle, la Francophonie la doit à des hommes d’État africains comme Léopold Sédar Shengor, Habib Bourguiba ou Hamani Diori. A ces premières pierres, d’autres se sont ajoutées construisant peu à peu ce qui allait devenir la Franco-phonie d’aujourd’hui. Le Sommet de Hanoi, en 1997, lui donne la dimension politique qui lui manquait et qui lui permettra de faire face et aux grands enjeux du XXI-ème siècle.(....) L’arbre de la francopho-nie est d’une espèce bien particulière. Sa vitalité, il la puise non pas dans le nombre de locuteurs, mais dans la richesse d’un extraordinaire métissage culturel et linguistique des francophones.»

Page 57: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

57

Dans le groupe des 47 États et gouvernements faisant partie de la communauté francophone, soit un pays sur quatre dans le monde, il y en a d’abord dix-sept où le français est langue maternelle et offi-cielle (France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Monaco, Andorre, Ca-nada, Guadeloupe, Martinique, Guyane et des îles de l’océan Pacifi-que et de l’océan Indien). Il y a ensuite un deuxième groupe de vingt pays où le français est langue officielle et langue d’enseignement (les anciennes colonies françaises et belges de l’Afrique). Il y a aussi les pays où le français est langue d’enseignement et où une partie de la population parle le français (l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, le Brésil, le Viêt-nam). A l’occasion du Sommet francophone de 1994, tenu à l’île Maurice, le monde francophone s’est élargi. Un certain nombre de pays qui n’étaient qu’observateurs, ont reçu le statut de membres de plein droit: la Roumanie, le Cambodge et la Bulgarie. D’autres, comme l’Albanie, la Moldavie, la Pologne attendent d’être reçus comme membres de cet espace qui n’a pas en commun seule-ment le partage du français, mais qui est aussi un espace de solidarité, qui veut contribuer à pallier les écarts entre les pays. Ainsi, au VIII-ème Sommet de la Francophonie, qui a eu lieu en 1999, à Moncton, au Canada, Roger Dehaybe, administrateur général de l’Agence Inter-gouvernementale de la Francophonie, déclarait: « Répondre aux aspi-rations des populations et des gouvernements qui espèrent trouver dans la solidarité francophone une réponse concrète à leurs besoins de développement, voici notre mission. Servons donc la grande famille de la francophonie en utilisant au mieux nos ressources humaines et financières, en nous concentrant sur des priorités définies de manière multilatérale et sur des projets concrets, aux effets démultiplicateurs!» En France, comme à l’étranger, la francophonie s’est organi-sée et un grand nombre d’institutions lui permettent de faire entendre sa voix. Trois organismes officiels, en France, jouent un rôle essentiel dans le domaine de la francophonie: - le Conseil supérieur de la langue française, chargé de présenter au gouvernement des actions pour promouvoir, illustrer et valoriser le français; - la Délégation générale à la langue française, chargée de veiller à l’emploi et à l’enrichissement du français;

Page 58: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

58

- le Haut Conseil de la Francophonie, qui impulse les grandes ac-tions en faveur de la francophonie. Au niveau international se distingue comme unique opérateur intergouvernemental l’Agence de la Francophonie. Fondée en 1970 avec pour devise: égalité, complémentarité, solidarité, l’Agence de la Francophonie mène des actions de coopération multilatérale dans de nombreux domaines: éducation et formation, culture et multimédia, coopération juridique et judiciaire, développement et solidarité écono-miques, énergie et environnement. Parmi les partenaires institutionnels qui jouent un rôle important dans le développement de la francophonie il faut mentionner aussi l’AUPELF-UREF (Association internationale des Universités partiellement ou entièrement de langue française - Uni-versité des Réseaux d’expression française), l’Université Senghor et TV5. EXPLICATIONS LEXICALES être à même loc.v. = être capable renforcer v. = rendre plus fort, plus résistant (ex. renforcer un mur); donner plus d’intensité (ex. renforcer une couleur) étirer v. = v.tr. allonger, étendre; v.pron. étendre ses membres (ex. Il s’étira en bâillant); se déployer (ex. Les nuages s’étiraient.) sommet n.m = la partie, le point le plus élevé (ex. sommet d’un toit, d’une montagne); fig. ce qui est supérieur, l’apogée (ex. le sommet de la gloire); conférence avec les dirigeants suprêmes (ex. le sommet franco-arabe); l’intersection de deux côtés (ex. les trois sommets d’un triangle) puiser v. = prendre une portion dans une masse liquide (ex. Elle pui-sait de l’eau à la fontaine des voisins); fig. prendre, emprunter (ex. La documentation était puisée aux Archives. Il puisait sa force dans ses souvenirs.) écart n.m. = distance qui sépare deux choses (ex. Augmentez l’écart des branches du compas!); différence entre deux grandeurs, valeurs (ex. des écarts de développement économique); action de s’éloigner (ex. Le cheval fit un écart en dressant les oreilles.); fig. action de

Page 59: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

59

s’écarter d’une règle morale ou sociale, erreur (ex. Un écart de jeu-nesse peut détruire toute une vie.); loc. adv. à l’écart de...: loin de.... enjeu n.m = mise, argent que l’on met en jeu au début d’une partie de cartes; par ext. ce que l’on peut gagner ou perdre dans une compéti-tion AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions: - Quelle est la définition de la francophonie? - Combien de francophones y-a-t-il dans le monde? - Combien d’États et gouvernements font partie du mouvement fran-cophone? - Nommez quelques institutions qui permettent à la francophonie de faire entendre sa voix. - Quels sont les domaines d’action de la francophonie? EXPRESSION ORALE Sujet de débat: Depuis ses débuts, la francophonie a dû être un facteur d’équilibre entre «le Nord» (les pays francophones riches) et «le Sud» (les pays sous-développés ou en voie de développement). Est-ce que vous pen-sez que l’admission, après la chute du communisme, de certains pays de l’Est va créer un nouveau problème et une nouvelle délimitation dans le sein de l’organisation? Quelles sont, selon vous, les raisons (affectives, économiques, politiques) pour lesquelles la Roumanie a souhaité devenir membre de la francophonie?

Les trésors de la francophonie

«Le français est votre pays. Apprenez-le, inventez-le! Ce sera toute votre vie votre ami le plus intime, celui qui saura vous sortir de tous les embarras par la parole appropriée.» Amoureux des mots et de

Page 60: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

60

leur magie, Erik Orsenna, le plus jeune membre de l’Académie Fran-çaise, écrivain récompensé avec le prix Goncourt de 1988, a lancé, l’automne dernier, des critiques sévères contre les « sous-linguistes » jargonisants, qui aseptisent la langue et détournent ainsi les jeunes apprentis du plaisir de la langue. Diatribe contre l’Education natio-nale, son livre La Grammaire est une chanson douce est aussi un extraordinaire hymne à la langue française. Une langue non pas corse-tée, recroquevillée sur elle-même, mais généreuse, ouverte à toutes les variations, prête à accepter toutes les richesses que lui apportent tant d’écrivains qui pour une raison ou une autre ont choisi de s’exprimer en français. Pour Orsenna, la francophonie représente la réalisation d’un rêve idéaliste: «L’empire, sans colonies! » Les 200 millions de locuteurs de cet empire linguistique ne s’expriment évidemment pas tous en français de Paris, ce qui ne devrait pas justifier les sentiments de supériorité de ceux des Français qui s’imaginent pouvoir imposer leur parler à coup de lois.* « Au XVII-ème siècle, on se moquait des Gascons », affirme Alain Rey, le fameux linguiste qui vient de publier la refonte totale du Grand Robert en six volumes, « aujourd’hui on se gausse des Belges, des Québécois ou des Noirs. Ce sentiment de supé-riorité est totalement injustifié». « On doit parler d’un français plu-riel», insiste-t-il, « c’est-à-dire d’un système général, fondé essentiel-lement sur une syntaxe - aux usages variables. » A part les questions d’accent plus ou moins traînant, plus ou moins chantant, tous les linguistes qui se sont penchés sur le problème ont été d’accord que c’est bien le lexique qui diffère le plus d’un pays à l’autre, comme d’un groupe à l’autre d’ailleurs. (d’après Lire, no 300, novembre, 2001)

* allusion à la Loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la

langue française, surnommée la « Loi Toubon », du nom du ministre de la Culture et de la Francophonie de l’époque.

Page 61: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

61

Voilà donc, à titre informatif, un petit vocabulaire qui signale quel-ques unes des plus courantes différences lexicales du monde franco-phone:

PETIT VOCABULAIRE FRANCO - FRANÇAIS Suisse chéni n.m. = désordre, objet sans valeur, petites saletés crevée n.f = grande quantité; grosse bévue dévaloir n.m = vide-ordures donner une bonne-main = donner un pourboire s’encoubler v. = s’empêtrer galetas n.m = grenier grimpion n.m. = arriviste huitante = quatre-vingts livret n.m = table de multiplication se mettre à la chotte = se mettre à l’abri nonante = quatre-vingt-dix panosse n.f = serpillière partir en cannelle = tomber en morceaux piorne adj. = pleurnicheur pôche, pôchon n.m = louche poutser v. = nettoyer énergiquement rebuse n.m. = retour du froid réduire ses vieux souliers = ranger ses vieilles chaussures renonder = rouspéter septante = soixante-dix tâches = devoirs pour l’école tenir les pouces = croiser les doigts Belgique avoir le temps long = s’ennuyer d’attendre bonbon n.m = biscuit sec brosser un cours = sécher un cours calepin n.m = cartable carte-vue n.f = carte postale

Page 62: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

62

chicon n.m. = endive chien-chaud = hot-dog déforcer v. = affaiblir drache n.f = pluie battante la drache nationale = la fête nationale de la Belgique (au 21 juillet) dracher = pleuvoir à verse endéans = dans le délai de... épastrouiller v. = étonner fortement farde n.m. = dossier, chemise fricassée n.f. = omlette au lard guindaille n.f. = beuverie d’étudiants habitant n.m = cultivateur légumier n.m. = marchand de légumes pistolet n.m. = petit pain rond quartier n.m. = petit appartement savoir v. = pouvoir tirer son plan = se débrouiller tomber faible = s’évanouir traversier n.m. = ferry-boat Canada (Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse) appareiller v. = préparer la terre pour les semailles s’appareiller v. = s’habiller assez adv. = très, beaucoup boucane n.f = fumée cabaret n.m. = plateau (de service) cartable n.m. = classeur casher (un chèque) = toucher (un chèque) champlure n.f = robinet charrue n.f. = chasse-neige c’est le fun = c’est super escousse, secousse n.f. = moment, laps de temps espérer v. = attendre grand bord = salle de séjour gréyer (la table) = mettre le couvert se grayer v. = s’habiller se dégrayer v. = se déshabiller magasiner, faire son magasinage = faire ses courses

Page 63: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

63

se mettre en beau fusil/ en gribouille/ en hostie = se mettre en colère pas mal = assez (c’est) pas pire = (c’est) très bien plat adj. = ennuyeux tabagie n.f. = bureau de tabac Quelques phrases entendues au Canada Ton chien est mort. (T’es foutu.) Y a un char qu’a fessé un petit suisse. (Il y a une voiture qui a heurté un petit écureuil gris.) Elle braillait à chaudes larmes (Elle pleurait à chaudes larmes.) C’est plat à mort. (C’est très ennuyeux.) Elle est en famille, elle va accoucher ben vite. (Elle est enceinte, elle va accoucher très vite). A matin, le postillon était chaud, il était encore sur la brosse. (Le ma-tin, le facteur était ivre, il avait encore pris une cuite.) Sa mère lui a donné une belle catin pour sa fête. (Sa mère lui a donné une belle poupée pour son anniversaire.) Conseils à la gardienne: 1. Donnez la bouteille au bébé! 2. Faites-lui faire son rapport! 3. Amenez-le se promener en carrosse! (Conseils à la dame qui garde les enfants: 1. Donnez le biberon au bébé! 2. Faites-lui faire son rot! 3. Baladez-le en landau!) La France qui nous habite....

ANDREI MAKINE, Le Testament français

Page 64: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

64

Andrei Makine, écrivain d’expression française, né en Russie, est l’auteur de plusieurs romans, dont les plus importants sont: Au temps du fleuve Amour (1994), Le Testament français (1995) Le Crime d’Olga Arbélina (1998), Requiem pour l’Est (2000), La Musi-que d’une vie (2001, Grand Prix RTL - Lire). Le Testament français, qui a réussi la performance de rempor-ter simultanément trois des plus prestigieux prix littéraires français: Le Goncourt, le Médicis et le Goncourt des Lycéens, nous offre le plaisir d’une écriture d’une grande pureté et la profondeur d’un regard origi-nal sur la France. Le narrateur du roman, le petit-fils russe d’une fran-çaise « égarée » dans la Russie soviétique, découvre la France d’abord comme un pays mythique, composé de paroles mystérieuses glanées dans de vieux journaux ou dans les récits de sa grand-mère. Mais cette première rencontre avec la France, tellement proche de l’expérience de beaucoup d’entre nous, est essentielle et c’est elle qui influence, plus tard, la rencontre avec la France réelle.

Le Testament français (fragment)

Page 65: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

65

« L’image de notre grand-mère était tissée de ces anodines étrangetés...Jusqu’au jour où nous découvrîmes qu’un petit cailloux couvert de rouille pouvait faire perler des larmes sur ses cils et que le français, que nous considérions plutôt comme notre dialecte familial, pouvait - par la magie de ses sons clairs - arracher aux eaux noires et tumultueuses une ville fantasmatique qui revenait lentement à la vie. D’une dame aux obscures origines non russes, Charlotte se transfor-ma, ce soir-là, en messagère d’une France-Atlantide engloutie par le temps....... Chaque soir sur le balcon de Charlotte ressemblait à un fabuleux ma-tras d’alchimiste où s’opérait une étonnante transmutation du pas-sé....Charlotte dépliait un vieux journal, l’approchait de sa lampe à l’abat-jour turquoise et nous annonçait le menu du banquet donné en l’honneur des souverains russes à leur arrivée à Cherbourg:

Potage Bisque de crevettes

Cassolettes Pompadour Truite de la Loire braisée au Sauternes

Filet des prés-salés aux cèpes Cailles de vigne à la Lucullus

Poulardes du Mans Cambacères.... Bartavelles et ortolans truffés rôtis

Pâté de foie gras de Nancy Salade

Asperges en branches sauce mousseline Glaces Succès

Dessert Comment pouvions nous déchiffrer ces formules cabalistiques? Barta-velles et ortolans! Cailles de vignes...! Notre grand-mère, compréhen-sive, cherchait des équivalents en évoquant les denrées, très rudimen-taires, qu’on trouvait encore dans les magasins russes. Ravis, nous goûtions ces plats imaginaires agrémentés de la fraîcheur brumeuse de l’océan (Cherbourg!), mais il fallait déjà repartir à la poursuite du Tsar.....

Page 66: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

66

- Vous comprenez, deux mondes se sont retrouvés l’un face à l’autre....Oui, le Tsar, ce monarque absolu, et les représentants du peuple français! Les représentants de la démocratie.... Le sens profond de cette confrontation nous échappait. Mais nous distinguions maintenant, parmi les cinq cents regards fixés sur le Tsar ceux qui ....refusaient l’enthousiasme général. Et qui surtout, à cause de cette mystérieuse démocratie, pouvaient se le permettre...... À la fin des vacances nous quittions notre grand-mère. L’Atlantide s’effaçait alors derrière les brumes d’automne et les pre-mières tempêtes de neige - derrière notre vie russe...... Je suivais une file d’attente interminable qui serpentait aux abords d’un magasin alimentaire....Il s’agissait sans doute de quelque denrée rare pour l’hiver - des oranges ou tout simplement des pom-mes. J’avais déjà dépassé la limite psychologique la plus importante de cette attente - la porte du magasin devant laquelle des dizaines de gens pataugeaient encore dans une neige boueuse. C’est à ce moment que ma soeur vint me rejoindre...Des cris hargneux explosèrent, le long serpent se contracta....Une secousse et je me retrouvai hors de la file, à côté de ma soeur, face à la kyrielle serrée de ces visages hai-neux...Nous glissâmes le long de la file d’attente en espérant être ad-mis au moins quelques mètres plus loin de la place perdue. Mais les corps se serraient et nous nous retrouvâmes dehors, dans la neige fon-due..... Nous restions au bout de la file, hypnotisés par la puissance anonyme de la foule...Et c’est comme d’une autre planète que j’entendis soudain la voix de ma soeur - quelques paroles teintées d’une mélancolie souriante: - Te rappelles-tu: Bartavelles et ortolans truffés rôtis?... Elle rit doucement. Et moi, je sentis mes poumons s’emplir d’un air tout neuf - celui de Cherbourg - à l’odeur de brume salée, des galets humides sur la plage et des cris sonores des mouettes dans l’infini de l’océan...La file d’attente avançait et me poussait lentement...Je me laissai faire sans quitter cet instant de lumière qui se dilatait en moi. Je souris en lançant à ma soeur un discret clin d’oeil. Non, nous ne nous sentions pas supérieurs aux gens qui se pressaient dans la file...Et pourtant, en entendant les mots magiques, appris au banquet de Cher-bourg, je me sentis différent d’eux. Tout simplement, l’instant qui

Page 67: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

67

était en moi - avec ses lumières brumeuses et ses odeurs marines - avaient rendu relatif tout ce qui nous entourait: cette ville et sa carrure très stalinienne, cette attente nerveuse et la violence obtuse de la foule.» EXPLICATIONS LEXICALES engloutir v. = v.tr. avaler gloutonnement, s’empiffrer (ex. Ils engloutissaient des quantités impressionnantes de viande.); dépenser rapidement (ex. Cette coquette lui a englouti rapidement la for-tune); faire disparaître en noyant ou en submergeant (ex. La mer a englouti le vieux bateau.) matras n.m. = vase de verre ou de terre au long col étroit, utilisé au-trefois en alchimie pour la distillation bisque n.f. = potage avec un coulis de crustacés Sauternes n.m. = vin blanc, très fruité, spécialité de la ville de Sauter-nes, en Gironde cèpe n.m. = variété de champignon caille n.f. = oiseau migrateur, voisin de la perdrix; fam. gros/rond comme une caille: grassouillet bartavelle n.f. = espèce de perdrix rouge des montagnes ortolan n.m. = petit oiseau à chair très estimée, variété de bruant; denrée n.f. = provision, tout produit servant à l’alimentation de l’homme ou du bétail; denrées alimentaires: destinées à l’alimentation de l’homme patauger v. = marcher sur un sol détrempé, barboter galet n.m. = caillou poli que la mer dépose sur les rivages AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions:

Page 68: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

68

- Pourquoi le narrateur du roman, en évoquant les premières images qu’il s’est créées sur la France, l’appelle la France-Atlantide? - En lisant attentivement ce fragment, pourriez-vous expliquer ce que symbolise le titre du roman? - Quels sont, dans ce texte, les moments de confrontation entre les deux mondes auxquels le jeune narrateur et sa soeur appartiennent également? - Au moment du rejet de la file d’attente, qu’est-ce qui aide les deux enfants à supporter l’attitude haineuse de la foule? - A partir de ce moment, qu’est-ce que cette France lointaine et imagi-naire commence à représenter pour le narrateur? EXPRESSION ÉCRITE Sujet de rédaction Vous avez lu dans un journal la phrase suivante: « Aujourd’hui il est inutile d’apprendre une autre langue étrangère que l’anglais. » Êtes-vous d’accord avec cette affirmation? Argumentez votre opinion.

EXERCICES

I. Exercices grammaticaux (la phrase injonctive)

Page 69: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

69

1. Transformez en injonctions les assertions suivantes, en faisant les modifications syntaxiques requises: Vous m’écrivez une longue lettre. Elles vont à l’école. Tu es attentif à la route. Paul part dans deux heures. Nous ne commençons pas le tra-vail avant 3 h. Il obéit à ses parents. 2. Remplacez les mots en italique par les pronoms personnels adé-quats. Ensuite transformez les énoncés assertifs en injonctions en faisant attention à la topique des pronoms: Exemple: Tu me chantes cette chanson.

Tu me la chantes. Chante-la moi!

Tu ne me lis pas ta poésie. Vous rappelez votre frère. Elle me prête sa voiture. Tu apprends par coeur tes leçons. Vous lui dites la nouvelle. Elle me répète ses paroles. 3. Par quels moyens on réalise l’injonction dans les énoncés sui-vants: Ne pas dépasser la dose prescrite. Cessez tout de suite votre querelle! Gare à toi! Prière de ne pas fumer. Qu’il ne dise plus rien! Vas-tu te taire! Silence! Ta gueule! Debout! Allez-y! Doucement! En avant! Laisser mijoter à feu doux.

Page 70: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

70

4. Mettez en évidence par une contextualisation appropriée les divers effets de sens (ordre, permission, supplication, suggestion, recommandation) de la phrase impérative « Allez-y! » 5. Dans le cadre des relations sociales, donner des ordres ou for-muler des requêtes d’une manière trop directe affecte négative-ment autant l’image de l’interlocuteur que celle du locuteur. Mal-gré l’existence d’une forme réservée tout exprès à l’expression de l’ordre, l’impératif, les locuteurs français recourent rarement à cette forme modale, préférant des formulations indirectes. Com-ment pourriez-vous atténuer les injonctions suivantes? Exemple: Ferme la porte!

Ferme la porte, s’il te plaît! Tu peux fermer la porte? Pourrais-tu fermer la porte? J’aimerais autant que tu fermes la porte. Je voulais te demander de fermer la porte.

Regardez votre route! Passez-moi le cendrier! Sortez! Range tes affaires! Ne fumez pas! 6. Exprimez par lettre une demande à caractère administratif, en choisissant parmi les formules suivantes les plus adéquates du point de vue des conventions sociales en vigueur: Je sollicite par la présente....................... Je vous demande par la présente..... J’ai l’honneur de solliciter........... Je vous prie de............... Je vous serais reconnaisant(e) de bien vouloir........ Pourrais-je vous demander de..... Vous serait-il possible de (m’accorder)....... Je souhaitairais que.......................

Page 71: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

71

Pourriez-vous me faire la faveur de... J’aimerais bien que........ J’exige l’octroi immédiat de............ Je voudrais bien, s’il vous plaît, ...... 7. Donnez un conseil à un ami en utilisant diverses modalités d’expression (des plus directes et pressantes aux plus précaution-neuses) Exemples: Je vous conseille de................................ Je vous engage fortement de................... Un bon conseil:....................................... Vous auriez (tout, plutôt) intérêt à.......... Vous devriez............................................ Vous pourriez peut-être............................ À votre place (si j’étais à votre place).... 8. Identifiez les injonctions du texte ci-dessous et ensuite mettez-le en roumain: « - Laissez-moi tranquille! Laissez-moi tranquille! - Veux-tu ne pas crier! fit M. Mesurat. Tu vas ameuter les voisins. Tais-toi! - Attends! s’écria Germaine. Et lâchant le bras de sa soeur, elle se leva et se traîna aussi vite qu’elle pût à la fenêtre qu’elle ferma. - Maintenant, crie! fit-elle en s’appuyant au mur. M. Mesurat se leva à son tour. Le sang montait à ses joues, mais il affecta de parler d’une voix mesurée, comme un homme qui se do-mine bien. - Il ne s’agit pas de crier, dit-il. Adrienne, tu nous expliqueras ce qu’il y a. Il prit la jeune fille par le bras. Elle était sans couleur et s’appuyait d’une main au dossier de son fauteuil. - Que veux-tu papa? demanda-t-elle. - Que tu nous parles! Que tu nous dise ce que tu as!

Page 72: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

72

- Je n’ai rien. - Alors, joue! fit Germaine qui regagna sa place. » (Julien Green, Adrienne Mesurat) 9. Mettez en français: « - Vino cu mine, avem acelaşi drum! insistă bătrâna. Fii liniştit, nu vei regreta niciodată locul în care am să te duc..... - Ascultă acum altă întâmplare! Aşa ceva ţi se poate întâmpla şi ţie, tinere necredincios. - Atunci spune-mi-o! Dar, pe legea mea, dacă o singură dată se întâmplă să casc, vă las în plata Domnului şi plec, ameninţă tânărul. Bătrâna şuşoti la urechea Sandorei: - Nu-ţi face sânge rău, drăguţo! Dacă n-o să vină iubitul tău, o să pe-treci o seară frumoasă cu noi.... (Gabriela Melinescu, Regina străzii)

Page 73: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

73

UNITÉ 4: Le Paris des cafés littéraires

CONTENU TEXTES: 1. De l’origine du café en Europe 2. Un café à histoire et histoires - Le Procope 3. Sous le signe de Flore EXERCICES: 1. Exercices lexicaux 2. Exercices grammaticaux: - l’expression de la conséquence

- L’expression du but

Page 74: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

74

De l’origine du café en Europe

Le destin des peuples et de leur culture tient parfois à d’étranges résolutions de l’histoire. Les sultans ottomans n’ont cessé, au cours du XVII-ème siècle, d’étendre leur domination sur l’Europe du sud-est, menaçant la Pologne et la Bohême, s’emparant de la Mol-davie, de la Valachie, de la Transylvanie, de la Serbie, de la Bosnie, faisant vaciller la couronne hongroise et lançant un défi à l’empire des Habsbourg. Ils ont aussi caressé l’espoir de placer l’Occident sous leur joug et de faire flotter l’étendard de l’Islam sur les terres de la chré-tienté. Leurs rêves de conquérants se sont écroulés et les traces de leur domination en Europe ont été effacées de la mémoire collective. Pour-tant, ils ont marqué leur présence en Europe d’une manière durable, car l’art de vivre turc s’est inscrit profondément dans les moeurs. Et l’usage du café est emblématique d’une empreinte culturelle qui dé-passe les confins des us et coutumes culinaires. En effet, avec le café, a été introduit un genre nouveau de vie sociale et, plus encore, de vie culturelle. Venant du monde arabe par l’intermédiaire des Turcs, la consommation du café gagne vite les marchés et accompagne les dis-cussions commerciales, conclut une affaire. Elle est bientôt admise dans les demeures et devient symbole de l’hospitalité. Elle rythme l’existence domestique et devient l’élément clé du rituel des récep-tions. Les divers ouvrages qui traitent des origines du café s’accordent au moins sur une chose: celui qui aurait découvert la nature bénéfique de l’usage du café serait un ancien derviche de l’ordre des soufis. Ce qui est certain, c’est que plusieurs de ces ordres religieux arabes étaient déjà au XV-ème siècle les adeptes du café, dont il se servaient au cours de leurs cérémonies religieuses selon un rituel bien établi. D’abord méprisés et même parfois condamnés (une fatwa à l’égard du café est promulguée au Caire vers 1520), les établissements où l’on sert du café vont proliférer du Caire à la Mecque. Constanti-nople n’échappe pas à cette vogue. Un siècle après la victoire de Ma-homet II, aux alentours de 1555, deux négociants syriens, Hakin et

Page 75: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

75

Shams, ouvrent le premier café à Stamboul. Toutes les couches de la société stambouliote prennent l’habitude de s’y rendre et les voya-geurs occidentaux sont frappés par la prolifération de ces endroits où l’on vient bavarder, fumer, passer des heures oisives, jouer ou conver-ser. Et ce qui ajoute à leur attrait dans le monde islamique, c’est que les conteurs populaires, qui récitent ou psalmodient des histoires qui font oublier à leur public les ingratitudes de la réalité, y tiennent une place de plus en plus privilégiée. Des siècles plus tard, des écrivains européens tels: Jan Potoccki, Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Pierre Lotti etc., fascinés par la réputation de ces rhapsodes, feront le voyage en Orient pour les entendre et s’inspireront dans leurs oeuvres des légendes entendues de la bouche de ces conteurs de profession, regroupés en corporation et attachés aux principaux cafés. Les « mai-sons du café » ne tardent pas à être surnommées « les écoles du sa-voir » ou « les écoles des personnes cultivées », le breuvage qu’on y sert étant regardé comme « la divinité noire des joueurs d’échecs et des penseurs », ou comme « le génie des songes, source de l’imagination ». À la même époque, des Arméniens tentent de répandre les bien-faits du café en France, en Italie et en Angleterre. Mais il faudra attendre plus d’un siècle pour voir l’apparition d’un lieu à Paris présentant des caractéristiques analogues à celles des cafés turcs, non dans les apparen-ces, mais dans l’esprit, c’est-à-dire comme point de ralliement des lettrés et des artistes. Le Procope, qui voit le jour en 1681, rue des Fossés-Saint-Germain, se révèle être le prototype des cafés littéraires de l’Europe occidentale de telle sorte que dans certains pays la mode d’aller au café sera considérée comme française. Avant d’entrer en France, la «déesse noire» doit affronter la résistance farouche des Académies de médecine, qui la trouvent respon-sable d’une kyrielle de maux: intoxication, manque d’appétit, affaiblis-sement général, mélancolie sévère, « dissolution de l’humidité du cer-veau » et même, si le café est pris avec du lait, de lèpre. Pour que cette hostilité cède la place à un peu plus de bien-veillance il a fallu l’engouement inopiné de la cour de Versailles. L’ambassade extraordinaire d’Aga Mustapha Racca, envoyé par Mehmed IV auprès de Louis XIV a été un puissant levier pour renver-

Page 76: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

76

ser la somme énorme de préjugés accumulés à l’encontre du café. Reçu par le roi français et sa cour avec un luxe et un faste peu com-muns, l’envoyé du sultan ne ménage pas non plus ses efforts pour donner l’image la plus flatteuse de l’art de vivre turc et de ses subtili-tés. Et la consommation du café en est une. Le raffinement de cet émissaire de la Sublime Porte charme la cour, qui ne tarde pas à l’imiter et à adopter le café, en trompant son amertume avec du miel ou du sucre. Quelques réticences restent encore à surmonter. Madame de Sévigné, au demeurant une femme de goût dont la correspondance reste un témoignage vivant sur l’époque, se plaît à raconter à qui veut bien l’entendre que « Racine passera comme le café ». Sa prédiction sera cruellement démentie. Racine passera à la postérité et le café aus-si. EXPLICATIONS LEXICALES s’emparer v. pron. = prendre possession indûment ou violemment de qqch. (ex. En 1453 les Turcs s’emparent de Constantinople); se rendre maître (d’un esprit, d’une personne) au point de dominer, subjuguer (ex. Elle sentait qu’il s’emparait d’elle chaque jour davantage); se saisir avidement de qqch. en vue d’une utilisation (ex. Il réussit à s’emparer du pistolet ) vaciller v. intr. = chanceler, trembler (ex. Il vacillait sur ces jambes); être sur le point de s’éteindre, scintiller faiblement (ex. A cause du vent, les bougies vacillaient); osciller, être irrésolu (ex. Au lieu de prendre une décision rapide, il vacillait); fig. devenir faible, manquer de fermeté (ex. Vers la soixantaine sa mémoire s’était mise à vaciller) aux alentours de loc.prep. = aux environs, vers.. défi n.m. = action de défier (ex. jeter, lancer un défi à qqn.); refus de se soumettre, provocation (ex. Cet acte était un défi à l’autorité du roi); (anglicisme) obstacle intérieur ou extérieur qu’une civilisation doit surmonter dans son évolution (ex. Il n’y a pas de progrès sans défi) kyrielle n.f. = série interminable

Page 77: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

77

engouement n.m. = obstruction, engorgement d’un conduit, d’un or-gane (ex. engouement du poumon pendant une pneumonie); admira-tion excessive et passagère pour qqn. ou qqch. au demeurant loc.adv. = d’ailleurs, au reste (ex. Vantard, buveur, insouciant, au demeurant le meilleur fils du monde) levier n.m. = corps solide, mobile autour d’un point fixe, permettant de multiplier une force (ex. Les leviers sont utilisés pour soulever les fardeaux); fig. ce qui sert pour vaincre une résistance, moyen d’action (Son mariage avec la fille du patron fut un puissant levier dans son ascension professionnelle.) AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions suivantes: - De quelle partie du monde nous vient l’usage du café? - Qui est, selon les légendes arabes, l’inventeur de ce « noir breu-vage »? - Quels sont les événements historiques qui ont favorisé l’adoption de cette coutume en Europe? - Quel est le prototype des cafés littéraires de l’Europe? - Quelles institutions s’opposaient à la consommation du café? - Quelle prédiction a fait Mme de Sévigné au sujet du café? EXPRESSION ÉCRITE Sujet de débat: Est-ce que la consommation du café est une simple coutume alimen-taire? Argumentez votre opinion.

Page 78: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

78

Page 79: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

79

Un café à histoire et histoires: Le Procope

« Francisco Procopio dei Coltelli, qui se disait gentilhomme de Palerme, serait arrivé à Paris en 1670, à vingt ans. Il aurait fait partie de la suite de Catherine de Médicis. Il serait entré en condition chez Pascal, l’Arménien qui, en 1672, avait ouvert un petit débit à café à la foire de Saint-Germain. Ensuite il se serait mis à son compte et aurait été cafetier ambulant, portant sur lui un éventaire garni d’ustensiles et de tasses, tenant d’une main un réchaud couronné d’une cafetière et, de l’autre, une petite fontaine remplie d’eau. En 1681, il parvient à ouvrir un établissement rue des Fossés-Saint-Germain. Procopio ne choisit pas cet emplacement au hasard. Il avait remarqué, derrière, un terrain de jeu de boules et imagine aussi-tôt d’attirer la clientèle des mordus de ce passe-temps. Mais il a sur-tout la chance que, le 28 juin 1687, les comédiens du roi soient chas-sés de la rue Mazarine voisine à cause d’une plainte des Jansénistes et qu’ils puissent prendre possession ensuite du Jeu de Paume de l’Étoile, presque en face du café de Procopio - ou plutôt Procope, puisqu’il avait francisé son nom. Ce nouveau théâtre est inauguré le 18 avril 1689 avec la représentation de Phèdre de Racine et du Méde-cin malgré lui de Molière. En commerçant avisé, Procope loue sans attendre la « loge de la limonade » à l’intérieur du théâtre. D’autre part, le Café de Procope devient vite le quartier général de la comédie. Il l’a aménagé pour lui donner un air accueillant et respectable. Des lustres de cristal sont accrochés au plafond. Les murs sont garnis de glaces qui reflètent l’éclat des bougies. Après les spectacles, les ac-teurs et les auteurs dramatiques y affluent en même temps qu’une partie du public. Les personnages les plus en vue ou les plus originaux de ce temps s’y rendent pour participer à maintes joutes verbales, car on y dispute avec chaleur de tout et de tous. Cet endroit n’attire pas uniquement les lettrés et le microcosme turbulent du théâtre. Des da-mes de qualité font arrêter leurs carrosses devant la porte de Procope pour se faire apporter la boisson d’encre sur des soucoupes en argent.

Page 80: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

80

Mais le grand succès de Procope Couteaux est aussi assuré pour une autre raison. En 1689, une « parlote » (un journal parlé) qui avait lieu au jardin du Luxembourg se déplace dans sa rue et s’installe dans son café. Les personnes désireuses de se tenir informées sur ce qui se passe aiment s’y rencontrer et ne plus avoir à courir la ville pour apprendre les nouvelles. Voilà ce qui attire ici le fabuliste La Fontaine, le grammairien Dumarsais, l’abbé Pellegrin, Poulain de Sainte-Foix, un ancien officier de marine dont Grimm écrit que « c’est un des hommes les plus loués par nos journalistes, parce qu’il a décla-ré à plusieurs fois qu’il couperait les oreilles à celui d’entre eux qui oserait l’attaquer ». À la mort du fondateur de ce café, son fils Alexandre Procope le reprend en lui gardant le caractère d’agence de presse (les gazettes écrites y étaient affichées chaque jour et pouvaient être consultées par les clients), de rendez-vous littéraire, de véritable salle de lecture ou l’on peut trouver les ouvrages les plus récents, y compris ceux qui ont été interdits par la censure, de libre parlement de l’intelligentsia. Au siècle des Lumières, le café Procope est fréquenté par tous les grands noms qui ont marqué le siècle et notamment par le parti des philoso-phes: Voltaire, Jean Jacques Rousseau, Diderot etc. font partie de ses habitués. C’est là que le jeune Rousseau se réfugie après avoir rédigé un libelle qui a beaucoup dérangé: ses ennemis enragés l’attendent devant la porte pour le « bastonner ». C’est là encore qu’il est conduit en triomphe après la première représentation du Devin du village à Fon-tainebleau, le 18 octobre 1752. Son succès avait été si grand que Louis XIV en personne, piètre amateur de musique, se mettra à chantonner ses airs à Versailles. C’est là aussi que Piron vient réciter ses poésies lyriques. Mais la vedette incontestable reste Voltaire, avec sa verve et son esprit critique qui n’épargne ses flèches à personne. Surtout pas à Palissot, petit auteur dramatique, ennemi des philosophes. Ce dernier déclare un beau jour à l’auteur de Candide: « Je viens de terminer une pièce contre les philosophes! » Voltaire lui répond avec la rapidité d’un éclair: « Ce sont mes amis et il n’y a que les polissons qui s’en moquent ». Dépité et vexé par le jeu de mots occasionné par son nom,

Page 81: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

81

Palissot s’en va sans réplique. Voltaire se tourne vers le journaliste Fréron, son ennemi juré, pour lui dire: « Ah! Il fait une pièce sur les philosophes, cela me donne une idée; j’en ferai une sur les gazetiers. » En effet, il rédigera une comédie intitulée Le Café ou L’Écossaise, qui se déroule dans le décor du Procope. Voltaire n’est indulgent pour personne. Linaut, un autre habitué du café aura droit à la remarque suivante: « Il a écrit en deux ans une scène qui ne vaut pas deux sous; et il se croit un personnage parce qu’il va au théâtre et chez Procope. » Mais Voltaire est lui aussi soumis aux jugements sévères de ce tribu-nal sarcastique et impitoyable. Le soir de la première de sa pièce Sé-miramis, Voltaire se rend au Café Procope pour écouter ce qu’en pen-sent tous ces arbitres du goût qui y ont établi leur quartier général. Deux contemporains, Lonchamp et Wagnière, racontent de quelle manière insolite Voltaire est parvenu à recueillir leurs opinions: « Il emprunta les habits d’un ecclésiastique, se revêtit d’une soutane avec le manteau long: bas noirs, ceinture et même le bréviaire, rien n’y manquait. Il alla à pied chez Procope et se tapit dans un coin. Il fit apporter une bavaroise, un petit pain et la Gazette. Pendant une heure et demie, il eut le courage et la patience d’entendre raisonner et bavar-der sur Sémiramis sans dire un mot. Enfin, le dernier, il sortit, prit un fiacre rue Mazarine et rentra chez lui à onze heures. » Après la mort d’Alexandre Procope, le nouvel acquéreur du café, un certain Zoppi, y installe une bibliothèque assez bien fournie et accroche les nouvelles du jour au tuyau du poêle. Cet endroit, déjà assez frondeur, ne tardera pas à devenir le foyer ardent de la Révolu-tion. Danton et Marat feront de lui « l’antichambre de la Convention » et c’est dans cet endroit qu’apparaît pour la première fois le bonnet phrygien. Danton s’y trouvait pour sa partie de cartes habituelle lors-que trois citoyens armés de piques et de sabres et portant tous sur la tête un étrange bonnet rouge font irruption. L’un d’eux demande à Danton ce qu’il pense de ce bonnet porté dans les temps par Pâris. Et Danton lui répond: Si cette coiffure n’allait pas mieux au berger Pâris qu’à toi, je doute que la belle Hélène ait voulu le suivre à Troie. Quelques jours plus tard, cette coiffure singulière est déjà portée par tous les sans-culottes, devenant l’un des emblèmes de la France répu-

Page 82: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

82

blicaine. Et c’est aussi de ce café que part le mot d’ordre de la prise des Tuileries en août 1792. Au XIX-ème siècle, il continuera à être fréquenté par les écri-vains romantiques, dont Alfred de Musset, Gérard de Nerval etc. Le poète Verlaine en fera son refuge et, quand il se trouvera dans la mi-sère, le brave patron du café n’hésitera pas à organiser une soirée de gala à son profit. C’est pour tout cela que lorsque le café court le risque d’être fermé et de finir misérablement sous la pioche des démolisseurs, l’opinion publique s’en émeut et une solution sera trouvée pour que ce temple de la mémoire puisse garder intacte la somme vertigineuse des souve-nirs qu’il renferme. » (d’après Gérard-Georges Lemaire, Les Cafés littéraires) EXPLICATIONS LEXICALES entrer en condition = se faire engager comme domestique se mettre à son compte = monter sa propre affaire éventaire n.m. = plateau en osier que les marchands ambulants por-taient devant eux; étalage en plein air, à l’extérieur d’une boutique (ex. Il regarda l’éventaire du marchand de journaux.) fontaine n.f. = source; récipient contenant de l’eau muni d’un robinet et d’un petit bassin pour les usages domestiques mordu, e adj. = qui a subi une morsure; subst. fam. personne qui a un goût extrême pour qqch. (ex. C’est un mordu de football), syn. fanati-que, toqué, fou, passionné joute n.f. = combat singulier à lance et à cheval, au Moyen Age; fig. lutte, compétition (ex. joutes d’esprit, joutes oratoires) devin, devineresse n.m,f. = personne qui prétend découvrir ce qui est caché, syn. voyant, sorcier - fig.et fam. Je ne suis pas devin: je ne puis savoir, prévoir cela fiacre n.m. = voiture à cheval qu’on louait à la course ou à l’heure

Page 83: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

83

polisson, onne n. et adj. = rare. vieilli. personne portée à la licence dans ses manières ou ses propos, syn. fripon; moderne. enfant espiè-gle, désobéissant (ex. Elle est polissonne, cette petite!) bavaroise n.f. = infusion de thé (son nom est dû aux princes de Ba-vière qui, étant venus au Café Procope, au milieu du XVIII-ème siè-cle, ont demandé qu’on leur serve leur thé mélangé à du sirop dans des carafes en cristal.) AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions: - Comment expliquez-vous le titre de ce fragment? - Qui était le fondateur du Café Procope? - Comment expliquez-vous l’alternance du conditionnel et de l’indicatif dans les passages qui présentent Procopio dei Coltelli? - Qu’est-ce qui a assuré le grand succès de ce café dès son début? - Quels noms célèbres faisaient partie de ses habitués à l’époque des Lumières? - Qu’est-ce que c’était une « parlote »? - Quels événements se passent sur la scène de ce café pendant la Ré-volution? - Quelles personnalités artistiques et littéraires fréquentaient ce café au XIX-ème siècle? - Pourquoi l’opinion publique a réagi lorsque le café a couru le risque d’être démoli? EXPRESSION ÉCRITE Sujets de rédaction: 1. Retracez dans les grandes lignes l’histoire du Café Procope. 2. Racontez une des nombreuses histoires qui eurent lieu entre les murs de ce café.

Page 84: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

84

Page 85: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

85

Page 86: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

86

Sous le signe de Flore Depuis le jour où le fils du roi Clovis, Childebert I, décide, au beau milieu du VIe siècle, de faire édifier une basilique destinée à conserver la tunique de Saint Paul, le monastère de Saint-Germain-des-Prés (qui tire son nom de son évêque Germain) a eu une vocation savante. La grande bibliothèque bénédictine (détruite en partie en 1794 par l’explosion du dépôt de poudre que les révolutionnaires ont installé dans l’abbaye) était l’une des plus importantes d’Europe. L’ancien parvis de l’église a disparu et a été remplacé par une petite place. Longtemps, le quartier Saint-Germain-des-Prés reste à l’abri des grandes agitations et de la vie bouillonnante du Quartier Latin, qui le jouxte. À la fin du XIXe siècle on vient encore y rechercher la quié-tude dans des « petits cafés d’aïeuls ». Flore, le doyen des cafés de Saint-Germain-des Prés, fait son apparition au début de la III-ème République, en 1885. Situé sur l’emplacement de l’ancienne abbaye détruite pendant la Révolution, au coin de la rue Saint-Benoît, « devant la statue du philosophe Dide-rot, assis de guingois sur sa chaise et mesurant du porte-plume la tour de Saint-Germain-des-Près » (Charles Maurras), il doit son nom à une sculpture de cette divinité du printemps qui décorait jadis la porte d’entrée d’un petit restaurant se trouvant de l’autre côté du boulevard. La gloire de ce café commence le jour où Appolinaire et ses camarades en littérature, décidant de créer la revue poétique Soirées de Paris, choisissent Flore parce qu’ils étaient sûrs d’y être moins dérangés qu’ailleurs et le transforment en véritable salle de rédaction. Appolinaire fait du café son royaume, où il reçoit à des heures fixes, comme le fait remarquer le mémorialiste Francis Carco: « Il y avait en lui plusieurs hommes et des plus singuliers qui, tour à tour, vous ac-cueillaient à la terrasse du Flore, avec une nonchalance et une malice parfaites. On formait le cercle autour de lui. On y écoutait des para-

Page 87: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

87

doxes que les garçons de l’établissement daignaient quelques fois approuver. Dans ce café très littéraire, Guillaume régnait en maître. » C’est dans ce café qu’Appolinaire a fait se rencontrer Breton et Soupault et, un peu plus tard, ces deux jeunes poètes et Aragon, jetant ainsi les fondements du groupe dadaïste parisien. La première guerre mondiale assombrit le décor. En 1918, Appoli-naire, blessé sur le front, est emporté par la grippe qui décime l’Europe. Le Café de Flore ne commence à revivre qu’en 1930, lors-qu’il revient à la mode et tout un aréopage de littérateurs y accoure: André Malraux, Albert Camus, Raymond Queneau, Georges Bataille etc. Ces colloques ne laissent pas indifférents quatre jeunes éditeurs qui y installent leurs postes d’observation: Bernard Grasset, Robert Denoel, Eugène et Charles Fasquelle. Les cinéastes l’adoptent à leur tour et c’est ainsi que le metteur en scène Marcel Carné va côtoyer « la bande à Prévert », qui s’y fait le plus remarquer. De leur collabo-ration naîtra le film qui aujourd’hui encore est considéré le plus beau de l’histoire du cinéma français: Les Enfants du Paradis. Pendant la deuxième guerre mondiale (« la drôle de guerre »), Flore devient « une vraie salle d’étude » où, pendant les coupures d’électricité, la plupart des consommateurs profitaient de son système d’éclairage à l’acétylène pour écrire ou lire. Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre s’y installent complètement. « De neuf heures du matin à midi, écrit Jean-Paul Sartre, nous y tra-vaillions; nous allions déjeuner à deux heures et ensuite nous y reve-nions et nous causions avec des amis jusqu’à huit heures. Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous. » Un peu plus tard, quand il aura inventé la philosophie de l’existentialisme et l’aura illustrée dans son roman Les Chemins de la liberté, il affirme-ra: « ...les chemins de Flore ont été quatre ans pour moi Les Chemins de la liberté.. » Après la Libération, le « tout Paris » artistique fréquente sa terrasse (Picasso, Juliette Greco, Audiberti, Simone Signoret, les écri-vains anglo-saxons: Ernest Hemingway, Lawrence Durrell, Truman Capote etc.), de sorte que Flore a l’air d’une vaste Internationale de

Page 88: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

88

l’esprit et devient, selon certains, « plus célèbre dans le monde que la Sainte-Chapelle ou la Place des Vosges ». (d’après Gérard-Georges Lemaire, Les Cafés littéraires) EXPLICATIONS LEXICALES parvis n.m. = espace situé devant une église et généralement entouré d’une balustrade ou de portiques bouillonnant,e adj. = qui bouillonne (ex. Eau bouillonnante); fig. en effervescence, tumultueux (ex. Des idées bouillonnantes) de guingois loc. adv. = de travers, obliquement jouxter v. = se trouver à côté quiétude n.f. = tranquillité d’âme, calme daigner v. = consentir à faire qqch. parce qu’on ne juge pas cette chose indigne 1. causer v.tr. = être cause de.., provoquer (ex. Causer malheur. Cau-ser des dégâts. Causer du scandale.) 2. causer v. intr. = parler familièrement avec qqn., bavarder; causerie n.f. = conversation familière (ex. La conférence a dégénéré en causerie.); discours, discussion sans prétentions (ex. Une causerie littéraire, scientifique.) causette n.f. = fam. bavardage, babillage (expr. Faire la causette, faire un brin de causette, faire une petite causette) causeur, euse adj. et n. = qui aime causer (ex. C’est un enfant très gai et très causeur.) AUTOUR DU TEXTE Répondez aux questions: - Où est situé le Café de Flore? - À quelle époque a-t-il fait son apparition?

Page 89: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

89

- Quel est l’écrivain grâce auquel cet établissement presque inconnu est devenu un café littéraire? - Quelles sont les périodes de gloire de ce café? - Quelles autres personnalités artistiques fréquentaient habituellement le Café de Flore? - Qu’est-ce qui justifie la comparaison de Flore à « une vaste Interna-tionale de l’esprit »? - Ou’est-ce que vous savez sur la Sainte-Chapelle et la Place des Vos-ges, les deux monuments dont la célébrité est, dit-on, surpassée par celle du Café de Flore? EXPRESSION ÉCRITE Sujet de rédaction Présentez un café littéraire roumain. Pour ce faire, vous pouvez consulter les ouvrages suivants: Florentin Popescu, Cafeneaua literară şi boemii ei, Bucureşti, Editura Tehnică, 1997 Constantin Bacalbaşa, Bucureştii de altădată, Bucureşti, Editura Mi-nerva, 1993 Nicolae Tăutu, Nimeni n-a murit de râs, Iaşi, Editura Junimea, 1978

EXERCICES

Page 90: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

90

I. Exercices lexicaux 1. Créez des énoncés avec les divers sens du verbe s’emparer. 2. Remplacez, dans les exemples suivants, les mots en italiques par leurs synonymes: Les écrivains venaient chercher dans ce café la quiétude. Son mari est un mordu de jazz et il ne rate aucun concert important. Il était assis de guingois dans le fauteuil et lisait son journal. La terre a vu jadis disparaître des espèces qui paraissaient être faites pour dominer toutes les autres. Dans le Quartier Latin la vie est bouillonnante. 3. Complétez les points de suspension par la forme adéquate des mots: public, grec, turc Boire du café est une mode d’origine....... Les dieux ......... n’avaient pas moins de défauts que les humains. Le sultan ...... a juré de conquérir toute l’Europe. L’opinion .........a réagi devant cette menace. Les îles .........sont très appréciées par les touristes européens. Après cet attentat, il a été déclaré l’ennemi........ numéro 1. 4. Créez des énoncés pour illustrer chacun des homonymes sui-vants:

causer vb.tr. - causer vb.intr. voile n. m. - voile n.f. vase n. m. - vase n.f. poêle n.m. - poêle n.f. baie n.f. - bai,e adj

5. Etablissez la famille lexicale du mot « bouillonnant » et créez des énoncés pour chacun des termes trouvés.

Page 91: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

91

6. Dans les exemples suivants, remplacez le mot « histoire » par les synonymes adéquats: Le Café Procope a une longue histoire derrière lui. Ce garçon ne raconte que des histoires, ne faites pas l’erreur de le prendre trop au sérieux. Dans ce livre, l’écrivain raconte sa propre histoire. Il nous a fait une histoire détaillée de ses déboires sentimentaux. S’il continue à fréquenter ces gens-là, il va s’attirer plein d’histoires. Les journaux se sont attardés longtemps sur cette histoire de corrup-tion au plus haut niveau. Allez, ne faites pas tant d’histoires pour si peu!

Page 92: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

92

II. Exercices grammaticaux A. La conséquence 1. Reliez par un rapport de conséquence les propositions de la colonne droite aux propositions de la colonne gauche. Variez les marqueurs de conséquence. Il a pris froid - il a mal a la gorge

- il a fait de la fièvre - il est resté au lit trois jours

La fête était si ennuyeuse - je suis partie avant la fin

- j’ai failli m’endormir - j’ai regretté d’être venue

L’inflation a augmenté - la consommation baisse

- le niveau de vie chute 2. Rattachez les propositions suivantes à l’aide des locutions: de sorte que, de manière que, de façon que, si bien que, au point que: Exemple: Je t’apporterai tout le matériel; tu pourras te mettre au travail tout de suite. (de sorte que) Je t’apporterai tout le matériel de sorte que tu pourras te mettre au travail tout de suite. Ils se sont éclipsés l’un après l’autre; nous nous sommes retrouvés seuls à table. (de sorte que) Jean s’était fait beaucoup d’amis à Bucarest; il y revenait avec plaisir. (de telle façon que)

Page 93: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

93

La colère montait en lui; il dut faire un violent effort pour la contenir. (au point que) L’enfant s’était endormi profondément; il fallut le transporter dans les bras jusqu’à la voiture. (si bien que) 3. Formulez quatre phrases dont les propositions subordonnées expriment une conséquence réelle. Exemple: Les garçons se ressemblaient tant qu’on les prenait pour des jumeaux. 4. Formulez quatre phrases dont les subordonnées expriment une conséquence irréelle (faites attention à l’emploi du mode). Exemple: Il a suffisamment travaillé pour qu’il réussisse son examen. 5. Reliez les deux propositions en utilisant les relateurs à formant discontinu: tellement + Adj, Adv, V, de + N........que; tant +V, de + N....que; si + Adj, Adv....que Exemple: tant + de + N...que Elle avait tant de gaieté dans ses yeux qu’on avait du mal à l’imaginer triste ou de mauvaise humeur. 6. Exprimez un rapport conséquentiel à l’aide d’une proposition infinitive. Exemple: Elle est bête à désespérer un mouton. 7. Transformez les phrases suivantes en remplaçant les locutions à formant discontinu si.....que, tellement....que par la locution tel (telle) ...que, qui détermine un nom: Exemple: Il parlait avec une si grande passion qu’il a impressionné toute l’assistance.

Page 94: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

94

Il parlait avec une telle passion qu’il a impressionné toute l’assistance. Il avait une force tellement grande qu’il pouvait déplacer des monta-gnes. Nous ressentions une joie si grande que nous n’arrivions pas à la contenir. Elle fut prise d’une émotion tellement vive qu’elle ne put empêcher ses larmes de couler. Sa femme possédait un tact si grand qu’elle réussissait toujours à évi-ter ses colères. 8. Reliez les deux propositions par les locutions trop....pour que ou assez...pour que, en faisant les transformations exigées par leur emploi: Exemple: Elle est très intelligente; on ne peut pas lui débiter des mensonges pareils. Elle est trop intelligente pour qu’on puisse lui débiter des mensonges pareils. Il est très perspicace; il se rendra compte de l’erreur. Sa situation est grave; nous décidons de le conduire à l’hôpital. Elle est très orgueilleuse; elle n’acceptera pas notre aide. Ils sont très occupés; tu ne peux pas les déranger maintenant. Ils sont fatigués; ils n’auront plus envie de sortir en boîte. Il était très malin; sa soeur ne se rendait pas compte de ses ruses. 9. Les mots « donc » et « alors » peuvent tous les deux marquer un lien logique de cause à conséquence. Sachant que la principale distinction entre ces deux marqueurs réside dans le fait que « donc » introduit une conséquence présentée comme tenant de l’ordre du nécessaire tandis que « alors » ne confère pas à la rela-tion de consécution un caractère de nécessité, reliez les proposi-tions suivantes par « donc » ou « alors »: J’étais pressée, ........... j’ai pris le passage interdit.

Page 95: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

95

Il avait pris le sens interdit et grillé un feu rouge, ......le policier lui a retiré le permis de conduire. Les réserves de blé avaient été épuisées, ......le prix du pain a augmen-té. Il est tombé du cheval, ......il s’est cassé la jambe. Il a énormément plu, .......les chemins sont impraticables. On avait deux valises chacun, .........on a pris un taxi. La vie est de plus en plus chère, .......la population est mécontente. 10. Traduisez en roumain: Il aime ce tableau à un point tel qu’il en a fait faire une copie. Elle a énormément mangé, si bien qu’elle a eu une indigestion. Je crois me rappeler qu’il était venu vivre ici alors que ses études tou-chaient à leur fin, de telle façon qu’il n’a passé que quelques mois au collège. Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse. Ce garçon est bête à manger du foin. Cette fillette est mignonne à croquer. Ils ont trop travaillé pour qu’ils ne réussissent pas leur examen. 11. Traduisez en français: Conţinutul lucrării sale era interesant, dar a făcut atâtea greşeli de exprimare încât profesorul i-a dat o notă mică. Eram atât de grăbiţi să ne întoarcem acasă încât am luat primul tren. Sunt multe şanse ca părinţii săi să nu ştie nimic din ceea ce i s-a în-tâmplat. A reuşit să trezească suficient interes cu privire la proiectul său de reorganizare încât să i se permită să-l expună în cadrul primei şedinţe a consiliului de conducere. Ploua fără încetare de două săptămâni de-ai fi crezut c-a venit potopul. Părea prea hotărât încât să mai pot să-l conving să renunţe la planul său.

Page 96: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

96

B. Le but 1. Transformez les ciconstants de but exprimés par un groupe prépositionnel en subordonnées finales: Exemple: L’opinion publique se mobilisa pour le sauvetage des bébés phoques. L’opinion publique se mobilisa pour que les bébés phoques soient sauvés. Les médecins ont fait de véritables miracles pour sa guérison. Tu ferais bien de renoncer à quelques uns de tes caprices pour le réta-blissement de la paix conjugale. Les chercheurs de l’Institut Pasteur ont fait des efforts considérables pour la découverte du vaccin avant l’extension de l’épidémie. Il faudra avoir une bonne moyenne pour l’obtention d’une bourse d’étude. Elle avait renoncé à son ironie habituelle dans l’espoir d’une meilleure entente avec ses nouveaux collègues. 2. Rattachez les propositions suivantes de sorte à obtenir un rap-port de finalité: Exemple: Parlez-lui clairement; il comprendra vos intentions. Parlez-lui clairement pour qu’il comprenne vos intentions. Cette année je travaillerai mieux; mes parents seront contents de moi. Nous mettrons en place une nouvelle organisation de l’activité de la société; les employés gagneront du temps. Je leur enverrai ce livre demain; ils auront le temps de le lire avant la rentrée des vacances. Des soins médicaux compétents seront nécessaires; il ne fera pas de rechute.

Page 97: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

97

3. Formulez cinq phrases dont les propositions finales soient ex-primées par des infinitifs précédés par des prépositions ou locu-tions prépositionnelles (pour, de manière à, dans l’intention de, afin de etc.). 4. Dans les phrases suivantes, exprimez le rapport de finalité à l’aide des locutions de peur que, de crainte que, en faisant attention à l’emploi de ne explétif: Exemple: Il ferme la porte pour que ses parents n’entendent pas la conversation. Il ferme la porte de crainte que ses parents n’entendent la conversa-tion. Ils la surveillent en permanence pour qu’elle ne renoue pas avec son ami. Ils ont appris tout l’été pour que le professeur ne les recale pas. Il roule très vite pour que sa femme n’arrive pas en retard au bureau. Nous refusons son hospitalité pour que notre présence ne le gêne pas dans ses habitudes. 5. Dans certaines conditions, la conjonction simple que peut intro-duire une proposition finale. Précisez ces conditions et illustrez-les chacune par deux exemples. Exemple: Attrapez-moi ce salaud que je puisse l’envoyer en taule. 6. Une série de locutions conjonctionnelles peuvent introduire aussi bien la conséquence que le but. Lisez les phrases suivantes: Il a bien caché cette erreur de jeunesse de sorte que personne ne l’a jamais apprise.

Page 98: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

98

Il a bien caché cette erreur de jeunesse de sorte que jamais personne ne l’apprenne. Il parle de façon que tout le monde peut entendre. Il parle de façon que tout le monde puisse entendre. Nous nous conduisons de telle manière qu’on ne peut nous désap-prouver. Nous nous conduisons de telle manière qu’on ne puisse nous désap-prouver. a) Lesquelles des propositions ci-dessus expriment un rapport de conséquence et lesquelles de but? b) Quels sont les éléments qui vous ont permis de les distinguer? 7. Traduisez en français: Voi lua toate măsurile pentru ca acest lucru să nu se mai repete. Călca în vârful picioarelor de teamă să nu-şi trezească părinţii. Am venit la munte ca să facem plimbări în aer liber, nu ca să circulăm tot cu maşina. N-au îndrăznit să traverseze defileul de frică să nu fie surprinşi de avalanşe. Am ascuns cu grijă cadoul ca să nu afle că-i pregătesc o surpriză. Îi scria cu regularitate mamei sale pentru ca aceasta să nu-şi facă prea multe griji în ceea ce-l priveşte. Există oameni care par născuţi să ducă o viaţă liniştită, lipsită de eve-nimente imprevizibile. 8. Rédigez un petit texte de présentation des objectifs de l’enseignement du français en Roumanie, en faisant attention à varier les expressions de but. Exemples d’objectifs pédagogiques: - faire acquérir aux apprenants les structures grammaticales de la lan-gue française

Page 99: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

99

- enrichir leur vocabulaire - développer leurs compétences communicationnelles - favoriser la compréhension de la civilisation française - contribuer à la création d’une attitude de tolérance et de respect des différences culturelles entre les peuples - développer l’aptitude au raisonnement, l’esprit d’analyse et de syn-thèse, le goût de la rigueur et de la précision

Page 100: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

100

Page 101: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

101

UNITÉ 5: L’école et le travail

CONTENU

TEXTES: 1. Les jeunes et leurs problèmes.

2. La fonction publique, l'administration, les fonctionnaires.

3. Témoignages: Daniel Pennac

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux

2. Exercices grammaticaux: l’expression de la cause

Page 102: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

102

Les jeunes et leurs problèmes

À quoi peuvent bien servir les études ? Chacun des professionnels interviewés des plus célèbres, tels l’écrivain Daniel Pennac, aux plus anonymes, a un avis très tranché sur la question. D’un côté, le bilan est plutôt positif. Leurs études leur ont permis d’apprendre des langues étrangères, d’acquérir une culture générale, des méthodes de travail. Elles leur ont enseigné la rigueur, le goût du travail et de l’effort, l’art de la synthèse ou encore les bases essentielles d’une discipline. De l’autre côté, au chapitre des critiques bien fournies également, certains regrettent le manque d’encadrement, ou estiment que leur coursus était trop théorique, qu’il ne les a pas bien préparés à la vie active. Selon d’autres personnes interviewées tout ne s’apprend pas à l’université ou à l’école et ‘‘ c’est en forgeant qu’on devient forgeron ‘’. Ainsi pour FREDERIQUE Richard, 27 ans, professeur de biologie au Mans, les études lui ont apporté des méthodes de travail car on a appris à construire un cours mais pas à s’adapter à l’hétérogénéité qui existe dans une classe. Ce que l’on n’apprend pas à l’école non plus, c’est le sens des relations humaines. CHRISTOPHE Eckhout, 29 ans, vendeur chez Porsche considère que ‘’ savoir écouter un client, argumenter exclusivement sur ses besoins, adapter sa façon d’être, cela ne s’apprend pas à l’école ‘’. Par contre, les études lui ont servi à parler les langues étrangères: l’anglais et l’espagnol. Ses études d’économie lui ont appris à proposer des plans de financement (crédits, leasing) à ses clients car, en licence il s’est familiarisé avec des notions de comptabilité, de rentabilité, d’amortissement, ou de commerce international. Une fois les études terminées, le diplôme en poches, on n’a pas fini quand même d’apprendre. Sur le terrain bien sûr, mais aussi peut-être tout au long de la carrière, grâce à la formation continue. Car les métiers évoluent comme l’environnement de l’entreprise et les méthodes de management. PATRICK Mauvais, médecin, considère que dans toutes les sciences du vivant on n’arrête jamais d’apprendre. ‘’ La moitié de nos

Page 103: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

103

connaissances actuelles sera sûrement obsolète dans cinq à sept ans. En tant que chercheur, je me dois de remettre à jour de façon permanente, tous mes acquis, sans oublier mon savoir acquis à l’Université ‘’. Enfin, plusieurs témoins, affirment avoir vraiment souffert durant leur scolarité. Privé de livres, quand il était en internat l’écrivain Daniel Pennac explique même son goût de l’écriture par « une lecture sauvage et interdite ». Une preuve de plus que les études peuvent être utiles. ENQUÊTE À quoi vous ont servi vos études ?

MICKAEL MAINDRON, 23 ANS, CONSULTANT TECHNIQUE E-BUSINESS CHEZ FI SYSTEM

Embauché dans une agence Web, Mickael Maindron est consultant technique. il met en place des plates-formes de e-business pour des entreprises clientes, c’est- à –dire qu’il définit des architectures techniques, choisit les progiciels, les logiciels et les langages de programmation utilisés. Mais il peut aussi former les ingénieurs des sociétés dans lesquelles il intervient. À quoi vos études vous ont-elles servi ? D’abord, à prendre de l’assurance ! J’ai appris à m’exprimer correctement et à trouver le ton juste. C’est très important quand on se retrouve, comme moi, face à des clients toute la journée. Plus important encore, mon DUT m’a permis d’acquérir des méthodes de travail. Le rythme était très soutenu et la pédagogie reposait surtout sur des projets en équipe, qu’il fallait mener à terme. J’ai appris à travailler à plusieurs, à mettre des plannings en place …. et à les respecter. Lorsque je me suis retrouvé en entreprise, je n’ai absolument pas été dépaysé; on bosse exactement de la même manière.

Page 104: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

104

Y a-t-il des cours qui n’ont eu aucune utilité ? Oui, certains chapitres de mathématiques. Je ne comprends d’ailleurs toujours pas à quoi servent les calculs d’intégrales et les maths purement algébriques en informatique ! À la limite, les cours d’algorithmiques développent l’esprit logique. mais le discours qui consiste à dire que les maths sont utiles pour la programmation ne tient pas la route !

Mini-CV 1995 BAC S spécialité physique. 1996 DUT informatique de gestion, option génie logiciel à Paris 5. 1998 Développeur chez FI System prépare en même temps un diplôme d’études supérieures techniques d’informatique au CNAM 2000 Consultant chez FI System

MARIA MALAGARDIS, 35 ANS, JOURNALISTE AU

SERVICE ÉTRANGER DU QUOTIDIEN « LIBÉRATION « Spécialiste de l’Afrique, Maria Malagardis a été correspondante au Cameroun et en Afrique du Sud. Elle a suivi le conflit ruandais, et rédigé un ouvrage. Embauchée à Libération, elle réalise des reportages et des enquêtes sur l’Afrique. À quoi vous servent vos études aujourd’hui ? À pas grand-chose ! Mes études ont été une succession d’erreurs. Il n’y a jamais eu un moment où je me suis enthousiasmée pour une discipline ou un cours. J’ai juste eu une sensation d’aliénation, de malentendu….Après mon bac, je me suis inscrite en hypokhâgne. J’ai détesté. L’année suivante, j’ai fait une licence d’histoire à Paris 1. C’était intéressant mais déprimant: la fac n’est absolument pas valorisée. Intéressée par le journalisme, j’ai tenté Sciences po.

Page 105: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

105

J’ai acquis une discipline de travail mais, surtout, je me suis retrouvée dans une école que je trouvais arrogante. Qu’est-ce que vous n’avez pas appris à l’école ? L’essentiel ! À ce titre, Sciences po a d’énormes défauts. J’ai appris à disserter sur n’importe quoi pendant dix minutes mais pas à réfléchir ! Ce qui m’a frappée, c’est le manque d’ambition intellectuelle de l’enseignement. Quelle est, d’après vous, la principale faiblesse de cet enseignement ? Le pire défaut des Sciences po est qu’on ne nous prépare pas au monde adulte. Mon diplôme en poche, je me suis retrouvée perdue comme une petite fille, ignorant tout du marché du travail: en faisant mes premiers pas dans le journalisme, je me suis vite rendu compte que les notes de synthèse et les dissertations n’avaient rien à voir avec un article et le fait de donner envie au lecteur de le parcourir. Cela dit, si le bourrage de crâne s’est révélé inutile dans ma vie professionnelle, Sciences po a été une excellente carte de visite pour démarrer dans le métier. Mini-CV 1983 Bac littéraire au lycée Henry – IV à Paris. 1986 Licence d’histoire et diplôme de Sciences po. 1991 correspondante en Afrique pour la Croix, Libération 2000 Embauchée au service étranger de Libération

FRÉDÉRIQUE RICHARD, 27 ANS, PROF DE BIOLOGIE ET DE PHYSIQUE AU MANS

Frédérique Richard partage son temps entre deux collèges privés du Mans. Elle y enseigne la biologie et la physique, soit environ vingt heures de cours par semaine. À cela s’ajoutent autant d’heures pour préparer les leçons, corriger les devoirs..

Page 106: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

106

À quoi vos études vous servent-elles aujourd’hui ? À être capable de répondre à toutes les questions des élèves, même si elles sont hors programme. Certes, au quotidien, ce que je leur transmets est infime par rapport à mes connaissances. Par exemple, lorsque je leur parle de la circulation du sang, je l’aborde de façon extrêmement succincte. Rien à voir avec les cours de la fac ! Mais avoir un bon niveau est indispensable pour vulgariser les notions. Mes études m’ont apporté aussi des méthodes de travail pour jongler entre plusieurs classes, corriger des devoirs ou préparer des cours. Y a–t-il des choses qu’elles ne vous ont pas apportées ? Je n’ai pas eu de formation en psychologie de l’adolescent, en animation, en gestion du groupe. En classe, je dois improviser. Si on apprend à construire un cours, on n’apprend pas à s’adapter à l’hétérogénéité d’une classe; faire comprendre à des jeunes, dont certains ne savent pas ce qu’est une molécule, que la température est liée à l’agitation moléculaire, ça demande de l’imagination ! Et ça, je ne l’ai pas acquis à l’école. Mini-CV 1992 Bac scientifique aux Sables-d’Olonne 1997 Licence de SVT à Rennes ,et entrée à l’UFM de Nantes.1998 Décroche le CAFEP (pour travailler dans l’enseignement privé) 199 Prof de biologie et de physique en collège au Mans

Le Monde de L’Éducation, 2000

Page 107: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

107

Le diplôme n’est plus une garantie Si un diplôme supérieur est nécessaire pour accéder au statut de cadre, il n’est plus aujourd’hui une garantie. Près d’un jeune sur deux entre dans l’enseignement supérieur, alors qu’un quart seulement des postes créés sont destinés à des cadres. Il est donc de plus en plus difficile de donner à chaque diplôme l’emploi qu’il espère et l’on peut s’attendre pendant quelques années à ce que les qualifications des jeunes soient supérieures à celles requises aux emplois disponibles. Aujourd’hui, moins de la moitié des jeunes diplômés obtiennent le statut convoité, contre plus des deux tiers il y a dix ans. Les employeurs attachent en effet plus d’importance aux aptitudes et aux compétences individuelles. En 1990, les salaires des jeunes diplômés étaient identiques, à niveau égal, à ceux des personnes promues cadres de moins de 30 ans déjà en place; ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour un même poste hiérarchique, les entreprises préfèrent souvent embaucher un jeune à un salaire moins élevé que promouvoir un cadre. 51 % des chefs d’entreprises (moins de 500 salariés) pensent que par rapport aux emplois qui leur sont proposés, les jeunes ne sont pas assez qualifiés, 12 % qu’ils sont trop qualifiés, 28 % qu’ils sont suffisamment qualifiés, 65 % sont favorables à la mise en place d’une sélection à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Francoscopie, mars 2000 EXPLICATIONS LEXICALES avoir un avis tranché = avoir une opinion bien nette qui est affirmée catégoriquement

acquérir v.. = devenir propriétaire de quelque chose par achat, échange. Ex. Acquérir un immeuble; gagner, obtenir; Ex. Acquérir des quantités de connaissances. Acquérir une culture générale manque n.m. = Fait de manquer, absence ou grave insuffisance d’une chose nécessaire. Ex. Manque de vision, d’argent; carence, pénurie ,rareté. Ex. Quel manque d’imagination !.Par manque de, manque de; par défaut de, faute de Ex. Manque d’encadrement: absence ou insuffisance de préoccupations pour encadrer le personnel

Page 108: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

108

critique n. et adj = Examen en vue de porter un jugement examen critique: qui examine la valeur logique d’une assertion, l’authenticité d’un texte. Ex. Remarque critique; esprit critique :qui n’accepte aucune assertion sans s’interroger sur sa valeur forger v. = Travailler un métal un alliage à chaud ou à froid pour lui donner une forme. Ex. Forger le fer; élaborer, fabriquer Ex. Forger un mot nouveau

environnement n.m. = Entourage habituel de quelqu'un Ex. L’environnement familial ;Ensemble des conditions qui

peuvent agir sur les activités de l’entreprise, de l’industrie. Ex. L’environnement de l’entreprise amortir v. = rendre moins violent, atténuer; Ex. Amortir un choc amortissement n.m :action d’amortir; Ex. Amortissement financier remettre v.= mettre de nouveau; Ex. Remettre quelque chose en état de fonctionnement

obsolète adj.= dépassé, désuet. Ex. Une technologie obsolète preuve n.f. = ce qui sert à établir qu’une chose est vraie ; Ex. Donner comme preuve

hypokhâgne fam. n.f. = classe de préparation à L’École normale supérieure, précédant la khâgne il n’y a pas de résultat qui vaille = il n’y a pas de résultat qui ait, qui mérite de l’importance

cisailler v. = Couper quelque chose avec des cisailles (foarfece); Ex. Cisailler des fils de fer. Raffiner ses manières d’écrire, d’expression. Ex. Cisailler sa plume

ciseler v. = Travailler avec un ciseau (daltã ); Ex. Ciseler un bijou. fig. Ciseler son style vivre v. = être en vie ,exister. Ex. La joie ,le plaisir de vivre. Vivre de sa plume = vivre de son travail d’écrivain

encrier n.m. = Petit récipient où l’on met de l’encre. Ex. Tremper la plume dans l’encrier; au ras de l’encrier = à la surface d’un petit récipient à encre

embaucher v. fam. = être engagé en vue d’un travail se rendre compte = prendre conscience d’un état ou d’un

processus complexe, s’apercevoir, comprendre, remarquer; Ex. Se rendre compte d’une chose

Page 109: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

109

bourrer v. tr. = Remplir complètement en tassant; Ex. Bourrer une pipe; Action insistante pour persuader. Fig. Bourrage de crâne démarrer v.= Commencer à rouler, à partir; Ex. La voiture démarre brusquement. Se mettre à marcher, réussir; Ex. Démarrer dans les affaires

prendre de l’assurance = prendre, acquérir de la confiance en soi-même

mener à terme, à son terme = terminer, achever mener à bonne fin = achever, terminer un travail, une affaire mettre des plannings en place = mettre des projets en état de fonctionnement être dépaysé = être mal à l’aise, désorienté par le changement de décor ,de milieu, d’habitudes

bosser v. fam. = travailler. Ex: C’est un sacré bosseur l’apprentissage scolaire = le fait d’apprendre un métier manuel ou technique dans une école ou chez un particulier filtrer les appels = les faire soumettre à un contrôle, à une vérification

être de bonne humeur = être gai, content rassurer v. = rendre la confiance, la tranquillité d’esprit à quelqu’un, tranquilliser; Ex. Le médecin l’a rassuré.

ACTIVITÉS AUTOUR DU TEXTE Identifiez les personnages de l’interview:

♦ Qui pose les questions ? ♦ Que savez-vous sur les personnes interviewées ? ♦ Quelles sont leurs professions actuelles ? ♦ Qu’est-ce que l’école leur a apporté ? ♦ Comment se sont–elles adaptées sur le marché du

travail ? Sont–elles compétitives ? ♦ Quels conseils pourrait–on donner aux jeunes qui

étudient dans les Universités ? ♦ Est ce que les métiers que les jeunes ont choisis

leur donnent satisfaction ?

Page 110: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

110

♦ Analysez et discutez chacune des affirmations présentées dans les interviews.

Sujet de débat [1] Recueillez l’opinion de votre meilleur ami sur les aspects positifs ou négatifs de l’école contemporaine. Présentez ses idées dans un bref article. [2] Trouvez dans le texte les indications qui contredisent les affirmations suivantes :

Plusieurs témoins affirment n’avoir jamais souffert durant leur scolarité.

Une fois les études terminées, le diplôme en poches, on a

fini d’apprendre.

Ce que l’on apprend à l’école, c’est le sens des relations humaines.

Les études ne lui ont pas servi à parler les langues

étrangères.

Ses études d’économie ne lui ont rien appris.

ENQUÊTE Lisez et traduisez en roumain cette interview concernant quelques points de vue de l’écrivain Daniel Pennac sur l’importance des études et sur le rôle de la lecture dans la vie d’un jeune homme.

Page 111: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

111

DANIEL PENNAC, 56 ANS, ECRIVAIN, PROFESSEUR DE FRANÇAIS DE 1969 A 1995,

auteur de: La débauche avec Tardi (2000), Au bonheur des ogres (1985), Le service militaire au service de qui (1973)

Témoignages

À quoi vous ont servi vos études ? À souffrir ! Ma scolarité a été un enfer. En primaire et en secondaire, j’ai fait des études calamiteuses. J’étais un mauvais élève, atrocement malheureux de l’être, je souffrais même physiquement, et je voulais le faire payer. J’ai eu mon bac à 20 ans révolus. Ensuite, j’ai expédié des études de lettres modernes, hypokâgne et une licence d’enseignement. Mais, à côté de l’enfer de l’école, c’était un peu un purgatoire, et la matière me plaisait. Mais vous n’avez rien appris qui vous soit utile aujourd’hui ? Si: la douleur que j’ai ressentie de la maternelle à la terminale m’a permis, quand j’étais prof de comprendre ce que souffre un mauvais élève ….. plus généralement, ce qu’un bon enseignement vous fait acquérir, c’est le sens de l’effort, car il n’y a pas de résultat qui vaille sans effort, sans un don réel de soi. J’ai eu la chance de rencontrer, à partir de la première, trois profs, un de math, un d’histoire et un de philo, qui m’ont donné le sens de la méthode, qui m’ont cadré, qui m’ont appris qu’il y avait un bonheur à apprendre, bref qui m’ont sauvé. Pas par l’autorité, mais par une exigeante bonté. Ils savaient expliquer. Ils ne pratiquaient pas l’humiliation, et nous les sentions exigeants, d’abord avec eux-mêmes. Moyennant quoi, nous leur obéissions avec confiance. Vous êtes devenu écrivain …… Vos études ont-elles joué un rôle quelconque ? Un rôle assez paradoxal. Dans le secondaire, j’étais pensionnaire. Cela paraît inouï aujourd’hui mais on n’avait pas le droit de lire à l’étude. Pour continuer à lire, je me suis mis à ….. écrire ! J’inventais une suite au dernier chapitre des Trois Mousquetaires que j’avais lu, et je le comparais à celle de Dumas.

Page 112: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

112

Je suis venu à l’écriture comme ça, par la lecture sauvage, voire la lecture interdite..…. Et plus tard ? Quand on lit Baudelaire à 17 ans, Flaubert à 18… il est impossible qu’il n’en reste rien. Même si l’on s’emmerde parce que c’est au programme et que les profs enseignent ces auteurs comme de la ‘’ littérature morte’‘, Baudelaire c’est tout de même quelqu'un. Flaubert aussi ! Les profs m’avaient présenté leurs cadavres; je les ai vraiment découverts vivants, plus tard et tout seul. En fait, j’écris sûrement parce que j’ai lu, non parce que les profs m’ont appris la littérature. J’ai été infiniment plus dynamisé par mes lectures hors programme: elles correspondaient à mon cheminement. Par exemple, j’ai adoré Dickens, James, Stevenson, Tolstoi, Joyce ou encore Dostoievski. Certains auteurs dégagent de la force. Ils mettent en appétit pour écrire, comme Proust, alors que d’autres, que j’admire tout autant tels Céline ou Queneau, me cisaillent la plume au ras de l’encrier. D’après L’Etudiant no. 229 /2001 Mini- CV 1965 BAC philo à Nice 1969 Maîtrise de lettres modernes à Aix et première rentrée scolaire. 1973 Premier ouvrage écrit Le Service militaire au service de qui ? (Le Seuil) 1985 Au Bonheur des ogres (Gallimard) 1995 Quitte l’enseignement. 2000 La Débauche avec Tardi (B.D. Futuropolis)

Page 113: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

113

EXPPRESION ORALE Sujet de débat Que représentent les études pour vous ? Comment vous préparez-vous à la vie professionnelle ? Répondez dans une trentaine de lignes, en vous appuyant sur vos lectures et sur votre expérience personnelle.

Page 114: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

114

EXERCICES I. Exercices lexicaux

Une famille de mots : Acquérir

acquérir = devenir propriétaire d’un bien par achat, échange, succession ;Ex. Acquérir un immeuble

acquis = obtenu, gagné ;Ex. Bien, mal acquis ne profite jamais acquis = reconnu sans contestation;

Ex. Nous pouvons considérer comme acquis ce premier point acquisition = action d’acquérir; fait d ‘arriver à posséder; Ex. Faire l’acquisition d’un terrain

acquéreur = personne qui acquiert un bien; Ex. Ce tableau n’a pas trouvé d’acquéreur. [1] Complétez par les mots du paragraphe précèdent

L’école lui a permis d’……………….. une culture générale.

Je me dois de remettre à jour tous mes …………………..

Mon oncle a fait l’……………….. d’un piano.

Il gisait depuis longtemps dans une cave faute d'………….

Elle parlait de l’aisance que ses élèves ont …….. ………en apprenant les langues étrangères.

[2] Remplacez les mots en italiques par des synonymes. Étudiants, nous admirons la rectitude morale de nos professeurs. J’ai horreur des grossièretés ,dit le jeune homme à sa copine. Mon amie a une inclination naturelle à l’étude. C’est un homme de haute taille, il mesure 1,90 m. Les invités parlaient tous à la fois, seuls des fragments de phrases parvenaient jusqu'à nous. Adrien était fatigué, ses paroles

Page 115: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

115

étaient incohérentes. Elle ressentait ce découragement qu’elle avait cru maîtrisé. Paul commence à se désintéresser du résultat de ce concours. La jeune fille protesta mais d’un air qui manquait d’aplomb. Julie se reproche son absence d’énergie. Elle avait agi au vu et au su de tout le monde, elle n’avait aucune raison de s’en cacher. Jacques devinait sur ce visage mobile toutes les pensées qui s’y reflétaient. Il l’avait vue triste et s’est efforcé de deviner la cause de sa tristesse. [3] Remplacez les verbes en italiques par des synonymes afin de reconstituer les proverbes ci-dessous. Bonne volonté remplace la faculté. Ce qu’aujourd’hui tu peux faire au lendemain ne remets. Ce qui ne coûte rien, est considéré ne valoir rien. Fais ce que dois, arrive qui pourra. Il ne faut pas abandonner le certain, pour l’incertain. Le soleil brille pour tout le monde. Ce sont les petites pluies qui endommagent les grands chemins. Chassez le naturel, il retourne au galop. Contentement dépasse richesse. Dis –moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. Chat bien nourri méprise les souris. C’est l’hôpital qui se rit de la charité. Le destin ne peut nous ôter que ce qu’il nous a donné. Le papier supporte tout. Qui aime labeur arrive à honneur. Qui ne risque rien n’a rien. [4] Complétez les phrases ci-dessous par des antonymes des verbes en italiques : Faut-il partir, faut il …………….. telle était l’alternative clairement posée. Cela aurait été aussi stupide au point qu’il en était d’abandonner que de ………….. On le voyait au passage entrer ou …………. de son cabinet. Une toute petite étoile s’allumait entre eux, …………. se ravisait encore, intermittente.

Page 116: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

116

Elle s’échappa et avec le plus grand calme, sans …………… ni baisser la voix. [5] Employez chacune des expressions suivantes dans une phrase qui en précise le sens :

Remettre en cause. Prendre fait et cause pour. Avoir gain de cause. Faire cause commune avec. Plaider une cause. Mettre hors de cause. En désespoir de cause. Pour les besoins de la cause. En tout état de cause.

[6] Dans chacune des phrases suivantes mettez le nom qui convient à la place des espaces libres. le mobile, la cause, le motif, la motivation, l’origine, la raison, le sujet, le pourquoi ♦ On ignore …………. de ce délit. ♦ Les étudiants ont toujours demandé inlassablement

………………… de toute chose. ♦ À quelles …………………. a-t-il obéi en adoptant cette

position ? ♦ À ……………… de cette dispute, il y a une sombre

affaire d’héritage. ♦ On s’interroge sur …………… de cette catastrophe. ♦ Selon Pascal, Dieu est ……………… de toute chose. ♦ Pour quelle …………….. avez –vous agi ainsi ? ♦ Tout………………… lui est bon pour se dérober à ses

obligations. ♦ Il a présenté sa démission pour ………………futile.

Page 117: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

117

[7] Employez dans chacune des phrases suivantes le verbe qui convient: causer, déchaîner, découler de, engendrer, être dû à , motiver, provenir de, provoquer, résulter de, susciter ♦ Son attitude désinvolte ……………. l’indignation de tous. ♦ L’imprudence du chauffeur …………………l’accident. ♦ La rivalité de ces deux hommes politiques ………………

entre eux. ♦ La baisse du chiffre d’affaires de l’entreprise …………

une mauvaise gestion. ♦ L’éloquence de l’orateur ……………….. l’enthousiasme

du peuple. ♦ Ses malheurs ……………….. son incapacité à

s’exprimer. ♦ L’incompréhension de ses amis ……………. son départ. ♦ Cette légère inflation …………………….. la hausse des

salaires de l’enseignement. ♦ Son ignorance ………………. sa fainéantise. ♦ L’échec de la mise en marche de la voiture …………….

une erreur de calcul. À la recherche d’un emploi Formuler des demandes:

Demander une faveur = solliciter, prier, supplier, implorer Demander l’aumône = mendier, quémander

Demander avec insistance: réclamer, revendiquer, harceler, adresser ,formuler une demande, exiger

Demander poliment = Je voudrais bien s’il vous plaît ……… J’aimerais bien que ……………….. Pourriez-vous ……………… Vous serait – il possible de………… Demander dans une lettre = J’ai l’honneur de solliciter………. Je souhaiterais que …………………

Page 118: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

118

Je vous prie de ………………… Je vous serais reconnaissante de bien vouloir ………………….

Je vous saurais gré ……………….. Pourriez-vous me faire la faveur de … Quelques formules de politesse à la fin des lettres Je vous prie d’agréer Monsieur (Madame) l’expression de mes

sentiments les meilleurs (neutre), les plus distingués (neutre), respectueux (personne importante), dévoués (supérieur hiérarchique).

Veuillez recevoir l’assurance de ma considération distinguée, de mon sincère dévouement.

Recevez cher Monsieur (chère Madame) mes vœux de

bonheur (mariage, naissance)

À un ami (une amie): Amitiés, Amicalement Cordialement (à un collègue) [8] Complétez avec les verbes de la liste de droite:

Jacques Durand est ouvrier. Il s’occupe de l’entretien des machines dans une grande usine d’armement. Il gagne à peine le SMIC. Sa femme Virginie se plaint et lui ………………….. davantage d’argent pour faire vivre leurs enfants. Elle dit que pour finir le mois, elle est obligée de ………………….. auprès de ses parents et que si ça continue, elle sera forcée d’aller …………….. à la porte de l’église. Elle ………………. son mari de demander un poste plus rémunérateur. Jacques Durand ……… alors un poste de gardien dans la zone ultra sensible de l’usine: l’endroit où s’élaborent les projets et où sont entreposés les prototypes. Il obtient ce poste

Exiger

Implorer

Mendier

Prier

Postuler

Page 119: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

119

beaucoup mieux payé, mais beaucoup plus dangereux. Un jour, le plus petit garçon de Jacques Durand est kidnappé. Les ravisseurs ………….……. que leur soient remis les plans d’un nouvel appareil. Jacques Durand les ……………………. de ne pas faire de mal à son enfant et leur promet les plans. Cependant, il avertit la police en la …………………… d’intervenir discrètement pour ne pas mettre en danger la vie de l’enfant. Heureusement, l’histoire se termine bien. La police réussit à encercler les ravisseurs au moment de l’échange et ces derniers se rendent. L’affaire fait grand bruit dans l’entreprise. Le personnel qui travaille dans la zone dangereuse ……………..… des mesures de sécurité plus importantes. Quand à Jacques Durand, il ……………… à nouveau pour son ancien emploi avec la bénédiction de sa femme.

Quémander

Réclamer

Revendiquer

Solliciter

Supplier

[9] Racontez cette histoire sous forme de lettres ou de messages de demande: Exemple: lettre de Jeanne à Paul, lettre de demande de poste, message des ravisseurs [10] La demande: classez les phrases suivantes de la plus familière à la plus soutenue : a) Vous pourriez vous déplacer un peu ? Je ne vois pas l’écran. b) Tu te pousses un peu ! Je n’y vois rien. c) Vous serait-il possible de vous déplacer un peu ? Vous me

cachez l’écran. d) Pardon Monsieur, auriez –vous l’amabilité de vous

déplacer d’un siège ? Je suis désolé, mais vous me cachez l’écran.

Page 120: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

120

[11] Que dites-vous ? Qu’écrivez –vous dans les circonstances suivantes ? ♦ Vous demandez à un collègue qu’il vous prête son

téléphone portable. ♦ Votre ami fait la tête. Vous lui demandez ce qui ne va pas.

Par téléphone; - Vous êtes à Nancy. Vous téléphonez à la gare pour

connaître l’heure de départ du prochain train pour Paris. - Vous venez d’arriver à Paris. Il est quatre heures du matin.

Vous demandez à un ami de venir vous chercher à la gare. Par écrit: - Vous demandez une augmentation à votre patron (donnez

au moins trois raisons qui motivent votre demande). - Vous demandez à un collègue en congé que vous n’avez

pas pu trouver au téléphone s’il peut vous remplacer demain matin.

[12] La fonction publique. L’administration. Les fonctionnaires Que savez-vous sur le rôle de l’administration en France ? Ce rôle est-il différent dans votre pays ?

Le secteur public Armée, police, gendarmerie, justice, ministères, administrations communales (mairies), administrations départementales (préfectures et conseils généraux), régionales (conseils régionaux ), enseignement (85 % des écoles ),postes, impôts, sécurité sociale, SNCF (trains), RATB (bus), EDF (électricité), GDF (gaz), musées nationaux, etc. L’État est également principal actionnaire dans de nombreuses sociétés: banques, assurances, industries.

Page 121: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

121

Le statut du fonctionnaire en France Le fonctionnaire public est recruté par concours. L’État lui assure en principe une fonction et il s’engage à lui assurer aussi sa retraite. Le fonctionnaire peut monter en grade grâce à des concours internes. Son traitement augmente en fonction d’une grille précise et complexe. À diplôme égal, le fonctionnaire est en général moins bien payé que s’il travaillait dans le privé. Fonctionnaires. Près d’un actif sur quatre dépend de l ‘État. Le secteur public comprend au total plus de 5 millions de salariés repartis entre la fonction publique d ‘État (agents et employés des ministères, des établissements publics ou apparentés, employés de la Poste et de France Télécom, enseignants des établissements privés sous contrat, la fonction publique territoriale (personnel des collectivités locales) et la fonction publique hospitalière (personnel des hôpitaux publics). Ils représentent 28 % de l’ensemble des salaries (hors emplois précaires), ce qui place la France au premier rang des pays occidentaux. En un siècle, la part du secteur public dans la population active a plus que triplé, du fait des nationalisations qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, puis de celles de 1982. Elle a été récemment réduite par les privatisations réalisées en 1987 – 1988 et depuis 1993. Le taux moyen de croissance des effectifs de fonctionnaires a été de 3,2 % par an pendant les années 60, 3,1 % pendant les années 70, 1,1 % pendant les années 80. Entre 1980 et 1995, l’emploi public a augmenté de 20 % en France, alors qu’il baissait de 25 % aux Pays-Bas et en Grande –Bretagne.

G. Mermet, Francoscopie 2000

Page 122: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

122

II. Exercices grammaticaux (l’expression de la cause) 1. Soulignez les subordonnées compléments circonstanciels de cause: [a] Comme vos actes nous suivent, nous réfléchirons aux conséquences qu’ils peuvent avoir. ♦ Comment le paresseux récolterait-il dans sa vieillesse, puisqu’il

n’a rien semé dans sa jeunesse ? ♦ Quelques –uns se croient modestes, parce qu’ils tiennent les yeux

baissés en notre présence. ♦ Dès lors que vous ne faites pas d’efforts, je dois renoncer à vous

tirer d’embarras. [b] Etant donné que l’avenir est incertain, soyez prudents et analysez les difficultés. ♦ Je contredirai votre témoignage, non que je veuille vous offenser,

mais la vérité a ses droits. ♦ Comment aurais-je médit de vous l’an passé, si je n’étais pas né ?

répondit l’agneau. ♦ Du moment que votre père vous autorise à faire ce voyage, je n’ai

pas à m’y opposer. [c] Elle prête l’oreille, parce que c’est son père qui parle. ♦ Mais tu n’as pas faim, que tu ne finis pas tes huîtres ? ♦ La lumière baissant toujours, nous revenons sur nos pas. ♦ La princesse de Parme était gênée de faire des amabilités, vu

qu’ils en avaient fort peu pour elle. ♦ Puisqu’il était un homme sérieux, je n’ai pas besoin de vous dire

qu’il était modeste. C’est parce que je vous aime que je vous propose cette séparation à l’amiable.

♦ Comme le vent avait cessé, la voile tomba. ♦ Du moment que notre ville favorise justement les habitudes, on

peut dire que tout est pour le mieux.

Page 123: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

123

2. Mettez les verbes entre parenthèses au mode et au temps qui conviennent.

♦ Du moment que tu (consentir) à revenir sur ta décision tu

devrais cesser d’insister. ♦ Attendu que le chauffeur (conduire) en état d’ivresse, le

policier a décidé de lui retirer son permis. ♦ Etant donné que chacun (vouloir) imposer son point de

vue et que le ton (monter) ce fut un vacarme incroyable. ♦ Si ce joueur a gagné le concours, c’est parce qu’il (se

montrer) combatif et persévérant. ♦ Puisque tu (se croire) si intelligente, résous donc ce

problème. ♦ Comme il (souffrir) de troubles cardiaques le jeune

violoniste a dû renoncer à une brillante carrière. ♦ Si son attitude a pu vous sembler vulgaire, ce n’est pas

qu’il (vouloir) se montrer grossier, mais c’est qu’il était mal élevé.

♦ Nous allons vendre cette maison, non qu’elle nous (déplaire) mais parce qu’elle est trop loin.

3. Complétez les phrases suivantes par des conjonctions

différentes : ♦ ………….. tu es si gentil, porte donc les malles. ♦ Elle ne vous a pas écrit …………. elle avait perdu notre

adresse. ♦ Mon cœur battait la chamade ……………… on annonçait

les prix du concours de patinage. ♦ Ils avaient du mal à entendre le conférencier qui parlait

d’une voix faible ……………. ils étaient placés au fond de la salle.

♦ ……………….. il fût fatigué …………………. il n’aimât point la musique de Wagner, il s’endormit au milieu du concert.

Page 124: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

124

4. Remplacez le groupe de mots en italique par une proposition subordonnée exprimant la cause.

Sentant l’orage approcher, ils quittèrent la forêt. Ils ont manqué l’affaire pour n’avoir pas su la contrôler. L’ascenseur étant tombé en panne, nous avions dû monter à pied. A force de fumer, mon père est tombé malade. Intriguée, elle s’approcha de la vitrine. Intelligente comme vous êtes, toutes les possibilités vous sont offertes. Sous prétexte de me rendre service, ma copine ne cesse de m’agacer. A me voir si bouleversée, ma grand-mère se sentit elle-même émue. Pour avoir voulu transformer l’entreprise, ils ont rencontré l’hostilité générale. En la persuadant de reprendre ses études, son père lui a donné un coup de main. 5. Remplacez la proposition exprimant la cause par une

tournure équivalente introduite par un infinitif, un gérondif ou un participe:

♦ Jean s’est cassé la jambe, parce qu’il a glissé sur la glace. ♦ L’étudiant avait été exclu de la salle d’examen, parce qu’il

avait fait du bruit. ♦ Étant donné que rien ne le retenait à Rome, il rejoignit sa

famille. ♦ Comme il ne savait pas se débrouiller, il dut demander

conseil à sa mère. ♦ Elle se réjouissait par ce qu’elle se voyait entourée par ses

élèves. ♦ On le déteste, parce qu’il est menteur. ♦ J’aime ce pays, parce que la lumière y est douce et le

paysage harmonieux.

Page 125: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

125

♦ Du moment que le malentendu était dissipé, les gens s’étaient réconciliés.

♦ C’est parce que le professeur m’a toujours encouragé, que j’ai pu franchir ce moment difficile.

6. Complétez avec une expression de cause: • La récolte a été mauvaise ……………….. la sécheresse. • Marie a été sélectionnée pour le poste de comptable

……………….sa grande expérience. • Il a pu éviter l’accident ……………… il avait de bons

freins. • ……………… c’est ton anniversaire aujourd’hui, nous

allons préparer un grand gâteau. • Il a pu obtenir le prix Nobel …………………son attitude

généreuse et humanitaire. • ………………………. le train a une heure de retard,

allons manger une glace. 7. Réduisez la subordonnée de cause à une phrase où le

déterminant circonstanciel soit réalisé par un groupe prépositionnel.

Modèle: L’enfant pleurait, parce qu’il avait faim (de). L’enfant pleurait de faim.

Elle criait, parce qu’elle ressentait de la douleur (de). Nous souffrions beaucoup, parce que nous avions soif (de). Il a pu être sauvé, parce que le médecin a fait une

intervention chirurgicale (grâce à). Elle a été refusée, parce qu’elle avait dépassé l’âge (à

cause de). Elle nous a demandé de partir; elle se sentait mal (sous

prétexte que). Il est venu nous voir; il a besoin de notre aide (puisque). On l’estime, parce qu’elle a de l’intelligence (pour).

Page 126: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

126

8. Liez les deux propositions à l’aide de la locution parce que: Modèle: Je t’ai appelé, j’ai besoin de toi. Je t’ai appelé, parce que j’ai besoin de toi. Il sera un bon professeur; il a des idées. Elle lui pardonnera; elle a du caractère. Tu peux lui parler; elle est très gentille. Nous ne ferons pas ce voyage; il n’y a plus de billets à

réserver. Vous ne pouvez pas partir en ce moment; il pleut à verse. Tu dois te reposer, tu es très fatiguée. Je ne peux pas me permettre le luxe de m’acheter ce

manteau, cela ne m’intéresse plus. 9.Traduisez en français: (a) Acest băiat şi-a rupt piciorul pentru că a alunecat pe o

placă de polei. (b) Familia mea, ne având obiceiul să se culce târziu, se scula

dimineaţa foarte devreme. (c) Ei renunţă la construirea acestei case pentru că nu mai au bani. (d) Grabiţi-vă căci timpul trece. (e) Din cauză că ploua mărunt, a trebuit să-mi iau impermeabilul. (f) Este inutil să-i ceri sfatul din moment ce ai luat deja o decizie. (g) Afacerea va fi amânată dat fiind că directorul este bolnav. (h) Doresc să văd acest spectacol, nu pentru că este bun, ci

pentru că este nou. (i) El a cumpărat acest costum, nu pentru că era ieftin ,dar

pentru că era elegant. (j) Fie că vederea sa este proastă, fie că se preface că nu ne

vede, el trece pe lângă noi fară să ne vadă.

Page 127: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

127

UNITÉ 6: Voyages

CONTENU TEXTES:

1. Écrire c'est voyager – Michel Butor

2. Le pays que j'ai quitté – Colette EXERCICES: 1. Exercices lexicaux

2. Exercices grammaticaux - L’expression de la condition.

De la splendeur de la pierre…

à la magnificence des jardins

Page 128: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

128

J'ai trop écrit. Si ce n'avait pas été le cas, j'aurais été sans doute

davantage connu.

MICHEL BUTOR, Écrire c’est voyager Né à Mons ,dans le Nord de la France, en 1926,Prix Renaudot pour La Modification en 1957, Michel Butor, professeur de philosophie avant d'enseigner la littérature ,est l'auteur d'une œuvre multiforme et encyclopédique: romans, poèmes, études critiques, essais, livres d'art ou entretiens…. L'homme aux mille livres est aussi un éternel voyageur. Michel Butor écrivain et philosophe est l'un des auteurs les plus représentatifs du Nouveau Roman. Interrogé par les journalistes de la revue Le Monde de l'éducation, il exprime quelques points de vue sur la notion de voyage et sur les sens de l'écriture contemporaine.

Écrire c’est voyager Le Monde de l'éducation Quelle est la place des voyages dans votre œuvre si l'on excepte l'aspect documentaire évident ? Écrire, c'est voyager disiez- vous dans Répertoire. Michel Butor Beaucoup d'écrivains ont développé ce thème. Dans l'écriture même, il y a un trajet, dans bien des cas assez linéaire. Et puis lire, écrire nous fait changer de décor, c'est très net dans les récits de voyage. Dans n'importe quelle fiction, on voyage, par exemple, en Normandie avec Madame Bovary ou à Carthage avec Salammbô. Même dans les livres scientifiques, on voyage, mais cette fois, dans un lieu abstrait. Dans vos voyages, cherchez-vous un ailleurs et de quel ailleurs s'agit-il ? J'ai beaucoup voyagé. J'espère voyager encore un peu même si je deviens plus raisonnable. Pour moi, voyager, c'est surtout voyager à

Page 129: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

129

l'étranger bien que je ne connaisse pas la France à mon goût. Qu'est-ce que je cherche dans d'autres pays ? Des points de comparaison avec ce dont j'ai l'habitude. Ça m'a toujours été très profitable. J'ai besoin d'aller dans d'autres cultures, dans d'autres climats et dans d'autres langues. Je ne suis pas un polyglotte. Mais je suis passionné pour les langues, pour la façon dont elles fonctionnent. On peut aller dans des régions où il y a des traces gravées suffisamment fortes, par exemple la Rome impériale en Italie pour qu'elles redeviennent très présentes. Et puis, se promener dans les langues modernes issues de ces langues anciennes fournit des échelons. La Modification, Transit, Degrés, Gyroscope: autant de titres que vous avez signés. Estimez-vous avoir bâti une œuvre hantée par les thèmes du passage, de la transition, du mouvement ? Ce sont certainement des thèmes majeurs. Je suis frappé par le changement du monde. On est à une époque de transformations extrêmement rapides. Il y a déjà eu des époques comparables dans le passé, mais là ,on est des champions. Aujourd'hui cela se répercute plus ou moins vite selon les régions du monde. Je suis très sensible à cette donnée fondamentale de notre temps. J'essaie de la raconter. Y a -t- il eu un malentendu à vous associer à l'aventure du Nouveau Roman ? Il y a eu un malentendu journalistique sur la nature exacte du Nouveau Roman parce que les gens ont essayé d'interpréter le phénomène par rapport à d'autres qui avaient précédé. Ils ont vu un groupe comme l'était le groupe surréaliste et une école à l'image de l'existentialiste.Or il s'agissait d'autre chose à l'origine, c'est-à-dire des écrivains publiant chez le même éditeur. Quelques-uns ont cherché à s'y faire publier pour montrer, si vous voulez, leur adhésion, comme Nathalie Sarraute ,qui avait accepté que son premier livre, Tropismes, soit réédité aux Editions de Minuit. De même, Marguerite Duras avait demandé à Gallimard l'autorisation d'y publier deux livres. Néanmoins, il existait entre ces écrivains un certain nombre de points communs. On les voit de plus en plus clairement; d'une part l'influence de certains grands écrivains du début du XX siècle, Proust, Joyce, Kafka, Faulkner, d'autre part l'influence

Page 130: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

130

du cinéma. Je participais de ces influences. Lorsqu'on a commencé à évoquer le Nouveau Roman, ce fut en grande partie autour de moi. Seulement, j'étais un voyageur et, contrairement à d'autres, je n'avais pas envie de fonder une école. Que vous reste-t-il à accomplir ? J'ai le sentiment d'être un auteur du XX e siècle. Or, nous sommes au XXI e siècle. Ce qui est important est derrière moi. Je compare ma situation à celle d'un concert: le soliste a exécuté son programme; à la fin ,on lui réclame des bis, soit des morceaux plus petits. C'est autre chose, parfois mieux. Et j'ai l'intention de donner des "encore ". D'après Le Monde de L'Education No.297 Novembre 2001

EXPLICATIONS LEXICALES

changer v.= Céder une chose contre une autre; Ex. Changer une chose pour, contre une autre; changer de l’argent. Changer quelque chose, mettre dans un autre état, lieu. Ex. Changer de décor.

échanger v. = Laisser quelque chose à quelqu'un en recevant une autre chose en contre partie; Ex. Il échange des timbres.

ailleurs adv. = Dans un autre lieu que celui où l’on est ou dont on parle. Ex. Allons ailleurs, nous sommes mal ici. polyglotte adj.et nom = Qui parle plusieurs langues;

Ex. Interprète polyglotte. hanter v. = Fréquenter un lieu d'une manière habituelle, familière Ex. Hanter les mauvais lieux; Habiter l’esprit en gênant ; Ex. Fréquenté par les esprits. néanmoins adv. et conj. = Cependant, pourtant; Ex. Néanmoins, rien n'est encore décidé. participer à v. = Prendre part à quelque chose;Ex. Participer à un jeu.Participer de quelque chose ,tenir de la nature de. Ex. Cette fête participe des plus anciennes traditions populaires.

Page 131: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

131

trace n.f. = Empreinte ou suite d'empreintes, de marques, que laisse le passage d’un être ou d’un objet; Ex.: Des traces de pas sur la neige. graver v. = Tracer sur une matière dure , au moyen d’un instrument pointu. Ex. Graver des initiales sur une bague. Rendre durable dans l’esprit, le cœur; Fixer, imprimer. Ex. Ce souvenir s’est gravé dans ma mémoire. échelon n.m. = traverse d'une échelle; Ex.: Les échelons sont en bois, en métal.À l'échelon de = selon le niveau d'une administration ;Ex. À l'échelon communal, départemental. Fournir des échelons = produire, alimenter, livrer des degrés de …... ; S'élever par échelons = s'élever graduellement; Avancer d'un échelon = avancer d'un degré donnée n.f. = ce qui est donné comme déterminé dans l’énoncé d'un problème et qui sert à découvrir ce qui est inconnu; Ex. Les données du problème. Ex. Les données d’une science, d’une recherche expérimentale AUTOUR DU TEXTE Relisez attentivement le texte. Ensuite répondez aux questions suivantes:

Qu'est-ce que vous savez sur la vie et l'œuvre de Michel Butor ?

Croyez-vous comme Michel Butor qu'écrire c'est voyager ? Pourquoi ?

Que signifie en effet " voyager " pour l'écrivain Michel Butor?

Est-ce que son œuvre est vraiment hantée par les thèmes du passage, de la transition, du mouvement ?

Pourquoi l'écrivain a-t-il été associé à l'aventure du nouveau roman ?

Qu'est-ce que Michel Butor entend par le mot voyageur ?

Page 132: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

132

2. Commentez l'affirmation : " Ecrire, c'est voyager ". Une famille de mots: Changer

changer v. = Céder une chose contre une autre; Ex. Changer une chose pour /contre une autre. Remplacer quelqu'un, quelque chose par une chose, une personne de même nature; Ex. Changer sa voiture, changer le personnel, etc. Changer quelque chose, quelqu’un de …; mettre dans un autre état, lieu. Ex. Changer de place

change n.m. = gagner, perdre au change, à l'échange Ex. Bureau de change, agent de change

changeable = qui peut être changé, modifiable, remplaçable Ex. Monnaie changeable changeant = qui peut changer. Ex. Temps changeant changement n.m. = le fait de changer ,de se modifier, de varier Ex. Changement d'état graduel, progressif Changement brusque le bouleversement échanger v. = Laisser quelque chose à quelqu'un en recevant

une autre chose en contrepartie.

Lisez et traduisez en roumain le texte suivant; observez l’emploi de « si conditionnel ».

Le pays que j'ai quitté

Au bord de la mer aux vagues grises, un jour de nostalgie Colette s'adressant à l'homme qu'elle aime, évoque avec ferveur le pays de son enfance. « Si tu passais en juin, entre les prairies fauchées ,à l'heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais à leur parfum ,s'ouvrir ton cœur. Et si tu arrivais ,un jour d'été dans mon pays ,au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais et tu t'assoieras là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie.

Page 133: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

133

Ecoute encore, donne tes mains dans les miennes; si tu suivais, dans mon pays un petit chemin que je connais ,jaune et bordé de digitales d'un rose brûlant ,tu croirais gravir le sentier enchanté qui mène hors de la vie. Le chant bondissant des frelons fourrés de velours t'y entraîne et bat à tes oreilles comme le sang même de ton cœur, jusqu'à la forêt là-haut, où finit le monde ….. C'est une forêt ancienne, oubliée des hommes et toute pareille au paradis. » Colette, Les vrilles de la vigne

De la compréhension à l'imagination

À qui s'adresse l'écrivain Colette dans ce texte ?

Relevez les verbes au conditionnel.Les propositions dont ces verbes sont les noyaux expriment- elles le charme de ce pays transfiguré par le souvenir ?

Comment Colette rend-elle ce charme particulièrement

sensible ?

Relisez les subordonnées circonstancielles de condition en montrant que chacune d'elles formule une hypothèse qui éveille la rêverie de Colette.

Page 134: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

134

EXERCICES I. Exercices lexicaux [1.] Complétez les espaces libres par les mots du paragraphe précédent: changer, change, changement, changeant, changeable ♦ 1. Attendez - moi quelques instants près du jardin pendant

que je me …………. ♦ 2. Le prix demandé pour convertir la monnaie nationale en

monnaie étrangère s'appelle le taux de ………… ♦ 3. Il y a eu un brusque ………… de temps et nous avons

dû arrêter les travaux. ♦ 4. Ma grand - mère est toujours d'humeur ………….. ♦ 5. La tâche la plus difficile est de ……………le personnel

d'une administration. ♦ 6. L'EURO est une monnaie ………….dans tous les pays

qui ne font pas partie de L'Union Européenne. [2.] Complétez les espaces libres par les verbes changer ou échanger selon le sens : ♦ 1. À la vue de Jacques, Michel ……brusquement de visage. ♦ 2. Il est difficile de ……….. de décor à moins qu'il ne

s'agisse d'un récit de voyage. ♦ 3. Mon grand - père ……… d'humeur sans raison apparente. ♦ 4. Ils sont restés l'un près de l'autre sans ………un mot. ♦ 5. Quelques minutes plus tard ils étaient dans la voiture et

roulaient sans …………. une parole. ♦ 6. Elle se lava le visage et les mains et …………..de

blouse et de jupe. ♦ 7. Les deux femmes n'avaient jamais …………que des

mots sans importance.

Page 135: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

135

[3.] Remplacez les mots en italiques par des synonymes: Cette nuit - là, l'obscurité était profonde. Voilà le résultat de votre action irréfléchie. Son visage était marqué d'un profond bouleversement. Pendant les premiers jours la fillette avait éprouvé une vive répulsion à regarder l'animal tué. Philippe était fatigué, ses paroles étaient décousues. J'éviterai Marie car je voudrais qu'une harmonie parfaite règne entre vous. [4.] Complétez les phrases ci-dessous par les antonymes des adjectifs en italique. Vraie ou ……… cette nouvelle va sans doute inquiéter Virginie. Votre copine est bizarre par ses changements d'humeur. Elle est tantôt gaie, tantôt ……. Apres un hiver glacial tout le monde s'attendait à un été …… Elle échangea quelques mots avec son copain pour la première et …………fois. Cet individu n'est ni beau ni …. il est quelconque. C'était un geste assez …….. pour une jeune fille aussi timide. La politesse de ce monsieur me semblait plutôt ……... que réelle. Rien n'était tout à fait pareil ni tout à fait ………. Bienveillante ou …………… la réponse était toujours la même. Il hésitait toujours à rire ne sachant en effet si c'était comique ou …………….. Ses amis n'étaient ni ………. ni meilleurs que d'autres. Elle n'en pouvait croire ses yeux tout cela semblait naturel et ………….. Souvent le destin s'amuse à cacher une âme délicate sous une enveloppe …………

Page 136: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

136

[5.] Complétez les points de suspension en employant les mots :

alternative, prévision, possibilité, pronostic , hypothèse, probabilité, supposition ,soupçon

♦ 1. J'avais tort à me laisser aller à ces ………….. ♦ 2. Il faut envisager toutes les ……………. ♦ 3. Dans l'……….. d'une hausse du coût de la vie les

salaires seront augmentés. ♦ 4. Ce journaliste se trompe rarement dans ses ………….. ♦ 5. Toutes les …………..ont été examinées. ♦ 6. J'ai des doutes sur la …………. d'un accord entre eux. ♦ 7. Sans preuves, on est réduits aux …………….. ♦ 8. C'était une opinion fondée sur de simples …………… ♦ 9. Dans cette ………………… aucun choix n'est possible. ♦ 10. Il a eu une conduite exempte de tout …………….

Page 137: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

137

II. Exercices grammaticaux (l’expression de la condition)

1. Mettez au mode et au temps convenables les verbes en italiques:

a) Ce second cheval devait servir de remonte en cas qu'il

(arriver) quelque accident aux chevaux des voyageurs. b) Demande aux forêts et aux pierres ce qu'elles (dire) si

elles pouvaient parler. c) On leur avait donné à chacun une pièce d'or, sous la

condition qu'ils (aller) camper à la montagne. d) On estime que si tous les hommes (savoir)ce qu'ils disent

les uns des autres, il n'y aura pas quatre amis dans le monde.

2. Mettez les verbes entre parenthèses à la forme adéquate:

a) Si vous (partir) pour La France, vous verrez des choses

intéressantes. b) Que (faire) vous si vous n'étiez pas accepté au concours ? c) Si vous aviez mieux lu les horaires, vous (ne pas se

tromper) d'avion. d) Si vous expédiez ces marchandises en Allemagne vous

(devoir) fournir un certificat d'origine. e) Si vous aviez écrit l'adresse lisiblement vos colis (arriver)

à temps.

3. Transformez les phrases suivantes dans des macrostructures où la condition soit exprimée à l'aide de si. Modèle: Il fait mauvais temps; nous ne partons plus. S’il fait mauvais temps nous ne partirons plus. S'il faisait mauvais temps nous ne partirions plus.

a) Nous ne sommes pas d'accord; nous renonçons à ce projet.

Page 138: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

138

b) Ils sont fâchés; elle n'y est pour rien. c) Vous restez sans maisons; nous pouvons toujours vous

accueillir. d) Vous voulez partir plus vite; je ne m'y oppose pas. e) Il y a du verglas; je ne sors pas le matin. f) Elle a changé d'opinion; elle n'est plus tellement entêtée. g) Le petit se sent mieux; vous pouvez lui donner un peu de lait. h) Il est au courant de tout; il sait se défendre. i) Vous ne vous souciez pas; vous continuez votre chemin. j) Je suis prête; je dois m'en aller tout de suite.

4. Reliez les phrases suivantes à l'aide de si.Faites attention à l'emploi de la forme verbale.

Modèle: Tu as du courage ,tu ne fais pas son jeu. Si tu avais du courage ,tu ne ferais pas son jeu. a) Il pleut; vous prenez votre parapluie. b) Elle a du talent; elle n'accepte pas ce rôle. c) Vous êtes d'accord ,on se voit ce matin. d) On les attaque; ils savent combattre. e) Vous prenez l'avion ;le voyage vous fatigue moins. f) Il fait froid; les fleurs gèlent. g) Vous continuez à l'insulter; elle peut vous donner

la réplique. h) J'ai mes lunettes; je lis tout le journal. i) Je le connais; je te le dis. j) Vous voulez; vous pouvez étudier son cas.

5. En mettant dans les deux propositions ,puis dans l'une des deux seulement le conditionnel passé 2e forme, modifiez les phrases suivantes (pour chaque phrase 3 tournures ):

a) S'il avait cherché, il avait trouvé. b) S'ils avaient mieux manœuvré ,ils auraient gagné le match. c) Si tu l'avais demandé, je t'aurais aidé.

Page 139: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

139

6.Remplacez par une subordonnée complément circonstanciel de condition les mots en italique :

a) Vous voulez chasser le naturel ? Il reviendra au galop. b) A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. c) A moins d'un repentir sincère, le coupable n’obtiendra

jamais son pardon. d) Moyennant quelques modifications, votre plan aurait des

chances d'être approuvé. e) Il suffira de mieux ordonner vos calculs, vous résoudrez le

problème. f) Tu veux la paix ? prépare la guerre, dit le soldat romain.

7. Complétez chacune des propositions suivantes par une subordonnée complément circonstanciel de condition:

a) Comment entreprendrais-tu des choses difficiles ?……… b) Vous parviendrez au succès …………………… c) L'expérience nous instruira d'une excellente manière ……. d) J'aurai l'estime des honnêtes gens …………. e) Adresse-toi avec confiance à tes professeurs ………….. f) Nous saurions plus facilement vaincre la difficulté ………

8. Dans les réponses aux questions suivantes, remplacez

le si qui introduit la subordonnée de condition par la locution à condition que et faites les modifications de la forme verbale : Modèle: Est-ce qu'il sera ici le soir s'il part à temps ? Oui, il sera ici le soir à condition qu'il parte

à temps. a) Est-ce qu'il sera promu fonctionnaire s'il se présente à

l'examen ? b) Est-ce que nous avons des chances de réussir à l'examen si

nous travaillons beaucoup ? c) Est-ce qu'il terminera son roman s'il a de l’inspiration ? d) Est-ce qu'on la trouvera si on la cherche partout ? e) Est-ce qu'elle sera capable d'agir si elle est appréciée ? f) Est-ce que vous partirez si on vous le demande ?

Page 140: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

140

9. Transformez les subordonnées conditionnelles à l'aide des locutions à condition que et pourvu que.

Modèle: Nous partirons s'il fait beau demain. Nous partirons à condition qu'il fasse beau demain. Nous partirons pourvu qu'il fasse beau demain.

a) Elle pourra étudier, si elle a du temps. b) Tu réussiras au concours si tu travailles. c) Il vous sortira de l'embarras si vous êtes d'accord. d) Nous finirons vite, si elle veut nous donner un coup de main e) Nous vous proposerons une collaboration, si vous acceptez

notre invitation.

10. Dans les phrases suivantes remplacez l'idée de condition rendue par la locution à condition que par si:

Modèle: J'irais chez elle, à condition qu'elle m'invite. J'irais là-bas si elle m'invitait. a) J'irais voir cette ville à condition que tu m'accompagnes. b) Nous ferions une bonne promenade, à condition que nous

nous levions tôt. c) Il vous aiderait à condition qu'on le lui demande. d) Il sera heureux, à condition qu'on lui fasse confiance. e) Je lui pardonnerais, à condition qu'elle se repentisse. f) Nous pourrions tomber d'accord, à condition que vous

reveniez sur vos décisions.

Traduisez en français: a) Dacă va fi frumos în această seară, voi ieşi să mă plimb. b) Dacă voi aţi putea să faceţi acest lucru, aş fi fericit. c) Dacă aş fi urmat sfaturile dumneavoastră, nu aş fi fost în

starea în care mă vedeţi. d) În cazul în care ar încerca să mă convingă de necesitatea

acestei acţiuni, i-aş putea spune ce gândesc eu despre asta. e) Dacă aţi fi venit cu mine pe terasa celui mai mare hotel

din Bucureşti, v-aş fi arătat privelişti rare, inedite. f) Chiar dacă n-ar fi fost de acord cu proiectul nostru de

licentă, profesorul nostru tot ne-ar fi ajutat. g) Unchiul lui ar putea să-i împrumute suma de care are nevoie,

doar dacă ar putea să i-o restituie până la sfârşitul anului.

Page 141: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

141

UNITÉ 7: Le cinéma français

CONTENU

TEXTES:

1. Le Festival de Cannes 2002

2.Quelques opinions des critiques étrangers sur le cinéma français

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux 2. Exercices grammaticaux. L’expression de la concession.

Page 142: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

142

Le Festival de Cannes 2002

Rarement de mémoire de Festival de Cannes, on aura assisté, à une telle concentration de films de si haute qualité, dans des conditions de réception et d'évaluation aussi favorables. Le temps où la télévision couvrait le festival au point d'étouffer sa part de cinéma véritable semble désormais révolu . Le changement de visuel sur le film-annonce du festival projeté en ouverture de chaque séance en sélection officielle était à prendre au pied de la lettre: un accès direct aux films. Pourtant rien ne laissait présager une telle cuvée exceptionnelle. Les meilleurs surprises sont venues de cinéastes, qui, au lieu de se contenter d'exploiter leur statut, sont partis dans de nouvelles directions. Cannes 2002 a surtout été l'accélérateur d'une révélation majeure, jamais imprimée d'une façon aussi nette dans les annales du festival. Cette année, le cinéma français et américain étaient en retrait, tous les films marquants étant venus d'ailleurs, de Finlande, de Corée, d'Italie, de Russie, du Japon, de Palestine, d'Israël, d'Iran, de Chine, du Portugal etc. De plus en plus, Cannes aura un rôle déterminant pour ces cinématographies, dont il constitue la tête de pont, même si le festival ne doit pas, pour maintenir son rôle et son équilibre, se couper de la richesse du cinéma français et américain, perceptible à longueur d'année et que le Festival de Venise, pour la France, avait su pointer (Rohmer, Rozier, Garrel, Cantet). Cependant quelques questions pourraient être posées: (a) Jusqu'à quel point peut-on faire un film français qui ne

doive rien au cinéma français en tant qu'école et tradition esthétique si l'on tient compte de l'intimisme à la française et du goût pour le naturel ?

(b) Dans quelle mesure peut-on regarder en face le cinéma américain sans sombrer dans les facilités d'un mimétisme stérile ?

Page 143: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

143

(c) Quels chemins emprunter, car c'est vrai qu'on prend des risques et qu'on propose de nouvelles connexions inédites et séduisantes avec pour conséquences de bousculer les habitudes du spectateur et celles de la critique. C'est au croisement du genre et de l'expérimental que le cinéma avance et se renouvelle, même si à ce régime on obtient rarement des prix.

Si le cinéma français a retrouvé le goût d'exporter, grâce au travail des producteurs et à la prise de conscience des enjeux de ce marché, par les cinéastes et les acteurs, reste à savoir comment, hors de ses frontières, le cinéma français est perçu. Lisez et traduisez en roumain les textes suivants:

Quelques opinions sur le cinéma français, ses auteurs, ses acteurs et sur ses succès publics.

Des critiques internationaux ont répondu à un questionnaire et ils disent comment, entre le cinéma américain d'un côté et leur cinématographie nationale de l'autre, le cinéma français a un rôle et une carte à jouer, le plus souvent culturelle et artistique, comme s'il était un antidote salutaire à ce qui s'importe unilatéralement chez eux. A l'heure où certains en France aspirent à se couler dans le monde du cinéma américain ,il est bon d'entendre ce que les autres disent à propos du cinéma français: Edmée Cuttat ( La Tribune de Genève - Suisse ) Il y a des différences de perception en Suisse en raison des trois régions linguistiques du pays. Le public continue à considérer le cinéma français comme un peu psychologique et marqué par la tendance de cinéma d'auteur . Avec les États - Unis, la France est pour nous l'autre pays du cinéma dans le monde, même si nous sommes sensibles à l'approche asiatique, sud - américaine etc..

Page 144: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

144

Ce qui caractérise le mieux le cinéma français actuel, c'est sa grande diversité qu'il s'agisse du genre abordé, des thèmes choisis, de leur traitement ou du regard des auteurs. Il faut relever, également, le talent incontestable de plusieurs interprètes masculins ou féminins, qui n'est évidement pas étranger au succès de certains films. A relever aussi, un plus gros clivage d'ailleurs entre les films dits d'auteur et les grosses productions commerciales du type Asterix. Le cinéma français est effectivement plutôt perçu comme un cinéma d'auteur, parce que le public a tendance à mettre sous cette étiquette tout ce qui n'est pas film d'aventure, d'action, de guerre. Plus ou moins américain, pour résumer. Piero Detassis (Ciné- Italie ) L'image du cinéma français est en pleine évolution. De manière générale, depuis de nombreuses années (entre les années 80 et 90) le cinéma français a été considéré en Italie comme un cinéma minoritaire, enfermé dans un univers névrotique, un peu trop autosatisfait cérébral et férocement auteuriste. On a pu constater la disparition quasi complète du film de "genre" de la tradition du polar (policier), et de la "comédie "qui avaient contribué à son succès durant les précédentes décennies . Au cours des dernières années l'effet Luc Besson s'est fait majoritairement sentir, avec un retour au cinéma grand public qui s'est fait connaître aussi en dehors de ses frontières . C'est un cinéma qui ne dédaigne pas de s'aventurer sur le terrain de la grandeur narrative et des effets spéciaux (capable d'expérimenter l'hybridation avec Hollywood, les effets visuels de Matrix ou des jeux vidéo). Aujourd'hui, c'est la variété des genres qui paraît constituer la plus haute qualité et singularité du cinéma français: la persistance du cinéma d'auteur et la volonté d'affirmer une esthétique spectaculairement baroque, usant de beaucoup d'effets y compris digitaux. En tant que critique, j'aime la capacité propre au cinéma français de demeurer fidèle au cinéma d'auteur et qu'il ne soit jamais indifférent à la présence de l'acteur.

Page 145: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

145

Le cinéma français actuel se caractérise par sa capacité à retrouver le terrain du cinéma grand public, sans trop abaisser le niveau, à cultiver des visages et des personnages, à affiner le goût de la parole et du récit et par sa tentative constante de se livrer à des expérimentations sur le plan visuel de la mise en scène. L'écriture cinématographique, le style, ne perdent jamais de leur importance, même dans des films qui cherchent à imiter le cinéma spectaculaire hollywoodien, glissant vers le cinéma de genres et d'effets. Junko Fukatsu (Japon) "À la mode, artistique et intellectuel" sont les mots les plus fréquemment employés pour parler du cinéma français. Pour les films les plus récents, il semblerait que le mot intellectuel devrait être remplacé par le mot commercial ou industriel. Les films de divertissement sont assez populaires. Les films produits par Luc Besson connaissent une distribution aussi importante que les films en provenance d' Hollywood. Les mélodrames ayant une petite note littéraire et des stars comme Catherine Deneuve peuvent toujours espérer un bon succès. Le film français qui a connu la plus grande réussite commerciale est Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean Pierre Jeunet , qui a engrangé quelques dix millions de dollars, ce qui constitue un record pour une distribution en salle art et essai. Le film a obtenu un grand succès parmi les jeunes filles qui le voient comme une jolie comédie romantique et non pas comme une satire sur les marginaux . Les films sélectionnés dans les festivals de cinéma ont tendance à posséder une touche auteur plus forte que les autres films français. Récemment on a constaté qu'un film ayant gagné des prix a plus de chances d'être distribué au Japon .Si le film n'a pas un casting fort alors le prix est quasi indispensable car les professionnels ne s'intéressent pas beaucoup aux réputations faites ailleurs que dans les festivals. Les distributeurs et les exploitants attachent plus d'attention au pouvoir commercial des films qu'à leur valeur artistique et le terme "cinéma d'auteur" est parfois soigneusement évité dans la publicité de peur que le

Page 146: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

146

film soit considéré comme difficile à comprendre et destiné aux cinéphiles. Andrew Sarris (New York Observer - États- Unis) Je crois qu'ici à New York les gens surestiment le cinéma français ,entre autres parce qu'ils n'aiment pas Hollywood ! Ici, le public a aimé "Le dîner des cons" parce que c'est une comédie non politiquement correcte, qui tranche avec le côté ''joli-joli'' des films américains. La Nouvelle vague était au départ une idée de journaliste, mais qui a si bien marché qu'on a attendu pendant longtemps le nouveau Godard, le nouveau Truffaut, le nouveau Resnais …. À New York il y a un public pour les films français romantiques, les films sur les femmes que ne font pas les Américains. Isabelle Hupert est l'une de mes actrices préférées. Aux États-Unis les films français ne concernent qu'une frange réduite du public, ils n'ont jamais pu atteindre plus de 5% du marché. Beaucoup de gens voient les films français en vidéo VHS et en DVD (compact disc vidéo). Il y a aussi 400 chaînes câblées dont certaines diffusent des films étrangers dans cinq ou six villes des États - Unis: New York, Boston, Los Angeles, San Francisco, Austin (Texas).

Page 147: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

147

Ce qui m'impressionne le plus dans les films français que j'ai vus dans les festivals internationaux c'est la façon élégante et nuancée dont sont montrées les relations humaines. J'aime beaucoup aussi la variété des sujets et des cultures qui enrichissent le cinéma français puisque les Français font le plus grand nombre de films étrangers via les coproductions. Cahiers du Cinéma, Juin 2002 EXPLICATIONS LEXICALES

au pied de la lettre, à la lettre = Au sens propre, exact du terme; Ex. Prendre une expression à la lettre, au pied de la lettre suivre le règlement à la lettre = s'y conformer rigoureusement cuver v. = Séjourner dans la cuve pendant la fermentation; Ex. Faire cuver le vin ;Fig. On le laissa cuver sa colère cuvée n. f. = quantité de vin qui se fait à la fois dans une cuve,

fermentation .Ex. Vin de la première cuvée présager v. = Annoncer, prévoir, faire présumer, supposer; Ex. Cela ne présage rien de bon. Cela me laisse présager le pire frange n. f. = Bande de tissu d'où pendent des fils servant à

orner en bordure des vêtements, des meubles; Fig. La frange d’un tapis. Minorité plus ou moins marginale; Ex. Une frange de la population

pointer v. = Diriger, braquer, viser; dresser en pointe; Ex. Des arbres qui pointent vers le ciel

Le Festival a su pointer Le Festival a su marquer, orienter trancher v. = Diviser, séparer d'une manière nette, au moyen d'un instrument dur et fin, couper; Ex. Trancher une corde, un fil. un nœud; Terminer par une décision, un choix, résoudre en terminant une affaire, une question; Ex. Trancher une difficulté. engranger v. = Mettre en grange une récolte, emmagasiner; Ex. Engranger des souvenirs, des informations.

clivage n.f. = Action de cliver. Fig. Séparation des plans ,par niveaux. Ex. Le clivage des opinions.

dédaigner v.= Considérer avec dédain, mépris, négliger Ex. Dédaigner les honneurs.

Page 148: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

148

clin d'œil n.m. = Mouvement rapide de la paupière, œillade, clignement pour faire signe; Ex. Faire un clin d'œil à quelqu'un affiner v. = rendre plus fin, plus délicat; Ex. La lecture a affiné son esprit. Ex. Son goût s’est affiné

se couler dans = passer d’un lieu à l’autre sans faire du bruit; se glisser. Ex. Se couler dans son lit; Fig. Se couler dans le monde du cinéma américain .

AUTOUR DU TEXTE

Quelle est l'image du cinéma dans les pays mentionnés ? Comment a-t-elle évolué ces dernières années dans le monde ? Quels préjugés subsistent concernant les films français

chez le public et la critique ? Qu'est-ce qui caractérise le mieux le cinéma français

actuel: ses auteurs, ses acteurs, les sujets traités ou leur qualité technique ?

Quel type de films français (cinéma populaire à gros budget, films d'auteur, films de genre) remporte actuellement le plus gros succès ? Et dans votre pays ?

Que pensent les critiques des films français sélectionnés dans les grands festivals internationaux ?

Est-ce que ce sont les mêmes films qui sont par la suite distribués dans votre pays ?

Le cinéma français est-il perçu en général comme un cinéma d'auteur avant tout ? Et dans votre pays ? Si oui ,si non, pourquoi ?

Quel est le film français que vous avez le plus aimé ? Quel est celui que vous n'avez pas aimé ?

Que représente pour vous le cinéma français par rapport aux autres cinématographies ?

Page 149: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

149

EXERCICES I. Exercices lexicaux

1. Etablissez la famille lexicale du mot: pointer

2. Complétez les espaces libres par les mots suivants:

affiner, engranger, prendre au pied de la lettre, pointer, se couler dans, clivage, trancher, frange, distribution.

Le film projeté en ouverture du festival permettait à ………un événement d'importance majeure . Le festival de Cannes a su ……………. les directions les plus importantes du cinéma français . Malheureusement, certains producteurs du cinéma en France aspirent à se ………….. dans le monde du cinéma américain. Certains films français ……………. avec le côté commercial des films américains. Aux États - Unis les films français ne concernent qu'une …… réduite du public. Les films produits par Luc Besson connaissent une ………… aussi importante que les films en provenance d'Hollywood. Le film français qui a eu la plus grande réussite commerciale est Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Celui-ci a ……………. quelques dix millions de dollars. Le cinéma français actuel se caractérise par sa capacité à cultiver des visages et des personnages à ……….. le goût de la parole. Il fait relever également le talent incontestable de quelques acteurs français bien que nous puissions constater le gros …………… entre les films d'auteurs et les productions commerciales.

3. Complétez les espaces libres par le noms suivants: désaccord, disputes, opposition, contestation, désavantages, dommages, préjudice, mépris, difficulté, opposition 1. Si tu as perdu ta carte de crédit il faut faire ……………… 2. Cette situation présente plusieurs …………….. 3. Cette interruption du travail a causé un grave ……………

à notre société qui a vu baisser son chiffre d'affaires. 4. Elle réprima un geste de …………..

Page 150: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

150

5. La sécheresse a provoqué des ……….énormes; beaucoup de champs cultivés ont été détruits .

6. Ce monde est, malheureusement, plein de …………….. et d'inconséquences.

7. La ………….. du métier de cinéaste commençait à lui en donner le goût .

8. Au lieu de vous conformer à leur ordres, vous avez fait l' …… 9. Les patrons et les représentants syndicaux ont réussi à

régler leur ………….. 10. Leurs perpétuelles …………. sont toujours désagréables.

4. Reliez les propositions suivantes en employant : pourtant, malgré, en dépit de. Faites les changements nécessaires. ♦ Ils renonceront à ce point; ils exigeront une reconnaissance

officielle de leur Association. ♦ Sa candidature n'a pas été acceptée; elle possède d'excellentes

références. ♦ On comprend fort bien qu'elle soit mécontente du résultat

de l'examen; ce n'est pas une raison suffisante pour être impolie.

♦ Ils ont des qualités; ils ont aussi des défauts . ♦ Sa candidature n’a pas été retenue; elle possède d’excellentes

références. ♦ Le marchand a l’air honnête; ce n’est qu’une apparence.

Page 151: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

151

II. Exercices grammaticaux (l'expression de la concession)

1. Complétez les phrases suivantes par quoique ou quoi que.

a)……………. cet article soit cher, il n'est pas très à la mode. b)…………. je dise , je serai toujours appréciée. c) Vous devez soutenir votre point de vue …….. .. il arrive. d)…………… il fût innocent, il fut condamné . e)……………. vous disiez, vous ne me convaincrez pas. f)…………….. vous fassiez, il est trop tard. g)……………….. il soit guéri, il est encore bien faible. h)………………… paraisse jeune, Valérie est la plus âgée de son bureau. i)…………. tu aies une robuste constitution, évite d'abuser du tabac. j) Notre chef n'est jamais content ………on lui dise.

2. Complétez par où que, quel que, quelque… que: a)……….. que vous alliez ,suivez les conseils de vos parents. b)…………. dispositions que vous preniez, vos employés trouveront toujours à redire. c)………….. occupé qu'il soit, notre directeur prend toujours le temps de parler avec ses collaborateurs. d)…………… efforts que vous fassiez, vous ne réussirez pas à l'examen si vous n'apprenez pas. e)……………. soit la résultat de cette interview, il n'obtiendra pas ce contrat. f) Il faut être poli avec tous les acheteurs ……… ils soient. g) Sa conduite est inadmissible ……………. en soient les circonstances. h) …………. fût l'heure, on le trouvait toujours à sa table de travail. i) Nous continuerons ……..soient les difficultés . j) ……… promesse qu'il me fasse, je n'ai pas confiance en lui.

Page 152: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

152

3. Mettez les verbes entre parenthèses aux modes et aux temps convenables.

1. Quoique nous (partir) mardi prochain, nous n'avons pas encore acheté les billets.

2. Bien qu'elle (venir) d'être malade, Marie Louise est sortie sous la pluie.

3. Quoique vous (être) nouveau à l'Université vous connaissez certainement Monsieur le Doyen .

4. Bien qu'il ne (pouvoir) sans doute pas venir, il doit quand même s'en excuser.

5. Bien qu'il (posséder) une grande maison, mon grand père n'était pas riche.

6. Bien que vous (prétendre) avoir raison, la responsabilité de cet accident vous incombe totalement.

7. Quoique je (recevoir) une lettre de Jacques depuis dix jours, je ne lui ai pas encore répondu.

8. Bien que Marie (paraître) très robuste, elle était de santé fragile.

9. Bien qu'il (courir) le cent mètres plus vite que moi, je viens de vaincre Michel.

10. Bien qu'il (se conduire) souvent avec légèreté, il n'est pas totalement dépourvu de savoir vivre.

4. Mettez les verbes entre parenthèses aux modes et

aux temps convenables .

1. Quoi que vous (prétendre) être, vous devez respecter le code de la route.

2. Quoi qu'on lui (dire), il ne se fâche jamais. 3. Tout homme quel qu'il (être) reste attaché à son enfance. 4. Quelle que (pouvoir) être son attitude, il faut réagir. 5. Quoi que je (faire), je ne réussirai pas sans mes efforts. 6. Quels que (être) les problèmes de l'existence, il faut

garder le bon sens et la raison . 7. Quoi qu'il (pouvoir) dire, ne changez pas d'opinion . 8. Si mignon qu'il (paraître), il possédait une force physique

étonnante. 9. Toute compréhensive qu'elle (être), elle a réagi violemment.

Page 153: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

153

10. Pour originale qu’elle (être), cette mise en scène, elle n'a jamais réussi à sauver la pièce.

5. Transformez en propositions subordonnées le groupe nominal en italique:

Modèle: Malgré toutes les difficultés, il a réussi à l'examen. Malgré qu'il ait eu toutes les difficultés, il a réussi à l'examen.

1. Malgré toutes ses réclamations, son fournisseur ne lui a pas répondu. 2. En dépit d'une révision récente, votre voiture est de nouveau tombée en panne. 3. En dépit de sa timidité, il arrive toujours à imposer son point de vue. 4. Malgré nos trois rappels, la standardiste n'a pas encore répondu. 5. Malgré son bon caractère, elle a de nombreux ennemis.

6. Transformez les phrases suivantes en employant quel que

1. Vous lisez toutes sortes de journaux, peu importe leurs tendances politiques.

2. La décision est prise, peu importe votre opinion . 3. C'est un homme d'action; il agit vite malgré les difficultés. 4. Ce festival est ouvert à tout le monde, peu importe l'âge

des candidats.

7. Reformulez les phrases ci-dessous en employant la conjonction bien que

1. Elle est très fatiguée, mais elle doit absolument finir. 2. Michel a travaillé longtemps en France, mais il parle mal

le français. 3. Il est déjà midi et nos partenaires ne sont pas encore arrivés. 4. On lui avait interdit cette démarche, mais il n'y a pas renoncé.

Page 154: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

154

5. Ils ont des problèmes d'argent, mais ils veulent absolument participer à cette foire.

8. Complétez les phrases suivantes:

1. Quoi qu'il fasse …………… 2. Toute capricieuse qu'elle paraît ……………… 3. Quand bien même on renforcerait les mesures de sécurité

………………….. 4. Il est nécessaire que vous suiviez votre traitement

médical, quelle que ……… 5. Il suscite le scandale où qu'il ………………… 6. Elle est sortie indemne de l'accident, encore que ……….. 7. Bien que personne n'ait jamais pu le croire ……….. 8. Il a refusé leur offre bien qu'il ……….. 9. Cette région est habitée bien que le climat ……………..

9. Complétez les phrases suivantes par:

Quelque….que, Quel que, Quoique ou Quoi que ,à moins que.

1. …………puisse être son intelligence, il manque toujours de caractère.

2. ………. il peigne, il utilise toujours les mêmes couleurs. 3. ……………… sérieuses ……. soient vos raisons, vous ne

réussirez pas à convaincre le public. 4. Il ne se décourage jamais ………….il arrive. 5. …………. il conduise très vite, il n'a jamais eu d'accident. 6. …… soit la luminosité, le metteur en scène aura toujours

les mêmes exigences pour bien réussir son spectacle. 7. ……….. doivent être les conséquences de votre décision

vous pourrez les assumer. 8. Elle reste de marbre …………… compliments ………..

vous lui fassiez. 9. …………… elle ne se plaigne jamais, la souffrance se lit

sur son visage. 10. Le débat est terminé ………. quelqu'un ne veuille ………

Page 155: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

155

11. Je téléphonerai au directeur, ……….. tu veuilles ………. 12. Notre tentative d'optimiser cet investissement échouera à

………………. le financement soit suffisant.

10. La concession. Mettez en français.

1. Deşi frigul era încă foarte puternic, el ieşea devreme pentru o plimbare prin pădure.

2. Fie că vrei fie că nu vrei, trebuie să respecţi legea.

3. Deşi Viviane trăia la Paris de la căsătoria sa, ea nu-şi pierduse niciodată obiceiurile provinciale.

4. Desi călătoria a fost obositoare, noi nu am uitat niciodată farmecul ei.

5. Cu toate că încălzirea actuală funcţionează normal, ne este frig pentru că temperatura este foarte joasă.

6. Chiar dacă ar avea bani, el tot nu v-ar împrumuta, pentru că este avar.

7. Oricât de abil aţi fi, tot n-aţi putea să schimbaţi cursul evenimentelor.

8. Nu vă descurajaţi, oricâte deziluzii aţi avea. 9. Oricâte merite literare ar avea, acest scriitor nu va intra

niciodată în Academia franceză.

10. Orcine aţi fi, nu trebuie să vă lăsaţi asteptat mult timp.

11. El va reusi, orice aţi spune dumneavoastră.

12. Orice aţi spune despre acest oraş, eu nu vă cred pentru că nu l-am vizitat.

Page 156: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

156

11. Traduisez le texte suivant en roumain. Expliquez l'orthographe de Quelle que, Quelque et Quel que. Justifiez l'emploi du mode.

Maupassant déjeunait souvent au restaurant de la Tour Eiffel que pourtant il n'aimait pas; c'est, disait-il, le seul endroit de Paris où je ne la vois pas. Il faut, en effet, à Paris, prendre des précautions infinies pour ne pas voir la Tour; quelle que soit la saison, à travers les brumes, les demi-jours, les nuages, la pluie, dans le soleil, en quelque point que vous soyez, quel que soit le paysage des toits, des coupoles ou des frondaisons qui vous sépare d'elle, la Tour est là.

Roland Barthes, La Tour Eiffel, 1964

Page 157: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

157

UNITÉ 8: La ville

CONTENU TEXTES:

1. La beauté des villes – Bernard-Henry Lévy

2. Les bruits de la ville – J.M.G. Le Clézio

EXERCICES: 1. Exercices lexicaux

2. Exercices grammaticaux :l’expression de la comparaison

G. Engel / Nouveau Palais des Droits de l'Homme

Page 158: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

158

BERNARD-HENRY LÉVY, La beauté des villes

Bernard – Henry Lévy né en 1948 fait partie de la pléiade de nouveaux philosophes qui se sont affirmés en France à la fin de la huitième décennie. Éditeur à la maison d’édition Grasset, il dirige les collections Figures, Enjeux, Théoriciens où il a publié les livres: La Barbarie au visage humain (1977), Le testament de Dieu (1979 ), L’Idéologie française (1981), Les aventures de la liberté (1990). Dans le texte suivant, Bernard – Henry Lévy fait l’éloge de la ville moderne. Lisez et traduisez en roumain le texte suivant: Dire la beauté des villes, déjà … Dire leur charme …. Leur poésie … Dire, redire comment la déambulation de la conscience éveillée dans la ville est probablement, et depuis un siècle, l’une des grandes aventures contemporaines …. C’était l’opinion du jeune Aragon* filant son « paysan de Paris » entre le café Certa, le salon de coiffure de Madame Jéhan et le passage de l’Opéra. C’était celle de Baudelaire, poète de la ville surpeuplée, succombant au charme de ses « passantes » et fuyant, de flânerie en flânerie, de café en cercle de lecture, la horde de ses créanciers. C’était celle de Shelley chantant « la fourmillante cité pleine de bruit »- ou celle de Dickens qui se plaignait carrément, lui, en voyage, de l’insupportable absence de bruit dans la rue, qui l’empêchait de travailler. Et c’est vrai que je changerais bien toute la littérature bucolique d'hier et d’aujourd’hui contre quelques pages de ces quatre-là; c’est vrai que, contre toutes les âmes chagrines qui vont dépeignant la grisaille, la tristesse, la monotonie de l’esprit de métropole, je ne me lasserai jamais, moi, d’en dire l’intarissable ressource romanesque .

* L. Aragon écrivain français (1897-1982), poète, romancier et essayiste, l’un des fondateurs du mouvement surréaliste, auteur du cycle romanesque Le monde réel, Le paysan de Paris, La semaine sainte.

Page 159: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

159

Car la vérité c’est, plus profondément peut-être, que je n’ai jamais très bien compris non plus par quelle étrange ruse de l’histoire la Ville est devenue au fil du temps ce lieu de chute et de perdition, de maléfice et de servitude qu’elle est, me semble-t-il, pour tant de mes contemporains. Bon. Je sais sa misère. Je sais sa violence, sa cruauté. Je sais – j’ai vu – de Calcutta* à la Bowery*, des faubourgs de Yaoundé* à ceux de Londres ou de Rome, d’inabordables réserves où rôdent le crime, la barbarie. Mais je sais aussi – qu’on me pardonne – l’autre barbarie. Je sais celle qui, depuis bien plus longtemps encore, s’attache à ce que les prophètes bibliques nommaient « l’esprit des bois ». Je connais, je devine cette sauvagerie native, foncière, qui sourd, disent-ils, dans la gracieuse immédiateté des rapports entre les humains. […] Soyons clair. Il y a, d’un côté, ceux qui croient qu’être libre c’est vivre loin des tumultes, des désordres métropolitains, dans l’une de ces sociétés simples, minuscules, parfaitement pures et transparentes à elles – mêmes, qu’offre à nos nostalgies le modèle pastoral éternel; et cette liberté n’a jamais été, à mes yeux, que l’autre nom d’une servitude terrible, d’une oppression insupportable qui, des origines de l’humanité à tous les régimes fascistes d’aujourd’hui, nous soumettent au plus implacable des maîtres: l'ordre naturel ,derechef. Et puis il y a ceux qui, à l’inverse, savent qu’être libre, c’est tendre d’abord à relâcher les nœuds, à desserrer l’étreinte, à s’émanciper, autant que faire se peut, de la pression des collectifs, de la loi des communautés, de la sourde pesée que fait en nous le lien de la société; et ceux-là savent bien qu’elle est, cette émancipation, la définition même de ce que peut, veut, opère, au fond, une ville quand elle vient délier ses sujets de leurs attaches anciennes pour les livrer, d’un coup, sans merci ni compensation, à sa légendaire « solitude ». […]

* Calcutta – premier port de L’Inde, capitale du Bengale –occidental. * Bowery – quartier pauvre de Johannesburg , la plus grande ville d 'Afrique du Sud. * Yaoundé – capitale du Cameroun, pays africain.

Page 160: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

160

J’ajoute, pour être plus clair encore, qu’il y a dans toute ville digne de ce nom un cosmopolitisme de principe qui me renforce encore dans cette conviction; et que, face à « l’esprit des bois » de tout à l’heure, si spontanément prompt à séparer l’autochtone et l’étranger, celui d’« ici » et celui de « là-bas », l’esprit citadin, lui, me paraît être, en tant que tel encore, une formidable machine de résistance au chauvinisme. Je ne dis pas, on l’imagine, qu’il n’y ait pas de xénophobie dans les villes, et il est hélas clair que la haine raciste, quand elle explose, y est plus foudroyante qu’ailleurs. Mais ce que je prétends, c’est qu’on y trouve une dispersion des êtres, une perpétuelle migration des cultures, un infini brassage des langues, des rythmes, des corps et même des âmes .

Bernard – Henry Lévy, Questions de principe, deux, 1986 Sujets Français STL 2001,. AUTOUR DU TEXTE

Quelles sont les deux visions de la ville présentées dans le premier paragraphe ?

Quelle est la particularité syntaxique des premières phrases ?

Justifiez le procédé employé dans les premières phrases,

en précisant l’effet produit sur le lecteur ?

Sur quel procédé oratoire reposent les lignes du texte: » C’était l’opinion [……] travailler ? ». Quelle tonalité donne-t-il au début de ce texte ?

Cherchez dans le deuxième paragraphe un autre exemple

de ce procédé.

Quelles sont les formules avec lesquelles commencent les paragraphes à partir du deuxième ?

Page 161: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

161

Montrez que tous ces éléments indiquent la structure du texte, sa progression.

Justifiez l’emploi des guillemets et des caractères en

italiques dans le texte.

Justifiez la majuscule au mot « Ville ».

Sur quelle opposition se construit l’argumentation dans le troisième paragraphe ?

Étudiez la structure et la composition de la dernière phrase

et faites un petit commentaire.

Quelle est la vision de l’auteur sur la ville moderne ?

Êtes-vous d’accord que la ville est devenue au fil du temps un lieu de chute et de perdition ?

Pourquoi l’auteur associe-t-il « l’autre » barbarie à la

sauvagerie native et à « l’esprit des bois » ?

Quelles sont les deux conceptions de la liberté que l’auteur oppose ?

Êtes-vous d’accord avec l’auteur que « la ville apporte la

liberté » ?

Qu’est-ce que l’auteur entend par le terme « émancipation » ?

EXPRESSION ÉCRITE Sujet de rédaction 1. Rédigez une lettre que vous envoyez à un ami par laquelle

vous essayez de le persuader de venir habiter dans une grande ville. Vous pourriez donner, par exemple à votre lettre, un ton enthousiaste, voire une tonalité lyrique.

Page 162: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

162

2. En quoi la ville pourrait-elle vous sembler poétique ? Vous appuierez votre réponse sur des exemples littéraires empruntés notamment aux poètes des XIXe et XXe siècles que vous connaissez .

EXPLICATIONS LEXICALES

déambuler v. = Marcher sans but précis, selon sa fantaisie; se promener. Ex. Elle déambulait dans la maison de pièce en pièce. Des touristes déambulaient dans les rues déambulation n.f = Action de déambuler flâner v. = Se promener sans hâte en s’abandonnant à l’impression et au spectacle du moment; se balader .Ex. J’ai flâné dans les rues ;s’attarder, travailler lentement; Ex. Faire quelque chose sans flâner flânerie n.f = Action ou habitude de flâner flâneur, euse adj. = Personne qui flâne ou qui aime flâner badaud, promeneur; Ex. Les flâneurs de dimanche. succomber v. = Être vaincu dans une lutte; Mourir; Ex. Le blessé a succombé pendant son transfert à l’hôpital. S’affaisser sous un poids trop lourd; Succomber à = se laisser aller à …… ; Ne pas résister céder; Ex. Il a succombé à la tentation carrément adv. = D’une façon nette, décidée, sans détours fortement, franchement, hardiment, nettement; Ex. Parler, répondre carrément. Fam. Il est carrément idiot complètement; Ex. Il l’a giflé. Carrément! franchement ! bucolique n.f et adj. = n.f. Poème pastoral, églogue, idylle ; adj. Qui concerne, évoque la poésie pastorale ; Ex. Un poète bucolique ;Qui a rapport à la vie à la campagne ; Ex. Une scène bucolique chagrin n.m. = État moralement douloureux.

affection, douleur, peine. Ex. Avoir du chagrin. Chagrin d’amour. chagriner v. = Rendre quelqu’un triste affliger, attrister, peiner Ex. Son départ me chagrine, me fait de la peine grisaille n.f. = Paysage gris, hivernal. Ex. On apercevait les toits rouges dans la grisaille lasser v. = Fatiguer en ennuyant .Ex. Lasser son auditoire; Décourager, rebuter. Ex. Lasser la patience de quelqu’un

Page 163: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

163

se lasser de = Devenir las de, fatigué de. Ex. On se lasse de tout. Sans se lasser = inlassablement maléfice n.m. = Opération magique visant à nuire; ensorcellement, envoûtement, sortilège Ex. Il prétend être victime d’un maléfice. maléfique adj. = Doué d’une action néfaste et occulte. charme, signes maléfiques .Ex. Action maléfique. rôder v. = Errer avec des intentions suspectes; Ex. Voyou qui rôde dans une rue. Errer au hasard vagabonder sourdre v. = Littér. (Eau) Sortir de terre. Abstrait: Naître, surgir

Ex. La tristesse qui sourdait en lui implacable adj. = Littér. Qu’on ne peut apaiser, fléchir; impitoyable, inflexible. Ex. D’implacables ennemi . A quoi l’on ne peut se soustraire. irrésistible. Ex. Une logique implacable derechef adv. = Litter. Une seconde fois; encore une fois. Ex. Il attira derechef mon attention. desserrer v. = relâcher ce qui était serré défaire Ex. Desserrer son étreinte.

esprit des bois =/= esprit citadin étreindre v. = Entourer avec les membres, avec le corps, en serrant étroitement . embrasser, enlacer, serrer Ex. Étreindre quelqu’un sur son cœur, sa poitrine peser v. = Déterminer le poids de quelque chose en le comparant à un poids connu; Ex. Peser un objet avec une balance. pesage, pesée soupeser. Peser quelque chose dans sa main. Apprécier, examiner avec attention; considérer, estimer. Ex. Peser le pour et le contre

Page 164: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

164

Lisez et traduisez en roumain le texte suivant: Les bruits de la ville « Tous les bruits, tous les bruits: on n’en finissait plus de les reconnaître au passage: les sifflements des scooters, les crécelles* des vélomoteurs, les grincements des trolleybus, les grognements des automobiles. Les coups de marteau sur le sol, les criaillements des freins, les tambourinements des wagons aux jonctions ferroviaires. L’air est bousculé. Le sol dérape. Les couleurs changent brutalement, les rouges deviennent pourpres, puis violacés, puis bruns, puis noirs. Les formes changent aussi, emportées par des tourbillons, sucées par des trombes, rejetés en débris à des kilomètres de distance. Les vitres sont opaques, de vrais miroirs de métal poli où la lumière rebondit et se perd. Il y a parfois de mystérieux frissons qui traversent le monde, très vite, d’un bout à l’autre. Ou bien d’incompréhensibles douleurs qui naissent sur les trottoirs, des points névralgiques qui installent sur les murs leurs étoiles de nerfs. Le paysage veut respirer, n’y arrive pas. Il étouffe pendant de longues minutes, pris par une crampe. Le bruit souffle plus fort que le vent. Il est froid, puis il brûle comme la gueule d’un four. Il tord les poteaux de fer, il déracine les pylônes. Quand le vent s’arrête, tout reprend sa place, mais il y a quelque chose, dans la position des portes et des fenêtres, qui n’est plus comme avant. Quelque chose grimace. Plus rien n’est sûr: le bruit a rendu toutes les choses fragiles. Il a fêlé le verre et la pierre. Il a descellé les barres de métal à l’intérieur des blocs de béton armé, et il suffirait d’une secousse de rien pour que tout s’écroule en miettes. C’est un cône d’anéantissement qui s’est posé sur la ville, l’a rendue friable. Le bruit, la grande machine à faire du sable. Partout sont les moteurs tonitruants* qui rongent les parois, détruisent les

* Crécelle (n.f.) = moulinet de bois formé d’une planchette mobile qui tourne bruyamment autour d’un axe. Bruit de crécelle = bruit sec et aigu * Tonitruant, e = qui fait un bruit de tonnerre énorme. Une voix tonitruante = une voix tonnante

Page 165: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

165

remparts. Ils ouvrent des brèches à l’invasion de la mer. Un jour, les murailles céderont, et le terrible flot entrera d’un seul bond, il recouvrira le monde en quelques fractions de seconde. » J.M.G. Le Clézio, La Guerre, Gallimard, 1970

AUTOUR DU TEXTE

1. Cherchez dans le dictionnaire le sens des mots: sifflements, grincements, grognements, criaillements, tambourinements.

2. Relevez dans le texte quelques verbes particulièrement

expressifs qui animent les choses .

3. Comment comprenez-vous l’expression « étoiles de nerfs» ?

4. Quelles impressions créent ces phrases: «L’air est bousculé. Le sol dérape. Le paysage veut respirer, n’y arrive pas ……. Quelque chose grimace. Plus rien n’est sûr».

5. Caractérisez la vision du dernier paragraphe .

6. Essayez de définir les attitudes, les émotions, les sentiments de

l’auteur à l’égard des bruits de la ville. Quels sont les vôtres ?

Répondez dans une rédaction d’une trentaine de lignes à la question: Pensez –vous qu’il est possible d’humaniser la ville ?

Page 166: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

166

EXERCICES I. Exercices lexicaux Peser Famille de mots

Verbes Noms Adjectifs Adverbes

peser poids pesant pesamment soupeser pesanteur apesanteur pesage pèse-personnes pèse-lettres pèse-bébés

1. Faites une phrase avec chacun des mots ci-dessus:

Ex.: Il faut toujours peser le pour et le contre avant de prendre une décision.

2. Remplacez le verbe peser par les synonymes qui conviennent: appuyer, étudier, examiner, juger, accabler Son silence vous pèse lourd. Il pèse les avantages et les inconvénients de cette affaire. Elle pèse ses paroles avec soin. Le sac pèse sur les épaules. Nous pesons les nouvelles décisions avec calme. Ils pèsent sur la caisse pour la fermer. Il faut peser les attitudes positives ou négatives avant d’agir. Il faut peser les avantages et les inconvénients de la vie à la

campagne ou de la vie dans une grande ville. 3. Complétez les phrases ci-dessous par un des verbes suivants:

attendre, atteindre, étendre, entendre, éteindre, étreindre Mettez ces verbes aux temps indiqués en italique. Les vitres ouvertes, nous …...(imparfait) les moindres bruits.

Page 167: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

167

Lorsqu’il n’y avait pas de visite on………(imparfait) la lampe du vestibule.

Elle revint sur ses pas ,elle trouva une rue éclairée, elle……. (passé simple) sans le savoir le centre de la ville.

Elle était à bout de forces, elle devrait aller s’ …. (infinitif) un peu. Aussitôt que la porte se fut fermée, la jeune fille sentit une peur

terrible l’….. (infinitif). J’….. (présent) une réponse à ma proposition . Comme ils … (imparfait) le bas de l’escalier assez sombre, ils croisèrent deux jeunes filles qui entraient. Sur le palier elle prêta l’oreille ,elle n’… (imparfait) plus rien. Ils …….. (passé simple) devant le feu leurs manteaux trempés. À dix heures il vit s’……. (infinitif) la lumière dans la maison sur la colline. Elle nous ……..… (passé simple) dans ses bras, heureuse de nous revoir. Les tableaux ……….... (plus que parfait) un prix exorbitant. Vous m’…. (futur) à l’entrée du musée à neuf heures et demie. Il me fallut ……..(infinitif) pour traverser la chaussée qu’une longue file de voitures passât. Le soleil avait entièrement disparu lorsqu’ils …… (passé simple) le sommet.

4. Employez correctement les mots indiqués entre parenthèses.

Mettez-les aux temps indiqués en italique.

(laisser, lasser) Le vieil homme ne se ………… (imparfait) pas d’admirer les sommets de la montagne. Elle feignait de se ……………. (infinitif) convaincre d’aller à un concert de rock. (roder, rôder) Jacques vient d’acheter une voiture neuve, il lui faudra maintenant la ………. (infinitif). La police avait repéré un inconnu qui ………… (imparfait) autour de son immeuble. (brasser, brosser) Il ……….(plus que parfait) des pensées pendant des mois. Le vent semblait …..…..(infinitif) les chênes et les hêtres. Les ventilateurs ….(imparfait) l’air étouffant. Michel ….. (passé simple) son manteau et son chapeau et sortit.

Page 168: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

168

5. Cherchez dans le dictionnaire et expliquez les syntagmes suivants trouvés dans le texte La beauté des villes de Bernard Henry Lévy. littérature bucolique; l’esprit des bois; le lieu de chute;

desserrer l’étreinte; s’émanciper de la pression des collectifs, succomber au charme; la horde de ses créanciers; la conscience éveillée; la grisaille de la ville

6. Remplacez les adjectifs en italique par des synonymes et faites les transformations nécessaires. Utilisez les adjectifs: analogue, autre, différent, identique, meilleur, même, pareil, semblable, voisin.

a) C’est une situation comparable à celle don’t je t’ai déjà parlé. b) Elles ont toutes les deux le même goût du risque. c) Les deux chemins sont égaux en longueur. d) Je n’ai encore jamais vu une telle impertinence. e) Ce projet est préférable à tous ceux qu’on nous a présentés. f) Qui donc a pu donner de tels ordres sans demander ma permission ? g) Toutes les réponses qu’ils ont données sont identiques. h) Que faire dans un cas semblable ? i) Je n’ai jamais vu rien de semblable. j) Mon opinion est identique à la vôtre.

7. Remplacez les verbes en italiques par des synonymes. Employez

les verbes correspondre, différer, différencier, (se) distinguer, égaler, rappeler, ressembler.

a) Cela n’est pas conforme à notre façon de penser. b) Le prix de sa maison équivaut à 10 ou 20 ans de son salaire. c) Aucun de ses concurrents n’a pu atteindre à son niveau de qualité. d) Cet emploi me fait toujours penser à mon enfance. e) Il se distingue de son associé par son avarice. f) Lui et moi, nous n’avons pas du tout les mêmes principes. g) Ils ont deux styles d’action tout à fait différents. h) Ce sont quelques aspects qui permettent de faire ressortir

leurs différences. i) Il était tout à fait différent de ses camarades.

Page 169: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

169

Pierreclos

8. Reliez la colonne de gauche à la colonne de droite pour trouver les expressions courantes:

1. Il est propre 2. Il est bavard 3. Il est riche 4. Il est sourd 5. Il est heureux 6. Il est bête 7. Il est obstiné 8. C’est simple 9. Elle est rusée 10. Il est connu 11. Elle est jolie 12. Il est bon 13. Il est blanc 14. Il est ennuyeux 15. Il est clair 16. Il est fort 17. Il est faux 18. Il est blond 19. Il est malin 20. Il est muet 21. Il est à l’aise

Château Royal de Chambord (16e S)

comme le loup blanc comme un Turc comme un poisson dans l’eau comme bonjour comme un cœur comme une pie comme une carpe comme le bon pain comme Crésus comme l’eau de roche comme un singe comme un coup de trique comme ses pieds comme un renard comme un sou neuf comme les blés comme la pluie comme un coq en pâte comme un bœuf comme la neige comme le lait comme un âne comme chou comme un jeton comme un linge comme une bourrique comme une allumette comme un pot

Page 170: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

170

II. Exercices grammaticaux (la subordonnée de comparaison)

1. Lisez et traduisez en roumain le fragment suivant. Relevez les

subordonnées de comparaison et les expressions marquant: a) la ressemblance b) la différence

« Si le but de la peinture est toujours comme il fut jadis, le plaisir des yeux, on demande désormais à l’amateur d’y trouver un autre plaisir que celui qui peut lui procurer aussi bien le spectacle des choses naturelles. On s’achemine ainsi vers un art entièrement nouveau, qui sera à la peinture telle qu’on l’avait envisagée jusqu’ici, ce que la musique est à la littérature. Ce sera de la peinture pure, de même que la musique est de la littérature pure. L’amateur de musique éprouve, en entendant un concert, une joie d’un ordre différent de la joie qu’il éprouve en écoutant les bruits naturels comme le murmure d’un ruisseau, le fracas d’un torrent, le sifflement du vent dans une forêt, ou les harmonies du langage humain fondées sur la raison et non sur l’esthétique. De même, les peintres nouveaux procurent déjà à leurs admirateurs des sensations artistiques uniquement dues à l’harmonie des lumières et des ombres et indépendantes du sujet dépeint dans le tableau. »

Guillaume Apollinaire, Les Peintres Cubistes ,

Méditations esthétiques, 1913 2. Chacune des phrases suivantes comporte une subordonnée

circonstancielle de comparaison. Soulignez les conjonctions et les locutions qui introduisent ces subordonnées:

Mathieu écrivait comme un chat. L’accueil n’a pas été aussi orageux qu’il aurait pu le craindre. Il avançait en rampant, ainsi qu’un Indien. La baisse du dollar a été moins marquée qu’on ne le craignait. Je n’ai jamais autant ri que ce jour-là.

Page 171: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

171

Elle était plus sensible qu’on aurait pu le croire. Les peupliers argentés brillaient d’un éclat aussi neuf qu’au premier matin.

Il fallait que sa maman fût debout la première pour le petit déjeuner, de même qu’elle se couchait la dernière.

3. Transformez les phrases suivantes de telle sorte qu’elles soient

composées de deux propositions indépendantes juxtaposées commençant par: plus….plus; moins…..moins; plus …… moins; moins …. plus

Modèle: La route est d’autant plus dangereuse que la circulation

est plus dense. Plus la route est dangereuse, plus la circulation est dense.

Il faut d’autant plus réduire la vitesse de la voiture que le vent souffle plus fort. Une voiture consomme d’autant moins d’essence qu’elle est moins puissante. Elle est d’autant plus chic qu’elle est moins maquillée. Le chômage augmente d’autant plus que la situation économique se dégrade davantage. Je te comprends d’autant moins que tu cries plus. Elle se porte d’autant mieux qu’elle travaille moins. L’or est d’autant plus précieux qu’il est rare.

4. Indiquez par quels moyens est exprimée la comparaison dans

les phrases suivantes : Tel maître, tel valet.

La nuit tombait, pareille à une fumée sombre qui couvrait déjà les vallées. Plus il s’efforçait de dissimuler son émotion, plus la rougeur des joues le trahissait. Cette surface d’eau est un merveilleux et docile miroir de toutes les nuances du ciel.

Page 172: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

172

5. Mettez le verbe entre parenthèses au mode et au temps qui conviennent:

(a) - Ce livre d’art contient moins de reproductions qu’on ne (s’attendre)

à en trouver dans un pareil ouvrage. - Il s’est comporté beaucoup mieux qu’on ne le (croire). - Nous avons retrouvé notre maison telle que nous la (connaître). - Je suis d’autant plus inquiet de ne pas l’avoir vue qu’elle me

(promettre) d’être ponctuelle . - Ils auront d’autant moins de chances de me convaincre que

vous (insister) plus. (b) - Plus le temps (passer), mieux ils (savourer) les petits plaisirs

de la vie. - Plus longtemps vous (laisser) vieillir ce vin, meilleur il(être). - Plus le danger (augmenter) plus notre anxiété (croître). - Plus on le (gronder), moins cet enfant (obéir) . - Autant sa jeunesse (être) paisible, autant sa vieillesse (être

malheureuse) 6. Complétez les phrases suivantes en choisissant entre:

plus….plus; moins……moins; plus……moins; moins …….plus; plus……..meilleure; mieux….que; plutôt….que .

……… l’heure avançait …………. la conversation devenait

difficile. ………….. vous ferez d’efforts, ………. vous réussirez . …………… vaut tard que jamais. Je préfère lui mentir ………… de le chagriner. ………… je lis ce texte obscur ………… je le comprends. ………… vous boirez d’alcool ……….. vous vous porterez . …….forte sera la musique ……. intime sera l’atmosphère. …………... le mois de septembre sera ensoleillé ………

sera la récolte.

Château de Villandry (16e S)

Page 173: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

173

7. Reliez les deux propositions en utilisant le pronom neutre le : Modèle: Les pourparlers ont été difficiles. Je croyais qu’ils seraient plus faciles.

Les pourparlers ont été plus difficiles que je ne le croyais. a) Dans ce magasin, il y a beaucoup de choix. Elles pensait qu’il

y en avait moins. b) Le directeur est très autoritaire. Ils espéraient qu’il serait

moins autoritaire. c) Notre cliente n’a pas été contente. Nous espérions qu’elle serait

contente. d) Cette démonstration a été longue.Tout le monde pensait qu’elle

serait plus longue. 8. Complétez les phrases suivantes par tant, tant que, en tant que,

autant ou autant que: a) Elle respecte ………. ses amis …..…il méprise ses ennemies. b) …….. on ne lui adressait pas la parole, l’enfant restait muet. c) ………… maire de la commune, je vous remercie pour votre

généreuse contribution. d) La date d’échéance du contrat, ………..je sache ,a été fixée. e) Rien ne pouvait ………….. lui plaire que votre livre. f) Il respecte ………..ses amis ………….il méprise ses ennemis. g) Depuis son accident, elle ne montre plus ...…… d’enthousiasme. h) Ils n’ont pas …………perdu d’argent ……….ils ne puissent

plus subvenir à ses besoins. i) On avait …………..abusé ……….rien ne l’étonnait plus. j) Elle respecte ……….les lois …….elle méprise les infractions.

9. Formez des phrases avec les mots et les expressions suivantes:

une sorte de; une espèce de; la ressemblance, la similitude; autrement; différemment; pareillement; à côté de; par rapport à

Modèle: Il a eu une sorte d’interview.

Page 174: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

174

10. Lisez les phrases suivantes et précisez : le deuxième terme de la comparaison le rapport entre les deux termes

1. La conversation était aussi animée que l’étiquette le permettait. 2. Elle était plus sûre de cela que je ne le suis. 3. Il était moins indépendant qu’il ne laissait paraître. 4. Devant le danger cet homme se montre moins courageux

qu’on n’aurait pu penser. 5. Ce mobilier n’est pas aussi vieux que vous le croyez. 6. Il court plus qu’il ne marche. 7. C’était moins grave qu’on n’aurait pu le craindre . 8. Marius travaille mieux à la maison qu’il ne travaille à l’école. 9. Cette toile me semble d’autant plus laide qu’elle me rappelle

un mauvais souvenir.

Goûts et préférences Les médias soumettent souvent les personnalités à des questionnaires généraux pour connaître leurs goûts et leurs préférences. Remarquez l’humour et l’ironie de la personne interrogée. Voici le questionnaire rempli par Jacques Dubois, écrivain contemporain virtuel. Où aimeriez – vous vivre ? Où va l’été. Votre idéal de bonheur terrestre ? Être aimé de ceux que j’aime. Pour quelles fautes avez-vous le plus d’indulgence ? Pour les miennes, évidemment. Mon rêve de bonheur ? Continuer longtemps . Quel serait mon plus grand malheur ? Être mortel. Ce que je voudrais être ? L’exception qui confirme la règle. La couleur que je préfère ? Celle du pastis, en juillet, à huit heures du soir. La fleur que j’aime ?

Page 175: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

175

Celle de la couverture du petit Larousse. L’oiseau que je préfère ? Celui que j’attends toujours de voir sortir des appareils photo. Mes auteurs favoris en prose? Les lecteurs et les lectrices qui m’ont écrit. Mes poètes préférés ? Les mêmes s’ils m’avaient écrit en alexandrins. Mes héroïnes dans l’histoire ? Jeanne d’Arc, Marie Antoinette, Marlyn Monroe Mes héros dans l’histoire ? Gutemberg, Louis Lumière, etc. Votre qualité préférée chez l’homme ? L’honnêteté. Votre qualité préférée chez la femme ? La sensibilité. Votre vertu préférée ? Celle des plantes médicinales. Le principal trait de votre caractère ? La sincérité. Ce que j’apprécie le plus chez mes amis ? La fidélité. Ce que je déteste par- dessus tout ? Le mensonge. Caractères historiques que je méprise le plus ? Les ambitieux, les dictateurs, les conquérants, les cons tout court . Votre occupation préférée ? Ne rien faire. 1. Définissez la personnalité de J. Dubois par quelques adjectifs. 2. Quels sont ses goûts et ses préférences ? 3. Croyez –vous que ses réponses sont sincères ? 4. Quelles sont celles qui ne vous paraissent pas sincères ? 5. Quelles sont les réponses qui relèvent surtout de l’humour et

du trait d’esprit ? 6. Répondez vous-aussi au questionnaire en essayant d’être plus

humoristique que sincère. 7. Prenez une interview à une personnalité de votre ville.

Page 176: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

176

ÉVALUATION – AUTO-ÉVALUATION

Test 1

Trouvez la bonne solution: (1) Si tu ……….. te rendre utile, tu viendrais nous aider.

a) veux; b) voulais; c) voudras; d) voudrais

(2) Qu’aurions-nous fait si nous …………. En France ? a) avions été invités; b) avons été invités; c) sommes invités d) a invité

(3) Marquez la forme correcte du verbe dans la subordonnée conditionnelle:

Si tu ne …….. pas de chandail blanc, achète un chandail rouge. a) trouveras; b) trouverais; c) trouves; d) trouvais

(4) Complétez les blancs avec la forme correcte du verbe: Je serais venu chez toi si j’………. que tu étais malade. a) étais su; b) avais su; c) ai su; d) aurais su

(5) Complétez la phrase. Choisissez la solution correcte: Tu as autant de livres ………… tes amis. a) pour; b) que; c) comme; d) par

(6) Choisissez la forme correcte du verbe dans la subordonnée conditionnelle.

Si vous ……….. le professeur, vous auriez compris la leçon. a) aviez écouté; b) avez écouté; c) avions écouté; d) seriez écouté

(7) Introduisez correctement la locution dans la subordonnée: ………..mon grand-père ait 70 ans, il ne porte pas de lunettes. a) quoique; b) quoi que; c) qui que; d) quel que

(8) Introduisez correctement la subordonnée dans la phrase : C’est possible ………….tu ne dises rien . a) parce que; b) même si; c) en cas où; d) à condition que

(9) Marquez la forme convenable du verbe dans la phrase : Bien qu’il ………….. il sort se promener . a) pleuve; b) pleut; c) il a plu; d) pleuvait

Page 177: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

177

(10) Choisissez la locution verbale convenable dans la phrase : Elle tousse parce qu’elle …………… a) donne un coup de main; b) a pris froid; c) a l’air malade; d) a

pris position Test 2 Trouvez la bonne solution.

(1) Choisissez l’élément de relation adéquat:

………… la route est mauvaise, il vaut mieux prendre le métro. a) puisque; b) car; c) du fait que

(2) Choisissez le mode et le temps convenables dans la phrase: Nous aimerions tant que……….avec nous . a) êtes venues; b) veniez; c) êtes; d) venez

(3) Choisissez le mode et le temps convenables dans la phrase: Quelques difficultés qu’elle ………… elle réussira à l’examen. a) aura; b) a eu; c) aura; d) ait

(4) Choisissez le mode et le temps convenables pour compléter la phrase: Quelles que ……… les difficultés, vous réussirez . a) sont; b) ont été; c) soient; d) seront

(5) Choisissez la locution correcte: Il est évident qu’il a toujours raison …………. les apparences soient contraires. a) à condition que; b) bien que; c) de manière que

(6) Choisissez le mode et le temps convenables: Je ne connais personne qui ………… des connaissances aussi vastes dans le domaine culturel. a) aura; b) ait; c) a eu

(7) Choisissez le mode et le temps convenables pour remplacer les espaces libres: Si tu ………… Marie, tu …………la même chose que moi . a) avais connu, aurais dit; b) avais connu, aurait dit ; c) avait connu, aurait dit

(8) Transformez la phrase suivante en exprimant la conséquence par si….que

Page 178: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

178

Le vacarme était trop assourdissant pour qu’on pût comprendre les paroles de l’acteur. a) Le vacarme était si assourdissant qu’on ne put pas ……….. b) Le vacarme était si assourdissant qu’on ne pouvait pas .……

(9) Transposez la phrase suivante en français soigné: Il y avait trop de fautes; c’est pourquoi on a dû les corriger. a) ………………aussi a-t-on dû les corriger b) …………….. aussi a- on dû les corriger c) ……………… aussi on a dû les corriger

(10) Transformez la phrase suivante en exprimant la conséquence par trop ……..pour que. Cette question est si simple qu’elle en saura certainement la réponse.

a) Cette question est trop simple pour qu’elle n’en sache pas la réponse. b) Cette question est trop simple pour qu’elle en sache la réponse.

Test 3 Traduisez en roumain. « Il n’avait jamais vu les nuages d’aussi près. Jon aimait bien les nuages. En bas, dans la vallée il les avait regardés souvent, couché sur le dos derrière le mur de la ferme. Ou bien caché dans une crique du lac, il était resté longtemps la tête renversée en arrière jusqu'à ce qu’il sente les tendons de son cou durcis comme des cordes. Mais ici, au sommet de la montagne ce n’était pas pareil. Les nuages arrivaient vite, au ras de la plaine de lave, ouvrant leurs ailes immenses. Ils avalaient l’air et la pierre, sans bruit, sans effort, ils écartaient leurs membranes démesurément . Quand ils passaient sur le sommet de la montagne tout devenait blanc, et la pierre noire se couvrait de perles. Les nuages passaient sans ombre. »

3p. J.M.G. Le Clézio, Celui qui n’avait jamais vu la mer

Page 179: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

179

Mettez en français. « Eminescu: Se ştie cât de mult şi-a iubit neamul copilul acesta genial, aşa de blând şi duios. Prin glasul său, neamul românesc de pretutindeni şi-a spus durerile-i seculare. Nimeni n-a spus ca el gândurile noastre. Şi dacă sufletele care au trecut în eternitate, mai privesc din lumea lor la cele ce se petrec pe pământ, sufletul lui Eminescu trebuie să se simtă cu adevărat fericit când vede holdele bogate acolo unde el a aruncat sămânţa cea bună. »

3p. Complétez les locutions ci-dessous avec les verbes suivants: a) se donner; régler; mettre; trouver; abattre; ne pas savoir;

lâcher; mener; rendre; bâtir; être; garder; avoir. ………. la bride ………. la vie dure à quelqu’un ………..des airs ………..le dindon de la farce ………..sur quel pied danser ………..sur le sable ………..les jambes en coton ……….. les bouchées doubles ………..quelqu’un par le but du nez ………..blanc comme neige ………..buisson creux ………..de la besogne ……….. compte à quelqu’un ………..un secret

Château de Chenonceau (16e S)

b) Expressions indiquées: Être le dindon de la farce = la victime de la plaisanterie Mettre les bouchées doubles = aller plus vite dans un travail un buisson creux = vide à l’intérieur la besogne = le travail imposé par la profession Avoir les jambes en coton = être très faible Garder un secret = ne pas le divulguer

3p.

Total 1+9 p. =10 p.

Page 180: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

180

TEXTE PENTRU TRADUCERI 1. Afară era întuneric beznă. Strada era pustie. A început să-mi povestească repede, cu o voce întretăiată, cum reuşise fata ei la Universitate, în urma unui concurs de admitere foarte greu. Apoi mi-a vorbit de bărbatul ei, care era un tip foarte brutal. Ca să mă convingă s-a oprit să-mi arate braţele pline de vânătăi. La sfârşit a izbucnit în lacrimi, dându-şi cu pumnii în cap. Am încercat s-o liniştesc, spunându-i că vom merge imediat la frizerul ei, să vorbim cu el. Nici vorbă să se liniştească....Eram lângă staţia de metrou când i-am zis asta. Părea foarte neliniştită. Brusc, şi-a întors spre mine faţa înspăimântată, cu o expresie de refuz total, şi a luat-o la goană ca un spectru, fluturându-şi mânecile halatului ei bizar. Recunoaşte că aveam de ce să rămân cu gura căscată! Şi totuşi, un sentiment de curiozitate m-a împins să mă duc să-l văd pe soţul ei, frizerul. Şi atunci m-am dus, am intrat în frizerie. A venit în întâmpinarea mea. Era un bărbat voinic, cu un chip frumos. Avea vreo cincizeci de ani. Cu o voce amabilă, m-a întrebat ce vreau. I-am vorbit de soţia lui. M-a ascultat cu atentie, fără să zică nimic. Ceilalţi frizeri se opriseră din lucru şi ne priveau amuzaţi. După o lungă tăcere, bărbatul mi-a răspuns: - Se vede că nu eşti de pe aici. Soţia mea a murit de ani de zile. Nu m-am recăsătorit. » (Gabriela Melinescu, Regina străzii) 2. « M-am mutat cu bagajele în sala unde i-am văzut pe pasagerii români care aşteaptă cursa Tarom-ului...Fără să audă nici un anunţ, ceilalţi pasageri români s-au sculat de pe scaune şi au format o coadă. Au aflat oare că se vor primi bagajele? Sau au facut-o din reflex? Decenii în şir noi am trăit anormalitatea ca pe singura normalitate posibilă. Asta ne-a format într-un anume fel, dar ne-a şi deformat. Un negru, funcţionar al aeroportului american, încearca să explice pasa-gerilor de la coadă ca e prea devreme, că n-are rost să stea în picioare,

Page 181: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

181

să se înghesuie. Vom fi anuntaţi când va începe operaţia de primire a bagajelor. Pasagerii ascultă fără să spună nimic şi nu se clintesc. - Deranjează pe cineva că stăm la coadă? se hotărăşte în cele din urmă o femeie corpolentă să-l lămurească pe negru. - Nu. -Atunci? În faţa acestei logici dezarmante, negrul dă înapoi. Ridică din umeri şi se îndepărtează. Nu pare să fi priceput mare lucru. Şi cum să priceapă? Pentru noi cozile sunt ca nişte cântece de sirenă. Le rezistăm cu greu. Dacă nu te aşezi la o coadă, ai senzaţia ca pierzi ceva, şi rămâi cu un vag sentiment de frustrare. » (Octavain Paler, Don Quijote în Est) 3. În ultimele decenii, un est-european era uşor de recunoscut la Paris, după felul cum se uita la vitrine şi după nenumăratele ticuri pe care le creează sărăcia....Aceste experienţe jenante ne-au creat cu timpul o psihologie contradictorie. Pe de o parte, ne-au dat senzaţia că eram priviţi ca nişte europeni de categorie inferioară, că eram trataţi ca nişte provinciali ai Europei. Pe de altă parte, ne simţeam rău înţeleşi şi frustraţi. Veneam dintr-o ţară cu numeroase valori, dar ce ştia Occidentul despre noi? Occidentul îi cunoştea pe Dracula şi pe Ceauşescu. Mulţi nu cunoşteau nici măcar numele poetului nostru naţional, pe când la noi aproape orice elev de liceu poate bolborosi, cred, un vers din Lamartine. Asemenea revelaţii descurajante ne dădeau uneori un impuls negativ. Dacă eram socotiţi provincialii Europei, ni se părea normal sa dăm cu tifla celor ce ne priveau de sus doar fiindcă destinul ne-a aşezat printre victimele Yaltei, iar, de aici, mai era puţin până la un complex invers, de superioritate, forma cea mai rea a derutei morale care ne-a cuprins.» (Octavian Paler, Don Quijote în Est) 4. « Singură într-un oraş străin, pentru prima oară. Oraşul era Parisul. Avea acolo, ca mai tot românul, cunoştinte şi chiar rude. Nu se grăbea să le caute. O bursă modestă îi îngăduia să doarmă la un hotel fără stele din Montmartre, recomandat de cineva pentru preţul scăzut.... Stătea acolo doar câteva ore, între ultimul şi primul metrou.....Fix la

Page 182: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

182

cinci dimineaţa, bucuria, care o veghease toată noaptea ca un căţel, dădea năvală şi se gudura. Se aşeza pe pervazul ferestrei...pe când se lumina de ziuă pe deasupra acoperişurilor din Montmartre...Venise hotărâtă să reziste vestitei seducţii a Parisului. Să-l vadă cât se putea în zece zile, fără prejudecăţi livreşti şi fără entuziasm obligatoriu.I se dădea ocazia să-şi demonstreze că locul unde trăise până acum, aşa urât şi greu cum trăise, era singurul acasă pentru ea, chiar dacă de multe ori îl detesta şi îşi făcea o vină că n-avusese curajul, ca alţii, să-l părăsească. Venise de fapt să-şi confirme că oriunde în afara perimetrului bucureştean s-ar fi simţit străină, rătăcită, fără rost. De acasă, din patul ei, sejurul arătase altfel: cunoştinţele şi rudele o găzduiau, o plimbau, o invitau la localuri, nopţi întregi o descoseau despre ce se întâmpla în ţară,...; asculta amintiri nostalgice, făceau politică, i se dăruiau haine purtate, flecuşteţe cumpărate din coşurile de la Tati, parfumerie de duzină; petrecea mult timp la mese cu brânzeturi şi fructe necunoscute până atunci...... Însă din prima clipă când pusese piciorul pe asfaltul parizian, toate acestea îi apăruseră ca o corvoadă şi căutase în agendă adresa hotelului ieftin. Nici nu-şi mai cumpărase, conform sfaturilor, cartelă de telefon, ci doar nepreţuita carte orange pentru toate mijloacele de transport. Avea o hartă a nepreţuitei reţele de metrou, o legitimaţie pentru intrarea gratuită la muzee, nu-i lipsea nimic şi nimeni. » (Adriana Bittel, Întâlnire la Paris)

Page 183: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

183

TEXTES À TRADUIRE

1. « Les écoliers français savent tous qu’à la bataille de Fontenoy le commandant des gardes françaises, M. d’Anterroches, s’avançant seul vers les Anglais se découvrit et leur cria avec cette fameuse politesse française: - Messieurs les Anglais, tirez les premiers! Les écoliers anglais savent tous qu’à la bataille de Fontenoy le commandant des gardes anglaises, Milord Hay, s’avançant seul vers les Français, se découvrit et leur cria: - Messieurs les Français, tirez les premiers! Quant aux experts - partagés de naissance - ils ne se trouvent, bien entendu, pas d’accord, ce qui est leur métier. Pour certains, ces mots ont été prononcés à l’adresse des Français par un de leurs chefs qui, voyant les Anglais arriver d’un brouillard tout britannique, se serait écrié (avec la ponctuation suivante): - Messieurs! Les Anglais! Tirez les premiers! D’autres y voient une ruse de guerre classique à cette époque, les stratèges français estimant qu’il était préférable de laisser l’ennemi épuiser ses premières cartouches pour mieux attaquer ensuite. Un grand nombre reste fidèle à la version classique de l’aimable invitation, bien française... » (Pierre Daninos, Les Carnets du major Thompson) 2. «Je m’ennuie en cours, je bavarde, je suis insupportable. Je n’ai jamais pensé qu’on apprenait quelque chose en cours. C’est trop rigide, le seul vrai lieu d’apprentissage, ce sont les romans. Cette liberté que me donnait la passion de lire, je la perds après le bac. Un mot étrange fait son entrée chez nous: hypokhâgne. C’est le corridor plein d’obstacles et de chausse-trapes qui conduit à l’École normale supérieure. Normale sup. Ma mère en parle avec vénération. L’école de Sartre et de Georges Pompidou. La Mecque des écrivains et des grands hommes. En hypokhâgne, aimer lire ne suffit plus à prouver son intelligence. Au contraire: toute passion exclusive devient un

Page 184: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

184

signe de bêtise. Le pis, c’est l’identification narcissique aux personnages. Je suis coupable de cette terrible faute. Je ne comprends pas comment on acquiert le recul qui permet de les examiner à distance comme des « effets de réel » et de distinguer subtilement l’auteur du narrateur. Il est évident que je n’entrerai jamais à la Normale sup même si j’ai atterri par hasard dans une antichambre de luxe, Louis-le-Grand. Je ne suis pas assez forte.....J’ai terriblement peur. Pour Noël je demande seulement des livres de grec, de philo, d’histoire, de critique formaliste, les plus techniques et les plus arides: il faut me châtier pour ces années d’identification narcissique.... Pendant trois ans, la famille vit avec mon hystérie. À coup de crises de larmes, j’impose ma loi. « Je travaille! Silence! »Ils doivent se taire quand je l’exige, ne pas me déranger. Même mes frères doivent apprendre à jouer en silence. Elle est de toute coeur avec moi. J’ai choisi la voie la plus dure (....) Mais j’ai trop peur. C’est une épreuve de force impossible. C’est impossible mais je n’ai pas le choix. Au moment de mes crises de découragement, elle me le dit fermement: si je n’arrive pas, je deviendrai secrétaire. Etre littéraire, ça ne conduit à rien. Tout le monde a une licence de lettre. C’est ce que les jeunes obtiennent quand ils ne savent pas quoi faire de leur vie. Ensuite ils ne trouvent aucun travail. Ils deviennent secrétaires ou balayeurs. L’université, c’est le dépotoir. Ce sera la Normale sup ou rien. Pour finir, j’y entre. Ma mère, et avec elle toute cette société strictement hiérarchisée que je vais détester plus tard, me prédit le plus bel avenir, un lit de roses, des lauriers sans fin. J’ai gagné le paradis. J’entends chanter les anges. Je suis de l’autre côté; hors d’atteinte; parmi eux; je porte la marque: normalienne. C’est sa première grande victoire. Cet été-là, elle parle de moi à tous ses amis: Marie est entrée à la Normale sup; ah, oui, c’est bien, c’est drôlement difficile.» (Catherine Cusset, La Haine de la famille) 3. « C’était un clair matin de septembre après une marée d’équinoxe qui avait donnée à la baie un air dévasté, hagard, presque pathétique. Nous marchions sur une grève constellée de miroirs d’eau que faisaient frémir des poissons plats, et jonchée de coquillages

Page 185: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

185

inhabituels, mulots, ormeaux, palourdes. Mais nous n’avions guère le coeur à pêcher et nous regardions surtout dans la direction de la côte sud voilée par un brouillard laiteux. Oui, il y avait du mystère dans l’air, presque du drame, et j’ai été à peine surpris quand tu m’as montré à une centaine de mètres deux corps humains enlacés recouverts de sable. Nous avons aussitôt couru vers ce que nous prenions pour des cadavres de noyés. Ce n’était pas des noyés recouverts de sable. C’était deux statues sculptées dans le sable, d’une étrange et poignante beauté. Les corps se lovaient dans une faible dépression, ceints d’un lambeau de tissu gris souillé de vase qui ajoutait à leur réalisme. On songeait à Adam et Eve avant que Dieu vînt souffler la vie dans leur narines de limon. (.....) Nous sommes demeurés un moment debout devant ces gisants, comme au bord d’une tombe fraîchement ouverte. C’est alors qu’a surgi de quelque trou invisible un drôle de diable, pieds et torse nus, vêtu d’un bloudjine effrangé. Il a entrepris une danse gracieuse avec de vastes gestes qui semblaient nous saluer.(...) Puis il s’est incliné, agenouillé, prosterné devant nous, ou plutôt - nous l’avons compris après - devant une apparition surgie dans notre dos. Nous nous sommes retournés. A droite, le rocher du Tombelaine émergeait de la brume. Mais surtout, suspendu comme un mirage saharien au-dessus des nuées, le Mont-Saint-Michel brillait de toutes ses tuiles vermeilles, de tous les vitraux de sa pyramide abbatiale. » (Michel Tournier, Le medianoche amoureux) 4. « La saison se prête aux sorties. Nous organisons une partie sur la pelouse de l’hôtel Xingguo. Le paysage est beau. Beau également le contraste entre une végétation et une architecture qui se mettent mutuellement en valeur dans les reflets chatoyants de l’automne. Les copains prennent place sur l’herbe. (...) Li Yue s’est joint à nous. Ses habits à la mode sont tout crasseux. Il est maigre, avec de grands yeux et un crâne rasé. Son goût pour les gros mots style: merde, putain, connard etc. , frappe avant toute chose. (...) Zhusha est aussi des nôtres. Elle m’a offert un flacon d’eau tonifiante de chez Shiseido acheté lors de sa dernière mission à Hong-Kong. Je ne l’avais pas vue

Page 186: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

186

depuis un certain temps et je la trouve toujours aussi prévenante et classe. (....) Pendant que cette belle équipe s’en donne à coeur joie sur la pelouse, une vieille dame occidentale, l’air très digne, se dirige vers nous: - Pardon, je voudrais vous demander de quitter les lieux, nous dit-elle en anglais, avec un fort accent américain roucoulant. Je lui demande en anglais: - Et pourquoi? - Hum...fait-elle en haussant les épaules, j’habite avec mon époux dans cette maison que vous voyez là (....) et nous aimons contempler cette pelouse depuis notre balcon. - Et alors? N’ayant pas envie d’être polie, je ne prends aucune précaution avec mon anglais. Où veut donc en venir cette vieille peau d’Amerloque? - Vous venez troubler la tranquillité de cet endroit, dit-elle toujours de marbre. Son regard froid me dit qu’elle n’est pas prête à tolérer la moindre opposition. Je fais discrètement part de son intention à Madonna. - Quoi? Elle voudrait nous chasser d’ici? Madonna est échauffée par l’absurdité de cette prétention. Elle, qui est du genre à ne pas se laisser marcher sur les pieds, toujours prête au défi et à la bagarre, monte déjà sur ses grands chevaux. - Dis-lui qu’elle se trouve dans notre pays, que cette pelouse ne lui appartient pas et que, par conséquent, elle n’est en mesure d’exiger rien de nous. Je transmet le message à la vieille dame. (...) Elle continue imperturbable: - Mon époux est P.D.G. de la banque Merril Lynch. Nous avons loué cette maison parce que cette pelouse nous a séduit. Nous sommes âgés et nous avons besoin de respirer un air pur et d’avoir un environnement propre. Il est bien difficile de trouver un bout de pelouse correcte à Shangai. - C’est vrai, et c’est précisément pour cette raison que nous venons nous aussi prendre l’air ici.

Page 187: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

187

La vieille dame me demande avec un sourire en coin: - Vous êtes peut-être aussi locataire là où vous habitez? J’acquiesce. - Combien payez-vous de loyer? - « Ça ne vous regarde pas. Ce sont mes affaires, dis-je en souriant. - Peut-être. Mais nous, nous payons vingt-cinq mille dollars par mois. Un prix élevé entre autres à cause de cette pelouse. Vous autres, Chinois, avez compris l’importance de l’environnement et votre gouvernement sait le monnayer. C’est pourquoi je vous demande de quitter les lieux au plus vite, dit-elle toujours souriante mais impitoyable dans ses propos. Le montant de son loyer nous a tous cloué au sol. Madonna, plus finaude que nous tous, lui répond avec un léger sourire: - OK, nous avons compris votre argument, nous allons quitter les lieux, see you later. En chemin, nous en venons à parler de l’époque des concessions étrangères et du panneau Entrée interdite aux Chinois et aux chiens, accroché à l’entrée de la concession française. Ces temps sont révolus, mais actuellement on assiste à un retour en force des grandes multinationales, des magnats de la finances et des gros bonnets. La puissance économique entraîne un sentiment de supériorité, une suprématie culturelle et notre new new génération se sent désagréablement touchée dans son orgueil national. Mais soyons justes: les étrangers n’achètent que ce que nous voulons leur vendre et à des prix pareils on leur doit bien quelques égards. Le problème n’est pas là. Nous abordons peu à peu des thèmes qui ne nous sont pas habituels.» ( Weihui, Shanghai baby) 5. «En France, il y a des trucs où on est vachement balèzes! Pas tout, non, il y a des trucs où on est moyens,...mais c’est des trucs moyens, quoi....Mais il y a des trucs où on est balèzes, par exemple...en politique. Surtout en politique française, on est parmi les plus balèzes du monde! En politique française! Du monde!

Page 188: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

188

Faut dire aussi qu’on est pratiquement les seuls que ça intéresse, alors, ça sélectionne! Non, sans blague, mais on est balèzes! On a des hommes politiques que le monde entier nous envie. Ils pourraient venir les prendre, d’ailleurs, mais ils ne viennent pas! Alors, euh, ils sont à nous... Mais il y a un truc, c’est qu’on ne se sert pas de la moitié des hommes politiques qu’on a! Il y a plus de la moitié qui ne bossent pas! Mais ils bouffent tous les jours! Rigolez pas! C’est surtout avec votre pognon quand même, hein! (.....) Tiens, on a Simone Weil! Elle était ministre de la Santé avant. Elle ne voulait pas qu’on fume! Eh, bien, même les cheminées des hauts fourneaux ne fument plus! C’est balèze, hein? Il y a Robert Fabre! Beau costard! Il est entré à l’Elysée en promettant de lutter contre le chômage. Il est sorti et il a dit: « Les mecs, il y a déjà un chômeur de moins! J’ai trouvé du boulot, moi! » (....) Bon, qu’est-ce qu’on a encore? Ah, la Chambre des dépités, par exemple...C’est pas pour dire du mal, mais la moitié sont des bons à rien. L’autre moitié sont prêts à tout, quand même! Prenez aussi le Conseil des sinistres. Bon. C’est le mercredi qu’il travaille. Mercredi, c’est connu, c’est le jour des gosses. Alors, ils vont au sable, ils font des pâtés, c’est sympa quoi! Donc, séance du Conseil des sinistres: - Qui c’est qui a une idée? - J’en ai pas, moi... - Très bien! Suivant? - Moi non plus! - Bon, et vous? - Ben, j’ai une petite idée. - Ben, tu la gardes, hein, vieux. On est déjà assez emmerdés, hein! Et puis ils plient les cartables et ils vont en week-end jusqu’à mardi! Parce qu’ils ne bossent que mercredi... Heureusement, non? Vous avez vu dans quelle merde ils nous ont mis! Qu’est-ce qu’on deviendrai s’ils travaillaient plus!

Page 189: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

189

Regardez, par exemple Lecanuet, bon. Les gens disent tout le temps: - Moi, j’ai voté pour celui-là et puis au lieu de mettre le pognon dans les écoles, il le met dans les prisons. Hé, dis donc, vous êtes exigeants! Il y a un truc dont on est sûr quand on est ministre, c’est qu’on ne retournera pas à l’école, hein, tandis qu’en prison, faut voir, hein! » (Coluche, En politique on est vachement balèzes)

Page 190: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

190

Page 191: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

191

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

BACHA, Jacqueline, L’exlamation, L’Harmattan, Paris, 2000 BAYLON, Christian et FABRE, Paul, Grammaire systémique de la langue

française, Nathan, Paris, 1995 BOULARES, Michèle, et FREROT, Jean-Louis, Grammaire progressive du

français, CLE International, Paris, 1997 COURTILLON, J., SALINS, G. D., Libre Echange, Didier, Paris, 1993 CRISTEA, Teodora, Grammaire structurale du français contemporain, Editura

Didactică şi Pedagogică, Bucureşti, 1979 CRISTEA, Teodora, Structures signifiantes et relations sémantiques en

français contemporain, Editura Fundaţiei România de Mâine, Bucureşti, 2001

DUBOIS, Jean, Grammaire structurale du français, vol.III, Larousse, Paris, 1969

GIRARDET, J., CRIOLIG, J.M., DOMINIQUE, Ph., Le Nouveau Sans Frontières, CLE International, Paris, 1990

GREVISSE, Maurice, Nouveaux exercices français, Editions du Culot, Paris-Gembloux, 1977

GOFFIC, Le, Pierre, Grammaire de la phrase française, Hachette, Paris, 1993

KERBRAT-ORECCHIONI, La Conversation, Seuil, Paris, 1996 HYBERTIE, Charlotte, La Conséquence en français, Editions Ophrys, Paris,

1996 MOTHE, Jean-Claude, L’évaluation par les tests dans la classe de français,

Librairies Hachette et Larousse, 1975 NAZARENCO, Adeline, La cause et son expression en français, Editions

Ophrys, Paris, 2000 TUŢESCU, Mariana, Du mot au texte, Editions Cavallioti, Bucureşti, 1996 TUŢESCU, Mariana şi MĂGUREANU, Anca, Recueil d’exercices de

sémantique, Editura Didactică şi Pedagogică, Bucureşti, 1997 THIÉVENAZ, Odile et GRÉGOIRE, Maia, Exercices de grammaire

française, CLE International, Paris, 1995 ******Tests d’évaluation de français, Hachette Livre, Paris, 2001

Page 192: An2 Fenetres Sur La France Chapelan

192

Redactor: Adela MOTOC

Tehnoredactor: Ionescu VASILICHIA Coperta: Marilena BĂLAN (GURLUI)

Bun de tipar: 19.12.2005; Coli tipar: 12 Format: 16/61 x 86

Editura şi Tipografia Fundaţiei România de Mâine Splaiul Independenţei nr.313, Bucureşti, Sector 6, O.P. 83

Tel./Fax: 316.97.90; www.spiruharet.ro e-mail: [email protected]